one misfortune comes in the nick of another. - orion

Ezra avait le sang qui bouillonnait à l’intérieur de lui. Il était là, derrière cette vitre et il observait, de l’autre côté, la raison pour laquelle il était aussi agité. Ce mec à l’air sûr de lui qui répondait aux questions de son collègue avec un détachement significatif, le même auquel il avait le droit à chaque fois qu’il avait l’occasion de l’interroger. Orion McLeod était en train de le rendre complètement dingue et c’était doucement en train d’entamer sa patience légendaire. Il avait les mains jointes dans le dos, l’échine droite et pourtant, même s’il ne bougeait pas d’un pouce, il se mordait la lèvre, il répétait les questions en même temps que son collègue puisqu’elles venaient toutes de lui et il arrivait même à répondre en même temps qu’Orion puisque les réponses qu’il servait, il les avait déjà entendu. Il grinça des dents pour la cinquantième fois, il serra les poings, il s’agita. Il savait que cet interrogatoire n’allait mener à rien, il ne ressortirait pas de là avec les preuves nécessaires pour coffrer ce mec. Et il détestait ce petit sourire qu’il affichait. Si Ezra était de ce côté de la vitre, c’était parce qu’il l’avait demandé. Pour une fois, il ne l’avait pas interrogé, il avait cherché à faire autre chose, à changer un peu la manière de procéder. Alors il avait demandé à un collègue de se charger des questions tandis qu’il analyserait les réactions du suspect, la moindre de ses agitations, le moindre geste, même un haussement d’épaule, un froncement de sourcil. Il passait tout en revue, les moindre détails et il y parvenait bien mieux en étant spectateur. Il avait la vision qu’il désirait, le champ libre pour satisfaire sa curiosité. Il ne prêtait aucune attention à son collègue et aux questions qu’il posait, il connaissait tout ça par cœur. Cela faisait des mois qu’il bossait là-dessus et il avait l’impression très nette de perdre son temps, de rater quelque chose. Et pour un flic aussi minutieux qui ne lâchait jamais l’affaire, il y avait de quoi devenir fou. A la fin de l’interrogatoire, lorsqu’il put observer la toute dernière réponse d’Orion, Ezra serra les dents et se détendit finalement. Ils n’avaient rien de plus pour le mettre en garde à vue, pour demander un mandat, pour avoir la permission de fouiller davantage. Tout cela n’avait, encore une fois, servi à rien et il avait perdu son temps à tout observer de l’autre côté de cette vitre. Il grogna quand son collègue ouvrit la porte, il ne l’avait même pas vu quitté la salle tant son attention restait focalisée sur Orion. Ils échangèrent quelques mots mais Ezra finit par secouer la tête, vaincu, encore une fois. « On le relâche. » Ils ne pouvaient rien faire d’autre de toute manière, il n’avait aucune raison de le retenir davantage, aucun motif pour des questions supplémentaires. Il n’avait rien obtenu et il était agacé, tendu. Il n’y avait pas qu’Orion pour le mettre dans cet état, il était sur les nerfs depuis quelques jours, depuis qu’ils avaient retrouvé une fillette assassinée dans une ruelle. Il avait du mal avec les scènes incluant les enfants, il se sentait toujours trop impliqué. Il secoua la tête, ne laissant pas ses pensées envahir ce pourquoi il était là aujourd’hui et il répondit finalement à son collègue qui se proposait pour ramener le suspect à la sortie. Ezra secoua la tête. « C’est bon, je m’en occupe. » Il sortit de la pièce et retrouva alors un flic en compagnie d’Orion devant la porte d’interrogatoire. Ils échangèrent un hochement de tête et Ezra s’adressa à Orion, les dents serrées. « Suis-moi. » S’il voulait sortir, il avait plutôt intérêt à le faire. Ils se dirigèrent côte à côte vers l’ascenseur, comme des égos. Et Ezra avait du mal avec cette image. Pour lui, Orion était suspect et l’idée même qu’il s’en sorte encore lui hérissait les sens. Il le laissa pénétrer dans l’ascenseur en premier, toujours silencieux, il n’avait plus envie d’entendre le son de sa voix, il en avait assez eu pour aujourd’hui. Ezra appuya sur le bouton du rez-de-chaussée et l’ascenseur engagea sa descente. Il n’y avait pas beaucoup d’étages au commissariat mais à peine une minute après leur départ, la machine s’arrêta brusquement, secouant la cabine et filant une secousse d’adrénaline dans le sang d’Ezra. Il fronça les sourcils en voyant la lumière s’éteindre et la lueur rouge de l’ampoule de secours ne lui dit qui vaille. Il essaya de rappuyer sur toutes les touches de l’écran mais plus rien ne répondait, plus rien n’était éclairé. « C’est pas vrai, c’est quoi ce délire ? » Il essaya l’appel d’urgence mais là encore, personne ne semblait répondre. Une sueur lui tomba dans le dos. Il n’était pas l’homme le plus à l’aise dans les petits espaces, son hyperactivité empêchait simplement son corps d’accepter d’être confiné dans deux mètres carré. Et la tension qui l’habitait depuis le matin ne donnait vraiment rien de bon.