petites emplettes et déjeuner sur le pouce - w/ Holly

Il était déjà 11h30 quand je me suis décidée à sortir de chez moi. Direction le centre commercial pour commencer à faire du repérage avant les fêtes. Noël n’a jamais vraiment été mon truc, surtout depuis qu’on ne fêtait plus cela en famille. Mais maintenant que j’avais rencontré quelques personnes ici, je me sentais d’humeur à faire des cadeaux. Pas non plus des trucs hors de prix, mais juste des petites attentions en fonction de chacun et chacune. Je suis du genre à montrer mon affection comme ça, par un petit cadeau ou des mots doux. C’est mon côté sensible et généreux qui veut cela. Impossible de le cacher à qui que ce soit. D’ailleurs ma générosité m’a souvent fait défaut.. Mais en cette période de fêtes, j’étais encore plus vulnérable. Je me rappelais de mon dernier Noël avec mes exs… Cela avait été magique, je m’en rappelle comme si c’était hier. De notre repas, nos échanges de sourires et de mots doux, nos ébats jusqu’au bout de la nuit. Et puis l’ouverture des cadeaux au petit matin. C’était juste magique. Mais maintenant je vais devoir passer Noël seule, ou du moins avec mes nouveaux potes. Ce ne sera pas pareil qu’avec eux deux, mais c’est mieux que rien. J’espère vraiment que personne me fera faux bond, voilà tout.

Lorsque j’arrive au centre commercial, il y a déjà du monde attroupé autour des restaurants. Il est bientôt midi, et les gens se précipitent pour trouver des tables. Pourtant d’habitude c’est plutôt calme en semaine le midi. Mais là c’est vrai que c’est plus rempli que d’habitude. Sûrement l’effet “Décembre”, qui procure une intense envie à tout le monde de sortir de chez eux et profiter de l’ambiance festive des centres commerciaux. Mouai, moi ce n’est pas vraiment pour ça que je venais, mais soit. Bon du coup il est assez difficile de m’imaginer aller déjeuner seule dans un restau, assise à une table à contempler la joie des familles autour de moi. Du coup je décide de me rendre au stand de fast food français, où il font des burgers et sandwichs de toutes sortes. Je commence à contempler le menu et à me demander ce qui me ferait envie, quand j’entends derrière moi un joyeux salut qui semblait s’adresser à moi…

/ awards session

Le début de l’année scolaire est passé à une vitesse hallucinante. A peine le temps de s’acclimater à cette nouvelle année que les partiels de fin de premier trimestre pèsent au-dessus de moi comme un nuage orageux. De septembre, je suis arrivée à décembre sans vraiment m’en rendre compte. Un peu comme un automate, j’ai subi ma vie plutôt que de la vivre, me laissant porter par le rythme des cours, les soirées étudiantes ou avec les amis, les dîners de famille, les grands évènements. Il y a eut la rentrée scolaire, puis Halloween, ensuite Thanksgiving et maintenant Noël qui approche à grands pas. Et moi, au milieu de tout cela, je me suis baladée, comme une touriste en vacances. Il faut dire que depuis l’enterrement de mon père à la mi-juin, j’ai perdu la notion du temps. J’ai l’impression que les semaines s’écoulent différemment depuis. Parfois, une journée me paraît durer deux semaines, et parfois, j’ouvre les yeux le lundi matin, et quand je cligne à nouveau des paupières, vendredi soir pointe déjà le bout de son nez. Ce qui explique probablement pourquoi, comme tous les retardataires, je prends du temps sur ma pause-déjeuner entre deux cours magistraux pour aller faire du repérage au centre commercial. La liste des gens à contenter s’allonge à mesure que je réfléchis, il y a mes grands-parents, ma mère, ma sœur et son fiancé, mon frère. Et puis il ne faut pas oublier Flora et Yaël mes meilleurs amis, et puis April, Lauren, Marshall, Nora… Plus j’y pense et moins j’en vois le bout. Un vertige me prend soudain et je réalise que l’hypoglycémie commence à m’affaiblir. J’ai faim mais je suis trop pressée par le temps pour m’attabler quelque part, alors je rejoins une file d’attente déjà assez conséquente devant un stand de sandwichs en tous genres et attends gentiment mon tour. C’est en observant les gens devant moi que je la reconnais. « Salut ! » Je ne sais pas pourquoi j’ai parlé si fort, ça ne me ressemble pas. Je m’excuse avec un petit sourire et reprends, plus calme. « Désolée, il y a tellement de bruits ici. » Je passe à côté des quelques personnes qui nous séparent pour ne pas que notre conversation –inintéressante pour des inconnus– rameute tout le monde. « J’espère que tu n’es pas pressée, j’estime à neuf minutes le temps d’attente. » Eh oui, ce n’est pas la première pause-déjeuner que je prends ici, j’ai même mes petites habitudes maintenant.

