step up your game / Corey

{ step up your game }

« Come on dude, t’es toujours là, à nous foutre la honte sur la piste de danse parce que t’as des mouvements clairement venus de l’au-delà et tu refuses de relever un pauvre défi de rien du tout ? J’pensais que t’étais plus courageux que cela ! » Ses yeux se posent sur moi, ils brillent d’une flamme provocatrice qui atteint clairement son objectif. Mes sourcils se renfrognent et j’encaisse le coup, le poing serré. Je sais ce qu’il fait, je le connais par cœur, lui aussi d’ailleurs. Il sait que je suis incapable de refuser un challenge, encore plus lorsqu’il remet en cause mes capacités. Je me mordille la lèvre inférieure, le fusille amicalement du regard et surenchéri, pas le moins du monde décidé à lui donner ce qu’il désire tant ! « Hors de question, la seule raison pour laquelle j’ai accepté de venir c’est parce que tu as promis de payer les cinq premières tournées ! Nous sommes censés nous amuser ce soir ! » Cette nuit, je suis clairement là dans le but de me mettre la tête à l’envers, de danser – bien entendu – mais certainement pas pour impressionner les autres et remporter un titre honorifique. J’aspire à passer un moment convivial avec mes potes et eux, eux m’ont surement pris en guet-apens depuis le début. Peut-être même savaient-ils exactement dans quoi ils m’embarquaient lorsqu’ils ont décidé de me proposer de sortir pour profiter de mes quelques jours de congés. « Mec, je double la mise… J’te rince comme une michto toute la soirée si tu le fais et j’te laisse mes codes Insta, Snap, Twitter… La totale jusqu’au petit matin ! » L’appel des saloperies que je pourrais éventuellement poster dans ses stories pour l’embêter, lui foutre la honte et me venger… Rien de plus appétissant que d’envisager un tel scénario. Faudrait-il encore que je revienne sur mes propres propos en acceptant finalement de m’inscrire à cette soirée Battle. J’ignorais que cela existait vraiment, pour être honnête… Les battles, en dehors de celles qui s’improvisent au centre-ville pour régler plus ou moins pacifiquement les problèmes, je les observais plutôt depuis mon écran de télévision, devant Sexy Dance. Elles sont loin, les années cours de danse pendant lesquelles on s’adonnait parfois à ce genre d’exercices pour se motiver avant une compétition. Il s’agissait du meilleur moyen de découvrir certains talents cachés, certains mouvements dignes de soulever les foules. Te voilà nostalgique à nouveau. Il y a tellement longtemps que je n’ai pas chorégraphié, dansé aux côtés de partenaires géniaux et tout aussi passionnés que moi. Une éternité, depuis que tu as décidé de renoncer pour te concentrer sur autre chose, sur d’autres activités. « Oh et puis merde… C’est d’accord, inscris-moi ! » Je sens déjà que je vais le regretter, allez savoir pourquoi. « J’ai besoin d’un verre avant cela… Ou deux ! » Il m’abandonne un moment pour mieux revenir, un sourire victorieux aux lèvres. « T’es content hein ! P’tit con va ! Tu sais contre qui je vais devoir danser ? » Que je jauge la concurrence qui, à n’en pas douter, doit être redoutable et nettement plus au point que moi. « Aucune idée, on devrait très rapidement le savoir, la première battle sera lancée d’une minute à l’autre ! »

