Sans un bruit... [Jordan}

Sans un bruit...

Je n'aurais jamais pensé pouvoir éprouver autant de satisfaction à revoir cette maison qui n'était pas encore tout-à-fait mienne. Enfin... C'était en train d'être le cas, en tout petit à petit. Les cartons s'accumulaient dans le hall d'entrée, les escaliers, et toutes les pièces de la maison que je pouvais voir sans avoir trop à me déplacer pour le moment. D'un plâtre j'étais passé à une atèle du pied remontant jusqu'au genou pour mieux pouvoir commencer ma rééducation le plus tôt possible, ainsi qu'à mon bras. Pour le reste, tout était en bonne voie. Mes coucougnettes épargnées aussi se portaient comme un charme, merci Susan de me l'avoir demandé ! D'ailleurs en parlant de ça...

« Jordan n'est pas là ? » Demandais-je à mon père, qui était auprès de moi dans le hall d'entrée.

« Pourquoi ? Elle te manque encore ? » Ironisa-t-il.

Un sifflement de dédain s'échappa entre mes lèvres.

« Prends pas tes rêves pour des réalités. Le jour où elle me manquera n'est pas prêt d'arriver. » Répondis-je avec humeur.

Et bien, en réalité, ce jour était arrivé depuis for longtemps. A l'hôpital puis, dès à présent, à chaque bruit qu'il y avait dans cette maison, je me retournais en espérant que ça soit elle. Et quand enfin son visage m'apparût lorsqu'elle sortit de sa chambre, je ne pus retenir un sourire aimant qu'elle seule ne put voir. Lorsqu'elle descendit les escaliers pour arriver à notre niveau, j'entrouvris la bouche pour parler mais mon père me mit aussitôt une main devant celle-ci pour m'empêcher d'en placer une. Percher sur mes béquilles, je me dégageai en râlant :

« Eh, qu'est-ce que tu fous, là ?! »

« Je préviens les insultes. »

« Les insultes ? Merci, je suis un minimum civilisé, j'allais lui dire bonjour ! » M'écriais-je, ce qui le fit rire avant qu'il ne me dise :

« Bon, et bien maintenant c'est fait. Viens, on va emménager ta chambre. »

Je hochai la tête d'un air désespéré, puis m'éloigner avec lui en faisant un geste du doigt à Jordan pour lui dire qu'on se verrait plus tard.

Montant à l'étage puis m'asseyant sur mon nouveau lit, peut-être plus grand encore qu'un lit deux places classique, je voyais mon père s'afférer à m'expliquer ce que contenait chaque carton pour que la tâche soit plus facile pour le pauvre handicapé provisoire que j'étais. Mes instruments de musique reposaient déjà dans un vaste coin de la pièce. Lui expliquant sans relâche que je trouverai très bien tout seul, il continuait à s'évertuait à tout m'expliquer de A à Z alors que je soupirai de fatigue. Soudain, une idée de vain.

« Tu m'excuses ? Une vie pressante. J'arrive. »

Mon père acquiesça et je me retrouvais "libéré, délibéré". Essayant de ne pas faire de bruit avec mes béquilles, je frappais doucement à la porte de la chambre de Jordan, située à l'autre bout de la maison, dans le couloir ouvert donnant sur le hall. Mais rien, pas de réponse. Soudainement, j'entendis une voix forte s'écrier :

« Tu cherches Jordan, mon beau ? Elle est en bas, elle m'aide à la cuisine ! » Me demanda Susan en train de pâtisser, ustensiles à la main.

Et merde !!!

Levant les yeux au ciel, je me demandais franchement si j'étais maudit. Lorsque je vis Jordan sortit de la cuisine, intriguée, je répondis bêtement :

« C'est rien, c'était juste... Une question par rapport aux cours de... Un peu de tout, j'ai pas mal manqué, m'enfin... On verra plus tard, si elle le veut bien. Je vous laisse. »

Putain, mais j'ai la poisse...

