apprendre à marcher à nouveau (loen)

[ apprendre à marcher à nouveau ]

@Loen Whitehill
ces moments.
ils sont rares et surviennent toujours inopinément. c'est sans doute ce qui en fait toute la magie. on passe parfois sa vie à en chercher sans jamais vraiment avoir la chance et l'opportunité d'en vivre. il aurait pu te passer sous le nez, si tu n'avais pas choisi de suivre cette voix, de t'engager dans cette profession et d'accepter le poste d'interne qu'on te proposait ici, à Tulane. si tu n'avais pas eu ce responsable, s'il ne t'avait pas suffisamment fait confiance pour t'confier ce dossier, ce patient. t'aurais jamais pu vivre ces moments, aussi doux soient-ils, ils ne sont le résultats que d'une suite rocambolesque d'événements tous plus improbables les uns que les autres. et quand t'y réfléchis, t'as l'vertige. putain, oui. mais t'y penses pas vraiment, à dire vrai.
ces moments.
pourtant, à l'instar de tout le reste, ils sont devenus ce qui t'enchante le plus dans ton quotidien, dans tes semaines ou même dans tes petites habitudes. car tu aimes ton métier, soyons honnête. tu t'y voues corps et âmes depuis si longtemps qu'admettre le contraire serait nié tous les sacrifices que ça t'a demandé. peu importe, c'est pour ces jours comme celui-là que tu te lèves le matin. non pas que l'amour soit un bien-fondé, mais quand il entre dans la salle et que vos regards se mettent à danser dans le silence, t'as l'myocarde qui se serre sans vraiment comprendre pourquoi. pourtant, tu n'cherches pas l'amour, tu ne t'y attends pas non plus. t'as jamais voulu d'ça, à dire vrai. t'es pas du genre à courir après et puis, t'as pas vraiment eu la chance de connaître ce genre d'histoire.
alors ces moments,
tu les comprends pas toujours, mais t'en profites. quand il pousse la porte du cabinet et qu'il entre, c'est comme si tu respirais un peu d'air frais, c'est un peu comme si tu prenais une pause. t'es au sommet d'la montagne et tu vois les choses sous un angle différent. l'fait qu'il soit mignon n'arrange rien, mais c'est pas la question. quand on t'annonce qu'il attend patiemment, t'as l'myocarde qui s'excite un peu alors tu prends toujours une petite minute avant de l'recevoir. et quand il pousse la porte, c'est comme si t'étais catapulté à mille lieues d'là où tu te trouves.
- bonjour M. Whitehill. tu t'entends lui dire, tout engoncé dans ta blouse blanche et propre alors que tu t'avances vers lui pour lui tendre une main rassurante. j'ai bien peur qu'on ne sera à nouveau que tous les deux aujourd'hui. ton supérieur juge son cas suffisamment bénin pour te laisser t'en charger seul - pour l'instant - et tu vas pas t'plaindre. d'un signe de tête, tu l'invites à s'assoir dans le fauteuil et toi, tu prends ton temps pour le rejoindre, là, juste en face. le silence qui vous enveloppe te fait du bien.. comme toujours. on va commencer par les fondamentaux. tu lui dis en souriant du mieux que tu peux. tes orbes s'installent dans les siennes, tu marques une pause, comme toujours. un ange passe et puis, tu reprends comment allez-vous ?

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