Kléa n’a jamais été dans le besoin, heureusement pour elle. Ses parents avaient la chance de très bien gagner leur vie, surtout sa mère et pouvaient garantir le terrain financier sur lequel la belle allait bâtir son empire. Mais, dès sa sortie du lycée, ces derniers lui ont proposé un marché, un échange pour que tous soient gagnants. Ils se chargeraient des grosses dépenses universitaires, elle s’occuperait du loyer et des dépenses quotidiennes. Une manière pour elle d’avoir déjà une vie active alors qu’elle poursuit ses études. Elle n’a jamais critiqué ce contrat, ne s’est jamais plainte. Peut-être lorsqu’elle avait trouvé un job pénible, qui ne lui convenait pas. Parce qu’elle les avait enchaînés. A un moment, elle distribuait le journal à la sortie du métro. Elle a rangé les livres de la bibliothèque. Elle a été caissière dans une supérette. Mais depuis quelques années maintenant, elle est serveuse dans un bar-salon de thé, travail qu’elle apprécie de jour en jour. Il y croisait des habitués chaleureux, des touristes timides, des enfants bruyants. Sur le papier, les journées se ressemblaient mais une fois dedans, chacune avait sa particularité. Une place qu’elle ne quittera pas de sitôt. Mais parfois, il lui arrive de faire des missions complémentaires, pour augmenter ses revenus. Du babysitting, des distributions de flyers ou encore du soutien scolaire. Parce que c’est pas toujours facile pour les étudiants. Entre les profs nuls et le manque d’aide qu’ils peuvent avoir en dehors, elle se pense bien placée pour guider ceux qui montrent quelques difficultés.
« Bah t’as réussi, bravo ! » Assise sur une chaise dans une chambre qui n’était pas la sienne, elle se concentrait sur le cahier, silencieuse. Soulignant avec la gomme de son crayon les lignes de calcul, elle suivait attentivement les étapes qui résolvait l’exercice. Kléa n’aimait pas les maths mais elle avait un esprit logique. Elle s’en est toujours bien sortie. Certains croient que son amour pour la technologie y est pour quelque chose, d’autres disent qu’elle ment pour se dédouaner. Le secret, c’est qu’elle était surtout très bien entourée. Entre ses parents qui ont fait de grandes études et son frère aîné qui est passé avant elle, elle pouvait demander de l’aide et recevoir une réponse assez rapidement. Quand ils étaient d’humeur, surtout. Le nombre de chantages qu’elle reçut de son frère, le nombre de tours de vaisselle qu’elle a pris à sa place pour qu’il l’aide avec ses problèmes de sciences. Elle s’est sûrement faite arnaquer plus d’une fois. « On fait une pause ? » Ca faisait plus d’une heure qu’elles étaient là à décortiquer les énoncés incompréhensibles du manuel scolaire. De quoi la replonger dans des souvenirs plus ou moins agréables, surtout des migraines. D’où l’importance de prendre du recul, de s’aérer l’esprit. « Tu sais ce que tu veux faire plus tard ? », demanda-t-elle à la jeune fille qui se trouvait à côté d’elle. Elle détache ses cheveux, laissant délicatement tomber les cascades brunes qui ornent son crâne. A son âge, Kléa n’en savait rien du tout. Elle aurait aimé cela dit, ça lui aurait permis de se focaliser sur des matières en particulier et d’éviter de se prendre trop la tête dans certaines, comme les maths.
Sa réussite scolaire était la condition sinéquanone pour poursuivre une activité de danse classique aussi intense, tant et si bien qu’elle mâchait certaines heures de cours. Concept de sport étude. Maya y mettait tous ses efforts mais parfois, il arrivait que dans certaines disciplines scolaires, les résultats ne suivent pas. Inquiète qu’on mette à exécution les menaces de faire cesser la danse à l’école, Maya avait pris les devants. Holly, une très bonne amie de son frère – n’était-ce pas plus, parfois, elle se le demandait -, connaissait quelqu’un qui donnait des cours. L’adolescente avait sauté sur l’occasion. Ainsi, les cours avec Kléa avaient débutés.
