@Murphy Ellis et peut-être que c'est ce qu'il vous faut à tous les deux, non ? pas d'introspection forcée, juste des sous-entendus qui vous feront réfléchir demain et qui vous pousseront peut-être à voir les choses différemment. en le mettant face à ces bêtises, il te met aussi face aux tiennes. alors plutôt que de t'enfoncer dans des discours à rallonge qui pourraient tout aussi bien mettre en exergue ton incapacité à prendre des décisions et à te caser, tu préfères jouer. c'est tout aussi bien, même si tu fais que perdre et que, forcément, ça touche un peu ton égo. tu dis rien, c'est vrai, mais t'en penses pas moins. à te voir prendre une raclée comme il le fait, tu te dis que tu es bien incapable de tout.. dès qu'il ne s'agit pas d'études ou de médecine. triste constat, non ? mais tu t'renfermes. tu joues l'gosse un peu désabusé mais bourré d'assurances. tu l'bouscules, tu l'taquines. tout ça pour éviter d'avoir à te rendre à une évidence certaine. si tu n'étais pas interne, tu s'rais finalement pas grand chose. - euh ouais. un muet, est plus sage que toi. tu rigoles, légèrement. là encore, tu l'bouscules de l'épaule sans répondre. t'es pas du genre agressif, ni même physiquement violent. il le sait. ce con. il te connait bien depuis le temps. alors quand il te tend le joint, tu tires dessus une première fois. il reprend sa manette, signale tactique qui te fait prendre conscience que tout va recommencer encore. ok, tu tires une seconde fois. t'aurais peut-être pas dû. malgré toute la concentration du monde, tu n'arrives pas à bout de cet enfoiré et finis par perdre encore. ouais, tu râles. t'es mauvais joueur. ça fait partie du cahier des charges lorsqu'on est toi. tu vas pas changer, pas pour lui. d'toute manière, vous vous ressemblez bien trop. si j'pouvais, j'paierai cher pour t'voir essayer tiens ! qu'il te dit avant de rallumer le pétard. là encore, tu te contentes d'une bousculade. t'es bon qu'à ça. le charrier mais sans plus. comme dans la vie de tous les jours. tu fais, tu exécutes. mais sans plus. parce que faire plus implique de prendre tes responsabilités et t'es pas encore assez bon pour ça. j'devrais p'tre jouer les yeux fermés, t'aurais p'tre une chance. tu souffles, coup de trop. tu attrapes le joint entre ses lèvres et tires dessus en te levant. tu fais d'ton mieux pour pas jeter la manette à travers de la pièce. ouais, t'as l'égo aussi gros qu'ça, et alors ? - p'tit con va. tu lui dis en t'approchant de la fenêtre pour l'ouvrir. tu te penches un peu en avant pour écouter la nuit, les bruits d'la ville et t'en repaître. un peu d'air, ça t'fait pas d'mal. aussi, ça m'étonne pas d'toi. tu tournes la tête vers lui en souriant, comme un crétin qui s'apprête à dire une ânerie. à baiser tout c'qui bouge, pas étonnant que tu sois l'pro du joystick. voilà, l'ânerie est dite. et ça t'fait glousser comme un con.
ça t'fait marrer, qu'il prenne la mouche. ça t'fait sourire, qu'il s'énerve. un peu. qu'il s'contienne de briser la manette en deux ou d'la j'ter par terre, à travers la télévision ou la f'nêtre. il est à deux doigts pourtant, l'gamin. tu l'regardes bouillir de l'intérieur, l'sourire au coin des lippes. t'es moqueur murphy, bien plus que tu ne voudras jamais l'admettre d'ailleurs. du genre à en faire trop quand tu remportes une quelconque victoire. et là, ça fait trois d'affilé. t'es en veine murphy et t'as pas l'intention de laisser l'mioche prendre l'ascendant. quoi qu'pour le plaisir de dire qu'il a gagné au moins une fois, tu pourrais éventuellement faire un effort. pétard quitte tes lèvres précipitamment. tu n'comprends pas trop c'qui s'passe alors tu te contentes de le suivre du r'gard. le gamin qui s'dirige vers la f'nêtre pour l'ouvrir après t'avoir insulté. une sombre pensée qu'il pourrait s'jeter par l'ouverture. c'est con. très con même. pas l'genre de la maison pour s'foutre en l'air pour quelques parties d'call of duty perdues. t'effaces cette idioties d'ta tête en un battement d'cils. interdit. t'arques un sourcil quand il te dit qu'ça ne l'étonne pas. pas bien certain d'comprendre tout d'suite. le silence suite à sa vanne. dont il semble très fier d'ailleurs. tes lèvres se pincent et puis t'exploses de rire. faut bien avouer qu'elle était très bien placée, celle-là. l'effort est magistral. que t'arrives à articuler, tant bien que mal. tout est dans l'doigté figure-toi. qu'tu glisses entre deux reprises d'air. l'sous-entendu évident. les meufs restent les reines à la maîtrise de mon joystick. ben voyons. le roi d'la vantardise. ton tableau de chasse n'a absolument aucune limite. tu sais donc quel tactique adopté avec tel ou tel genre de fille. t'as appris à discerner c'qu'elles aimaient. comment les faire monter au septième ciel. bon, toi aussi, faut qu'on s'occupe de toi quand même. un minimum voyons. du donnant-donnant dans les règles de l'art. mais du coup, toi, tu devrais p'tre t'y mettre, tu s'rais p'tre bon à call of après. et vlan, dans tes dents gamin. geste de la main pour l'interpeler. aller, ramène toi qu'tu gagnes au moins un partie. et tu le laisseras remporter la victoire sur la prochaine manche. parce que t'es un bon pote murphy.
