attraction at first sight (anja)

FT. @anja söderblom

Tinder a été un compagnon de voyage qui t'a bien aidé. Une description mise à jour régulièrement, des matchs qui défilent et des rencontres. Ça t'a permis de rencontrer des locaux différemment, par un autre biais et pas forcément pour les mêmes choses. tu aimes les gens, tu les as toujours aimé. et Tinder est un véritable vivier, un lieu où l'on peut rencontrer toutes sortes de gens. tu as gardé l'habitude de regarder très régulièrement ton application, même ici, à nola. et dès ton arrivée à l'aéroport, tu as matché avec cette fille, Anja. vous avez bien discuté, tu as proposé un rendez-vous sans perdre trop de temps. tu dois rencontrer les gens pour voir si ça peut coller entre vous. tu lui donne rendez-vous au rendez vous. tu reconnais que ce n'est pas très original. mais l'ambiance de bar pourrait te plaire, tout comme à elle. tu entres dans le bar, un sourire sur les lèvres et commande une première pinte. tu t'assois, tu l'attends. tu laisses la mousse retomber un peu et tu prends une première gorgée, les yeux rivés sur la porte. tu es certaine que ça va bien se passer, tu n'es plus stressée par les rendez-vous Tinder, après 4 ans à parcourir le monde en l'utilisant. des rencontres, tu en as fait beaucoup. aucune ne ressemble à la précédente. et soudain, tu vois une femme aux cheveux châtains entrer dans le bar. un large sourire se dessine sur tes lèvres. tu te lèves, fais le tour de la table à laquelle tu es installée. bonjour Anja. tu commences, le ton chantant. ravie de te rencontrer, je suis Zoe. mais ce n'est pas le plus important. qu'est-ce que tu veux boire ? y'a beaucoup de bières différentes ici. tu aimes ça, j'espère ? tu t'approches d'elle, le sourire toujours scotché à tes lèvres et dépose un baiser sur sa joue.

Elle était adepte de Tinder, Anja, de ces profils populaires qui revenaient souvent et qui enchaînaient les matchs, puis les rencontres, lorsque la personne était suffisamment intéressante pour tenir une conversation puis s’envoyer en l’air et s’envoler quelques heures après, sans jamais donner de nouvelles. Anja était ainsi, volage, frivole, à ne jamais donner de secondes chances car lassée de la routine, tempête explosive qui se fichait des espoirs déchirés, des unions charnelles d’un soir. Cette soirée était donc l’occasion pour elle d’agrandir son tableau de chasse, car ses semaines étaient ponctuées de rendez-vous Tinder au milieu de son travail mouvementé, de ses tracas quotidiens et de ce tempérament qui s’intensifiait davantage. Elle se faisait toujours belle, Anja, avec une belle robe blanche et des escarpins, élançant sa silhouette frêle, sa petite taille qui faisait bien tourner des têtes. Alors, une fois prête, la terrible prenait le chemin du bar dans lequel elle devait retrouver une certaine Zoé. Souvent, Anja déstabilisait, par le fait qu’elle n’était pas des plus bavardes, tout passait par la communication du corps, par ce regard brun ténébreux, son côté tactile, avenant, jamais de propos inutiles qui quittaient ses lèvres. La peau hâlée en harmonie avec la couleur immaculée de sa robe, Anja s’approchait, cette risette en coin et un baiser rendu à la jeune femme qui s’était approchée d’elle. « Bonsoir. » Installée en face, elle consultait la carte des alcools, raffinée jusqu’à ses goûts alimentaires. « Je préfère le rosé. » Elle demandait ainsi une bouteille bien fraîche pour se mettre dans le bain, les doigts croisés entre eux, sans quitter Zoé du regard. « J’espère que tu n’es pas déçue. » Bien sûr que non, elle se savait sublime, Anja, toujours aussi mesquine dans les propos qu’elle tenait, à pécher des compliments.

