forgiveness doesn’t change the past | KIEN

[ forgiveness doesn’t change the past but it does enlarge the future ]

w/ @kien hulin
Une frisson parcouru la demoiselle, démarrant de son bassin pour glisser tout le long de son échine. Elle se tenait devant l’hôpital, siège de ses malheurs et de ses souffrances, lieu qu’elle retrouvait encore dans ses pires cauchemars et qui hantait ses souvenirs. Pourtant, elle savait qu’elle devait à nouveau mettre un pas dans l’établissement. Depuis qu’elle était revenue, elle se sentait terriblement mal vis-à-vis du psychiatre qu’elle n’avait pas eu la peine de respecter décemment quand il était venu s’occuper d’elle suite au décès de sa mère. Elle n’avait pas eu le courage de s’ouvrir à lui pour lui parler de troubles alimentaires, ni même de la grossesse à dix-sept ans, de l’enfant perdu, de son premier amour disparu - ça ne voulait rien dire, pour un gamin de seize ans, d’aimer, pas vrai ?
Un soupir lui échappa et l’air chaud de sa bouche forma une fumée blanche qui s’estompa quelques instants plus tard tandis qu’une bourrasque la fit trembloter. Emmitouflée dans son manteau, la demoiselle imaginait déjà tous les scénarios possibles. Peut-être que le Dr. Hulin ne travaillait plus dans cet établissement, ou bien n’avait-il aucune envie de la voir après la méchanceté qu’elle avait pu laisser sortir, colère de son âme, rage de son cœur, qu’elle avait laissé apparaître avant de claquer la porte. Il faut au moins que je m’excuse, même s’il ne les accepte pas. Je ne pourrais pas dire que j’ai encore fui. Elle essayait de se rassurer comme elle le pouvait, mais elle tremblait aussi bien de peur que de froid, ne sachant plus discerner d’où venait réellement les tremblements.

Elle franchit enfin les portes de l’hôpital et retira le bonnet noir de sa tête, ce qui rendit aussitôt ses cheveux électriques et ébouriffés, comme si elle était une gamine sans abri. Heureusement, ses vêtements l’aidaient à avoir meilleure allure et à montrer qu’elle travaillait pour vivre … Ou bien survivre, Jessie. Que fais-tu, ma belle, hein ? Vis-tu ou survis-tu ? Elle chassa la voix malsaine qui la hantait et s’adressa à l’accueil pour demander à voir le docteur. « Je suis désolée mais le Dr. Hulin est occupé mademoiselle. Je vous conseille de revenir plus tard. — Non, j’ai besoin de le voir ! Aujourd’hui, maintenant même ! » Elle ne pouvait pas avoir fait tout cela pour rien, si ? Elle ne pouvait pas se permettre de faire demi-tour, mais le destin semblait ne pas être de son côté. Devait-elle écouter les signes ou aller à leur encontre ? La dernière fois qu’elle avait cru suivre les signes, elle avait perdu sa mère. « Calmez-vous mademoiselle, s’il vous plaît. » Jessie se calma et décida d’une nouvelle approche. « Très bien, merci, au revoir. » Et elle s’éloigna comme si elle s’en allait réellement, au lieu de quoi, elle attendit que la dame de l’accueil fut occupée à regarder ailleurs pour filer à travers l’hôpital à la recherche de la salle dans laquelle elle s’était entretenue à peine une fois ou deux. Sans même prendre le temps de toquer, Jessie entra dans la pièce sans se soucier s’il était en consultation ou non avec une impulsivité qui lui sied tant. « Docteur … J’ai besoin de vous parler ! »

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[ Forgiveness doesn't change the past ]

