only fools fall for you | isany

[ only fools fall for you ]

24 janvier 2021

Les minutes défilent et le temps s’écoule. L’horloge tourne aussi rapidement que dans une scène accélérée dans un film et les pensées martèlent son esprit au point qu’il est incapable de s’extirper de son canapé craqué par endroit. Il devait bosser aujourd’hui, mais pour la première fois, screw it, j’y vais pas, qu’il se dit. Et son corps s’étiole à mesure que le sang s’amenuise pour laisser de la place au niveau liquide qui habite ses veines en ce moment. L’alcool semble désormais rythmer ses journées ; il devenait le portrait craché de son père avec les bouteilles de bière vides accolées à celle de Jack déjà bien entamée et au verre qui avait servi pour multiples rations. Faut que t’arrête tes conneries, putain. Ses yeux roulèrent sur son téléphone comme dans l’attente qu’il s’illumine avec un seul nom sur l’écran. Ça roulait comme lorsqu’il le regardait, comme lorsqu’il croisait son regard. Y’avait ce quelque chose d’indéfinissable, de flou, de fou. Sa tête frôlait l’hystérie, la paranoïa, avant de s’éteindre subitement. Il devait oublier les conneries qui se formaient en son sein, arrêter de se cloîtrer dans un monde solitaire-solitude. Plonge pas, Tony, putain. Les fixs, les seringues, les hallucinations, les fièvres maladives. Terminé.

Lève-toi, connard, tu vas être en retard ! Il l’était déjà, à vrai dire. Un manquement que son patron ne laissera peut-être pas passer. Et alors, sérieux ? Qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Fouiller dans la tête de Tony, c’était comme de parler à un schizophrène. Dans la précipitation pour ne pas être davantage en retard, tentant de chasser de ses pensées quelqu’un qui commençait à ne plus être une blague, il balaya par la même occasion la petite table en face du canapé dont les bouteilles manquèrent de s’effondrer au sol - l’un des cadavres tout de même tomba, s’explosant en mille morceaux sur le parquet. Fuck, c’est pas le moment ! Il marcha par-dessus les morceaux de verre qui rappelait l’état de son cœur avant d’enfiler ses chaussures et de fermer l’appartement comme il refermait son palpitant, l’enfermant dans une cage dès qu’il quittait ce maudit endroit.
C’est ton anniv putain, souris ! Mais il avait pas envie de sourire. Il laissa les heures défiler bien plus lentement comme s’ils s’agissaient de jours durant. Puis la fin de service tomba enfin, fin de soirée longue et le songe d’un verre promis au Snug.

Son cœur pourrait imploser, sa mâchoire se contracte, n’est-ce pas pour le froid, non pour lui. Ses doigts froids et fragiles rencontrent la chaleur du bar et ses orbes malicieux rencontrent celles qui lui font se sentir carrément bizarre en ce moment. Ses pas sont différents, mais son sourire n’a pas changé, comme s’il jouait un rôle. Il glisse son coude sur son comptoir avec les yeux de séducteur qu’il ne perd jamais, en toute circonstance. Le bar se vidait gentiment, l’heure sonnant presque le glas de la fermeture de l’établissement. « Tu me dois pas un verre par hasard ? » Une phrase balancée, comme ça. Par hasard. Une tentative qui frôle les étoiles, qui met en péril les sensations éprouvées. Une fosse. Un piège qu’il pose et sur lequel il marche tout seul, comme un suicidaire. Ça se referme autour de lui et comme un con, il cherche même pas à se débattre en croyant être tombé dans ses sables mouvants quand il ne s’agit rien de plus qu’un poison s’insinuant dans ses veines. Un poison dont il n’a pas l’antidote. Donc il ne le prendra peut-être jamais d’ailleurs.

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@Anthony Walker
L’impatience grimpe à chaque heure qui passe, Isaac n’en peut plus. Son regard ne cesse de se tourner vers l’entrée du bar, à chaque mouvement, chaque personne qui entre ou qui sort, il espère. Son cœur se serre un peu plus à chaque fois, puisqu’il ne s’agit jamais d’Anthony. Idiot qu’il est, à espérer quelque chose qui peut-être ne viendra jamais. Il n’a eu aucun signe de lui, aucun message lui promettant qu’il viendrait réellement ce soir. Simplement une intuition, un pressentiment aussi hypothétique que de croire que les poules n’auront jamais de dents. Il ne sait même pas pourquoi il continue d’espérer Isaac, pourquoi est-ce que soudainement les choses sont aussi différentes. Cela fait des semaines que ça dure maintenant, des semaines qu’il ne sait plus comment agir quand il voit l’un de ses meilleurs amis. Tout chez Anthony le déroute, parce qu’au travers de son attitude de plaisantin, il perçoit des choses sérieuses qu’il ne sait pas appréhender. Et si ça lui fait peur, s’il sait au fond qu’il devrait couper court à cette nouvelle dynamique qui existe entre eux, il est aussi bien trop attiré par cette possibilité pour y mettre fin. Depuis six ans, rares sont les personnes qu’il laisse réellement entrer. Isaac ne se confie plus, ou que très rarement. Il n’entame jamais des conversations avec des gens qu’il ne connaît pas, autres que ses clients réguliers. Il se ferme Isaac, toujours un peu plus. Alors ses amis, ceux qu’il considère comme de vrais proches, il ne veut pas les perdre. Si les débuts ont été compliqués entre Tony et lui, il a finalement appris à le connaître, à l’apprécier. Tellement qu’aujourd’hui il le voit comme un vrai pilier. Pas toujours le plus stable, parfois un peu énervant, mais un pilier bien présent. Depuis les trois ans qu’ils se côtoient, jamais il n’avait pensé à lui ainsi, et pourtant maintenant il ne peut plus s’arrêter. Il voit les regards lourds de sous-entendus, les flirts qui ne s’arrêtent plus, les gestes parfois ambiguës.

Les heures passent, la fin du service approche. Pour un dimanche soir, Isaac ne précipite pas trop les choses. La semaine dernière il avait déjà verrouillé la porte à cette heure-ci, mais aujourd’hui il attend encore. Quelques clients sont là, finissant leurs verres au rythme de la musique qui passe dans les enceintes. Le groupe a remballé pour ce soir. Puis la porte s’ouvre, la silhouette familière entre dans le bar. Et il sourit Isaac, en le voyant s’approcher avec cette lueur prédatrice toujours présente dans ses yeux. Il le regarde s’approcher, en silence. Leurs iris s’affrontent, se cherchent, et il semble que ça suffit puisque Anthony prend place sur l’un des tabourets. Il lui pose une question à laquelle Isaac ne répond qu’avec un sourire en coin, s’amusant de cette dynamique si étrange et pourtant si familière qui s’est installée entre eux. Il se détourne sans un mot et attrape en haut d’une des étagères sa plus chère bouteille de whisky - la meilleure. Le bar est quasiment vide ce soir, alors il en sert deux des verres, après tout c’est lui le patron, personne ne pourra contredire les règles qu’il s’impose ou non derrière son propre comptoir. Revenant vers Tony, il fait glisser vers lui un des deux verres, son sourire cette fois bien plus grand et chaleureux. « Joyeux anniversaire Anthony. » Son regard braqué sur lui, il lève son propre breuvage pour trinquer. Le tintement cristallin s’accroche à l’air quelques instants, tandis que les deux hommes goûtent une première gorgée du liquide ambré. « Alors, comment tu te sens ? Soudainement plein de sagesse et de maturité ? » C’est une étape qu’il franchit aujourd’hui le motard, un cap que Isaac n’aperçoit pas encore tout à fait. Pas que l’âge change grand chose à vrai dire, lui il a arrêté de compter quand il avait trente ans. Pas à cause d’une peur de vieillir ou de recherche de jeunesse éternelle, simplement parce que sa vie s’est mise en pause quand il avait cet âge-là. Depuis il ne voit plus l’intérêt de continuer. « Comment c’était hier soir ? Pardon de ne pas avoir pu être là, tu sais que j’aurai aimé. » dit-il le plus sincèrement du monde. Oui, il aurait aimé fêter cet événement avec tous leurs amis, serrer Tony à minuit pour être un des premiers à lui souhaiter un bon anniversaire. Il a peut-être été le premier à lui envoyer un message, mais ce n’est pas la même chose. S’il avait pu il aurait été à cette soirée, mais être le propriétaire et gérant principal d’un bar de centre ville signifie travailler tous les samedis soirs. Dans d’autres conditions, peut-être qu’il aurait pu laisser Karim et Magdalene gérer le Snug Harbor, mais puisque les deux hommes sont des amis proches de Tony, il a laissé l’ex-militaire faire la fête.