La soirée arriva plus vite que prévue. Depuis mon hospitalisation j'avais du mal à me nourrir, mais selon les médecins cela reviendrait rapidement. Après tout, le choc avait été violent et mon corps avait été largement traumatisé.
Sortant de table, déprimé au fond de moi de n'avoir pas pu partager ne serait-ce qu'une seule seconde avec Jordan, je saluai tout le monde et comptais sur mes muscles très développés pour monter les escaliers en prenant appuis sur mes blessures sans trop souffrir, afin de retrouver ma chambre, me déshabiller, changer de boxer pour un nouveau et commencer par m'endormir presque nu tant il faisait chaud. Allongé sur le ventre, je pensais à la journée qui m'attendait demain : kiné à domicile pour faire des exercices de rééducation en tout genre pour commencer le travail. Ça va piquer...

lumos maxima

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Hayden & Jordan

Hayden était enfin sorti de l'hôpital et le déménagement approchait à grands pas. Il était surréaliste de penser au fait que la paire partagerait le même domicile et qu'il deviendrait ainsi impossible de se cacher chez l'un ou chez l'autre ; ils devraient ainsi songer à des façons ingénieuses de se faufiler et éviter d'être pris sur le fait par leurs parents. Quelle serait leur réaction s'ils venaient à les surprendre? Jamais Jordan ne voudrait envisager une telle situation. Elle savait trop bien que sa mère prendrait la nouvelle comme une violente claque.

Les deux étudiants ne s'étaient pas beaucoup vus. Certes, la blonde essayait de visiter Hayden à l'hôpital lorsqu'aucun de ses parents n'y étaient et que son horaire lui permettait. Il était donc difficile de pouvoir y passer un peu de temps. Aux yeux de leurs parents, leur relation n'était pas des plus amicales et il était ainsi injustifié qu'elle y passe tout son temps sans qu'ils ne posent de questions. Néanmoins, ils s'échangeaient souvent des textos - certains plutôt torrides - mais rien ne leur permettait de se toucher, de s'embrasser et de se nicher dans les bras de l'un et l'autre. Ces deux dernières semaines avaient ainsi été des plus longues. Chacun devait s'affairer à organiser le déménagement, d'autant plus qu'Hayden devait guérir de ses blessures. Jordan s'était au moins proposée de le conduire ici et là pour le dépanner, sachant très bien que sa moto avait pris la route de la féraille. Elle avait hâte de le revoir, hâte d'être seul à seul avec lui et de ne plus agir en fausse soeur emmerdée.

Le jour J étant arrivé, elle aidait sa mère à l'étage. Les deux femmes n'avaient pas chômé à essayer de créer de l'espace pour que les deux hommes puissent confortablement s'installer dans la maison. Aidée par sa mère, elle avait fait le tri et ranger les choses de son père qui étaient entreprosées dans la nouvelle chambre d'Hayden. Les deux femmes avaient versé quelques larmes, causées par un tsunami de souvenirs désormais lointains.

Jordan et Hayden n'étaient pas parvenus à passer ne serait-ce qu'une seconde ensemble. Chaque moment où l'un ou l'autre avait l'espoir de se parler était perturbé par une nouvelle tâche et des boîtes qui s'empilaient sans cesse. Le soir venu, l'étudiante se mit au lit sans même avoir pu lui parler. Tournant d'un côté et de l'autre, elle ne parvint pas à trouver sommeil. Ses yeux se posèrent sur le cadran perché sur sa table de chevet. 2h10. Elle soupira. Elle avait besoin de ses bras, besoin d'être avec lui pour dormir. Décidée, elle s'extirpa de ses draps et sortit de sa chambre en catimini sous le regard intrigué de Dax qui était couché sur son lit.

Traversant sur le bout des orteilles l'entièreté du couloir, elle rejoignit la porte de la chambre d'Hayden et l'ouvrit en tentant de minimiser les grincements. Sa chambre étant légèrement éclairée par les lueurs de la lune, elle ne put s'empêcher de contempler le corps d'Hayden. Les couvertures ne couvraient que ses cuisses, dévoilant ainsi son torse entier. Jordan se mordit la lèvre. Ils n'avaient pas couché ensemble depuis des lustres et malgré ses blessures, elle avait particulièrement envie de lui. Habillée que d'une petite culotte, elle s'approcha de lui et passa ses jambes autour de son corps pour s'assoire sur ses cuisses tout en prenant soin de ne pas écraser sa blessure qui guérissait. Tout doucement, elle commença à couvrir son cou et son torse de tendres baisers.

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Sans un bruit...

Pouvoir dormir dans une maison où la climatisation était équipée était une immense privilège. Loger aussi dans une chambre où un lapin, continuellement bruyant, ne résidait plus car je m'étais résolu à le donner à la petite fille des voisins avant de partir pour pouvoir être tranquille était aussi un bon bénéfice. Bref, à présent que la nuit était tombée et que je n'avais pas eu une seule seconde pour demander autre chose à Jordan que de me passer le sel lorsque nous fûmes à table à vingt-et-une heure, je me résolus à aller me coucher.

