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 woke up to the sound of silence — karim

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[ woke up to the sound of silence ]
@karim jarrah
les journées sont longues. et les nuits le sont plus encore. les nuits sont les pires. silencieuses. glaciales. elles sont toutes là, à te rappeler à chaque instant, chaque minute, que tu es tout seul dans ce grand lit. les nuits d'insomnies s'enchaînent et tu ne trouves pas de réconfort. le lit est désespérément vide, désespérément froid, à côté de toi. et tu n'oses même pas te glisser au milieu des draps. conserve précieusement cette autre moitié du matelas. en vain. il ne rentrera pas. ni ce soir. ni cette nuit. ni demain soir. les jours et les nuits se confondent, tout devient plus compliqué à gérer. tu tournes au ralenti, esprit perdu dans un épais brouillard dont tu n'arrives pas à te sortir. deux ans. deux ans, c'est trop long, bien trop long. quand est-ce que tout ça prendra définitivement fin ?
quand tu accepteras la chose.
sans doute. mais ça, tu ne sais pas quand ça arrivera. tu ne peux pas, encore plongé dans ton deuil, dans tes tourments. tu ne peux pas prendre le dessus sur tout ça, tu n'es plus assez fort pour le faire. le moindre geste est de trop, le moindre battement de cil te prend trop d'énergie.

tu ne sais pas ce qui te pousser à entrer dans le petit établissement : l'envie de terminer bourré, ça, c'est certain. mais le comble reste le fait que tu n'as jamais spécialement apprécié le jazz. peut-être comme ça, au détour d'une rue ou d'une autre, pour ses beaux yeux. mais rien de plus. (( bordel qu'ils étaient beaux, ses yeux. )) tes pas nostalgiques te mènent là et c'est tout. tu n'expliqueras même pas pourquoi.
tu n'as pas envie de réfléchir longtemps, tu n'as pas envie de garder le total contrôle de tes pensées. encore moi quand, soudainement, se dessine face à toi cette silhouette. corps fin, visage marqué et peau bronzée. un souffle s'échappe de tes lèvres. un verre de tequila. billet qui glisse sur le comptoir, las lui aussi. s'il vous plaît. tu ajoutes, ton regard vagabondant un instant. qu'est-ce qu'il en penserait ? (( de quoi ? de toi ? de la boisson ? du brun ? )) qu'est-ce qu'ils en penseraient ? parce qu'ils comptent tous les deux. le sang n'a jamais compté, vous étiez une famille et maintenant, le tableau au-dessus de la cheminée a été amputé de son plus beau regard.
tu n'as même pas plongé tes lèvres dans l'alcool, et tu as déjà l'impression de flotter. ici ou ailleurs, qui sait réellement ? ton regard se pose sur l'inconnu. (( le brun, le barman )) tu t'sens déchiré. déchiré d'poser comme ça ton regard sur lui. à quelle heure tu termines ? que tu t'entends souffler, avant de laisser ton crâne tomber dans ton avant-bras, sur le bar. fuck. tu marmonnes. tu sais pas à quel moment t'as oublié quelques neurones, pour genre, agir normalement en société. pardon, pardon. je suis fatigué, je sais plus ce que je dis. tu ajoutes, un peu miséreux, un souffle sur les lèvres.
il s'passe quoi, là, exactement ?
t'as quoi dans la tête ?
t'en sais rien.
tu sais plus rien.