@Anastasia Ogier :cat:

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J’ai un doute sur son prénom… Je reconnais la belle blonde, toute la soirée pendant laquelle je l’ai rencontrée me revient. C’était un service tout à fait normal pour moi. Mais elle, la pauvre elle avait fini la soirée dans un état un peu lamentable. Heureusement que j’avais été là pour m’occuper d’elle et la ramener chez elle saine et sauve. J’avais maudit ses amis qui l’avait laissée ivre derrière eux… Était-ce même ses amis ? Je ne sais pas. Bref, assez de flashback. Maintenant je pouvais me concentrer sur son visage beaucoup plus joyeux et avec meilleure mine que la dernière fois, et espérer me rappeler de son prénom. Soudain je me souviens avoir entré son numéro dans mon téléphone. Holly. Ouf, je me sentirai moins idiote comme ça. Après tout, si ça se trouve elle-même ne se rappelait pas de moi. En même temps je pouvais le comprendre, vues les circonstances de notre rencontre. Je lui souris. Elle s’excuse d’avoir parlé un peu fort, mais honnêtement vu le boucan extérieur je n’ai même pas remarqué qu’elle avait haussé la voix. Elle estime le temps d’attente à 9 minutes. Elle devait être une habituée des lieux. Toujours en souriant je lui réponds :

“Oh t’inquiète pas, j’ai tout l’après-midi devant moi. Je ne commence pas le travail avant 21H. Comment vas-tu depuis cette folle soirée ? J’espère que le lendemain n’a pas été trop difficile. Excuse moi de ne pas t’avoir envoyé de message, ça a été un peu fou de mon côté.”

En effet, j’avais fait pas mal de rencontres ces derniers temps. Et puis mon boulot me prenait toutes mes soirées, donc pour sortir c’était compliqué. Mais du coup je passais mes journées à l’extérieur pour essayer de voir un peu tout le monde. Socialiser était la clé pour garder mon anxiété et ma dépression loin de moi. Et pour éviter de trop penser. Du coup, oui j’avais pas beaucoup de temps pour moi. Mais ça me va bien comme ça.