@Murphy Ellis mauvais joueur ? peut-être un peu. au fond, juste ce qu'il faut pour que t'aies l'air d'être comme tout le monde. comme tout le monde, cette quête perpétuelle pour ressembler aux autres, te fondre dans la masse. te sentir normal, après tout. toi qui n'grandis pas comme les autres, toujours en retrait. celui qui n'connait rien sinon comment manier les cellules souches du cerveaux et comprendre les maladies psychiques. toi qui n'as pour seul don que de lire dans les problèmes qu'on t'pose sur la table entre deux consultations. ouais, toi, c'gamin un peu paumé qui navigue entre deux eaux. facilement impressionnable et surtout très mauvais joueur dans l'fond. pas pour rien que tu prends la mouche, te lèves et lui balances une pique. effet escompté - ou pas - Murphy, il éclate de rire. ça t'arrache un sourire. d'toute manière, tu peux pas lui en vouloir d'être meilleur que toi à c'jeu-là. - l'effort est magistral. tout est dans l'doigté figure-toi. sous-entendu bien gras qui t'fait rouler les yeux. les meufs restent les reines à la maîtrise de mon joystick. évidemment, ç'aurait été trop simple qu'il n'y fasse pas allusions. lui, maître en l'art de la séduction et des corps à corps. t'as tout à apprendre de lui, au fond. mais t'as jamais osé lui d'mander. peut-être parce que t'as pas envie qu'il te voit comme une cause perdue. mais du coup, toi, tu devrais p'tre t'y mettre, tu s'rais p'tre bon à call of après. il sait pas, Murphy, mais il met dans l'myocadre avec juste une phrase. tu sens ta poitrine qui se serre et tes muscles qui se tendent. tu détournes les yeux, cesses de sourire et observes l'extérieur. aller, ramène toi qu'tu gagnes au moins un partie. tu souffles l'air, nuage vaporeux de fumée qui s'exfiltre directement d'entre tes lèvres. songeur, tu encaisses ce qu'il vient de lâcher du mieux que tu peux. - peut-être que j'm'y suis jamais mis, t'en sais rien. tu lances, sans trop en dire. tu sais pas si c'est l'meilleur moment pour lui avouer qu'à ton âge, t'as toujours pas couché avec une meuf.. ni un mec d'ailleurs. puceau dans l'âme, comme ancré à une enfance qui refuse de t'quitter. un habit trop petit qui te serre, toujours. tu souffles, reviens vers lui et écrases légèrement le pétard dans le cendrier. j'ai plus envie d'jouer. tu dis en attrapant la manette. boudeur, juste un peu.