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@Isaac Evans

Y’a un truc qui vient le pomper jusque dans ses entrailles, quelque chose qu’il ne parvient pas à définir. C’est flou, c’est beau et à la fois terrifiant. C’est ainsi qu’il s’arrête un instant à l’embrasure de la porte du bar. Première fois qu’il hésite à franchir la ligne comme une limite qui l’amènerait dans un endroit secret, protégé, un endroit qu’il franchit délibérément. Était-il en train de faire le pas entre le passé et le futur ? Entre ce dont ils avaient discuté par message ? Entre le souvenir encore ancré sous ses paupières de Casey et la possibilité de voir plus loin avec Isaac ? Les questions d’Isaac par message le déroutaient, les discussions nocturnes sur l’oreiller avaient le don de le rendre complètement fou. Un désir naissant au creux de son ventre rendaient ces soirées aussi douces que douloureuses. Le sentiment qui s’attachait à son âme faisait dévier le quarantenaire dans l’hystérie le poussant dans ses retranchements, lui qui n’avait rien connu de tel depuis Casey. Et encore, il savait pertinemment que rien n’était comparable. Quand il s’agissait de Casey, il était complètement sou ou drogué, les yeux rouges et les mains tremblantes. Quand il était en manque, il savait plus s’il l’était de Casey ou de l’héro qu’il devait se piquer dans le bras. Mais y’avait dans ces sensations une part qu’il associait directement aux drogues durs qui pouvaient se frayer un chemin jusqu’à ses neurones pour en griller quelques-uns.
Là, il n’y avait rien. Rien qui venait se mêler à son sang, rien qui venait perturber ses sens ou lui faire voir des hallucinations. Il n’y avait que le bar, les gens buvant une bière après le travail, les derniers hommes profitant de leur soirée. Et Isaac. Isaac, seul, derrière le bar. Et son coeur manqua un battement.
Quand tu le regardes, est-ce qu’il est simplement un challenge, un autre conquête ? Un nombre de plus parmi les autres ?
J’en sais trop rien.
C’était encore trop flou, les lignes n’avaient aucune netteté, la description de leur relation se mélangeaient entre la blague et le sérieux, quelque chose qu’il ne parvenait plus à discerner désormais. Où était la limite ? Si même lui n’était plus capable de la définir, il se voyait mal demander à Isaac où elle était. Parce qu’au fond, il n’avait pas réellement envie de savoir. Il y avait quelque chose au fond de lui qui lui disait : Depuis quand ça t’importe ? Mais ce qu’il lui arrivait n’était pas habituel. Alors les questions avaient des raisons de poser.

Qu’est-ce que tu fous bordel ? Agir normalement, sourire, lâcher l’embrasure de la porte, s’avancer jusqu’à lui pour y poser son coude et y attendre la promesse d’un soir gravé dans sa mémoire. Il le regarde sourire, un sourire qui lui avait manqué la veille. Une frustration certaine qu’il ait été aux abonnés absents pour ses quarante ans, âge fatidique. Il pensait que la dernière personne qui serait absente, ce serait Isaac. Lui qu’il prendrait dans ses bras, à minuit. Lui qui serrait le premier à lui souhaiter - serait peut-être le dernier. À force de discuter par message et de le voir par œillade au bar, il espérait qu’il parviendrait à se libérer au moins là. Il sentait, Tony, qu’il attendait autre chose. Quelque chose qui le rendait fou, auquel il préférait ne plus penser. Alors ses yeux se reportaient sur son corps s’étendant pour attraper le verre promis, et il se délectait, ses orbes glissant de son bras cachant sa mâchoire, pour venir se laisser porter sur son haut et ses hanches marquées par un jean moulant finalement ses fesses. Tony savait depuis longtemps qu’il avait toujours rêvé du corps de Cas .. d’Isaac filer à ses côtés comme auparavant mais c’est en se plongeant dans le déni qu’il avait oublié les arrières pensées qui apparaissaient désormais. Le liquide brun glissait dans le verre et le tintement cristallin résonna dans ses oreilles tandis qu’il cherchait son regard. « Juste un mal de crâne et une fatigue extrême. » Il en était sûr désormais : faire la fête comme lors du road trip, à faire des nuits blanches et à boire comme un trou ne lui réussissait plus. Il ne parvenait plus à tenir la cadence, avait un coup de barre avant même que les invités ne soient fatigués. Il n’avait même pas été capable d’en ramener une chez lui ce soir, alors qu’elles se trémoussaient contre ses hanches, dégotées par Virginia. « C’était cool, Virginia a su organiser ça en beauté ! T’en a manqué, des choses ! » J’aurai tellement aimé que tu sois là, si tu savais. Mais la fierté de son cœur l’empêchait de révéler ce qu’il avait sur le cœur ou peut-être n’avait-il pas la force d’avouer que le temps d’une soirée, quelqu’un lui avait terriblement manqué, parce que c’était comme d’offrir sa vulnérabilité. Tony balaya la salle d’un coup d’œil, constatant que les derniers cadavres ambulants n’étaient plus très loin de lâcher leur dernier bâillement avant de traverser le pas de la porte pour s’en aller loin d’ici, loin d’eux.

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@Anthony Walker
L’envie, la colère, l’excitation, la frustration. L’incompréhension surtout. Les émotions qui traversent Isaac ces derniers temps sont nombreuses et toujours changeantes. Quand il est question d’Anthony en tout cas, il n’arrive pas à garder le cap. Aujourd’hui marque les quarante ans de l’homme qu’il considère comme l’un de ses meilleurs amis, malgré tout ce qui a pu se passer entre eux. Ils ont eu de nombreuses disputes, rien qu’un peu plus tôt dans la semaine, Isaac aurait pu devenir violent tant il était énervé contre Tony. Puis après quelques messages haineux, ils se sont calmés. Dans la solitude de son appartement, le musicien a laissé couler quelques larmes d’épuisement. Il se sent tellement fatigué de tout, parfois Isaac. De se sentir seul, de ne pas savoir sur quel pied danser, d’être déjà à moitié mort. Il a été injuste et il s’en veut, mais certains jours il ne peut simplement pas faire autrement. Certains matins sont trop douloureux, ses angoisses le submergent et rien ne peut le ramener à la réalité. Malheureusement ses états d’âme heurtent parfois, parce qu’il ne sait pas les garder complètement pour lui. Mais ce soir il n’y aura pas d’injustice, pas de colère. Ce soir, il attend simplement la venue d’Anthony. Lui souhaiter un joyeux anniversaire, lui faire passer une bonne soirée, ne plus penser à rien. Parfois il aimerait couper les fils de ses pensées, être un peu plus comme Tony et prendre la vie comme une blague. Mais il est trop sérieux Isaac, trop brisé, et au fond il sait bien que les plaisanteries de son ami ne sont qu’une illusion.

Lorsque le grand homme arrive, il ne peut s'empêcher de sourire. C’est un certain soulagement qui s’empare de lui, il se sent finalement un peu plus mieux. Il garde le silence pourtant, mais savoir qu’il est venu le rassure plus que de raison. Les verres tintent et les regards se croisent à nouveau, se happent pour ne pas se lâcher. Il a l’impression que ça fait des semaines qu’ils n’ont pas été seuls tous les deux, sans les autres et ça suffit pour faire naître en lui un bouillon d’excitation. Il n’est pas certain de ce qu’il attend Isaac, mais il y a bien quelque chose qu’il attend. Une gorgée du liquide qui lui brûle les entrailles et il sourit à la réplique de Tony, secouant doucement la tête. « Je ne vais peut-être pas pouvoir te garder trop tard alors, si t’es si fatigué. » dit-il avec une lueur de provocation dans les yeux. Il ne veut pas abuser, évidemment qu’il pense principalement au bien être de Tony et à sa santé, mais il lui revient également en tête tous les échanges qu’ils ont eu ces derniers temps. Ce soir n’est pas un soir comme les autres, ils le savent tous les deux. Alors oui, il a envie d’abuser, envie de le garder éveillé, de garder sa présence pour lui tout seul. Chose qui ne sera pas bien difficile puisque le bar est déjà presque vide. Rien n’est écrit pour le reste de la soirée, seulement des bribes d’idées qu’ils ont soulevé dans les centaines de sms qu’ils se sont envoyés, et les pensées qui ont sans doute germées aussi nombreuses dans l’esprit de Tony que dans celui du barman. Mais il tente de les repousser pour le moment, de rester relativement neutre dans sa conversation. A nouveau il s’excuse pour son absence de la veille, se sentant sincèrement triste de ne pas avoir été là. Mais aurait-il supporté de voir toutes ces personnes se jetant sur lui ? Sans doute pas. Tout le monde a des défauts, Isaac n’y échappe pas et sa possessivité s'inscrit très vite quand il tient à quelqu’un. Malgré tout, il sourit, hochant la tête en continuant de le fixer. « Ah ouais, comme quoi ? Quelqu’un a cassé un vase ou avalé toute une bouteille de sauce piquante ? » Il se penche un peu sur le bar, se rapprochant ainsi de Tony. « T’as enchaîné les conquêtes ? » Trois propositions, mais ils savent tous les deux laquelle mérite réellement une réponse. Il veut savoir Isaac, même si les mots qu’il entendra provoqueront sûrement une grimace sur son visage. Anthony se vante beaucoup trop vite de ses conquêtes, de sa popularité auprès de tous et ça a tendance à agacer le barman. Mais il lui a fait une promesse : aujourd’hui ils ne parleront pas de choses sérieuses. Il n’essaiera pas de lui dire que rencontrer quelqu’un de bien pourrait être une option, il ne lui parlera pas de Kéo et surtout ils n’aborderont pas Casey. Les raclements des chaises dans la salle font Isaac se redresser et quitter son ami du regard pour sourire aux clients. Ils quittent le bar, comprenant sans doute que les prochains événements ne sont que pour eux deux. Des remerciements, des politesses tandis que le patron leur dit de revenir bientôt, puis il se concentre à nouveau sur Tony. « Alors, prêt à fêter ton anniversaire ? Je peux verrouiller et on monte. » Encore une fois, il ne pense pas trop à l’avance, ou du moins il fait tout pour se contrôler. En proposant d’aller à l’étage, dans son appartement, il ne pense qu’au cadeau qui attend Anthony, la tarte sur laquelle il a déjà fixé une bougie et le canapé qui sera bien plus confortable que les tabourets du bar. Les yeux rivés dans ceux de Tony, il termine son verre en attendant sa réponse.

