[+18] Le plus beau jour du pire de notre vie [Jordan}

Le jour du mariage de sa mère avait commencé de la pire des façons. Un mal de tête affreux suivi de nausées qui ne semblaient pas partir depuis deux jours, voilà ce qu'avait réservé le réveil de la jeune femme. Et pourtant, elle craignait savoir ce qui se passait chez elle. Si ses soupçons s'avéraient être véridiques, l'ironie serait la meilleure façon de le décrire.

Ils avaient parlé de cet épisode dramatique tout droit sorti du passé de Jordan. De ce qu'elle avait décidé de faire pour elle malgré ce que ça impliquait. Se faire avorter avait été l'une des pires expériences de sa vie, et elle avait manifesté son souhait de ne jamais avoir à le revivre. Et pourtant, elle était à nouveau complètement à plat avec quelques jours de retard sur ses règles. Extirpant une boîte contenant un test de grossesse, elle se leva pour se précipiter à la salle de bain. Elle ne comprenait pas comment une telle chose pouvait lui arriver encore. Comment avait-elle pu faire pour en arriver là? D'autant plus qu'elle prenait sa pilule de façon systématique à tous les huit heures du soir. C'était à ne rien y comprendre, mais les risques étaient là malgré elle. Le corps tremblant, elle s'affaira à uriner sur le petit bâton. Non sans prendre une longue et grande respiration, elle se mit à observer le petit bâton blanc pendant qu'il analysait son échantillon. Son coeur battait à toute allure. Elle ne pensait jamais revivre ce sentiment d'angoisse, de dénie et de dégoût. Elle avait toujours cru que la prochaine fois qu'elle ferait un test, c'était dans l'espoir de porter la vie.

Soixante secondes s'étaient écoulées et les deux petites barres étaient bien là. Elles étaient claires et leur signification étant sans contredit : Jordan était enceinte. Non seulement avaient-ils pris leur distance - ou du moins, Jordan avait pris ses distances - parce qu'ils devenaient un obstacle à l'harmonie familiale qu'allait consolider ce mariage, mais ils avaient, sans le savoir, créé la vie. Sans le vouloir, ils avaient jeté l'huile sur le feu et ajouté un chaos immuable à leur dynamique familiale. Or, à ce stade-ci, que Jordan ne le savait... et c'était peut-être mieux ainsi. La dernière chose qu'elle souhaitait, c'était impliquer Hayden. Ils parvenaient déjà difficilement à s'éloigner, et l'existence d'une grossesse indésirable allait certainement renforcer des liens qu'ils s'efforçaient à rompre.

Sous le choc, Jordan se prépara pour la cérémonie. Trois de ses amies étaient venues la rejoindre. Elle masquait son angoisse derrière une fausse joie. Elle était en réalité pétrifiée par ce qui se créait en elle et la décision qui l'accompagnait. Elle avait ainsi combattu les larmes toute la journée. À la demande de sa mère, elle avait elle aussi enfilée une robe blanche qui s'agençait avec la sienne, quoique plus délicate. Étant sa demoiselle d'honneur et sa seule fille, elle voulait que l'aspect générationnel ressorte, d'autant plus qu'elle suivait les mêmes traces qu'elle. La fierté que Susan avait envers sa fille était incontestable et le lien qui les unissait était plus fort que jamais. Hélas, la blonde se sentait tiraillée par tout ce qu'elle cachait à sa mère. Elle sentait que, malgré son ignorance, elle la décevait. Bien qu'heureuse pour sa mère, l'étudiante ne pouvait que se sentir comme si elle avait trahi sa propre mère. Cachée derrière des efforts surhumains pour se montrer heureuse, elle avait évité Hayden comme la peste. Et pourtant, il lui manquait affreusement.

Le soir venu, alors que les célébrations se préparaient à une vitesse effrénée, Hayden prit la jeune femme de court. Certes, elle s'attendait à ce qu'il vint lui parler à un moment ou à un autre, mais elle n'était toujours pas prête à lui faire face. Allait-elle être capable de lui mentir, et ce, même si c'était la meilleure chose à faire pour l'union de leurs parents? Sans dire un mot, elle le suivit. C'était vrai qu'ils devaient se parler pour mettre les choses au clair, mais qu'avaient-ils réellement à se dire à ce stade-ci, si ce n'était pas qu'ils ne pouvaient pas jouer les égoïstes?