Montant péniblement les marches, je fis une courte pause dans les escaliers aussi blancs que la neige pour me faire craquer les doigts et me dégourdir les mains, ces satanées béquilles devenant aussi supportables d'une scie à métaux entre mon pouce et mon index. Bien entendu, en tant que musicien il était impératif que j'évite les entorses ou tendinites de fatigue à force de tirer dessus en me baladant à droite et à gauche.

Bref, quelques instants plus tard, j'arrivais à bon port. Jetant mes béquilles avec négligence dans un coin de la pièce, je retirai ma chemise ouverte bleu ciel dont les manches m'arrivaient aux trois-quart ainsi que mon tee-shirt blanc en dessous que je mis dans le petit panier de linge sale au coin de la pièce. Puis, m'asseyant sur mon lit, je retirai mon atèle pour ma jambe, et fis passer mon pantalon et mon boxer qui atterrirent au même endroit. Nu comme une statue grecque, je boitillai jusqu'à mon placard et attrapai un boxer bleu nuit que j'enfilai en me rasseyant sur mon lit, faute de pouvoir tenir en équilibre. Jetant un œil à ma montre, je constatai qu'il était déjà vingt-trois heure douze. Bon, ben... Bonne nuit, moi-même. M'allongeant sous mon drap simple pour ne pas avoir trop chaud, je m'endormis comme un loir...

J'attendais, adossé à la cabine d'essayages, les bras croisés. Lorsqu'elle sortis, je tournais la tête, et adoptais une moue dubitative.

« Hmm... Je ne sais pas. La forme te va super bien, mais la couleur... »

Elle fut d'accord avec moi, puis se dissimula à nouveau derrière le rideau. Au bout de quelques instants, je l'entendis glousser de rire. « Et là ? » me demanda-t-elle. Elle entrebâilla le rideau, me laissant découvrir un ensemble de sous-vêtement transparents, me rendant aussitôt terriblement fou. Elle attrapa ma main pour me faire à mon tour entrer dans la cabine avec elle, et commença à me caresser, embrassant mon cou et mon torse alors que je sentais aussitôt mon corps se transformer sous l'effet de l'excitation.

« T'es folle ma princesse... Pas ici... » Riais-je tout en commençant à haleter, sentant ces sensations devenir de plus en plus fortes. De plus en plus... réelles.

M'éveillant, mes yeux s'ouvrirent sur la silhouette de Jordan, assise à califourchon sur moi. Un large sourire se dessina sur mes lèvres. Passant une main dans mes cheveux noirs d'ébène ondulés; je tournai la tête vers le réveil et lui demandai :

« Tu n 'es pas censée dormir, toi ? »

Mes yeux ténébreux la dévisageant de son visage de princesse en glissant sur sa poitrine dénudée aux tétons durcis, son ventre parfaitement plat puis sa petite culotte qui était son seul vêtement pour la nuit, je lui dis :

« Curieusement il y a un je ne sais quoi chez toi, là, qui va m'empêcher avec joie de me rendormir. Viens ici... » Lui dis-je en glissant une main dans dans sa chevelure blonde, et l'autre sous son menton pour l'attirer vers moi.

Je pus alors l'embrasser avec une passion telle que nous n'avions pu le faire depuis des jours. Elle me manquait à en crever, c'était une sensation incroyable qu'aucune de mes petites amies que j'avais pu avoir - et croyez-moi j'en ai eu un paquet - n'avait pu me faire ressentir. Caressant tout son corps sous toutes les coutures, une certaine partie de mon anatomie venait lui prouver combien je rêver de pouvoir lui faire l'amour.

« Le kiné veut que je fasse le plus d'exercices possibles pour me rééduquer. Tu crois que te faire l'amour en faire parti ? J'ai pas demandé. » Demandais-je en adoptant une bouille angélique.

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Hayden & Jordan

Au petit matin, Jordan rejoignit la famille au rez-de-chaussée pour prendre le petit-déjeuner. Il demeurait étrange de vivre avec cette situation de wanna-be family. Depuis des lustres, l'étudiante vivait seule avec sa mère et son berger allemand, Dax, sans n'avoir comme invités que de la famille ou des amis ici et là. Or, avec l'emménagement d'Hayden et son père, tout avait changé. La dynamique n'était plus la même dans cette maison, tout particulièrement en raison de la liaison qu'elle avait avec le jeune homme. Ils vivaient une idylle qu'ils ne pouvaient révéler, surtout avec leurs parents qui étaient désormais fiancés.

