Un peu comme une routine, comme un instant à ne pas manquer. Oui, aller boire un verre, là, en fin de service, en fin de semaine, avant quelques jours de repos. C’était un peu comme une routine. Une façon de marquer la fin d’une garde pour du repos. Parfois des gardes de folies, d’autres fois plus calmes, moins d’appels, moins de drames. Mais, il y en avait toujours. Toujours. Un rire grave dans ta gorge alors que t’es là, sur la terrasse de cet endroit. Un verre de soda devant toi. Parce qu’il n’était pas suffisamment tard pour l’alcool. Parce qu’en vrai, tu n’étais pas un grand buveur. Ça surprenait souvent les autres. Mais, t’avais sûrement bu bien assez d’alcool plus jeune, pour toute une vie. Vraiment. Un rire grave alors que tu salues le serveur, que tu connais bien maintenant, partageant quelques mots avec lui. Avant le calme. La musique en sourdine à l’intérieur du bar. C’est agréable. Oui, tu aimais vraiment cet instant. Un peu hors du temps. Un peu ailleurs. Une gorgée de soda et regarder ici et là, les passants dans la rue, les jeunes assis un peu plus loin à rire. Les amoureux dans un coin. Regarder la vie fourmiller et simplement, profiter de l’instant.
Et tu n’aurais pas cru. Non. Parce que ça faisait des années que vous ne vous étiez pas croisés. Pas vus. Des années. Alors, non, tu n’aurais pas cru. Croiser son regard à lui, en tournant ton visage vers le coin de la rue. Tu n’aurais jamais pensé, un jour, le revoir. Pas après tout ça. Pas alors que… Ouvrir les yeux de surprises et te redresser rapidement. Tu ne sais pas pourquoi. Si, tu sais très bien en fait. Parce qu’il fallait le faire. Parce que même si tu savais, n’avoir aucun droit au pardon. Il fallait qu’il sache. Que tu t’en voulais. Que tu étais désolé. Vraiment. Deux pas en sa direction. Voir l’homme se transformer en un animal terrorisé. Crisper ta mâchoire. Ta faute. Ta faute. Mais, continuer quand même. Le regarder d’ailleurs. Dieu, il est devenu encore plus beau qu’à l’époque. Les traits plus marqués, plus carrés. Le visage adulte plus charmant. Il est beau. Vraiment. Encore un pas et te retrouver là, face à lui. Et tu n’es pas incertain, Sachay non. Tu es là, droit devant lui. Sûrement changé, beaucoup. Parce que tu as pris de la masse depuis la dernière fois. Parce que tu sais, que tu as changé, vraiment. Oui, tu es là, droit devant lui, pour lui sourire calmement. Pour le regarder avec ce nouveau regard que tu as acquis avec effort. Tu le regardes. Vraiment. Lui souris, détendu. « Je suis désolé. » Parce qu’il n’y a que ça à dire. Parce que tu as été un vrai connard. Un vrai. « Je sais que ça fait très longtemps. Qu’on ne s'est pas revu depuis. Et que c’est sûrement trop tard. Tellement, trop tard. Mais je suis désolé Bran. Vraiment. »
Le regarder. Calmement. Ne pas savoir à quoi t’attendre. Des cris, des pleurs ? De la colère, de la haine même ? Oui, tu pourrais avoir tout ça, Sachay. Parce que c’est ce que tu as été avec lui. Colère et douleur. Alors, il pourrait vraiment te haïr. Bien-sûr que ça te ferait quelque chose. Mais, ce serait tellement mérité. Tellement. Alors, tu ne t’attends à rien, comme à tout. Mais, peut-être pas à ça. Pas à ce simple mot. Tu ne t’attendais vraiment pas à ça. Et peut-être est-ce la raison pour laquelle tu oses à nouveau. Parce qu’il est là devant toi. Premier amour. Là, devant toi. Bien plus beau qu’à vingt ans. Là, devant toi. Et qu’il n’y a rien à perdre. Pas après tant d’années. « Je t’offre un verre ? » Sourire, encore. Attendre un peu et glisser une main là, dans le bas de son dos pour le guider vers la table à laquelle tu étais assis. « Dehors ? On peut rentrer si tu veux ? » Dis-tu en pointant de ton pouce la porte du bar. Mais, il ne faisait pas si frais que ça et tu étais avec ce pull à torsades, épais et bien chaud. Sourire.
@Sachay Duhart c'est fait. c'était dur à faire, mais c'est fait. demain, tu partiras. tu te l'es promis, tu le lui as promis. tu comptes pas rester dans votre appartement plus longtemps, tu comptes pas lui laisser le droit de jouer cette mascarade un jour de plus. t'as assez souffert, t'as assez donné. le quitter aura été certainement la décision la plus difficile à prendre ces derniers temps. tu t'y étais pas préparé.. ou peut-être juste un peu. de toute manière, ça n'allait plus, c'était une certitude. te cantonner au rôle du colocataire ne te convenait plus. t'avais besoin d'un homme, d'un vrai. pas du genre à te glorifier mais au moins à te respecter suffisamment pour te présenter comme tel lorsqu'il se retrouve en compagnie de ses amis. les mains dans les poches, le regard éteint, tu avances dans la ville sans savoir ce que tu fais vraiment. mettre de la distance, c'est tout ce qui t'importe. t'as besoin de prendre l'air et surtout pas envie de l'entendre te supplier d'revenir sur ta décision. tu sais que cette nuit sera particulièrement difficile à vivre mais demain, tu pourras prendre un nouveau départ. désormais, t'en es persuadé. tu le mérites mon vieux, t'arrêtes pas de te le répéter mais ton coeur, lui, saigne abondamment. à croire qu'il ne saura jamais se remettre de ce nouvel échec. c'est l'histoire de ta vie, après tout. tu vas d'échecs en échecs sans jamais réussir à rencontrer quelqu'un capable de t'apporter ce dont tu as désespérément besoin. et puis, soudainement, tu lèves la tête. tu marques un court arrêt, hoquet de surprise. tu reconnais cet endroit, tu sais exactement où tu es. le quartier français. tu y avais tes habitudes, autrefois. autrefois.. avec Sachay. pourquoi ce souvenir remonte à la surface brusquement ? et pourquoi tes pas t'ont-ils entraîné jusqu'ici ? t'avais mis d'la distance, là encore, entre cet endroit et toi pour ne jamais avoir à souffrir de cette relation qui t'avait profondément blessée. tu souffles, soupires même. tu t'apprêtes à faire marche arrière lorsqu'un regard sombre attire ton attention. de l'autre côté de la route, il se tient là, comme un écho à ton souvenir. Sachay.. tu marques une courte pause alors qu'il semble t'avoir, lui aussi, remarqué. merde, merde, merde.. il faut que tu recules, que tu t'en ailles. de toutes tes histoires, c'est sans doute la pire qui te revient comme un boomerang. tu veux pas d'lui, pas maintenant, pas comme ça. mais il s'approche, déjà, et t'es incapable de fuir. - je suis désolé. nouveau hoquet de surprise. pardon ? t'as envie d'lâcher alors qu'il se dresse finalement d'vant toi et qu'il pose ses trois mots entre vous, comme ça. je sais que ça fait très longtemps. qu’on ne s'est pas revu depuis. et que c’est sûrement trop tard. tellement, trop tard. mais je suis désolé Bran. vraiment. il déconne, n'est-ce pas ? le mec que tu connais n's'était encore jamais excusé. c'était pas dans sa nature, c'était pas son truc. il n'admettait jamais ses torts et, plus que tout, il refusait obstinément d'te regarder de cette manière là. t'as l'souffle court, quand tu lui réponds.. - je.. merci. t'es pris au dépourvu. tu t'attendais sans doute à tout, sauf à ça. t'étais pas prêt pour lui, pas ce soir. jamais, à dire vrai. t'avais tiré un trait sur sa belle gueule. ouais, sa belle gueule. parce que brusquement, tu le détailles. lui, sa carrure bien plus impressionnante qu'autrefois et la multitude de tatouage qui recouvre son corps. il était pas comme ça, avant. mais dieu seul sait qu'il est encore plus attirant. tu déglutis, avec peine. - je t’offre un verre ? non, jamais. tu l'sais, t'as envie d'le lui dire. mais t'es incapable de répondre, t'as b'soin d'reprendre ton souffle. il te surprend, et c'est pas négatif. ça t'laisse presque pantois, les bras ballants. t'as l'sentiment qu'il se moque de toi, pourtant, il te dévore du regard et t'as l'impression qu'il cherche vraiment à s'amender. - pour.. pourquoi pas. imbécile. tu te sermonnes alors qu'il sourit légèrement. ce sourire, tu manques de tomber. ton coeur rate un battement alors qu'il glisse sa main dans ton dos pour t'entraîner avec lui. ce contact, t'as la peau qui brûle. tu sais même plus quoi en penser. tu respires difficilement alors qu'il te demande - dehors ? on peut rentrer si tu veux ? depuis quand est-il avenant ? depuis quand se soucie-t-il de ce que tu penses ? tu louches sur ses mains, elles sont toujours aussi solides qu'autrefois. tu t'rappelles de la douleur sur ta peau, des marques qui n's'effaceront jamais. tu reprends tes esprits, tu glisses tes iris dans les siens. - dehors, ça ira très bien. tu lui dis, sur un ton plus dur, plus sévère. reprends toi s'il te plait, il t'a brisé et t'as déjà morflé. ce soir, t'as quitté ton mec, demain, tu reprends ta vie en main et tu t'reconstruit. c'est pas l'moment pour t'laisser emporter par un regard bourré d'souvenirs et d'délices. t'as l'air.. différent. tu lui glisses, presque effrayé. il t'impressionne, toujours. l'effet qu'il te faisait autrefois se retourne contre toi et t'as l'estomac qui se serre. c'est quoi ce hasard à la con ? pourquoi lui, pourquoi ce soir, pourquoi maintenant ?
Bien sûr que tu vois qu’il n’est pas très à l’aise. Qu’il est surpris, terrorisé. Qu’il se pose sûrement beaucoup de questions. Mais, toi, tu le vois lui. Tu vois le moment pour le faire. Demander pardon. Alors, tu le fais. Surpris de ses réponses. Tu le fais parce qu’il faut le faire. Même si tu n’as pas son pardon. Tu t’en fiches. Tu veux juste lui faire comprendre que oui, tu as été un gros con. À cette époque. Alors, tu tentes le tout pour le tout. Tu tentes au point de lui demander s’il veut venir boire un verre. Le guidant calmement jusqu’à ta table où trône ton soda entamé. « Installe-toi. » Tirer la chaise et lui faire signe de s’asseoir avant de t’installer en face de lui. Avant de sourire encore. De le regarder. Toujours. Parce que vraiment, il s’est embelli avec l’âge. Tu l’écoutes, le vois se refermer. Mais, tu ne dis rien sur ça. Bien sûr que c’est normal. N’importe qui aurait fait la même chose. Passer une main dans ta nuque, le fixer. Et laisser glisser un éclat de rire entre tes lèvres lorsqu’il te dit que tu as l’air différent. Oh oui, bien au-delà de ça. « Et bien, j’ai grandi. » Parce qu’il n’y a que ça à dire. Parce que c’est la vérité. Parce que tu as grandi. Laissant les démons passés derrière toi. Du mieux que tu peux. Du mieux possible.