FT. @anja söderblom

elle est magnifique. elles le sont souvent, magnifiques. tu considère les femmes plus belles, mieux réussies en termes de proportions et avec, souvent, un visage plus harmonieux. les femmes l'emportent clairement sur les hommes de ce point de vue. tu la suis du regard, debout à côté de ta table. ton regard passe de son visage à sa poitrine, de sa poitrine à ses hanches pour finalement descendre le long de ses jambes. elle te rend ton baiser, ton sourire reste bien fixé sur ton visage. tu te rassois en face d'elle pendant qu'elle t'explique que la bière n'est pas sa préférence. tu peux le comprendre, la bière c'était pas ton kiff jusqu'à ce que tu poses les pieds en Belgique il y a environ 2 ans. ce n'est pas ton alcool préféré, mais pour rester consciente et ne pas avoir de gueule de bois le lendemain, c'est parfait. et là, tu veux rester consciente. tu veux profiter de ce que cette soirée a à t'offrir ou plutôt, de ce qu'Anja a à t'offrir. déçue ? tu fronces les sourcils l'espace d'un instant. parce que tu préfères le rosé ? pas du tout. réponds-tu, volontairement à côté du sujet, un sourire taquin sur les lèvres. non, plus sérieusement, tu es magnifique. tu avoues sans aucune gêne. pour toi, c'est même pas de la drague à ce niveau là, tu oses dire ce mot. tu aimes arrêter les gens dans la rue, les serveuses dans les bars pour leur dire qu'ils sont beaux. c'est important pour s'aimer, il faut aussi l'entendre de la bouche des autres. ça ne fait jamais de mal. tu n'es pas déçue non plus, j'espère ? tu demandes, tout en restant confiante à 100%. tu es entière, et tu sais que tu ne peux pas plaire à tout le monde. de toutes façons, si Anja est là, c'est qu'a priori, elle y trouve un intérêt.

La démarche calculée, à la manière d’un paon vaniteux, les talons claquaient le parquet et sa robe ondulait légèrement, manteau pendu sur son avant-bras, magnifique poupée qui s’aventurait une énième fois dans l’inconnu. Mais celui-ci avait un goût délicat en bouche lorsque la silhouette de Zoé se dessinait, que ce sourire candide étirait ses lèvres dans un rictus amusé. Le compliment qui arrivait rapidement, pour son plus grand plaisir, Anja souriait en laissant glisser ses ongles dans sa chevelure brune, toujours aussi ravie que l’on gonfle son ego, déjà important. « Je le savais déjà. » Semblable à un serpent qui crachait à tout va son venin, un rire mélodieux se hissait hors de cette bouche pulpeuse, celle qui renfermait de nombreux vices, dont celui de la luxure. « Déçue parce que tu apprécies la bière ? » Joueuse, elle retournait les propos de Zoé contre elle, sans perdre ce rictus caractéristique de sa personne. « Tu es très belle, comme sur tes photos. » Le profil d’Anja était fait pour attirer l’attention : entre clichés charismatiques et un en lingerie, elle n’avait pas froid aux yeux, la belle, captivait aisément l’attention, pour son plus grand plaisir. « Si tu n’avais pas eu mes photos, comment m’aurais-tu imaginé ? » Car l’imagination était sûrement une des plus belles choses en ce monde, l’appel au voyage, à l’exotisme, celui qui se reflétait le long de ses courbes bronzées, les épices des origines ensoleillées. Les commandes apportées, Anja levait son verre à pied à cette rencontre, qu’elle sentait agréable, plaisante et en charmante compagnie. Il fallait dire qu’elles se ressemblaient assez, les femmes : deux brunes au teint hâlé, la même chevelure et le regard perçant, ténébreux, auquel l’on peinait à résister.