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@Isaac Evans

Tout ce qui lui arrive en ce moment, Tony ça le bouffe, ça lui tiraille les entrailles. Il ressent parfois au fond de son estomac la rage furibonde qu’il contient tant bien que mal. Son être entier brûle de tout détruire ou de tout envoyer valser, mais pour ce soir, il va essayer de rester clean. Est-ce que c’est pour lui, le brun qui lui sert un verre ce soir ? Sinon, pourquoi ? Y’a des fois - rares fois assis dans son lit, le casque sur les oreilles, le regard perdu dans le vide - il pense à tout lui raconter, à Isaac. Il songe à faire le monologue de son histoire palpitante - non - pour qu’il puisse ne serait-ce que comprendre. Isaac n’a jamais su à quel point Casey avait eu un impact si important dans la vie de Tony. Toute sa vie, aujourd’hui ne tourne autour que de lui, alors qu’il est là-haut - paix à son âme.

Casey, c’était la jalousie de Kéo. C’était aussi les regards emplis de désir quand la drogue s’insinuait dans leurs veines pour monter jusque dans les méandres de leur cerveau. Et quand se mélangeaient les liquides de bouteilles en verre dans son estomac, rendant la vie dure à son foie, quand tout semblait irréel, c’était les sensations dans l’estomac, les lèvres dangereusement trop proches, l’envie incroyable, incontrôlable ; Tony n’a jamais compris ce qu’il se tramait avec lui et Casey mais il y avait une étincelle, quelque chose de spécial - c’est ce qu’il croyait, au moins. Puis le chamboulement de la vie, et il n’y avait plus que Kéo avec les souvenirs encore ancrés dans son crâne. Casey, il en était tombé amoureux, il le savait, c’était indéniable. Mais l’avouer ? L’avouer à Isaac ? Pour quoi faire, il avait déjà fait suffisamment de mal à Isaac.
Et pourtant, Casey dans les cieux, ça avait creusé la distance entre Kéo et lui. Ça avait tout fait éclaté quelques jours plus tôt. Tant et si bien qu’il ne pouvait oublier les aveux de Kéo. Depuis toujours, y’avait une flamme au fond de lui qui brûlait pour moi quand je brûlais pour Casey qui brûlait pour Alix … L’histoire de sa vie. Mais Kéo, y’avait des choses qu’il savait pas. Pourtant, il l’avait terriblement déçu. Après leur dispute, Tony avait vu Willow. Et il avait compris. Joy, la petite fille. Sa fille. Et Kéo. Le menteur. Encore. Que faire quand vous n’avez plus confiance en l’homme, le seul jusqu’ici, vous plantait deux couteaux dans le dos ? Jamais deux sans trois, Tony. Il faut que tu évites le troisième, tu sais qu’il arrivera. Alors ce soir, il se concentrait seulement sur Isaac, le seul qui ne l’avait pas encore trahi. Tu crois pas que ça pourrait arriver de lui, un jour ? Casey ne m’a jamais trahi. Pourquoi son jumeau le ferait-il ? Ce ne sont pas les mêmes, Tony. Mais il en oublia son instinct lui dictant de se protéger envers et contre tout.

Car les récentes discussions avaient amené doucement mais sûrement Tony vers un chemin qui ressemblait à celui qu’il prenait avec Casey. Mais au moins, tu es sûr des goûts d’Isaac. Chez l’homme qui se tient devant lui, y’a que la musculature ardente et la mâchoire carrée pour le faire vibrer. Et il se surprend parfois à laisser son imagination aller peut-être trop loin. Qu’est-ce que t’en a à foutre, franchement ? Le problème, c’est qu’Isaac, ça n’a pas vocation d’être une conquête quand il croise son regard. C’est un truc qui le replonge auprès de Casey, c’est des folies. « On verra bien combien de temps ma fatigue me permettra de rester éveillé. » relance-t-il avec un sourire provocateur. Tu joues à un jeu dangereux Tony. Mais les échanges qu’ils avaient eu parlaient pour eux-mêmes. Il ne parvenait pas à quitter son regard, comme happé par une magie excitatrice.
Lorsque le sujet dérive doucement mais sûrement sur les événements de la soirée - il savait qu’il aurait dû éviter le sujet - les souvenirs les plus marquants le frappent en plein cœur et il manque de s’étouffer avec son whiskey. S’il savait … Il se concentre sur la question des conquêtes - meilleur moyen d’esquiver le pire sujet du moment. « Mmh, peut-être. Peut-être pas. » Il sondait sa réaction, comme s’il s’attendait à le voir outré, surpris. « Pas ce soir-là, pour une fois. » La faute à qui ?

La vérité, c’était que les conquêtes, c’est pas un pour une fois qu’il devrait lui lâcher. Mais un évidemment que non, comme d’hab quoi. Parce que depuis des semaines, Tony il a pas le coeur aux conquêtes ; il a pas le coeur aux caresses d’inconnus, il ment. Il ment pour pas paraître complètement accro. Accro à sa nouvelle drogue, au seul qui n’est pas tombé dans ses bras le premier soir. Au seul où ça s’éternise si longtemps que ça devient de l’héro. Il a besoin d’un fix, tony. Un fix d’isaac. Les rêves ont pris la place de la réalité. Ça le rend complètement dingue parfois d’avoir deux portes devant lui. Sur l’une, y’a marqué Kéo. Sur l’autre, Isaac. Ce soir, il le sait, il a fermé à clé la porte de Kéo en prenant soin de déposer la clé sur le palier - parce qu’il peut pas se permettre de jeter l’unique ouverture dans le néant, il y arrive pas, pas après trente ans de … - et il a ouvert celle d’Isaac.

Il scrute les hommes qui quittent le bar et il sent en lui quelque chose grimper quand il constate que le brun a décidé de fermer. Il replonge ses yeux dans le verre qu’il tient dans la main, serre les dents une dernière fois, bois la liqueur dévorant son âme et relève enfin les yeux vers celui qui … - comme si c’était descriptible. « Yes, t’façon j’ai fini mon verre. » ajoute-t-il en le reposant sur le bar. Un petit tintement indique qu’il ne reste plus rien au fond du verre et la porte du bar se ferme. Ce n’est pas encore lui qui mène la danse ce soir, il suit les pas furtifs de son ami, peut-être de son amant de la soirée. Il se délecte de l’effluve qui se dégage de lui en marchant dans ses pas - une légère amertume alcoolisée - avant de repasser devant pour se poser dans l’embrasure de la porte. « J’imagine que, comme promis, une tarte m’attend ? » Il arque un sourcil à la fois intrigué et souriant. Il sent que la situation lui plaît, que tout ce qu’il a pu arriver durant cette dernière semaine s’envole. Il n’y a plus qu’eux deux.