Lever un bras pour appeler le serveur qui te sourit. Le regarder s’avancer. « Je vais prendre une bière blonde et... » Tourner ton regard sur Bran et attendre qu’il te dise ce qu’il veut boire avant de le commander. Tu lui as dit que tu lui offrais, et c’est vrai. Reporter ton attention sur Bran lorsque le serveur s’en va et le regarder. Encore. Repenser au désastre qu’a été votre histoire. Malgré quelques petites choses positives. Oui, quand même. « Toi aussi, tu as changé. » Tu es plus beau qu’à l’époque. Mais, ça, tu ne lui dis pas. Parce que tu ne sais pas comment il le prendrait. Pourtant, tu le regardes, vraiment, Sachay. Tu le détailles. Cherche ce qui a changé. Trouve ce qui est pareil. Tu le regardes comme jamais. Parce qu’il est charmant, Bran. Encore plus qu’à l’époque. Poser tes coudes sur la table, attraper ton verre de soda. En attendant ta bière et hésiter un peu. Ce n’est pas si facile. Pas si évident que ça. De savoir quoi dire. Après toutes ses années. Après tout ce qu’il s’est passé. Mais, te lancer. Parce que tu veux savoir. Tu veux savoir s’il l’a enfin trouvé, le bonheur qu’il mérite tant. Parce que tu veux savoir. Ce qu’il est devenu. « Alors, que fais-tu de beau maintenant ? » Toi, tu ne faisais rien à cette époque-là. Trop jeune, trop con. T’étais paumé. Paumé au point de laisser tes poings cogner. Parce que tu ne savais pas faire autrement. Tu avais appris.
Te retourner un peu lorsque tu entends des cris derrière toi. Et sourire en voyant des gamins s’amuser dans la rue. T’as l’impression que ça fait des lustres, putain, que t’avais cet âge-là. Mais, tu te dis aussi que c’est bien, que tu ne l’ai plus, cet âge. Revenir vers Bran. Retrousser légèrement les manches de ton pull jusqu’aux coudes parce qu’au final, t’as un peu chaud. « Tu permets ? » Tu pointes du doigt ton soda avant d’en prendre une gorgée, terminant le verre pour le reposer dans un bruit matte sur la table. C’est une ambiance bizarre. Vraiment. Un peu comme s’il fallait prendre des pincettes. Un peu comme si aucun de vous deux ne savaient trop comment faire. Mais, c’était sûrement normal. « J’ai déménagé dans le Central District y a quelques années maintenant, mais, j’ai jamais pu me séparer de cet endroit. J’y viens toutes les semaines. » Tu ne sais pas pourquoi tu dis ça. Peut-être pour entamer la conversation d’une façon ou d’une autre. Peut-être pour t’ouvrir un peu à lui avant qu’il ne le fasse ? Baisser le regard en le posant sur les nouveaux verres posés sur la table. « Merci. » Une tape sur l’avant-bras du serveur. Un ami, sûrement. Attraper ton verre et le lever. « Et bien, je suis content de te revoir. » Le fixer comme jamais. Essayer de lui faire comprendre. « Vraiment. » Pousser ton verre contre le sien pour le faire tinter avant de glisser une petite gorgée de bière entre tes lèvres.
@Sachay Duhart il a l'air plus sûr de lui qu'il ne l'a jamais été, tu penses en sentant sa main s'installer dans ton dos. pourtant, à l'époque, déjà, c'était un charmeur. c'était comme ça qu'il t'avait eu, d'ailleurs. comme ça qu'il t'avait fait succomber. parce qu'il savait manier les mots, il savait parler, il savait flirter. il était incroyablement beau, déjà, mais aujourd'hui, ça dépasse l'entendement. pour un peu, tu t'laisserais avoir une seconde fois. ton coeur tient la distance, heureusement. car ta raison s'agenouille face à ce mastodonte irrésistible qui te parle avec une politesse que tu n'lui connaissais pas. - installe-toi. il dit en pointant la chaise. tu t'exécutes, tu obéis. à l'époque, déjà, sagement, tu n'le contredisais jamais. tu obtempérais à tout et réaliser que, malgré la séparation, le temps, l'absence, tu réagis toujours d'la même manière te donne presque envie de vomir. en plantant tes yeux dans les siens, pourtant, tu ressens quelque chose de différent qui te transperce. de la douceur ? venant de lui, ça t'étonne. tu lui fais la remarque, il te répond dans un petit rire amusé et bien, j’ai grandi. et t'as attendu tout c'temps pour y arriver ? à croire que tu n'en valais peut-être pas la peine. - je vais prendre une bière blonde et... le serveur est arrivé trop vite, t'as pas eu l'temps de répondre et puis, t'es scotché, comme hypnotisé par l'homme qui te fait face. tu ravales ta salive, tu lèves les yeux vers le jeune homme qui se dresse à votre table. tu déglutis. sauvez-moi, t'as envie d'crier. t'as rien à faire ici et pourtant, tout ce que t'arrives à articuler, c'est : - la même chose. imbécile. - toi aussi, tu as changé. il laisse tomber entre vous, ensuite. tu marques une pause, sans quitter son regard. t'es hypnotisé, comme tu l'as toujours été. mais quelque chose a changé, c'est subtil et pourtant, c'est là. tu l'détailles. il est plus carré qu'avant, plus adulte. tu t'rappelles du gosse, tu t'rappelles de l'adolescent qu'il était encore quand tu l'avais rencontré. aujourd'hui, il paraît plus mure, plus vieux aussi. alors, que fais-tu de beau maintenant ? même son intérêt à ton égard te laisse perplexe. t'es pas décidé à baisser la garde et pourtant, le ton qu'il emploie te donne l'impression de pouvoir lui faire confiance. - j'ai entamé une formation pour devenir assistant vétérinaire. quand il t'avait rencontré, tu sortais d'études, tu travaillais dans l'immobilier. ça te plaisait pas, il l'avait toujours su mais ne t'avait jamais encouragé à changer. t'étais l'seul à faire bouillir la marmite, au début. c'était peut-être aussi pour ça que tu lui en voulais. je travaille à l'aquarium depuis un an déjà. c'est chouette. tu t'exprimes sans grandes convictions, toujours perdu. tu t'noies dans ses yeux, si bien que t'en oublies l'reste. - tu permets ? ça t'sort de tes pensées. tu louches sur le verre, tu y remarques le liquide gazeux d'un soda et tu n'manques pas d'être étonné. tu t'rappelles d'une époque où il buvait.. tout du moins, lorsque vous sortiez. il commandait rarement un soda, surtout au bar. tu opines du chef, sans dire un mot. j’ai déménagé dans le Central District y a quelques années maintenant, mais, j’ai jamais pu me séparer de cet endroit. j’y viens toutes les semaines. tu lèves les yeux vers lui, sans comprendre ce qu'il cherche vraiment à te donner comme impression. parler pour meubler ou parler pour te séduire ? - les vieilles habitudes ont la peau dure. tu glisses doucement alors que le serveur revient à votre table. - merci. la main qu'il dépose sur l'avant-bras, cette gentillesse dont il faut preuve. ça contraste étonnamment avec le souvenir douloureux que t'en gardes. et bien, je suis content de te revoir. vraiment. vraiment ? tu arques un sourcil, attrapes ton verre maladroitement et le lèves à tes lèvres. quand tu le reposes sur la table, entre vous, tu n'peux pas t'empêcher de lui demander. - qu'est-ce qui a changé Sachay ? tu es curieux, c'est vrai. c'est peut-être intrusif mais tu crois en avoir le droit. vous étiez intimes, autrefois. tu l'connaissais par coeur. tu connaissais surtout ses colères. ça n'teinte plus son visage, ça n'teinte même plus ses iris. ils sont sombres mais plus autant qu'avant. pourquoi j'ai l'impression que tu joues un rôle, encore ? qu'est-ce que tu attends de moi ? tu lui d'mandes, brusquement. t'es perplexe, c'est clair. sur la défensive, encore plus. cette situation est surréaliste. t'es pas l'même que j'ai connu.. c'est une mascarade, t'en es sûr. personne ne peut changer à ce point.
Tu ne te rends pas compte, Sachay, que tu sembles si différent. Que tu donnes une drôle d’image de toi. Non, tu ne te rends pas compte parce que ça fait maintenant plusieurs années que tu as changé. Vraiment. Que tu as laissé les démons au loin pour réussir à sourire un peu plus. Pour réussir à avoir cet esprit apaisé qu’est le tient. Et putain, tu ne pourrais jamais remercier assez tes amis, tes collègues. Toutes ces personnes qui t’on aidé à avancer pour être l’homme que tu es aujourd’hui. Plus posé. Plus calme. Plus doux. Même si parfois, oui, la colère gronde. Tu ne cognes plus les gens. Plus du tout. Ça n’est plus jamais arrivé. Et ça ne se reproduira plus. Tu te l’es promis. Pour toi. Pour Bran aussi, finalement. Comme pour expier tes fautes. Comme pour demander pardon. Alors que vous n’aviez plus aucun contact. Et tu as encore du mal à te rendre compte qu’il est face à toi. Qu’il est là à partager une bière avec toi. À te regarder. Et tu vois bien qu’il est tendu. Et tu sens bien, que l’ambiance est un peu bizarre. Mais, tu essaies de parler, de lui poser des questions. Parce que tu veux savoir s’il va bien. Si sa vie lui convient. S’il a trouvé le bonheur. Parce que mine de rien, putain. Tu l’aimais. Vraiment.