@Holly Kehler

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La jolie brune me sourit à son tour et je suis soulagée de constater qu’elle se souvient de moi, et surtout, qu’elle ne m’en veut pas. Ce soir-là, j’avais accepté de suivre mes amies de l’université dans le bar où elle travaille, au Bombay Club. C’était la première fois que je mettais les pieds là-bas mais également, la première fois que je sortais avec mes copines de classe dans un contexte autre que nos soirées étudiantes habituelles en plein milieu de semaine. Les filles avaient retrouvé des amies à elle, des garçons qu’elles semblaient particulièrement apprécier et je m’étais rapidement retrouvée en décalage. Comme à mon habitude, je m’étais refermée sur moi-même et était partie me réfugier au bar, où les bruits de conversation me semblaient atténuer. Les gens accoudés se montraient plus discrets afin de ne pas déranger les serveurs et barmans qui faisaient les cents pas. C’est là que j’avais rencontré la brune, dont le prénom m’échappait toujours. La pauvre m’avait vu dans un piteux état. « Ce n’est plus très long, et puis leurs sandwichs sont délicieux. » Je lui souris mais grimace immédiatement lorsqu’elle fait référence à ce soir où nous nous sommes rencontrées. « Oh... Je vais bien merci. Je… Non t’en fais pas, c’est déjà tellement gentil à toi de m’avoir ramené. Je n’ai pas eu l’occasion de te remercier d’ailleurs, et j’avais tellement honte que je n’ai jamais osé venir te voir. Je ne suis pas comme ça d’habitude je t’assure, ce soir-là, j’avais un peu abusé je crois. » Piteuse, j’accompagne mes maigres excuses d’une moue gênée et désolée. « Je ne me souviens même plus de ton prénom pour tout te dire, je me sens tellement bête. Laisses-moi t’inviter pour te remercier. » Je souris et lui fais ma plus jolie moue d’enfant. « S’il te plaît. » D’habitude, je ne suis pas le genre de fille à engager la conversation ou à sympathiser, je suis plutôt de celles qui restent dans leur coin et observent. Mais cette fille, j’ai une vraie dette envers elle. Elle aurait pu se contenter de me mettre à la porte du bar une fois la fermeture annoncée, mais elle s’était occupée de moi et avait presque dû me porter jusqu’à mon lit. Elle avait fait preuve d’une telle gentillesse à mon écart que je me sentais reconnaissante.

@Anastasia Ogier :cat:

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Bien que j’aie le temps et que je ne travaille pas avant tard, je commence à être impatiente. Mon ventre me rappelle que je n’ai pas pris de petit déjeuner ce matin, et que j’ai une faim de loup. Holly a dû lire mon impatience sur mon visage un peu crispé car elle tente de me rassurer en me disant que ça ne devait plus être très long, et que leurs sandwichs étaient délicieux. Bon, cela me permet de me détendre un peu mais bon, ce n’est pas vraiment la raison de ma crispation. La jolie Holly avait l’air un peu tendue quand j’évoquai la soirée de notre rencontre. J’avais peur de l’avoir mise mal à l’aise car elle me répondit un peu en grimaçant. Elle s’empressa de me remercier pour mon geste, et me dit qu’elle avait eu un peu honte du coup elle n’avait pas osé me recontacter. Ce que je peux comprendre, mais cela me remplit un peu de tristesse parce que je n’avais en aucun cas eu envie de la mettre mal à l’aise. Elle se justifie également en disant que d’habitude elle ne boit pas autant. Si elle savait comme j’en ai vu plein des cas bien pires qu’elle! Elle n’avait pas du tout à s’excuser de quoi que ce soit, ça arrive à tout le monde de perdre le contrôle! Ensuite elle s’excusa à nouveau car elle ne se souvenait pas de mon prénom. Elle suggéra de m’inviter pour la peine, et insista en me priant de la laisser faire. Il en était hors de question voyons! Je lui répondis gentiment :

“Ecoute ma belle, tu n’as pas à me remercier ! C’était vraiment avec plaisir; en plus ça m’a permis de découvrir un autre quartier, c’est chouette par chez toi !”

Je ne voulais vraiment pas qu’elle s’en veuille ou quoi que ce soit, alors j’essayai tant bien que mal de la faire déculpabiliser.

“Ne t’en fais pas, ça arrive à tout le monde, moi la première, je t’assure !”

Puis pour essayer de lui faire comprendre que ce n’était vraiment rien, et que j’appréciais sa compagnie et avais envie de la mettre à l’aise, j’ajoutai :

“Tu n’as vraiment pas à m’inviter Holly, ne t’inquiète pas ! Commençons par le commencement. Moi c’est Anastasia, mais tu peux m’appeler Ana, enchantée !”

Dis-je en lui tendant la main comme si c’était la première fois que l’on se rencontrait. Et afin d’engager la conversation et de passer à autre chose, je lui demandai :

“Que fais-tu dans la vie ?”