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@Anthony Walker
Tony et Isaac se voient souvent, plusieurs fois par semaine en vérité. La plupart du temps, ils ne sont pas seuls, parce que le bar est toujours rempli de clients, parce que leurs amis communs ont tous pris l’habitude de venir ici pour se détendre en fin de journée. C’est une chose qui lui plaît à Isaac, il aime fournir à ses amis un repaire pour leur bande, parce que ça diminue un peu sa solitude et son envie de baisser les bras. Ça lui donne un peu de joie de vivre, quelques sourires en entendant parfois Kéo jouer, quelques rires face aux blagues idiotes d’Anthony, quelques doux souvenirs en voyant Willow et Karim se parler. Ils en ont vécu des choses, tous plus brisés les uns que les autres, mais sans doute est-ce cela qui fait leur force. Avec le temps, le barman a appris à s’y accrocher, à cette petite bande bancale et à l’ambiance fraternelle qu’elle met toujours dans son lieu. Mais au cours des dernières semaines, Isaac s’impatientait d’un moment où ils ne seraient que deux. Parce que les choses ont changé, doucement, imperceptiblement. Il ne sait même pas comment ils en sont arrivés là, pourquoi ils ont commencé à flirter tous les deux, mais il sait que c’est ce dont il s’agit. Il n’a pas beaucoup de confiance en lui dans ce domaine là, il ne s’est jamais cru irrésistible, ne s’est jamais pensé assez bien pour vivre une vraie histoire d’amour. Pourtant il en crève Isaac, au fond de lui il aimerait tant connaître cette passion que la société étale partout. Il n’est pas con, il sait qu’avec Tony ce n’est qu’un jeu, que le brun ne voudra jamais de lui de cette manière là. C’est ce qu’il ne cesse de lui faire comprendre en lui parlant de toutes les conquêtes qui traversent son lit et, pourtant, Isaac continue de chercher. Ils ne sont pas faits pour être ensemble, mais l’envie de se brûler les ailes, de chercher le danger, elle est bien présente. Présente d’un côté comme de l’autre d’ailleurs, comme le traduit parfaitement les sourires provocateurs qui défilent sur les lèvres d’Anthony. « Si c’est une question de te garder éveillé je peux sans doute trouver de quoi nous occuper… » lance-t-il avec le même air. « Et si jamais tu tombes de fatigue, je t’ai déjà dit que j’avais suffisamment de place pour que tu dormes là. » Le sourire s’agrandit, traduisant sans doute le programme que le barman a en tête. Quelques activités pour les garder actifs, puis un sommeil réparateur. Il s’en veut Isaac, il sait qu’il ne devrait pas aller sur cette pente glissante, qu’il devrait se retenir de faire des allusions de la sorte. Mais c’est plus fort que lui, sa curiosité est piquée à vif depuis qu’ils s’amusent à se lancer des perches. Il pense à Tony de plus en plus fréquemment, de manière de plus en plus ambigüe et il veut découvrir toutes ces choses dont ils ont vaguement parlé. Il veut savoir à quel point la réalité peut rattraper son imagination. Pourtant il s’aventure lui-même vers un sujet délicat, vers un fait qui ne manquera pas de l’énerver dès qu’il entendra les mots de Tony. Celui-ci se fait vague, pour une fois il ne se vante pas de nombreuses conquêtes et, instinctivement, les sourcils d’Isaac se froncent. Il le regarde, étonné, mais le sourire qui étire doucement ses lèvres marque bien que la réponse lui plaît. Il devrait lutter contre ce rictus, il en a bien conscience, mais il n’y a rien qu’il peut faire. Cela fait au moins plus de vingt-quatre heures que le petit joueur n’a pas touché une autre chair. Se préparait-il peut-être aux surprises que cette soirée leur proposerait ? « Vraiment ? Je pensais que pour ton anniversaire, tu voudrais bien faire les choses. » dit-il avec ce sourire satisfait toujours pendu à ses lippes. « M’enfin, tu me diras… Officiellement c’est aujourd’hui ton anniversaire. T’as encore un peu de temps. » Les regards se fixent alors que Isaac se fait de plus en plus joueur, de plus en plus limpide. En vérité l’horloge se rapproche de plus en plus de minuit, marquant ainsi la fin du vingt-quatre janvier. Bientôt ça ne sera plus l’anniversaire d’Anthony, mais qu’importe. Si les événements de la soirée se dirigent réellement dans la direction anticipée par le barman, ils ne s’arrêteront pas pour les tic-tac d’une trotteuse. Les quelques clients qui traînaient encore sortent du bar, achevant ainsi leur soirée et permettant au propriétaire de finir son service. Ils sont donc seuls à présent, et il flotte dans l’air une tension nouvelle. Il n’y a plus personne à conquérir ici, si ce n’est Isaac, qui meurt d’envie de découvrir les chants de guerre de son ami. Il finit d’ailleurs son verre avant de faire le tour du comptoir pour verrouiller la porte du bar. Plus personne ne rentrera ce soir et, par cette porte-là, plus personne ne sortira non plus. Une fois toutes les serrures verrouillées, il se retourne pour se retrouver face à un Anthony proche de lui - trop proche. Il ne l’avait pas senti approcher et son corps entier frissonne en sentant la présence bien masculine. Depuis quand est-il attiré ainsi par l’un de ses meilleurs amis ? Il se demande furtivement si ça a toujours été là entre eux, mais s’il refusait simplement de le voir. Tony le contourne pour s’appuyer contre la porte et Isaac tourne alors sur lui-même, ne voulant pas le perdre de vue pour le moment. Il sourit tout autant, hochant la tête en guise de réponse. « Une tarte à la framboise, j’espère que t’aimes ça. J’ai même acheté de la chantilly rien que pour toi… Je suis sûr que tu manges ce genre de trucs. » Il rit doucement, se rapprochant d’un pas de son ami. Depuis six ans, Isaac fait extrêmement attention à ce qu’il mange, symptôme déroutant de son deuil qui n’en finit pas. Sa situation n’a rien à voir avec celle de Casey, évidemment, mais en voyant la vie de son frère s’éteindre à cause de toutes ces merdes qu’il mettait en lui, Isaac a décidé de ne mettre que du bon. Se nourrissant principalement de légumes, il passe du temps à cuisiner, seulement des aliments bio et très rares sont les fois où il fait des entorses à son régime alimentaire. Et pourtant il sait à quel point ses proches peuvent prendre du plaisir à manger de la malbouffe. Alors cette fois, il fait un excès pour Tony, pour se rattraper de la veille peut-être, et des engueulades qui ont eu lieu ces derniers temps. Faisant un pas de plus, il tend la main pour passer deux doigts dans l’une des boucles de ceinture de son pantalon, attirant l’homme vers lui. « On ne passe pas par là, viens… » Avec un sourire mystérieux, il tire encore un peu Tony vers lui, avant de finalement le lâcher et de faire demi-tour pour longer le comptoir. Entendant son ami le suivre, il contourne le bar, éteint les lumières de la salle pour ensuite se diriger vers la seule porte sans la moindre inscription. Derrière se dresse l’escalier qui mène à l’étage. En franchissant la première marche il se retourne, adresse un nouveau sourire à Tony avant de continuer l'ascension. Une nouvelle porte et les voilà entre le salon et la cuisine de son appartement. « Fais comme chez toi, mets-toi à l’aise. Je vais prendre la tarte. » Il lui adresse un clin d'œil, retire rapidement ses chaussures puis va vers la cuisine, ouverte sur le reste de l’appartement. Deux assiettes et cuillères, une tarte et un couteau, une bombe de chantilly dont il n’arrive même pas à anticiper le goût. Il pose le tout sur la table basse du salon, à côté du cadeau bien emballé qu’il a préparé pour l’occasion. A l’intérieur, un album photo, rempli de clichés de la bande, de Tony, d’endroits importants de la ville et de sa vie. Il a mis un peu de temps à rassembler tout ça Isaac, mais les conversations qu’ils ont eu ces derniers temps lui ont montré qu’il avait sans doute besoin qu’on lui rappelle qu’il était un bon ami. « Joyeux anniversaire Tony ! » dit-il assez bas, ses yeux ayant retrouvé le contact avec les siens, ses lèvres toujours étirées en un sourire.

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@Isaac Evans

Les noms se mélangent et les idées s’emmêlent terriblement. Plus les jours passent et plus Tony se surprend à aimer venir au Snug Harbor pas seulement pour venir boire un coup avec ses amis mais aussi parce qu’il croise ce fameux regard. Lorsque la discussion avait commencé sur des allusions, il n’avait pas pensé qu’il en arriverait là, à chercher ses orbes, son attention. Il était difficile d’admettre qu’il avait besoin de davantage désormais. Il n’était plus amoureux du plaisir charnel que peut lui donner le corps d’une nouvelle femme chaque soir - ou parfois d’un homme. Il sent que petit à petit, il se lasse de se glisser dans son appartement, de découvrir constamment un nouveau corps. Parfois, il se surprend à vouloir en savoir davantage sur une seule personne. Il se retient toujours de réitérer l’expérience, de s’éprendre d’un corps familier parce qu’il sait que cela ne le mènera pas loin. Tony ne peut pas s’accrocher à une âme, il le sait. Il ne mérite pas l’amour que peut lui porter un être humain, il ne mérite pas cette gentillesse. En fait, il ne croit même pas que cela soit possible. Il erre comme une âme vagabonde tout en sachant qu’il ne trouvera jamais l’amour de sa vie ; peut-être qu’elle traversera son monde, mais il la repoussera. En vérité, il n’a même pas envie de la rencontrer, parce qu’il sait qu’ils se briseront le cœur. Et Tony a été suffisamment brisé dans la vie pour repousser l’amour. Le repousser comme la peste, comme une faiblesse qui altère ses sens.
Il sait qu’il perd le contrôle, Tony, et ça le rend fou. Isaac le rend fou ce soir. Ce sont des regards plus appuyés que jamais, un terrible besoin charnel mais aussi sentimental. Il a déjà ressenti ce genre de choses quand il couchait avec Laura ou Kéo durant le road trip. Ce n’était pas juste un brin de folie : le fait de connaître la personne rendait l’expérience si différente que parfois, tout ceci l’enivrait de bonheur. Mais il y avait toujours eu dans ces moments-là une seringue qui s’était plantée dans son bras, une ligne de poudre blanche qui s’était infiltrée dans son nez ou un petit cachet fondant sous la langue. On y ajoutait très souvent une bonne dose d’alcool s’insinuant dans ses veines.

