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 surprise inspection (julian)

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surprise inspection
@julian nash- - - - - - - - -
Levée à 6h30 ce matin, comme tous les matins, cela faisait déjà deux heures qu’Elinor tournait en rond dans son salon, cherchant désespérant quelque chose à ranger. Il était à peine dix heures du matin et la jeune femme regrettait déjà de s’être levée aussi tôt, comme tous les jours. Mais les habitudes avaient la vie dure et elle se serait sentie trop coupable de faire la grasse matinée alors qu’elle ne ramenait pas d’argent à la maison. Elle connaissait les exigences que son mari pouvait avoir à cause de ce simple fait et elle ne voulait pas le décevoir. Peut-être que si elle gardait leur maison dans un état impeccable cela finirait par se ressentir sur leur vie de couple, ou peut-être que ça donnerait envie à leurs enfants de passer les voir, au moins de temps en temps. Elle avait beau se dire qu’ils ne venaient pas à cause de la quarantaine, elle savait au fond d’elle-même que ce n’était pas le cas. Elle soupira quand cette pensée lui traversa l’esprit et secoua doucement la tête pour se forcer à l’oublier rapidement. Il ne fallait pas qu’elle se lance dans ce genre de réflexion, d’expérience elle savait que c’était une pente savonneuse et il était encore bien trop tôt pour ouvrir une bouteille de vin. Quoique… Elle se mordit la lèvre, se sentant coupable comme à chaque fois. Elle se sentait coupable de ne rien trouver à faire, ce qui la faisait se sentir malheureuse, ce qui la faisait se sentir coupable d’être malheureuse… etc. Si elle avait appris depuis longtemps que le cercle était infini, il n’en était pas plus facile à éviter pour autant. Elle monta dans la chambre et récupéra le livre qu’elle était en train de lire depuis quelques semaines et qui traînait sur la table de nuit. Comment pouvait-elle se plaindre de n’avoir rien à faire alors qu’elle n’était même pas capable de finir ce foutu bouquin ? La prochaine séance de club de lecture avait été reportée à cause du virus et de la quarantaine et si elle avait été déçue en l’apprenant, elle était désormais soulagée parce qu’elle n’avait absolument pas pris le temps d’avancer dans « Jane Eyre ». On lui avait répété pendant des années que c’était un livre génial mais elle avait du mal à accrocher. Elle avait constamment envie de secouer le personnage principal.

A peine cinquante pages plus tard elle releva le nez du livre, et par miracle il était presque l’heure de manger. Elle avait envie de tenter une nouvelle recette de gratin. Les portions étaient beaucoup trop grandes pour elle seule mais elle pourrait en garder et le donner à réchauffer ce soir à son mari, ou bien en amener aux voisins. Une famille venait d’emménager dans la rue, ça leur ferait probablement plaisir, et elle, ça l’occuperait. Gagnant-gagnant. Deux heures plus tard elle avait mangé sa part et amené le tupperware aux nouveaux arrivants – ils avaient l’air très sympathiques et l’avaient remerciée pour le repas ! - et elle se retrouvait devant le même problème que le matin même. Elle jeta un coup d’oeil en biais à sa copie de « Jane Eyre » et se leva aussitôt du canapé. Les devoirs du club de lecture allaient devoir attendre, aujourd’hui elle allait essayer de faire quelque chose d’utile : améliorer sa relation avec son fils. Ils n’avaient plus été proches depuis longtemps mais les choses n’avaient fait qu’empirer après son départ de la maison. Elle savait qu’il ne s’entendait plus avec son père et elle s’en voulait de ne pas savoir mieux jouer les médiateurs entre eux. Tout ce qu’elle voulait, c’était que sa famille soit unie. Elle ne pouvait que se rendre compte de son échec, et le peu de nouvelles que Julian lui donnait en était une preuve accablante au quotidien. Elle grimpa dans sa voiture et se mit directement en route, priant pour ne pas se faire arrêter par la police et devoir justifier sa petite balade. Elle arriva sans embûche jusqu’au quartier où Julian vivait et se recoiffa dans son rétroviseur avant de sortir. Elle portait un pantalon beige, un pull échancré gris et des talons hauts. Elle allait sonner à l’interphone mais elle croisa quelqu’un qui sortait en trombe de l’immeuble et retint la porte derrière elle, en profitant pour rentrer sans prévenir. Elle fut surpris du soulagement qu’elle ressentit, jusqu’à présent elle avait eu peur que Julian refuse de lui ouvrir, sans même s’en rendre compte. Non pas que ce soit désormais impossible… Elle choisit de prendre les escaliers et ne tarda pas à arriver devant la porte. Elle pouvait entendre du bruit à l’intérieur et ne put s’empêcher de plaindre ses voisins. Il avait grandi dans une maison avec un jardin et il n’avait de toute évidence pas bien conscience qu’il vivait désormais avec des gens autour de lui. Elle allait devoir lui faire la leçon. Elle frappa à la porte, stressée malgré elle.
