dazed and confused. (pacey)

dazed and confused
La vie semblait avoir perdu tout son sens depuis les dernières semaines. D’abord, cloué à ce lit d’hôpital. Les visites de ses proches s’enchaînant. Tous ayant ce même regard, cette même expression qui déformait les traits de leur visage. La pitié, la sympathie. Il aurait pu mourir, il le sait. Ça faisait partie des risques du métier. Il avait été chanceux – malgré tout – lui avait dit son médecin. Et pourtant Ethan avait du mal à voir les choses sous cet œil. Pris au piège dans son crâne qui le faisait souffrir depuis son réveil. Coincé dans le passé, incapable de se souvenir des dernières années de sa vie. Dérobé de ses souvenirs. Il s’était glissé hors de son lit méticuleusement ce matin-là, ne désirant pas réveiller son épouse. Mais il avait besoin de sortir, de prendre l’air. La douleur martelait ses tympans et il avait l’impression d’étouffer. Il a marché un moment. Sans direction précise, sans but. Laissait ses pas le guider machinalement. Et il s’est retrouvé devant l’atelier de Pacey. Évidemment. Un endroit qu’il squattait souvent et il supposait que ces dernières années oubliées n’étaient pas différentes. Ethan poussa la porte et fut aussitôt accueilli par cette odeur. Celle de la sciure de bois, celle qui a accompagné toute son enfance. Le pompier s’aventura plus profondément dans l'endroit, y cherchant la présence de son ami. — "Pacey?" demanda-t-il, annonçant sa présence par la même occasion. Il s’approcha de la station de travail désertée de Pacey, admirant son travail, laissant sa main s’aventurer vers le morceau de bois sculpté par son plus cher ami.

@pacey thomas

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Tu travailles dur sur le projet de la nouvelle bibliothèque, depuis quelques jours mais à côté, tu tiens tout de même à honorer ton carnet que tu as réduit pour pouvoir te consacrer aux travaux de la commune. Tu travailles sur un berceau en bois. Une création typique mais chaque fois, elle te procure une émotion différente. Tu ne sais pas pourquoi. Sans doute parce que l’objet est voué à accueillir un nouvel être innocent sur cette satanée terre. Tu bosses dans ton atelier depuis des heures mais il te faut un café ; tu sens la fatigue qui alourdit tes paupières. Tes deux (énormes) chiens sur les talons, tu abandonnes ton bois et tes outils pour retourner chez toi. Tu te fais couler un café quand tes fidèles compagnons à quatre pattes qui ne pèsent pas loin de soixante kilogrammes chacun, partent en flèche vers l’atelier. C’est le signal qu’il y a quelqu’un. Ils ont sentis une présence. Tu ne t’inquiètes pas. Tu laisses la cafetière terminer son travail et retourne à l’atelier, paisiblement.

Tu fais un pas à l’intérieur de ton antre et reconnais aussitôt la silhouette qui s’y trouve. Cela t’arraches un sourire. « Ethan », tu murmures d’une voix qui se veut joyeuse et accueillante. Tu ne sais plus depuis combien d’années tu le connais. Tu as arrêté de compter mais si t’en es où tu es aujourd’hui, c’est grâce à la famille Croft. C’est son grand-père qui t’as tout appris, c’est cet enfant devenu adulte devant toi qui t’as sauvé la vie avec son amitié et sa loyauté sans failles. Aujourd’hui, c’est lui qui est dans la tourmente avec une mémoire nébuleuse et une épouse fugueuse. Tu lui rends la monnaie de ta pièce, t’essaies de l’aider au mieux. « Tu vas bien ? », tu demandes avant de poursuivre. « Tu attends ici depuis longtemps ? ».

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Pacey faisait partie de sa vie depuis si longtemps. Si bien qu’Ethan n’aurait pu dire à quel moment leur amitié avait débutée. Les deux années d’écart entre les deux hommes à l’époque avaient pu inciter Ethan à jouer un rôle de grand frère auprès de Pacey, dans cette période difficile et cruelle de sa vie. Puis, ils vieillissaient, mûrissaient et ces deux années n’avaient plus aucune importance. Amis. Frères. Les deux avaient souffert d’un portrait familial défaillant et s’étaient, par chance, trouvés mutuellement. Et quand Ethan s’était réveillé à l’hôpital, désorienté et perdu, il avait trouvé son ami à son chevet. C’était comme ça. Ils étaient là l’un pour l’autre. Ethan sursauta à l’arrivée des deux énormes bêtes de Pacey qui vinrent aussitôt le renifler. Il n’était pas particulièrement à l’aise auprès des animaux, mais les mastodontes de son ami faisaient exception. L’ébéniste fit son apparition dans l’atelier, l’accueillant chaleureusement. Ethan sourit et haussa les épaules en guise de réponse. Allait-il bien ? Plus ou moins. Enfin, il allait bien dans les circonstances, supposait-il. — "Je viens d’arriver." Le rassura-t-il, faisant quelques pas vers son ami. — "Je passais dans le coin… Mais si tu es trop occupé, je peux te laisser. Je ne veux pas te déranger..." Rajouta-t-il, un peu timidement en désignant la table de travail d’un geste de la main. La gêne n’avait jamais vraiment eu de place entre eux, mais Ethan ne pouvait s’empêcher de se voir comme un fardeau pour son entourage. Comme s’ils devaient tous se relayer afin de jouer les babysitter auprès de lui.