L’écouter parler un peu. Te raconter ce qu’il fait maintenant. Assistant vétérinaire. Tu ne peux que sourire. C’est super. Tellement. Parce que tu peux que comprendre ce que c’est de trouver sa voie. De trouver un métier mêlant passion. Toi-même, tu as trouvé quelque chose comme ça. Mais, tu n’as pas vraiment le temps de lui répondre. Le serveur, tes propres paroles à ses oreilles. Et la question. La fameuse question. Les mots. Qui font mal. Vraiment. De comprendre qu’il croit que tu te moques de lui. De voir qu’il pense que tu attends quelque chose de lui. Mais, tu n’attends rien. Putain ! Tu te redresses un peu, tes mains se glissant dans ta nuque. « P’tain ! » Parce que ce n’est pas facile de répondre à sa question. Parce que tout a changé. Tout ! Et pourtant, t’es là aujourd’hui à le dévorer du regard. Sûrement encore plus que les premières fois. Parce qu’il te plaît bien plus qu’à l’époque. Bien plus. Ta langue qui glisse sur tes lèvres. Et te lancer. Parce que tu crois bien que si tu ne réponds à rien de tout ça, il s’en ira. Loin. Trop loin. « Tout a changé, Bran. Tout. » Parce que c’est vrai. Parce que c’est dur à expliquer. Les mains retombent sur la table. Jouent avec ton verre. Tu cherches tes mots. Tu grimaces un peu. Ne sais pas par quoi commencer. « J’ai réussi à laisser mes démons derrière moi. À abandonner le passé pour avancer. J’ai... » Relever le regard pour le regarder. Pour qu’il comprenne. « J’ai rompu tout contact avec mes parents. J’ai laissé derrière moi le père qui ne voulait pas d’un fils pédé. Tu sais, il me harcelait. Violemment. » Oui. Le père sur lequel tu voulais taper. Le père qui faisait bouillir tes colères et frapper les autres. Frissonner. « Mais, ça n’excuse rien. C’est juste que j’ai laissé tout ça loin, maintenant. J’ai rencontré des amis, des collègues aussi, qui m’ont appris à… Qui m’ont expliqué qu’il valait mieux taper sur des sacs de sable que sur les gens. » Attraper ton verre et en boire une gorgée. Tu ne sais pas si tu fais bien de tout dévoiler comme ça. Maintenant. Tu ne sais pas ce que tu fous, putain. Tu veux juste… tu… le dévores du regard. « Je fais de la boxe maintenant, presque tous les jours. Ça m’a permis d’apprendre à gérer mes émotions, mes gestes. Je crois que c’est ce qui m’a permis d’être là où j’en suis. Qui m’a fait grandir. »
Et tu ne sais pas quoi rajouter d’autres. T’as l’impression de t’être mis à nu. Que de tout ça, il va s’en foutre, qu’il ne te croira jamais. Jamais. Fermer les yeux un instant. Tes doigts crispés sur ton verre. « Je n’attends rien de toi, Bran. Et oui, j’ai changé. » Rouvrir les yeux. Le fixer. Le souffle un peu fort, le corps un peu tendu. « Et toi aussi, tu as changé. » Parce que c’est vrai. Parce que tu as envie de passer tes doigts dans sa barbe mal rasée, le long de son cou. De… « Putain, comme t’es beau. » Et tu sursautes presque en te rendant compte que ces quelques mots on passé la barrière de tes lèvres. Que tu ne les as pas pensées mais, murmurées. Mais, c’est tellement vrai. Tellement.
@Sachay Duhart non, tu veux pas y croire. c'est trop facile, tu t'dis alors que tes yeux cherchent à lire dans les siens tout ce qu'il n'ose pas te dire. les gens changent, tu l'as souvent entendu cette maxime mais t'as jamais voulu y croire. parce que t'as vu partout autour de toi des enfoirés rester des enfoirés toute leur vie. t'as souffert des hommes plus que n'importe qui ici-bas. non pas que tu sois à plaindre, c'est vrai. tes seules désillusions concernent tes relations amoureuses. pour le reste, tu t'en sors plutôt bien d'ordinaire. mais les hommes, putain les hommes. ils t'ont toujours prouvé à quel point ils pouvaient être toxiques sans jamais te laisser le droit de penser qu'ils pouvaient être tendres, doux, agréables. et Sachay.. le pire de tous, tu t'en rappelles. ton épiderme réagit forcément à chaque mot qu'il te dit. c'est comme un coup que tu prends dans l'estomac. il se tient d'vant toi, il joue les mecs gentils, les mecs sincères. il s'excuse putain, mais ça change rien. c'est pas aussi simple, c'est pas comme ça que ça fonctionne. tu lui avais érigé un empire. un empire qu'il avait fait s'écrouler d'un simple geste de la main. tu retiens ton souffle, tu lui parles avec franchise. tu veux pas jouer, tu veux plus tomber dans l'panneau. tu veux pas le laisser t'avoir une fois encore avec ses mots tout beaux. - p’tain ! tout a changé, Bran. tout. il s'est redressé d'un coup, t'as sursauté. la force de l'habitude, mais sa main n'a pas rencontré ton visage, elle s'est glissée dans sa nuque. il se contient, ou alors, il fait du mieux qu'il peut pour te donner l'impression qu'il a abandonné derrière lui l'homme qu'il était et qui avait fini par te briser. j’ai réussi à laisser mes démons derrière moi. à abandonner le passé pour avancer. j’ai... j’ai rompu tout contact avec mes parents. j’ai laissé derrière moi le père qui ne voulait pas d’un fils pédé. tu sais, il me harcelait. violemment. il laisse retomber ses mains sur son verre et tu restes là, le souffle coupé. t'avais pas idée, tu n'savais pas. vous n'aviez jamais parlé de tout ça, il n'avait jamais évoqué la violence qui pouvait se cacher à la maison. quand vous vous étiez rencontrés, rapidement, vous aviez emménagé ensemble. tu pensais que c'était par amour, peut-être qu'il fuyait. - je.. je suis désolé, je ne savais pas. t'arrives tout juste à articuler, le feu qui te monte aux joues. t'es désolé, bien sûr. personne devrait avoir à vivre ce genre de chose. - mais, ça n’excuse rien. c’est juste que j’ai laissé tout ça loin, maintenant. j’ai rencontré des amis, des collègues aussi, qui m’ont appris à… qui m’ont expliqué qu’il valait mieux taper sur des sacs de sable que sur les gens. il a parlé d'une traite, il attrape son verre et le porte à sa bouche. tu l'regardes faire sans savoir quoi dire, ni comment réagir. t'es content pour lui, bien sûr. t'as l'sentiment qu'il mériterait presque la rédemption mais ça serait trop simple. je fais de la boxe maintenant, presque tous les jours. ça m’a permis d’apprendre à gérer mes émotions, mes gestes. je crois que c’est ce qui m’a permis d’être là où j’en suis. qui m’a fait grandir. ton regard, néanmoins, change légèrement. tu l'détailles, tu l'observes un peu plus. et puis, tu te hasardes. - où est-ce que tu travailles ? parce que ça reste l'inconnue qui te fait défaut. il te parle de ses collègues, il te parle de ses amis.. à l'époque, tu l'sentais solitaire, éloigné, isolé. il travaillait sans travailler. il n'y prêtait pas d'attention particulière, il n'aimait pas ce qu'il faisait. mais son discours aujourd'hui a changé - lui aussi - il paraît dévoué à ce qu'il fait et ça t'serre un peu l'myocarde. t'avais quitté un homme violent et incapable et voilà qu'il s'était transformé en mec bien, bon et ambitieux. ça t'rend dingue de savoir qu'il ait réussi à opérer ce changement radical mais qu'il ne t'aimait pas suffisamment à l'époque pour le faire quand vous étiez encore ensemble. - je n’attends rien de toi, Bran. et oui, j’ai changé. et toi aussi, tu as changé. il joue avec son verre mais son regard ne s'assombrit toujours pas. il te parle avec le coeur, tu le sais, tu le devines. il te dit ce qu'il pense sans détours, il essaie de se racheter. c'est honorable, c'est vrai. ça t'touche, c'est clair. et tu sais déjà que tu n'sortiras pas indemne de cette rencontre, de cette nuit. putain, comme t’es beau. tu marques une pause, la bouche grande ouverte. tu t'y attendais pas, tu rougis malgré toi. il sait exactement comment faire, il n'a jamais oublié qui tu es. tes yeux ne roulent pas, ne lâchent pas les siens. mais t'es mal à l'aise, parce que tu l'trouves beau toi aussi. et quelque chose te pousse à lui répondre par la réciproque quand, brusquement, ton téléphone se met à vibrer dans la poche de ton jean. coupant court à cet instant suspendu, tu baisses les yeux sur l'écran tactile pour y découvrir affiché maman. tu relèves tes pupilles vers Sachay. - il.. il faut que je réponde. tu lui dis, le coeur qui crève dans un soupire. il est tard, elle ne t'appellerait pas si ce n'était pas urgent. tu quittes donc l'homme qui te fait face un court instant, gardant en tête chacun de ses mots ancrés à ta peau alors que tu prends l'appel. ta mère est en pleurs. ta mère panique. ta mère articule à peine alors que tu lui demandes ce qu'il se passe. elle évoque un accident, elle parle terriblement vite et mal. tu serres le téléphone dans ta paume en lui intimant de se calmer. elle parle alors de ton père. elle fait mention d'un AVC. elle utilise le mot foudroyant et tu sais, tu comprends. le monde autour de toi s'effondre, sans même que tu ne t'en rendes compte. tu tombes à genoux, à même le sol humide et encore froid. le béton te heurte avec violence mais tu ne ressens qu'une douleur qui resserre ton myocarde et t'empêche de respirer. les mots de ta mère te parviennent à peine alors que tu sens ton corps tout entier trembler, secoué de sanglots violents qui t'arrachent une peine à laquelle tu ne t'étais pas préparé. un pic énorme qui transperce ta peau et atteint ton myocarde de plein fouet. t'oublies tout, jusqu'au monde qui t'entoure alors que tu t'effondres, là, en pleine rue. ton père est mort, voilà tout ce que tu retiens alors que tout semble t'engloutir sans que tu n'saches réellement comment réagir.
Tu parles comme si ta vie en dépendait. Tu parles pour lui faire comprendre toutes ces choses que tu taisais à l’époque. Toutes ces choses sur lesquelles tu n’arrivais pas à mettre de mot. Juste des poings. Tu lui expliques. Le père. Tu lui expliques. Pour qu’il comprenne que non, tu n’attends rien de lui. Que oui, tu es heureux de le voir aujourd’hui. Mais, que c’est tout. Parce que même s’il est si beau, tu ne sais pas si tu as le droit à une seconde chance. Tu ne sais même pas s’il est libre. Et à l’instant, tu ne te poses pas la question. Parce qu’elle n’a pas lieu d’être. Parce que ce n’est pas le moment. Tu ne crois pas en tout cas. Mais, tu parles, souris lorsqu’il s’excuse pour ton père. Alors qu’il n’y est pour rien. Pour rien. Tu aurais dû être capable d’en parler. Oui. Mais tu avais putain de dix-huit ans. Tu n’étais qu’un ado paumé à cette époque. Oui, encore. Un ado qui ne savait pas gérer ses sentiments. Gérer peut-être, un peu, son homosexualité. Pas tout à fait encore assumé, pas tout à fait encore prêt. Peut-être. À dire vrai, t’en sais toi-même trop rien. T’avais juste tous ces non-dits, tous ces sentiments que tu ne savais pas gérer. Tu avais appris à le faire. Tu avais appris à gérer. Oui. Continuer d’expliquer. Un peu stressé, un peu tendu. Mais, continuer à tout déballer. Tu t’en sentirais presque nu. Mais, tu souris juste. Bois un peu de ta bière. Tu t’en sentirais presque nu. Mais, tu lui dis juste à quel point tu le trouves beau. Encore plus. Encore plus. Parce qu’à l’époque, lui aussi avait encore quelques traits juvéniles sur le coin de ses joues.