Once upon a time in the Hospital
Ma patiente pleurait dans son fauteuil, semblant aussi vulnérable qu'une enfant sans défense contre une vie qui, sans aucun doute, ne l'avait pas ménagée. L'écoutant attentivement lorsqu'elle se remit à parler, j'étais une oreille tout ce qu'il y a de plus attentive lorsqu'elle me narrait les difficultés qu'elle avait de vivre avec son mari lorsque ses troubles émotionnels l'envahissaient. D'une relation tout ce qu'il y a de plus constructive et épanouie elle sombrait alors dans le doute et le besoin de fuir cette existence qui, l'espace de quelques heures et ce jusqu'à ce qu'un apaisement s'opère, la mettaient dans un malaise profond. Ainsi, d'une consultation à l'autre j'avais le droit à des « j'aime profondément mon mari » à « je n'en peux plus, je ne veux plus être avec lui ». L'accompagnant depuis des années depuis le diagnostic que j'avais posé de troubles bipolaires, je l'aidais lorsque ses humeurs étaient un peu trop hautes à beaucoup trop basses. Prenant mon carnet d'ordonnances pour renouveler son Lithium et ses anxiolytiques, nous fûmes toutefois plus que surpris lorsque la porte s'ouvrit à la volée, laissant se dessiner dans l'embrasure la silhouette d'une femme que j'avais bien connue. Etonné de la voir ici alors que sa thérapie avait été un échec, Mademoiselle Sawyer demanda à me voir. D'une voix alors toujours aussi douce et posée je lui répondis :

« Je termine avec ma patiente et je suis à vous. Attendez-moi dans la salle d'attente, je vous prie. »

La porte se referma alors, et je pus renouveler les médicaments de ma patiente avant de lui tendre son ordonnance et de lui demander de me suivre. Nous arrivâmes à l'accueil où je pus lui donner un rendez-vous rapide, la saluer puis la quitter. C'est bien intrigué par cette entrée fracassante que je me dirigeai vers la salle d'attente et demandai :

« Mademoiselle Sawyer ? Suivez-moi, s'il-vous-plaît. » L'invitais-je avec un doux sourire.

Quand bien même sa thérapie s'était avérée très difficile, dirais-je explosive et n'avait aboutie à rien, j'avais hâte de savoir pourquoi elle désirait me voir si expressément. Nous entrâmes alors dans mon bureau où je lui proposais de s'assoir. Ajustant ma blouse pour ne pas la froisser, j'en fis autant, me retrouvant face à la jeune femme qui semblait bouleversée. Aussi, je déclarais avec précaution :

« Je vous écoute, pourquoi venez-vous me voir aujourd'hui ? »

Après tout, cela faisait des années que nous ne nous étions pas vus. Pas depuis, me souvenais-je parfaitement, la mort de sa mère...

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[ forgiveness doesn’t change the past ]

w/ @kien hulin
Si Jessie s’était montrée pressante en parlant à son ancien docteur, elle l’écouta docilement lorsqu’il la fit attendre à l’extérieur. Incapable de tenir en place néanmoins, elle faisait les 100 pas devant la porte en se rongeant les ongles, stressée à l’idée même d’avoir fait une énorme bêtise. Maintenant qu’elle se retrouvait devant les faits, la seule chose qu’elle avait envie de faire était de courir à traverser l’hôpital pour s’enfuir de ce trou à rats. La peur lui montait tant à la tête qu’elle manqua presque de s’en aller lorsque le destin lui indiqua de rester : Dr. Hulin venait de terminer avec sa patiente et la laissait s’en aller. Jessie croisa le regard de la jeune femme légèrement furieuse à l’idée qu’elle ait interrompu sa séance avant de baisser les yeux d’un air coupable. Qu’est-ce que ? Elle n’eut pas le temps de s’interroger sur le cas de cette dame avant qu’on ne l’interpelle. Elle se tourna aussitôt vers la voix familière et en entendant son nom de famille, elle fut replongée plusieurs années plus tôt. Plus que jamais, elle rêvait de faire demi-tour, de se carapater, elle n’avait plus aucune envie de rentrer, de passer la porte, plus rien n'allait, ses pensées se bousculaient. Soupir. Il fallait absolument qu’elle se calme. Elle le suivit jusque dans son bureau, traversant le pas de la porte non sans avoir envie de courir à nouveau vers la sortie. Elle se sentit enfermée, oppressée dans cet endroit, redoutant que le sujet de sa mère retombe sur la table, craignant une nouvelle vague de fureur de sa part.