Mais ce soir, lorsqu’il regardait Isaac, il avait l’impression de ressentir différemment toutes ces sensations qu’il était censé ressentir avec de la drogue dans le sang. Il s’accrochait à l’espoir que son verre de whisky y était pour quelque chose, mais il savait pertinemment qu’à force d’être tout le temps sous alcool, boire un verre ne lui ferait pas grand chose. Il ressentait l’effet d’un jeu sérieux ce soir, quelque chose qui se distinguait des sempiternelles soirées d’amusement. Il avait envie de se prêter à quelque chose de plus sérieux, juste pour un soir. « Ah oui ? Tiens donc, je serais curieux de voir ça … » laissa-t-il en suspens, la curiosité dans le regard. Il sentait que ce n’était pas seulement des mots en l’air pour cette soirée. Il sentait que toutes ces discussions nocturnes au fil des jours avaient fait naître en eux quelque chose de nouveau. Une envie. Un désir. Mais avait-il seulement le droit ? Si ce n’était qu’une question de droit. Tony avait déjà couché avec plus de la moitié de la bande. Willow. Kéo. Encore heureux que Karim n’y soit pas passé, mais il fallait dire que les choses étaient carrément différentes. Il n’avait jamais songé qu’un jour il aurait des regards ambigües avec Isaac. Isaac le grand sérieux, celui avec qui il n’y avait jamais eu que de l’indifférence du temps de Casey, devenait ce soir comme un amant. Avant d’en arriver à la séduction pure, Tony devait passer par un instant sérieux et il le sentait. Isaac sondait. Isaac posait des questions. Il était intrigué, jaloux ? Non, pas Isaac. Trop tôt. « Eh bien, disons que les choses ne se sont pas passées comme j’espérais. » Il pensait à Willow. À sa révélation. Il pensait à Kéo. À ses mensonges. Et c’en était trop. Trop pour penser au plaisir charnel. Assez pour se bourrer la gueule et oublier de profiter de ses quarante ans. « Et on va profiter de ce temps. » Malgré la fatigue. Malgré la gueule de bois de ce matin, les maux et la tête qui bourdonne. Son regard se plante dans celui du brun et s’y perd, comme à chaque instant ce soir. Ils le savent tous les deux, ils retardent cet instant. Tony n’avait pas seulement envie de profiter de ce temps. Il voulait le vivre à fond à la manière d’un épicurien, savourer ce qu’ils semblaient se promettre secrètement, dans des pensées lointaines et jamais prononcées.

Tony n’attend que ce moment : celui où la solitude viendra déposer son drap autour des deux amis pour faire d’eux des amants. Dans les regards d’abord. Puis dans les actes. Dans le désir, le toucher, la passion. Il s’en rapproche dangereusement sans se rendre compte qu’il songeait à cela depuis bien trop longtemps. En oubliant qu’il y avait eu des moments de folie où il avait rêvé de son corps et de son visage. Il avait préféré oublier que cela était arrivé mais certaines images lui revenaient subitement dans le crâne à son approche. Un parfum. Une chaleur. Un frisson de plus et des images qui se fracassaient encore et encore. Les mêmes. Son corps. Son âme. Sa peau. Fragile. Douceur. Délicatesse. Soudaine brutalité. Change d’idées. Mais la chantilly revient. La proposition se fait terriblement alléchante et le sourire s’étire encore plus grand qu’il ne l’était déjà - c’est presque comme s’il imitait le Joker. « De la tarte. De la framboise. De la chantilly. T’sais parler aux hommes toi. » lui lance-t-il à demi-blagueur. « T’sais pas mal me parler aussi. Depuis quand t’es aussi bon pour ça ? » Peut-être bien que c’est juste ce soir. Ou peut-être que ceci vient des années à se fréquenter, à retenir qu’est-ce que l’autre aime. Ça le surprend de voir qu’on sait ce qu’il aime. Puis ses idées dévient légèrement en songeant à la chantilly, sans trop savoir pourquoi. L’effervescence de la soirée sûrement. Il a déjà réalisé avec une femme l’un de ses fantasmes qui consistait à s’amuser avec de la nourriture sucrée. Il ne s’imaginait pas qu’un jour les allusions et la possibilité se présente à nouveau en présence cette fois-ci de son meilleur ami. Mais il fallait avouer que l’idée était alléchante. Tu crois, pendant un instant, une micro-seconde, peut-être, que tu interprètes mal tous ces signaux ? L’idée s’évade déjà avant même d’avoir eu le temps d’effleurer ses pensées. Comment pourrait-il mal interpréter ? Tony est un lover, un charmeur qu’on ne berne pas. Il aperçoit Isaac vers un pas de plus et lorsqu’il passe ses doigts dans la boucle de sa ceinture, il sent la tension grimper instantanément. Il suit docilement, séduit par l’idée même d’être guidé. Tout ceci l’intriguait. L’image de lui-même attrapant sa main, le tirant contre lui et l’embrassant lui sauta subitement au visage et une électricité parcourut tout le corps du Game Master qui ne comprit pas totalement ce qui lui arrivait. Il y pensait tant que ça ? Mais il n’eut aucun mal à se retenir dans les marches de l’escalier, cheminant derrière son hôte, la fatigue dissipée en songeant au programme possible. Pendant un instant néanmoins, il crut flancher à nouveau. Dans la pénombre, ses yeux brillants le fixant. Néanmoins, Isaac se détourna rapidement, suffisamment pour ne pas faire tomber Tony dans le piège. Ça aurait pu se passer là, au milieu du couloir. Il avait pourtant suivi son amant-i sans broncher, lui lançant seulement un sourire malgré le sentiment de désir qui se propageait dans son corps.

Il pénétra dans le lieu familier, retira ses chaussures respectueusement derrière son meilleur ami et laissa tomber sa veste sur un meuble pour se contenter de son éternel tee-shirt - et ce, malgré le froid extérieur. Il faut dire qu’il avait toujours eu un sang chaud, Tony. « Sûr que je vais me mettre à l’aise ! Chez toi c’est chez moi. » Et il le savait tous les deux, à force. Il entra dans le salon d’Isaac d’un pas nonchalant et le découvrit en train de tout déposer sur la table basse. Assiette, cuillère, chantilly promise et cadeau caché. Il lui adressa un regard étonné. « T’as tout prévu à ce que je vois ! T’étais pas obligé pour le … » Il ne termina pas sa phrase, pointant le cadeau du doigt. Il ne s’attendait pas à recevoir quelque chose, seulement passer un bon moment. « Manque plus que les bougies ! » se reprit-il soudainement. « Tu dois bien en avoir. Avec une nièce qui-fait-peur, tu dois bien avoir une boîte avec des bougies, non ? » lâcha-t-il en jouant avec les portes de placard pour essayer d’en extraire une bougie. Il finit par trouver quelque chose. « Ah, ça fera l’affaire ! » Il décida de sortir le briquet de sa poche, de poser la bougie et de l’allumer. « Tu me chantes une petite chanson ou je passe directement au vœu avant de souffler ? » demanda-t-il avant de prendre place dans le canapé juste à côté de lui. La proximité le fit vibrer et croiser son regard si près du sien sans quelconque obstacle pour les séparer lui donnait envie de craquer mais Tony reporta son attention sur la tarte. « Bon dieu, elle a l’air trop bonne ! »

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@Anthony Walker
Isaac tente du mieux possible de rester neutre, d’agir comme d’habitude et de ne pas sortir de ce cadre amical qu’ils connaissent tous les deux si bien. Pourtant ce soir, rien ne semble normal, l’air est chargé d’une ambiance électrique alors qu’il y a encore un comptoir entre eux et qu’ils ne sont seuls que depuis quelques secondes. Cela fait trop longtemps qu’ils attendent tous deux de se retrouver ainsi seuls, de pouvoir laisser parler les pulsions qui les animent depuis des semaines. Tout a changé. De la manière dont ils se parlent par sms à la façon dont ils s’observent quand Tony vient au Snug Harbor. Ils se désirent silencieusement, n’avouant qu’à demi-mot des pensées qui les obsèdent de plus en plus. C’est ainsi que Isaac voit les choses en tout cas, lui il sait que ce soir sera différent. Il a essayé de ne pas trop y penser, de ne pas espérer des choses qui peut-être n’arriveraient pas, parce qu’il sait au fond de lui que ce n’est pas bien. Faiblir ainsi dans les bras d’Anthony pourrait mettre en danger leur amitié, la construction de ce groupe d’amis dont ils font partie, et d’un point de vue plus personnel, Isaac ne peut s’empêcher de se demander à quel point cette liaison serait tordue. Il a repensé quelques fois aux confidences que son frère lui avait faites, à cette fois où il était rentré chez eux et lui avait avoué avoir couché avec un homme, avec Anthony. De cette discussion Isaac retient en vérité un bon souvenir, parce qu’ils en avaient ri tous les deux, ils avaient comparé leurs expériences, décrété que Casey n’avait vraiment aucune attirance pour les hommes. Ce n’était pas le cas de Tony finalement, et ça aujourd’hui, ça joue en la faveur d’Isaac. Parce qu’après tout ils n’avaient eu qu’une seule nuit ensemble, n’est-ce pas ? Une nuit qui n’avait rien signifié, qui n’avait rien amené.

