• Mardi Gras // groupe 3

Si on lui posait la question, Matilda répondrait qu’elle-même, elle ne savait pas ce que sa présence faisait ici parce que son cerveau, il avait eu des doutes, il en avait toujours, quant à l’idée de se pointer le bout du nez ici. Auprès de tous ses inconnus car si une chose dans laquelle Mattie était douée, c’était celle d’éviter les grosses foules, détestant l’idée, en elle-même, de se faufiler un chemin parmi tous ses êtres humains, à la quête d’un renouveau quelconque. Elle avait toujours été de celle qui croyait que si on désire changer sa vie, il faut y mettre du sien, ne pas simplement attendre que le destin frappe. Prendre contrôle de cette vie. Oublier le passé n'était et ne serait jamais une chose facile, et à un certain moment, le cerveau était programmé pour remettre un souvenir d’une vie passé dans les parages. Matilda, elle avait essayé d’oublier son passé, le refusant à de nombreuses reprises, et peut-être qu’à un moment, elle avait réussi cet exploit ou peut-être que cela n’avait été qu’une fausse prétention de sa part. Des souvenirs douloureux, il y avait une centaine dans sa tête, se bousculant les uns contre les autres. Des années qu’elle préférerait oublier, enfermer à double tour pour ne plus y penser. Cela n’avait fonctionné et avec les années, Matilda s’était efforcée d’avancer la tête haute, acceptant ce douloureux passé. Le côtoyant même. Elle ne l’acceptait, mais vivait avec ce dernier simplement parce que c’était la seule option qui lui restait à celle-ci. Pourtant, elle était là, devant ce feu, les iris clairs contemplant ce ciel étoilé, se permettant d’apprécier cet instant, presque jalouse des étoiles hautes qui parsemaient le ciel de la liberté qu’ils avaient. Puis ses tympans captèrent des mouvements près d’elle et son regard, il se posa sur les silhouettes inconnues. « Vous êtes ici pour quoi ? » Sa curiosité était piquée même si, au fond, elle se doutait qu’eux aussi, ils cherchaient un renouveau quelconque, une façon de tourner la page et d’en commencer une nouvelle.

(@Katalina Hawkes, @Kéo Sanrowley)

la vie est d'une douce ironie, parfois. c'est assez drôle de voir comment se goupillent les choses et comment évolue les événements qui conduisent, automatiquement, à une finalité à laquelle vous ne vous y attendiez pas. c'est peut-être cette ironie qui te fait tenir ces clichés entre tes mains tremblantes, ce soir, face à ce feu gigantesque et effrayant. tu sais même pas si t'auras vraiment le courage de les jeter, d'ailleurs. parce que t'as le sentiment de te tromper, d'te faire du mal même. pire que tout, t'as le sentiment de te trahir si tu t'en réduisais à balancer tout ça dans les flammes.
mais elles lèchent ton corps, ces flammes.
elles appellent à la rédemption, plus que tout, elles souhaitent que tu tournes la page, que tu te libères de ta culpabilité et de tes regrets. t'as fait des erreurs, c'est vrai, comme n'importe quel être humain finalement. t'as pas à te les reprocher. pas encore et encore, comme un refrain qu'on répète inlassablement. non, les flammes te le murmurent à l'oreille : t'as le droit de t'en libérer. alors t'es là, face au feu, à suffoquer presque. la transpiration qui perle sur ton front, quelque peu. t'es pas à ton aise. t'hésites à te retourner, à partir, à faire marche arrière lorsqu'une voix te sort de ton trouble. tu tournes le visage vers la jeune femme qui vient de t'apostropher. tu souris à moitié.
- tourner la page, il paraît. tu lui réponds dans une douce mélancolie. sur la première photo, son visage. il te sourit, il était heureux. c'était au début de votre road trip. il posait fièrement devant la bagnole, les doigts en l'air en signe de victoire. tu baisses les yeux sur son visage figé, tu souffles. j'suis même pas sûr d'en avoir envie. tu réponds, simplement, le coeur alerte et les lèvres tremblantes. tu lèves tes yeux vers elle, tu ne souris plus. et toi ?