Remarquant qu'Hayden n'était pas encore réveillé, la blonde prit place à la table et se servit parmi les quelques choix disposés sur la table. Malgré son horaire occupé, sa mère adorait cuisiner le petit-déjeuner et les choix ne manquaient jamais. « Merci, maman », souffla l'étudiante en se servant gaiement. Lorsqu'elle vit Hayden se joindre à eux, l'étudiante camoufla un petit sourire. Son coeur se remplit subitement d'une joie sans pareil qu'elle ne pouvait malheureusement pas démontrer en présence de sa mère et de Jim. À peine s'était-il joint à eux que le sujet de Sally était déjà lancé. Jordan espérait intérieurement que ses joues n'allaient pas s'empourprer. Certes, si elle trouvait cocasse que sa mère eût pensé que Sally était celle qui avait partagé une nuit endiablée avec Hayden, elle ne pouvait s'enlever de la tête que c'était elle qu'elle avait réellement entendu jouir. Or, si la conversation se voulait de prime abord amusante, son côté rigolo prit fin abruptement lorsqu'Hayden fit mention de Kyle et osa soulever sa propre vie sexuelle devant Jim. Mal à l'aise, Jordan s'excusa de table et se leva, prétendant ne plus avoir faim. « Je dois me préparer pour aller en cours », dit-elle en s'éclipsant rapidement de la salle à manger. Elle fulminait. Elle savait qu'Hayden était impulsif et qu'il ne se gênait pas pour lui lancer des couteaux pour paraître être le frère haïssable qu'il jouait, mais invoquer sa vie sexuelle ne devrait pas faire partie de l'équation.

Suivie par Dax, l'étudiante monta à l'étage pour prendre sa douche. Complètement nue, elle fixa son reflet dans le miroir quelques instants avant de se décider à écrire un message texte à Hayden, question de lui faire comprendre sa frustration.

Peut-être te sens-tu à l'aise de raconter des trucs sur ta vie sexuelle à ton père ou à ma mère, mais je n'ai pas envie de parler de la mienne devant ton père.

Tout en laissant son téléphone près de l'évier, elle pénétra dans la douche chaude et se laissa bercer par les jets chauds. Elle prit quelques instants pour se calmer un peu. Jordan n'était pas reconnue pour être des plus gênées lorsque venait le temps d'aborder sa sexualité, mais devant son beau-père... Non. Absolument pas.

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Hayden & Jordan

Cachée dans les bras d'Hayden et tenue au chaud par les jets de la douche, l'étudiante aurait pu passer des heures et des heures dans cette position. Or, leur moment d'amour fut rapidement interrompu par sa mère qui toqua à la porte, supposément à sa recherche. Le coeur de la jeune femme manquant un battement. Il n'avait pas été des plus prévoyants d'avoir sauté aussi précipitamment dans un jeu aussi dangereux. Ils ne pouvaient pas se permettre de s'amouracher comme ils venaient de le faire lorsque leurs parents étaient à la maison. Les risques étaient trop importants. « Merde, merde, merde ! », répéta-t-elle, complètement abasourdie.

À sa grande surprise, Hayden sembla avoir un plan pour la tirer de cette bien mauvaise posture. Se cachant derrière les rideaux fermés de la douche, elle laissa Hayden quitter la salle de bain. L'étudiante grommela lorsqu'il ferma la lumière, mais ayant grandi dans cette maison, elle connaissait trop bien la salle de bain pour risquer de se cogner ou de tomber. Entendant le petit manège bien exécuté d'Hayden, Jordan ne put s'empêcher de sourire. Elle attrapa son linge et camoufla son corps derrière une épaisse serviette blanche en coton. Lorsqu'elle entendit Susan et Hayden s'éloigner, possiblement jusqu'à la chambre d'Hayden à l'autre bout du couloir, Jordan en profita pour sortir furtivement de la salle de bain. Sur la pointe des pieds, elle pénétra dans sa chambre sans faire le moindre bruit. Elle lâcha un soupir, soulagée de s'être sortie de cette situation in extremis. Devant se rendre à ses cours de façon imminente, elle enfila un t-shirt blanc, un jeans noirs et un veste en jeans bleu pâle.

« Maman, tu me cherchais? Désolée, j'avais mes écouteurs dans les oreilles », dit-elle en enlevant son écouteur qui ne diffusait pas la moindre note de musique. Sa mère, qui était désormais dans sa propre chambre, plissa les yeux en la regardant. « Pourtant, tu n'étais pas dans ta chambre, il y a quelques minutes... » Sentant le doute s'installer dans l'esprit de sa mère, l'étudiante s'empressa de lui répondre. « J'étais au sous-sol. Je cherchais un effaceur liquide pour mon stylo... Bon, je dois quitter. À toute! » Jordan tourna les talons pour quitter la demeure et se rendre à son cours.

FIN

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