swimming pool of liquor (sorensen)

First you get a swimming pool full of liquor, then you dive in it
Pool full of liquor, then you dive in it
I wave a few bottles, then I watch 'em all flock
All the girls wanna play Baywatch
I got a swimming pool full of liquor and they dive in it

Le bar du restaurant créole du Vieux Carré est une des planques préférées des flics de la Nouvelle Orléans. L'ambiance est aussi bonne que la bouffe, la musique fait oublier les longues patrouilles merdiques et les affaires qu'on ne parvient pas à classer. C'est facile de deviner ce qu'un flic essaie d'oublier lorsqu'on y prête un peu attention mais ce soir James n'est pas là pour noyer ses problèmes dans le rhum. Ce soir, il célèbre. Ce soir, il paie sa tournée à tout le bar s'il le faut. Il a enfin classé la putain d'affaire de l'escroc de Tinder. Pendant des mois lui et sa coéquipière Sorenson avaient tenté de résoudre le mystère. Toujours le même scénario : une femme d'une quarantaine d'année vient porter plainte au commissariat pour arnaque aux sentiments après être tombée sous le charme d'un beau mec qui finissait par pirater leur compte Paypal, Amazon et tout le bordel. Le type qui changeait de prénom (et de photos) à chaque victime ciblaient des femmes seules, désespérées, à qui ils disaient exactement ce qu’ils voulaient entendre. L’affaire était devenue sérieuse lorsque le suspect était passé la vitesse supérieure en organisant des cambriolages chez lesdites victimes. Il avait fallu trois mois à McGuire & Sorenson pour remonter jusqu’au coupable et tirer enfin un trait sur cette histoire. La personne qui se cachait derrière l’écran n’était autre qu’une étudiante de 23 ans dont le petit copain l’avait persuadé de l’aider à monter une gigantesque arnaque afin de pouvoir vivre la grande vie. Ils avaient retrouvés des Rolex, des sacs Chanel et tout le bordel dans le garage de leur taudis situé au Nord de la ville. McGuire & Sorenson avaient eu le plaisir de leur passer les menottes à tous les deux cet après-midi. Une affaire rondement menée qui était venue sortir James de sa routine. Dieu sait qu’il en avait eu besoin, surtout après le fiasco qu’avait été sa dernière rencontre avec Lewis.

“Bon tu vas pas me laisser faire un shot tout seul Sorensen, hein ?” Il fait signe au serveur de lui en remettre deux. Il l’aime bien, Sorensen. Elle se laisse pas faire, elle a de la répartie et surtout, elle a le même esprit de compétition que lui. Quand elle se lance dans quelque chose elle y va à fond, elle bosse clairement plus que lui et il la soupçonne d’être capable de lui mettre un gros KO si lui prend un jour la mauvaise idée de la mettre en pelote. Il sait que beaucoup de mecs à la station rêveraient de passer une nuit avec, il se compte parmi eux sans aucune hésitation mais McGuire essaie de ne pas mélanger travail & plaisir. Du moins il essaie. James brandit son shot, prêt à trinquer. “Allez, à cette affaire de merde enfin bouclée !”

/ awards session

Être flic abîme, c'est indéniable. Faut déjà être un peu abîmé pour vouloir être flic, d'ailleurs. Au début de sa carrière, très égoïstement, elle a cherché le moindre crime grave. Elle rêvait de voir ses mains recouvertes de sang, de tenir ce flingue entre ces mains, de tirer la détente. Aujourd'hui, même les plus petites affaires la sidèrent, et elle n'a plus qu'une envie : éviter le drame. Elle n'est pas encore trop abîmée au point d'abandonner ce qui l'a maintenue la moitié de sa vie, loin de là, mais bordel, quand une affaire finit bien, qu'est-ce qu'elle est contente. C'est vrai que ça a été quelques mois de galères à traquer le coupable de ces arnaques, mais maintenant qu'elle et son coéquipier, pour l'occasion, sont délégués de ça, elle est contente de mettre ça loin derrière elle. C'était pas la grande expérience non plus, mais putain, ça l'a frappée différemment quand elle a réalisé la tranche d'âge de ces femmes, et surtout, qu'elle en était plus si loin. Elle aurait pu être à leur place, si elle avait été plus naïve et crédule.

Mais il ne fallait pas qu'elle pense à ça. L'affaire est fermée, et les deux gamins allaient payer pour ça, et ce n'était pas à eux de décider de ce qui allait se passer. Ils ont restitué ce qu'ils savaient, et maintenant, ils peuvent souffler, surtout que la collaboration n'a pas été de tout repos. Au moins, elle n'est pas tombée sur un branleur, mais dans un poste de police, les rumeurs se colportent vite. Autant dire que face à James McGuire, elle ne s'est pas démontée une seule fois. Avoir la bouche en cœur et attendre que quelqu'un fasse le boulot à sa place, très peu pour elle. Pas quand elle représente les rares femmes du lieu, et que le peu de jeans moulants qu'elle met, elle peut presque vor la bave couler des bouches des gars. Mais, à sa plus grande surprise, ce travail en duo n'a pas été si catastrophique que ça, elle dirait même le contraire. Deux esprits de compétition en activité, ça a permis de résoudre plus vite l'enquête, et chacun a su prouver sa valeur. D'accord, si c'était à refaire, elle le referait sans aucun doute.

-Après c'qu'on a vu, je suis pas sûre que me laisser embarquer à boire soit une bonne idée, rit-elle jaune en s'asseyant à la table après avoir déposé son téléphone sur celle-ci. C'est pas un non, c'est pas un oui, c'est un "on verra une fois le verre en face". Mais c'est vrai qu'ils ont mérité ce relâchement, et au point où ils en sont... De toute façon, si jamais quelque chose la dérange, c'est pas elle qui hésitera à le dire. Ou bien à passer directement à l'action. A notre réussite fulgurante ! qu'elle trinque en prenant un verre, lançant un regard espiègle et empreint de fierté au brun, tandis que la descente s'annonce facile. Chaque flic est entraîné à ça, non ? La blonde compte même plus le nombre de fois où ils se sont retrouvés ici, autant entre collègues qu'avec les pompiers ou encore des urgentistes. A force, y a même plus la moue lorsqu'elle boit un verre. Au moins, elle est pas encore au point de compter l'alcool comme un repas, c'est déjà ça. Et puisqu'il y a toujours une morale à tirer des affaires, j'finirais par dire qu'être une femme célibataire de plus de quarante ans, ça pue la merde. J'vais commencer à suspecter tout inconnu qui se rapprochera de moi, pouffe-t-elle de rire en passant une main sur son visage. Ouais, elle est vraiment pas dans la merde. Elle s'affale presque contre le dossier de la chaise avec un soupir. Finalement j'crois qu'il va me falloir un peu d'alcool pour oublier c'que j'ai vu ces derniers mois. Tu comptes rester un peu ou t'es attendu ailleurs ? Après tout, elle le connaissait pas personnellement, ça se trouve il était juste là pour être courtois, et il avait une meilleure compagnie ailleurs. Elle lui en tiendrait pas rigueur, elle aurait fait pareil, si elle avait quelqu'un qui l'attendait chez elle. Mais à part ses animaux, y aura pas grand monde pour être content de la revoir entière.

/ awards session