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@heath romeo

Il n’est pas entré dans la salle de plus de quatre pas qu’il comprend. Son regard, jusqu’à présent intrigué, devient atterré, sa langue allant grossir sa joue tandis qu’il laisse expirer un soupir. Il ignore comment il a pu se laisser endormir suffisamment pour être traîné jusqu’ici – c’est pas comme si son frère lui en avait jamais parlé, bien au contraire. Des jours qu’il lui répète que la battle va avoir lieu, des jours qu’il le supplie de participer, persuadé que son déhanché aura son effet sur le public. Il lève les yeux au ciel, Corey, avant de lancer un regard blasé à son petit frère. Le coupable hausse les épaules, l’image même de la fausse innocence. « Je peux pas te laisser ne pas aplatir les autres, Corey. T’es incapable de ne pas danser alors profites-en ! » Profiter de quoi, a-t-il envie de lui répondre mais il tourne la tête et observe les personnes débarquées. C’est presque tentant. « De toute façon, je t’ai déjà inscrit, » rajoute Dick en vitesse. « Quoi ? Tu fais chier, Dick. » La bataille est perdue, il ne va pas chercher à argumenter, c’est une peine perdue. « Peut-être, mais tu me remercieras, à la fin, je te le promets. » « Si je te tue pas avant. » Les deux frères échangent un regard alors que le micro couine un court instant, attirant ainsi l’attention de chacun en direction de la scène improvisée – réellement un espace où l’organisateur se tient, accompagné du jury qu’il a vite fait de présenter. Tous styles acceptés avec une préférence pour le street dance et le hip hop qui n’est pas dissimulée, et les premiers noms sont annoncés, la musique lancée. Corey, il se fait entraîner par Dick pour être mieux placé et, malgré lui, il est rapidement gagné par l’enthousiasme général, les cris, les applaudissements. Ses épaules, elles sont déjà en mouvement, rapidement suivies par ses pieds qui voudraient glisser plus librement, ses hanches qui donnent des coups de-ci, de-là et Corey, il se retrouve obligé d’admettre que son cadet a raison. La première battle déjà terminée, les applaudissements du public et les notes du jury ont vite fait de déterminer le vainqueur. Dick s’échappe, au prétexte de récupérer de quoi les désaltérer mais, alors que son petit frère disparait dans la foule, Corey entend son nom être appelé. Il marque une hésitation, s’avance finalement au centre sous quelques applaudissements, rejoint par son adversaire. Les règles leur sont dictées, les styles demandés – l’ancien flic y va à l’instinct, breakdance car ça ne lui a jamais fait défaut et en profite pour retirer son blouson qu’il jette dans aux pieds du public. Pour être préparé. Il n’a pas compris le nom de son adversaire, n’a pas le temps de le demander que la musique retentie. And dance.

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{ step up your game }

@corey wilcox

Je ne l’écoute même plus, il a réussi à me convaincre sans avoir à dégainer l’artillerie lourde. Il n’était pas très difficile de le faire, cela dit. La danse figure dans mon ADN depuis tout petit. N’allez pas demander confirmation à mes parents, ils ne sauraient pas vous répondre et se contenteraient d’improviser ce qu’ils pensent être la vérité en prenant soin de l’emballer avec un sourire oscillant entre suffisance et gêne ultime. Ils ne savent pas, ils n’étaient pas là pour s’en rendre compte. Cette passion, je la tiens de l’une des femmes qui a pris soin de moi pendant qu’ils étaient tous les deux bien trop occupés par d’autres priorités. Tout a commencé par de la Salsa, proche de sa culture, proche de ce qu’elle était, de ses racines. Des débuts tonitruants et une petite graine semée qui n’a jamais cessé de croitre et d’évoluer avec la curiosité, animé par un désir ardent de toujours en apprendre davantage en allant plus loin dans l’exploration, la découverte, la difficulté et le renouveau. Sans la danse, jamais je ne serais parvenu à perdre autant de poids, ni même à retrouver un certain respect pour mon corps, pour mon être tout entier. J’ai appris à être moins égoïste, à penser collectif en permanence grâce à ma pratique de la danse, du hip-hop. Si je n’avais pas autant eu la bougeotte, peut-être que je serais devenu un membre à part entière du Crew qui m’a initié en premier lieu. Le groupe était soudé, je me demande encore pourquoi j’ai soudainement arrêté, du jour au lendemain. J’imagine qu’il a fallu faire un choix, j’ai toujours eu du mal à ne pas multiplier les activités, les sports, les amitiés… À tout multiplier par peur de manquer de quelque chose. « Tu bois quoi ? » Hésitation, aussi brève que nécessaire. « Un whisky, sans glace ! » Il acquiesce et s’éloigne pour rejoindre le bar. La foule est hétérogène, des tas de profils, de personnalités et une diversité potentiellement aussi élevée en matière de danse. Elle est peut-être universelle, mais chacun la pratique à sa manière, avec son cœur, avec son âme. Un mouvement peut en paraitre cent car effectué différemment par chacun d’entre nous. « Tiens, à la tienne ! » Tintement de nos verres et bruit désagréable de micro. Quelqu’un prend la parole, le jury est introduit, les règles expliquées et le premier round lancé. Les binômes s’affrontent, chacun avec un style sélectionné sur une musique qui me donne envie de bondir en plein milieu de la foule pour me mettre à guincher à mon tour. L’angoisse à l’idée d’être un peu rouillé s’estompe progressivement pour ne plus laisser place qu’à une forme d’excitation et d’impatience qui me pousse à observer les autres comme pour anticiper sur mes futurs adversaires en cas de victoire au premier tour. Ce garçon, par exemple, plus d’une fois il me fait hurler devant l’ampleur de ses mouvements. Sa victoire est on ne peut plus logique, lui, Corey comme semble le désigner notre animateur alors que le jury lui offre une salve de notes appréciables et synonymes de qualification. Puis vient mon prénom, appelé à rejoindre le centre d’un cercle formé par les quidams présents à l’intérieur de la boite. J’opte pour un démarrage en douceur, pour une mise en bouche censée me remettre dans le bain l’air de rien. « Hip-Hop New Style, pour ma part ! » La battle est dingue, sur un morceau de Cardi B suffisamment rythmé (Like It !) pour nous permettre d’y aller de nos figures. Les premiers mouvements sont sages, mais l’incertitude se transforme en une surprise : La danse, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas, surtout lorsque tu as cela dans le sang ! J’explose, j’exulte et je prends un bon temps que jamais je n’aurais pensé ressentir de la sorte, dans le cadre d’une compétition. Gagnant, logique, et passage à un second round composé de six nouveaux affrontements de binômes. Où est-il, ce mystérieux Corey ? Il est celui qui m’a le plus marqué, celui duquel je pourrais potentiellement vouloir me méfier… Celui que mes yeux cherchent désespérément au milieu de la foule, alors que cette deuxième manche ne devrait plus tarder à commencer. « C’ÉTAIT DINGUE MON GARS ! » Il me saute dessus, m’hurle dans les oreilles mais moi, tout ce qui m’intéresse, c’est de le retrouver… « C’était cool, ouais. » Sauf que maintenant… J’ai envie de gagner, de l’observer lorsqu’il remportera ses manches lui aussi pour pouvoir l’affronter, me confronter à lui et lui faire mordre la poussière.