@Holly Kehler :heart1:

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La brune semble d’une grande gentillesse, elle sourit et ne s’étale pas plus sur cette soirée où j’avais fini misérable. Je ne garde que très peu de souvenirs de ce soir-là, tout est assez flou. Parfois, des flashs me reviennent, des brides de conversation, des visages croisés, des sourires échangés mais je suis incapable de mettre une chronologie sur tout ça. Les événements semblent s’enchaîner de manière incohérente, j’ai l’impression d’avoir rencontré cette fille sobre alors que ce n’était pas le cas, je me souviens être restée seule au bar et ensuite être arrivée avec mes amis. Les souvenirs n’ont ni queue ni tête et plus j’essaye de démêler tout ça, plus les choses deviennent confuses. Mais ce dont je suis certaine c’est de la patience dont a fait preuve mon interlocutrice. Je me souviens l’avoir faite poireauter un moment devant le taxi parce que je ne me souvenais même plus de mon adresse. Je venais à peine de quitter le domicile familial, ne supportant plus de vivre dans cette maison où flottait le fantôme de mon père, pour m’installer avec ma bande d’amis. C’est Lola qui avait lancé l’idée de la colocation il y a des années de cela, et elle avait eu beau insisté, je n’avais jamais consenti à venir m’y installer. Et finalement, j’étais celle qui avait demandé à la fin de l’été. « Oui c’est pas mal, c’est assez calme en semaine et ça s’agite un peu le week-end. Tu vis où ? » je réponds en souriant. Je n’ose pas lui demander ce que j’avais bien pu lui raconter dans le taxi, pourtant, je me souviens avoir beaucoup parler, un vrai moulin à parole. Je me rappelle même m’être tu un petit moment –qui n’avait pas duré– de peur de l’avoir saoulé. Je pouffe lorsqu’elle me confie que ça arrive à tout le monde. J’en ai pleinement conscience, Lola et Lauren rentre souvent saoule de soirée, mais d’habitude, je suis Sam. Je suis la responsable de soirée, celle qui gère les autres, celle qui veille et raccompagne. Je n’ai pas l’habitude que l’on doive s’occuper de moi. « D’accord, mais je t’assure que c’était la dernière ! » Je dis ça en rigolant mais en réalité, je n’en suis pas si sûre. J’ai pris des mauvaises habitudes ces derniers temps, des mauvaises habitudes dans lesquelles je me complais. C’est malsain mais ça me fait du bien. Finalement, elle finit par me mettre totalement à l’aise en me tendant la main. L’ardoise est effacée, nous repartons de zéro. Je lâche un petit rire nerveux plein de soulagement et lui tends ma main en retour. « Enchantée Ana. » C’est le moment où je décide qu’elle me plaît et que nous serons amies. C’est étrange dit comme ça mais je sens déjà que nous allons nous entendre. « Je suis étudiante en histoire, à l’université. Est-ce que tu étudies aussi à côté ? » Ce ne serait pas la première personne que tu rencontres qui travaille la nuit et étudie la jour. La file avance et nous nous retrouvons à un couple de commander, je fais mes petits repérages et fixe la carte comme si je réfléchissais à ma commande alors que je sais pertinemment qu’au final, je commanderai la même chose que d’habitude.

@Anastasia Ogier :cat:

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Lorsque je lui complimente son quartier, elle me répond que c’est calme en semaine mais agité le weekend. Ce que je peux comprendre, j’ai l’impression que c’est un peu pareil par chez moi, et partout en fait. En dehors des zones résidentielles familiales. Elle me demande où je vis, je lui réponds alors :

“Je suis dans le Faubourg Marigny, tu sais le quartier musical. C’est donc souvent agité surtout la nuit et un peu n’importe quand dans la semaine. Mais j’adore l’ambiance et les gens sont super accueillants.”

