278 ✩ s.o.s. please, someone help me

[ mav & ken ]

someone come and rescue me
Kendall se souvient encore du choc lorsqu’il a accompagné Sharon à leur toute première échographie. La veille de ce jour fatidique, il se rappelle avoir attendu que son épouse s’endorme pour aller visionner des vidéos sur Internet. Il était angoissé à l’idée de ne rien comprendre des images affichées sur le moniteur de l’obstétricien, et il voulait à tout prix apprendre à distinguer toutes ces formes blanches sur fond noir. Mais, alors que Sharon était allongée sur la table d’auscultation, il se souvient de la vague de panique qui l’avait envahi lorsqu’il avait remarqué que leurs formes blanches à eux ne faisaient aucun sens comparées à celles qu’il avait étudiées jusque tard dans la nuit. Pris de sueurs froides, il attendait aussi calmement que faire se peut que la praticienne leur annonce que leur bébé n’était pas viable, qu’il présentait des malformations physiques et que malheureusement ils allaient devoir mettre un terme à cette grossesse. À aucun moment il n’avait pensé que ces petits nuages difformes ne pouvaient signifier autre chose que de malheureuses nouvelles. Et le verdict est tombé : Sharon et Kendall auraient des jumeaux.

Encore aujourd’hui, des années après leur naissance, Ken n’était jamais sûr de rien. Il procrastinait inlassablement sur ce qu’il pensait être les bonnes choses à faire, mais la plupart du temps il essayait surtout de faire de son mieux. Ce samedi soir, après que Polly et Jake aient redécoré la cuisine au moment du dîner, Ken s’était installé avec eux dans leur chambre pour les regarder jouer. Parfois, il arrivait qu’ils le sollicitent pour jouer avec eux, mais très souvent ils s’auto-suffisaient et oubliaient presque que Kendall était avec eux. Et justement, alors qu’ils jouaient ensemble à la dinette, le téléphone de Ken se mit à sonner. Un coup de fil de dernières minutes de la banque, un dossier à traiter en premier lundi matin. En tout et pour tout, la communication n’avait pas duré plus longtemps qu’un quart d’heure. Mais quand Kendall avait rejoint les jumeaux dans leur chambre, il avait l’impression que quelqu’un s’était faufilé par la fenêtre, échangé ses enfants avec des Gremlins, et que les fugitifs en avaient profité pour les arroser en repartant.

Comme il lui arrivait souvent de le faire, Kendall serra le téléphone encore dans sa main, puis en déverrouilla l’écran. Il parcourut son répertoire à la vitesse de l’éclair et s’arrêta sur le numéro de Maverick. D’une main tremblante, il composa un nouveau message, lequel lisait : S.O.S. Troisième Guerre Mondiale, puis il appuya sur envoyer.