Maya ne retint pas un large sourire de satisfaction quand Kléa confirma qu’elle avait réussi l’exercice sur lequel elle concentrait toute sa réflexion depuis de longues minutes déjà. « Yes », s’écria l’adolescente en reculant de sa chaise à roulettes, les bras en l’air en guise de signe de victoire. « Merci Kléa, t’es la meilleure », dit-elle à son enseignante, un brin tout juste plus âgée qu’elle. Une pause était décrétée, au grand bonheur de l’adolescente qui proposa à sa professeur particulière de descendre se désaltérer et manger une sucrerie à la cuisine. Dans celle-ci, Kléa évoqua l’avenir de Maya. Elle opina du chef. Elle savait, oui. Mais elle hésitait entre une voie fiable et une, plus artistique, moins constante. « J’hésite, mais oui », répondit la jeune fille dans un premier temps. « Je ne sais pas si je veux faire du droit comme mon père ou alors, du stylisme ». Maya cousait déjà. Son chemisier, sur elle, était d’ailleurs l’une de ses créations. « Et toi, c’est dans quel optique que tu étudies ? », s’interrogea la brune.
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(#)Re: pléiade des songes - maya Mer 11 Mar - 16:00
Quand elle s’imagine à la place de son interlocutrice, elle revoit son propre parcours scolaire. Une attitude sérieuse, des résultats très bons avec quelques moments de turbulence. Parce que ça arrivait à tout le monde, parce que l’excellence constante n’existait pas. Si l’excellence seule existait déjà. Du coup, Kléa semblait être bien placée pour comprendre la situation de Maya. La sœur d’un ami de Holly, un joli prénom et d’après les dires de sa meilleure amie, une fille adorable. Elle ne pouvait pas refuser, après qu’on lui ait arrangé le travail. Si ça pouvait être aussi simple à chaque fois, elle engagerait Holly pour gérer ses opportunités professionnelles. Malheureusement, ici, ça ne semblait être qu’une simple coïncidence, la recherche de Kléa arrivant au bon moment. Et là voilà dans la chambre de Maya, à l’aider avec ses cours. « Ah non c’est toi ! Je crois qu’à ta place, j’y serais jamais arrivée. » Elle suivait la maîtresse des lieux, direction la cuisine pour s’offrir un encas avant de reprendre. « Wow, les deux sont de super choix. Mais c’est très différent, pour le coup. » Elle n’a jamais eu ce problème. Non pas parce qu’elle connaissait sa vocation au moment de faire des choix, mais bien parce qu’elle s’est tournée vers les études qui lui plaisaient le plus au temps t. Les études de droit. Peut-être que, si les circonstances avaient été différentes, elle aurait choisi autre chose. Peut-être qu’elle serait actuellement en train de travailler, après avoir fini un cursus court. Peut-être qu’elle aurait suivi un parcours complétement différent. D’un côté, elle se serait bien vue en train de faire ce qu’elle aime. Informaticienne ou vendeuse dans une librairie de bandes dessinées. Mais finalement, elle ne regrette pas son choix et se plaît dans ce qu’elle fait au quotidien. « Je fais du droit. Si tu veux je pourrais te donner des conseils si tu décides de faire ça ! » Elle sourit à son interlocutrice. Elle était déjà tutrice de quelques premières années à la fac et ça ne la dérangeait pas du tout. Parce que elle trouve ça normal d’aider son prochain après avoir été aidée par ce même système. « Y a de forte chance que je fasse du droit de tribunal. Être avocat, c’est vraiment badass. » Une perspective qui lui donnait de plus en plus envie. Déjà parce que ça restait un métier concret, un métier de justice et un métier utile. Elle ne pourrait pas être dans les services juridiques d’une entreprise, à défendre des intérêts capitalistes. Elle ne pourrait pas non plus être dans le notariat, c’est beaucoup trop matériel pour elle. « Si tu fais du droit, tu sais ce que tu voudrais faire toi ? », demande-t-elle curieuse. L’idée qu’elle la suive aussi à l’université lui plaisait bien, parce qu’elle l’appréciait déjà cette fille. « Et dans le stylisme, tu veux être créatrice ? Ou peut-être mannequin ? » Un sourire aux lèvres, Kléa abordait le sujet avec douceur. Parce qu’elle n’aurait pas voulu qu’on la brusque, qu’on décide pour elle. Décider pour son avenir doit être personnel. En tous cas, pour elle.
