your presence still lingers here

@ken christensen & jane saunders

Jane avait mis du temps à retrouver ses marques depuis son retour. Elle n’avait pas osé reprendre contact avec sa famille, avec ses amis. Elle ne voulait pas qu’ils voient l’épave qu’elle était devenue suite à son divorce, qu’ils aient conscience qu’encore une fois, sa vie était un désastre. Elle avait toujours aimé le Titanic, mais jamais elle n’aurait souhaité que sa vie sentimentale puisse en être une représentation. Elle n’avait voulu voir personne, si ce n’était Andrew, pendant de longues semaines, s’enfermant dans cet appartement qui était peu à peu devenu sien, cette chambre dans laquelle elle avait élu domicile. Puis, elle avait tranquillement retrouvé ceux qui étaient chers à son cœur. Ses amis les plus proches, ceux qu’elle avait négligé ces deux dernières années, à qui elle n’avait donné des nouvelles que par textos ou messagerie, sans doute ceux qui lui avaient manqués le plus aussi, excluant la famille. Elle avait retrouvé ses parents aussi, adoptifs évidemment, sa mère la serrant dans ses bras en apprenant la nouvelle de son divorce. Elle qui avait redouté leur réaction, leur jugement, elle s’était sentie un brin soulagée. Puis, elle avait finalement trouvé le courage de faire face à Maverick. Enfin, ça, elle évitait de mentionner, de trop y penser. Les sentiments qu’avait remués ces retrouvailles étaient de ceux qu’elle préférait mettre de côté. C’était mieux pour elle.

Il y avait une chose qu’elle redoutait de faire encore plus que de revoir tous ces gens. Pourtant, elle savait qu’elle ne devait pas repousser la chose plus longtemps. Elle s’en voulait déjà tellement, inutile de laisser trainer la chose plus longtemps. Alors, c’est le cœur gros qu’elle a fait son chemin, le cœur battant un peu plus à chaque pas, le souffle presque coupé lorsqu’elle vit l’église au loin. Elle ne tarda pas à faire son chemin entre les pierres et, en chemin vers celle qu’elle était venue visiter tout particulièrement, elle s’arrêta devant celle de ses parents. Bien longtemps qu’elle ne leur avait pas rendu visite. Elle se posa un instant devant la tombe et leur parla un moment. Comme si elle voulait rattraper le temps perdu, comme si une telle chose était possible. Enfin, elle n’avait que peu de souvenirs d’eux et sans doute que son attachement n’était pas aussi grand qu’il aurait du l’être, elle ne s’attarda pas bien longtemps, quelques minutes avant de reprendre sa route. Puis, elle se stoppa à nouveau devant une seconde pierre tombale. Un soupire passa ses lèvres à nouveau alors qu’elle lit le nom qui s’y trouvait. « Je suis désolée. » Qu’elle dit à personne. « J’aurais du apporter des fleurs. » Lâcha-t-elle en voyant celles qui avaient été déposées juste à ses pieds. « J’espère que tu ne m’en tiendras pas rigueur. » Un léger rire s’échappa d’entre ses lèvres tandis qu’elle jeta un regard vers le ciel. C’était con sans doute de parler dans le vide comme ça, de prétendre qu’elle était là, à ses côtés, qu’elle l’écoutait, mais ça lui faisait du bien, quand bien même ce que pouvait laisser penser la larme qui coulait le long de sa joue, larme qu’elle s’empressa d’essuyer, trop fière pour ça. À croire qu’elle ne changeait pas, Jane. Elle laissait difficilement transparaitre ses émotions. Elle ne voulait pas qu’on la croit faible, alors qu’en fait, elle était tout simplement humaine. « Enfin, je suis surtout désolée de ne pas avoir été plus présente. » Un énième soupire passa ses lèvres. « J’aurais du être là. Pour toi. Pour Ken. » Elle était revenue pour l’enterrement, certes, mais voilà, elle n’avait définitivement pas été une amie digne de ce nom. « Et puis, pour Polly et Jacob aussi. » Jane passa ses mains sur ses joues comme pour chasser toute trace humide, geste vain puisque les larmes coulaient encore. « Tu sais ce que je me suis dit quand je suis rentrée de Londres? J’avais hâte d’aller prendre un café avec toi. C’est con, pendant un instant, j’avais oublié que tu n’étais plus là. » Elle haussa les épaules. Elle tomba silencieuse lorsqu’elle vit un couple passer près d’elle, les regardant s’éloigner avant d’oser faire quoi que ce soit d’autre. Non, elle ne voulait pas que de parfais inconnus la croient folle à parler à rien comme ça.