J’ajoute en pouffant de rire :

“Par contre heureusement que je dors avec des boules quies ahah”

Lorsque la jeune fille affirme que c’était sa dernière cuite, je souris et pose ma main sur son avant bras comme pour la rassurer. Et ensuite, après notre mise en scène de rencontre, je sens qu’elle se détend un peu. Elle commence à avoir un sourire moins crispé, plus naturel et plus sincère. Elle m’apprend qu’elle est étudiante en histoire. Et elle me demande si j’étudie aussi. Tout en avançant de quelque pas dans la file, je lui réponds:

“Ahh, l’Histoire… je n’ai jamais été douée pour ça mais c’est vraiment intéressant ! Moi non, j’ai arrêté mes études il y a bien longtemps, enfin j’ai eu mon diplôme de management, et depuis je suis trop occupée à parcourir le monde et à profiter de la vie pour penser à avoir un travail sérieux. En fait j’attends de trouver le bon endroit pour me poser et créer mon business. Pour l’instant la petite vie de jeune adulte me convient, on verra si un jour une personne partage ma vie et que l’on fait des plans pour l’avenir je changerait sûrement de discours.”

Après ce long monologue qui finissait en lui faisant comprendre que j’étais célibataire, je lui demandai :

“Et toi, tu as quelqu’un dans ta vie ?”

Puis je jetai un coup d’oeil au menu également, commençant à réfléchir à ce que je voulais manger, et sachant que ce serait sûrement un des sandwichs les plus basiques car je ne voulais pas dépenser beaucoup d’argent juste pour un déjeuner sur le pouce.

@Holly Kehler

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Je souris et hoche la tête, sa bonne humeur est contagieuse et elle se montre vraiment très agréable pour une fille qui a du prendre soin de moi quand je n’étais pas au meilleur de moi-même. « Oui, j’ai une amie qui vit là-bas et c’est vrai que c’est l’enfer pour les gens qui ont le sommeil léger. » Je hausse les épaules en souriant. « Mais moi, une fois que je dors, je dors. » Et oui, depuis toute petite, j’étais capable de m’endormir un peu partout, avec ou sans bruit, avec ou sans lumière… Et la plupart du temps, quand je suis partie pour faire ma nuit, il est très difficile de me réveiller. C’est probablement une qualité quand on sait que je vis dans une maison remplie de jeunes qui festoient ou s’envoient en l’air n’importe quel soir de semaine dans des chambres collées à la mienne. Je me garde bien de raconter tout ça à Anastasia et l’écoute me parler de ce qu’elle fait, à la place. La vie de la brune a l’air tout simplement palpitante. « Donc tu n’es pas originaire de la Nouvelle-Orléans ? C’est génial, j’adorerais voyager moi aussi, et sûrement que je le ferais si je deviens historienne ou guide ou que sais-je encore... » Je papillonne en levant les yeux au ciel, encore incertaine quant à ce que je ferais de ma vie plus tard. « Tu as visité beaucoup de pays ? Je n’ai jamais quitté les Etats-Unis, c’est à peine si j’ai quitté la Louisiane en vérité. » J’ai visité New-York une fois avec ma famille il y a quelques années, et je suis partie quelques jours à Los Angeles avec des amis lorsque j’ai eu mon diplôme mais sinon, je n’ai jamais quitté ma ville natale, à croire que le monde extérieur me fait peur. Pourtant, c’est tout le contraire, il me fascine et m’attire. « Oui, j’imagine que c’est très différent lorsque l’on doit réfléchir à deux à ce genre de choses. » Je hoche la tête sans savoir vraiment de quoi je parle. Finalement, elle m’interroge sur ma situation amoureuse et je pique immédiatement un fard. Heureusement pour moi, elle est trop absorbée par le menu pour se rendre compte que j’ai viré à l’écarlate. Je me racle la gorge et tente d’annoncer le plus calmement possible. « Euh non, personne. » La vérité c’est que je n’arrive pas à me sortir Yaël de la tête depuis mes douze ans et que c’est certainement ce qui m’empêche d’aller vers les autres garçons. Ça, en plus de ma timidité maladive bien-sûr. Je ne sais pas si Ana a remarqué mon embarra mais j’ai bien entendu ma voix monter dans les aiguës. Sauvée par le gong, notre tour arrive pile à ce moment et je la laisse passer avant moi. « Vas-y d’abord, il faut que je retrouve ma carte au fond de mon sac. » En réalité, elle est dans ma poche depuis le début mais je sens encore mes joues me brûler alors je préfère rester derrière elle, morte de honte.