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(#)Re: pléiade des songes - maya Lun 16 Mar - 23:06
Maya ne fut pas surprise d’apprendre qu’une jeune femme brillante comme Kléa étudiait le droit. Une de ses options pour l’avenir, par ailleurs, puisqu’elle-même hésitait à suivre cette orientation, la même que son père, brillant avocat du barreau local. C’était la réussite incroyable de son père et son renom dans le milieu qui inspirait majoritairement Maya. Mais avait-elle le cœur assez solide et accroché dans la cage thoracique pour supporter de défendre, parfois, le mal et le réprehensible ? Sur cela, Maya avait de nombreux doutes. « Je ne sais pas, sûrement comme mon père », répondit Maya. « Il est avocat aussi alors si un jour, tu recherches un stage, n’hésites pas à lui demander ». Un sourire. Pour elle, ça semblait un juste retour de l’aide que Kléa lui fournissait pour réussir dans sa scolarité de lycéenne.
« Plutôt dans la création, la confection », répondit Maya. Déjà, le grenier familial, ou tout du moins un coin, ressemblait à un véritable atelier avec des bouts de tissus, des chutes. Il n’était pas rare d’y trouver une aiguille égarée ou un fil perdu dans les mailles du tapis qui réchauffait élégamment le sol de cette pièce hostile de réputation. « C’est moi qui ait cousu mon chemisier », indiqua-t-elle. Absolument pas dans l’optique d’un compliment ou d’un quelconque retour positif. Simplement pour montrer à Kléa ce qu’elle faisait. Maya sortit un paquet de gâteaux d’un placard. Les pâtisseries faites maison de sa mère lui manquait mais à défaut, elle avait tout de même quelque chose à se mettre sous la dent lorsqu’elle avait un petit creux. Elle ouvrit le paquet et le tendit à Kléa avant de prendre une gourmandise pour soulager son propre appétit. « Je préférais le stylisme mais je me dis que l’avenir y est moins certain, plus … compliqué ».
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(#)Re: pléiade des songes - maya Mar 17 Mar - 8:34
A la différence de Maya, Kléa ne se voyait absolument pas dans un domaine artistique. Non pas parce qu’elle est insensible, mais bien parce qu’elle ne se sentait pas vivre une telle expérience. Pour elle, ça paraissait complétement aléatoire, hors de contrôle. Et ça, ça serait une source d’angoisse supplémentaire dont elle n’avait pas besoin. Le droit, même si elle se dirigeait dans une carrière d’avocate et que les bouleversements animent souvent les tribunaux, restait une voie vers laquelle la belle avançait sereinement, sans trop se poser de questions. « Le droit dans les gènes alors ! » Elle abaisse son regard, comme gênée par la proposition de son interlocutrice. « Je sais pas, déjà que tes parents me payent, je me vois mal leur demander une faveur. » Les stages, ça faisait partie de son cursus, comme dans beaucoup d’autres. Et pour en obtenir un de bonnes réputations, la compétition était rude. Entre ceux qui misaient sur l’influence de leurs parents et ceux qui mettaient le plus en valeur leur candidature pour espérer avoir le poste, Kléa fut rapidement submergée par toutes ces stratégies. En se posant calmement pour y réfléchir, la belle avait décidé d’appeler tous les cabinets un à un, l’annuaire numérique sous les yeux, pour dévoiler sa motivation de vive voix. Et ça a fini par payer, puisqu’elle a pu avoir un stage plutôt rapidement, heureusement. Attrapant de ses doigts l’une des sucreries que Maya lui tendait, cette dernière ne tardait pas à lui remplir la panse. Même si c’était les devoirs de la jeune fille, Kléa ne manquait pas de réfléchir comme si c’était les siens. Et puiser dans ses neurones, ça donnait faim. « Oh mais c’est trop beau ! » Elle fixe alors le vêtement de son