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@heath romeo

C’est l’automatisme qui a pris possession de son corps, de ses muscles, tout du long de la battle. Corey, il n’a pas réfléchi, à aucun moment, se laissant simplement emporter par le rythme qui s’imposait – il a toujours été comme ça, quand il s’agit de la dance, déjà gosse, et c’est probablement ce qui lui a fait défaut tout en faisant de lui l’un des meilleurs de son groupe. Il est à l’écoute de la musique, et son corps réagit en fonction, sans qu’il n’y ait la moindre anticipation. Il enchaîne les mouvements, se laisse parfois impressionner par son adversaire – mais il sait. Il a gagné, ce n’est pas particulièrement équitable parce que même si le niveau d’en-face est bon, ce n’est pas suffisant. Il n’est même pas encore à fond qu’il voit bien le regard de l’autre, la panique qui s’empare de lui et l’hésitation dans ses mouvements. Il n’y a pas de faute commise mais ce n’est pas nécessaire. Quand la musique cesse finalement, Corey, il se sent comme Rabbit dans 8 Miles quand il a enfin mis sa branlée à Anthony Mackie. Victorieux, chanceux, doué. Les applaudissements ont vite fait de le ramener sur la terre ferme, la poigne du présentateur sur son épaule pour le clamer vainqueur de ce round et l’ancien flic, il cherche son frangin du regard, échange un regard avec lui, laisse finalement un sourire s’emparer de ses lèvres. Ouais, ok. Son frère le connaît bien – il a adoré la battle, l’adrénaline retrouvée, cette sensation d’épanouissement et de plénitude totale alors qu’il se laissait aller. Complètement aller. Il rejoint son cadet dans la foule qui l’accueille avec un sourire know-it-all qu’il préfère ignorer mais les mots ne sont pas nécessaires, entre eux. « Shut up, » prévient-il tout de même avec un doigt en l’air, presque menaçant avant de récupérer la bière que lui tend son petit frère. Il lui semble que l’atmosphère est montée d’un cran, l’excitation régnant maintenant principalement autant dans la foule qu’entre les concurrents. Il accepte quelques compliments de ceux qui lui sont plus proches, balaie d’un geste l’idée que certains puissent parier sur lui – préfère ne pas y penser et tente, tant bien que mal, de leur faire baisser d’un ton pour que son flic de frère n’entende rien, lui non plus – se retourne finalement pour faire face à la piste. « Wow, si tu te retrouves contre lui, tu vas avoir du moron à te faire. » Corey il suit des yeux la direction de son frangin, tombe sur cette silhouette jeune qui en affronte une autre, toute aussi jeune. Il déglutit, Corey, parce qu’il y a une puissance qui dégage des mouvements du premier jeune qui l’estomaque. Vivacité, précision, rapidité. La danse, c’est quelque chose qui lui est naturel, Corey en est certain – et un sourire s’esquisse sur son visage à cette pensée parce qu’il a cet espoir un peu ridicule de pouvoir être en battle contre lui, de pouvoir l’affronter et mesurer leurs deux niveaux. « Pourquoi tu souris comme un crétin ? » La voix de son frère, bien que proche, met quelques minutes avant de vraiment lui parvenir et il tourne finalement la tête, deux doigts grattant son menton. « Hm ? Mais parce que tu avais raison, kiddo, je vais peut-être trouver à m’amuser, finalement. » Les traits du dernier Wilcox se font interrogateurs mais il n’élabore pas, Corey, applaudit plutôt la performance lorsque la battle est achevée, en profite pour capter le nom de celui qui semble si prometteur. Heath. Le deuxième round est lancé, ils sont douze encore en compêt’ et, comme son nom n’est pas tout de suite appelé, Corey s’excuse auprès de son frère. Des yeux, il cherche le fameux Heath, finit par le reconnaître un peu plus et, jouant des coudes, il se fraie un chemin jusqu’à lui. « Hey, » aborde-t-il sans chercher à savoir s’il interrompt quelque chose ou non. « Sympa ta performance. » Il