Jessie prit place en face du docteur, les mains moites, chiffonnant son bonnet coincé entre ses mains, jouant avec la laine douce contre ses doigts. Elle se raclait la gorge et faisait vibrer nerveusement sa jambe, avec l’étrange impression d’avoir été plongée dans un cauchemar. Elle eût même dû mal à aligner deux mots. « Je ... euh … eh bien. » Putain, reprends-toi, Jessie. Elle inspira profondément pour rassembler ses esprits et s’exprima d’une traite. « Je suis désolée. Pour ce que j’ai pu dire et faire. Je regrette. »

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[ Forgiveness doesn't change the past ]

Once upon a time in the Hospital
La jeune femme semblait terriblement nerveuse lorsque je vins à sa rencontre dans la salle d'attente où elle avait patienté le temps que je sois de retour de mon rendez-vous précédent. L'interrompant dans ses cent pas, je l'invitais à me suivre dans mon bureau pour que nous puissions discuter, je l'espère cette fois, tranquillement. Mademoiselle Sawyer me suivit et s'installa lorsque je l'en invitais dans le fauteuil moelleux qui me faisait face. M'asseyant à mon tour, je lui demandais alors qu'elle était la raison qui la poussait à venir me voir quelques années depuis notre dernière rencontre. Visiblement stressée, elle triturait son bonnet de laine, sa jambe sautillant au grès de ses nerfs tendus à bloc. Et enfin, elle me parla : elle venait s'excuser. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres avant que je ne croise mes doigts et pose mon menton sur le dos de mes mains jointes.

« J'aimerais pouvoir vous dire que je vous pardonne... mais je n'ai sincèrement rien à vous reprocher. » Lui dis-je doucement.

J'étais sincère, ce qui s'était passé il y a quelques temps était oublié, quand bien même il est vrai qu'elle ne m'avait pas rendue la vie facile.

« J'apprécie sincèrement cependant votre démarche. J'imagine combien il a été difficile de venir me voir ici. »

J'espérais sincèrement qu'elle commence à se détendre en voyant mon absence de rancune. Il était normal que je passe à autre chose de ma part.

« Est-ce que vous voulez bien me donner de vos nouvelles ? Je ne vous force à rien, c'est seulement si vous le souhaitez. » Lui dis-je avec précaution.

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w/ @kien hulin
« J'aimerais pouvoir vous dire que je vous pardonne… » Cela semblait comme une terrible sentence, comme l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête, empoignée par son docteur et plantée de tout son long dans son corps, la plongeant dans un enfer perpétuel. Elle sentait qu’elle ne pourrait pas survivre si personne ne pardonnait ses mésaventures, ses erreurs de jeunesse. Jessie était prête à se racheter, mais si la première personne susceptible d’accepter ce pardon plus que tous les autres - de part son statut de docteur d’abord et de psychiatre ensuite - alors elle ne savait pas s’il valait la peine qu’elle poursuive son combat sur le chemin de la rédemption. Mais son sourire … Elle commençait à croire qu’elle aurait peut-être dû relever la tête plus tôt pour remarquer ses mains jointes sous son menton. L’action semblait être particulièrement prise au sérieux. Pardonnée. Elle était pardonnée. Elle s’attendait à des remontrances au moins, quelque chose … mais rien, juste le pardon accordé.