tu la regarde dans les yeux, essayant de connecter vos âmes, de voir une étincelle. juste une toute petite. tout ce que tu as besoin de savoir, c'est si vous serez compatible, au moins pour cette nuit. tu as quand même besoin d'une connexion avant de te lier à quelqu'un, de manière charnelle ou un peu plus sentimentale. tu ne peux pas juste donner ton corps comme ça, il faut le mériter. il faut que tu sois pleinement consciente et pleinement heureuse de le faire. tu ne vis pas les choses à moitié, Zoe. elle sait déjà qu'elle est belle, ça ne t'étonne pas du tout. elle doit en avoir crevé, des coeurs, elle a dû déjà provoquer de nombreux coups de foudre. tu lâches un rire lorsqu'elle te renvoie ta blague contre toi. et puis elle te complimente à son tour. toi aussi, tu es consciente que tu es belle, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. ton voyage à la découverte de la moitié du monde t'a permis de prendre confiance en toi. tes photos sont axées sur ton art et tes voyages, des photos qui montrent la vraie toi, au milieu de la boue, dans un pantalon en toile de jute. mais aussi des photos de fête, dans une robe en lin très légère qui laisse apparaître le bout de tes seins à travers le tissu. tu as pensé ton profil pour qu'il te représente pleinement. et apparemment, ça fonctionne pour toi. Anja te pose une question qui te laisse sans réponse l'espace de quelques secondes. tu lèves l'index, le temps de sortir ton téléphone pour ouvrir votre conversation Tinder. tu ne consulte pas son profil, penche la tête sur ton téléphone et relit votre conversation en t'isolant. tu fais en sorte de la chasser de ton esprit pour la décrire telle que tu l'aurais imaginée si tu n'avais eu aucune photo. hm. définitivement brune. plus de formes, un bonnet C ou D et des hanches généreuses, avec une taille définie. les yeux verts, le teint un ton plus foncé. niveau taille, environ 1m75, tu vois ? tu relèves les yeux vers Anja. t'aurais été tout aussi canon que tu l'es réellement., tu lui fais un clin d'oeil tout en reprenant ta bière en main. ce jeu est assez drôle, bien que difficile. tu veux essayer ? tu demande. t'as envie de savoir comment on t'imaginerait si les photos n'étaient pas là.

Ses phalanges se croisaient lorsque Zoé quittait la conversation pour redécouvrir les messages échangés, les mirettes sombres rivées sur ce petit bout de femme qui se perdait dans les déboires de l’imagination, l’endroit où les limites n’existaient pas, permettant évasion et exotisme. De ce fait, Anja n’était pas surprise de la description qu’elle lui faisait : les stéréotypes de la femme typée, aux formes généreuses et au regard clair, perçant. « Classique. » Elle n’avait pas sa langue dans sa poche, la brune et s’amusait à provoquer, à titiller ses partenaires, ce qui la rendait déstabilisante, impénétrable, car l’on ne voyait rien derrière ses grands airs. L’on se basait sur des implicites, des suppositions et l’on tissait une toile, plus ou moins imparfaite d’Anja, à croire que le monstre n’existait guère, mais elle brisait tout sur son chemin, la belle, sans attaches, sulfureuse tornade. « Laisse-moi deux minutes. » Le même geste imité, Anja déverrouillait son téléphone et relisait les quelques mots, en survolait certains, avant de se prononcer. « Je t’imaginais svelte, menue, mais le corps tonique, musclé, une aventurière qui poste des tonnes de photos sur son Instagram, des voyages comme du sport ou encore de tes dessins, tableaux. Physiquement, brune, blonde, rousse, je n’en sais rien. » Rictus au bord des lèvres, toile vierge recouverte de préjugés et premières idées, Anja portait son verre à ses lippes, sans la lâcher du regard. « Malheureusement, je n’ai presque rien de cette description : je fais un bonnet B, j’ai quelques formes rebondies, mais je suis relativement frêle, du haut de mon mètre soixante. » Mouvement de cheveux en arrière, Anja jouait de ses charmes, de ce regard brun qui ne lâchait pas sa partenaire, souhaitant percer le mystère de cette jeune femme. « Je ne le prends pas mal, tant que je reste canon. » Rire qui s’échouait hors de ses lèvres, la belle déposait son visage dans le creux de sa main, un de ses talons claquait le sol au rythme de la musique, dans une douce mélodie, crispante pour certains. « Tu aurais aimé que je sois ainsi ? »

