darkness cannot drive out darkness (april)

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@april hopkins & @luna gonzales
Luna est perdue. Elle ne sait plus vraiment quoi penser. Ce jour est marqué par le onzième anniversaire mensuel de son fils, Ugo. Son fils. Pas le « leur ». Elle a de plus en plus de mal à inscrire Raffael, le père de l’enfant, dans le schéma familial dans la mesure où il s’en est totalement détaché, de lui-même. Il n’a jamais prêté une réelle attention à leur fils même avant, même au cours de sa grossesse. Elle est perdue depuis presque un an sur ce qu’elle doit faire, la jolie Luna. Elle entend les paroles de ses parents, de sa fratrie. Tous sont unanimes.

« Ce type ne sert à rien »
« C’est un con »
« Tu aurais dû le quitter il y a bien longtemps »
« Ugo mérite mieux »

Ces paroles lui font mal parce que Raffael, malgré tout, elle l’aime profondément, d’un amour démesuré. Mais elle commence à douter, Luna. Est-ce que les sentiments suffisent ? Quelle décision prendre pour Ugo, pour elle-même ? Libérer Raffael de la contrainte d’une relation amoureuse et d’une vie de famille dont il n’a jamais voulu ? Elle est perdue, Luna. Et naturellement, c’est vers la marraine de son fils, sa cousine, dont elle est particulièrement proche, qu’elle a envie de se tourner. Luna tente de la joindre, en vain. April ne répond pas aux sms ni aux appels, la laissant retomber sur son répondeur automatique. Elle s’inquiète, Luna, notamment parce qu’April vient de vivre un évènement douloureux, également. Alors, accompagnée de son petit bout, elle prend sa voiture et se dirige vers le Faubourg Marigny pour aller lui rendre une visite, à l’improviste, à une heure où April est censée être chez elle. Luna sonne. Elle attend, Ugo dans son cosy qu’elle tient à bout de bras.

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Un grand rayon de soleil à déjà inondé l'appartement d'April, pourtant la jeune femme peine à ouvrir les yeux. Un coup d’œil à l'horloge, il est déjà midi. Elle se retourne dans son lit, une main sur le front. Encore une soirée à arpenter les rues, les bars avec ses amies de soirées. Encore une illusion de bonheur pour cacher son réel état d'esprit. Sa vie en bouillie. Son cœur en morceau. Elle essaie de se remémorer sa soirée, mais les souvenirs qui lui reviennent forme une mosaïque de petits morceaux qui ne collent pas entre eux. C'est confus, abstrait. On sonne à la porte, le bruit de la sonnette vient serrer son cœur anxieux. Car elle n'avait rien commander à manger et donc c'était forcément un proche. Elle fuyait sa famille depuis le décès de son frère. Discrètement, elle s'approcha de sa porte d'entrée pour jeter un coup d’œil dans le judas de sa porte. Car malgré tout elle était curieuse de voir qui venait la déranger dans son cocon. C'était sans son côté son côté maladroit, son côté Pierre Richard. Elle se cogna le pied dans un meuble. Perte de moyen. Elle jura. Un juron épique, qu'elle ne pu contrôler. Luna sa cousine attendant derrière la porte l'avait à coup sur entendu. C'était fichu. Elle n'eut d'autre choix que d'approcher de la porte et d'accueillir sa cousine. Elle se sentait mal à l'idée de devoir affronter les questions habituelles. Les "comment tu vas", les "je suis là pour toi", les "pourquoi tu fais ça" étaient insupportables pour elle. C'est pour ça qu'elle prenait en permanence la tangente. Mais là, pas le choix. Elle ouvrit la porte avec nonchalance. « Salut Luna ... ». La jeune brune entra dans la demeure d'April avec son petit oisillon confortablement installé dans son couffin. La jeune femme alla se lover dans son sofa et invita sa cousine à venir s'installer confortablement. Elle n'avait pas envie de lutter aujourd'hui. Elle le faisait suffisamment pour fuir son aînée Nora. Et là, les effluves d'alcool de la veille la rendait encore docile comme un chaton. Elle essaierait de ne pas sortir les griffes. Mais, aujourd'hui encore, elle avait du mal à contrôler son cœur blessé.