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(#) surprise inspection (julian)    Dim 22 Mar - 22:12
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did it need to be so high
--- @elinor nash & julian nash

Putain de confinement – la pensée s'était immiscée trop tôt dans la journée. Le soleil lui avait fait ouvrir les yeux plus tôt que prévu, grogner d'une indifférence latente, un paisible d'apparences uniquement. Il allait finir par perdre la tête, à l'intérieur. Un animal en cage, trop habitué à sortir, faire comme bon lui semblait sans rendre de compte à qui que ce soit : le rythme effréné d'un quotidien conquérant, avec chaque jour une nouvelle envie, un nouveau caprice. Un nouveau saut dans le vide, à l'imprudence et à qui l'arrêterait. Les heures passaient lentement désormais, et à chaque attention qu'il portait vers l'extérieur, c'était la même litanie de paroles qu'il entendait : des précautions à la pelle, ordres d'état sur comment gérer une pandémie qui leur était tombée sur le coin de la gueule sans prévenir. Lui, il en avait déjà marre : quitte à avoir des problèmes, quitte à crever, il préférait l'faire en vivant qu'en restant cloîtré dans un appartement trop petit. Loin d'être petit – bien au contraire – mais quelques murs pour le cloisonner, c'était déjà trop. Pour ne rien arranger, les contacts se limitaient à sa colocataire ; tête-à-tête en houle, où parfois ça partait en vrilles, et où d'autres fois, il s'forçaient à se supporter, juste pour mieux vivre les jours qui passaient si lentement. Il avait les nerfs en p'lote, pourtant, l'humeur électrique sur l'épiderme ; Julian, hanté par l'impression d'être de retour dix piges en arrière, constamment surveillé par sa mère, constamment brimé et contredit par celle-ci. Ressentiments tenaces, fantômes sur la relation délitée : celle-là, il n'était pas triste de n'pas avoir à la voir pendant quelques temps. Et y'avait pas grand-chose qui le forcerait à prendre son téléphone pour donner des nouvelles, ou en demander. Elle devait vivre dans sa propre version du paradis : son beau quartier bourgeois, sans fils pour faire tâche au merveilleux curriculum de classe et d'élégance qu'elle affichait si ouvertement à la gueule du monde. Le travail allait bien, au moins : l'avantage d'un monde moderne où tout se passait sur internet. Et de la paranoïa qui accompagnait une maladie : y'avait tant de cons pour acheter des produits de merde boostant soi-disant le système immunitaire, que les ventes explosaient. Comme si quelques compléments alimentaires allaient protéger d'un virus ; mais il n'serait pas celui qui briserait ces illusions-là. Il avait aligné les cafés devant l'écran de son ordinateur, les cheveux en bataille, la chemise de la veille entrouverte, l'allure débraillée : pourquoi est-c'qu'il se donnerait la peine de faire plus, en ces jours-ci ? Sur son téléphone, l'énième message de cette nana : il avait essayé d'la faire venir la veille, elle avait refusé, de peur de s'faire emmerder dans la rue par les flics, de devoir payer une amende ou pire encore. Paranoïa. A défaut, elle avait envoyé des nudes toute la soirée, comme si ça pouvait servir à quelque-chose. Et maintenant, c'était bien la quatrième fois qu'elle s'excusait, vendait ses prétextes, expliquait sa décision débile.