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« Quand bien même t’aurais été là depuis une heure, tu sais très bien que tu es ici comme chez toi », tu réponds avec un grand sourire. T’as toujours tenu ce discours et même avant l’amnésie d’Ethan. Il est aussi bien chez lui que tu n’es chez toi. A une époque, il avait même un double des clés qu’il a rendu suite à son accident par mesure de sécurité. Toi, ça t’aurais pas dérangé qu’ils les gardent. Tu lui fais confiance, avec ou sans ses souvenirs, car une amitié comme la vôtre résiste à tout, selon toi. Plus par réflexe, tu commences à ranger tes outils qui traînent à droite à gauche après avoir salué ton ami d’une tape sur l’épaule. Celui-ci semble s’excuser de sa visite inopinée. Tu lèves les yeux au ciel, presque théâtralement. « Tu ne me déranges jamais, Ethan », tu réponds. Quand bien même si tu avais du boulot, tu peux toujours faire deux ou trois trucs tout en discutant. C’est déjà arrivé. Et combien de fois vous n’étiez pas dans les pattes de Papy Croft pendant qu’il bossait, ado ? Tu ne comptes même plus. Cela se chiffre en centaines voire en milliers de fois. Ce souvenir t’arrache un sourire. Tu termines de ranger un outil puis par réflexe, tu passes ta main pour enlever la sciure sur la planche. Tu te frottes les mains pour ne plus en avoir sur la paume avant de te tourner vers le brun. « On rentre ? », tu proposes. Maintenant qu’il est là, t’as juste envie de profiter de ton vieux pote de toujours plutôt que travailler ; en plus, t’as pris suffisamment d’avance donc tu peux te le permettre.

Tu retournes chez toi. Tu laisses Ethan rentrer en premier. Il est accueilli par tes deux imposants chiens qui l’ont adopté depuis toujours. Pendant qu’ils encombrent le passage, tu te fraies un chemin jusqu’à la cuisine et plus précisément, le réfrigérateur où tu t’empares de deux bouteilles de bières. Tu les poses sur le plan de travail pour les décapsuler et tu en tends une à Ethan. « Tu m’racontes quoi de beau ? », tu demandes, un sourire aux lèvres, franchement content de sa visite.

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Toujours être là l’un pour l’autre. Une promesse qu’on ne prend pas à la légère, qu’on se fait en le pensant sincèrement. Et encore une fois, Pacey le lui prouvait alors qu’il lui offrait des paroles rassurantes. Tu ne me déranges jamais. Il le croyait, mais une partie de lui ne pouvait s’empêcher de se voir comme un fardeau. Ses longues journées meublées par son ennui et sa frustration. Ethan regardait Pacey s’afférer à ranger ses outils et matériaux. Il devinait que sa présence avait interrompu le travail de son ami. Il avait du mal à dissiper sa culpabilité, mais l’air décontracté qui régnait sur les traits du visage de Pacey semblaient lui indiquer qu’il ne le dérangeait pas. Enfin, Ethan se serait contenté de s’asseoir et l’accompagner dans sa journée de travail, comme une ombre. Ils l’avaient fait auprès de son grand-père à de si nombreuses reprises lorsqu’ils étaient gamins. Quand Pacey lui proposa de rentrer chez lui, Ethan acquiesça et lui emboîta le pas. L’ébéniste se fraya rapidement un chemin vers sa cuisine, alors que lui était retenu derrière par les deux bêtes enjouées. Éventuellement, il pu rejoindre son ami qui l’attendait, une bière tendue vers lui. Il souffla un remerciement en la prenant, buvant aussitôt une gorgée. Adossé au plan de travail, il soupira. — "Je crois que tu connais déjà les histoires dont je me souviens…" Plaisanta-t-il, un sourire amusé aux lèvres. S’amuser de son triste sort était le seul plaisir qu’il prenait à sa situation, aussi bien en profiter. — "Rien de nouveau à signaler, mais Eleanor fait tout pour que ça se passe bien à la maison." Il hochait de la tête légèrement, comme pour appuyer davantage ce fait. — "Je suis chanceux." Termina-t-il. S’il n’avait pas sa femme attentionnée à ses côtés, il ne pouvait que supposer que sa guérison serait d’autant plus lente et ardue qu’elle ne l’était déjà. — "C’est plutôt toi qui pourrais me raconter quelque chose d’intéressant. Tu peux me sortir n’importe quelle histoire et je ne pourrai pas te remettre en question. Confiance aveugle." Lui dit-il, un sourire amusé aux lèvres. Il n’était jamais aussi bien et détendu que lorsqu’il se retrouvait auprès de son meilleur ami.