t'es en veine gamin. les conneries débitées à mesure que les parties sont gagnées. tu remportes les victoires haut la main. comme s'il n'était pas vraiment là l'môme. tu l'as vu bien plus combatif que ça, auparavant. et il semblerait qu'ta dernière intervention n'ait pas été bien perçue. t'as fait mouche murphy et tu n'sais même pas pourquoi. il s'renferme, l'toubib'. comme une huître. et toi, tu fronces les sourcils. l'impression d'avoir dit quelque chose de travers. ce ne sont pourtant pas tes r'marques à la con qui l'vexent d'ordinaire. y a un truc qui colle pas dans l'décor. et t'oses rien dire de plus. étrangement. t'as pourtant pas la langue dans ta poche d'habitude. bien souvent fourrée dans des bouches féminines et bien plus bas quand l'moment s'y prête. mise à part ça, t'es clair'ment l'premier à dire d'la merde pour combler les moments d'silence. tourner la gêne en vaste blague. mais là, tu n'trouves rien à r'dire. bien rares sont les fois où tu n'trouves aucune réplique. et l'gamin r'vient vers toi. sa phrase reste en suspens. t'aurais bien envie d'lui dire qu'ça expliquerait beaucoup d'choses mais tu t'retiens. le plus fort que tu peux. t'es pas une lumière murphy mais sa phrase, elle est lourde de sens. enfin, tu crois capter quelque chose. une part d'vérité enfouie d'puis trop longtemps. t'es pas vite murphy, la weed t'allumes l'cerveau. faut croire. attends ... t'es sérieux ? qu'tu d'mandes bien trop vite. sans doute. et pourtant, y a pas d'jug'ment dans l'ton d'ta voix. 'fin, c'pas une tare hein. qu't'ajoutes tout aussi rapid'ment pour n'pas qu'tes paroles soient, une fois de plus, mal prises. c'est juste ... y a jamais rien qu'toi qu'a manipulé l'précieux ? la question qu'tu poses alors que tu n'devrais p'tre pas. l'caractère pudique du garçon qui pourrait bien t'rembarrer s'tu vas trop loin dans tes interrogations. tu r'gardes l'carton mourir dans l'cendrier et lui bouder. tu peux m'envoyer chier, t'as l'droit. vous êtes p'tre chez toi mais pour l'coup, tu n'le prendrais pas mal. en même temps, t'sais pas vraiment c'que tu pourrais prendre d'travers venant d'lui. qu'est-ce qu'tu veux faire ? parler. ne pas parler. jouer. ne pas jouer. passer la soirée à s'gazer l'crâne ou simplement chiller. tu peux refaire à manger si ça lui fait plaisir. t'es pas bien compliqué. pis, comme t'as jamais su pourquoi, tu s'rais capable d'déplacer des montagnes pour lui r'coller un sourire sur la face.
@Murphy Ellis et peut-être que tu l'fais exprès. comme pour te délester d'un poids qui pèse trop lourd sur tes épaules. avec du r'cul, tu t'diras que c'est avec cette vérité que t'as scellé ton amitié avec Murphy et que c'est grâce à elle que t'acceptera de rejoindre la colocation quand il te le proposera. à l'inverse, si t'avais pas laissé s'échapper cette simple phrase, t'aurais peut-être préféré garder ton indépendance. t'as jamais été à l'aise dans la foule ni avec les gens. depuis trop longtemps, tu cours après tes propres vérités comme pour essayer d'te comprendre et d'te connaître. ce soir tu fais l'impasse sur ce qui te hante depuis toujours. sous couvert d'une boutade, tu admets quelque chose que t'as jamais osé dire à voix haute. sa réaction est sans appelle, par ailleurs. - attends ... t'es sérieux ? il te juge pas, tout du moins, c'est l'impression que tu as quand tu l'entends t'poser cette question. 'fin, c'pas une tare hein. tu n'souris pas pour autant. même si t'es mal à l'aise et même si tu t'en veux d'avoir laissé s'échapper cette ultime vérité, tu ne cherches pas à nier. c'est juste ... y a jamais rien qu'toi qu'a manipulé l'précieux ? la question est assez déplacée, tu dois bien l'admettre. de la part de n'importe qui d'autre, tu l'aurais mal pris. pas d'la sienne. Murphy n'a jamais été un exemple de subtilité ou de tact. au contraire. il parle comme il pense. au fond, c'est peut-être ce que tu préfères chez lui. il ne juge pas, bien au contraire. il est bienveillant, quelque part. à l'image d'un grand frère. ce qui te manque, finalement. tu peux m'envoyer chier, t'as l'droit. tu soupires, secoues la tête en t'asseyant à nouveau près de lui. qu'est-ce qu'tu veux faire ? tu r'gardes dans le vide. après la gêne, vient la honte. tu l'connais suffisamment pour savoir qu'il ne manque pas d'expérience en la matière. et ça t'donne le sentiment d'être en retard. comme bien souvent. tu pourrais t'renfermer, passer à autre chose. lui proposer d'jouer encore et oublier c'que tu viens de faire mais t'as pas l'coeur à ignorer c'sujet. pas encore une fois. - c'est pas que j'en ai jamais eu envie.. mais j'ai jamais osé franchir le pas. tu dis, rougissant légèrement. sans oser le regarder, comme si t'assumais pas vraiment c'que tu lui racontes. et puis, y a ces images qui me traversent l'esprit parfois.. et j'sais que mes parents l'accepteraient pas. enfin, mon père, puisque ta mère n'est plus là depuis longtemps. pourtant, t'en parles comme si elle existait encore, comme si t'avais jamais su te défaire de sa présence. après tout, c'est peut-être pour ça que tu te bloques encore.. dans ton esprit, ils sont toujours là, ils te surveillent toujours. aimer les hommes ?!! impossible, pas selon les préceptes de vos croyances. vos croyances ?!! non, les leurs.. toi, t'as jamais cru en rien. mais t'as toujours eu confiance en ta famille alors t'as laissé cette dernière dicter tes choix.