@Anastasia Ogier :cat:

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Holly acquiesce et me dit qu’elle connaît en effet quelqu’un habitant mon quartier et qu’elle savait donc que celui-ci n’était pas renommé pour son animation et son agitation pour rien. Par contre, si moi j’ai le sommeil léger et ait besoin de bouchons d’oreille pour ne pas me faire réveiller par le bruit, il n’en est rien pour elle.

“Quelle chance ! Moi j’ai toujours sursauté au moins grincement de parquet !”

Dis-je en lui souriant. Puis la jeune femme enchaîne en me demandant confirmation sur le fait que j’étais une étrangère. En effet, j’étais arrivée il y a peu, enfin maintenant cela faisait quelques mois. J’avais bien pris mes repères et je me sentais un peu chez moi, mais la route me manquait. Après avoir voyagé comme je l’ai fais, c’est normal de se sentir un peu à l’étroit en restant au même endroit pendant “longtemps”. Certes aux yeux des personnes normales, quelques mois c’était court, mais pour moi c’était relativement longtemps…

“Non en effet je suis arrivée ici un peu par hasard à vrai dire. C’est une longue histoire mais j’étais partie de Miami avec d’autres filles en road trip, et un accident nous a clouées dans la région. Donc je me suis décidée à rester un peu plus longtemps pour explorer la ville, j’ai trouvé un job, et je me suis installée.”

J’avais tendance à raconter facilement ma vie. C’était ma facilité à parler aux personnes en qui j’avais confiance, et il faut avouer que j’accorde ma confiance bien rapidement. Généralement ça me mettait à l’aise de raconter des anecdotes sur moi qui peuvent être drôles et permettent d’apaiser la situation toujours un peu malaisante des rencontres. Quand Holly me demande si j’ai visité beaucoup de pays et qu’elle me dit qu’elle n’a jamais quitté les USA, je suis toute ébahie. Ce n’est pas un drame en soi, mais la pauvre, le monde est tellement grand et il y a tellement de belles choses partout à visiter !

“Oulah, j’ai arrêté de compter ahah ! Non mais voyager c’est tellement quelque chose qui m’apporte beaucoup que je ne peux plus m’en passer. Bon après ça va avec son lot de soucis aussi, mais globalement ça te permet de procéder à un développement personnel rapide.”

Je faisais allusion à mes rencontres amoureuses et tout ce qu’elles m’avaient causé comme peine. Mais Holly ne pouvait le deviner. J’espérais juste qu’elle ne me poserait pas la question, car je ne sais pas si je me sens prête à lui raconter.

“Jamais quitté la Louisiane ? Ohlala, mais il faut qu’on se fasse une virée entre filles quelque part alors !”

Lorsque l’on aborde le sujet du célibat, je comprends que cela la met un peu mal à l’aise par le changement de ton dans sa voix et ses joues qui s'empourprent. Elle me laissa passer devant en affirmant qu’elle devait chercher sa carte. Du coup je lui tournais le dos quelques secondes le temps de commander mon sandwich et ma boisson. J’en profitai pour glisser une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille. Une fois ma commande passée et payée, je me décale pour laisser Holly accéder au comptoir mais je reste à quelques pas d’elle afin qu’elle puisse m’entendre lui demander :

“Mais tu as quelqu’un en vue peut-être ?”

En espérant que cela ne la mette pas encore plus mal à l’aise et qu’elle comprendrait que j’avais envie de briser la glace et que l’on se mette à parler de choses un peu intimes. Après tout, c’est comme ça que l’on apprenait à se connaître le mieux non ? En parlant de ses histoires de coeur.

