half the day awake, half again asleep Ça pourrait être toujours la même rengaine, mais ce n'est pas encore le cas. Abigail peut se rendre quand elle le souhaite - ou presque - à la boutique. Voilà pourquoi, environ un matin sur trois, elle se permet de s'arrêter au coffee shop le plus près de son appartement pour se prendre un grand café bien corsé. Elle accompagne rarement ça d'une viennoiserie, parce qu'elle tient à sa ligne. Elle se doit de la garder, ce n'est pas seulement un souhait personnel. C'est un indispensable si elle veut continuer sa carrière dans le mannequinat, ou du moins ne pas la stopper. Une prise de poids incongrue serait un drame pour Abigail, sans parler du fait que cela risque de mettre son agent dans une colère noire. Abigail est, d'après lui, un très bon élément. Sa "resting bitch face" comme il aime à appeler son air neutre, est un atout majeur. Elle n'a même pas besoin de se forcer pour noircir ses traits : ils le sont naturellement. Ce matin, ses traits le sont à peine, de noirs. Elle a reçu une nouvelle relativement bonne la veille au soir : quelques unes de ses créations sont appelées à être portées sur un gros projet qui va être shooté à Bâton-Rouge. Certes, ça ne sera pas elle la modèle, mais Abigail s'en moque. Le principal, c'est que ses créations soient vues. Elle aura même droit à une belle caution en cas d'accident sur l'un des vêtements ou accessoires. En attendant de choisir lesquelles elle va envoyer, elle a besoin d'un café. Peut-être va-t-elle en rapporter un pour sa couturière principale, qui se démène pour apprendre à Abigail quelques rudiments de son métier. Il est vrai qu'elle s'est lancée là-dedans sans trop savoir où elle allait, ni même sans savoir comment fabriquer un vêtement ou un accessoire de type chaussures et sac à main de A à Z. Abigail en est, depuis le début de cette aventure, arrivée à la lettre G, environ, sur tout l'alphabet possible des compétences qu'elle est en mesure d'emmagasiner. C'est un score très honorable, d'après elle. Une fois que son tour est arrivé, Abigail allait commander ses deux cafés à emporter, quand quelqu'un se permet de lui passer devant et de parler à sa place à la serveuse. Elle s'avance légèrement pour presque faire face à l'individu, et, avec tout le dédain possible, rappelle :
@elias mayfair et @abigail wheeler Le café et Elias, une véritable histoire d’amour depuis quelques mois. Depuis que les insomnies ne lui permettent plus de retrouver le repos et qu’il a besoin d’une bonne dose de caféine bien corsée et noire pour supporter l’éveil et la vie, tout simplement. Cela ne l’empêche pas de toujours se sentir fatigué (ou est-ce la maladie ?) et de bailler plus que de raison, presque à outrance. Ou est-ce les drogues, qu’il tente de ne plus prendre, tant bien que mal ? Il termine son joint qu’il jette négligemment, Elias, sur le trottoir, au milieu de mégots éteints et écrasés par des centaines de semelles de chaussures. Fatigué, déjà, malgré l’heure peu tardive, il s’engouffre dans le café, conscient de sentir une substance peu légale et agréable à l’odorat de beaucoup. Qu’importe !
Y’a trop de monde. Ca l’agace clairement, Elias. Il soupire, il souffle. Enfant terrible, impoli. Puis finalement, il en a marre. Il double la femme devant lui. Une demoiselle, pas bien plus jeune ni plus âgée que lui. Rien à foutre. Elle ne se laisse pas faire. Lui fait une remarque. Elias lève les yeux au ciel. Réplique acide et acerbe : « Eh ben maintenant, je suis devant vous ».
half the day awake, half again asleep Abigail n'est pas du genre à laisser des injustices semblables à celle-ci lui gâcher la vie. On ne la double pas dans une file d'attente, point. C'est non négociable. Elle s'attend à ce que le barbu qui vient de la dépasser se montre courtois, poli... Galant, presque. Mais à la place, il lui réplique qu'il est désormais devant elle. Haussement de sourcils pour Abigail, qui sent en même temps une odeur qu'elle ne connaît que trop bien lui arriver aux narines. Et ce n'est pas celle du café. Un petit rire narquois s'échappe d'entre ses lèvres alors qu'elle s'apprête à répondre :
- Ah oui, je vois. Il faut noyer le poisson, hein. Ça creuse, cette activité.
Elle appuie volontairement sur les deux derniers mots, et se recule légèrement, magnanime malgré la très mauvaise attitude de l'autre client face à elle. Elle est de trop bonne humeur pour faire valoir ses droits aujourd'hui. En revanche, elle ne s'excusera pas si un peu de ses cafés se renverse sur un barbu qu'elle pourrait croiser en sortant... Une seconde serveuse est appelée par la première pour doubler la prise de commande, afin de faire avancer la file plus rapidement. Abigail est la suivante à se faire servir, et une fois qu'elle a dicté sa commande à l'employée, elle ne peut s'empêcher de se tourner vers le barbu qui attend son café à côté d'elle devant la caisse.
- C'était bien la peine de me dépasser... raille-t-elle dans un petit rictus.
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Le café et Elias, une véritable histoire d’amour depuis quelques mois. Depuis que les insomnies ne lui permettent plus de retrouver le repos et qu’il a besoin d’une bonne dose de caféine bien corsée et noire pour supporter l’éveil et la vie, tout simplement. Cela ne l’empêche pas de toujours se sentir fatigué (ou est-ce la maladie ?) et de bailler plus que de raison, presque à outrance. Ou est-ce les drogues, qu’il tente de ne plus prendre, tant bien que mal ? Il termine son joint qu’il jette négligemment, Elias, sur le trottoir, au milieu de mégots éteints et écrasés par des centaines de semelles de chaussures. Fatigué, déjà, malgré l’heure peu tardive, il s’engouffre dans le café, conscient de sentir une substance peu légale et agréable à l’odorat de beaucoup. Qu’importe !