I'll be there for you, like I've never been before - Ken

I'll be thre for you, like I've never been before.

Ce soir, elle n'a pas spécialement envie de rire Maha. Elle passe son temps à jouer l'insensible et, la plupart du temps elle l'est mais ce soir, elle a dû consoler des parents à propos de la mort de leur petite fille. Ce sont des choses qui arrivent souvent mais cette fois-ci, c'est différent parce que la petite fille a été torturé à mort avant d'être tuée. Cette fois-ci, ce n'est pas tant de la tristesse qu'elle ressent Maha mais de la colère. Une envie soudaine de tordre le cou au malade qui a pu faire une chose pareille. Elle ne veut pas d'enfants Maha, sûrement principalement à cause de ça. Du soucis qu'elle serait capable de se faire, de la qualité merdique de ce monde. Cette foule complètement déchaînée. Ces malades mentaux qui se promènent librement dans les rues. Cette justice mal faîtes. Si mal que même si le corps de la petite fille a été retrouvé, le malade lui, non. Et c'est ce qui la rend dingue Maha. Elle aurait envie, terriblement envie de le retrouver par ses propres moyens et de lui trancher la gorge. Clairement, s'il s'agissait de sa fille. Elle l'aurait fait. Immédiatement, le visage de Polly s'impose à elle alors qu'un frisson lui parcourt l'échine. Elle déglutit, terminant de préparer le café au beau milieu de la cafétéria qui est complètement vide pour le moment. Personne n'a même le coeur à manger. Elle se retourne, prend appui sur la table et observe l'attroupement dans l'espace mortuaire bien aménagé. Le jardin qui l'entour et tous ceux qui pleurent. Il faut qu'elle l'appelle, juste pour être certaine que tout va bien et puis, il y a un million de chance pour que ce soit lui qui l'appelle dans tous les cas, si jamais elle ne le fait pas. Elle s'éloigne, se dirigeant vers son bureau, se permettant ainsi une pause dont elle n'a jamais besoin mais là, c'est une urgence. Elle tapote ses doigts nerveusement contre son bureau avant d'entendre la voix de Ken à l'autre bout du fil. Un coup d'oeil rapide sur l'horlore. 3h45 du matin.

"Putin, tu ne dors pas et t'as même pas passé un coup de fil!" Commence-t-elle par l'engueuler immédiatement. "Tu fais quoi l'insomniaque?" Elle sait que s'il lui parle normalement, c'est que tout va bien et jamais elle n'avouera qu'elle a appelé pour Polly. Il ne faut quand même pas pousser. Elle se laisse aller dans son fauteuil, lève les pieds sur le bureau en les croisant et en commençant à se balancer machinalement. Souvent, quand elle l'appelle, elle le revoit au même endroit que ces parents qui ont perdu leur fille aujourd'hui. Détruit, comme un véritable déchet et elle se rappelle pourquoi il ne dort pas. Pire, quand il n'appelle pas, c'est qu'il a sombré dans la tristesse et le désarroi et préfère le vivre seul. "Attends, ne me dis pas! C'est fou quand même ça, t'as la chance d'être chez toi, dans ton lit et au lieu de dormir, tu passes la nuit à mater du porno. Éteins ça tout de suite d'ailleurs, je t'interdis de continuer pendant qu'on est au téléphone." Elle n'a pas besoin de l'entendre répondre pour savoir que ce n'est pas la grande forme s'il est toujours éveillé alors elle n'en rate pas une Maha. Elle préfère l'entendre rire d'une bonne connerie. C'est ce qu'elle fait souvent, quand elle ne tente pas de lui faire prendre conscience que la vie continue malgré tout. "J'ai eu mon compte de choses dégueulasses pour la soirée..."Finit-elle pourtant pas soupirer, incapable d'arrêter de penser bien longtemps à cette affaire sordide.

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[ maha & ken ]

that we always speak the truth -ish
Kendall n'avait jamais vraiment eu de problèmes pour dormir. En tout cas, pas avant le décès de Sharon. Mais depuis ce sordide accident qui avait bouleversé sa vie toute entière, le moindre petit détail de sa vie s'était retrouvé changé, rythme de sommeil compris. Désormais, il lui arrivait de veiller tard dans la nuit, assez tard parfois pour qu'il ne vaille plus le coup pour lui de fermer les yeux. Assez tard pour que sa tête s'imprègne de tant d'empreintes négatives qu'il en ressente des sueurs froides. Dans des moments si tardifs, il repensait à sa vie d'avant. La vie qu'il menait quand il pouvait encore avancer main dans la main avec sa moitié.

Comme il le faisait souvent dans des moments semblables, et surtout pour éviter que les jumeaux le retrouvent les larmes aux yeux, lui qui se devait d'être un homme fort pour eux, Kendall s'en alla se cacher à bord de sa voiture, dans le garage. Assis côté conducteur il restait là, baigné dans le silence nocturne, les yeux rivés sur le mur en face de lui. À partir de là, il passerait des heures à se demander ce qu'aurait été la vie dans un tout autre contexte. Mais c'était sans compter sur son téléphone, qu'il avait gardé dans sa poche de pantalon, et qui vibrait désormais.

Mahalia. C'était comme si elle avait un détecteur de tristesse implanté dans le cerveau, comme si elle l'avait entendu renifler de là où elle était. « Salut Maha, est-ce que ça va ? » La voix familière de la jeune femme réchauffa quelque peu le coeur du père célibataire. « Pas grand chose... On est sur une fin de soirée plutôt pas terrible, à vrai dire. » Kendall écouta son amie constituer des théories sur ses activités en cours, lesquelles incluaient apparemment des vidéos peu catholiques. La blague le tira de sa maussaderie, et il fut pris de court par un rire qu'il ne put étouffer. « D'ailleurs, va falloir qu'on s'explique, ma belle. Qu'est-ce que tu fous dans ce film ? » Il plaisantait, bien entendu. Mahalia était une femme incroyable. Elle était ravissante bien entendu, mais pas que. Dans ses iris brillaient des nuances dorées et flamboyantes, à l'image de son caractère fumant et bien trempé. C'était sans doute de là qu'elle tirait cette force qui lui permettait de faire le métier qu'elle faisait. Kendall avait été surpris de son choix de carrière, quand ils étaient plus jeunes. Mais comme pour tout, avec le temps, il s'y était fait. « Zut, tu veux en parler ? » Avec un peu de chance ce qu'elle lui raconterait lui remonterait le moral. Après tout, comme certains osaient parfois lui dire, il paraît qu'on trouvait toujours pire ailleurs que chez soi.

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