i'm sorry but i don't think i can do this... (ft. hayden)

I'm sorry but I don't think I can do this...

Hayden & Jordan

Le mariage de leurs parents s'était déroulé il y avait de ça quelques jours déjà. Ils s'apprêtaient à s'envoler pour la Jamaïque afin d'y passer leur lune de miel. Jordan avait bien évidemment hâte d'avoir la maison sans parent, mais elle était angoissée à l'idée d'être complètement seule avec Hayden. Certes, elle en était follement amoureuse. Mais la situation actuelle rendait tout incertain et anxiogène. Elle parvenait difficilement à prendre une décision vis-à-vis sa grossesse, à savoir si elle y mettrait fin ou si elle la poursuivrait en acceptant les conséquences qu'elle allait engendrer.

Vers la fin de son quart de travail au Starbucks, l'étudiante fit ses au revoirs à ses collègues avec lesquels elle avait développé une belle amitié. Elle était la seule à fermer le café cette soirée-là, après l'heure de fermeture, afin d'y faire le ménage et préparer la journée du lendemain. La soirée avait relativement occupée ; il semblait que toute la ville de Nouvelle-Orléans s'était décidée à aller à ce Starbucks, cette soirée-là spécifiquement! Heureusement pour les trois travailleurs, ils avaient été choyés en pourboire.

Comme prévu, Hayden venait la chercher au café. Sa moto étant bousillée, ils devaient se partager la voiture de Jordan afin qu'il puisse effectuer ses allers et venues sans dépendre de son père ou de Susan. Elle devait ainsi se coordonner avec lui pour rentrer chez elle, et ce, après avoir passé quelques journées à l'éviter. Il lui était difficile d'expliquer ce comportement. Bien que son coeur lui appartenait toujours, sa tête avait besoin d'une certaine distance pour se remettre en ordre. Et le voir, cette soirée-là, allait la désemparer plus que tout au monde.

À peine avait-elle fermé la boutique qu'elle vit la voiture se stationner près de la porte. Un long soupire s'évada de sa bouche tandis qu'une certaine angoisse prit possession de son corps. Qu'allait-il lui dire? Forcément, il allait la confronter. Lui demander des explications qu'elle n'avait évidemment pas. Attendant patiemment qu'il sorte de la voiture et la rejoigne à la porte, l'étudiante ne le lâchait pas des yeux. Lorsqu'il rejoignit enfin le pas de la porte, elle le laissa entrer. Il lui restait encore un peu de ménage à faire et préparer certains aliments pour ses collègues qui ouvriraient le café le lendemain matin. « Hey... », souffla-t-elle d'une voix timide et honteuse. Elle se sentait mal d'être aussi horrible avec lui, mais c'était plus fort qu'elle. « Tu veux quelque chose à boire? », osa-t-elle lui demander tandis qu'elle verrouillait la porte derrière lui.

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Le volant entre les mains, je le malaxai avec nervosité au fur et à mesure que j'avançai sur le chemin pour aller chercher Jordan à son emploi au Starbucks. Particulièrement agacé ces derniers temps, j'avais du mal à gérer la colère qui malmenait mes nerfs. Le parfait petit couple que représentait mon père et sa Susan me tapait sur le système, et par-dessus tout le comportement hésitant de Jordan quand à la survivance du foetus de notre enfant ou non m'arrachait les cheveux. Les IVG devraient être interdites...

Enfin arrivé, je me garai devant l'entrée de la chaîne de restauration où ma petite-amie travaillait. Poussant un long soupir pour essayer de paraître moins tendu après cette journée de cours qui fut plus longue que la sienne en raison des matières optionnelles que j'avais prises et qui me demandaient plus de temps, je sortis de la voiture et la refermai en appuyant sur le bouton de la clé électronique. Tirant sur mon tee-shirt aux manches longues noir au liseré rouge pour qu'il soit impeccable, je glissai la clé dans mon jean et pénétrai dans le Starbucks. Salué par Jordan qui se dépêchait de tout ranger, je répondis par un bref son de voix sans signification. J'étais de mauvais poil. Les mains dans les poches, je regardais autour de moi avant de dire dans un soupir :

« Tu as besoin d'aide ? »

Me proposant quelque chose à boire, j'hésitai un instant avant de lui demander en retour :

« Ça dépend... Tu prends quelque chose ? »

Me répondant par l'affirmative, je jetai un coup d’œil à la carte affichée au mur en grande forme et lui demandai :

« Je veux bien un latte machiatto, s'il-te-plaît. »

Déposant l'argent sur le comptoir, je rangeai mon porte-feuille dans ma poche et m'installai à une table en cachant mon visage entre mes mains de musicien. Je n'en pouvais plus... J'étais à bout... Mais je ne pouvais pas me laisser ainsi aller. Je ne pouvais pas me montrer fatigué ni même agacé. Jordan devait l'être bien plus que moi.