Un sentiment de soulagement la parcourut et elle arrêta aussitôt de faire vibrer sa jambe, les yeux admiratifs et désormais le regard moins fuyant, plus détendu que toutes les fois où elle a pu venir ici. Elle laissa ses yeux glisser le long des murs encadrés de diplômes, des bibliothèques pleines de livres - mais non de livres qu’elle avait tendance à lire comme Stephen King entre autres. Cela ressemblait davantage à des bouquins basés sur la psychologie. Après tout, t’es presque devant un psy.
Elle fut parcourue d’un frisson lorsqu’il demanda des nouvelles d’elle. Jessie savait que le chemin serait semé d’embûches et que les mots seraient compliqués à faire sortir hors de sa poitrine, un blocage qu’elle imaginait terminé, un sujet qu’elle avait seulement échappé. « Je. Je suis partie vivre avec ma tante pendant trois ans. Je n’y arrivais plus. » Elle laissa sa phrase en suspens, poussant un profond soupir comme si elle expulsait enfin quelque chose de ses épaules - le poids pesait encore lourd pourtant. « C’était très dur mais ça va mieux. Mais en revenant … j’ai remarqué que c’était loin d’être fini. Juste enfoui. »

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Once upon a time in the Hospital
Devant ma compréhension il semblerait que l'on est enlevé un poids énorme des épaules de mon ancienne patiente. Sa jambe avait cessé de tressauter et elle se permit de quitter ce point invisible qu'elle fixait pour laisser ses yeux courir sur la pièce et enfin sur moi, dont elle n'avait osé croiser le regard jusqu'à présent. Je lui demandais alors de ses nouvelles, la sentant plus apte à me répondre que par le passé où toute conversation était impossible. Je la sentais plus ouverte, et la démarche qu'elle avait faite de venir me voir après trois ans sans nous rencontrer le prouvait. Elle me répondit alors qu'elle était partie vivre chez sa tante, n'arrivant plus à faire face au drame qui la secouait. Je laissais le court silence passer entre nous, attendant une suite que je sentais prompte à arriver. Effectivement, elle ajouta que le retour avait été difficile car le mal perdurait quand bien même on essaie de le fuir. Avec mon empathie habituelle, je lui répondis :

« Je comprends. La fuite peut être une solution provisoire pour respirer mais en aucun cas elle est suffisante pour oublier l'inoubliable. »

Je laissais un instant un blanc, hésitant quant à l'idée de lui faire un aveux ou pas. Me décidant vite, je lâchais un léger soupir qui n'était toutefois pas résigné mais lui confiait de manière toujours aussi bienveillante :

« Vous savez, je vais vous faire une confidence. En tant que psychiatre je ne le devrais pas, mais j'aurais dû le faire depuis longtemps. J'ai perdu mon père il y a cinq ans. Quand c'est arrivé, psy' ou pas on n'est jamais préparé. Je suis reparti dans mon pays quelques temps mais au retour j'ai eu l'impression que je revenais à la case départ. Ce que je voudrais vous dire, c'est qu'il ne faut pas chercher à tourner le dos à nos démons. Il faut les affronter, tout en acceptant de chercher l'aide dont on a besoin. »

Parvenant à rencontrer son regard, j'ajoutai :

« Je ne veux vous forcer à rien, aussi c'est une proposition que je vous fais : si à l'avenir vous avez besoin d'aide, sachez que ma porte vous sera toujours ouverte. Vous n'aurez peut-être pas besoin d'aide médicamenteuse, mais vous savez qu'une thérapie classique est possible. »

Le sort en était jeté, à présent la balle était dans son camp. Libre à elle de faire le choix qu'elle jugeait opportun.