sa réponse te fait sourire. effectivement, ça n'avait rien de particulièrement original. c'est juste une description d'une personne qui t'aurais plu, autant qu'Anja te plaît ce soir. sa description est plutôt proche de la réalité, de ton point de vue. tu l'écoutes te raconter que tu aurais été svelte et musclée, avec un goût exacerbé pour Instagram histoire de montrer tes voyages et ton art, entre autres. mais comme une bonne fit girl, tu aurais aussi montré tes entrainements. bon bah, c'est presque ça. tu confirmes. je suis assez svelte et musclée. après je ne poste pas des tonnes de photos sur Instagram, j'utilise quasiment mon téléphone lorsque je voyage. je préfère les appareils photos jetables. à l'ancienne, dans les années 80 et 90. ça donne de très bonnes photos, parfois. et parfois, ça ne donne rien. mais c'est toujours chouette de ne pas savoir et de faire l'effort de se souvenir de chaque instant plutôt que de laisser pourrir des photos sur un téléphone et de ne les regarder que lorsque la mémoire est pleine. tu bois une gorgée de ton verre pendant qu'elle te donne les différences entre ta description et la réalité. tu souris en l'entendant te dire qu'elle n'a rien en commun avec la femme que tu as décris. tu es canon, Anja. tu lances. tu sais très bien qu'elle n'a pas besoin d'être rassurée sur ce point. mais c'est tout de même important pour toi de le lui dire. j'aurai adoré rencontrer la femme que je me suis imaginée, elle aussi est canon. tu expliques. tu n'es pas forcément très difficile, temps que la personne te plaît et a quelque chose qui te donne envie de la fréquenter et de la charmer. et tu aurais aimé rencontrer ton instagrameuse clichée ? tu demandes dans un éclat de rire. ou tu préfères l'originale artiste old-school ? tu tentes un plus large sourire et pose ta main délicatement sur la table. une perche tendue pour qu'elle pose la sienne. tu me fais penser à l'un de mes personnages, dans mon roman graphique.

Il y avait quelque chose de satisfaisant et plaisant pour l’ego lorsque quelqu’un assumait que l’on avait raison, Anja n’y échappait pas, avare de compliments. Sourire vaniteux aux lèvres, la brune laissait paraître sa joie, qu’elle continue de booster son estime, Zoé, ça lui plaisait. « J’utilise un appareil photo argentique, j’aime beaucoup imprimer mes photos, l’effet est très beau. Parfois, je me sers d'un polaroid. » Passion pour la photographie qui donnait du cachet à ses articles. « ça nous donnera l’occasion de se revoir. » Pour lui montrer un peu plus de sa passion, alors qu’au fond, Anja riait : elle qui ne donnait aucune chance à ses conquêtes, du genre à disparaître de la circulation après avoir obtenu ce qu’elle désirait. Non, Anja ne dormait jamais avec eux, s’envolait rapidement, ne portait jamais plus d’attention que ça aux autres, car encore une fois, il n’y avait qu’elle qui comptait, avec son mal-être en poche, sur les épaules, à le trimballer, préparant en douce une vendetta digne de ce nom. « Je peux partir aussi. » Fausse susceptible, elle laissait aller un petit rire en jouant avec son verre, calmant sa soif avec ce cocktail finement dosé, peu d’alcool, que du sucre. Faisant mine de réfléchir, Anja posait son regard ténébreux sur Zoé, laissant s’égrainer quelques secondes. « L’artiste old-school. » Elle n’aimait pas s’afficher, poster sans arrêt sur les réseaux, tout ça pour se faire voir, pour se créer une vie active, enrichissante et à la fin de la journée, il n’y avait personne. Non, Anja, elle était discrète, ses articles ainsi que son talent s’exprimaient à sa place. « Je trouve les personnes des réseaux sociaux chiantes. L’argent facile. Aucune lutte. Aucun combat. La facilité, puis c’est éphémère. » Les artistes avaient une âme sensible, des êtres bouleversés, meurtri, la plupart du temps et ils étaient intéressants, pas pour la vie mais pour quelques heures, à ses yeux. « Tu es plus intéressante que ces connasses. » Une main posée sur celle de Zoé, alors que son menton se posait dans sa main libre, à hausser un des sourcils à sa phrase. « Pourquoi ? Parle-moi de ce roman graphique. » Les projets captivants, qui sortaient des sentiers battus, voilà qui captivait l’attention d’Anja. « Et de ce personnage très intéressant. »

