voir le petit matin effacer la lune avec sa gomme en forme de nuage (ray)

trente-deux ans | célibataire | écrivain (sous pseudo) + professeur de lettres à l'université | straight foward


flegmatique | réfléchi | chaleureux| bon vivant | sarcastique | exigeant | un peu trop fier | humour pourri

Even if I'm not here to stay.

Être entouré de livres me réconforte, cet endroit est une caverne d'Ali Baba pour qui aime lire. On se croirait dans un grenier magique, à l'intérieur d'un arbre dont les feuilles seraient des livres. J'ai trouvé mon église, j'y dissous une partie de mes angoisses (MALZIEU)

(one) Rayner, il se compte parmi les privilégiés. Il réalise cette chance d'être né dans une famille dans laquelle les fins de mois ne représentent pas une source de stress permanent, avec un capital financier assez élevé pour lui permettre de vivre comme il l'entend. Ses parents n'étaient pas toujours présents, occupés la plupart du temps par un métier prenant, mais son enfance n'en a pas été malheureuse pour autant. Et puis en grandissant, alors que les cousins Gresham entamaient tous des études prestigieuses, on a commencé à le comparer. Parce que c'est ce qu'on aime faire, chez les Gresham. Qu'était la littérature face aux études de médecine, le concours du barreau ou encore la finance ? Pas grand chose, visiblement. Et malgré eux, les parents de Ray ont fini par s'y mettre aussi. S'ils savaient le grand auteur qu'il était devenu aujourd'hui, ils seraient sans doute fiers. Mais c'était sa réussite à lui, à personne d'autre, et il gardait jalousement ce secret pour lui. Dans le fond, cet anonymat, il le maintenait peut-être contre ses parents, le reste de sa famille, pour ne pas leur donner la satisfaction de vanter leur enfant pendant des soirées mondaines pompeuses. (two) Profiter de la vie, des ses petits instants comme les plus gros. Il peut se montrer parfois exigeant, souvent même, du fait de la manière dont il a été élevé, mais il n'en reste pas moins quelqu'un de simple. Un bon café, un livre et une place confortable suffisent à égayer une journée. Les sorties entre amis, le bon alcool, le découverte d'un nouvel auteur, un repas agréable, des vacances loin de tout, une conversation stimulante. Le calme dont il fait preuve est sans doute son plus grand atout : il en faut beaucoup pour lui faire perdre ses moyens. (three) L'écriture a toujours occupé une place importante dans sa vie. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Ray a toujours eu près de lui un carnet dans lequel retranscrire des pensées diverses et variées. Petit, tout a commencé avec un journal où il rapportait minutieusement le déroulement de ses journées, tout en embellissant la réalité pour la rendre plus attractive : un rien pouvait devenir une aventure épique. L'imaginaire particulièrement développé, ses histoires étaient toutes plus folles les unes que les autres. En grandissant, il a fait de cet art son métier et s'illustre notamment dans le domaine du fantastique. (four) Depuis toujours, on lui a appris à prendre soin de son corps : mode de vie sain, alimentation équilibrée et pratique de sport régulière. Cette machinerie est, selon ses parents, le bien le plus précieux que l'on possède. Evidemment, Ray n'échappe pas aux soirées bières/pizza et autres joyeusetés. Il compense simplement en bougeant. Et parfois, il ne fait rien : rester sur le canapé enroulé dans un plaid, c'est pas mal aussi. (five) La surprise fut bien grande à l'annonce de sa maladie, découverte suite à ce qui aurait dû être une simple fatigue liée au surmenage. Lui, qui avait toujours tout bien fait dans sa vie, se retrouvait atteint d'une sclérose en plaque à l'aube de ses trente ans. Même devant ce fait, il était resté parfaitement calme mais au fond, il refusait la réalité. Les traitements proposés ne l'intéressaient que très peu et pendant quelques mois, il s'en était plutôt bien sorti, allant même jusqu'à douter du diagnostic médical. Doucement, la réalité vint le rattraper. Rien de trop grave, ou brusque, mais assez pour se dire que oui, il y avait bien quelque chose. Une vision légèrement troublée, une fourchette lâchée involontairement à table, quelques étourdissements. Et puis la première poussée avait fini par arriver : engourdissement et légère baisse de la force musculaire au niveau de ses jambes, qui rendaient ses déplacements un peu moins confortables. Il finit par laisser une chance aux médicaments, parce que bon, "on ne sait jamais, ça