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Il est vrai qu’Ethan n’ayant plus tous ses souvenirs, tu en possèdes sûrement davantage sur son existence que lui. Tu esquisses un soupir. Tu te demandes bien pourquoi ça lui est tombé dessus, à ton meilleur pote, ton frère de cœur. Personne ne mérite cela. Et ton impression amère se renforce quand ton ami évoque Eleanor, sa femme. Tout est relatif. Cela t’irrite, la simple prononciation de son prénom. Elle, que t’as considéré comme ton amie à une époque. Elle qui a fait beaucoup d’efforts pour se lier à toi, pour Ethan, malgré ton manque évident de sociabilité. Elle, qui s’est finalement barrée. Elle, dont il ne se souvient que des belles choses qu’elle peut lui raconter. Tu te retournes, faisant mine de prendre un verre à bière dans le placard, toi qui boit toujours à la bouteille. Tu ne veux pas qu’Ethan voit ta gueule à l’évocation d’Eleanor. Tu ne veux pas le déstabiliser davantage en étant le mec qui va lui dire la vérité sur le fait qu’elle n’était pas là, plus là, quand il en avait le plus besoin. « Oui, tu as de la chance », tu ajoutes. Tu ne le pense pas même si t’étais et tu serais content qu’il trouve une femme près de lui. Toi, t’as fait une croix sur le bonheur conjugal depuis un siècle.

Il te demande de lui raconter un truc intéressant. Forcément, il n’a plus tous ses souvenirs et l’événement majeur de ta semaine nécessite qu’il se souvienne de l’actrice du rôle secondaire. Tu vas dans ton tiroir de meuble de salon et sort une photo de classe de vos années lycées. Tu lui montres. Tu pointes des doigts une blonde à l’attitude hautaine, le menton haut. « Elle, c’est @Ashley Kehler », tu commences. « C’était genre … mon pire cauchemar. Elle m’appelle le pervers, le pédo. Elle se foutait sans cesse de ma gueule. Bref, la reine des garces au pays de la saloperie », tu résumes avec malice. « Et bien figure-toi que c’est elle qui supervise le projet de réhabilitation de la bibliothèque municipale pour lequel j’ai été engagé », tu annonces, l’air grave.

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Ethan observait son plus vieil ami s’afférer dans sa cuisine, lui tournant dos. S’afférant à se sortir un verre pour y verser sa bière. Les sourcils arqués, un air amusé sur les traits de son visage. Ça ne lui ressemblait pas, pensa-t-il. Peut-être avait-il adopté de nouvelles habitudes au fil des dernières années. Il avait remarqué son comportement légèrement étrange, détaché alors qu’il lui parlait de sa femme, mais il n’osait pas aborder le sujet et préféra se renseigner sur la vie de Pacey, désirant connaître ce qui meublait son quotidien désormais. Il lui semblait qu'il ne l'avait pas vu depuis si longtemps, bien qu'il savait que c'était impossible. Ethan fixait attentivement la photo que lui montrait Pacey. Les sourcils froncés, concentré. Il avait bien quelques années de plus que Pacey et n’avait donc jamais partagé de classe avec celle qui s’amusait à martyriser son meilleur ami, son frère. Et s’il n’était pas certain qu’il aurait pu la reconnaître s’il la croisait dans la rue aujourd’hui, il savait de qui il s’agissait. — "Ashley, oui je me souviens d’elle." Répondit-il, songeur. Je me souviens, ces mots qu’il n’avait pas prononcés depuis longtemps. Sa mâchoire crispée, ses poings serrés. Il repensait à tout le mal que cette fille s’était permise de faire à Pacey. Les souvenirs de cette époque ou son meilleur ami souffrait, où on le rabaissait à chaque journée, qu’on s’amusait à le dénigrer. Ses lèvres s’étiraient en un sourire alors que Pacey la couronnait reine des garces, au pays de la saloperie. alors qu'il se retenait de pouffer de rire. — "Tu dois suivre ses directives… Quel cauchemar." Répondit-il, sympathisant. Il posa sa main sur l’épaule de son ami. Il n’avait jamais compris comment les gens pouvaient être aussi cruels envers lui. Incapables de le dissocier des actes commis par ses parents, avant même sa naissance. Devrait-il payer pour leurs crimes toute sa vie ? — "Mais ça fait longtemps l’époque du lycée… Elle a probablement mûri depuis ?" Suggéra-t-il, une pointe d’optimisme dans la voix. Peut-être que c’était naïf de sa part de croire que les gens pouvaient changer, s’améliorer avec le temps. Il l'espérait du moins, surtout pour lui qui devrait la côtoyer au quotidien. — "Mais la bibliothèque municipale, Pacey! C’est énorme!" S’exclama Ethan, tapant gentiment le dos de l’ébéniste. C’était le genre de contrats lucratifs, oui, mais surtout qui permettait à Pacey d’enfin se faire son propre nom. De gagner le respect et de se bâtir sa propre réputation. — "Je suis fier de toi…" Ajouta-t-il, sonnant comme l’éternel grand frère. Mais Ethan songeait aussi à son grand-père, devenu aussi bien une figure paternelle pour lui que pour Pacey. Ce dernier aurait été d’autant plus fier de Pacey.