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Luna attend quelques instants avant que la porte ne s’ouvre sur sa cousine, dans un état assez épique et inhabituel pour une femme qui, jusque-là, s’était toujours montré très coquette et à l’apparence soignée. Luna entre, le couffin tenu fermement dans ses mains et manque de pousser un cri d’effroi en découvrant l’intérieur et l’atmosphère général de la demeure d’April, dans un état cauchemardesque. C’est au-delà de ce que son imaginaire aurait pu supposer. Mais comment lui en vouloir et sévir avec elle après ce qu’elle vient de traverser ? Luna ne peut pas. Ce n’est pas sa place de cousine, pas son rôle et elle n’en a pas envie. Elle doit juste la soutenir et faire comme avant, sans pitié ni trop de compassion. Parce qu’elle imagine que la pitié, April doit en recevoir en masse et ça ne doit vraisemblablement pas aider. Luna dépose un baiser sur la joue de sa cousine et affiche un sourire, finalement de façade car son cœur n’est pas à la joie. Mais elle ne veut, finalement, plus emmerder sa cousine et confidente avec ses problèmes alors qu’elle semble si mal. Ce serait malvenu et incorrect, selon la jeune mère. Elle pose le couffin sur la table basse afin qu’Ugo reste à bonne hauteur. Luna se doute qu’elle va recevoir une réponse négative mais elle préfère poser la question plutôt que s’abstenir et passe pour une cousine qui ne s’intéresse pas à l’état de son interlocutrice. « Tu veux en parler ? ». Elle ne demande pas si ça va car la réponse semble évidente. « Je vais préparer du café », annonce-t-elle. Elle se lève et se dirige vers la cuisine ouverte. Ce n’était pas une question. Elle s’active à sortir deux tasses et préparer cette boisson corsée réconfortante tout en gardant un œil attentif sur sa cousine.

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Une visite inattendue, une visite n'ayant pas pu être évitée. La maladresse d'April l'avait forcée à ouvrir la porte à sa cousine. Pas qu'elle ne l'aimait pas. Mais elle préférait la solitude comme seule compagnie depuis quelques temps. Triste réalité d'une vie brisée par une erreur de jeunesse. Installée sur le canapé, les jambes recroquevillées et sa tête posée sur les genoux, elle observe sa cousine, qui ne semble pas non plus au mieux de sa forme. « Tu veux en parler ? » Lance la jeune maman. April plisse les yeux. Est-elle sérieuse ? Personne n'avait eut le cran d'aborder le sujet tant redouté avec autant d'aplomb. Sans tourner autour du pot. Décontenancée, la jeune étudiante, mis quelques secondes avant de réagir par la négative. Non. Elle n'en avait pas envie. « Je vais préparer du café » Silencieuse, elle observe sa cousine prendre les choses en main. Jetant un coup d'oeil autour d'elle, elle se rend compte de l'état de bordel général dans lequel était son appartement. Un peu honteuse, elle s'excusa auprès de Luna. « Désolée pour le bazar... » Elle replace tant bien que mal ses cheveux en bataille. « Qu'est-ce que tu fais là ? » C'est sorti tout seul. Un peu brut de décoffrage. Un peu sec. Mais April était étonnée de la voir là, avec Ugo. Sans prévenir, ce n'était pas son style du tout. « Si c'est pour que je garde Ugo, j'suis pas sure d'être la bonne personne pour prendre soin de lui en ce moment... » Elle soupire. Elle est fatiguée. Fatiguée de la pitié qu'elle croise partout ou elle passe. Fatiguée de vivre sans son frère. Fatiguée d'être elle tout simplement. Luna, revient vers le salon, deux tasses fumantes dans les mains. D'un geste brusque, April fit de la place sur sa table basse encombrée. Attrapant la tasse tendue avec amour par sa cousine, elle se précipita à boire la boisson chaude qu'elle apprécie tant. Le liquide noir, lui brûla la langue. Elle grimaça en secouant la tête, comme si cela allait pouvoir apaiser la douleur vive qu'elle ressentait à cet instant précis. Qu'est-ce qu'elle pouvait être maladroite et empotée. Elle souria timidement à sa cousine avant de lui demander comment elle allait. « Comment tu vas toi ? » S'intéressait aux autres pour éviter de parler de soi. Une activité qu'April commençait à maîtriser d'une main de maître.