pourrait bien marcher" mais la dépendance le blesse et la fierté en prend un sacré coup. Son neurologue lui a dit que dans les meilleurs des cas, il pouvait s'écouler plusieurs années entre deux poussées et fort heureusement, il n'avait rien revécu de similaire depuis la première fois. Pour le moment, du moins. (six) Il profite de l'ouverture d'un poste de professeur à l'Université de la Nouvelle-Orléans pour fuir Chicago et vivre là où personne ne connaîtrait son nom. Comme un nouveau départ, le besoin de s'évader et remettre son esprit à zéro. C'était surtout une manière lâche de fuir la réalité, se mentir à soi-même, parce que bien plus facile, et se prouver que l'on est toujours capable de faire ce que l'on veut quand on le veut. Cacher ces faits à son entourage, ses amis, ses parents, ou plutôt, les préserver d'une réalité que l'on ne souhaite pas entendre. Son état étant stable, il jugeait inutile le fait de mettre ses proches dans la confidence. Peut-être faisait-il parti de ces chanceux dont la maladie n'était pas sévère et qui n'entraînerait donc pas de véritable ? C'était possible après tout, alors pourquoi pas ? (seven) Enseigner n'a pas toujours été une évidence pour Ray. Son premier objectif était de vivre de ses écrits, objectif atteint à ses vingt-huit ans avec un premier roman. Face au succès de celui-ci, la maison d'édition dans laquelle il avait signé lui a proposé de faire d'écrire des suites, pour en faire une trilogie. Deux ans plus tard, la deuxième partie est publiée et il travaille actuellement sur les dernières finitions du troisième opus. Puis soudainement, l'envie de transmettre est arrivé, transmettre sa passion de la littérature, de l'écriture, de faire en sorte que chacun puisse faire ressortir ce talent caché que l'on n'ose pas laisser s'exprimer, de peur de ne pas être à la hauteur. Bien-sûr, tous ses étudiants ne se vouent pas à l'écriture, il est juste là pour les aider à trouver leur voie, ce qui les rend heureux et surtout, fiers d'eux. (eight) En discutant avec les amis de Ray, ils seront tous unanimes sur un point : son humour plutôt pourri, même, carrément pourri. C'est le genre de gars qui rit seul à ses blagues, ou qui parvient à arracher quelques rires tellement ses blagues sont nulles. Et pourtant, ils seraient étonnés de voir à quel point il maniait bien les mots, assez bien pour placer quelques bonnes répliques dans ses bouquins. D'après les avis de ses lecteurs, ça avait l'air de plutôt bien marcher. Seulement, ce n'était pas inné chez lui. Ça faisait partie de son charme, apparemment, et c'était en restant lui-même qu'il parvenait à faire sourire la personne en face, de manière involontaire, un vrai maladroit. (nine) La maison d'édition de Ray a reçu plusieurs demandes d'interviews, ou de participation à des événements, comme des dédicaces par exemple. Et pourtant, ce dernier n'a jamais voulu lever son anonymat. Pour garder un certain confort de vie, principalement, mais aussi par fierté, contre le reste du clan Gresham avec qui les échanges deviennent rares, encore plus depuis son départ de Chicago. Dernièrement, une énième proposition a réussi à attirer son attention : l'achat des droits pour en faire une adaptation cinématographique. Afin de promouvoir l'événement, un documentaire retraçant la vie de l'auteur, mais surtout la création de ses romans a été envisagé. Les producteurs espèrent également avoir l'exclusivité et révéler enfin la véritable identité du mystérieux Miles Whickham. Bien-sûr, il a toujours la possibilité d'accepter l'offre et rester dans l'ombre, mais dans ce cas, il devrait renoncer à tous ses droits et verrait l'oeuvre de sa vie remaniée, réécrite par des inconnus souhaitant en tirer le plus de profit possible. (ten) Ce café, découvert par hasard au coin d'une rue, il aimait s'y rendre de plus en plus pour finaliser son roman. Ou peut-être y avait-il une autre raison. Cette jeune femme, la serveuse, Rosie d'après son badge. Il ne saurait dire pourquoi elle et pas la personne d'à côté. C'était peut-être son sourire ou bien sa façon d'être. C'était un tout, quelque chose en elle le rendait curieux, lui donnait envie d'en savoir plus et apprendre à la connaître. L'endroit était chaleureux, sans fioritures, le faisait se sentir chez lui dans une ville qui lui était encore inconnue. Un point de repère, parmi la foule et dans cette foule, se trouvaient des visages plus amicaux que d'autres.

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