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âge : 36 ans || 13.06.86

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w/ @ken christensen

Un ballon de basket entre les mains, il félicitait son équipe, ces nombreux jeunes à qui il offrait son soutien. Maverick ne fut pas un enfant agréablement chanceux dans les premières années de sa vie. Bien au contraire, il avait connu la misère, en avait souffert aussi. Par chance, il avait rencontré les bonnes personnes au bon moment. C’est ce qu’il espérait être pour ces jeunes avec qui il jouait au basket, des enfants de la rue, des jeunes que les parents ne prenaient même pas la peine de s’inquiéter d’où ils pouvaient être une fois la nuit tombée. Mav se montrait donc présent, à l’écoute et disponible au besoin, bouclant encore plus son horaire déjà bien chargé. À croire parfois qu’il était président – un piètre président sans doute – mais il jonglait plutôt bien avec tout ceci, ne trouvant pas à se plaindre de ces horaires présidentiels. Troquant le ballon pour prendre une bouteille d’eau, en lançant même quelques autres aux jeunes. Il discutait avec animation de ce prochain match amicale qu’ils allaient faire dans quelques semaines. Certain plus compétitifs que d’autres, le trentenaire les observait en silence, s’hydratant avant de reprendre la partie. Son portable vibrant dans la poche large de son bermuda, il en sortait l’appareil pour regarder qui pouvait bien lui écrire. Sans déverrouiller son écran, ses opales se posèrent sur le petit rectangle où le nom du destinataire s’affichait ainsi que le bref sms. Kendall – agrégé en Ken dans son portable. Ces deux blonds se connaissaient depuis des années, ils s’étaient à peu près vu grandir, tout du moins dès l’instant où Maverick avait repris une vie normal et beaucoup plus stable. Il l’avait vu au meilleur de sa forme, parlant d’avenir, se montrant amoureux, mais Mav avait aussi vu son ami dépérir, toucher le fond. Le sportif ne pouvait imaginer la perte d’une épouse, lui, il avait merdé après sa folle promesse de mariage à Jane. Jamais il n’épouserait quelqu’un, il le savait au plus profond de son être. Néanmoins, son regard toujours portés sur le petit écran, il fronçait les sourcils passablement inquiet de lire une telle chose. Se faisant tout un film en sachant comment Ken pouvait être au plus bas, prémices d’une troisième guerre mondiale selon lui. Il sautait en bas du banc où il avait posé ses fesses pour prendre la direction de la sortie du terrain. Quelques enfants hurlaient son nom, et réalisant son geste, c’est en faisant volte-face qu’il leur disait « J’ai une urgence. Vous pouvez continuer sans moi. Ne rentrez pas trop tard chez vous ! » les mettait-il en garde en prenant au passage ses quelques affaires et se dirigeant vers sa voiture. Sans répondre à son ami, il démarrait au quart de tour, laissant ses pneus crier leur départ. Roulant plus vite que permit, le châtain arrivait finalement au domicile de son ami d’enfance. Toquant à la porte de ce dernier, il semblait essoufflé, l’inquiétude marquant ses traits. Dans l’empressement, il toquait plus que de raison à la porte et n’attendait pas qu’elle soit pleinement ouverte pour laisser entendre sa voix. « Qu’est-ce qui se passe ! »

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Bien qu'il s'en sentait parfois honteux, Kendall était presque persuadé que la paternité n'avait rien d'un instinct inné, à contrario de la maternité. Il aurait aimé pouvoir se vanter d'être d'ôté de ce petit quelque chose. Se vanter de ce sixième sens qui ferait de lui un bon père, dans la mesure où il n'aurait qu'à suivre ses impulsions pour toujours faire le bon choix. Malheureusement, la parentalité n'avait rien de naturel pour Ken. Jusqu'à la naissance de Pollyanna et Jacob, il n'avait jamais eu à s'occuper de quelqu'un d'autre que lui-même. Oh, bien sûr ses parents lui avaient parfois demander de garder un oeil sur son petit frère, quand Peter n'était encore qu'un enfant. Mais cela n'avait rien avoir avec le fait de superviser un être humain miniature à temps plein. Kendall était reconnaissant d'avoir pu apprendre à le faire au près de Sharon, mais il regrettait aussi qu'on la lui ait enlevée si tôt, le laissant seul. Jeune Padawan, pas encore tout à fait prêt à devenir Jedi.

Quelques dizaines de minutes après que Kendall ait envoyé un message à son vieil ami Maverick, ce dernier se présenta à sa porte. Par chance, ses amis l'avaient toujours bien entouré depuis le décès de sa femme, et c'est pourquoi il se permettait de faire appel à eux lorsqu'il se trouvait si perdu qu'il ne savait plus par quel bout commencer. Et c'était le cas, en cette soirée déjà bien avancée. Avec un Jake excédé sous un bras, et une Polly inconsolable sur le canapé, Kendall alla ouvrir à son ami. « Merci, mec. Je suis vraiment désolé. » Il ne prenait pas pour acquis le soutien de ses amis, bien au contraire. Et la plupart du temps, bien qu'il ne l'avouerait probablement jamais, Ken se sentait tel le boulet de la bande. Celui qui a besoin d'être rassuré en permanence, tel un gamin paumé. « J'ai eu le dos tourné, quoi ? Dix minutes, tout au plus. Et je sais pas comment... » Agité, nerveux, Kendall relâcha Jacob. Sa soeur et lui pleurnichaient depuis si longtemps que leur père avait le sentiment que cela faisait des heures. « Il lui a coupé les cheveux. Genre... » Kendall attrapa une mèche de cheveux, longue d'à peu près huit centimètres, afin d'illustrer son propos. « Comment je rattrape ça, sérieux ? » L'analyste de crédit, tendu, fit quelques bons sur place avant de mordre son poing. Il avait conscience de l'absurdité de la situation, mais il n'en était pas moins perturbé.