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Bien sûr que non, April ne voulait pas parler mais au moins, Luna avait tendu une perche et sa cousine savait désormais (bien que cela puisse sembler évident) qu’en cas de besoin, son oreille était attentive à ses paroles. C’était important qu’elle le sache. Parce qu’elle tenait à elle. Parce qu’elle s’inquiétait pour elle. Pourtant, rapidement, Luna sentit que sa présence n’était pas désirée. Elle serra la mâchoire. Non, contrairement à d’autres membres de la famille, Luna n’allait pas lâcher l’affaire et partir. Cela ferait trop plaisir à l’aigreur d’April et à son sarcasme. Elle comptait rester. Pas trop longtemps, consciente que les visites pouvaient être fatigantes et éprouvantes mais suffisamment pour que sa cousine ait une interaction sociale. Luna était irritée mais n’en montra rien ; à croire que ce pauvre Ugo dérangeait tout le monde, entre son père et sa marraine. Elle s’efforçait de ne pas en tenir rigueur à sa cousine ; elle avait des circonstances pour le moins atténuantes. Elle sourit à sa cousine. Un sourire discret pour ne pas paraître déplacé. « Je suis simplement passée te voir, pour discuter, passer du temps avec toi », expliqua Luna. « Ugo est avec moi car il voulait voir Marraine, c’est tout ». Son ton n’est pas agressif. Il est doux, attendrissant, dans l’espoir que cela apaise le cœur tourmenté de la jeune femme même si c’est moindre chose, elle le savait bien, Luna. Elle haussa des épaules. Allait-elle vraiment l’emmerder avec Raffael alors qu’elle avait perdu l’être aimé ? Mais d’un autre côté, n’était-ce pas lui faire du tort que de la traiter différemment ? Luna était partagée. « Je songe de plus en plus à me séparer de Raff », finit par avouer Luna. De toute façon, April était au fait de la situation. « Mes parents, mes frères, ma sœur … c’est ce que tout le monde m’incite à faire, pour Ugo. Pour moi ».

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April pouvait être désagréable, ce n'était pas volontaire. C'était son coeur blessé qui lui dictait ses actes. Son cœur noirci part les épreuves de la vie avait décidé de l'enfermer dans un tourbillon destructeur. Et chaque fois que quelqu'un de sa famille venait à se rencontre c'était les mêmes pas de danse. La même rengaine. Sans le dire vraiment, elle les incitait à ne pas rester. A la laisser seule face à ses fantômes. Dans un petit coin de sa tête, elle savait que sa famille en souffrait, mais elle ne savait pas faire autrement. April avait définitivement perdu le contrôle de ses émotions, de sa vie. « Ugo est avec moi car il voulait voir Marraine, c’est tout » L'étudiante afficha un léger sourire, ce petit bout de chou n'avait rien demandé et ne comprenait pas tout ces trucs de grand. Malgré tout, April n'était pas présente pour lui depuis l'accident et ne le voyait donc pas grandir. Elle le regrettera à coup sure, quand elle aura repris le dessus sur ses démons. « Il a l'air en forme .. » Un haussement d'épaule accompagna ses mots. Gênée de ne pas être la marraine parfaite. Elle avait promis d'être là pour lui, le jour de son baptême, pourtant ce n'était pas le cas. Et elle en était triste mais ne savait pas comment faire pour retrouver le court de sa vie.