Il n'y affichait qu'une nonchalante indifférence – un jugement de silence qui en disait long surtout, sur à quel point ç'aurait pu être elle, ç'aurait pu être une autre. Tout c'qu'il avait eu envie de faire vraiment, ç'avait été de faire chier sa coloc, l'une des meilleures distractions de cette mise en quarantaine. Peu importe c'qu'il avait fait toute la journée, il eut juste l'impression d'tourner en rond : jamais assez, jamais assez vite. Jamais bien. C'était l'meilleur moyen de le faire déraper, qu'il devienne alcoolique ou il ne savait quoi, à vouloir tant échapper à des pensées stagnantes : l'énergie frivole de la Nouvelle-Orléans crevait à longueur de journée. La musique, l'agitation, les liqueurs et la sueur manquaient : il avait passé tant d'années à construire sa vie dehors, que dedans, c'était l'enfer. Faute de mieux, il avait pris sa basse, ordonné à sa coloc de ramasser son bordel – y'avait toujours du bordel à son goût, la putain de maniaquerie de sa folle de mère ayant déteinte sur lui, fallait croire. Et qu'elle gueule ne l'avait pas empêché de s'mettre à jouer, des accords qui n'faisaient pas vraiment sens sans les autres. Qu'est-c'qu'il donnerait pour pouvoir jouer à nouveau. Cérémoniel qui n'avait pas eu de sens, à sauter du canapé, à avaler une gorgée de bière – une clope éteinte dans le fond de la bouteille vide. Il en avait marre. Un caprice au vide, au rien. Il fut presque soulagé, alors, quand on frappa ; espoir de courte durée. Comme d'habitude, il regarda par le judas à la porte, la surprise distillée aux entrailles. What the f- ? Des mots dans un soupir, ce serait presque la première fois que sa génitrice descendait de son palais doré pour venir jusqu'ici. Et pourquoi est-c'qu'elle se donnait la peine de faire c'genre de détour pour lui ? Qui plus est, en des circonstances pareilles. A moins qu'elle soit malade, qu'elle s'découvre une peur viscérale de crever sans avoir un jour été une bonne mère. Trop tard, qu'il aurait envie d'lui dire déjà, trop souvent. Fils ingrat, fils pas assez. Il avait ouvert la porte, pourtant – plus fort que lui, la traîtrise d'un mordillement de lippe, nerveux – agacé ; comme s'il n'en avait pas assez déjà comme ça. « Qu'est-c'que tu fais là ? » la question nimbée de critique, trop pressante pour qu'il s'en empêche. Le fait qu'y'ait un virus qui flotte n'empêchait pas Elinor d'avoir l'air de tout vouloir faire bien : jusqu'aux apparences, toujours impeccables. Elle avait la gueule qu'il lui avait toujours connue, quelques tracés de jugement sur le visage, et toujours l'impénétrable rien qui leur servait de frontière. C'était elle qui était venue, il aurait pu continuer d'être avachi à l'entrebâillement de la porte, en guise de prétexte pour n'pas qu'elle se faufile – s'impose. Mais il abandonna bien vite, lâchant la poignée, s'éloignant de la porte : elle comprendrait toute seule qu'elle pouvait rentrer, si elle était vraiment venue pour ça. « On est pas censés être en confinement ? » un sarcasme pour mordre à la rancœur devenue oxygène dans l'air entre eux. Fuck, c'était plus fort que lui – à peine son regard se posa sur son paquet de clopes sur le comptoir de la cuisine, qu'il s'en saisit, s'allumant une cigarette. D'habitude, il n'aimait pas fumer chez lui, il s'donnait au moins la peine d'aller sur le balcon. Il savait qu'la réflexion ne tarderait pas, et c'était comme s'il la cherchait déjà.