Détournant la tête, je la regardais et m'efforçai de me montrer au moins seulement épuisé en lui demandant :

« Ça va, toi ? Tu as passée une bonne journée ? »

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Hayden & Jordan

N'est-ce pas la norme que d'être submergé d'un sentiment de bonheur lorsqu'on est en présence de l'être aimé? Or, comment pouvait-elle ainsi expliquer que la présence d'Hayden causait chez elle un profonde tristesse? Elle était prise d'un sentiment de culpabilité qui la détruisait à petit feu. Elle aurait aimé pouvoir retourner à l'arrière et faire en sorte que cette grossesse n'arrive jamais. De cette façon, tout aurait été plus simple. Elle n'aurait pas eu à prendre une décision qui allait forcément lui déchirer le coeur. Elle tentait de réfléchir à ce qu'elle voulait et à ce qu'elle aurait la force de faire. Or, lorsqu'elle voyait ces deux billes noisettes la regarder de la plus tendre des façons, elle se remettait en question. Elle n'était plus capable de réfléchir, plus capable de se positionner sur cet enjeu qu'elle ne pouvait laisser trainer encore bien longtemps. Lorsqu'elle voyait Hayden, elle voyait un futur père à qui elle arracherait l'enfant; et elle, elle se voyait comme un monstre.

À peine avait-il mis les pieds à l'intérieur qu'Hayden lui proposait son aide, ce à quoi elle répondit négativement. « Tu peux t'asseoir, ça ne sera pas très long... », se contenta-t-elle de lui dire. Voulant se montrer courtoise, elle lui offrit quelque chose à boire avant de nettoyer la machine à café. « Un café décaféiné seulement. J'essaie de.. hmm.. de réduire ma consommation de café pour le moment. » Puisqu'elle n'était pas certaine d'interrompre sa grossesse, elle préférait s'abstenir de faire quoi que ce soit pouvant être néfaste pour le bébé. C'était, selon elle, la meilleure chose à faire en ces temps d'incertitude.
Elle lui prépara sa boisson chaude et la lui apporta rapidement, non sans avoir pris le temps de dessiner un petit ourson avec le lait moussé. Elle retourna rapidement derrière le comptoir, la tête trop préoccupée par quitter cet endroit le plus vite possible. Les parents quittaient tôt le lendemain matin et elle souhaitait dire au revoir à sa mère avant qu'elle ne s'envole pour la Jamaïque.

« Je... hmm... Je sais pas. Je sais plus. Je ne sais même pas comment je vais, en fait. On dirait que je suis sur le pilote automatique depuis les derniers jours.. », commença-t-elle. Elle s'arrêta rapidement de parler. Elle ne voulait pas lancer le sujet. Elle ne voulait pas en parler. Elle ne faisait qu'y penser encore et encore, si bien que ses pensées la coupaient du reste du monde. Elle perdait littéralement la connexion avec la réalité. Pourquoi avait-il fallu qu'Hayden trouve le test de grossesse? « Enfin, ce n'est pas grave. Ma journée s'est bien passée. Et la tienne? » Ses yeux l'évitaient comme la peste. Jordan était bien consciente que son regard reflétait une bien triste tourmente à laquelle elle ne voulait guère faire face. Elle était également consciente qu'elle en était la cause, et c'était exactement ce qui la blessait le plus. Lui faire du mal était la dernière chose qu'elle souhaitait et c'était ce qu'elle faisait malgré elle. Tentant d'accélérer le pas, elle agrippa la vadrouille pour nettoyer le plancher malgré ses manoeuvres maladroites. Il fallait qu'elle sorte d'ici. Il fallait qu'elle soit enfin seule.

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Je n'en pouvais plus. J'étais au bout du rouleau. Observant le contenu du gobelet tandis que mes doigts me massaient mes tempes endolories, je l'écoutais parler en accusant le coup. Elle se plaignait sans se plaindre. Et ça, ça m'agaçait. Mon poing s'abattit sur la table, faisant vibrer le contenu de la boisson qui tomba quelques gouttes. Les yeux rougis d'un sommeil que je ne trouvais plus depuis l'annonce de sa grossesse, ma voix passa d'un ton calme tout-à-l'heure à une colère malsaine.