y a comme qui dirait anguille sous roche. t'sais pas trop où t'placer murphy. parce que quand les conversation d'viennent trop sérieuses, toi, tu prends la fuite. en général. toujours dans la douceur, dans la légèreté. pourquoi t'emmerder avec des conversations philosophique et r'faire le monde ? à tes yeux, il suffit simplement d'un bon gros joint et d'une bière pour chasser les p'tits tracas d'la vie. et même les plus volumineux. tout s'règle avec d'la weed et d'l'alcool. conception d'vie bien limitée, il faut bien l'avouer cela dit. personne n'a dit qu't'étais une lumière non plus. et pourtant, cette envie d'creuser. d'aller voir c'qui s'cache sous ces paroles à double tranchant. parce qu'il ne dit jamais rien au hasard eno. tu fais semblant de n'pas l'écouter. comme avec l'reste du monde dans l'fond. parce que ça t'fait chier qu'on sache qu'tu t'remets en question d'temps en temps. t'as une image à entretenir d'branleur trentenaire. bon sang qu'c'est débile. et ça t'correspond si bien pourtant. tu t'poses des questions. tu les lui poses aussi, en passant. pas toutes. juste quelques bribes maladroites. surement pas les bon mots choisis et tu croises les doigts qu'il ne prenne pas mal tes interrogations. deux êtres totalement différents. entre toi qui saute sur tout c'qui bouge et lui qu'a encore rien fait. et p'tre que t'aurais sans doute été mieux d'être plus comme lui dans l'fond. t'aurais été plus pausé. t'aurais p'tre pu garder louisa. t'aurais p'tre pu avoir une vie bien différente que celle que tu mènes aujourd'hui. toujours dans l'creux d'la vague et jamais à son sommet. tu ne surfes pas murphy. tu coules. inlassablement. corps à la dérive, autant qu'ton esprit malhabile. le gamin ne te regarde pas. regard fuyant, sans doute l'myocarde qui s'décompose face à ton intrusion évidente dans sa bulle d'confort. que tu viens éclater avec une grande maladresse. peu de subtilité. comme trop souvent. faudrait qu't'apprennes à tourner ta langue sept fois dans ta bouche avant d'parler. qu't'apprennes à réfléchir à la meilleure façon d'formuler tes pensées impulsives. qu'est-ce qui t'retient ? là encore, t'aurais p'tre mieux fait d'te taire. encore faudrait-il que tu sache le faire. te taire. passer sous silence les questions qui peuvent être gênantes. curiosité grandissante pourtant d'savoir. comment il fonctionne, l'môme. parce que toi, c'est acté qu't'es un connard. lui, gentil petit agneau inoffensif. tu t'demandes c'que t'as raté. c'qui t'a empêcher. d'être aussi doux qu'lui. quelque chose qu't'as pas fait correctement. des étapes qu't'as dû oublier dans l'processus. p'tre bien l'fait d'avoir été privé d'un père à l'adolescence. d'son vivant, l'géniteur qu'a jamais vraiment été présent. sans doute. ou p'tre bien qu'c'est encore une excuse à la con qu'tu t'donnes pour éviter d'faire face à l'évidence. t'es un crevard murphy. parce que tu l'as choisi. ouais enfin, c'est ta vie, pas la leur hein. trop cash. surement. 'fin, pardon hein, mais pour le coup, j'vois pas c'que ça peut leur foutre en vrai. t'hausses les épaules. il peut bien aimer qui il veut. il peut bien baiser qui il veut. on est rendu au vingt-et-unième siècle après tout. c'est pas pour rien. il serait temps qu'le monde s'mette à la page. et tu penses à tes proches. à qui t'as pas tourné l'dos. à qui tu l'tourneras jamais d'ailleurs. magda, adriel, maverick, matthew, charlotte, cela. et p'tre même que t'en oublies dans l'lot. c'est pas important d'savoir qui on aime. du moment qu'on est heureux. non ? c'est pas ça qui s'dit dans les bouquins ? toi, qu'est-ce qui t'fait vibrer ? c'est ça l'plus important dans l'fond. toi et t'insistes lourdement. p'tre trop même.