« J'aimerais te dire que je le sais, mais je ne le sais pas », finit-elle par lui répondre. Elle avait terriblement envie de le prendre dans ses bras, de l'embrasser et qu'il lui fasse l'amour. Tant de choses se passaient dans sa tête et malheureusement, aucune d'elles ne pouvait se concrétiser. « Je ne te l'ai pas dit mais... Tu es particulièrement beau aujourd'hui. Ç'a été difficile de ne pas te dévorer du regard », ajouta-t-elle timidement. Reprenant un air plus sérieux, elle poursuivit : « Je pense qu'on devrait continuer à jouer le frère et la soeur pour le moment... et faire nos trucs, chacun de notre côté. » Ses paroles lui faisaient mal, mais elles devaient être dites. Quel avenir avaient-ils maintenant que leurs parents étaient mariés? Comment pouvaient-ils continuer à être ensemble en sachant que sa mère, et peut-être même Jim, ne serait pas du tout prête à accepter ce qui se passait entre la paire? Quant au fœtus qui grandissait en elle... Peut-être était-ce mieux qu'Hayden ne le sache pas. Du moins, pas pour l'instant.

Bien qu'il s'agissait du plus beau jour pour sa mère et son beau-père, c'était le pire pour Jordan. Elle devait composer avec une terrible réalité pour laquelle elle n'était pas du tout prête. Perdue dans sa bulle, elle ne réalisait même pas ce qui se passait autour d'elle. Les verres se vidaient à une vitesse folle, sauf le sien qu'elle fixait sans n'y toucher. Elle ne savait pas si elle pouvait se permettre de boire et nier qu'elle était enceinte, ou si elle devait s'abstenir de vouloir noyer sa peine dans l'alcool pour préserver la vie qui grandissait en elle. Elle n'avait le contrôle sur absolument rien, si ce n'était que de forcer son corps absent de joie à rester sur cette chaise inconfortable.

S'efforçant de se montrer émue et tout sourire, elle écoutait les discours s'enchainer. Elle ne se leva, quant à elle, que pour prononcer que quelques mots improvisés. Elle avait à peine porter attention à Hayden qui s'était éclipsé quelques minutes plus tôt, trop angoissée à l'idée de devoir prendre parole devant tant de gens. Jordan détestait être le centre d'attention et l'inconfort qu'elle ressentait était tel qu'elle sentit un haut-le-coeur lui reprendre. Elle écourta rapidement son discours, verbalisant sa maladresse pour ce type de prise de parole qui la faisait trembler comme une feuille d'automne dans une tempête. Prétextant un soudain mal de coeur occasionné par les centaines de paires d'yeux qui la fixaient, elle se leva pour prendre de l'air dehors. En réalité, son angoisse était telle qu'elle ne pouvait se maintenir en place. Elle était prise de palpitations et d'une chaleur insupportables qui la forcèrent à s'éloigner momentanément de la foule de gens.

Lorsqu'elle ouvrit la porte menant dehors, elle aperçut Hayden qui, décidément dans tous ses états, chantait une mélodie au loin. Malgré sa terrible envie d'aller à sa rencontre et de l'embrasser jusqu'à la fin des temps, elle se fit discrète et s'éloigna. Or, malgré ses bonnes intentions, elle se prit pied dans une roche. Sa ruse fut ainsi un échec et Hayden remarqua immédiatement sa présence. L'air blême, elle se tourna vers lui.

« Je hm... J'avais besoin d'air, je suis sortie. » Pour une fois dans cette foutue journée, elle ne mentait pas. Sa tête tournait et elle sentit le besoin de s'asseoir pour reprendre le contrôle de sa respiration. Elle s'approcha de lui pour s'asseoir près des jets d'eau, le seul endroit proche d'elle où elle pouvait poser ses fesses. Tant de pensées secouaient son esprit, si bien qu'il était difficile pour elle de s'y retrouver. Incapable de reprendre le contrôle sur elle-même, une vague de larmes prit possession de ses yeux et déferlèrent sur son visage.