« Mais putain, si tu n'étais pas capable d'utiliser la pilule, comme tout le monde, il fallait le dire ! Et on aurait continué la capote ! »

Bondissant sur mes jambes avec toute la rage qui m'animait, je passai une main colérique sur ma nuque que je fis craquer, tournant en rond dans cette putain d'échoppe alors que tout ce que j'avais contenu jusque là, peur, tristesse, bonheur et angoisse dévalait dans mon corps comme dans un torrent.

Tel un taureau dévalant une arène, je ne faisais pas attention à Jordan qui, telle des toréadors, essayait de me transpercer pour me calmer ou, au contraire, m'attaquer à son tour.

Posant les clés avec nervosité sur le comptoirs, je lui dis :

« Tu sais quoi ? Tiens, je te laisse les clés. Rentre chez toi. Je devrais dire "chez nous" mais je ne m'y suis jamais senti comme tel. Je me démerderai pour rentrer ou pour dormir quelque part ailleurs. Ne te préoccupe pas pour moi. »

Les mains sur les hanches, je m'avançai vers les fenêtres de la devanture de la cafétéria, et lui dit :

« Tu sais quoi ? Si tu n'es pas prête à te laisser un peu de bonheur au détriment de celui de ta mère, ben avorte. C'est que moi aussi, au fond, je passe en dernier. Ta mère elle a eut sa vie. Elle a eut son bonheur et elle l'a encore. Toi, ton tour n'est pas encore passé, mais bon. Tu choisi toujours les autres avant toi de toute façon. Et avant moi, du coup. Mais bon, c'est pas grave. Comme on dit, des enfants on peut en faire d'autres. »

Sur ce, je sortis du magasin, arpentant la rue les mains dans les poches et des larmes de colère et, surtout, de tristesse plein les yeux. Elle avait fait choix. Si ça n'était pas maintenant ça n'allait pas tarder. Tout le monde choisissait tout le monde. Jamais moi. Personne n'en a rien à foutre de toi, Hayden... La seule pour qui tu as compté, elle est parti.

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Hayden & Jordan

Il était tellement typique chez la jeune femme de parler trop ou de ne pas parler assez, surtout lorsqu'elle était sous l'effet du stress. Mais contrairement à Hayden, elle ne s'exprimait pas de façon transparente. Elle se refermait rapidement sur elle-même plutôt que de s'expliquer et de s'ouvrir comme elle le devrait. Et pourtant, la jeune femme était dotée d'une grande écoute. Pourquoi n'était-elle pas capable de se faire écouter, elle aussi? Il n'était ainsi pas surprenant qu'Hayden réagisse de façon aussi agressive. Tout comme la jeune femme, il devait composer avec son lot d'émotions et, qui plus est, avec une situation pour laquelle il ne pouvait rien faire. Contrairement à Jordan, il n'avait aucun contrôle sur cette grossesse, et ce, même si son idée était déjà faite.

Lorsqu'il lui remit le blâme de ne pas prendre sa pilule comme elle le devait, l'étudiante se mit à bouillonner. « Excuse-moi? Je la prenais à tous les jours à la même foutue d'heure », répliqua-t-elle d'une voix sèche en prenant le temps d'articuler chacun des mots. « Tu n'avais pas du tout l'air à t'opposer quand je t'ai suggéré qu'on cesse de le mettre, hein? Mais là, soudainement, c'est MOI qui aurait dû prévoir les risques? » La blonde ne levait pas souvent la voix. Mais lorsque la frustration prenait le dessus, elle devenait assourdissante. Ce fut toutefois lorsqu'il déposa les clés de la voiture sur le comptoir qu'elle sortit réellement de ses gonds. À peine avaient-ils commencé la confrontation qu'il capitulait et abandonnait le combat. « T'es sérieux? Tu vas vraiment faire ton lâche et partir? », lui cracha-t-elle en le soutenant du regard. Bien malgré elle, elle tentait de retenir les larmes qui lui montaient aux yeux. La hargne qu'elle ressentait lui donnait envie d'éclater en larmes et de s'effacer de la surface de la Terre.

