@karim jarrah Welcome to New Orleans, elle relit la pancarte deux, trois fois, quatre pour faire bonne mesure. Elle respire enfin, plantée à l'entrée de la ville, face à sa nouvelle vie, et un avenir incertain. Le soulagement est de courte durée, elle était si obnubilée par la peur de ne pas parvenir jusqu'ici, d'être retrouvée avant, ramenée auprès de son père qui feindrait l'inquiétude, sa mère qui verserait peut-être même une larme face à son public, pour mieux l'ignorer en privé, qu'elle n'a pas considéré l'avenir. Du moins, pas au-delà de son arrivée. Elle n'a pas de plan, Art, les préparatifs s'arrêtent là, à ce déménagement soudain et bâclé, une valise de vêtements pour tout souvenirs. En fin de compte, elle n'avait pas grand chose à emporter, pas de photographies particulièrement marquantes, aucun objet qui puisse véritablement lui servir, ou qui ne lui rappellerait pas un peu trop ce dont elle a décidé de s'éloigner. Ne restait plus qu'à fourrer ses livres favoris dans ses bagages, histoire d'emmener quelque chose, et ainsi se donner l'impression d'avoir tout de même vécu ces vingt-six dernières années. Incapable de dire si c'est la valise qu'elle traîne, ou la peine inexplicable qu'elle ressent malgré l'aboutissement de son voyage et ses plans, elle avance lentement, lourdement, en direction de l'adresse indiquée dans l'annonce. Deux semaines plus tôt, elle n'avait aucune idée d'où elle irait, alors ce Karim Jarrah, qui qu'il soit, lui a à peu près sauvé la vie. Il n'en sait rien, et elle se voit mal le lui dire, mais c'est la vérité, il a accepté de partager son toit sans l'avoir rencontrée et, le temps jouant contre elle, il était à peu de choses près sa dernière chance de sortir du pétrin sans finir à la rue. L'appréhension est pourtant là, logée au fond de son ventre, lui nouant l'estomac au point qu'elle n'a rien su avaler dans les dernières vingt-quatre heures, et bordant ses yeux de larmes qu'elle s'efforce de refouler. Le regard brouillé, elle s'engouffre dans l’ascenseur de l'immeuble enfin déniché, aux côtés d'une vieille dame dont le regard insistant lui fait jeter un coup d'oeil dans le miroir. « Shit », elle souffle, fouillant dans son sac à la recherche d'une brosse et d'un élastique à cheveux pour arranger autant que possible l'apparence non seulement négligée, mais presque sale de sa chevelure d'ordinaire impeccable. Rien à faire, cependant, pour son teint pâle et les cernes creusant son visage – son voyage de trois jours dans un mélange de panique et d’hyper-vigilance, sans dormir, ne pardonne pas. Elle veut faire bonne impression, Art, et surtout elle doit faire bonne impression, qui sait s'il ne décidera pas de la jeter dehors, en fin de compte. Pas le temps d'improviser une séance maquillage, les portes de la cabine s'ouvrent et ses pas la guident à l'extérieur, toujours un peu déphasée, stressée et franchement paumée. Ses iris scannent les numéros à mesure que les portes défilent devant elle, jusqu'au 88 face auquel elle s'immobilise. La boule formée dans son ventre semble avoir migré jusque dans sa gorge, et, alors que son poing s'abat faiblement contre le bois, elle se demande si elle sera capable de parler. Les secondes lui paraissent minutes, l'envie de fuir à toutes jambes traverse ses pensées, après tout elle ne le connaît pas, peut-être est-il dangereux, peut-être n'a-t-elle fait que quitter une situation toxique pour une autre. Elle a encore des séquelles de son dernier séjour à l’hôpital, son plâtre lui ayant été ôté peu de temps avant son départ, elle est supposée être en pleine rééducation de son avant-bras gauche, et ses côtes ont beau être guéries, quelque chose lui dit que, si elle venait à être de nouveau agressée, elle aurait plus de mal encore à se défendre. Trop tard, réalise-t-elle en voyant la porte s'ouvrir, et elle a un mouvement de recul instinctif avant de tenter un sourire. « Karim ? » Quelques secondes d'hésitation, avant que sa main ne se tende fébrilement dans sa direction. « Je suis... ta colocataire ? Art. »
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(#)some kind of disaster (karim) Ven 13 Mar - 20:14
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[ some kind of disaster ]