Les larmes se déversaient sur ses joues comme s'il n'y avait pas de lendemain. Elle avait cessé de les combattre; elle n'avait plus la force de lutter contre elles. Elle les avait retenues avec tant de force et de volonté tout au long de la journée qu'il était désormais impossible de continuer. Devant Hayden, elle avait faibli. Elle ne broncha pas lorsqu'il l'attira contre lui, trop ébranlée pour réagir. « Je m'excuse, je ne sais pas ce qui me prend... Ça doit être les émotions et le stress de la journée », formula-t-elle comme unique réponse. Elle préférait prétendre que sa soudaine crise de larmes n'avait rien à voir avec leur rupture. Et pourtant, si seulement il savait!

Poursuivant ses efforts pour calmer son chagrin, Hayden commença à lui caresser doucement le bras. Son petit sac à main, dans lequel elle avait caché le test de grossesse, afin de se sauver d'une inconfortable conversation avec ses amies qui s'étaient jetées sur la salle de bain pour l'aider à se préparer, glissa de son épaule et s'écrasa contre le sol. Le test de grossesse, quant à lui, glissa à quelques centimètres de son sac. Voulant certainement bien faire, Hayden le ramassa pour le lui rendre. Jordan n'avait ainsi plus le contrôle sur son secret. Ayant choisi de prendre les prochains jours pour réfléchir à un plan de match, elle ne voulait pas lui en parler. Si elle décidait de se faire avorter, pourquoi lui briserait-elle le coeur en le lui annonçant? Elle préférait ainsi ne rien lui dire et prendre le temps de se faire une tête sans l'impliquer dans le carnage que cette nouvelle causait dans sa vie. Son coeur se serra sous l'enthousiasme naissant d'Hayden. Elle ne pouvait malheureusement pas partager le même bonheur vis-à-vis cette nouvelle qui lui glaçait le sang. Certes, elle rêvait de voir ce à quoi un bébé Miller-Reeves pouvait ressembler, mais cela ne pouvait tout simplement pas arriver.

En guise de réponse, elle hocha légèrement la tête. « L'ironie, hein? Après la dernière conversation qu'on a eue... » Elle prit une courte pause avant de poursuivre : « Je comprends pas. Je prenais la pilule et je n'en ai pas sautée une! » L'étudiante se mordit la lèvre. Elle ne savait pas trop quoi en penser ni quoi lui dire. À quoi s'attendait-il, à vrai dire? Pensait-il que cette grossesse allait s'accompagner d'un semblant de normalité et d'acceptabilité?

Après avoir pris une grande respiration, elle se décida à avoir l'une des plus difficiles conversations de sa vie. « Hayden, je ne sais pas si je vais le garder. Je... Je commence les études en médecine, je ne suis pas prête à assumer le rôle de mère... Et putain, nos parents viennent de se marier. Comment ma mère réagirait, tu penses? Et ton père? Et tout le monde autour de nous? Je ne crois pas être capable de faire face à tout ça... » Elle était consciente que cela lui briserait fort possiblement le coeur, mais il fallait que les choses soient dites comme elle les pensait.