Malgré tout le venin qu'elle avait envie de lui cracher au visage, elle ne pouvait se résigner à le laisser partir. Il n'avait pas encore tourné le coin de la rue qu'elle le rattrapa, non sans garder un oeil sur l'entrée du commerce. Dans quel pétrin serait-elle si son patron apprenait qu'elle avait déserté le café? « Hayden, attends, s'il te plait. Rentrons à l'intérieur. On va parler », lui dit-elle en lui attrapant le bras pour qu'il se tourne vers elle. Elle soupira et passa sa main dans ses cheveux, complètement dépourvue de tous ses moyens. « Je sais que la situation n'est pas facile pour toi non plus. Mais comprends que tu n'es pas à ma place. Ma mère a tout sacrifié pour moi quand mon père est mort, tu comprends? » L'étudiante s'apprêtait à poursuivre le dialogue, mais fut interrompue par un couple de passants. « Viens, on rentre à l'intérieur », souffla-t-elle avant de tourner les talons pour rejoindre le Starbucks. Malgré son hésitation évidente, il la suivit à son tour, à son grand soulagement.

Lorsque la paire regagna l'intérieur du café désert, l'étudiante fondit en larmes. « Hayden, tu sais quand je te disais que je voulais attendre la bonne personne et le bon moment? T'es la bonne personne... mais c'est pas le bon moment. J'ai horreur de cette situation parce que t'es mon demi-frère... le fils de l'homme que ma mère vient toujours juste de marier. On entame nos études en médecine, on habite encore chez nos parents... Et pourtant... et pourtant l'idée de me faire avorter me tue. Je ne fais que m'imaginer être là, couchée à attendre l'arrivée du médecin et j'ai l'impression qu'on me plante un poignard dans le coeur... Littéralement. » Dépitée, elle s'appuya contre le comptoir tout en sanglotant. « Je ne sais pas quoi faire... Je te perds toi et notre bébé? Je perds ma seule famille et la femme qui a tout donné pour moi? Dans tous les cas, je me sens comme un monstre...», finit-elle par lui avouer d'une voix des plus tristes et brisées.

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Tel un volcan fulminant de rage, j'ouvris la porte du Starbucks en criant :

« Ben ouais, je suis un lâche ! Encore un défaut à ajouter à la longue liste de ceux d'Hayden Miller, le Roi des Connards ! »

Sur ce, je claquais la porte avec force, faisant tomber la sonnette d'entrée au passage. Traversant la rue, je parcourais le trottoir, les yeux rouges et pleins de larmes alors que tout chez moi menaçait de s'effondrait. Je n'avais plus la force pour rien à cet instant, peut-être même plus pour me mettre en colère. J'étais crevé, las, épuisé, mort de fatigue et un peu de honte, mais je devais bien admettre que je pensais chacune des paroles acerbes que j'avais dites. Seulement je n'aurais pas dû le faire comme ça. Elle ne le méritait pas. A cet instant, je ne demandais qu'une chose au ciel : pouvoir la prendre dans mes bras. Mais le Saint Père devait sans doute me dire qu'après ce que j'avais fait, il en était bien hors de question.

Et pourtant.

Pourtant je sentais deux mains attraper mon large bras musclé. Et c'est presque avec crainte que je tournai le visage vers elle, et croisai son regard. Elle voulait que je revienne avec elle à l'intérieur ? Elle voulait que l'on parle ? Vraiment ? Je baissais la tête, honteux, me trouvant dans l'incapacité de faire un pas. J'avais peur de moi... Je me sentais comme le plus grand connard que cette planète ait portée. Jordan essaya de me parlé, mais un couple de passants nous séparèrent un bref instant, le temps de passage. Nous unissant à nouveau, je lui répondis d'une voix que je ne m'étais jamais entendue jusqu'alors, profondément peinée et épuisée :

« Je te suis... »

Nous retournâmes au Starbucks. Attrapant une éponge, j'effaçai les gouttes de latte qui étaient tombées de ma boisson lorsque j'avais tapé du poing. Ça n'était pas à elle de le faire. La remettant à sa place après l'avoir rincée, mon regard se posa lentement sur Jordan qui, non loin de l'entrée, s'effondra soudainement en larmes. Elle me dit alors que j'étais à ses yeux la bonne personne, mais qu'avoir un enfant maintenant n'était pas approprié. De plus, nous étions demi-frère et demi-sœur, en même temps que nous menions de longues études difficiles. Pour couronner le tout, nous habitions chez nos parents, mais malgré tout, elle ne voulait pas avoir à se faire avorter. Elle se sentait tel un monstre, conclue-t-elle, si elle avait à choisir entre sa famille et notre enfant et moi.

