LOEN > I've been lucid dreaming just to see you

(one) le courant et les vagues sont toujours restées plus sereines chez les whitehill. être en banlieue de toronto, ça veut dire grands espaces, ça veut dire le grand air. maman whitehill c'est la fleuriste du coin, celle qui peut tout traduire par un agencement de coloris ou des effluves chargés d'émotions. papa whitehill, lui, il était perché dans une tour dans la métropole d'à côté dans une équipe marketing. bébé whitehill a appris la légèreté assez tôt, se satisfaire de peu, se faire ami avec la mélodie des du piano et ne pas savoir ce que le destin lui réserve. c'est une tempête qui attendait ce trio de canadiens, la destinée attendit l'aube de mes quinze ans pour nous mettre à l'épreuve. (two) narcoleptique. narcolepsie. je me suis répété ces mots-là tellement souvent. pour les comprendre, pour les accepter, pour les haïr. il n'y avait pas plus effrayant pour mes parents que de me voir m'effondrer sans prévenir, sans garanti de retour. comme plusieurs, les premiers symp^tomes ressemblaient plutôt à de la fatigue chronique; à un mélange d'adolescent paresseux et d'un doute qu'il y a peut-être quelque chose qui cloche. analyses, tests, médecins et neurologues pour enfin mettre un mot sur ma condition. il s'en est suivi de plusieurs professionnels pour m'accompagner, mais je me suis senti pleinement Loen lorsque j'ai moi-même compris ce dont j'avais besoin: de l'adrénaline. oui la médication, oui la routine de sommeil et la sieste, mais tout ça c'est que la littérature scientifique suggère. pourtant mes axones, elles, ce qui les excitent réellement ce sont les sensations fortes. lorsque le diagnostic a été posé, je me suis transformé en poupée de porcelaine aux regards des géniteurs. plus aucune activité risquant de me blesser si je venais à m'endormir soudainement ou de déclencher une crise de cataplexie. mais vous connaissez déjà la suite n'est-ce pas?  (three) d'abord le piano. c'est ce qui faisait l'unanimité familial comme passe-temps sécuritaire. la complexité des enchainements, l'état paisible que je peux atteindre tout en gardant le contrôle. je me plains à dire que la musique protège mon système nerveux de la maladie, comme un bouclier autour de moi, me coupant du monde. les tâches complexes stimulent mes neurones et ce à quoi je m'accroche. je ne suis pas de ceux qui ont exploité leur passion jusqu'aux études universitaires, je suis plutôt de ceux qui ont ça dans le sang? si je peux me permettre ou sinon l'oreille absolue. je déteste me produire devant un public, je le fais seulement pour des évènements particuliers, pour lesquels je m'attache un brin: des mariages de proches, des funérailles. je partage quelque chose de trop précieux avec le piano pour le partager si facilement.  (four) vaporeon, gardevoir, togepi, starmie et blissey. c'est ma team de bad bitches sur tous les jeux où c'est possible. j'arpente encore à ce jour les rues de la nouvelle-orleans pour compléter mon pokedex à pokemon go. j'ai encore la haine de ne pas avoir ceux qui s'isolent sur les autres continents, je suis peut-être prêt à hacker le jeu en fait. je suis toujours d'attaque pour une soirée pokemon, que ce soit sur la nintendo 64 ou de retrouver nos gameboy color et le fameux fil pour faire les échanges et les duels. certains diront même que c'est la clef à mon coeur, qui sait.  (five) jusqu'à présent, on ne pourrait dire que ma vie dégage l'adrénaline tel que je le décrivais plus tôt, mais c’est que je ne suis pas à fort boyard non plus. le quotidien prend souvent le dessus, mais il n’est pas rare de m’entendre planifier des sauts en parachute, un après-midi aux autos tamponneuses ou même du bungee. évidemment, il y a autant de chance que l’anxiété me plonge dans un sommeil impromptu qu’un pile ou face. mais bon, se sentir vivant, éveillé, il n’y a pas meilleur feeling. (six) l’an passé, quelque part entre septembre et novembre, j’ai participé à une émission de télé-réalité, On My Block. d’abord pour le goût de l’aventure, de vivre le thrill que la production aurait à nous offrir. si vous êtes curieux, je n’ai pas gagné, mais j’ai fait la demi-finale, c’est déjà ça. j’ose croise que j’ai offert une visibilité intéressante pour démystifier la narcolepsie, qu’au fond, c’est presque sans limite ce qu’on peut accomplir. il y a eu de drôles de captures où je suis complètement endormi à tout moment de la journée, mais ça, c’est rien. ce qui me rend le plus fier, c’est davantage de m’y être éclaté, d’avoir rencontré des compagnons fantastiques et d’avoir fait sourire mes proches qui me m’observaient de leur canapé.  (seven) une partie de mon palpitant y est resté dans cette aventure, lorsque j’ai laissé partir des gens comme maggie, addison ou clay, retrouvant mon quotidien au canada. ce sont des souvenirs assez magiques, mais rien ne peut remplacer que la rousse générait en moi; cette sensibilité que j’affichais rarement, ce sentiment que sa pureté me transperçait jusqu’à me faire oublier ma condition ou que ses lèvres se renouvelaient comme s’il s’agit s’agissait de notre baiser à chaque fois. elle est probablement n’importe où et nulle part à la fois, pendant que moi je la cherche à chaque fois que je somnole. (eight) il y a toujours deux faces à une médaille et mon retour à la vie normale fut rapidement confronté à cette réalité. trop de gens curieux sur mes relations, trop de gens curieux sur ma famille, trop de curieux partout. parce que moi mon but avec on my block, ce n’était pas de devenir nabila, loin de là même. qu’on s’intéresse trop à mon histoire et de façon maladroite, ça a facilement perturbé ma routine et j’ai recommencé à faire des crises plus intenses. je faisais rarement des épisodes de cataplexie parce que ça n’arrive que lorsque le stress est trop acéré. ce serait faux de stipuler que mon neurologue n’est pas à la hauteur de mon suivi, au contraire, mais si je reste dans le même environnement, rien ne pourra se dissiper. il n’y a rien de magique dans la médication et ça je l’ai assimilé il y a des lunes. j’ai donc déménagé temporairement à la nouvelle-orléans pour tourner la page et reprendre le dessus sur ma vie. j’ai pris la décision de tenir mes proches hors de tout ça, du mieux que je pouvais. ceux-ci s’imaginent que je prends l’occasion d’ouvrir un commerce sous la bannière de ma mère dans un coin mignon des usa.  (nine) pour ce qui est de ce qui me fait plaisir: la musique de pianistes modernes, la tarte aux citrons, le vélo (parce que duh je ne peux pas conduire évidemment), la sieste de l'après-midi, les épagneuls, le café, le café, le café, les skittles, l'a capella et faire sursauter quelqu'un. (ten) pour ce qui est de ce qui me déplait: les gens qui offrent trop souvent leur opinion, les chats sans poil, la réglisse noire, la luminosité de mon iPhone dans la noirceur, olivia la candidate dans ma saison d'on my block, le mauvais sens de l'humour et les climatosceptiques.