Et tu voudrais lui dire. Où tu travailles, ce que tu fais. À quel point ce métier est devenu une passion, une famille. La caserne, une seconde maison. Ce métier qui t’as forcé dans le dur, brusquement, à prendre sur toi. À faire face à des situations loin d’être faciles. Qui t’as fait faire face à la mort, brute, violente, douloureuse. Des accidents de la route, des accidents domestiques, de la vieillesse tremblante, folie. Tu en avais vu des choses en quatre ans de services. Qui te faisaient prendre conscience, encore et encore. Jour après jour. Intervention après intervention. Qu’il fallait savoir gérer. Encore plus quand la mort prenait l’un d’entre vous. C’était arrivé il n’y a pas si longtemps que ça. Drapeau en berne, caserne en deuil. Elle était là à chaque porte en feu. Elle était là pour te faire comprendre à quel point, la vie était précieuse. Parce que tu en avais vu des femmes battues. Aussi. Visage de Bran bleuit. La première fois, ça t’avait brisé aussi fort que tu avais dû le briser, lui. Et vouloir lui dire tout ça. Vouloir.
Mais, le téléphone sonne. Fait sursauter. Fait sortir de cet instant où les joues rougissent, où le compliment rend, encore plus beau. Tellement. « Vas-y. » Parce que tu n’as pas à lui interdire de répondre à son téléphone. Parce que bien entendu, qu’il avait une vie depuis le temps où vous ne vous étiez pas croisé. Jouer un peu avec ton verre sans faire attention au reste. Voir son dos dans le coin de ta vision, silhouette debout un peu plus loin. Jusqu’à ce qu’elle te fasse froncer les sourcils. Jusqu’à ce que ton cœur rate un battement. Ta chaise grinçant brusquement sur le sol lorsque tu te redresses d’un bon. Bran, tombe. Et tu te précipites vers lui. « Bran ! » L’inquiétude dans la voix. Les scénarios dans ton esprit. Malade, malaise, attaque ? Une main qui se glisse rapidement sur son épaule, ta masse s’agenouillant à ses côtés. Bloquant la vue possible aux autres. Pour l’intimité. « Bran ?! Bran ?! » Et tu sursautes. Ouvre de grands yeux. Oh mon Dieu. Le visage défait. Les larmes de détresses. Tu es pris au dépourvu, tu ne comprends pas. Un regard vers le téléphone trop serré entre ses doigts. Tu glisses les tiens contre les siens pour l’enlever. Le glissant dans la poche de ton jean. Ta main sur l’épaule faisant des cercles contre. « Bran ? Tu te sens bien ? » Et les réflexes qui reviennent, les mains qui s’affairent un peu plus. Quittent la tendresse pour passer en mode expert. Prendre son poignet pour vérifier le pou, une main sur le front, ton regard dans le sien. Vérifier qu’il va bien. Physiquement en tout cas. « Parle-moi. Il faut que tu me dises ce qu’il y a. » Parce qu’il va bien. Il ne semble pas faire d’attaque ou quoique ce soit d’autre. Une mauvaise nouvelle ? Un drame ? Putain, putain.
Tu paniques un peu. Et pourtant, tu es là, corps puissant contre le sien alors qu’un de tes bras glisse sous ses aisselles. « Viens, viens, on ne va pas rester par terre. Aller Bran. Il faut que tu me dises. Qu’est-ce que je peux faire. S’il te plaît ? » Mais, Bran, il a l’air dans un ailleurs remplit de douleur. T’approcher un peu plus. Poser une main sur sa joue, essayer de le regarder, essayer qu’il te voit. Essayer de comprendre. « Est-ce que tu veux qu’on aille quelque part ? Au chaud ? Chez moi ? Tu veux… De quoi tu as besoin ? » Parce que tu étais garé pas très loin d’ici. Parce que tu pouvais le ramener pour au moins le mettre à l’abri. Parce qu’il était hors de question de rester au milieu de la rue avec tous les vautours voulant savoir ce qu’il se passe. Continuer de le soutenir avec ton bras et te redresser lentement, le poids de Bran contre ton corps. « Aller, debout. Aller. » Et oui, le redresser. Te mettre à marcher. Tu ne sais pas s’il voudra aller ailleurs. Mais, le tenir tout contre toi et marcher. Le tenir tout contre toi et continuer de lui murmurer des mots sans queue ni tête pour essayer de le faire parler. Tu te diriges doucement vers ta voiture. C’est on jamais. Que ce soit pour le ramener chez toi, chez lui, chez un ami. Peu importe. Tout sauf le laisser en détresse. « Aller Bran, aller. Encore un peu. » Parce que tu vois ta caisse. Parce que tu l’ouvres d’un habile coup de main, la portière passagère. Et le glisser doucement sur le siège, les jambes encore dehors. Mais, le faire s’asseoir. Au moins ça. Au moins ça.
Et t’accroupir devant lui. Le regarder doucement. Tristement de le voir dans cet état. Dans cette tristesse sans fond. Glisser, là, une main sur son front, relever ses cheveux sur le côté et doucement, glisser ta main sur le reste de son visage, essuyant les torrents de larmes de ta paume. « Bran. » Supplique. Parce que tu ne sais pas quoi faire. Parce que tu ne veux pas le laisser dans cet état-là.
@Sachay Duhart Bran ! mais t'entends rien. c'est comme un acouphène. tes oreilles sont bouchées, le monde disparaît tout en s'étirant autour de toi. c'que tu viens d'apprendre te scie les jambes, t'achève. tu manques de t'évanouir tant la pression est insupportablement douloureuse et violente. ça te transperce, ça te traverse. Bran ?! Bran ?! mais tu n'entends rien, complètement abasourdi par la nouvelle. du temps perdu, du temps qu'il te manque. ton père qui s'en est allé sans même que t'aies eu l'droit de lui dire aurevoir, de lui parler, de l'embrasser. tu donnerais ta vie pour qu'il revienne. agenouillé à même le sol, tu vois tout s'effondrer autour de toi sans même que tu sois capable de réagir. on t'vole une partie d'toi, cette constante qui faisait partie de toi depuis toujours. tes parents, intouchables, increvables. tu les croyais invincibles. t'avais pris l'habitude de les voir, de les avoir. toujours. et en même temps, t'as passé quatre ans à leur mentir. à te prétendre célibataire pour protéger Bradley. il s'en va sur un mensonge, en pensant que tu n'as jamais connu l'amour, que tu n'as jamais trouvé personne pour t'épauler. il ignorait que.. tu pleures, à chaudes larmes. tu t'rends même pas compte, t'es anesthésié par la douleur lancinante qui te prend aux trippes. - Bran ? tu te sens bien ? t'as du mal à reconnaître sa voix, du mal à te reconnecter. tu sens la chaleur qui émane de son corps, juste à côté du tien mais tu n'situes plus l'action ni le temps. tout s'est effacé, tout s'est estompé dans un brouillard qui étend le temps sur des heures, des semaines, des mois. tes parents te considéraient comme leur miracle sans se rendre compte qu'ils avaient toujours été le tien. ton père est mort. le téléphone t'échappe, se glisse dans ta poche. il y a ces bras qui s'approchent de toi, cette odeur familière et un vague souvenir. une autre douleur qui prend le pas sur l'autre.. t'as les paupières qui se ferment. parle-moi. il faut que tu me dises ce qu’il y a. tu relèves les yeux vers son visage, il est là, carré, musclé, mal rasé mais son regard ne manque pas de te soulever le myocarde. il s'inquiète, c'est d'une sincérité étouffante et malsaine. tu t'rappelles alors de ce qu'il se passe autour de toi, tu t'situes à nouveau dans l'temps et dans l'espace. tu reconnais Sachay, tu te reconnectes. ton ventre se tord, le goût de la mort te serre le coeur et ta bouche toute entière s'assèche. viens, viens, on ne va pas rester par terre. aller Bran. il faut que tu me dises. qu’est-ce que je peux faire. s’il te plaît ? il te soulève, du mieux qu'il peut. il attrape ton corps, ton bras. il le passe par-dessus son épaule. pantin désarticulé, tu le laisses faire sans réagir. t'es inerte, léthargique. t'assistes à la scène sans y prendre part. tes pensées t'étouffent et t'écoeurent. tu peines à y mettre de l'ordre. est-ce que tu veux qu’on aille quelque part ? au chaud ? chez moi ? tu veux… de quoi tu as besoin ? tu voudrais lui répondre mais t'en es incapable, comme rendu muet par tout ce qu'il se passe autour de toi. ton père vient de mourir. les mots s'entrechoquent encore dans ton esprit vidé. les larmes s'écoulent sans que tu ne les maîtrises. t'es debout mais tu n'tiens pas sur tes jambes. tu vacilles, trembles, manques de t'évanouir. t'as l'souffle court, coupé. il te tient, te soutient. il fait du mieux qu'il peut, compte tenu des circonstances. - aller, debout. aller. ça y est, il y arrive. il t'attire à lui et tu t'laisses faire. tu n'réclames rien d'autre que son corps, c'est un aimant qui t'attire. t'oublies l'monde autour, tu t'concentres sur son odeur. celle que tu reniflais déjà dans ses t-shirt à l'époque. tu fermes les yeux, tu t'laisses entraîner. tu sais pas où tu vas mais tu l'suis. tu l'suis en enfer, puisque c'est là qu'il t'emmenait déjà avant et que c'est là qu'est sûrement ta place pour avoir trahi à ce point tes parents toutes ces années. aller Bran, aller. encore un peu. il avance, ouvre une porte. t'entends le bruit du métal qui rencontre son pied. il t'assied, t'installe. - Bran. ça y'est, tu l'entends, cette fois. t'es là, assis sur un fauteuil, dans une voiture. tu te reconnectes enfin. la douleur est toujours présente mais tu reprends tes esprits, sors du brouillard. tu détailles son visage, il est à genoux devant toi, pratiquement. il te scrute, espère une réaction. sa main touche ton visage et le contact t'électrise presque. il suffit d'un souvenir pour te ramener à la réalité. tu y déposes ta tête, gentiment, comme tu l'aurais fait à l'époque. tu fermes les yeux, renifles. - emmène moi loin d'ici, s'il te plait. tu lui murmures sans trop en dire. tu veux partir, t'en aller. tu veux pas affronter cette réalité-là, tu veux pas d'un monde sans ton père. c'est insupportable, l'idée en elle-même te rebute. tu veux maintenir l'illusion que tout ça n'est qu'un cauchemar, au moins pour cette nuit. tu ouvres les paupières et laisses glisser tes pupilles dans les siennes. s'il te plait. tu répètes en te détachant de son contact fragile et pourtant si chaud.
Tu ne comprends pas. Bon Dieu non, tu ne comprends pas comment cette soirée a pu tourner de cette façon. Comment tu as fini par te retrouver agenouillé devant lui. Lui, Bran. Plongé dans une profonde détresse dont tu ne connais pas l’origine. Une détresse qui te fait mal à toi aussi. Parce que tu ne sais pas quoi faire pour l’aider. Parce que tes appels restent sans réponse. Bran, partit dans une douleur trop forte. Et tu voudrais, oui, l’attraper là, le prendre dans tes bras, si fort. Pour que ses larmes s’arrêtent, pour le réconforter. Et pourtant, tu restes un peu distant, tu ne voudrais pas faire quelque chose qui pourrait être mal pris. Parce que c’est encore bourré d’œuf entre vous. Tellement. Le relever, le guider jusque ta voiture. L’y asseoir. Oui, faire tout ça pour essayer de ne pas le laisser dans la rue, dans sa douleur. Le laisser face aux autres regards que tu sais être trop curieux quand quelque chose ce passe. Glisser une main sur son front, repoussant ses cheveux un peu plus loin. Glisser une main sur ses joues pour essayer d’y endiguer les larmes sans grand succès. Et l’appeler encore. Lui demander ce qu’il veut que tu fasses. Lui demander. Alors que tu sens son visage appuyer contre ta main qui se fait plus forte contre lui, plus douce, plus tendre. De ces souvenirs oubliés, lointains. Heureux avec lui. Oui, les quelques-uns qui vous unis peut-être encore un peu. Encore un peu.