Lâchant un soupir, je la pris par la main, m'assis sur un fauteuil moelleux et la fis s'asseoir confortablement sur mes genoux, dans cette étreinte que nous aimions tous deux, l'un contre l'autre.

« Tu es tout sauf un monstre, mon cœur... Celui qui détient le chapeau, ça a toujours été moi. Mais trêve de lancé de roses, ce qu'il faut que tu comprennes c'est que tu as ta vie. Tout comme ta mère a la sienne, et vous avez le droit de la mener de la manière dont vous le souhaitez. En te mettant au monde, Susan n'a eu qu'un espoir : que tu sois heureuse. Peu importe comment et avec qui. Même une fille aurait pu faire l'affaire, j'en suis sûr. Alors oui, c'est vrai que les choses sont complexes, mais on a le droit d'avoir notre vie tous les deux. Et peut-être tous les trois. »

Déposant un baiser à la commissure de ses lèvres, j'ajoutai :

« Je ne suis pas le mec idéal. Pour aucune fille. Je suis égoïste, je suis râleur, j'ai un caractère de merde et franchement si je devais énumérer la liste de mes défauts on en aurait pour trois heures donc bref, ce que je veux te dire c'est que je suis peut-être exécrable, mais moi je t'aime plus que tout au monde. Je te protégerai de toutes les personnes qui se mettront entre nous, je te le promets. Même si ce sont nos parents. Je ne suis pas fier de ce que je suis, mais en aucun cas on n'a à se sentir honteux d'être ensemble, et d'un jour pouvoir être parents. C'est notre bonheur à nous. Et si venir sur Terre c'est être là juste pour faire plaisir à Môsieur et Mâdâme Reeves-Miller, et bien franchement non merci ! »

« OK ? » Lui demandais-je en faisant semblant de lui piquer son nez, tel un père qui le ferait à son enfant pour le faire rire, un petit sourire sur le visage.

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Hayden & Jordan

La jeune femme ne pouvait plus retenir ses larmes. Elle sentait que c'était tout ce qu'elle était capable de faire, ces derniers temps. Elle ne cessait de pleurer, incapable de se prendre une décision qui ne lui faisait pas mal. Il était vrai que sa mère ne pouvait pas lui en vouloir d'être heureuse, mais de tous les mecs dont elle pouvait tomber amoureuse, pourquoi faillait-il que ce soit le fils de son beau-père? Pourquoi pas un autre? Pourquoi lui? Elle l'écoutait parler en silence, tentant tant bien que de mal de se laisser convaincre. Il avait raison. Peu importe ô combien elle pouvait se sentir mal vis-à-vis sa mère, il avait raison. Susan était heureuse. Elle avait épousé un homme qu'elle aimait et avait, d'une certaine façon, gagné la famille dont elle rêvait tant. Certes, cette famille n'allait peut-être pas être des plus fonctionnelles, mais il n'en demeurait pas moins que ç'allait être une famille réunie. Réunie par un petit-fils ou une petite-fille qu'elle allait partager avec son mari et avec le ou laquelle ils auraient tous les deux un lien de sang.

« Je sais que tu as raison... Que j'ai le droit d'être égoïste pour une fois dans ma vie. Mais ce n'est tellement pas dans ma nature d'être ainsi...» Tout près de lui, ses lèvres touchant désormais presque les siennes, elle baissa la tête. Elle se sentait minable et faible d'être incapable de rassembler le courage d'assumer sa décision. Elle l'écouta parler, silencieuse et penseuse. Elle ne put toutefois pas le laisser se dénigrer de cette façon. Elle avait bien compris qu'Hayden semblait être le garçon avec le plus de confiance en soi. Or, quand on le connaissait bien, c'était tout le contraire. « Ne dis pas ça, Hayden. Je ne serais pas tombée amoureuse de toi si t'étais pas un bon gars. Tu es un homme dévoué, un homme capable d'aimer de tout son être... Tu es intelligent et tu vas sauver des vies. Crois-moi, tu es une bonne personne. » Tout doucement, elle leva sa main pour caresser sa joue et lui voler un doux et court baiser. « Ok... », souffla-t-elle en hochant doucement la tête. Tant de choses se passaient dans sa tête, mais elle devait arrêter de céder devant la peur et les remords. « Je vais le garder. On va le garder... mais... » Elle savait que ce qui suivrait n'allait pas lui faire plaisir. « Je vais lui dire quand je serai prête. Si elle découvre ma grossesse avant, j'inventerai un truc en attendant... Je sais pas trop. Mais, je veux lui dire que je serai prête. » Elle insista sur les dernières paroles. Elle voulait qu'il comprenne que ce qu'elle disait n'était pas négociable, et ce, peu importe ce qu'il en pensait.