@Holly Kehler :purpleheart:

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J’écoute Anastasia me raconter comme elle en est arrivée à s’installer à la Nouvelle-Orléans et je suis tout simplement fascinée. J’ai toujours été trop organisée pour faire ce genre de choses, et trop stressée surtout. Le genre de filles à planifier à l’avance et dans le moindre détails chaque périple d’un voyage, ne laissant pas de places pour les imprévus tels qu’un accident qui nous clouerait sur place pour un petit moment. Je suis de celles qui étudient les environs, le climat, les activités, les coutumes et la cuisine locale, de celles qui se posent trop de questions, qui s’angoissent pour un rien. Alors apprendre qu’elle a décidé de rester un petit moment ici alors que ses amies continuaient leur voyage me laisse vraiment sans voix. « Waoh, c’est dingue ! Et dire que sans ce petit accident, tu ne te serais même pas attardée ici. C’est fou comme certaines choses ne tiennent qu’à de petits détails. » Je souris, et joue les curieuses. « Alors, la Nouvelle-Orléans te plaît ou tu as prévu de repartir sur les routes prochainement ? » Je me demande si je serais capable de m’installer dans une ville choisie plus ou moins au hasard, ou par le destin du moins. Probablement que non. Je ne pourrais jamais laisser ma famille derrière moi, ma mère qui peine à faire son deuil de mon père et ma sœur sur le point de se marier. Elle ne dit rien mais dans le fond, je sais qu’elle souffre autant que moi et qu’elle fait son maximum pour le cacher. Je ne pourrais pas non plus laisser la bande, et surtout Yaël. Je suis sûre qu’il s’en sortirait très bien sans moi et qu’il arrivait à vivre comme si de rien n’était, mais moi pas. L’imaginer avec Trixie est déjà bien assez douloureux même en sachant qu’il finira par rentrer à la colocation le soir, alors l’imaginer avec elle et être à des kilomètres de là. Je grimace rien que d’y penser. Je suis soulagée de penser à autre chose lorsqu’elle parle de voyage. « J’adorerais visiter l’Egypte, est-ce que tu y as été ? Je sais pas pourquoi j’ai une fascination pour les pyramides et leur histoire. Ça doit sûrement venir du cursus que je suis mais j’ai l’impression que tout part plus ou moins de là-bas. » C’est assez bizarre dit comme ça mais je suis sur ma lancée et dois me stopper. « Désolée » dis-je en me balançant d’un pied sur l’autre. « Je me laisse parfois un peu emportée. » Avec un petit sourire contrit, je hoche vigoureusement la tête pour approuver cette idée de road trip entre filles. Je ne sais pas si mon emploi du temps m’en laissera l’occasion mais je décide de garder cette idée dans un coin de ma tête. « Oui, ce serait vraiment sympa. J’ai des copines qui voudraient venir à coups sûrs. » Parce que timide comme je suis, je n’irai jamais seule avec elle, c’est sûr. Je suis trop timide et renfermée pour ce genre de choses, de celles qu’on ne remarque ni n’entend pendant plusieurs heures d’affilées parfois. Vient ensuite mon tour de commander à manger alors que mes rouges virent au rouge écarlate parce que la brune m’interroge sur ma vie sentimentale. J’ai tellement chaud que j’ai l’impression d’être en nage sous ma veste. Je suis sûre que le serveur doit croire que je viens de faire un sprint pour dépasser tout le monde dans la file d’attente tant mon visage est coloré. Je rejoins ensuite Ana et nous décidons d’aller nous asseoir sur le rebord de la fontaine. La fraîcheur de l’eau toute proche me fait un peu de bien mais je suis persuadée que je suis toujours aussi rouge. « Euh non pas vraiment, c’est… c’est pas... » Je suis incapable de terminer ma phrase sans bégayer tant que je suis mal à l’aise, alors je tente une diversion. « Et toi, personne en vue ? » Certes, elle m’a dit être célibataire, mais l’un n’empêche pas l’autre, je suis bien placée pour le savoir. Je croque précipitamment dans mon sandwich espérant que ma bouche pleine la dissuadera de m’interroger plus longuement à ce sujet.