À ce moment-là, il n'y avait rien qu'elle ne désirait plus que de s'effacer. Quelle idiote avait-elle été de lui avoir dit la vérité. Pourquoi ne pas avoir plutôt menti et poursuivi la conversation le lendemain? Après tout, cette soirée était sensée être l'une de célébration et de bonheur. Et la voilà qui bousillait l'esprit festif du garçon d'honneur. Son honnêteté créa chez Hayden un feu sans précédent. Chacun de ses mots lui tranchait le coeur avec violence et redonnèrent un souffle à ses larmes qui s'étaient pourtant estompées. La façon dont il utilisa sa confession la blessa, certes, mais elle ne pouvait lui en vouloir. Elle l'avait blessée comme elle ne l'avait jamais fait et elle méritait tout le venin qu'il lui crachait au visage. Elle refusa toutefois de le laisser s'éloigner de cette façon. Elle aimait trop cet homme pour le laisser se réfugier elle-ne-savait où et sombrer seul dans une frustration qui le mettait dans tous ses états. Malgré l'inconfort que lui causaient ses escarpins, elle le suivit jusqu'au stationnement du château. « Hayden, arrête, s'il te plait! », lui lança-t-elle avant qu'il ne rejoigne la rue. Quelle idiote aurait-elle été de le laisser s'enfuir. Lorsqu'elle le rejoignit enfin, après avoir retiré ses chaussures qui s'acharnaient sur ses pauvres pieds, elle agrippa son bras pour le forcer à demeurer sur place. Le regard insistant, elle le supplia de la laisser s'expliquer. Elle était parfaitement consciente de la tempête qu'elle avait causée, mais il se devait de l'écouter et de la comprendre.

« Cette situation n'a rien à voir avec ce qui s'est passé quand j'avais dix-huit ans. J'ai passé la journée à refuser de m'imaginer à quoi il ou elle ressemblerait... parce que c'est la seule chose à laquelle je veux penser. Si nos parents n'étaient pas ensemble... Putain que ç'aurait été la plus belle nouvelle de toute ma vie. Ces six mois avec toi ont été les plus beaux de toute ma vie, vraiment. » Jordan essuya les larmes de ses joues, emportant une couche de son maquillage au passage. « Je ne veux pas que tu doutes de mes sentiments pour toi », ajouta-t-elle en s'approchant de lui. Elle osa passer sa main sur sa joue qu'elle caressa avec tendresse. « J'ai tellement peur, Hayden. Je ne pense pas avoir la force de passer à travers le chaos que ça créerait...» Tout doucement, elle se risqua à se glisser dans ses bras, serra son torse avec force. « Retournons à la réception... Profite et n'y pense plus. Nous en reparlerons demain, okay? », lui demanda-t-elle d'une voix tendre tout en cherchant son regard. Elle n'avait plus la force de se disputer avec lui ni la force de pleurer. Elle n'en pouvait tout simplement plus.

Jordan espérait tant qu'Hayden finisse par accepter une certaine trêve, qu'il finisse par comprendre que ce qu'ils vivaient ne pouvait se comparer à ce que la jeune femme pouvait avoir vécu par le passé. C'était, en réalité, deux mondes complètement différents. Se hissant de force entre ses bras musclés, elle espérait l'apaiser. Elle se sentit si bien contre lui. Après plus de deux semaines loin de lui sans même pouvoir le toucher, elle pouvait enfin sentir son corps contre le sien pour l'espace de quelques secondes.

La paire mit fin à leur étreinte, réalisant qu'il était temps qu'ils retournent à l'intérieur. Jordan le suivit jusqu'à l'entrée où elle enfila ses escarpins qu'elle avait retirées dans sa course affolée. Lorsque les lèvres du brun se scellèrent contre les siennes, elle accueillit ce baiser avec la plus belle tendresse. Sourire aux lèvres, elle se contenta de lui répondre d'un simple hochement de tête. Certes, elle n'était pas entièrement convaincue qu'ils allaient s'en sortir, ni de la décision qu'ils devaient prendre, mais cette soirée-là n'était pas le bon moment pour poursuivre cette conversation. Alors qu'Hayden regagna l'intérieur du château pour rejoindre son groupe, Jordan resta dehors encore quelques minutes, histoire de ne pas pénétrer la salle aux côtés d'Hayden après de longues minutes d'absence. Ce fut plutôt l'une de ses amies qui vint la chercher à l'extérieur. Ne se faisant pas prier, la jeune femme retourna à l'intérieur et reprit place à la table qui lui avait été assignée, non loin de la petite scène sur laquelle Hayden avait commencé à jouer ses premières notes. Ses yeux se promenaient entre lui et ses parents qui dansaient avec, sur leurs lèvres, les plus beaux des sourires. Ils étaient heureux et ce bonheur était indéniable. Il se voyait; il se sentait.