Et les regards qui se croisent, les mots qui se glissent dans l’air. Le sursaut de ton corps. Alors que doucement, tu te redresses. Doucement, tu continues de glisser ta main sur son visage défait. Qui te serre le cœur. De ce regard tombé dans une noirceur sans nom. Alors, oui, tu te redresses. Lui souris doucement. Et murmure quelques mots à ton tour. « D’accord. D’accord Bran, on s’en va. » Et tu continues de l’aider. De l’asseoir correctement sur le siège, de lui mettre également la ceinture avant que la portière claque dans la nuit lorsque tu la refermes sur sa silhouette prostrée. Bon Dieu. Tu veux savoir, comme ne pas savoir, ce qui le met dans cet état de détresse. Une chose horrible. Tu penses. Oui. Faire le tour et rejoindre également l’habitacle de ta voiture. Te tourner vers lui alors que tu boucles ta ceinture à ton tour, que le moteur s’allume sous ta demande. Le regarder. Vouloir presque lui demander où il veut aller. Mais, ne pas le faire. Juste démarrer. Droit vers chez toi. Droit vers cet endroit qu’il ne connaît pas de toi. Loin de la douleur, tu l’espères. Loin du monde, un peu.
Tu ne peux t’empêcher de jeter des regards à Bran. Inquiets. Tu ne peux t’empêcher de glisser cette main, là, sur son genou que tu serres doucement comme ton cœur se serre en le voyant dans cet état. Bon Dieu. Et il n’y a que le bruit du moteur, le bruit de la tristesse durant le trajet qui ne t’as jamais semblé aussi long. Jusqu’à ce que tu te gares à nouveau. Jusqu’à ce que le moteur s’éteigne et ne laisse planer que le silence. Aussi sourd que bruyant. Tu ne dis rien, retires juste ta main de son genou pour sortir de l’engin, en faire le tour rapidement et ouvrir à Bran. L’attrapant délicatement par le bras. « Allez viens. Viens. » Parce qu’il commence à être tard, parce que tu n'as conscience que maintenant, à quel point il fait froid. Imagination, réalité. T’en sais rien. Mais, tu as froid. Tellement. Les phares joyeux de la voiture qui s’illuminent pour montrer qu’elle se ferme. Encore un peu. Encore un peu. Quelques pas, quelques mètres. Des portes, des escaliers. Et arriver là, devant chez toi. Ça te semble si hallucinant et hors du temps. Mais, un seul regard sur Bran et tu n’hésites pas une seconde avant de déverrouiller et de pousser la porte, la laissant grande ouverte pour guider Bran jusqu’au canapé où tu le fais s’asseoir. « Allez, assieds-toi. On est arrivé. »
Sourire doux. Puis, l’abandonner quelques secondes pour claquer la porte et la fermer, pour augmenter le thermostat d’ambiance pour que la température soit plus chaude. Tout en abandonnant tes chaussures au passage avant de revenir vers Bran. De t’accroupir une nouvelle fois devant lui. Hésitant. Tellement. Ne pas trop savoir quoi faire. Ne pas… Et finalement, te pencher pour défaire les lacets et tirer les chaussures de Bran. Le mettre à l’aise. Essayer du moins. Pour reposer ton regard sur lui ensuite. Pour glisser une nouvelle fois ta main sur son front. « Dit moi, est-…. Une tisane ? Une douche ? Dit moi ce que je peux faire ? »
@Sachay Duhart tu n'vois rien ou n'comprends rien. t'es s'coué, littéralement, physiquement. il s'agenouille d'vant toi, il te hisse presque sur ses épaules pour t'aider à te mettre debout. tu n'calcules rien, tu n'saisis même pas la proximité qui, brusquement, vous habite. son odeur familière te connecte à une réalité qui t'échappe encore. ton père est mort, la nouvelle vient de te traverser comme la foudre. c'est sidérant, d'une violence inouïe et tu n'arrives pas à articuler l'poids de tes blessures. pas une seule seconde, tu le repousses ou cherches à te débarrasser de lui. tu n'imaginais pas qu'il puisse, pour autant, faire preuve d'une telle tendresse à ton égard. t'es s'coué, plus encore lorsque tu sens sa main se glisser contre ta joue. ce contact te ramène à de vieux souvenirs, de vieilles images. tu t'rappelles votre histoire et t'as l'coeur lourd. ton père est mort, tu te raccroches à cette information qui n'manque pas d'te faire à nouveau sangloter. tu respires mal, difficilement. tu lui d'mandes, finalement, d't'emmener loin d'ici, c'est une supplique plus qu'une plainte. - d’accord. d’accord Bran, on s’en va. il te dit alors. il glisse tes jambes à l'intérieur du véhicule, ferme la porte. tu humes le parfum d'l'habitacle et tu t'sens un peu mieux. son odeur, si singulière, te réconforte et te rassure. c'est pas bien, tu devrais retrouver ta mère, partir d'ici et aller la rejoindre mais t'en es tout bonnement incapable. t'es paralysé par l'angoisse, la peur. tout c'que tu manques en n'revoyant pas ton père. toutes ces choses que tu ne lui as jamais dites. tu te détestes, t'en veux presque. si bien que t'entends pas Sachay s'installer à côté de toi. il attache ta ceinture et déjà, t'entends le moteur vrombir. tu peux plus faire marche arrière, tu t'sentirais presque kidnappé et pourtant.. t'apprécies, tu aimes ça. la présence de Sachay t'apaise. même la main qu'il glisse sur ton genoux. tu devrais t'défaire de ça, de ce qu'il réveille en toi. c'est pas l'moment, ni l'instant. mais tu t'sens bien, brusquement. quand la voiture s'arrête, t'as gardé le silence. tu dis rien, pas un son n'sort de ta bouche alors qu'il ouvre à nouveau la portière près de toi. - allez viens. viens. il te traîne et tu te laisses faire. putain d'marionnette. ton père est mort, voilà tout ce que tu te répètes alors que tu le suis dans le dédale des couloirs, jusqu'à la porte de son appartement. t'es jamais venu ici, c'est vrai. à dire vrai, t'imaginais même pas qu'il puisse vivre dans un immeuble aussi bien entretenu. on s'fait de fausses idées sur de fausses images. tu l'sais bien, mais t'as toujours pensé qu'il finirait dans un bouge.. alors quand il ouvre la porte, qu'il te dit allez, assieds-toi. on est arrivé. en te trainant jusqu'au canapé, tu peux pas t'empêcher de jeter des coups d'oeil à gauche et à droite. la décoration ne lui correspond pas.. tout du moins, pas à l'homme que t'as connu. il y a quelque chose de tranquille, de calme dans ce que tu vois. jusqu'à la couleur des meubles, aux fleurs dans les pots ou même aux cadres accrochés au mur. comment un mec d'une telle violence peut-il.. mais tu n'vas pas au bout de ta pensée. tu devrais pas être là, tu l'sais bien. trop tard, il t'a conduit chez lui et t'es désormais sous son emprise. parce qu'au bout du monde, au pied d'un mur ou au bord d'un précipice, t'as besoin de pouvoir te raccrocher à quelque chose. Bradley va s'inquiéter, mais tu t'en moques. le visage de Sachay est déjà à quelques centimètres du tien et plus rien ne compte. dis moi, est-…. une tisane ? une douche ? dis moi ce que je peux faire ? depuis quand panique-t-il comme ça ? tu t'demandes alors que tu louches sur ses iris clairs. tu t'rappelles pas l'avoir déjà vu aussi avenant. il n'a plus rien à voir avec celui que.. mais non, tu n'veux pas y penser. ses gestes, tout à l'heure, quand tu t'es écroulé.. ça t'rappelle un peu Heath. le parallèle est étonnant, d'autant qu'ils sont à l'exact opposé l'un de l'autre. tu ravales ta salive. - je veux bien un café. tu lui dis en essuyant une larme qui roule sur ta joue. t'as pas l'habitude d'te montrer comme ça, moins encore devant lui. à l'époque, il t'aurait sans doute insulté d'être aussi faible. aujourd'hui, pourtant, le parallèle est frappant. il prend soin d'toi comme jamais encore il ne l'avait fait. quand il enlève tes chaussures, quand il te regarde. t'as l'sentiment qu'il te considère comme jamais encore il n'avait su le faire. dans son r'gard, t'as l'impression d'exister pour la première fois depuis toujours. tu renifles une dernière fois, avant de lui dire j'suis désolé.. c'était ma mère au téléphone. tu commences par expliquer avant d'ajouter dans un sursaut. papa est mort. il connait tes parents, puisque de tous tes petits-amis, il avait été le seul à avoir la chance de les rencontrer. bien sûr, avec eux, il s'était toujours montré cordial. c'est le propre des hommes comme Sachay. l'enfer, c'était chez vous, jamais en dehors.
Tu as encore un peu de mal à réaliser qu’il est là, devant toi. Là, assis sur ton canapé. Tu n’aurais jamais pensé qu’un jour, il puisse venir à nouveau chez toi. Mais, bien entendu les circonstances sont si différentes. Si mauvaises aussi. Parce que l’avoir là, en larmes sur ton canapé, bien sûr que c’est mauvais. Et tu ne sais pas encore combien ça l’est, Sachay. Mais, tu fais tout pour le calmer, tout pour l’aider. Allant même à lui retirer ses chaussures. Glissant une main trop douce le long de son front, le long de sa joue pour essayer de retirer les larmes sur sa peau. Tu as mal en le voyant comme ça. Et tu n'aurais presque pas envie de savoir pourquoi, il semble dans cette détresse sans fond. Tu as peut-être un peu peur de savoir. Mais, tu es là, Sachay, tu lui demandes ce que tu peux faire, ce dont il a besoin. Pour aider. Au mieux. Pour faire ce qu’étais plus ou moins incapable de faire à l’époque. Prendre soin de lui. Sourire, un peu. Pour le rassurer. Pour lui montrer que tu es là pour lui. Vraiment. Et te redresser, ta main abandonnant sa joue. « Un café ? C’est dans mes cordes, je te fais ça. » Que tu lui dis en t’éloignant doucement, en lui tournant le dos pour te diriger vers ta cuisine. Essayant de garder un œil quand même sur lui alors que tes mains s’affairent dans un automatisme qui montre bien que tu es chez toi. Allant allumer la machine à café dernier cri, en récupérer les capsules. Et te décider à ton tour de t’en faire un. Ça ne fera pas de mal. Pas après toutes ces émotions. Grondement bien spécifique à ces machines. Le café s’écoule, commence à embaumer la pièce de son odeur forte alors que tu récupères la première tasse que tu poses sur le plan de travail. Un regard à Bran pour voir si ça va. Il semble, perdu dans ses pensées. Tu grimaces un peu. Mais continues de t’affairer sur les cafés. Vite. Pour ne pas le laisser seul trop longtemps. Tu attrapes un carré de sucre que tu glisses dans une des tasses avant de les attraper toutes les deux.