interlocutrice, impressionnée. « J’allais justement te demander où est-ce que tu l’avais acheté. » Même si la belle passait la plupart du temps devant un écran, ça ne l’empêchait pas d’être coquette et surtout dépensière. « Tu prends des commandes ? », demande-t-elle avec un grand sourire. Elle aurait certainement mieux à faire, à se focaliser sur ses études et à garder ses loisirs pour elle. Quelque chose qu’elle a fait et qu’elle comprend totalement. « Honnêtement, si tu cherches la stabilité, c’est sûr qu’il faudrait mieux choisir le droit. Mais si t’es plus attirée par le stylisme, tu devrais pas te mettre de barrières. » Parce qu’elle au moins a déjà des idées concernant sa future profession. Alors que la Kléa d’il y a quelques années était complétement perdue. « T’as encore un peu de temps pour te décider. »
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(#)Re: pléiade des songes - maya Sam 28 Mar - 20:26
Maya n’estimait pas que ce soit spécifiquement dans ces gênes. C’était simplement qu’elle entendait parler du milieu du droit depuis toujours puisque c’était le quotidien – pour le moins très envahissant – de son père. Ce quotidien rythmait autant les conversations de ce dernier que ces absences, souvent pesantes pour la jeune femme. Malgré l’âge dit ingrat de l’adolescence, elle éprouvait un manque de son père. Cela contrastait avec la présence très forte de sa mère ; toutefois, depuis plusieurs semaines déjà, il n’y avait plus ni l’un ni l’autre à la maison. Cela pesait énormément sur le cœur de l’adolescente mais elle le taisait. « Tu sais, mes parents ne regardent pas à cela : ils souhaitent sincèrement la réussite de leurs enfants et de tous les jeunes, globalement ». Il fallait le dire : l’argent n’était pas un problème chez les Gardner, non plus, notamment quand il s’agissait de la réussite des enfants. Kléa faisait un travail concluant : raison de plus de potentiellement l’aider.
L’enthousiasme de Kléa sur sa création lui va droit au cœur et un très large sourire s’afficha sur les lèvres de la brune âgée de seize ans. Elle sentit ses joues rougir sous le coup des compliments de Kléa qui pensait que Maya l’avait acheté. Non, c’était le fruit de son talent, de ses doigts habiles avec une machine à coudre et pour les finitions les plus subtiles, à la main. « Je peux toujours, si cela t’intéresse ». En fait, l’idée l’intimidait car hormis pour Austyn, sa meilleure amie ou sa mère, Maya n’avait jamais rien cousu pour quelqu’un d’autre. L’idée était plaisante même si cela lui mettait une certaine pression. « Et cela me ferait très plaisir de te coudre quelque chose ! »
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(#)Re: pléiade des songes - maya Lun 30 Mar - 9:36
Malgré l’exigence que ses parents peuvent avoir, Kléa n’a jamais de problèmes avec eux concernant son parcours scolaire. Peu importe le domaine dans lequel elle allait travailler, cers derniers ne voulaient qu’une seule chose, qu’elle figure parmi les meilleurs. Une détermination sans faille qui parfois l’étouffait, lui faisait dire qu’elle ne pourrait pas atteindre leurs attentes. Parce qu’elle est comme ça, la belle. Partagée entre la volonté de bien faire et le manque de confiance qui la caractérise. Fragilité qui se manifeste un peu plus ces dernières temps, l’insécurité qui la fait frissonner au réveil. Mais elle fait mine de rien, pour ne pas éveiller les soupçons. Parce que s’il y a bien quelque chose qu’elle ne veut pas faire, c’est inquiéter ses proches. Ses amis comme sa famille. « Mieux vaut avoir des parents comme ça que le contraire. Heureusement les miens aussi sont plutôt cools. » D’un côté, Kléa se disait qu’avec le droit, elle ne prenait pas trop de risques. Ses parents idéalisaient d’une