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(#) Re: surprise inspection (julian)    Jeu 26 Mar - 9:26
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surprise inspection
@julian nash- - - - - - - - -
Maigre consolation, mais Elinor avait à priori eu raison d’être stressée au vu de l’expression tout sauf heureuse qu’affichait en ce moment Julian. Il venait à peine de lui ouvrir qu’elle se sentait déjà repoussée et il lui fallut toute sa volonté pour ne pas laisser transparaître la peine qu’elle ressentait sur son visage. Elle aurait pu, mais elle avait trop peur de montrer la moindre faiblesse devant ses enfants, ça avait toujours été le cas, mais désormais que leur relation s’était détérioré à ce point, c’était d’autant plus important pour elle. Il aurait pu s’en servir contre elle, si elle lui montrait que ça lui faisait mal ça n’allait que l’encourager à continuer. Cette réalisation lui provoqua un pincement au coeur mais elle prit une inspiration discrète et essaya encore une fois de ne rien montrer. Elle allait lui répondre au moment où il lui tourna le dos pour rentrer dans son appartement et ce geste la coupa dans son élan. Elle resta bêtement la bouche ouverte pendant quelques secondes avant de la refermer. Au moins il ne lui avait pas claqué la porte au nez, ça aurait pu être pire, même si encore une fois cette réalisation ne lui faisait pas franchement plaisir. C’était sa mère quand même ! Elle avait bien le droit de venir le voir. Elle ne pouvait pas s’empêcher de se dire que sa mère à elle n’aurait jamais toléré ce genre de comportement et qu’elle s’en serait pris une depuis bien longtemps si elle se l’était permis, mais comme à chaque fois, elle se força à se calmer. La relation qu’elle avait avec sa mère n’était franchement pas l’exemple à suivre. Elle se mordilla nerveusement la lèvre et se fit violence pour entrer dans l’appartement, malgré les signes assez clair de son fils que sa présence n’était pas désirée. Elle referma doucement la porte derrière elle et le regarda attraper son paquet de cigarette et en allumer une. « Je vois que tu n’as toujours pas arrêté. » Son ton était lourd de reproche et quand elle s’entendit le dire elle ne put que comprendre pourquoi son fils semblait la détester autant. Elle était venue pour essayer d’améliorer un peu leur relation, d’avoir de ses nouvelles, et la première chose qui sortait de sa bouche était un reproche. Elle se rappelait ses propres parents et ce n’était pas une comparaison flatteuse.

Elle prit une nouvelle inspiration et se força à se détendre, se rendant compte à ce moment là à quel point elle avait été crispée jusqu’à présent. Elle se rapprocha de Julian mais ne put s’empêcher de plisser le nez en sentant l’odeur de la cigarette. Elle ne supportait vraiment pas ça mais elle fit l’effort de ne pas essayer de la dissiper en secouant sa main devant son visage. Ce n’était pas non plus la fin du monde, du moins c’était ce qu’elle se forçait à se dire. « Je sais qu’on n’est pas censé sortir, mais j’avais envie de te voir. » Expliqua-t-elle comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, comme s’ils avaient toujours été proches et qu’elle venait souvent ici pour qu’ils puissent discuter. En vérité ce devait n’être que la deuxième ou troisième fois qu’elle mettait les pieds ici et elle avait du mal à se souvenir de la dernière fois qu’ils s’étaient ne serait-ce que parlé. Mais très franchement l’attitude de Julian commençait à lui donner l’impression que tout n’était pas forcément de sa faute. Elle croisa les bras sur sa poitrine, visiblement mal à l’aise, et commença à inspecter malgré elle la pièce dans laquelle elle se trouvait. Ce n’était pas très bien rangé mais elle ne s’était pas attendu à beaucoup mieux et heureusement pour elle, elle s’était préparée psychologiquement. Elle était cependant prise d’une envie irrésistible de remettre les choses en ordre et elle ne put s’empêcher de se baisser pour ramasser une chaussette sale qui traînait devant elle. Faute de savoir où la mettre elle la garda dans sa main, se mettant à la triturer sans s'en rendre compte, comme si ça l'aidait à évacuer son stress. « Tu sais comme moi que si je ne t’appelle pas ou que je ne viens pas te voir je n’aurais jamais de tes nouvelles. » Tenta-t-elle de justifier, un sourire au coin des lèvres. Elle essayait comme elle pouvait de détendre l’atmosphère mais elle n’avait pas pu s’empêcher d’ajouter une pointe de déception dans le ton de sa voix. C’était comme si elle était incapable de s’en empêcher. Une partie d’elle espérait sûrement encore que Julian lui obéirait gentiment comme quand il était enfant, juste parce qu’elle était sa mère et que c’était son devoir. « Alors ? Tu racontes quoi de beau ? » Ca faisait tellement longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus qu’il devait bien avoir des nouvelles à donner et elle était vraiment curieuse de savoir comment il allait. Semblant enfin réaliser qu’elle était en train de tordre la chaussette sale depuis tout à l’heure elle la reposa sur le dos de la chaise la plus proche et recroisa les bras, encore sur la défensive.