Et c’est là. Que ça sort. Que les paroles raisonnent. Que tu manques de renverser le café alors qu’il le dit. Ce qui ne va pas. Que la bombe est lâchée. Au point de te faire arrêter de marcher. Au point qu’il te faut quelques secondes avant que ça te percute de plein fouet. Un coup de tonner dans le ciel. Un raz-de-marée qui détruit tout. Un cœur qui manque un battement. « Qu… ?! » Non. Non. Non. Tu le fixes. Reprends enfin vie avant de te précipiter vers lui. Avant de poser les tasses sur la table basse à côté. La rouge pour Bran, la bleue pour toi. Parce que tu le bois sucrée et pas lui. Tu te souviens de ça. Oh oui. Tu ne sais pas quoi dire. Alors que pourtant, tu l’as déjà tellement vu la mort. Tu y as été confronté dans ton boulot. À devoir expliquer à une mère, une femme, un enfant que plus jamais il ne reviendra. Que vous aviez tout fait, mais, qu’il ne s’était pas réveillé. Oh bon Dieu. Le père de Bran. Tu te souviens de ses parents. Des gens bien. Des parents bien opposés aux tiens. Parce qu’ils avaient accepté leur enfant tel qu’il était. Tu te souviens de ce père aimant que tu avais rencontré comme petit-ami de Bran. Chose que jamais, au grand jamais tu n’aurais pu faire avec le tient. Serrer les poings quelques secondes, là, debout devant lui incertain.
Là, alors que non, tu ne lui diras pas ces paroles si inutiles et peu réconfortantes. Je suis désolé. De quoi ? Tu n’y es pour rien. Tu vas voir, ça va aller. Ah bon, parce que tu penses bien que non. Je peux faire quelque chose pour toi ? Inutile, que pourrait bien tu faire ? Ramener à la vie cet homme disparu trop vite ? Non. Tu ne diras rien de cela. Parce que tu as trouvé toutes ces paroles, tous ces mots, toujours hors propros et malvenus. Alors, tu t’assois simplement à côté de lui en le regardant. Tu t’assois à côté de lui et tu oses. Vraiment, tu oses sans savoir ce qu’il va en penser, ce qu’il va dire. Ou pas. S’il y aura rejet, ou pas. Tu comprendrais si oui. Mais, tu le fais quand même, Sachay. Le prendre là, tout contre toi. Attraper sa silhouette prostrée et la glisser contre la tienne. Étreinte puissante. Étreinte forte alors que tes mains se posent, une sur sa nuque pour le guider contre ton épaule. Une dans le bas de son dos. Alors que ton souffle cogne son oreille. « C’était un homme bien. » Parce que oui, il l’était. Oui, il était. Resserrer ton étreinte contre lui. Espérer, lui donner un peu de réconfort comme ça. Ne pas être rejeté trop violemment. Non.
@Sachay Duhart un café ? c’est dans mes cordes, je te fais ça. il te dit avant de disparaître, d'te laisser là, tout seul. sur un canapé confortable, aux tons plutôt clairs, qui va de pair avec le reste de la décoration. ouais, t'observes, comme si c'moment était suspendu dans l'temps. t'as jamais cru que tu reverrais un jour cet homme. NOLA n'est pas très grande pourtant, il fallait bien que ça arrive. mais l'enchaînement des circonstances te pousse pourtant à croire que c'était écrit. comme si c'était naturel qu'il se mette sur ton chemin ce soir, comme s'il fallait que tu n'sois pas seul pour apprendre cette terrible nouvelle. t'aurais dû appeler Bradley, en premier. t'aurais dû t'retourner vers lui. cet homme qui partage ta vie et que t'es sensé aimer. pourtant, t'avais été incapable de penser à lui depuis que t'avais raccroché. depuis que Sachay t'avait emporté avec lui dans un tourbillon d'sentiments tous plus contradictoires les uns que les autres. t'as l'coeur qui r'jette l'idée folle que tu sois ici pour une bonne raison, comme si l'destin voulait que vous vous retrouviez ce soir. non, impossible, pas après tout ce qu'il m'a fait, tu penses en secouant vigoureusement la tête. t'entends la machine qui s'met en route et tes yeux détaillent un peu plus la pièce dans laquelle tu te trouves. la décoration dénote particulièrement avec le souvenir que tu t'faisais de lui. ici, tout est plus calme qu'il n'en laisse paraître. tu t'souviens de votre logement, des murs nus, de cette espèce de froideur qui caractérisait votre intérieur et des tempêtes qui y explosaient, régulièrement. ça n'a rien à voir, ici. tu t'sentirais presque bien.. quand tes yeux sont attirés par un détail qui change à nouveau toute la donne. un sweat à capuche, posé, là, sur le sofa juste derrière toi. c'est pas tant la couleur criarde qui te gêne ou t'intéresse mais l'inscription d'un blanc nacré qui révèle juste New Orleans Fireman. ça t'saute aux yeux parce que ce sweet, tu l'connais pour l'avoir déjà vu plusieurs fois porté par le même homme. Heath, tu penses en serrant les dents. serait-il possible que.. non, ça non plus tu n'veux pas y croire. Heath n'aurait jamais été assez bête pour s'envoyer en l'air avec ton ex. il connaît votre histoire, tu lui en as parlé. tu t'doutes bien qu's'il l'avait rencontré, il n'aurait sans doute pas été tendre avec lui. alors pour chasser cette image de ta tête, celle qui témoigne de leur corps enchevêtré, tu t'livres. tu lui parles de ton père. et ça à l'effet escompté. - qu… ?! le temps se fige à nouveau et tu l'regardes qui t'fait face, debout, avec les tasses en main. il sait pas comment réagir. normal, il n'a jamais été tendre. tu l'reconnais bien là. incapable de faire preuve d'un peu de sensibilité. l'espace d'un instant, t'as l'sentiment qu'il redevient l'homme dur et froid que tu lui as toujours connu. il ne bronche pas. voilà, j'savais, c'était un jeu. il mentait, tout à l'heure. sauf que le temps s'étire à nouveau et qu'il s'empresse de poser les tasses sur la table avant de t'accueillir dans une étreinte réconfortante et chaleureuse. c’était un homme bien. il glisse à ton oreille et toi, t'as l'corps tout entier qui s'tend. ce contact, tu l'connais. à l'époque, tu n'vivais que dans l'espoir qu'il se fasse. des câlins, t'en réclamais. il n'en donnait que très peu. aujourd'hui, naturellement, il te prend dans ses bras et te réconforte. putain, tu sais plus où t'mettre, ni comment réagir. cet homme, ce n'est pas Sacha.. impossible ! et pourtant, quand tu te dégages légèrement et que tes prunelles cherchent les siennes, tu y retrouves tout de l'homme que tu aimais. - merci. tu lui dis, toujours sur la défensive mais - somme toute - plus tendre aussi. tu n'pleures presque plus désormais. il a tout essuyé, tu n'sais pas comment. il a fait face à ta peine et ne te l'a même pas reprochée. il a affronté ce qui te chagrinait et vient de t'aider à retrouver une ombre de sourire. parce que c'est bien ce qu'il se passe, là, sur tes lippes qui s'étirent. tu attrapes la tasse rouge - il sait que c'est ta couleur préférée - et la portes à tes lèvres. sans sucre, il s'en souvient. t'as l'coeur qui chavire encore et tu n'sais même pas pourquoi. finalement, tu chasses toutes les images que t'as en tête pour te concentrer sur lui. j'imaginais pas ton intérieur comme ça. tu lui dis en souriant difficilement. changer de sujet, juste pour oublier la peine qui contracte ton coeur. ton père est mort, ça t'fait l'effet d'une balle mais tu n'peux pas y changer grand chose pour le moment. demain, t'iras voir ta mère. en attendant, t'es là, avec lui..
Papa est mort. Son père est mort. Et c’est si dur à imaginer, la peine, la douleur, le désespoir qu’il peut ressentir. Tu ne sais pas toi-même si lorsque ce jour viendra, tu ressentiras tout ça. Tu seras aussi triste que lui, de prendre un père qui t’avais rejeté. Non, tu ne sais pas. Mais, là, ce soir, tu te sens juste terriblement mal pour Bran. Terriblement mal de le voir ainsi. De voir ce désespoir prendre ses traits et ses sourires. Alors, tu essaies tant bien que mal, punaise. Tu essaies tant bien que mal de supporter tout ça. De prendre un peu de cette peine sur tes épaules. À l’éteindre fortement contre toi. Sans faire attention au corps qui se tend. Bien sûr, tu t’en étais douté. Mais, il ne te repousse pas. Il prend ce réconfort quelques secondes. Tu le lui donnes, quelques secondes. À le serrer autant que possible contre ton corps chaud. À la serrer autant que possible entre tes bras. Brusques souvenirs à fleurs de l’esprit. Ces quelques moments si bons gâchés par tout le reste. De ta faute. Tu le sais. Mais, pourtant, ils sont bels et bien là. Ces moments heureux que vous avez eu ensembles. Oui, ils sont bien là. Et doucement, tu retires tes mains, ton corps. Tu le laisses s’éloigner. Osant une dernière fois glisser ta main sur sa joue, essuyant les dernières larmes de sa tristesse. Qui même si elle n’est plus humide, doit être tel un cœur brisé dans son corps et son âme. Un remerciement. Juste un sourire sur tes lèvres et ta main qui s’éloigne à nouveau. Qui vient faire comme celle de Bran. Attraper ta tasse de café pour en glisser un petit peu dans ta bouche. Savourer l’éclat puissant, aux notes noisette et fruitées du café que tu bois maintenant régulièrement. Ton préféré.
Reposer la tasse devant toi. Tourner ton regard vers Bran alors que tu es toujours à ses côtés. Et froncer un peu les sourcils en regardant tout autour de toi lorsqu’il te dit qu’il n’aurait pas imaginé ton chez-toi ainsi. Une chance d’avoir trouvé cet endroit. Un joli duplex lumineux. Un endroit parfait pour y faire ton chez-toi. Tu l’avais trouvé quelques temps après avoir commencé à être pompier. Heath t’avait même aidé un peu pour décorer. Oh tu avais eu les grandes idées. Les plantes surtout. Tu avais toujours voulu plein de plantes. Douces et vertes. Vivantes. C’était si beau, les plantes vertes dans un intérieur. Tu trouvais. « Ah oui ? » Et tu continues de regarder un peu tout autour. Un sourire fier sur les lèvres. Putain, tu ne t’étais jamais senti autant chez toi qu’ici. Et réfléchir un peu à quoi dire d’autre, pour changer de sujet. Oh oui, ça tu l’as bien compris. Parler d’autres choses, essayer de ne plus y penser. Même si c’est là, encore. Et que ce serait là pour tellement, tellement de temps. Tu penses. La mort. « J’ai eu beaucoup de chance de le trouver. J’adore ! Et les plantes, punaise, si j’avais pu j’en aurais mis encore plus ! » Un éclat de rire, léger, doux. Un sourire. « Un ami m’a quand même un peu aider, j’avoue. Il est un peu plus mode que moi. » Parce que c’est vrai. Mais, tu avais tout de même grandement participé, c’était tout de même chez toi.
