(( l u z i a + l a u r i e )) -- lauzia #1

luz, tu ignorais quoi penser de cet appel. de ces lettres, accumulées, sur le coin poussiéreux, de ta table à manger. tes mains, venaient, s’appuyer sur tes tempes, les pressant du bout de tes phalanges nerveuses. et te (re)voilà, enfoncée dans ton mutisme, perdue dans un trop-plein néfaste de pensées. à ne pas savoir que faire de ta vie, quoi faire de ces émotions en bataille, que l’on te servait sur un plateau en plastique, sentant le pourri et la moisissure. loin d’être celui argenté, typique des récits fantasques, luz, tu vivais dans la crasse, accoutumée à la débauche, à la descente sans la remontée. en chute libre, attendant que ton corps s’écrase et ne se relève plus, les morceaux incapables de s’emboîter. face à ce foutoir, tu ne savais pas qui écouter entre la raison, qui te hurlais de brûler ces lettres, d’en faire un feu de joie ou si tu devais écouter les murmures de ton cœur. ceux, qui te glissaient, de t’accrocher à ton dernier parent, plus ou moins sain, qui pensait mériter, sa sortie, après une vingtaine d’années, passées derrière les barreaux. luz : tu ne savais plus où donner de la tête et pourtant, tu t’accrochais, à ces quelques mots, à cette vie de famille idéale qu’il dressait, les efforts qu’il promettait de faire, pour te connaître. pour essayer de sauver sa famille, même si ta sœur n’était pas sa fille et lui, probablement pas ton père, mais tu l’avais cru, ta mère, lorsqu’elle clamait, qu’il était le père. que tu ne le connaîtrais jamais, ce paternel envolé, dès les premiers cris. il n’avait vu que récemment ta frimousse, fermée. ta froideur. ton absence d’émotion. pourtant, t’avais explosé, luz, en sortant du lieu fermé, passant sous sourdine aux étoiles, ce que t’avais fait. personne ne se doutait, que tu passais quelques matins, ici, à te confronter à ton reflet. et c’était lorsque tes yeux se posaient sur son visage, que tes doutes s’envolaient : il était bien ton père, tu le voulais dans ta vie, même si tu n’en disais rien. trop silencieuse, à répondre par quelques mots, sans plus. enfoncée dans cette indécision permanente qui te caractérisait que trop bien. encore un de ces jours, luz, où tu prenais le bus, pour aller lui rendre visite, en n’oubliant pas sa demande. celle d’assister au jugement, pour tenter de le libérer, en conditionnelle, pour bonne conduite. tout se passait relativement bien, lors de votre rendez-vous, t’en souriais même, en t’allumant une cigarette dans le coin fumeur des visiteurs de la prison. tes yeux errants sur les différents passages, les pensées ailleurs. déviant sur ton père. votre conversation. l’envie de nouer avec cet homme inconnu. malgré tout.