Détourner le sujet de conversation vers sa cousine, permettait à la jeune brune de supporter la présence de celle-ci. De cette manière, elles ne parleraient pas des déboires d'April. Elle éviterait ainsi les sujets tendus et profiterait ainsi un tant soit peu de la présence de Luna. « Je songe de plus en plus à me séparer de Raff » April fronca les sourcils, étonné par cette confidence. Cherchant les mots, elle laissa Luna continuer à se livrer. Car elle savait d'expérience que se confier n'était pas chose aisée. « Mes parents, mes frères, ma sœur … c’est ce que tout le monde m’incite à faire, pour Ugo. Pour moi ». Trouver les bons mots dans ces moments là, n'est vraiment pas évident et April n'est pas connue pour sa délicatesse ces temps-ci. Alors, connaissant son gros défaut, elle prit le temps de finir son café avant de répondre franchement à sa cousine. « Et si tu fais abstraction des autres, car il n'y a que toi qui le connait vraiment, tu en penses quoi ? Tu as envie de quoi ? » Elle inspire profondément avant de poursuivre, car ce n'est pas facile pour la jeune femme de s'exprimer. Pourtant, pour Luna, elle se fait violence. « Tu sais, je parle d'expérience, les gens ont une fâcheuse tendance à juger de ce qu'il voit de l'extérieur. Mais toi, tu es la seule à connaitre les détails qui font que tu peux avoir envie de te battre. » Elle lui adresse un sourire compatissant. Elle a réussit à s'exprimer, sans être cynique, sans être blessante. Du moins elle l'espère. L'exercice n'est pas simple, mais parler des problèmes de quelqu'un d'autre lui fait oublier le temps d'un instant la raison principale de la présence de Luna ce jour là.

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Un bébé de dix mois, c’était toujours soit en forme soit grognon. Luna acquiesça, sentant qu’April n’était pas d’une humeur à chouchouter son filleul. Elle ne lui en tenait pas rigueur. Elle avait des circonstances atténuantes. Elle espérait simplement que la vue d’Ugo lui donne le sourire ou bien que l’écoute d’un ou deux gazouillis le fasse. Puis, il fallait l’avouer, Luna n’avait pas eu d’autres alternatives que le prendre avec elle car son père et ses frères travaillaient ainsi que sa mère et sa sœur. Quant à Raffael, la complexité de la question se posa quelques secondes plus tard.

« Je l’aime et je ne doute pas de la réciprocité de ses sentiments », confia Luna. Raffael lui montrait son amour, à sa manière. Certes, c’était implicite, c’était rare mais c’était là. Le regard que l’italien portait sur elle par moment, quand ses yeux daignaient se décrocher de son écran, ne trompait pas. Et les battements dans son cœur à elle, non plus, quant au fait qu’elle aimait passionnément le brun. « Je doute de l’amour qu’il peut porter à son fils, toutefois », poursuivit la brune. Et ça, c’était pire que tout. Elle préférait mille fois qu’il l’aime, lui, qu’elle. Mais ça ne semblait pas aller en ce sens. Luna poussa un soupir à s’en fendre le cœur, partagée entre son âme d’amante et de mère. « J’espère tellement qu’il change, un tant soit peu. Pas un grand changement, ça ne serait plus l’homme dont je suis amoureuse mais juste … juste qu’il daigne décoller son nez de son écran une heure ou deux pour se consacrer à nous ». C’était un cri du désespoir qu’elle préféra noyer en son terme dans sa tasse de café.