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(#) woke up to the sound of silence — karim    Lun 6 Jan - 21:40
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[ woke up to the sound of silence ]
w/ @lysandro flores
Dure réalité. Cauchemar tapis dans l’ombre d’une pensée. Ça ne le quittait plus, le rongeait tout simplement à petit feu. Bien avant Susan. Bien avant Mercy. Bien avant cet accident qui les lui avait ravis. Tout s’accumulait, le tirant vers les bas-fonds de ses pensées les plus sombres, se noyant dans cette marée visqueuse que lui offrait la vie. Les heures qui s’écoulaient, il les passait à boire pour oublier, pour chasser comme il pouvait ces cris, ces pleures, ces hurlements qui résonnaient sans fin. Il aurait aimé oublier ou bien même revenir en arrière pour se dissuader de faire certain choix. Sa vie n’avait que peu fière allure et pourtant, derrière son comptoir il masquait tout cela sous un sourire qui se voulait chaleureux. Faux. C’est ce qu’il était à ses yeux, alors qu’il coulait à chaque seconde où l’odeur de l’alcool venait chatouiller ses narines. Seuls les clients virevoltants devant ses yeux arrivaient à l’éloigner de la tentation. Cette bouteille qui réussissait à coup sur à le séduire, courbe alléchante, arôme suave, douce mélancolie liquide. Amie. Maîtresse. Amante. Douce caresse sur ses lèvres. Il lui en fallait beaucoup pour rassembler son courage et ne pas flancher devant les clients. Il y parvenait avec de l’effort et le peu de détermination qui lui restait. Son regard marqué par une vie de tourment se posait sur un homme qui venait d’arriver au bar. Si Karim pouvait vivre avec sa misère, il lui était difficile de ne pas remarquer en plus celle des autres. Silencieux, il écoutait la commande de ce dernier, perçant la musique qui avait pendant longtemps animer l’égyptien. Pinçant ses lèvres, il se tournait pour prendre un verre ainsi que la bouteille de tequila. Face au brun, il versait le breuvage dans le verre. Un sourire apparaissant sur ses lèvres, lui qui trouvait encore la force de laisser des mots comme ceux-ci lui échapper. « Je… » commençait-il avant de voir l’homme d’une quarantaine d’année s’effondrer contre son bras. Bloqué dans ce tableau qui lui est familier, Karim déposait le verre sur le billet qui devait servir à payer la consommation de celui-ci. Glissant verre et dollar, il se penchait quelque peu pour être certain que celui-ci comprenne bien ses mots. « Je te l’offre. » C’était sans doute inconscient, mais qui était-il pour juger ? Lui aussi connaissait ces moments difficiles, bien qu’il ignorât tout de l’homme se trouvant devant lui. Il n’avait toutefois pas besoin de connaître les détails pour reconnaître une personne au plus bas. Ce n’était peut-être pas bien judicieux de lui donner de l’alcool, mais encore là qui était-il pour prendre cette décision ? Il ne pouvait pas le faire pour lui-même alors pour les autres… « Et ne t'en fait pas. Je finis à trois heures. » Soit dans quelques heures encore. Il attendait de voir le regard de l’homme pour lui adresser un sourire qui cette fois n’avait rien de faux, bien au contraire. « Dure nuit ? » demandait-il tout de même, politesse ou curiosité, lui-même l’ignorait, mais un peu de chaleur humaine ne faisait jamais vraiment de mal.
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(#) Re: woke up to the sound of silence — karim    Sam 18 Jan - 7:11
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[ woke up to the sound of silence ]
@karim jarrah
qu'est-ce que tu fiches là ? à quoi est-ce que ça va te mener ? à rien. rien du tout. il n'y a pas d'autres issues, rien qui puisse te faire espérer un peu de lumière dans ta pauvre vie. alors tu échoues là, le cul sur un tabouret pas forcément très propre. tu devrais plutôt rentrer à la maison, te mettre au lit. tu devrais prévoir une sortie avec dana, penser à autre chose, sortir un peu, essayer de faire des rencontres. mais c'est dur. c'est trop dur de passer à autre chose ? comment ils font, les gens ? comment est-ce qu'ils arrivent à mettre toute cette douleur de côté ?
toi, tu en es incapable.
tu fermes les yeux un instant. t'es misérable, totalement misérable, même face au brun derrière le comptoir. il ne t'a rien demandé, le pauvre. il doit sans doute te trouver bien misérable. en même temps, t'es rien d'autre que misérable, à cet instant précis. je... un soupir t'échappe, tu te confonds faiblement en excuses. t'es fatigué. t'es tellement fatigué de cette vie. t'es certain de rien. tu secoues un peu la tête de gauche à droite. ton verre glisse contre la table, à même le billet glissé sur le comptoir quelques instants plus tôt. je te l'offre. tu fronces un peu les sourcils. tu n'as pas la force de te battre pour payer ce verre. un soupir fin t'échappe. merci. t'es pitoyable, non ?

le billet froissé retrouve sa place au fond de ta poche, et tu fais glisser le liquide dans le verre, le laissant tourner entre tes doigts. et ne t'en fais pas. je finis à trois heures. tu fronces un peu les sourcils. t'es pas certain de tout comprendre, d'arriver à tout suivre. ce mec, tu le connais pas et ... et pourtant. trois heures. c'est tard, trois heures. et alors ? tu rends difficilement son sourire au brun. dure nuit ? tu hausses un peu les épaules. dure vie. tu réponds, las. tu viens porter ton verre à tes lèvres, fermant les yeux un instant, avant de relever la tête vers le brun. mais ouais, dure nuit aussi. tu ajoutes. toutes les nuits sont dures, depuis son départ.
t'es ... pas obligé. j'veux dire. j'suis juste un mec un peu paumé. un rire nerveux t'échappe, et tu hausses les épaules. qui voudrait de toi ? t'en sais trop rien. p'être que vous avez plus en commun que ce que tu peux imaginer. sans doute, ouais. mais t'es pas en état d'y réfléchir. clairement pas. lysandro. tu te présentes finalement, un faible accent roulant sur tes lèvres. tu peux m'appeler lys. tu ajoutes en penchant un peu la tête sur le côté, curieux de savoir à qui tu as à faire.

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(#) Re: woke up to the sound of silence — karim    Dim 26 Jan - 15:27
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(#) Re: woke up to the sound of silence — karim   
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