@Murphy Ellis c'est assez ironique de t'laisser aller à parler d'ce genre de choses avec lui. sachant à quel point il refuse catégoriquement d'se remettre en question - souvent - mais surtout à quel point il te tient encore éloigné d'sa vie et d'son intimité.. sans doute par pudeur, ou alors simplement parce que vous êtes amis jusqu'à un certain point. t'as jamais cherché à forcer le contact avec lui, à en apprendre davantage que ce qu'il voulait bien t'donner. tu n'sais de lui que ce qu'il veut bien te montrer. un mec trentenaire qui n'pense qu'à s'envoyer en l'air avec tout c'qui bouge et qui r'fuse de se poser. voilà comment tu l'vois. et pourtant, tu l'blâmes pas. à chaque fois que tu l'entends parler des femmes, tu t'dis que t'as un soucis, à ton âge. que si t'as jamais osé franchir le pas, c'est peut-être parce que t'es pas fait comme les autres. pourtant, tu t'es déjà regardé nu dans une glace et tu crois pas avoir à envier quoi que ce soit aux autres. même si t'as jamais cherché à comparer. au fond, tu crois juste que c'est ton esprit qui est monté à l'envers. alors pourquoi lui ? pourquoi ce soir ? peut-être parce qu'il a touché un point sensible et qu'à défaut de pouvoir en parler avec Jessie, tu t'serres de lui comme d'un grand frère de remplacement. - qu'est-ce qui t'retient ? il te demande, sans subtilité et sans tact. là encore, tu n'le blâmes pas. dans sa vie, c'est comme ça que ça doit fonctionner. la franchise à toute épreuve, la franchise avant tout. il parle comme il pense et toi, tu veux pas lui d'mander d'faire autrement. qu'il se comporte avec toi comme avec les autres, au fond. t'as envie d'être son ami, n'est-ce pas ? mais t'oses pas croiser ses yeux. t'as peur de ce qu'il pense, de ce qu'il voit. - mon éducation, je suppose. tu réponds tout simplement. t'as été façonné par tes parents, par leur croyance et leurs attentes. quand ta mère est morte, il n'est resté que ton père et depuis, t'as toujours eu à coeur de le rendre fier. alors bosser, c'est la seule chose que tu peux lui offrir. quand il te demande si tu as rencontré une femme, tu évites la question en lui racontant comment se passent tes études. c'est plus simple que d'avoir à admettre que t'as jamais trop regardé les filles d'ton service et que tu passes sans doute plus de temps à observer les hommes qui se changent avec toi dans les vestiaires. - ouais enfin, c'est ta vie, pas la leur hein. il dit, du tac-au-tac. et tu comprends. mais lui n'comprend pas ce que ça implique pour toi. 'fin, pardon hein, mais pour le coup, j'vois pas c'que ça peut leur foutre en vrai. beaucoup trop d'choses, au fond. et c'est bien là le réel problème. tu voudrais te défaire de cette espèce d'obligation que tu t'es imposé toutes ces années. mais tu n'y arrives pas. alors tu stagnes, tu restes entre l'enfant et l'adulte et tu t'contentes d'avancer sans t'poser plus de questions. tu refoules tes attirances pour ne penser qu'à ton job et à la réussite de tes études. toi, qu'est-ce qui t'fait vibrer ? c'est ça l'plus important dans l'fond. toi et tu vois bien qu'il insiste sur le pronom qu'il emploie. tu souffles, sans l'regarder. au fond, t'as peur de craquer trop facilement si tu plongeais tes yeux dans les siens. tu te cales sur le sofa, te laisses tomber en arrière et passes une main sur ton visage. - si j'le savais, j'en s'rai sûrement pas là. tu dis, dans l'vague. et puis, au fond, tu peux pas t'empêcher d'te dire que tu sais déjà mais que tu veux pas l'admettre. alors tu parles, ouvertement. parce que t'as pas peur d'être jugé, sûrement pas par lui. tu crois qu'il te voit comme un p'tit frère, à sa manière. mais j'vois bien comment j'regarde certains mecs, parfois. tu vois.. même toi, des fois. quand tu t'approches trop près d'moi. tu admets, doucement. et j'sais que c'est pas normal de r'ssentir ce genre de choses. alors j'les refoule et j'en parle pas. j'me concentre sur ma carrière parce que ça, au moins, j'y arrive.
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