certaine manière certains cursus mais si, comme son interlocutrice, elle se dirigeait dans un domaine artistique, elle aurait reçu le même soutien qu’aujourd’hui. « Ça se passe bien avec ton frère ? » Au milieu de deux garçons dans sa fratrie, Kléa n’a jamais eu à se plaindre, mis-à-part les quelques disputes qui peuvent se glisser entre eux. En tout cas, elle ne connaissait pas le frère de Maya mais s’il est l’ami d’Holly, c’est qu’il devait être assez sympa. « On a un arrangement alors. » La belle tend sa main à l’adolescente, comme deux chefs d’entreprise qui dégotaient le meilleur contrat du trimestre. D’un coup, elle s’imaginait égérie des créations de son interlocutrice, idée qui l’amuse puisque pas du tout prise au sérieux. « Qu’est-ce que tu sais faire ? » Kléa marque une pause avant de reformuler. « Enfin, qu’est-ce que tu serais apte à me faire porter ? » Elle n’avait pas un corps qui la complexait mais elle n’était pas confiante pour autant. Elle aurait voulu quelques centimètres de plus, elle aurait aimé avoir de plus longues jambes. Quelques choses qui la gênaient mais qui ne l’handicapaient pas au quotidien. « Je peux te demander ce qui t’as donné envie de coudre ? » Une activité plutôt insolite pour une fille de son âge, tout comme Kléa avec les comics et les jeux-vidéos. Passion que l’on réservait surtout aux garçons et pourtant, ça ne l’a jamais freinée dans sa passion. Parce que finalement c’était ça l’enjeu. Ne pas se laisser influencer par ce que la majorité des gens font, ce que les autres veulent qu’on fasse. Se fermer du regard extérieur, se forger sa propre ambition.
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(#)Re: pléiade des songes - maya Jeu 23 Avr - 21:58
Puis finalement, Kléa posa la question fatidique. Comment cela se passait avec son frère ? Était-elle au courant de quoi que ce soit puisqu’indirectement, elle fréquentait le même cercle amical ? Maya étudia la question, savoir si elle devait répondre ou pas. N’était-ce pas un risque qu’elle s’ouvre sur ses disputes et incompréhensions avec Elio et qu’elle aille le lui répéter ? Elle hésitait. Mais Kléa avait un bon fond, Maya en était convaincue. « Je ne sais pas trop », finit par répondre l’adolescente après une hésitation certaine. C’était la vérité. Jusqu’à maintenant, ils avaient eu une relation fraternelle absolument parfaite mais depuis le départ de leur mère, tout s’était dégradé et la communication était devenue inexistante. Elle haussa les épaules alors que son regard d’ordinaire si pétillant se voilait d’une once de tristesse. Où était passé son aîné, son confident, son presque jumeau malgré quelques années d’écart ? Il était devenu une tornade, un mélange de colère et d’agressivité, loin du frère doux et attentif qu’elle avait toujours connu. « Je n’ai pas l’impression qu’il aille très bien. Tu n’as rien remarqué d’étrange, toi qui le cotoie un petit peu ? », finit par demander la brune.
La discussion sur le stylisme et la couture lui réchauffa tout aussi vite le cœur. Un léger sourire s’afficha à nouveau sur le visage de Maya. « Tu peux absolument tout porter avec une silhouette comme la tienne, Kléa ! ». Elle était grande, élancée, avec des formes où il fallait. C’était typiquement un modèle parfait pour des créations de tailles standards. « Des robes, ça serait le must ! » compléta l’adolescente avec enthousiasme alors qu’elle réfléchissait à la réponse à donner à la question de sa professeure. C’était venu ainsi, naturellement. Peut-être la volonté de se démarquer des motifs trop communs, des modèles trop vus et revus ? Maya n’y avait jamais songé, au fond. « J’en sais trop rien. Peut-être l’envie de porter des choses que les autres n’ont pas », répondit la brune.