Petit rebond sur le côté du canapé. Miaulement paresseux. Alors que doucement, Chester apparaît. Main Coon au pelage chatoyant de roux. Tu tournes ta tête vers le mouvement. Souris un peu plus. « Hey, Chester, vient. » Et tendre la main sur laquelle le chat glisse sa tête en douceur avant de continuer sa progression sur le canapé. Grimpant sans gêne sur tes genoux et… « C’est Bran, un... ami à moi. » Et ne pas t’attendre à ça. Pourtant, le chat le fait, il grimpe sur Bran. Glisse sa tête le long de son menton dans un miaulement. Câlin réconfortant au doux pelage. Tu ne peux t’empêcher de rire. De te dire qu’il a compris, qu’il avait besoin de réconfort, Bran. « Ne l’embête pas ! » Et, glisser juste une main sur son dos pour le caresser, frôler les doigts de Bran mais, continuer. Sourire tendrement devant le tableau qu’ils t’offrent. « Bran, je te présente Chester. »
@Sachay Duhart tu restes sceptique. comment ne pas l'être. quand il te dit c'était un homme bien, t'as envie de lui répondre que ton père était l'exact opposé de ce que lui représentait. ton père était doux, tendre, avenant et délicat. il traitait ta mère avec tout le respect qu'elle méritait. il lui tenait la main avant chaque repas pour la remercier de ce qu'elle faisait et la couvrait de cadeaux à chaque anniversaire. il lui répétait sans cesse qu'il l'aimait, dans l'intimité comme à la ville, sans jamais trahir à ses promesses. il appréciait sa compagnie plus que tout, il aimait sa femme comme on aime la vie. Sachay ne t'avait jamais témoigné le moindre respect, sinon à la ville. dans l'intimité, même s'il avait été tendre au début, il s'était révélé très vite dominateur et agressif. impulsif et possessif. il te rabaissait, te repoussait autant qu'il t'attirait et ne te tenait la main que pour la serrer si fort que tes phalanges changeaient de couleurs. Sachay était le genre d'homme qui te faisait peur mais qui, sans que tu n'aies jamais réussi à l'expliquer, t'excitait tout autant. t'avais aimé chaque instant de votre histoire et toute la peine du monde à y mettre un terme. bien sûr, personne n'avait jamais rien su, sinon Heath. et pourquoi tu penses encore à lui ? un rapide regard de biais vers le sweet et les images dansent à nouveau sous tes paupières closes. non, impossible. alors oui, tu restes sceptique. Sachay est capable de beaucoup de chose. du pire comme du meilleur. même si le meilleur appartenait à sa nouvelle vie, visiblement, et pas à celle que vous aviez partagé. - ah oui ? il semble surpris, presque vexé par ce que tu dis. pourtant, c'est la vérité. t'aurais jamais imaginé qu'un homme comme lui puisse faire preuve d'autant de goût. t'avais l'sentiment qu'il t'avait emmené ici en te faisant croire qu'il habitait là mais t'étais prêt à croire qu'à tout moment, le véritable occupant pouvait franchir la porte et vous demander ce que vous fabriquiez dans son salon. j’ai eu beaucoup de chance de le trouver. j’adore ! et les plantes, punaise, si j’avais pu j’en aurais mis encore plus ! il rigole, parle de ça comme si c'était naturel. ce côté un peu désuet et presque nian-nian te donne presque envie de vomir. ce n'est pas lui, non. tu t'rappelles avoir acheté un jour une plante pour votre appartement.. elle avait volé en éclat contre le mur trois jours plus tard, lors d'une dispute. un ami m’a quand même un peu aider, j’avoue. il est un peu plus mode que moi. t'as l'sentiment d'être dans une couverture de magasine et tout ça te dépasse. t'es pas chez lui, ou alors, il cachait bien son jeu. il manquerait plus qu'un chat, tu t'dis en sirotant ton café. en écho à tes pensées, tu vois alors une boule de poile gigantesque se matérialiser près de lui et tu manques presque de t'étouffer de susprise. - hey, Chester, viens. l'animal se pavane, se frotte, réclame des caresses que son propriétaire ne tarde pas à lui donner. t'hallucines - j'ai pas d'autre mots - face à cette vision stupéfiante d'un homme que tu croyais connaître et qui, aujourd'hui, a décidé de tout mettre en oeuvre pour te surprendre. c’est Bran, un... ami à moi. tu arques un sourcil, plongeant tes iris dans les siens en souriant à peine. un ami. le terme te paraît inapproprié et, en même temps, tu sembles presque soulagé de savoir qu'il n'attend rien de plus de toi pour l'instant. ne l’embête pas ! il articule trop tard. l'imposant mastodonte se glisse jusqu'à toi et grimpe sur tes genoux. tu laisses faire, t'as toujours apprécié les animaux mais jamais pu en avoir - Sachay détestait ça à l'époque et Bradley est allergique - ta main va du sommet du crâne à l'extrémité de la queue dans un geste plutôt appaisant. Bran, je te présente Chester. tu lèves les yeux vers ton interlocuteur. plus ça va, moins je le reconnais. bien ou mal ? t'en sais rien. - donc toi.. tu as un chat, un superbe duplexe et un pote avec un goût hyper prononcé pour la décoration d'intérieur. tu soulèves le sourcil en faisant la moue. qui es-tu ? tu taquines, légèrement, mais en toute sincérité. si j'avais émis l'idée d'avoir un chat à l'époque, tu m'aurais.. mais tu n'finis pas ta phrase. pas la peine, son regard s'assombrit autant que le tien. tu sais pertinemment qu'il sait où tu veux en venir. le problème, c'est que tout ça te paraît surréaliste et puis, juste à côté de lui désormais, trône un pull qui n'cesse d'attiser ta curiosité. cet ami.. c'est Heath ? tu éclaterais presque de rire face à ton incroyable imagination.
Bien sûr qu’il ne doit pas comprendre. Bien sûr, parce que ça fait des années que vous ne vous êtes pas vu. Parce que tu as fait tant d’efforts, parce que ça t’as demandé beaucoup, Sachay. Beaucoup à apprendre à te maîtriser, à apprendre à faire face autrement qu’avec la colère ou la douleur. Oui, tu en avais pleuré, des jours et des nuits. Tu en avais crié aussi. Cogner, encore et encore, à t’en faire saigner les poings. À t’en vouloir, toujours plus, de cet adolescent, de ce jeune adulte que tu avais été. Tu en avais souffert beaucoup. Et tu savais, encore aujourd’hui, avoir des colères parfois virulentes. Mais, tu n’avais plus jamais cogné. Jamais. Malgré les mots forts, malgré les cris. Tu ne cognais plus. Plus jamais. Tu te l’étais promis. Vraiment. Et l’entendre parler de toi. L’entendre, comprendre, qu’il n’arrive pas à croire à tout ça. Pas à te croire, ça te serre le cœur, te fais serrer les poings. Mais, tu ne bouges pas. T’as le regard qui s’assombrit. Les souvenirs qui reviennent. Les douleurs, pour lui comme pour toi. Parce que tu t’en voulais à chaque fois. Parce que tu...parce que tu étais si paumé, si violent, si con. Parce que tu n’arrivais pas à faire face à tout ça. Parce que tu n’en étais pas capable à l’époque. L’homosexualité, les parents. L’amour. Celui qui fait autant de bien que de mal. Parce que tu n’aurais jamais cru pouvoir aimer aussi fort que ça. Tu ne l’avais jamais refait. D’aimer aussi fort que ça. Au point d’en perdre la tête. Au point d’avoir peur qu’on te l’arrache. Et finalement. Il s’en était allé de lui-même. Électrochoc aussi violent que de voir les bleus, les jaunes, les noirs, apparaître sur sa peau que tu avais trop serrée. Tu étais si paumé.
Fermer les yeux quelques secondes avant de les rouvrir, de les poser sur Bran. De le détailler, le regarder, vraiment. Et sourire tristement. Tellement. Alors que ta main revient caresser doucement Chester. « J’étais paumé, je crois que je ne savais même pas si j’assumais vraiment ou pas mon homosexualité, il y avait mes parents, il y avait moi, et toi. Et cet amour qui me faisait si peur et mal. Parce qu’il était si fort que je ne savais pas quoi en faire. Que je n’étais pas prêt. Que je ne savais pas gérer. Parce qu’il était aussi bon que mauvais. Parce que je ne voulais pas qu’on t’arrache à moi comme… Putain. Je suis toujours Sachay. J’ai grandi, j’ai accepté mon homosexualité, totalement, j’ai trouvé des gens pour m’aider, je suis même aller chez le psy pour tout dire. » Le regarder. Vraiment. Peut-être comme jamais tu ne l’avais regardé. Sincèrement. Totalement. « Et j’ai grandi. J’ai grandi. » Et oser, encore, glisser une main sur sa joue, une main sur son front. « Et je suis tellement désolé Bran. Tellement. » Parce que c’est vrai. Parce que tu regrettes tellement d’avoir été un con. Le regarder comme jamais tu ne l’avais regardé. Et le cœur qui loupe un battement. L’envie, violente, puissante. De l’embrasser là. Maintenant. Les yeux qui s’assombrissent pour une autre raison. Le souffle qui se coupe un instant de trop. Bon Dieu.
Et pourtant, doucement, tu retires ta main. L’éloigne et l’occupe en reprenant ta tasse de café. Parce que tu ne sais pas quoi faire. Ne sais pas quoi ressentir. Tout et son contraire. Te racler la gorge alors que tu jettes un regard sur Chester. Essayer de t’occuper l’esprit avec autre chose. Reposer la tasse. Te redresser un peu fortement, d’un bon. Avoir soudainement trop chaud. « Tu as faim Chester ? » Parce que tu ne veux pas faire de bêtise. Parce que tu n’aurais jamais cru que le revoir t’aurais fait ressentir tout ça. Tu as peur. Te tourner quelques secondes alors que tu retires d’un mouvement souple ton pull, ton t-shirt remontant légèrement sur ton dos avant de retomber mollement alors que tu abandonnes le pull lâchement sur un coin du canapé. Tes tatouages apparaissant un peu plus visiblement que quelques secondes avant. « Aller vient je te donne tes croquettes ! » Avancer vers la cuisine. Oui, Sachay, tu fuis un peu. Mais, te tourner quand même vers Bran. « Est ce que tu veux manger quelque chose aussi ? » Te pencher pour ouvrir un placard, le chat arrivant presque en courant jusque toi alors que le bruit des croquettes tombant dans la gamelle se fait entendre. Te redresser. Le regarder. Le souffle manque à nouveau. « J’doi...je...je dois pouvo... » Te retourner, ouvrir le frigo. Te maudire, parler un peu dans ta barbe inexistante. Essayer de te dire encore et encore en boucle dans ta tête que son père est mort. Que ce n’est pas le moment. Qu’en plus, tu n’as aucun droit. Aucun, aucun. De ressentir tout ça. Aucun. « Je dois pouvoir faire des falafels et du houmous. Tu aimes ? » Sortir la tête du frigo. Sursauter.