elle t'explique qu'elle aime la photo, elle aussi. qu'elle utilise des appareils argentiques, des polaroïds, qu'elle aime les effets que ceux-ci donnent aux photos. ça te fait sourire, t'aimes bien quand les gens te parlent de leurs passions. ça les définit réellement, beaucoup plus que n'importe quoi d'autre. tu t'en fiches, d'entendre parler de leur famille, de leurs amis, de leur travail. ça ne dit pas autant sur eux que leurs passions, ce qui les anime, ce qui les fait sortir du lit le matin en dehors de la promesse de quelques dollars à la fin du mois ou de la semaine. un de tes sourcils se lève, intriguée. tu les développes toi-même ? en fait, cette question est inutile, elle t'a donné la réponse avant que tu ne l'ai posé. mais ça te paraît exceptionnel. tu n'as aucune foutue idée de comment on développe une photo et tu adorerais savoir, apprendre, comprendre. elle te propose de te revoir, te dit que c'est une occasion. tu ne t'attendais pas à ça aussi vite, mais tu n'es pas contre. tu es du genre à revoir les gens, à essayer de les comprendre. alors ça ne te fait pas peur. si tu me montres comment on développe une photo, je serai ravie de te revoir., tu souris en coin. tu serais ravie de la revoir quoi qu'il arrive. mais t'as envie de mettre quelque chose dans la balance, ton désir d'apprendre est trop fort.

tu aurais beaucoup aimé rencontré quelqu'un de physiquement différent, oui. tant qu'à l'intérieur, cette personne te plaît, tu te fiches clairement de son enveloppe corporelle. beaucoup moins intéressantes que ce qu'il se passe à l'intérieur. alors c'est une chance, tu trouves Anja belle. mais tu l'aurais trouvé tout aussi belle avec n'importe quelle coupe de cheveux, avec un nez différent, avec des yeux bleus ou encore avec des tâches de rousseur. ce n'est pas ça qui t'importe, il faut juste que la personne arrive à piquer ta curiosité. alors ça te fait rire quand elle te dit qu'elle peut s'en aller. et ça te fait sourire encore davantage lorsqu'elle te dit que c'est bien toi, l'artiste old school, qu'elle préfère. elle t'exprime son opinion sur les professionnels du réseau social Instagram. tu n'es que partiellement d'accord. pour avoir pris des cours afin de maîtriser un peu tout ça pour mon auto-promo, je peux te dire que j'ai galéré et que c'est finalement pas si simple. tu lâches dans un sourire. alors après, c'est sûr que ça demande plus de travail à certaines personnes, certainement. tu concèdes. tu fais sûrement parti de ces personnes. parce que c'est difficile de percer en tant qu'artiste, c'est difficile pour vous tous et c'est difficile sur Instagram parce que vous essayez tous d'être le.a plus regardé.e. mais j'espère être plus intéressante qu'une Instagrameuse qui enchaîne les collaborations avec de grandes marques. tu lâches tout de même. et ça fait du bien. tu sens sa main se poser sur la tienne, ça te fait sourire. elle a mordu à l'hameçon et tu sais qu'elle fait exactement ce qu'elle avait envie de faire. t'aimes le moment que vous passez ensemble. surtout que c'est à ton tour, de parler de tes passions et surtout, de ton livre. c'est... c'est sur la liberté., c'est le grand thème de ton roman graphique. et y'a pleins de personnages parce que chacun a sa propre vision de la liberté, ça n'a rien d'universel, tu vois. alors j'essaie d'explorer ça, la liberté. c'est vaste, c'est beau, c'est pleins d'anecdotes. tu commences à expliquer. c'est difficile de parler de tout ça, c'est plus facile lorsqu'on commence à lire. c'est plus facile lorsqu'on entre au coeur de l'histoire. alors ce personnage est un homme, il s'appelle Marc. Marc est beau, jeune, plutôt d'une classe sociale élevée. pourtant, il se fait chier sur son piédestal, alors il décide de se libérer des conventions sociales et d'aller parler au petit peuple. Marc il est un peu bourru, il parle fort et ce qu'il dit est fort aussi. et il a du mal à se faire accepter par ces nouvelles personnes qu'il a envie d'approcher parce qu'il est trop direct, trop franche et qu'il n'a clairement pas assez de tact. Marc essaie de changer, mais ça ne fonctionne pas non plus. et à l'instant où il commençait à se décourager et à redevenir lui-même, il rencontre un autre homme qui lui explique qu'il ne doit surtout pas changer, parce que ça l'asservit de vouloir rentrer dans un moule pour être accepté. bon, en gros. tu en viens à l'essentiel. tu vois, tu es comme Marc. tu sais que tu n'as pas besoin de changer et j'ai l'impression que tu ne manques pas d'amour, quel qu'il soit. tu parles fort et tu manques de tact, mais c'est aussi pour ça qu'on t'apprécie et qu'on t'aime, et j'ai l'impression que tu en as conscience et que tu en joues. et tu sais quoi ? tu laisses une pause, sourire aux lèvres. tu as tout à fait raison de le faire.