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(#) Re: surprise inspection (julian)    Jeu 26 Mar - 13:43
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--- @elinor nash & julian nash

Le temps qui avait fait son œuvre, délité ces mots censés avoir tant de signification : l'impact au fer rouge d'un univers écrit depuis si longtemps. Dysfonctionnels ils étaient, les Nash ; le reflet de maux silencieux – si longtemps tus, pour un bien commun qui n'avait fait sens qu'à certains d'entre eux. Julian avait arrêté d'essayer d'comprendre comment l'esprit de sa mère fonctionnait- pourquoi elle avait fait les choix qu'elle avait faits, pourquoi elle avait été cette figure parentale-là. Pourquoi, c'qui avait plu sur lui, ç'avait surtout été l'arôme âcre de critiques incessantes, d'exigences obsolètes et d'un monde où il n'avait jamais été assez. La déception devenue rebelle, le gosse qui faisait tâche, au-delà des photos de famille réglées au millimètre : et derrière les papiers colorés, les poses aseptisées, n'demeurait que la violence de mots qui ne partiraient jamais. La mémoire, une bête insatiable et instable, qui construisait son propre petit cosme : d'la rancœur à en retourner l'estomac, l'incompréhension distillée en colère. Les mots, les sentiments d'la matriarche si longtemps balancés dans sa gueule, qu'il aurait bien envie d'lui renvoyer, mille fois plus. Sa nonchalance alors, était punition inavouée, l'héritier ingrat qui crachait un venin, eau qui avait fait pulser une vie revancharde dans ses veines depuis si longtemps. L'apparition de sa mère sur le pas d'la porte était comme un regain d'énergie – enfin d'quoi se défouler pour de bon, ou faire comme si. Comme si elle n'lui laissait pas une boule au ventre à chaque fois qu'elle se cassait après une de leurs joutes verbales. Comme si elle n'lui foutait pas les nerfs en pelote avec une facilité déconcertante : suffisait d'un rien pour qu'il ait envie d'sauter par la fenêtre avec elle. C'était plus facile d'penser comme ça, d'être comme ça que d'chercher quoique ce soit d'autre : une vilaine leçon apprise avec les années. A la dure. Voler, même à sa façon, ç'avait été l'seul bon moyen d's'en sortir. De s'arracher à un cercle vicieux de déception et d'amertume, de disputes et de déchirure. S'il avait l'coeur dur comme la pierre, le poitrail hermétique à quoiqu'ce soit, qu'on blâme sa putain de mère : cette froide, distante, superficielle créature qui n'avait jamais rien eu à dire de bon.