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Rien que de prononcer son prénom, cela t’irrites. Tu la détestes. Tu ne pensais pas ressentir toujours cette colère et cette haine à son égard, près de quinze ans plus tard après les faits que l’on peut presque qualifier de harcèlement scolaire à l’époque. Ethan cerne très bien ce qui te mets dans cet état : recevoir des directives de la part de cette femme que tu détestes tant. Tu as l’habitude d’être ton seul patron et de travailler seul. Tu savais que pour cette mission incroyable confiée par la municipalité de la commune, tu allais devoir travailler en équipe mais tu n’imaginais pas que ce serait avec cette femme. Tu soupires tout en buvant une nouvelle gorgée de ta bière, espérant que cela te détende un tant soit peu. Peu concluant, certes. « Non », tu réponds quand Ethan suggère qu’elle aurait pu changer, Ashley. « Elle me considère toujours comme un taré, comme à l’époque ». Tu n’as jamais été taré. Certes, tu reconnais que tu n’es pas très normal. Tu es un peu atypique. Cela, tu l’avoues et tu l’admets. C’est ton histoire peu commune et le regard des gens qui t’as forgé. Ethan te fait part de sa fierté. Cela t’arraches un large sourire sincère et spontané. Cela te touche. L’opinion de ton meilleur ami a une réelle importance à tes yeux car il reste ta seule famille, en réalité. « Merci, Ethan mais si cette garce continue comme ça, je pense que je vais la suspendre à une poutre de la charpente, sans déconner », tu rétorques d’un ton froid qui te surprends toi-même.

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Sa mâchoire se crispait, sa poigne se resserrant sur la bouteille de verre. Elle n’avait pas changé, lui confirmait Pacey. Il ne pouvait que secouer de la tête, incrédule. Patienter, attendre de ne plus avoir à croiser ces personnes, espérer qu’ils changent en vieillissant… C’était tout ce que son ami avait pu faire à l’époque. Et, au final, l’histoire se répétait. Le sourire d’Ethan faiblit rapidement quand Pacey le remercia, puis enchaîna avec un commentaire qui, dit devant d’autres personnes, aurait pu provoquer une véritable chasse à l’homme. S’il ne s’inquiétait pas réellement pour la sécurité d’Ashley, conscient que Pacey ne lui ferait pas de mal, Ethan était plus affecté par le ton froid du menuisier. Trahissant peut-être à quel point il était dérangé, perturbé par ce partenariat forcé. — "Si jamais t’as besoin d’un coup de main pour te débarrasser du corps…" Ajoute-t-il, d’un ton léger, désirant détendre l’atmosphère. Il n’aimait pas voir son ami aussi affecté par une personne. D’autant plus qu’elle lui avait assez pourri la vie par le passé. Dans les bons coups, comme les mauvais, il serait là pour lui. Et vice versa. — "Peut-être que…" Débuta-t-il, avant de se raviser. Les sourcils froncés, l’air songeur. Il hésitait à terminer sa pensée de vive voix. Il savait combien ce genre de contrat pouvait être important pour la carrière de Pacey. Pour sa réputation, aussi. Ethan bu une gorgée de bière, puis soupira. — "Peut-être que tu devrais te retirer du projet avant que ça ne dégénère." Conclut-il, finalement. Si les choses tournaient mal, ce serait sans doute Pacey qui en subirait les répercussions. Comme à leur adolescence, c’était toujours lui qui endurait, qui encaissait, alors que les autres marchaient librement, la tête bien haute. — "Je sais que c’est majeur comme projet… Mais est-ce que ça vaut la peine de t’infliger ça ?" Lui demanda-t-il, sincère préoccupé pour lui.

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Tu ris. Votre complicité irait donc jusque-là ? Bien entendu, Ethan plaisante mais t’as aucun doute sur le fait que vous seriez toujours là l’un pour l’autre dans n’importe quelles circonstances même si cela frôle l’illégal. Des frères de cœur à défaut de sang. Tu te sens tellement chanceux d’avoir grandi avec un compère comme Ethan, de l’avoir dans ta vie actuelle mais aussi de savoir, avec certitude, que vous vieillirez probablement ensemble. « La tuer serait me salir inutilement les mains », tu réponds. Dans ta voix résonne toute la haine que tu éprouves à l’encontre de cette femme. C’est un diable, à tes yeux.

Ethan hésite. Tu penches la tête, attendant qu’il trouve comment formuler ses propos. Finalement, sa suggestion finit par être prononcé. Tu y as pensé, pour être honnête. Mais est-ce que tu peux te le permettre ? Certes, ton carnet de commandes est plutôt bien rempli et tu n’es pas à plaindre niveau planning et chantiers. Toutefois, c’est un projet municipal et cela peut te permettre de te faire un nom à plus larges échelles que ta ville, dans les environs, par le bouche à oreilles des politiques locaux. De plus, c’est aussi, indirectement, une façon de réhabiliter ton nom même si tu n’espères pas grand-chose de ce côté. Tu soupires doucement. La situation est complexe. Puis, y’a aussi l’aspect financier. Ce chantier-là n’est pas payé comme les autres. Y’a une belle enveloppe derrière qui te permettrait de pouvoir régler les frais d’enterrement de ta tante mais également de mettre de côté, d’investir dans ta société sans toucher à ton confort de vie actuel. Peut-être un(e) employé(e) ou un meilleur matériel ? Ou un autre matériel si l’un tombe en panne. Bref. « Je ne peux pas passer à côté de cette opportunité. Financièrement mais aussi pour la réputation de mon entreprise. Tu imagines à quel point, si c’est un succès, ça peut m’ouvrir des portes ? ». Rien que d’en parler, tes yeux brillent. « Je vais mordre sur ma chique pour supporter cette garce parce que le revers peut valoir le coup, vraiment ».