@Anastasia Ogier :cat:

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Holly a l’air fascinée par ce que je lui raconte, elle paraît surprise que je me sois attardée dans cette ville alors que j’étais partie pour être en vadrouille. Elle n’a pas dû connaître ce sentiment de liberté, celui où rien ne nous retient nulle part, et qu’en même temps on peut s’arrêter où l’on souhaite pour la durée qui nous plaît. C’est vrai qu’en y repensant, s’il n’y avait pas eu cet incident, je ne me serai jamais arrêtée ici pour plus de quelques heures. Comme quoi le destin fait bien les choses. Sinon il y aura tellement de choses et de gens qui n’auraient pas croisé mon chemin, c’est fou ! Je lui réponds :

“En effet, oh la la, en y repensant j’ai bien fait d’avoir envie d’explorer la ville pour quelques jours, sinon je ne serai pas tombée sous le charme de la Nouvelle Orléans et de la diversité de ses habitants. Honnêtement pour l’instant je me sens bien donc je n’ai pas prévu de repartir d’ici peu. On verra bien, quand j’en aurai marre de mon job ou si jamais je ne trouve rien de mieux, peut être que je repartirai. Mais un peu de stabilité me fait du bien et me permet de me projeter un peu plus. Ça me motive à réfléchir sur mes projets pros et persos donc c’est cool !”

Je me rendais compte que je parlais toujours trop, mais en même temps Holly avait l’air d’apprécier notre conversation, elle me dit même qu’elle adore l’Egypte et qu’elle aimerait beaucoup y aller. Moi c’est un pays que je n’ai pas encore visité, mais c’est vrai que toute cette partie de l’Afrique me fait rêver aussi. Holly s’excuse de s’emporter, alors que je ne trouve pas du tout qu’elle est imposante au contraire. Pour une fois que ce n’est pas moi qui parle tout le temps, ça fait plaisir de communiquer avec quelqu’un qui se passionne pour des choses qui me passionnent aussi. Et le voyage est définitivement un sujet qui me transporte à chaque fois. Il faut souvent que je me retienne d’en parler pendant des heures. A sa question par rapport à l’Egypte je réponds :

“Non, pour moi l’Egypte est encore un pays à visiter ! J’adorerai aussi. Je ne connais pas trop l’histoire de ce pays, je n’ai jamais été très douée pour revenir explorer le passé, mais j’adorerai en apprendre davantage. A l’occasion tu m’en parleras ! D’ailleurs je crois avoir vu une expo sur l’Egypte en ville, si jamais tu veux qu’on y aille ensemble une prochaine fois.”

Dis-je en souriant et assez excitée à l’idée de lui proposer une prochaine sortie ensemble. Quand elle manifeste son intérêt pour un road trip entre filles, mon sourire double d’intensité. Moi qui pensais qu’elle ne serait pas trop motivée, je me trompais ! En plus cela me permettrait de rencontrer ses amies, car un road trip à deux est toujours moins excitant qu’à plusieurs. Lorsqu’elle répond à ma question concernant ses sentiments, je me rends compte que je l’ai vraiment mise très mal à l’aise. Moi qui voulait éviter ça, j’ai raté. Elle me répond en bégayant et ne finis même pas sa phrase. Elle enchaîne en me retournant la question, sûrement pour se débarrasser de son embarras et parce que c’était un sujet délicat de son côté. Du coup je prends le relais et lui répond :

“Oh disons que j’essaie de pas trop me prendre la tête avec ça pour l’instant. Mais depuis que je suis arrivée on va dire que j’ai rencontré plusieurs personnes avec qui ça pourrait matcher mais que je n’ai pas encore assez appris à les connaître.”

Histoire de changer de sujet et essayer de rendre Holly un peu plus à l’aise, et comme nous étions assises au bord de la fontaine, je plonge mes doigts dans l’eau et j’aurai bien aimé l’éclabousser. Mais comme elle est en train de manger et qu’elle a la bouche pleine je me dis que ce n’est pas vraiment le bon moment. Du coup je croque moi aussi à pleine dents dans mon déjeuner, laissant un petit temps de pause le temps de reprendre nos esprits. Soudain me vient une question à lui poser :

“Et au fait, tu as de la famille ici ou tu vis seule ?”

Après avoir laissé échapper cette question sortie de nulle part, je me dis que peut être la famille était un sujet sensible. Donc j’espérais ne pas avoir abordé un sujet qui la mettrait encore dans une posture peu agréable.

@Holly Kehler heartdouble

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(Sujet à mettre à la corbeille)

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