Elle observe la mine tracassée de son interlocutrice après qu’elle ait posé sa question. Réaction qui la faisait regretter sa question. Elle aurait pourtant pensé que la réponse allait être positive. Les deux semblaient partager beaucoup de choses et à l’image de leur détermination, Kléa pensait que la relation entre Maya et son frère était plutôt bonne. La belle était privilégiée, avait la chance de vivre dans une famille soudée et une fratrie où la cohésion était indéniable. Même si ses deux frères peuvent avoir des tensions récurrentes, le trio finissait toujours par se retrouver, à faire la part des choses. Du coup, elle se sentait gênée, aurait aimé ne pas lui poser cette question. Mais à preuve du contraire, remonter le temps n’est possible que dans la science-fiction. « Je le connais très peu, en réalité. Je l’ai déjà vu mais je ne lui ai jamais vraiment parlé… » Même s’ils avaient des amis en commun, ils n’ont jamais vraiment eu de conversation, n’ont jamais su trouver des atomes crochus. Une connaissance, un garçon qu’elle connait de vue. Mais elle a dans son cercle très proche quelqu’un qui pourrait lui donner les informations que la lycéenne recherche. « Par contre, je peux en parler à Holly. Tu as essayé avec elle déjà ? » L’avantage de vivre en colocation avec la concernée est de pouvoir la questionner et recueillir ses réponses très rapidement. L’atmosphère s’allège lorsque les deux abordent les activités créatives de Maya, de quoi éveiller l’admiration de Kléa. Jamais elle aurait la délicatesse et la patience de manipuler aussi finement le textile, peu importe l’intensité et la motivation qu’elle pourrait avoir. La subtilité, elle ne la connaît que quand elle joue aux jeux-vidéos, lorsqu’elle développe des stratégies qui la mèneront directement à la victoire. Un sourire après la compliment de la lycéenne, elle n’a pas l’habitude d’en recevoir à part de sa famille. Une mine gênée, elle parvient tout de même à se recentrer, particulièrement intéressée par le loisir de son interlocutrice. « Je te fais confiance là-dessus ! Ça te prend combien de temps en moyenne ? » Elle imaginait plusieurs heures, voire plusieurs jours si la couture était peu compatible avec son emploi du temps. « J’ai hâte de voir ce que tu as déjà fait ! » Les dires de la jeune fille lui faisaient imaginer des pièces incroyables. Une question vient de nouveau se glisser dans ses pensées. « Je ne sais pas si ça existe mais tu es dans un club ? Tu fais des compétitions ? » Ça ne lui paraissait pas complétement absurde. La cuisine, la lecture, même les jeux-vidéos en avaient. Pourquoi pas la couture.
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(#)Re: pléiade des songes - maya Ven 1 Mai - 18:50
La situation de son frère perturbait beaucoup Maya. Elle s’inquiétait autant pour lui à titre personnel que pour leur relation qui jusqu’à présent, avait toujours brillée de complicité et de rires. Depuis peu, ils s’échangeaient des cris et se claquaient des portes au nez – du moins, lui -. Maya terminait la plupart de leurs entrevues en pleurant, choquée, sonnée, par le comportement de son frère qui entrait pourtant dans l’âge adulte et aurait du terminer sa crise d’adolescence depuis un moment. Kléa la conseilla d’en parler éventuellement avec Holly. L’idée n’était pas mauvaise en soit mais Holly connaissait Maya, plus que Kléa et elle craignait qu’elle ne pose trop de questions. Maya se mordilla la lèvre inférieure, arrachant une peau sèche tout en cogitant. Après tout, que risquait-elle de plus à en parler à la blonde qu’en parler avec sa professeure particulière ? Pas grand-chose. « Je vais lui envoyer un message, tu as raison. Si elle t’en parle, tu pourrais me le dire, tu crois ? », demanda poliment l’adolescente.