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Ethan acquiesçait en écoutant Pacey. Il n’irait pas jusqu’à la tuer. C’était bien entendu une évidence, mais une part de lui était rassurée d’entendre Pacey faire cette conclusion. Il n’avait jamais eu peur de lui, évidemment. Mais il avait déjà eu peur de ce que les autres pourraient finir par avoir comme effet sur lui. Si on s’en prend assez longtemps à une personne, n’arrive-t-on pas à la rendre folle, dangereuse ? S’il ne doutait pas qu’il avait été aux côtés de Pacey durant ces années dérobées de sa mémoire, Ethan se demandait quelles épreuves son ami avait eu à endurer. Il allait continuer de bosser sur ce projet. Ethan hochait de la tête en l’écoutant parler. Il comprenait le raisonnement. Il ne s’attendait pas réellement à ce qu’il abandonne – aussi difficile soit son quotidien alors qu’il se faisait malmener par Ashley. — "Je comprends, Pacey. … C’est vraiment une énorme opportunité. " Répondit Ethan, un sourire étirant les commissures de ses lèvres. C’était difficile de ne pas sourire devant le regard illuminé de Pacey, brillant. — "S’il y a bien quelqu’un qui mérite du succès pour son travail, c’est toi." Lui dit Ethan, un sourire chaleureux étirait ses lèvres, illuminant les traits de son visage. Sa main trouvant naturellement l’épaule de Pacey. Il le pensait, sincèrement. Il était grand temps que le menuisier cesse de payer pour des crimes qui n’étaient pas les siens. — "Elle risque de se calmer en te voyant travailler. Si ça se trouve, elle va même te présenter ses excuses. Ou tomber amoureuse de toi…" Il haussa les épaules, tâchant de garder une expression sérieuse sur son visage. Puis, devant la mine renfrognée de Pacey, il pouffa de rire. Peut-être qu’un peu d’humour saurait dédramatiser la situation fâcheuse avec laquelle Pacey devait composer. — "On pourra se faire des soirées de couple, avec Eleanor. Le rêve. Jeux de société, fondue, … je crois que tu vas vraiment apprécier." lança Ethan, en riant, avant de porter sa bouteille de bière à ses lèvres. S’il ne faisait que le taquiner, il était vrai qu’il avait hâte que son ami trouve quelqu’un. La bonne personne. Celle qui accepterait Pacey avec son nom qui fait peur, avec tout le bagage qu’il traîne. Quelqu’un pour l’épauler, mais surtout pour l’aimer.

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Tu préfères donc, somme toute, ravaler ta fierté et supporter ce diable en escarpins plutôt que compromettre un chantier et de futurs autres. Ce que comprend ton meilleur ami et tu l’en remercie car, comme pour beaucoup d’autres points, tu ne saurais pas faire sans son aval ou son approbation : il est désormais, depuis le décès de ta tante, ta seule « famille ». Tu n’as que lui et Anja comme proches. Tu les chéris autant que ton cœur mal articulé et bancal te le permets. Ils sont tes meilleurs amis, ta fratrie. Ils sont tout ce qu’il te reste et tu en as conscience. Les perdre serait une fatalité. « Je dois tout à Grand-père », tu réponds avec un sourire nostalgique. L’aïeul d’Ethan, tu le considères un peu comme le tien. Tu l’aimais profondément et son départ t’as fait énormément de mal, d’autant plus que si tu en es là où tu es, professionnellement, aujourd’hui, c’est grâce à lui. Tu lui dois ta carrière d’ébéniste. Il a été ton maître d’apprentissage mais également une figure paternelle pour toi.

Tu manques de t’étouffer avec ta bière quand Ethan suggère de possibles excuses d’Ashley. Cela ne s’arrange pas quand il parle d’un hypothétique amour et cela, en plus de déclencher une toux frénétique, te lance dans un fou rire nerveux incontrôlable. « Putain », tu ricanes, à bout de souffle, entre deux élans d’hilarité. « T’es con ». Tu ris. T’en pleures même. Ton hilarité s’estompe à l’évocation d’Eleanor dont le prénom t’irrites également, dernièrement. Elle profite, clairement, de l’amnésie d’Ethan mais tu ne veux pas être celui qui le brisera (encore). Tu estimes que cette femme, la sienne, doit prendre ses responsabilités en main et assumer. Pour le moment c’est juste une lâche, rien de plus, à tes yeux. « Ouais ». Toi, t’es pas prêt à te mettre en couple. C’est pas que t’en as pas envie mais t’as peur de l’attachement, faut l’avouer et t’as déjà été suffisamment déçu comme ça. Qui accepterait un gars comme toi, moins bavard encore qu’un mur, à certains moments ? Pas grand monde. Une sourde et muette, peut-être ? Et encore. « T’en es encore au stade d’espérer que je ne finisse pas ma vie en éternel célibataire ? », tu demandes, sourcil arqué, tout en venant te vautrer sur ton canapé.