Lorsqu'Hayden eut enfin le temps pour une pause, le DJ reprit le contrôle de la musique. Jordan l'observa tandis qu'il vint s'asseoir à ses côtés. Tous les deux dévièrent ensuite leur regard vers les nouveaux mariés qui n'avaient pas cessé de danser. « Je crois que je n'ai jamais vu ma mère aussi heureuse... », souffla-t-elle, perdue dans ses pensées.

Jordan l'écouta parler, toujours en observant pour la énième fois cette coupe de champagne qu'elle n'avait pas encore touchée, si ce n'était que pour imbiber ses lèvres du liquide pétillant après le toast en l'honneur des mariés. « Et d'ici là, je leur dis quoi? Ils vont bien voir que je suis enceinte. Je ne peux quand même pas leur dire que c'est de Kyle... Puis quelques mois après ''Ah, au fait, c'est Hayden, le père!'' Je crois que tu vois ça plus simple que ce ne l'est réellement, mais tu as raison... On a encore du temps pour y réfléchir avant que ça ne se voit. » L'étudiante prit une pause pour pendre une gorgée d'eau avant d'ajouter : « Et techniquement, on a un peu moins de huit mois. Si j'ai bien calculé, j'en serais à 5 semaines. » Tout doucement, elle glissa sa coupe de champagne vers lui. « Faudrait que tu m'aides, là », lui dit-elle en affichant un sourire amusé.

La jeune femme se leva précipitamment et, dans un geste totalement spontané, avança sa main vers lui dans une invitation à danser. « Tu viens danser, l'frère? »

L'envie de boire jusqu'à oublier son propre nom la rongeait avec véhémence, mais elle ne pouvait pas se le permettre. Pas lorsque sa décision d'avorter ou non n'était pas encore faite. Glissant sa coupe de champagne devant lui, elle espérait qu'il allait l'aider à dissimuler son incapacité à consommer de l'alcool. « C'était soit la soirée où on a fêté nos six mois, soit la fois d'avant... Et non, ce n'était pas vraiment sensé nous arriver... Je prends la pilule, tu te souviens? » Elle soupira. Quels idiots avaient-ils été de cesser de mettre le condom! En même temps, ils ne pouvaient savoir qu'une telle malchance leur tomberait dessus. Du moins, cela semblait être une malchance pour elle... pas pour lui.

Se décidant de changer l'atmosphère pour permettre la naissance d'un état d'esprit plus festif, elle se leva gaiement pour l'inviter à danser. Sans grande surprise, Hayden accepta et la paire rejoignit la piste de danse sous les yeux ébahis mais heureux de leurs parents. Ils dansèrent ensemble en partageant quelques éclats de rires complices. Lorsque la musique changea pour laisser place à une mélodie pour faire valser les couples amoureux, Jordan passa timidement ses bras autour de lui, laissant un bonheur enivrant prendre possession de tout son être. L'étudiante profita de ce moment d'amour dissimulé derrière un effort d'amitié pour faire plaisir à leurs parents. Et pourtant, si seulement ils savaient à quel point cette proximité lui apportait le plus grand bien du monde.

Lorsqu'Hayden prit la poudre d'escampette pour se mériter un moment seul à seul avec la bouteille de champagne, Jordan ne broncha pas. Elle demeura à l'intérieur de la salle en compagnie de sa mère et de son beau-père qui, toujours aux anges, ne cessaient d'afficher leurs sourires heureux. Une trentaine de minutes plus tard, elle sortit son portable pour écrire un message texte à Hayden. « Je rentre à ma chambre... si tu veux venir » Immédiatement après avoir envoyé le message, elle salua les parents. Il était minuit passé, certes, mais elle devait être l'une des premières à rendre les armes en cette soirée de festivités. Prétextant un mal de tête, elle s'éclipsa dans sa chambre d'hôtel et espérait qu'Hayden réponde à son invitation.

Enfin accompagnée d'un silence réconfortant, elle retira ses chaussures et gagna la salle de bain pour retirer tout le maquillage qui couvrait son visage depuis plusieurs heures déjà.