Kléa continua de la questionner sur le stylisme et sur ses créations. Cela touchait Maya que l’on s’intéresse à ce qu’elle faisait en percevant cela autrement que des bouts de tissus. Elle souriait, éclatante, resplendissante de joie. « Tout dépend du modèle, du tissu… de ma concentration, aussi », plaisanta la brune. « Parfois, le tissu glisse et ça rend tout ça très chiant ». Souvent, Maya terminait par perdre patience, par jurer, grogner voir pleurer de frustration mais au final, elle se reprenait et parvenait à faire quelque chose de correct même si à son sens, ce n’était pas suffisamment convenable. Maya sortit son téléphone et cliqua sur l’une de ses applications fétiches, Instagram. Elle tendit l’écran vers Kléa afin qu’elle découvre son compte lié à la couture. « Je n’ai pas vraiment le temps d’un club de couture ou de stylisme avec la danse », expliqua Maya. Elle dansait à haut niveau depuis quelques années déjà, bénéficiant même d’un aménagement de classe particulier pour lui permettre de continuer à suivre des entraînements intenses et intensifs. « Et toi, Kléa, t’as des hobbies particuliers ? », s’interrogea la brune.
Elle sait ce que ça fait de s’inquiéter pour un proche, encore plus pour un frère. Kléa sait que ce n’est pas tous les jours facile pour sa fratrie, certains doivent se confronter à plusieurs problématiques et parfois, la belle se sent impuissante, comme si elle était trop éloignée pour pouvoir les aider alors qu’elle était leur sœur, qu’elle était sensée être là pour ça. Des situations qui l’angoissaient, qu’elle a du mal à gérer. Donc elle imagine ce à quoi la jeune fille peut penser. « Je pense qu’elle te dira tout ce qu’elle sait, mais oui, pas de souci ! » Holly elle est ce genre d’amie sur laquelle on peut compter, ce genre de personne qui trouvera toujours les bons mots pour rassurer autrui. Si la lycéenne lui fait part de ses inquiétudes vis-à-vis de son frère, Kléa est pratiquement sûre qu’elle lui donnera des réponses. « Mais tu verras, tout va rentrer dans l’ordre. » La belle et sa positivité, l’optimisme dans les veines. C’est important de voir le bon côté des choses sans pour autant se voiler la face. C’est une manière de focaliser son énergie pour que le bon côté s’exacerbe, pour que le mauvais côté devienne presque négligeable. « Bon bah je te demanderais pas de me faire des vêtements avec du tissu qui glisse alors ! » Elle regarde le téléphone de son interlocutrice, scrutant son feed avec attention. Elle repère plusieurs pièces – si ce n’est toutes – et cliquent pour pouvoir les voir sur grand écran. « Wow… T’as vraiment du talent. Attend je m’abonne. » La belle sort son téléphone de sa poche, ouvre la même application et écrit le pseudonyme de la créatrice pour retomber sur la même page. Elle martèle la cadre pour recevoir les notifications quand Maya postera ses nouvelles œuvres. Les pluies de cœur dans les commentaires, ça sera elle. « Oh ouais, j’en ai même pas mal ! J’aime bien les jeux-vidéos, les séries, la musique, la technologie en général. Les comics, tout ce qui touche aux super-héros, je suis une vraie geek. Et la nourriture, surtout les plats d’Amérique latine. » Il suffisait qu’elle y pense pour qu’elle montre un grand sourire. « Si t’as un souci avec ton ordinateur, si tu veux une analyse du dernier Marvel qui sort au ciné ou si tu veux une recette de fajitas, tu m’appelles ! », dit-elle, altruiste.
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(#)Re: pléiade des songes - maya Dim 10 Mai - 11:56
L’optimisme de Kléa te réchauffe le cœur, légèrement. Tu offres un sourire à la jeune femme, espérant qu’elle ne se trompe pas et que ton frère va avoir un meilleur comportement dans les semaines à venir avec toi comme avec vos parents. Il en va de votre équilibre familial et fraternel mais aussi du tien ; tu l’aimes tant, ton aîné.