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Un sourire teinté d’une pointe tristesse étira les lèvres d’Ethan. Il hocha la tête, pensif. Lui aussi devait tout à son grand-père, songea-t-il. Les deux hommes avaient été recueillis par des membres de leurs familles, à défaut d’avoir des parents. Ils s’en étaient plutôt bien tirés. Ethan particulièrement fier de son amitié de longue date avec Pacey. Contre vents et marées. Présents, à s’épauler dans les bons, comme les mauvais moments. Il n’aurait pu s’imaginer une vie sans la progéniture au nom maudit à ses côtés. S’il avait dû se réveiller à l’hôpital et apprendre que Pacey et lui, dans les dernières années, avaient rompu cette amitié. C’était tout simplement impensable. Ethan ne put s’empêcher de rejoindre Pacey dans son hilarité. Ce petit pincement au cœur de fierté de le faire rire, craquer. Lui qui a cet air sérieux et ces traits renfrognés trop souvent. Et pendant ces instants de complicité, d’amitié, ils redevaient les deux gamins insouciants qu’ils avaient déjà été. Puis le fou rire s’estompent et Ethan ne pouvait s’empêcher d’arquer un sourcil en se demandant quelle pensée avait pu traverser l’esprit de son ami. Il rit légèrement à la question de ce dernier. Ethan lui emboita le pas, se dirigea à son tour vers un fauteuil du salon. — "Il y a des trucs plus fous que ça qui sont déjà arrivés, tu sais…", débuta-t-il en riant doucement. Il savait que Pacey croyait que l’amour était pour tout le monde, sauf lui. Mais Ethan demeurait persuadé qu’un jour il trouverait la bonne personne. Comme lui avait trouvé sa femme. — "J’ai juste peur tu deviennes le type un peu étrange que mes enfants devront appeler 'oncle Pacey' par politesse.", conclut-il du même ton blagueur. Son sourire s’estompa alors qu’il avait fait allusion à sa paternité inexistante. Celle qu’il souhait, à laquelle il rêvait. Il grattait l’étiquette de sa bouteille de bière avec ses pouces, distraitement. — "J’ai toujours cru que j’aurai des enfants avant mes trente-cinq ans.", avoua-t-il, gêné. Le sujet qui avait toujours été tabou dans son mariage. Lui, prêt. Elle, non. Indécise. Il avait gardé espoir, Ethan. Mais de se réveiller à l’hôpital, de se faire expliquer qu’il lui manquait quelques années de sa vie et constater qu’il en était toujours au même point, uniquement plus vieux désormais. Ça avait été difficile à digérer. Il soupira avant de boire une gorgée de bière.

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Ce n’est pas que t’as pas envie de te caser. Comme tout le monde, tu le penses, t’en as envie mais qui supporterait ton nom, ton métier très prenant, ton mode de vie, ton caractère ? Tu souhaites bien du courage à cette personne si toutefois elle existe parce que parfois, toi-même tu t’insupportes sérieusement. Tu aimes toutefois la note d’humour dont fait part Ethan qui ne te voit pas comme un cas désespéré ; certes, tu as eu quelques histoires mais la plus longue relation n’a même pas atteint la demie année, c’est pour dire à quel point les femmes semblent te fuir. Ou peut-être que … indirectement, c’est toi qui les fait fuir en ne faisant pas le moindre effort ? Bref. L’heure n’est pas à l’introspection et tu sens bien la grisaille qui vient ternir le ciel de l’humeur d’Ethan quand il s’agit d’enfants. Tu soupires doucement, triste pour lui, sachant combien il a rêvé et rêve encore d’une famille avec de la marmaille qui court partout (quelle horreur). « Il n’est pas trop tard, Ethan », tu le rassures. Cela peut arriver à trente-cinq ans comme à quarante ; par chance, vous êtes des hommes et biologiquement, vous pouvez concevoir assez tardivement en comparaison avec les femmes dont l’horloge biologique s’use de façon plus précoce. Tu pries pour qu’il en ait, des enfants mais pour l’amour du ciel (et pour l’amour de rien, surtout), pas avec celle qui lui fait encore office, à tords, d’épouse. Tu t’abstiens toutefois toutes remarques là-dessus car cela te semble déplacer. « Vous en avez parlé avec Eleonor ? », tu te risques à demander, autant par curiosité que par réel intérêt. « … je veux dire, depuis ta convalescence ».

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Il hochait la tête, le regard obstinément rivé sur la bouteille entre ses doigts. Il savait bien qu’il lui restait du temps. Techniquement, du moins. Qu’en tant qu’homme, il n’en manquerait pratiquement jamais. Mais il avait perdu ses parents alors qu’il était si jeune. Ensuite, élevé par ses grands-parents. Son énergie débordante parvenait rapidement à rendre son grand-père épuisé, à bout de souffle. Il avait envie - il avait besoin - d’être encore jeune pour voir ses enfants grandir à ses côtés. Pour ne pas les laisser orphelins trop tôt, comme ça avait été le cas pour lui. — "Je sais, je sais. ", soupira-t-il. Il aurait voulu être capable de verbaliser cette crainte de vieillir, mais il n’en était pas capable. Il savait pourtant que Pacey aurait probablement compris. Il avait peut-être honte. Parce qu’il avait été heureux à grandir aux côtés de ses grands-parents. Qu’il leur devait beaucoup. Il se demandait parfois à quel point sa vie aurait été différente si la tragédie n’avait pas frappé les Croft si tôt. — "Non. … Elle va me rappeler que le docteur m’a prescrit beaucoup de repos…", répondit-il, un sourire niait aux lèvres. Il rit un peu, ayant besoin de détendre l’atmosphère, de se sortir de ses pensées moroses. — "Je ne sais pas vraiment comment aborder le sujet.", avoua-t-il finalement, se mordillant la lèvre inférieure. Il aurait sans doute dû sentir qu’il pouvait aborder n’importe quel sujet avec son épouse. Mais celui de la parentalité avait toujours été particulièrement délicat entre eux. Et, privé de ses souvenirs, Ethan craignait d’attiser un feu dont il ne parvenait même pas à se souvenir. Il se voyait difficilement en être simplement venu à la décision qu’ils attendraient encore plusieurs années, ou qu’ils n’en auraient tout simplement pas. — "Je ne veux pas en rajouter une couche. Je pense qu’elle a été vraiment affectée par mon accident. Elle me semble nerveuse, inquiète.", se confia Ethan. Il réalisait qu’il devrait sans doute se compter chanceux d’être toujours là. Aussi, qu’elle soit toujours à ses côtés. Peut-être devrait-il apprendre à se contenter de ça. D’eux.