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w/ @kien hulin
Fuir. La seule chose qu’elle avait su faire au lieu de se battre. Elle avait toujours vu sa mère comme une battante, une guerrière qui, envers et contre tout, ne baissait jamais les bras. Elle criait parfois, elle s’énervait un peu trop souvent, l’impulsion du moment. Mais jamais elle ne baissait les bras ; et à la seconde où elle avait disparu, Jessie avait lâché prise, elle n’avait pas tenu bon, elle avait abandonné. Elle qui admirait tant sa mère était incapable d’être aussi forte qu’elle et ça finissait de l’achever. Si le Docteur se voulait entièrement professionnel, elle sentait que ses mots étaient durs, elle semblait comprendre l’intention qui se cachait derrière : elle ne pouvait plus fuir comme elle avait passé près de trois ans de sa vie à le faire - si ce n’est toute sa vie, à chaque épreuve. Elle devait affronter les obstacles, affronter les démons. Poussant un profond soupir, Jessie acquiesce en comprenant que son retour n’était pas plus mal mais qu’elle devait peut-être arrêter de toujours esquiver les situations et aller au front.
Elle appréciait la confidence du psychiatre, se sentant davantage à l’aise suite à sa révélation. Elle ne savait pas si elle aurait réagi de la même manière quelques années plus tôt en apprenant cette histoire. Peut-être que le moment était justement bien choisi. Elle lui avait reproché dès sa première séance de devoir s’ouvrir elle seule et qu’il ne le fasse pas, lui ; alors elle n’avait pas eu envie de lui faire confiance. Et désormais, elle lui faisait confiance avant même l’histoire énoncée.

Lorsque la possibilité de revenir se posa sur la table, Jessie se remit à nouveau à trembler avec l’envie irrésistible de s’en aller. N’avait-elle pas encore compris la leçon ?

« Oui. Euh. Je. Je verrais. » Elle paniquait, se levant de la chaise, se remettant le bonnet sur la tête. Ça va trop vite. Elle n’était pas prête à parler maintenant. Elle s’était déjà excusée, c’était un grand pas. Trop grand même ! « Je vais y réfléchir. Merci docteur. » le salua-t-elle précipitamment, se prenant le siège sur lequel elle était assise dans la hanche. Arf ! Ça fait mal ! Mais elle tenta d’esquiver la grimace qui se dessinait sur son visage pour ne pas lui montrer qu’elle venait de se faire mal. Je verrais … mon cul, oui ! Comment ça, moi, je vais parler ! Je pourrais … Non, je peux pas ! Elle se dirigea vers la porte, prête à partir. C'en était trop.

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Once upon a time in the Hospital
J'étais allé trop vite. Je le constatais devant la réaction anxieuse et précipitée de la jeune femme qui s'empressa de se lever, se cognant par la même occasion contre le siège sur lequel elle était assise quelques secondes plus tôt. Pourtant j'avais évoqué l'idée d'une aide pour l'avenir et non pas immédiatement, mettant par la même occasion le projet au conditionnel. Mais se sentant visiblement prisonnière de ce choix qu'elle n'avait pas formulé, elle semblait littéralement paniquée.

Se dirigeant vers la porte, je lui emboitais le pas pour lui ouvrir, lui montrant symboliquement qu'elle n'était pas enfermée dans ce bureau mais qu'elle pouvait y être et en sortir lorsqu'elle le désirait. J'en profitais toutefois pour lui dire :

« Je m'excuse si je vous ai fait peur. Ça n'était qu'une proposition que vous êtes libre d'accéder ou pas. Sachez que je vous accueillerai toujours pour votre plus grand bien. »

Je lui ouvris alors la porte et, à l'aide d'un doux sourire, la saluai.

« Rentrez bien et soyez prudente. Bonne route, Mademoiselle Sawyer. »

Intimement, je sentais que je la reverrai. Il y avait quelque chose en elle, un Eros, une pulsion de vie qui la ramènerai vers une cure quelle qu'elle soit. Peut-être pas vers moi, mais pour faire son deuil tout ou tard. Et si jamais elle venait à revenir en ces lieux, je le lui avais promis : je serai là pour elle. Qu'importe si c'est encore dans trois ans. J'espérais juste qu'elle ferait le bon choix de venir sur un chemin plus difficile qu'est celui du soin et de l'affrontement de ses démons. Cependant si elle était revenue vers moi aujourd'hui, je mettrai ma main au feu que c'est pour entamer ce processus de guérison. Pourquoi aurait-elle fait ce pas, sinon ?

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