w/ @art marlowe Installé dans son canapé, Karim sifflait comme à son habitude Jack. Cette bouteille de liquide ambré qu’il avait pris pour meilleure amie depuis quelques temps maintenant, un vice qu’il peinait à refouler, même s’il se savait bien moins dépendant qu’à un certain moment. Abandonnant son amie lorsqu’il était en jour de travail, mais ayant pris congé en ce jour, il se fichait bien d’être dans un piteux état. Néanmoins, il aurait peut-être mieux fait de regarder son calendrier ou de porter une attention particulière à cette alarme qu’il avait programmé sur son portable pour lui rappeler que sa nouvelle colocataire devait débarquer dans la journée. Karim en venait par moment à se demander pourquoi il s’entêtait à cherches des colocataires, il aurait dans les mois à venir trente-neuf ans. Il n’était plus en âge de partager un appartement, mais rester seul n’était sans doute pas la meilleure des idées. Il ne recherchait pas une baby-sitter, ni même quelqu’un pour lui faire la morale sur sa façon de vivre. Seulement dans sa logique tant qu’à avoir une pièce vide, autant qu’elle lui soit profitable. C’était ainsi qu’il se convainquait de l’idée d’être en colocation, parce que celle de changer d’appartement lui était insupportable. Pourtant, l’endroit lui semblait encore imprégné de Susan. Lui dire au revoir de toutes les façons possibles, il n’en était en aucun cas capable. Elle le hantait encore tellement, il devait lâcher prise, la laisser partir, refaire sa vie. Cette dernière, il devait la reprendre en main comme il pouvait, mais elle lui échappait, glissant entre ses doigts. Le laissant dans le plus grand des désarrois. Posant la bouteille sur la table basse qui se trouvait devant ses jambes, il se levait de son canapé. Une loque humaine, un déchet, une épave qui faisait peine à voir dans ce monde. Trainant ses pieds, il allait à sa salle de bain, observant son reflet dans la glace, ses traits tirés, ses poches se dessinant sous son regard émeraude. Il n’avait pas une tête bien différente de celle qu’il possédait avant ce fameux jour, mais lui en voyait la différence. Ce sourire qui brodait ses lèvres avaient disparu avec le temps, marquant son visage de cet air épuisé. Il poussait un soupir avant d’entendre quelqu’un toquer à la porte. Fronçant les sourcils, il se dirigeait vers celle-ci se trainant les pieds comme il en avait pris l’habitude. Ouvrant celle-ci, il tombait sur une jeune femme. Son apparence lui importait peu, pour tout dire les femmes ne l’intéressaient plus, peu – pour ne pas dire pratiquement aucune – n’arrivait à lui décrocher un regard. C’était peut-être pour cela qu’il préférait partager son appartement avec une femme plutôt qu’un homme où il savait que tout pourrait arriver s’il éprouvait une envie. Son cerveau mit un temps pour saisir qui pouvait être cette jeune femme qui déboulait à sa porte, une valise à la main. « Oui. » laissait-il siffler entre ses lèvres, alors que sa main se resserrait sur la poignée de la porte. Ses orbes continuant d’observer la jeune femme, il relâchait la poignée lorsqu’elle s’annonçait comme sa colocataire. Plissant préalablement ses paupières pour mieux rechercher dans sa tête tout ce qui concernait ces détails. Il finissait par se souvenir qu’il avait communiqué avec une jeune femme de ce prénom, une appellation plutôt mémorable malgré son haut taux d’alcool dans son sang. « Oh, oui oui. » répondait-il en venant serrer la main que lui tendait la jeune femme. Il s’écartait de la porte, l’invitant ainsi à entrer. « Je suis désolé pour le désordre… » commençait-il en fermant la porte derrière elle. Il n’avait pas pris le temps de bien ranger, laissant comme le petit Poucet tout un tas de chose lui appartenant éparpiller dans les pièces communes. « J’avais un peu oublié ton arrivé. » avouait-il en venant frotter sa nuque de sa main, signe de son malaise. Elle n’était pas la première coloc qui répondait à son annonce, mais beaucoup ne restait que peu de temps chez lui. Trop bordélique, trop morose… ou tout ce qui pouvait décourager une femme de vivre avec un homme qui ressemblait plus à une ombre de lui-même qu’une véritable personne. Combien de temps celle-ci durerait-elle ? C’était une chose qui vient s’imposer à Karim, alors qu’il tentait un sourire en essayant de dissimuler son parfum de whisky.
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désolé pour le délai
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(#)Re: some kind of disaster (karim) Sam 4 Avr - 23:42
some kind of disaster (karim)
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