C’est ce que le barman s’est répété jusqu’à s’en persuader. C’est ce qui l’aide à flirter aussi ouvertement avec son meilleur ami d’ailleurs, depuis des semaines, et ce soir encore un peu plus. Ils se sont mis d’accord implicitement tous les deux, cette soirée là elle est bien différente des autres. Aucun des deux ne le dit pourtant, ils font la conversation normalement, parlant de la grosse soirée d’anniversaire ayant eu lieu la veille. Ce n’est qu’une diversion, ils font traîner les choses peut-être pour faire durer un peu plus longtemps ce jeu qui s’est mis en place naturellement. Chez Isaac une certaine crainte réside toujours, et peut-être est-ce la raison pour laquelle il prend encore un peu son temps. Il ne sait jamais sur quel pied danser avec Tony, ne sait jamais jusqu’où vont les blagues. Et si tout cela n’était qu’une farce ? Et s’il s’était mis à désirer son meilleur ami alors que lui ne faisait que jouer innocemment ? Ca l’inquiète encore un peu ça, et pourtant lorsqu’il se rapproche de la porte contre laquelle Tony s’est appuyé, il laisse la proximité grandir entre eux. Il se surprend à loucher sur les lèvres pleines de l’homme face à lui, entendant à peine ses mots alors qu’il tentait pourtant de rester concentré. « Peut-être que j’ai toujours été bon. Peut-être que c’est toi qui n’écoutais pas. » répond-il avec un sourire énigmatique. Il sent les envies monter en lui, la patience qui s’effrite et le besoin de le sentir plus proche. Pourtant il joue encore Isaac, il s’approche doucement, passant ses doigts dans les boucles du pantalon pour le faire s’approcher un peu plus de lui. Lui qui doute tellement souvent de ses pouvoirs de séduction, il sait y faire quand il en a envie. Il sait donner envie, jusqu’au moment où il donne toutes les armes à l’autre pour se laisser posséder entièrement. Ce soir, c’est donc une nouvelle facette de lui qu’il laisse Tony entrevoir, mais ça lui plaît de se dévoiler un peu. Parce qu’ils sont proches même sans ça, parce qu’ils sont amis avant tout et que Isaac, bien naïvement, se dit que ça veut peut-être dire quelque chose. Lui qui sait pourtant qu’il ne mérite aucune relation, lui qui ne veut pas se laisser avoir à devoir quelque chose à quelqu’un, il y rêve pourtant de temps en temps. Pour le moment ses pensées ne sont néanmoins pas tourner vers ça. Elles sont bien plus primitives et basiques, alors il tire Tony un peu à lui, avant de se retourner pour l’attirer vers l’escalier qui mène à l’étage.

L’atmosphère change à nouveau lorsqu’ils pénètrent dans le logement, puisque c’est un cadre peut-être plus posé et cosy que celui que le bar offrait. Les paroles de Tony font rire le barman. « C’est vrai, j’oubliais à qui je parlais… pas besoin de te le dire à toi. » plaisante-t-il depuis la cuisine où il prend la tarte. Mais il n’a pas oublié, comment pourrait-il alors qu’il attend cette soirée depuis des jours. Lorsque le birthday-boy fait son apparition dans le salon, il se tourne vers lui pour lui sourire à nouveau, un peu plus doucement, un peu plus fixement. « Je sais. J’en avais envie. » Aucune obligation à lui faire un cadeau, mais c’est son anniversaire aujourd’hui et Isaac tenait à marquer le coup. Il voulait simplement lui faire plaisir, autant que possible et s’il ne compte pas s’arrêter à un cadeau matériel ce soir, c’est tout de même un bon début. S’asseyant dans le canapé, il laisse Tony fouiller dans les placards à la recherche d’une bougie. « Si elle fait si peur que ça peut-être que tu pourrais l’inviter à venir bosser avec toi, rendre les escape game un peu plus vivant… » Il le taquine, comme il a appris à le faire ces derniers temps. Isaac qui d’ordinaire est si sérieux se détend peu à peu, il se rend compte que certaines personnes dans sa vie ne cherchent qu’à le rendre un peu plus léger. Et ce soir, il accepte cette aide, ne pensant à rien d’autre qu’à Tony. « Je ne chante pas moi. Je vais garder ma voix pour autre chose… Tu peux souffler. » dit-il doucement tandis que son corps se couvre de frisson à cette proximité nouvelle. Ils sont côte à côte, les cuisses se frôlent et les épaules se touchent, donnant bien trop d’idées à Isaac qui pourtant se penche pour prendre la bougie entre ses mains. « Tu vois je suis capable de te donner des bonnes choses à manger ! Mais avant d’y goûter, tu dois faire un vœu. » Sourire aux lèvres, il présente la bougie allumée devant Anthony pour qu’il réalise cette tradition bien connue. Une fois éteinte, il la repose sur la table, prenant un couteau pour découper la tarte, en mettre une part dans chaque assiette et décorer le tout de chantilly. Puis en offrant l’une des assiettes à Tony, il se renfonce dans le canapé, se plaçant encore un peu plus proche de lui. « Alors, qu’est-ce que tu as fait comme vœu ? » Il pose la question, mais il sait pertinemment que c’est une question qui ne se pose pas.

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@Isaac Evans

Ce soir, Anthony sent au fond de son être qu’il n’est pas le même qu’à son habitude. Il ressent quelque chose qu’il avait pour habitude de ressentir lorsqu’il se retrouvait tout prêt de Casey, la drogue dans le sang, le cerveau dans les vapes. Il se souvient encore de ses fous rires échangés, de la nonchalance dont il faisait peur. Il avait un truc particulier, le gamin, que Anthony n’avait jamais réussi à cerner. Une part de Tony avait toujours voulu davantage connaître Casey, davantage s’en rapprocher. Et à cette époque, d’ailleurs, il n’avait jamais songé une seule seconde à son jumeau, Isaac, constatant avec - presque - certitude qu’Isaac n’était clairement pas fait pour lui. Les deux jumeaux étaient complètement différents en termes de caractère et c’était à peine si Isaac et Anthony s’étaient adressés quelques mots avant qu’il ne parte pour son road trip. Penser à cet être défunt lui fit un pincement au cœur alors qu’il se retrouvait depuis seulement quelques secondes dans un environnement d’intimité avec Isaac. C’était difficile en cet instant de dissocier l’homme qu’il avait rencontré et aimé, celui avec qui il avait ri, refait le monde, regardé, auquel il avait pensé pendant des nuits entières et avec lequel il s’était amusé en compagnie de Kéo pendant des journées infinies. Aujourd’hui, son corps était enfoui à six pieds sous terre et le plus fou, c’était que maintenant, il avait son jumeau sous les yeux.
Un jumeau qu’il n’avait jamais osé approcher et que désormais, il ne pouvait s’empêcher de séduire. Cela faisait à peine quelques semaines que leurs discussions avaient changé. Que les regards échangés ressemblaient à ceux de Casey et Anthony. Quoique, mêmes ceux-ci semblaient différents. Ou bien avait-il oublié comment il le regardait, dix ans plus tôt, le jumeau défunt. En posant ses yeux sur la silhouette du jeune homme, le désir montait de plus en plus à mesure que les jours défilaient, que les minutes à ses côtés s'allongaient dans ce bar vide, fermé derrière eux. Anthony frissonnait presque de cette nouvelle proximité. Lien créé finalement au détour de quelques discussions nocturnes qui avait rendu l’humour en profonde réalité à laquelle ils ne pouvaient échapper. Ils avaient l’air de s’en rendre compte désormais.

La proximité qui se dresse entre eux commence doucement à déstabiliser Anthony qui se rappelle de celle qu’il avait eu, cette nuit-là, avec Casey. C’était de la folie, c’était un truc pas très sérieux. Surtout pour Casey, qui avait finalement refait sa vie avec une femme derrière, qui n’était jamais vevu au road trip et qui avait fini plus que mal en point avec un Anthony amoureux qui fuyait les sentiments comme la peste. Il aurait pu fuir cette soirée-là aussi mais le jeune homme avait envie de se tester, de voir jusqu’où la blague pouvait aller. Il avait peut-être aussi envie de se rendre compte qu’il n’était pas juste attiré par le corps des hommes et des femmes, mais qu’il était capable de ressentir quelque chose de profond en présence d’une personne si chère qu’est devenue Isaac.
Il ne sait pas comment ni pourquoi il s’est mis à le regarder différemment ces derniers temps mais lorsque son sourire énigmatique se dessine sur ses lèvres, c’est son cœur qui fait un terrible bon dans sa poitrine, prêt à venir attraper la bouche d’Isaac. Il n’a qu’une envie : céder à ce désir intense qui s’empare de lui. Mais Anthony décide finalement de se retenir et de lui adresser un sourire qui n’attend qu’à se mouvoir en une danse endiablée avec les lèvres de son partenaire. Il sent Isaac jouer et se retenir lui aussi. Il sent le désir grimper le long de son corps comme un serpent s’enlaçant autour de sa jambe, de sa taille, de son cou, prêt à l’étouffer d’envie. Anthony se laisse tirer finalement par Isaac dans le couloir, le contact des yeux se lâchant, se recherchant à nouveau. Il ne sait pas si c’est l’atmosphère qui se détend ou si c’est parce que Isaac reste avant tout un ami avant ce désir nouveau, qui fait que le quarantenaire se sent si bien. C’est aujourd’hui, véritablement, qu’il devrait fêter son anniversaire. Aujourd’hui, plus que tout au monde, il a envie de se changer les idées, de profiter d’une soirée avec celui qui lui fait tourner la tête depuis quelque temps. Il n’a que l’amère déception qu’il ressent envers Kéo et Willow après ce qu’il a appris hier. Il ne comprend plus les mensonges, il a terriblement peur de faire confiance à qui que ce soit d’autre qu’Isaac, qui ne l’a jamais déçu.
Il n’y a qu’Anthony qui a déçu Isaac au fond. C’est en partie à cause de lui que Casey est là où il est aujourd’hui. Dans l’héroïne qui aurait pu les emporter tous les deux s’il n’y avait pas eu de road trip. Et dire qu’en étant resté, il aurait pu scellé son sort à celui de Casey : les sauver ou les tuer tous les deux.