ne sait pas s’il est usuel de complimenter un potentiel adversaire – il ne sait même pas s’il y a des règles en dehors de la piste pour ce genre de challenge, en réalité. « T’as de bons mouvements et un vrai sens du rythme, il n’avait aucune chance. » Les autres pas beaucoup plus mais il préfère le taire, ne pas trop en dévoiler d’un coup. Il plonge la main qui ne tient pas la bière dans sa poche, se pare d’un air nonchalant. « Anyway, je voulais juste te souhaiter bonne chance. » Du coin de l’œil, il aperçoit son frère qui le scrute, semble lui demander ce qu’il fout et il tourne les talons. Avant de s’arrêter, une idée germant dans son crâne. Il se retourne à moitié. « Hey, Heath. Qu’est-ce que tu dis qu’on pimente un peu le truc ? » Sa langue passe sur ses dents, il comble l’espace qui les sépare. « Tant qu’on n’est pas en final, on n’a pas le droit de perdre. Ce sera toi et moi en final. » Pas vraiment une nouveauté, pas vraiment un challenge. « Et on choisit le style de danse de l’autre à chaque battle. » Pour ne pas se reposer sur ses lauriers, pour mieux analyser les forces et faiblesse de l’autre – pour mieux se préparer pour la finale. Il a une lueur amusée dans le regard, Corey, les attentes hautes quant à cette proposition sortie de nulle part – même pas vraiment réfléchie. Il veut voir ce que Heath a dans le ventre, il veut voir à quoi il va se confronter et, il doit se l’admettre, il est intéressé de savoir si l’autre possède le même esprit du défi que lui. L’envie de gagner – mais pas contre n’importe qui, gagner pour que ça ait du sens. La troisième battle du deuxième round vient de se terminer, le nom de Heath est appelé, Corey arque un sourcil. « Alors ? » Le sourire étire ses lèvres parce que Corey, il sait déjà ce qu’il veut lui donner – un bon vieux pop and lock.

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@corey wilcox

La sensation est agréable, immédiate, comme le plaisir qui découle de ce premier affrontement. Aucun véritable enjeu, à ma connaissance, et même s’il y a un prix à recevoir, ce n’est certainement pas pour cela que je me place au centre de cette foule pour shaker ce corps qui commençait sérieusement à s’ankyloser depuis le temps. La danse, cette formidable opportunité de s’exprimer à travers un seul et unique vecteur : le corps. Il ne peut pas mentir, lorsqu’il ressent, lorsqu’il est traversé par la joie, par l’euphorie. Il est tout le contraire de nos pensées, de ce que l’on veut bien laisser paraitre et de ce que l’on dissimule au plus profond de nous par pudeur ou excès de fierté. Nombreuses sont les professions qui pourraient aller à l’encontre de cette affirmation, les acteurs en tête de liste puisqu’ils ont un contrôle sur leur corps qui permet de véhiculer des tas d’émotions en fonction de ce qui est attendu d’eux pour le bon déroulement d’une scène. Le corps, ce peut-être une arme redoutable pour faire croire l’inverse de ce que l’on ressent véritablement. Ce n’est pas mon cas, à cet instant précis, après avoir échangé cette danse… Parce qu’il ne s’agissait pas d’un affrontement, je ne m’opposais pas à ce jeune homme talentueux. Je vibrais à ses côtés, je répondais au matériel qu’il me transmettait par le biais de sa performance et je lui tendais à mon tour une perche pour qu’il puisse rebondir à nouveau. La danse, elle n’est jamais une bataille, toujours une symphonie que l’on abreuve à sa manière, chaque pas est une contribution et la haine, elle peut-être un carburant immense, un tremplin… Tout comme la pression, l’angoisse, la tristesse ou l’amour. À chacun sa manière de nourrir sa performance, son art. Une multitude de sentiments au service d’une variété impressionnante de danses et d’interprétations. Je termine ce premier round essoufflé, mais revitalisé par les minutes qui viennent de s’écouler et j’ai hâte, tellement hâte de recommencer.