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Du repos, certes. Tu comprends totalement qu’Ethan doit se ménager, là-dessus au moins tu t’accordes avec sa « femme ». Toutefois, tu regrettes la façon dont certaine personne ont tendance à l’infantiliser. S’il a perdu la mémoire, il n’a pas perdu sa capacité de réflexion, son discernement ni sa maturité. Il reste un adulte qui doit être autorisé à prendre ses propres décisions pour lui. Quant au fait de ne pas savoir comment aborder le sujet avec Eleonor, c’est une toute autre histoire et toi, t’es pas vraiment le mieux placé pour conseiller quiconque en histoire de cœur puisque t’es une catastrophe ambulante. Ethan t’explique qu’il cherche à la ménager. Sans réellement t’en rendre compte, tu te surprends à lever les yeux au ciel. Et elle, elle le ménage en lui mentant ainsi ? En lui cachant la vérité ? Eh merde. Tu devrais refreiner la haine qui te ronge où tu risques d’être celui qui va faire une bourde et tu ne veux pas avoir ce rôle-là, celui du méchant. Elle doit assumer, point barre et tu y parviendras coûte que coûte, à l’usure peut-être mais tu y arriveras. « C’est normal, c’est ta femme », tu réponds, évasif. D’un côté, ça l’est, normal, puisque c’est sa femme, qu’elle s’inquiète pour Ethan. Quant à sa nervosité … n’est-ce pas le poids du mensonge qui pèse sur ses frêles épaules ? Tu émets des doutes. « … mais ça me semble normal, même si je n’ai aucune expérience là-dessus, que vous en parliez ensemble même si elle est nerveuse et même si on t’a demandé de te ménager ». Du moins, c’est ton avis et par honnêteté à l’égard de ton meilleur ami, tu lui en fait part.

@ethan croft

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C’était parfois facile pour lui d’oublier que son accident avait pu créer une onde de choc, avait pu blesser son entourage. C’était lui la victime. C’était lui qui avait été à l’hôpital, qui s’était fracassé le crâne. Qui ne se souvenait de rien. Mais les autres, son entourage. Ils avaient souffert aussi. Ils avaient été inquiets, anxieux. Effrayés de le perdre, effrayé de l’état dans lequel ils le trouveraient à son réveil. Les dommages collatéraux. Ethan poussa un soupire. Pacey avait raison. C’était normal. Peut-être était-il injuste avec sa femme. Bien sûr qu’elle était inquiète, bien sûr qu’elle n’avait pas la tête à ressasser de vieilles tensions. Ethan se contenta d’hocher la tête, se mordillant la lèvre, pensif. — "Tu as raison.", admet-il, relevant les yeux vers son ami. Il avait tant de questionnement, tant de brouillard dans sa tête qu’il pouvait facilement sauter aux conclusions alors qu’il lui manquait de nombreuses pièces à ce puzzle qu’il tentait maladroitement d’assembler. — "Il faut qu’on puisse se parler.", dit-il, faisant écho aux propos de Pacey. Il faut que sa femme l’aide à assembler ce casse-tête – qu’elle lui offre les pièces qui lui manquent. Il faut qu’il ose les lui demander. — "Il faut que je sois capable de lui parler, qu’elle me raconte ces dernières années.", ajouta Ethan d’un ton plus convaincu. Et s’ils avaient eu cette énième discussion au sujet des enfants par le passé ? Et s’ils en étaient venus à la décision d’attendre ? Ou de ne pas en avoir… Si son épouse désirait son bien en le ménageant, Ethan savait que c’était plutôt des réponses dont il avait besoin. Pas qu’on ait peur de lui déplaire ou de le brusquer. Il voulait la vérité, il voulait savoir. Ethan soupira à nouveau, un sourire amusé étirant cependant ses lèvres. — "T’as pas déjà songé à devenir conseiller matrimonial ?", lui demanda-t-il, avant de pouffer d’un rire léger. Ethan s’adossa confortablement dans le fauteuil, contemplant le salon de son ami. La pièce inchangée, semblable à ses souvenirs. Il se demanda combien de fois il avait pu être ici au cours des dernières années.