Mais il préfère jeter toutes ces pensées négatives qui l’assaillent alors qu’il découvre la tarte incroyable que le brun lui a acheté spécialement pour son anniversaire. Il s’installe un instant, cherche les bougies pour allumer le cadeau, bientôt prêt à profiter de ces instants pour l’ouvrir et découvrir ce qu’il lui a réservé. « C’est pas faux, au moins, je ne serais pas le seul témoin que sa nièce est effrayante ! » qu’il lui répond spontanément, les yeux rivés sur la tarte appétissante. Il y a un léger frisson qui parcourt Tony à la remarque d’Isaac. Comme un petit vent qui vient de passer derrière sa nuque. Pendant un instant, son regard se perd dans le sien, sans savoir quoi dire. Il préfère faire semblant d’avoir rien entendu même si leurs yeux savent parler pour eux-mêmes. Tension. Désir. Envie. C’est électrique, ça le rend complètement fou cette intensité dans l’air. Il a envie de l’attraper, de l’embrasser. Putain, qu’est-ce qu’il a envie de lui, ici, maintenant, tout de suite. Mais Anthony ferme les yeux. Et si c’est un Isaac qui apparaît dans ses pensées à cause de leur proximité et de ce parfum - différent de celui de Casey, c’est maintenant qu’il le constate - il se concentre malgré tout pour faire son vœu. Il réalise pourtant qu’il a tout ce qu’il veut, qu’il ne souhaite pas davantage. Qu’il prend la vie comme elle est. Et au fond, la seule chose qu’il souhaite, c’est que la vie continue, tout simplement.
Il souffle sur la bougie placée entre les mains d’Isaac dont il sent la douce odeur près de son nez et laisse la petite fumée s’envoler dans les airs. Il regarde Isaac déposer la chantilly sur les parts, impatient comme un enfant. Il ne se souvient pas de ce genre d’anniversaires. Lorsqu’il fêtait cela avec son père, généralement, il n’y avait rien d’autre qu’un gâteau posé sur la table. Pas de bougie à souffler, pas de vœu à faire. Parfois même pas de père présent et rarement des amis à la maison. C’était généralement quelque chose d’assez simple, juste un taux de sucre qui grimpe le temps d’une soirée car son père le laisse enfin se goinfrer de gâteau sans jamais intervenir. Il sait que le lendemain matin, son père aura pris une part avant de jeter le reste à la poubelle. Deacon n’avait jamais eu l’air de s’amuser ou de vouloir faire la fête, il n’avait jamais eu l’air de prendre du plaisir à voir son fils grandir ou même à vivre sa vie, comme si le décès de sa mère avait éteint toutes les flammes de son âme.

C’était dans ce genre de situations que Tony s’était juré de ne pas finir comme son père. Et pourtant, à quarante ans, y’en avait tellement des choses qu’il faisait comme lui. Il était sur la bonne voie, le chemin de celui qui devient vieux et grognon, incapable de passer au-dessus d’un deuil.
Finalement, c’est la voix d’Isaac qui le ramène à la réalité. Arrête de penser à toutes ces conneries, putain. C’est ton anniversaire, profites-en ! « Faut pas le dire, sinon, il ne se réalisera pas. » lâche-t-il, la bouche pleine de chantilly et de tarte, incapable de manger ce dessert correctement. « Putain, c’est trop bon. » qu’il ajoute, barbouillé. Il reste surpris de la facilité et de la propreté avec laquelle Isaac manque et attrape de la chantilly pour lui en mettre sur le visage. « On dirait que tu profites pas assez de la tarte que tu m’as acheté. Mange-la comme si c’était la dernière que tu mangeais, tu verras, t’apprécieras encore mieux. » Parce que, comme toute bonne chose avait une fin, Anthony devait se rendre à l’évidence : il fallait qu’il profite de cette journée comme si c’était le dernier jour qu’il vivait.

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@Anthony Walker

Soirée tant attendue que redoutée, c’est comme s’il s’était mis d’accord à l’avance sur le déroulement des événements. Pourtant rien n’est écrit, aucun contrat n’a été signé, aucune promesse formulée. Ils pourraient très bien manger une part de tarte et repartir chacun de leur côté, peut-être que c’est ce qu’Anthony compte faire d’ailleurs, mais Isaac en doute. Dans ses yeux brûle un désir qu’il reconnaît, qu’il ressent au fond de lui depuis des semaines. Il ne sait pas d’où ça vient, pourquoi ils ont tous les deux commencé à se parler ainsi, de cette manière là. Le flirt est apparu après une simple blague et il n’a pas disparu. C’est déroutant, Isaac n’avait jamais vu Anthony de cette manière-là, il sait qu’ils ne recherchent pas vraiment la même chose, qu’ils sont différents. Peut-être qu’au fond de lui la nuit partagée entre son ami et son frère jumeau a toujours été un obstacle à cette vision des choses. Mais ce soir il n’y pense plus Isaac, il se raccroche à l’idée que cette unique aventure ne voulait pas dire grand chose pour Casey. Alors ce n’est pas ainsi qu’il le trahi.

Jeux de regards. Complicité dans les mots, intimité physique qui se crée également. Les corps s’approchent, s’éloignent, mais ne se perdent jamais de vue. Dans le salon de l’appartement, Isaac dispose de quoi manger cette tarte dont ils ont tant parlé. Elle semble plaire à Anthony, un simple regard et la gourmandise se lit sur son visage, étalée sur tous ses traits. Ça le fait sourire Isaac, il se dit qu’il a au moins réussi ça. « Attention à ce que tu dis Walker. » Il répond en riant, décidant de s’amuser de cette blague sur sa nièce. Il ne comprendra vraiment jamais d’où vient cette idée que Cloé est effrayante. A ses yeux elle est l’être humain le plus merveilleux de la terre, sa lueur d’espoir, son réconfort. Sans elle Isaac aurait baissé les bras il y a bien longtemps, il n’autorise pas grand monde à le voir, mais en lui son âme est presque vide. Alors ce soir il rit, sa menace ne veut rien dire, mais il ne laisserait personne dire du mal de sa nièce. Raison pour laquelle le sujet passe rapidement. Il préfère se concentrer sur l’homme à ses côtés, sur cette tension qui monte entre eux. L’air se charge d’électricité, les mots ont différentes significations, des sous-entendus se cachent partout, même dans leurs sourires. Et ils le savent tous les deux, la manière dont leurs orbes ne se lâchent plus est la preuve qu’ils savent parfaitement ce qui se passera cette nuit. Et Isaac, il ne peut s’empêcher de se demander si ça ne sera que pour une seule nuit ou si l'événement pourra se reproduire à l’avenir.

Sourire aux lèvres, il regarde Anthony s’approcher, souffler sur la bougie et - sans doute - faire un vœu. Curiosité qui s’empare de lui, il connaît la tradition Isaac, il ne faut pas le dire si l’on veut qu’il devienne réalité et pourtant il pose la question. Connaître les pensées et les espoirs de son ami lui semble bien plus alléchant que la tarte qu’il tient entre les mains, une gourmandise à laquelle il ne sait résister. « Ça dépend, peut-être que je pourrai aider à la réalisation. » La modestie habituelle du barman s’est envolée, il veut se prendre au jeu, se laisser aller dans un flirt en chair et en os. Plus de texto et de réaction à distance, plus de sous-entendus qui ne peuvent être mis en œuvre. Il veut une vraie réaction Isaac, il veut des événements concrets. Et en quelque sorte, Anthony lui donne exactement cela. Chantilly étalée sur son visage, le brun grogne légèrement, lui lançant un regard mi amusé, mi désespéré. Depuis combien de temps n’a-t-il pas agit comme un gamin ? Peut-être que ça pourrait lui faire du bien de ne plus faire attention aux convenances ou aux idées noires le temps d’une soirée. Rire qui passe finalement ses lèvres alors qu’il secoue la tête. « Si tu mets tout à côté, comment tu peux en profiter ? » demande-t-il. Il n’est pas bien fan de ce genre de nourriture de toute façon, lui il préfère les légumes, les graines, la nourriture bio et organique dont il connaît la provenance. Dans une tarte il y a trop de sucre à son goût, mais c’est un anniversaire et il fait des efforts Isaac, pour Tony. Essuyant avec une serviette la chantilly sur sa joue, il se penche ensuite pour prendre la bombe et en asperger le cou du plus âgé. « Et voilà, je profite. » Son regard passe de celui d’Anthony à la chantilly dans son cou, analysant son expression. « Qui va donc manger ça ? » Cette fois sa voix n’est plus qu’un murmure, il garde son léger sourire, curieux de suivre la suite des événements.

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@Isaac Evans

Anthony a toujours eu un béguin pour Casey, depuis qu’il l’a rencontré, même s’il refuse de se l’admettre. Il y avait quelque chose dans cet homme qui le fascinait, une personne, un caractère posé et attrayant qui avait fait chavirer son coeur plus brusquement qu’il ne s’y attendait. Pendant longtemps, il s’était accroché à l’idée que cette soirée, ce coup d’un soir, cette erreur signifiait davantage pour Casey. Mais visiblement, elle n’avait jamais eu la même signification pour les deux hommes, au grand damn d’Anthony, qui avait pris la route sans lui, pour ne plus jamais le retrouver. Leurs chemins s’étaient séparés définitivement ce soir-là où Anthony avait proposé un road trip mais que Casey avait décidé de rester. Anthony s’était toujours demandé si, en insistant davantage, Casey serait venu. Si les choses auraient été différentes. Est-ce qu’il se serait marié, aurait eu une petite fille, aurait renoncé à une histoire avec Anthony ou bien les choses auraient filé autrement pour eux deux ?
Il savait qu’il n’aurait jamais la réponse.
Il était évident que l’attraction qu’il avait eue pour Casey se ressentait pour Isaac. Mais durant les trois années qui avaient succédé la mort de Casey, Anthony avait été bien trop affecté par son décès pour s’intéresser de près ou de loin, d’une façon différente, à son meilleur ami. Mais depuis quelque temps, sans qu’il ne comprenne pourquoi, les choses avaient pris une tournure différente.