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J'étais une bonne personne me disait-elle... Je n'en savais rien. Au moins j'essayais chaque jour, avec mon immense maladresse, de m'en rapprocher. Puis tout-à-coup, mon visage s'illumina lorsqu'elle prit haut et fort la décision de le garder. Je ne pus retenir ce grand sourire d'illuminer mes lèvres. Caressant sa cuisse, je lui dis tout simplement ce mot pourtant si fort :

« Merci.. »

La suite, cependant, me laissa un arrière-goût amer. Un soupir s'échappa longuement d'entre mes lèvres lorsqu'elle me dit qu'elle décidait d'accepter sa grossesse, certes, mais qu'elle n'hésiterait pas à mentir si jamais quelqu'un d'autre que nous deux s'en rendrait compte prématurément.

Mes doigts jouant avec une miette invisible sur la table, je lui demandais en essayant de rester toujours aussi calme. Inutile de remonter dans les tours.

« Et quel bobard comptes-tu inventer ? Qu'il est né par l'opération du Saint Esprit ? »

Mes paroles ne se voulaient absolument pas arrogante. Juste un peu... Juste un peu. Mais je ne voulais pas que l'on se prenne à nouveau la tête, alors je me repris aussitôt, et ajoutai :

« Excuse-moi. Ce que je veux dire c'est que tu comptes faire quoi, à moins de... A c'est donc ça ? De dire qu'il est d'un autre ? »

Sentant une jalousie bien familière me posséder une nouvelle fois encore envers ce connard que j'avais toujours détesté pour être tombé amoureux de Jordan à l'époque où ils étaient ensemble, je demandai avec une crainte mêlée à de la suspicion :

« Tu ne vas quand même pas dire qu'il est de lui ? Pas de Kyle ? »

Plongeant ma tête dans ma main droite appuyée contre la table, je lâchai malgré moi avec dépit :

« Oh bordel... Je vais avoir des cheveux blancs avant l'heure... »

Je me rappelais encore le bruit de leurs ébats depuis ma chambre lorsqu'ils étaient ensemble, essayant d'en faire encore plus pour les emmerder... Ça commençait à dater un peu, à vrai dire.

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Hayden & Jordan

Après plusieurs jours de maladresse et de tourmente, Jordan avait enfin pu s'expliquer. Malgré ses éternelles réflexions des derniers jours, elle n'était pas parvenue à prendre une décision avec laquelle elle était entièrement en paix. Contrairement à quand elle avait dix-huit ans, elle aimait son petit-ami d'un amour fort et sincère. Et elle aimait, bien malgré elle, le foetus qu'elle portait en elle, car il était le fruit de leur union. Or, l'homme dont elle était tombée amoureuse était son demi-frère. Il était le fils de son beau-père. Dans un monde où son père n'avait jamais fréquenté ni marié sa mère, elle se serait réjouie de cette grossesse. Elle l'aurait accueillie avec toute la joie et l'amour du monde, confiante qu'elle allait pouvoir être une bonne mère et l'aimer de tout son être. Cependant, la situation était toute autre. Elle connaissait la vulnérabilité de sa mère, son besoin d'avoir une famille soudée et son idéalisation de la relation entre Hayden et elle. Susan voulait qu'ils soient comme frère et soeur et elle était loin de s'imaginer qu'ils pouvaient être bien plus. Pour Jordan, il était certain que sa mère accueillerait la nouvelle de leur relation comme une certaine trahison. Du moins, c'est ce qu'elle pouvait s'imaginer. En réalité, il lui était difficile d'envisager la réaction réelle de sa mère, bien qu'elle était certaine qu'elle ne s'en réjouirait point. L'impact que sa grossesse aurait sur sa relation avec sa mère, et ce, agrémentée par l'annonce de l'identité du père, la terrifiait comme jamais. Elle n'était donc pas prête à lui dire l'entière vérité, malgré la douleur qu'une telle décision pouvait infliger à son amoureux. Elle était néanmoins certaine que c'était l'une des seules façons d'atténuer son angoisse. Elle pouvait très certainement renoncer à l'avortement; après tout, elle n'avait jamais réellement voulu lui enlever la vie. Or, elle ne pouvait supporter le cataclysme que causerait l'aveu de son idylle avec Hayden. Elle n'avait pas la force de supporter les ravages que cette révélation causerait ou du moins, pas encore.