Alors ouais, bordel, il avait besoin d'une clope : si elle devait s'pointer jusqu'à chez lui en pleine période où il n'pourrait pas s'échapper dès qu'il en aurait raz-le-cul de l'entendre, il comptait bien aligner cigarette après cigarette, se foutre en l'air la santé et s'niquer les veines à coup de nicotine et de goudron. Dans leur monde à eux, mieux valait crever jeune – tout pour n'pas finir comme ses géniteurs. « J'étais censé arrêter ? » la question, une rhétorique par sa nonchalance et l'indifférence marquées sur le sourire ; les lippes emprisonnant la cigarette aux effluves qui commençaient déjà à envahir tout l'appartement. Il n'aimait pas spécialement ça, l'odeur de clope : mais s'il y avait une chose dont il était sûr, Julian, c'était qu'sa mère la détestait encore plus. Et tout moyen pour lui faire faire demi-tour plus vite, était un bon moyen. Il avait reconnu le poison du reproche, et tout c'qu'il avait eu à lui renvoyer, c'était l'ampleur de son dédain. Ce s'rait à qui céderait le premier, qui perdrait la tête le premier ; leur habitude, un rituel au goût amer. Depuis l'temps, ils connaissaient par cœur. Pour elle, avoir envie d'le voir, c'était comme avoir envie de s'brûler la main avec un fer à repasser – il semblait, depuis tant de temps déjà. Alors en la dévisageant à sa fausse confession, le jeune homme n'put que laisser entendre sans un mot, sa perplexité. Sa mère avait forcément quelque-chose à dire, quelque-chose à vouloir – une motivation quelconque, logée derrière son p'tit sourire poli. De ça aussi, il avait l'habitude : les apparences d'un visage si bien conservé par le temps – de bons gênes, au moins – pour cacher un esprit aussi corrosif que de l'acide en pleine gueule. « Ouais, parce que nos conversations sont toujours si plaisantes et enrichissantes que j'ai envie d'en avoir une. » un sarcasme honnête, au moins ; le tout ponctué d'un regard désobligeant, cette même tronche provocante qu'il avait si souvent eue, quand il la dévisageait. Elle, elle devait être habituée à ça, à force. Et l'avantage, c'était qu'aujourd'hui, il était assez vieux pour lui servir cette attitude sans conséquence. « Mais, hey, j'comprends. Moi aussi j'deviendrais fou si j'devais me retrouver coincé seul avec moi-même, si j'étais toi. » un autre reproche, dit avec tant de légèreté que c'était comme s'ils n'avaient jamais eu que ça, l'un pour l'autre. Elle n's'était pas débarrassée de son manteau qu'elle en avait eus à dire. Et il n'lui avait pas offert quoique ce soit – même pas un verre d'eau – qu'il en avait déjà eu à dire, lui aussi. Ça faisait trop longtemps qu'ils étaient coincés comme ça, qu'ils vivaient comme ça – pourquoi faire autrement, hm ? « J'sais pas. J'doute avoir des trucs à te raconter qui t'intéresseraient. Ou t'feraient plaisir d'entendre. » s'il avait pu encore prendre du recul sur tout ça, eux deux, Julian aurait p't'être pu voir, à quel point tout allait mal. « Donc bon. » comment croire autrement ? S'il parlait d'son job, il aurait droit à cette même diatribe qu'il avait si souvent entendue, les incessantes questions que ses parents lui envoyaient, persuadés qu'il n's'en sortait pas bien, et ne s'en sortirait jamais bien. Il avait commis l'pire des crimes : il était sorti des plates-bandes qu'ils avaient dessiné pour lui, et y'avait aucune rédemption possible, à partir de là. « Oh-... mais au cas où l'envie t'prendrait de tripoter des fringues à nouveau, c'est pas à moi, ça. » un autre rictus, une malice presque inoffensive – on aurait pu l'croire, si elle n'venait pas de lui, si elle n'lui était pas adressée à elle. Des mots trop calculés, attaques ciblées vers tout c'qu'il savait ses parents détester. C'était presque surtout pour les faire chier qu'il s'était lancé dans une recherche de colocataire. Et il avait eu l'privilège d'en trouver une bordélique, et expansive, et brouillonne, avec un sale caractère en prime. Une nana, évidemment. La recette explosive, soigneusement sous-pesée ; la visite surprise, finalement, pourrait avoir quelque-chose d'amusant. Il s'était enfin approché d'une fenêtre, ouvrant celle-ci sur un petit balcon, s'appuyant sur le chambranle pour finir sa cigarette, balancer le mégot dehors. Il avait besoin d'air, et pour une fois, c'n'était pas juste à cause de sa mère.
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(#) Re: surprise inspection (julian)    Mer 8 Avr - 4:57
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