Tu montres à Kléa tes créations et sa réaction, que tu sens réellement sincère et spontanée, te fait plaisir. Tu as rarement des retours sur ce que tu fais certainement parce qu’hormis un Instagram anonyme et les gens qui te demandent dans quel magasin tu achètes tes pièces, tu n’en parles pas vraiment. « Merci », tu réponds, timide et humble. Cela te touche réellement car cette fois, c’est extérieur à ta famille ou tes amis. C’est quelqu’un d’autres qui te complimente ou du moins, qui apprécie ton travail de couture. A ton tour, tu t’intéresses aux hobbies de Kléa qui sont, on ne peut le nier, divers et variés. Tu es étonnée par certains, que tu associerais plutôt à l’univers masculin ; c’est surprenant. « Il y a un nouveau cuisto au restaurant sur Marigny, c’est un latino et il propose parfois des plats de sa gastronomie », tu expliques à Kléa, te disant que l’information peut être bonne à prendre. Tu y as mangé, l’autre midi, avec Austyn puis une autre fois, avec ton père. La cuisine est goûteuse et le prix, plus qu’abordable pour un budget étudiant – qui peut parfois s’avérer compliqué, tu en as conscience -. « Je t’avouerai que je suis souvent toute seule à la maison alors pour l’instant, mon ami c’est plus Uber Eats que la plaque de cuisson », tu plaisantes.
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(#)Re: pléiade des songes - maya Mar 12 Mai - 13:43
La vérité dans tout cela, c’est que Kléa se sentait un peu impuissante. Elle ne connaissait pas le frère ainé de Maya et connaissait encore moins la situation. Le mieux qu’elle puisse proposer était d’en parler à Holly, son amie qui est aussi proche du concerné. Elle a toujours été une oreille attentive et une épaule sur laquelle on pouvait compter lorsqu’on avait un souci quelconque. Elle est certaine qu’elle pourrait aider l’adolescente à comprendre ce qui se passe concernant son frère. La belle a connu quelques périodes de discorde avec ses frères, des disputes banales à propos de choses qui n’en valaient certainement pas la peine. Lorsque le noyau menaçait d’imploser, le trio finissait toujours par se poser et déterminer la cause et la solution à cette situation. Elle espérait qu’elle finirait pas faire de même avec son frère. La famille, c’est un lien beaucoup trop précieux. Elle ne pourrait s’imaginer sans ses frères, ses parents autour d’elle. Une connexion profondément ancrée. De même pour les amitiés. D’ailleurs, elle adorerait ajouter Maya dans son cercle proche, maintenant qu’elles seront amenées à se côtoyer régulièrement. « Latino ? Qué calor. Tu sais d’où il vient exactement ? Qu’est-ce que t’as mangé là-bas ? C’était bon ? » Kléa est curieuse, une fois qu’un sujet l’intéresse, elle noie son interlocuteur sous des tonnes de questions, les réponses qui lui font plaisir. « Tu n’es plus seule maintenant ! C’est décidé, maintenant, en ma présence, tu ne pourras plus compter sur tes applis et sur les livraisons. On va demander si ce nouveau cuistot veut bien nous donner quelques recettes et on tentera de les reproduire. » Un grand sourire aux lèvres, elle plaisantait. Mais si la jeune fille décidait de prendre ça au sérieux, Kléa la suivrait. Elle aime bien passer du temps en cuisine, même si le résultat n’est pas toujours concluant. « Y a un style de cuisine que tu préfères ? » La belle n’a jamais été difficile en termes de nourriture, mis à part quelques spécialités trop épicées ou d’autres qui la répugnent. « Moi j’avoue, le Macdo, c’est mon point faible. » Et les autres chaines de restauration rapide. Les hamburgers, les frites, les sodas. Plats simples et gras, mais qui finissent toujours par satisfaire son estomac. Et au final, c’est ce qui comptait pour elle.
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(#)Re: pléiade des songes - maya Dim 14 Juin - 21:12
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