@pacey thomas

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Tu trouves cela évident que si sa femme ne lui parle pas des troubles du passé, Ethan se retrouvera tôt ou tard à faire du surplace et tu n’es pas d’accord avec ça. Tu n’es pas d’accord non plus avec le fait qu’il souffre, ce qui sera évident à l’évocation de son abandon conjugal, mais tu estimes que sans cela, il demeura toujours une pièce manquante dans son puzzle. Ethan évoque sa propre capacité à parler à Eleonor mais tu estimes que même s’il l’a, cette fameuse capacité, il faut qu’elle, elle y mette du sien. Et ça, t’as quelque doute. T’as un rictus gêné sur le visage que t’essaies de dissimuler tant bien que mal pour ne pas éveiller ses soupçons. Tu n’as plus confiance en elle. Tu l’aimais beaucoup, à une époque mais c’est désormais révolu et ça, tu ne peux même pas en parler à ton meilleur ami.

Ce dernier détend l’atmosphère en te disant que tu pourrais aisément te reconvertir en conseiller matrimonial. Tu manques t’étouffer dans un rire. Tu ne voulais absolument pas le conseiller parce que t’es une catastrophe sentimentale, tu le sais. Tu donnais juste ton avis sur la situation. « T’es con », tu l’insultes doucement, sourire aux lèvres. « Ma plus grande relation, c’est toi ou Anja alors j’suis mal placé pour conseiller quiconque ». Anja et Ethan, tes deux piliers de l’amitié. Et encore, t’as enfreint une certaine limite, l’année dernière, avec ton amie. Tu n’en as jamais parlé à Ethan bien qu’il sache très bien qu’à une époque et pendant une longue période, tu as eu un sacré crush sur elle. T’es soudainement intimidé à l’idée de lui en parler. « Parlant d’Anja… », tu tentes, en balbutiant.

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@ethan croft

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Son regard s’attardait sur les deux grosses bêtes couchées aux pieds de leur maître. Il avait toujours trouvé la maison de Pacey confortable. À son image. Un peu reculée de la civilisation. A l’ancienne. Un douillet repère pour le menuisier et ses canins. Il se demandait de quoi la place aurait l’air si une femme venait à y emménager. L’endroit, bien que charmant, manquait sans l’ombre d’un doute d’une touche féminine qui ne manquerait sans doute pas de déplaire aux goûts modestes de Pacey. T’es con. Ethan ne pouvait contenir un sourire niais d’étirer largement ses lèvres. Toujours ce même but que lorsqu’ils étaient gamins. Le faire rire, craquer ce air trop sérieux, trop sévère sur les traits du visage de son meilleur ami. Et, malgré les années, quand il réussissait à arracher un rire à Pacey, à recevoir cette insulte en guise de réponse, Ethan ne pouvait s’empêcher d’être satisfait de lui-même. Il acquiesça de la tête alors que Pacey apportait un bon point. Seuls quelques personnes étaient réellement ancrées dans sa vie. Il se comptait d’ailleurs chanceux d’en faire partie. Et pourtant. Malgré son inexpérience en relations amoureuses, malgré sa maladresse auprès des femmes, Ethan portait une réelle importance à l’opinion de Pacey. Il le connaissait mieux que quiconque et se disait que ça, ça devait bien compter pour quelque chose. Il laissait ses pensées défiler, jusqu’à ce que Pacey aborde un nouveau sujet. Intérêt et curiosité piqués sur le champ. Se redressant dans le fauteuil, s’avançant au bout du siège, un sourcil arqué, Ethan ne contrôlait pas un sourire intrigué de s’emparer de ses lèvres. — "En parlant d’Anja…", répéta-t-il, comme pour l’inciter, l’encourager à continuer cette phrase. Il savait que Pacey avait eu des sentiments qui excédaient ceux de l’amitié envers la brune. Se pourrait-il que … ?

@pacey thomas

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Depuis quand t’es gêné pour parler de ça avec ton meilleur pote ? Tu as envie de te baffer tout seul à avoir une attitude de mijaurée alors que tu remarques bien le sourire malicieux d’Ethan qui se penche sur le fauteuil, tout sourire, pour mieux t’observer. Tu lèves les yeux au ciel et soupire. « Me regarde pas avec cette tronche, tu vas m’faire rougir ». Et ce n’est pas tout à fait faux, tu sens tes joues chauffer, encore un signe du fait que tu n’es pas tout à fait à l’aise avec les confidences que tu t’apprêtes à faire. « Va pas t’imaginer un truc de fou », tu l’avertis. Ethan sait très bien qu’à une époque, elle ne te laissait pas insensible, Anja. Tu lui avais confié mais cette époque, c’était y’a une bonne dizaine d’années déjà et on peut plus ou moins considérer qu’il y a prescription. Tu viens t’asseoir auprès de lui non sans avoir ramené deux autres bières, en prévention de la fin des premières. A peine t’es assis qu’un de tes chiens vient poser ses deux pattes imposantes sur tes cuisses pour réclamer un câlin et des gratouilles derrière l’oreille. Tu t’exécutes parce que ça te détend tout autant que cela fait plaisir au canidé. « Il est possible qu’elle et moi, cet été… », tu commences. T’as vraiment l’impression d’être une gonzesse et ça t’agace encore plus. Pourquoi ne pas y aller franco plutôt que d’emprunter quatre chemins ? Tu soupires, de nouveau avant de rire, nerveusement. « Ok ». Petite motivation personnelle avant de prendre une grande inspiration et de lâcher l’information que tu retenais jusque-là, comme un secret entre elle et toi. « Cet été, on s’est envoyés en l’air ». Voilà. Ce n’était pas si compliqué, non, Pacey ?

@ethan croft

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