Il y avait des mots, des sous-entendus, des regards qui ne trompaient pas. Dans ses orbes brillaient un désir. Dans celle d’Anthony, une envie délirante de lui arracher ses vêtements, de laisser ses lèvres s’embraser sur les siennes. Mais il se contenta simplement de rigoler à la menace futile d’Isaac, réprimant ses pulsions intenses qui montaient dans son corps. Lorsqu’il détaillait ses traits, il était presque effrayé à l’idée qu’il parvenait à découvrir les moindres, petites, infimes différences qui le distinguaient de Casey. Parce que ce n’est pas lui, parce que ce n’est pas le même. Et pourtant, il ne pouvait s’empêcher de le désirer de tout son être.

Les épaules s’effleurent, les genoux se frôlent. Les souffles s’emmêlent, ses âmes s’embrasent.

« C’est vrai que tu pourrais aider, en effet. » Les mots ne sont plus que des murmures, lourds de sens et pourtant si légers, s’envolant dans les airs comme des plumes balayées par le vent. Ce n’est plus la flamme d’une bougie naissante dans son bas-ventre mais un brasier qui se meut, aussi puissant qu’un feu de joie. « Y’a toujours un moyen d’en profiter. » Isaac s’essuyait la chantilly du visage avec une serviette. Anthony se refrogna, pensant que le jeune homme repoussait cette alchimie naissante en effaçant le moindre plaisir possible que le quarantenaire provoquait. Mais contre toute attente, celui-ci aspergea le cou d’Anthony de chantilly.
L’envie monta d’un cran, soudainement, et il dut faire un effort sur-humain pour ne pas se jeter sur lui. Easy, boy. Prends ton temps, tu as toute la soirée, toute la vie … Son regard passait de ses lèvres à ses yeux, un sourire en coin sur le visage. « Je ne vois personne d’autre dans cette pièce. » dit-il en balayant le salon du regard. « Peut-être que tu pourrais t’en charger … » laissa-t-il glisser dans un murmure, les yeux enivrés par l’homme, attendant qu’il s’approche pour venir lécher la chantilly dans son cou. Qui sait ce qu’il allait se passer après ?

Tout le monde savait ce qui allait se passer après.

/ awards session

TW : rapprochement physique

[ only fools fall for you ]

@Anthony Walker

Ça ne lui ressemble en rien de jouer ainsi avec le feu. Anthony est l’un de ses meilleurs amis, un des piliers de son quotidien et s’ils continuent sur cette voie-là, peut-être qu’ils remettront tout en question. Qui leur dit qu’ils arriveront à rester amis après ça ? Qui leur assure que rien ne changera ? Ils sont sur le point de prendre un grand risque, mais il est maintenant trop tard pour faire demi-tour. Assis à ses côtés sur le canapé du salon, Isaac ne pense plus à toutes les limites qu’il a tenté de poser au cours des dernières semaines. Il n’est plus question de leur amitié, de tout envoyer chambouler. Il ne se questionne pas sur le lien entre Tony et Kéo, ne s’inquiète plus de sa place dans cette équation déjà compliquée. Et surtout, ce soir, il ne pense plus à son frère. Isaac oublie, il met de côté Casey et le fait que Tony le connaissait. Il ne pense plus à cette nuit qu’ils ont passée ensemble, aux sentiments qu’il devrait pourtant déceler chez son ami. Il oublie toutes les raisons qui devraient l’obliger à garder ses distances, pour céder à cette tentation plus grande qui le déchire depuis des semaines.

Les propositions sont murmurées dans l’air, contenant trop d’excitation pour être prononcées à voix haute. Depuis longtemps maintenant ils anticipent ce moment, mais aucun d’eux ne semble savoir comment le mettre en marche. Finalement Tony trouve le moyen de faire avancer les choses, se saisissant de la chantilly pour en mettre sur Isaac. Grognement et essuyage, le barman s’amuse bien de voir son ami se renfrogner. Croit-il vraiment que ça ne lui fait aucun effet ? Il lui réserve simplement une surprise. Ce soir il n’est plus le Isaac trop sérieux qui cherche la discussion. Il est celui qui prend la farce et la multiplie, arrosant le cou de crème blanche. « S’il faut que je me dévoues… » répond-il d’un ton faussement embêté. Rapidement c’est son sourire taquin qui revient sur ses lèvres et il s’approche alors un peu plus du corps d’Anthony. Il perçoit l’odeur de l’homme, se mêlant au sucre de la crème qui lui habite le cou. Isaac se penche, encore un peu plus, puis tire la langue pour lécher une parcelle de sa peau. « Mmmh, c’est intéressant. » Il s’éloigne pour parler, pour regarder Tony dans les yeux. Posant son assiette sur la table basse, il hésite quelques secondes, se mordant la lèvre en le regardant, avant de se rapprocher plus qu’il ne l’avait jamais fait. Une jambe passée de chaque côté de son corps, il se met à califourchon sur Anthony, posant à présent ses lèvres sur le cou offert. La chantilly disparaît plus vite qu’il ne l’aurait cru, mais il s’applique sur la peau, suçant, léchant, et mordillant doucement avant de se redresser pour capter son regard une nouvelle fois. Il reste pourtant bien ancré sur ses genoux, un air innocent au fond des yeux. Ses mains reposent sur le dossier, derrière les épaules de son ami. « Et voilà, enfin propre ! Fais attention à ne pas te resalir. » Amusé, il attend sa réaction tout en restant immobile à sa nouvelle place.

Spoiler:

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[ only fools fall for you ]

@Isaac Evans

tw : rapprochement physique.

À qui t’accroches-tu ?
À quelle âme ?
Tu glisses sur un chemin tortueux, dangereux.
Tu t’accroches à un fantôme du passé.
Tu t’accroches à un visage plus ou moins similaire en pensant qu’il s’agit du même.
Tu t’imagines que tu rattraperas le temps perdu, qu’il n’est jamais parti, que tu n’as jamais perdu de temps.
Tu t’embrouilles dans ce que tu ressens.
T’es perdu, mais tu sais une chose : t’en as envie.

La soirée prenait un tournant espéré - pas inattendu, non. La tension électrique des corps de la pièce prétendait déjà que la situation tourne autour de ce qu’ils attendent tous les deux depuis un moment. Anthony ne se posait pas de question concernant son amitié avec Isaac. Il ne se posait jamais ce genre de questions. Beaucoup de ses relations fortes découlaient de quelques échanges dans les draps et cela ne l’avait jamais embêté ni empêché de construire quelque chose qui ne soit pas basé sur de l’amour.
En revanche, avec Isaac, chaque fois qu’il posait ses yeux sur son visage, il avait cette envie irrésistible de l’embrasser. Mais il préférait laisser le jeune homme faire les choses plutôt que de tout brusquer et d’anéantir le flirt qu’il était en train de construire depuis plusieurs semaines. Il avait envie de se laisser aller en cette soirée d’anniversaire, de ne penser à rien, de profiter d’une nuit entière avec son meilleur ami, que ça dérape ou non.

Ce soir, Anthony découvre une nouvelle facette plus amusante d’Isaac et clairement moins sérieuse, qui lui plaît grandement. L’arrosage de chantilly est de sortie, il est lui-même attaqué par le brun. Lorsqu’il le sent s’approcher, ses entrailles se contractent, sa mâchoire se serre et les yeux brûlent d’envie. L’odeur de ses cheveux enivre son odorat et il décale la tête pour le laisser venir lécher son cou. Pensant que le rapprochement restera aussi sobre, Anthony est surpris de voir Isaac prendre les devants et grimper à califourchon sur lui afin de s’emparer de toute la chantilly dans son cou. Sa langue sur son derme manque de le faire tressaillir. Il savoure ce moment jusqu’à ce que le visage d’Isaac s’éloigne de son cou. Anthony passe alors son regard de ses yeux à ses lèvres. « Si je peux me ressalir pour que tu recommences, je dis pas non. » Son regard s’embrasa et il n’attendit pas plus de signes pour attraper son visage entre ses mains et de venir l’embrasser, écrasant ses lèvres contre les siennes, il fait glisser ses mains dans son dos jusqu’au bord de son tee-shirt, qu’il tire déjà pour le lui enlever.
Il décala légèrement son corps pour lui faire comprendre qu’il allait le faire tomber sur le canapé et il continua de s’accrocher à ses lèvres avant de descendre doucement sur sa mâchoire, son cou et son torse. Il avait la sensation que son corps vibrait pour lui, que la première embrassade était comme une délivrance de tous ses espoirs perdus. Il retrouvait les mêmes sensations qu’il avait ressenti le jour où tout avait dérapé avec Casey. Qu’est-ce qu’il était en train de faire ? N’y pense pas.

À quelle âme t’accroches-tu, Anthony Walker ?
À qui penses-tu, en cet instant même ?

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