« Non, pas de Kyle... » Elle se sentait horrible de lui imposer un tel supplice, mais la jeune femme demeurait de marbre quant à cette décision controversée. Elle n'était pas encore prête à sacrifier sa relation avec sa mère, sa meilleure amie. En revanche, elle ne voulait pas dire qu'il était de Kyle. Elle y avait pensé, d'autant plus que sa mère pensait qu'ils étaient encore ensemble jusqu'à tout récemment, mais elle ne pouvait risquer qu'il ne soit directement impliqué dans cette tempête familiale. « J'ai trop peur qu'elle essaie de le mêler à la situation. Je pense peut-être lui dire que je l'ai trompé et que j'ai couché avec un gars dans un bar... Elle va certainement être dans tous ses états, mais peut-être moins que de savoir que j'ai couché avec le fils de son mari. » Sous l'effet de l'angoisse que lui causait cette situation rocambolesque, l'étudiante fixait ses mains sans relâche. Elle jouait nerveusement avec ses doigts, incapable de croiser son regard dans lequel devait certainement se trouver la plus grande des déceptions et, qui plus est, une incontrôlable jalousie. « Elle va savoir, à un certain moment, que c'est ton bébé, Hayden. Je ne suis juste pas prête à perdre ma relation avec ma mère. Pas encore. J'ai besoin d'elle. Et j'ai besoin de toi... » Rassemblant le peu de courage qu'il lui restait, elle posa son regard dans le sien, dévoilant ses yeux humidifiés par les larmes qui traçaient doucement leur chemin. Elle soutenait son regard en l'implorant silencieusement de la comprendre, de la supporter.

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Quel prix fallait-il payer pour assurer la pérennité de cette maudite famille que je n'avais pas souhaité ? Moi, je voulais simplement avoir ma Jordan, et notre enfant. Point barre et pas de retour à la ligne.
Elle essayait de me rassurer, de me faire croire qu'un jour Susan et mon père sauraient pour mon rôle de père. Quelles garanties avais-je ? Je ne le croyais pas. Non, définitivement pas. Il y aurait toujours un prétexte, une bonne excuse pour qu'elle me fasse comprendre que ça ne serait pas le bon moment. Et pendant ce temps notre fille ou notre fils grandirait. Et, peut-être, sûrement même, me ressemblerait. Le comprendraient-ils à ce moment-là ? Il le faudrait bien. Et je serai certainement déjà loin de la maison à cet instant. Je serai ailleurs, dans un autre hôpital d'une autre ville. A travailler sans relâche avec la photo de celle que j'avais aimé et de notre enfant riant aux éclats. Sans avoir le droit de l'approcher. Et Jordan ? Et bien elle aura certainement déjà refait sa vie. Sans le moindre doute. C'était son genre, ça. Passer d'un mec à l'autre, et oublier le précédent. Je n'étais qu'un chiffre dans le décompte de ses amours fugaces. Même si j'étais le père de ce petit bout. Mais elle chercherait à tout prix à sauver les apparences, quitte à se trouver un nouveau père, aussi brun que moi pour faire comme si et expliquer cette ressemblance avec notre enfant si jamais il venait à être bien brun. Avec leur enfant. Et moi ? Je sombrerai dans l'alcool sans aucun doute. Et la dépression, c'était certain. En bref, je serai l'homme le plus malheureux sur cette Terre, alors que j'ai presque tout. Et à la fois absolument rien.

Alors je l'écoutais parler dans le plus parfait silence. Je me demandais déjà intérieurement si je réussirai à refaire ma vie loin d'elle. J'étais sûr du contraire. Peut-être finirai-je en profond célibataire endurci. Et elle ? Quoiqu'elle veuille bien me dire, elle m'oubliera. C'était une certitude. C'était ça, Jordan. Une fille amoureuse d'un homme, et puis d'un autre. Ou plutôt d'aucun à la fois. Peut-être m'avait-elle un peu plus aimé que les autres, mais ça lui passerait. Comme toujours.

« Tu as besoin de moi... » Répétais-je en hochant la tête, fixant le sol.