Sourire jusqu’aux oreilles, mon pote tente de communiquer avec moi mais je ne suis plus vraiment-là. J’ai l’esprit ailleurs, les yeux qui vont et viennent, analysent cette foule animée d’une passion commune pour les duels qui s’enchainent et ouvrent officiellement les hostilités pour un second round tout aussi prometteur. « Plus tard, mon vieux… Pas maintenant. » Je le cherche, lui, imprégné par un désir, une curiosité et une volonté qui apporte son lot d’intérêt à ma quête. Défaite cuisante, amusante transition. Il est plus rapide que moi, il me trouve le premier et cette risette ne s’estompe pas, bien au contraire. Mes lèvres s’élargissent davantage. « Hey ! » Étrange timidité qui se fraie un chemin là où, en temps normal, son absence a plutôt l’habitude d’étonner mes différents interlocuteurs. Il est charismatique… Et original aussi. Mes yeux tâchent de ne pas céder à cette pulsion qui me dicte de le détailler pour la science, pour anticiper sur le challenger… Pour immortaliser cette image. Luminosité des spots qui vont et viennent, jeux de lumière avec l’obscurité ou vérité, les tâches sur la partie supérieure de son visage titillent autant ma curiosité qu’elles ne me fascinent. Le silence est de mise, ce n’est pas le moment. J’acquiesce, en un fin sourire. « C’est gentil, merci. » Je n’ai pas l’habitude d’être complimenté, je déteste cela. Je ne sais jamais quoi dire, quoi faire… « Je te retourne le compliment. Tu n’as pas laissé la moindre chance à ton concurrent. J’ai eu mal pour lui. » Il l’a explosé, n’ayons pas peur des mots. Mes lèvres, mutines, réagissent immédiatement à ce bonne chance qu’il me souhaite. Mes yeux pétillent, animés par une flamme que seul le défi parvient à faire naitre en moi. « Est-ce une manière d’insinuer que je n’ai aucune chance contre toi ? Corey ? » L’incertitude berce ce prénom que je prononce sans être totalement certain que ce soit le sien. « Toi et moi, ce serait effectivement une belle affiche pour l’ultime affrontement de la soirée. » Je lui tends la main, comme pour officialiser cette proposition, la graver dans la roche alors que mon nom, lui, est appelé pour prendre part à ce second round. « Challenge me, boo. » Un clin d’œil alors que déjà, je recule pour rejoindre mon adversaire. Une jeune femme qui, soyons honnêtes, a du talent, mais reste beaucoup trop dans sa zone de confort. Sa première performance était dingue, mais cette seconde tentative a une odeur de réchauffé… Tu n’as pas commencé à danser contre elle, qui mène le lead sur cette première partie de votre battle, mais tu peux déjà affirmer que sa danse la mènera tout droit à l’élimination. Un regard enflammé en direction de Corey, Pop and Lock. Il a de l’idée. Allier ces deux danses funk qui faisaient un tabac dans les années 80, qui reviennent à la mode aux yeux d’un grand public bercé par Fortnite. Je ne manque pas de le regarder dès que je le peux, il m’anime, je tire de cette challenge un énergie qui provoque une défaite logique et cuisante pour ma partenaire. Elle n'avait aucune chance, ce n'était pas contre elle que je me battais, tout au long de cette battle. C'était contre lui. « Tu as bien dansé, mais tu ne l’avais pas lui, pour te motiver. » Je désigne Corey du doigt à la jeune femme et l’abandonne pour retrouver ce concurrent à venir. « As-tu ce qu’il faut pour te mesurer à une autre époque, à un autre style… Au rock’n’roll ? »

/ awards session

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