désolée  :

Anja acquiesçait à la question de la brune concernant l’impression personnelle de ses photographies. C’était le cas, oui, ayant acheté le matériel professionnel, car elle avait décrété que le travail des particuliers ne lui convenait guère. Anja, elle préférait se débrouiller elle-même, quitte à dépenser des sommes astronomiques et gâcher quelques clichés plutôt que de fournir ses bijoux à des inconnus. En sachant que la jolie était obstinée, elle refusait catégoriquement de laisser ses photographies à d’autres mains que les siennes, perfectionniste, débrouillarde, un foutu penchant pour l’indépendance. « Je t’apprendrai. » Elle avait un rictus aux lèvres, Anja, mais la jolie savait qu’elle ne reverrait plus Zoé après avoir passé un agréable moment à ses côtés. C’était ainsi qu’elle fonctionnait, la terrible, à rejeter ses passes-temps, en faisant durer le désir, parfois même l’addiction naissante face à ce succube. Elle n’avait pas sa langue dans la poche, Anja, confiait ses idées bien tranchées sur les métiers des réseaux sociaux, pas très nobles à ses yeux, l’argent facile, la fatigue inconnue, le stress minime. Non, c’était trop bien facile pour la jeune journaliste, d’où son regard critique de femme qui n’avait jamais rien eu de tel dans son existence putride. Sa paume déposée sur celle de la voyageuse intrépide, Anja appuyait son visage dans sa main libre, la laissant détailler son roman graphique, dans lequel ce fameux Marc semblait lui ressembler. Déstabilisante avec son air impassible, parfois agrémenté de son éternel rictus aux pulpes, la brune ne disait rien, réfléchissant aux propos que lui confiaient Zoé. Elle ne trouvait pas que cet individu lui ressemblait, bien que quelques points étaient similaires, l’on savait que la sulfureuse faisait souvent preuve de mauvaise foi. Au contraire, Anja souffrait de carences affectives, n’ayant pas connu la chaleur de l’amour familial ni fraternel, l’essence pourrie depuis ses premiers pas. Elle manquait cruellement d’amour et d’affection, d’une présence réconfortante à ses côtés, mais Anja était trop fière, trop butée pour assumer chacune de ses failles. C’était une femme forte, à n’en pas douter, la tête dure, le langage acéré, capable d’en détruire plus d’un, juste avec la force des mots lancés, rétorqués. « Je vois. » Elle n’en disait pas plus, désormais muette et suspendue dans une longue contemplation, qui remuait particulièrement ses pensées, faisant également ressortir ses blessures d’enfance, jamais cicatrisées à ce jour. Si seulement. Si seulement Anja avait déjà ressenti l’amour. Mais ce n’était pas le cas. Non, papa et maman se fichaient de sa personne, ses frères et sa soeur n’avaient aucune importance à ses yeux, aucun homme n’avait su attiser la moindre flamme sentimentale en elle. Non, le monde entier lassait la poupée, si bien qu’elle s’était enfermée dans un loin mutisme en jouant avec les doigts de Zoé. C’était une coquille vide. Les mirettes rivées sur les mains liées, Anja se divertissait, en laissant aller de douces caresses sur sa peau bronzée, semblable à la sienne, remontant le long de son bras frêle. « Et si on allait ailleurs ? » Qu’elle murmurait, la tornade, en lui adressant un regard charmeur, mêlé à la malice.