Pourquoi n'arrivais-je pas à gober ça ? J'en sais rien. Mais je n'y arrivais pas. Sortant de mon état hypnotique, je lui répondis :

« T'inquiète pas, tu ne me perdras pas. Et tu ne perdras pas ta mère non plus. Tu la crois franchement capable de faire ça ? De dégager sa fille tant aimée de sa vie ? »

Lâchant un soupir, j'ajoutai :

« Mouais... Je ne trouve pas ça très crédible. Mon père par contre... On va se détester plus qu'on ne s'est jamais détestés. Mais ça, honnêtement, j'en ai rien à foutre. »

Mon père restait mon père, c'est vrai. Mais il n'en demeurait pas moins une présence dispensable à ma vie. Je l'appréciais un peu plus ces derniers temps, du moins il m'agaçait légèrement moins, mais... Il me dégoûtait toujours autant. Pour mes amis, je n'avais pas de père. Certains pensaient sincèrement qu'il était décédé des suites d'un suicide après la mort de ma mère. Je ne voulais pas d'un plombier dans ma vie, d'un empoté pareil. D'un paternel aussi stupide, auquel je ne ressemblais heureusement pas vraiment, hormis au niveau de notre regard. Rien ne pouvait m'empêcher d'éprouver cette honte envers lui. Un jour j'avais espéré que ça changerait. Un jour j'avais espéré que je changerais. Mais je n'y arrivais pas. Je comprenais mon aversion pour lui, dû à son éloignement envers ma mère et sa maladie, mais à ce point-là... Rien ne pourra jamais nous réunir. Alors oui, j'acceptais mon enfant, car je reniais ma famille. Susan était ma belle-mère, mais rien d'autre à mes yeux. Je ne lui devais que le respect. La question de ma demi-sœur était, quant à elle, pliée. Et mon père ? Enterré.

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I'm sorry but I don't think I can do this...

Hayden & Jordan

Entre ses mains, elle tenait un poignard. Une arme destructive capable d'anéantir une vie sans la moindre merci. Et sans relâche, elle le plantait dans le coeur déjà meurtri de son petit-ami. Encore et encore. Jusqu'à ce que la vie ne l'ait libéré de sa triste souffrance. Elle était consciente de toute la douleur qu'elle lui infligeait. Elle lui demandait d'être compréhensive, de la supporter dans cette décision on ne peut plus déchirante. Jordan était pourtant une femme généreuse qui, trop souvent, s'oubliait elle-même pour faire plaisir aux autres. Or, était-ce ce dont elle faisait preuve? D'altruisme? Pourtant, elle cédait devant sa peur pour préserver sa mère, et ce, en dépit de toute la douleur qu'elle pouvait faire subir à Hayden.

« Oui. J'ai besoin de toi », répéta-t-elle d'une voix douce tandis qu'elle posa la paume de sa main sur sa joue. Il n'y avait rien qu'elle ne voulait plus qu'être avec lui, l'homme qu'elle aimait d'un amour réel et sincère pour la toute première fois de sa jeune vie.

« Je ne dis pas que je la perdrais comme si elle me renierait. Je crois juste que... Que ça ne serait plus pareil. Ma mère est ma meilleure amie. La personne à qui je dis tout. Et je sais que lorsqu'elle saura, elle ne me fera plus confiance. Je ne serai plus la même personne à ses yeux... » Elle n'avait aucun doute quant au rôle que sa mère allait jouer dans la vie de leur enfant. Susan n'allait pas renier son existence. Elle allait être présente et l'aimer, mais leur relation mère-fille serait à jamais changée... pour le pire.

Cherchant un peu plus de proximité avec le jeune homme, Jordan passa son bras autour de sa taille et serra son corps contre le sien. « Je gérai la situation en temps et lieu... Je veux simplement qu'elle commence par accepter ma grossesse... Qu'elle apprenne à aimer son petit-fils ou sa petite-fille avant même qu'il ou elle ne soit né(e). Je ne compte pas lui cacher la vérité éternellement. Je veux que tu sois là quand je vais lui donner naissance. Je veux que tu sois là à toutes les étapes de sa vie comme son père, rien de moins. Je ne le garderais pas si ce n'était pas de toi. » Au fur et à mesure que les paroles s'évadaient de sa bouche, elle prenait une certaine confiance en elle. Peut-être n'était-ce qu'une apparence qu'elle se donnait pour calmer l'esprit tourmenté d'Hayden, mais cela suffisait pour la convaincre elle-même. Bien qu'elle n'avait pas une idée claire de ce qu'elle allait faire et dire, elle parvenait à se convaincre que tout allait bien se dérouler. Que les choses allaient être plus simples que ce qu'elles s'apprêtaient à être réellement. L'épée de Damoclès n'était, après tout, jamais bien loin.

FIN

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