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La détresse de Luna, faisait oublier quelques instant son propre désarroi à la jeune femme. La cousine d'April semblait perdre de pied. Tout comme elle l'avait perdu il y a déjà quelques mois et ça elle ne le souhaitait à personne et encore moins à Luna. Elle était folle de son Rafael, sans aucun doute depuis le début. Elle n'en avait jamais douté, ça se voyait à sa façon de le regardait. Toujours. Même si April n'avait pas vraiment connu d'amour de ce type, elle l'avait envié à une époque ou son cœur battait encore. « Je doute de l’amour qu’il peut porter à son fils, toutefois » Interloquée, elle relèva la tête de sa tasse fumante. Les sourcils froncés. « Pourquoi tu dis ça ? » Étrange, ce petit bout ne méritait que de l'amour, bien qu'elle n'était à ce moment là pas en mesure d'assumer son rôle de marraine aimante. «Peut-être qu'il sait juste pas s'y prendre ... » Elle essaie de sourire, histoire de redonner un peu d'espoir à la brunette qui semblait totalement désemparée. Finalement, elle n'était surement pas venu juste pour prendre des nouvelles. Elle avait besoin de vider son sac face à quelqu'un qui ne tournerais pas autour du pot. Les épreuves avaient rendu April encore plus honnête, plus franche. « C'est un mec après tout ... Ils sont tous pareils ... Lent. » Tous sauf Damon. Son modèle. Son double. Lui il était parfait. Il était le seule à connaître tout ses travers, tout ses secrets. La voix de Luna venait attrister encore un peu plus l'âme en peine de l'étudiante vétérinaire. Elle ne méritait pas d'être malheureuse. Elle méritait une vie de famille parfaite. « J’espère tellement qu’il change, un tant soit peu. Pas un grand changement, ça ne serait plus l’homme dont je suis amoureuse mais juste … juste qu’il daigne décoller son nez de son écran une heure ou deux pour se consacrer à nous » Ces mots résonnèrent en April comme un écho à sa propre vie. Étrange mais vrai. Elle mit un certain temps avant de répondre à sa cousine. « Tu sais ... Tout le monde aimerais que je reprenne ma vie, que j'arrête de me bousiller la santé et l'esprit, que je leur parle de ce que je ressens. Et si je refuse, ça ne veut pas dire que je ne les aime plus ... » C'était sortie tout seul. Sans réfléchir. April avait juste pensé à l'altercation qu'elle avait eut avec son aînée. A la gifle qu'elle s'était ramassé en plein visage. Elle avait poussé le bouchon trop loin dans ses mots surement. Mais c'était son coeur blessé qui parlait pour elle. Mais tout ça, cette fuite. Çà voulait pas dire qu'elle ne les aimaient plus. Au contraire. « Accroche toi. Je suis sure qu'il fera ce qu'il faut. » Un sourire timide au coin des lèvres, c'était tout ce dont elle était capable à ce stade. Mais c'était un bon début.

Spoiler:

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Pourquoi pensait-elle cela, que Raffael n’aimait pas leur fils ? Peut-être parce qu’il avait fui alors même qu’elle était encore à la maternité et que ses propres proches venaient rendre visite à Ugo, pour ne pas affronter les regards ou les possibles remarques ? Parce qu’elle le ressentait aussi, en son for intérieur. Il ne regardait pas Ugo comme un père observa son bébé ou comme elle, elle le regardait, son fils, sa fierté. Luna haussa des épaules, incapable de formuler des explications, de poser des mots sur ce pressentiment qui ne cessait de la poursuivre depuis plusieurs semaines déjà. « Tu sais, April… Il m’avait expressément demandé de ne pas le garder », rappela l’hispanique. « Et je pense que cette demande en disait déjà long ». Devait-elle ne s’en prendre qu’à elle-même de ne pas avoir écouté le fait que Raffael n’était pas prêt et d’avoir poursuivi cette grossesse contre son avis ? Était-ce, tout compte fait, de sa faute ?

Bizarrement, que Luna ouvre son cœur permit à April de commencer à se confier. En écoutant sa cousine parler, le cœur de la brune se serra mais elle tint à ne pas changer son regard sur la jeune femme. Elle se refusait à la regarder avec pitié ou ses airs compatissants que prenaient les membres communs de leur famille. « T’es cassé, c’est juste ça ». Juste n’était pas le terme adéquat mais soit, il avait été prononcé et elle ne pouvait pas revenir en arrière sur les paroles dites. « Et même si on t’aime, tous, très fort, je ne vois pas ce qu’on peut faire hormis te soutenir et attendre que tu ailles mieux sans te juger ou te regarder autrement », expliqua Luna.

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