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âge : 36 ans || 13.06.86

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w/ @ken christensen

Loin d’être fait pour gérer des enfants, Maverick accourait toujours sans prendre vraiment conscience de ce que pouvait être l’urgence. Il ne le réalisait qu’une fois que Ken ouvrait la porte, laissant une vague de pleure derrière le châtain qui résonnait à ses oreilles. Le sportif retenait une grimace. Si son ami l’avait appelé pour un souci de plomberie Mav aurait été bien plus en mesure d’apporter son aide. Quelque chose de manuel, c’était bien plus dans ses capacités que le babysitting, non pas que ce n’était pas dans les cordes du trentenaire, mais le bas âge des enfants de son ami restait un détail important quant sa capacité à être d’une grande aide. Cette urgence peut-être n’était pas ce qu’elle laissait paraître ? Une difficulté quelconque mêlée aux pleures de gamins simplement épuisés. Il était toujours possible de rêver ! « T’excuse pas. » répondait le châtain en posant un pied dans la maison. Après tout, qu’importe le problème, si on l’appelait il accourait sans se poser de question. Tel était Maverick Deckard. On pouvait considérer ces actes comme louables, mais bien souvent l’inconscience, cette impulsivité à répondre présent lui faisait se mordre les doigts. Et plus d’une fois il lui était arrivé de se les mordre. Relevant la palette de sa casquette, Mav regardait l’aîné déposer son fils sur le sol, se demandant bien où il voulait en venir. Pouvant s’attendre à absolument tout. En à peine dix minutes, il pouvait se produire tellement de chose avec des enfants. Il en savait quelque chose, des enfants, il en avait vu défiler dans son foyer d’accueil et parfois, il voyait ceux qu’il appelait parent s’en arracher les cheveux. Mais lui, il gardait ses distances, ça valait toujours mieux. « Coupé les cheveux ? » répétait-il en fronçant un sourcil. C’était simple, inutile d’être détenteur d’un doctorat pour saisir ce qui venait d’être dit ! En voyant la mèche coupée, le sportif étouffait un rire. Les enfants c’étaient cruels… Mais il ne pouvait éclater de rire face à cette situation alors que son ami semblait au bout du rouleau. Il ressentait la crise d’anxiété en approche… Se raclant la gorge, il essayait de comprimer son fou rire. « Mets-lui un bonnet. Ça finira par repousser. » disait-il avec une simplicité déconcertante. Une réplique digne du mec célibataire sans gosses… Ça semblait presque être une évidence sortant de sa bouche, comme si un simple bonnet pouvait corriger le tir en un tour de main… En toute franchise, c’était surtout ce que lui aurait fait s’il avait des enfants, par chance c’était pas le cas – du moins à sa connaissance. Réalisant qu’il ne pouvait pas laisser son pote faire avec un conseil aussi merdique, il entrait dans la maison fermant la porte derrière lui. Il devrait y mettre du sien, même s’il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il fallait faire dans ce genre de situation. « Allez, c’est pas si terrible. » confiait-il en lui tapotant l’épaule. Loin d’être vraiment franc – ne sachant surtout pas vraiment quoi faire – il regardait la mèche une fois de plus. « Tu pourrais lui couper les cheveux ? »

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