@Sachay Duhart tu n'hésites pas vraiment avant d'parler, c'est vrai. t'es un peu cru, sans doute, ou alors que tu lui fais ces reproches là pour qu'il comprenne que malgré l'attraction toujours vivante, tu gardes encore en toi les stigmates de votre relation. ces cicatrices que t'as jamais su refermer complètement, celles qui jonchent ta peau un peu partout, malgré toi, malgré vous. tu lui en veux pas, ou alors, t'as appris à ne plus lui en vouloir. à l'époque, t'avais rompu sur un coup de tête, t'avais mis du temps à l'accepter. tout ton corps le réclamait, ta chair aurait tout donné pour retrouver la sienne mais tu t'étais fait violence pour résister. Heath t'avait aidé, et pourquoi tu penses encore à lui ? tu r'gardes Sachay, t'y retrouves pas l'homme que tu croyais si bien connaître. t'y retrouves même pas la violence qui animait ses iris autrefois. alors que son regard s'assombrit, pourtant, t'as l'sentiment que la bête réapparaît.. mais docile, presque apprivoisée. qui a réussi ce miracle ? parce qu'au fond, tu t'es encore pas d'mandé si de son côté il s'était reconstruit, comme toi. s'il avait rencontré quelqu'un. peut-être que c'est ça, au fond. et ça t'tiraille dans l'ventre, ce grondement, c'est la jalousie qui t'envahit à l'idée qu'un autre puisse l'avoir fait changé quand t'en avais été incapable. - j’étais paumé, je crois que je ne savais même pas si j’assumais vraiment ou pas mon homosexualité, il y avait mes parents, il y avait moi, et toi. et cet amour qui me faisait si peur et mal. parce qu’il était si fort que je ne savais pas quoi en faire. que je n’étais pas prêt. que je ne savais pas gérer. Parce qu’il était aussi bon que mauvais. parce que je ne voulais pas qu’on t’arrache à moi comme… putain. je suis toujours Sachay. j’ai grandi, j’ai accepté mon homosexualité, totalement, j’ai trouvé des gens pour m’aider, je suis même aller chez le psy pour tout dire. son ton est sec, ses mots sont presque durs mais ils sont sincères. quand il te parle du psy, t'as l'coeur qui manque un battement. tu croyais pas qu'il puisse à ce point avoir eu envie de changer. oui, mais pourquoi ? par ta faute ? ou pour quelqu'un. putain, ça gronde encore dans ton ventre. et j’ai grandi. j’ai grandi. et je suis tellement désolé Bran. tellement. il carresse ton visage, l'enveloppe de ses mains et t'as l'épiderme qui réagit malgré toi. tu te tends, c'est comme ça. t'oublies pas l'amour, t'oublies pas les sentiments. ils ont existé longtemps avant lui et existeront encore longtemps après. t'as jamais pu l'faire complètement disparaître. c'est comme un tatouage. - tu as faim Chester ? il dit alors en se décalant, coupant court à votre contact. il se redresse, se lève. le chat réagit instinctivement et le suit. l'image est troublante, presque stupéfiante. cet homme si grand, si puissant qui t'intimidait tant et qui parle à son chat. tu l'regardes faire, en te mordant la lèvre. il enlève son pull, son t-shirt et t'as l'corps tout entier qui manque de défaillir. son dos, jonché de tatouage, est bien plus musclé qu'à l'époque. putain, tu grognes presque, oubliant jusqu'au décès de ton père en te perdant sur les dessins qui ornent sa peau. aller viens je te donne tes croquettes ! la manière qu'il a de s'adresser à ton animal est attendrissante et tu pourrais presque te laisser prendre au piège. t'as envie d'croire qu'il a changé. un psy putain. mais à quoi bon ? de toute manière, on en revient toujours à ce qu'on est. la nature profonde d'un homme ne change pas. pas à ce point. est ce que tu veux manger quelque chose aussi ? il te surprend par sa question. tu fais d'ton mieux pour ne pas loucher sur les pectoraux qui se dessinent devant tes yeux. c'est indécent, c'est sans doute pas le moment non plus. j’doi...je...je dois pouvo... il est hésitant lorsqu'il te parle, comme s'il marchait sur des oeufs. il fait attention à moi, et t'en reviens pas. cette douceur, c'est anachronique. ça n'lui convenait pas à l'époque et pourtant, ici, dans cet appartement, t'as l'impression que c'est comme ça que ça doit s'passer. je dois pouvoir faire des falafels et du houmous. tu aimes ? sérieusement ? tu ravales ta salive, poses la tasse sur la table et te lèves sur tes jambes. tu trembles un peu, tu lui fais face. tu avances d'un pas et tu attrapes le sweet sur le sofa au passage. quand tu te rapproches de lui, tu lui montres l'objet que tu serres et tu demandes. - c'est quoi ça ? sans répondre à ses interrogations. Heath, ce prénom se répète en boucle dans ta tête depuis cinq minutes et t'en peux plus d'attendre. t'as besoin d'comprendre pourquoi t'as l'sentiment qu'on s'est fichu d'toi et pourquoi t'as l'impression que cette mascarade est orchestrée depuis l'début. le regard qu'il te jette en dit long sur ce qu'il s'apprête à te révéler. tu ajoutes j'veux bien t'croire Sachay.. mais j'ai besoin de comprendre. tes yeux azuréens qui dévorent sa silhouette alors que tu te retrouves à quelques centimètres à peine de son épiderme bouillant sur lequel t'as envie de te jeter.
Tu as un peu de mal à savoir comment vous êtes passés des larmes à ça. Mais, tu es à la fois un peu heureux, un peu en colère. Heureux, parce qu’il oublie un temps sa peine, même si celle-ci risque de revenir à grand galop. De faire encore bien plus mal après ça. En colère, parce que tu ne sais pas quoi répondre. Tu relèves la tête du frigo pour tomber sur Bran bien trop prêt de toi. Bran qui tend ton sweat devant toi. Et au début, tu penses qu’il voudrait que tu te rhabilles. Parce que c’est vrai que tu n’as pas pensé au fait que ça pouvait le gêné. C’est vrai que tu n'étais pas vraiment pudique. Et t’avais l’habitude chez toi, souvent, de te trimballer ainsi. Tu n’avais pas pensé. Alors, ça te fait ouvrir de grands yeux incertains, une de tes mains saisissant le tissu. « Pardon ! Je...je me rhabille, j’ai pas pensé qu... » Mais, Bran, il ne le lâche pas le tissu. Non, il continue de le tenir. Il continue de te regarder. Et tu ne comprends pas vraiment ce qu’il se passe. Tu ne comprends ni son regard, ni ses paroles. Alors, tu baisses les yeux sur le tissu noir. Le tissu qu’il te tend, inscription bien visible. Et, tu comprends. Tu crois. Ce qu’il te demande. Pompier de New Orléans que c’est écrit bien visible en grand sur le dos, en petit sur la poitrine. Oui, tu crois bien comprendre ce qu’il te demandes. Savoir ce que c’est ça. Tu glisses doucement une main sur ta nuque, lâchant le tissu et pensant enfin à refermer le frigo resté entre ouvert. Ne pas oser bouger plus. Parce qu’il est si prêt. Tu ressentirais presque sa chaleur, là, sur ta peau nue. Doux frisson le long de ton dos.
« C’est juste un sweat du boulot. J’ai dû le laisser traîner en revenant de ma garde ce matin. » Et tu n’es pas vraiment certain si c’était ça qu’il demandait. Si tu dois ajouter autre chose. Pour confirmer ce qu’il pense de ce sweat ? En vrai, tu ne sais pas ce qu’il en pense. Peut-être se fait-il mille et un films en le voyant. T’en sais trop rien. Parce qu’il semblait si...fermé en te posant cette question. Alors, tu rajoutes doucement, en le regardant. « Ça fait quatre ans que je suis pompier. » Quatre ans qui avaient changé ta vie encore plus qu’avant. Encore plus que lorsque tu avais commencé ton changement. Bien entendu, que tu avais attendu avant de postuler. Attendu d’être plus calme. Attendu pour savoir gérer tes sentiments. Mais, ce métier, il te faisait faire des choses dans des situations extrêmes. Et ça permettait énormément d’apprendre à se gérer. À ne pas paniquer, à ne pas laisser place à la colère, à l’angoisse, la peur. Tout ça à la fois. Parce qu’il faut sauver au périr. Oui. Juste ça.
Mais, là, tout de suite, tu ne savais pas trop quoi penser. De Bran juste devant toi. De son visage, de son regard. Tu ne comprenais pas vraiment ce qui était en train de se passer. Était-il en colère ? Pourquoi ? Était-il perdu ? Autant que toi ? Tu fronces les sourcils, tends une main vers lui. La pose doucement sur son épaule. « Bran ? » Parce que tu n’arrives pas à saisir. Qu’elle est cette drôle d’ambiance soudainement ? Parce que ton souffle se fait plus court, parce qu’il est si prêt, parce que son épaule est chaude sous ta main. Regarder son visage, le dévorer, glisser vers ses lèvres, revenir vers ses yeux dans lesquels tu t’égares quelques secondes. Tu ne comprends pas ce qu’il se passe. Pas du tout. Avancer, doucement, mouvement imperceptible et pourtant, qui vous rapproche encore plus. Ta main glissant doucement vers son cou sur lequel ton pouce ose un mouvement doux. Peut-être vas-tu te faire jeter juste comme il faut. Que tu imagines des choses. Que son regard indéchiffrable n’est rien d'autre que de la haine, de la tristesse et de la colère. T’en sais trop rien. Et tu sais, putain, tu sais que tu ne dois rien faire. Rien. Parce qu’il est bouleversé. Parce qu’il mérite mieux que toi. Tu crois. Peut-être. « Ça va ? » Murmure profond alors que ta poitrine se soulève un peu plus difficilement. Alors que seul le sweat vous sépare.
@Sachay Duhart ça te torture presque, d'le voir ainsi. parce que tu peux pas t'empêcher d'le regarder. son corps est solide, bien plus qu'à l'époque. tu t'rappelles d'un Sachay plutôt frêle qui n'a rien à envier à la montagne de muscles qu'il semble être devenu. son dos, magnifique dessiné, te fait face et t'as les muscles qui se tendent. t'es pas là pour ça, t'essaies de t'en convaincre mais tu peux pas t'empêcher d'observer, de détailler. jusqu'à ce qu'il se retourne et te prenne, littéralement, par surprise. son regard te déshabille presque alors que le rouge lui monte aux joues. le sweat que tu lui tends le rend nerveux, si bien qu'il s'excuse presque de sa tenue. - pardon ! je...je me rhabille, j’ai pas pensé qu.. mais le fond du problème n'est pas là. ça non, il peut bien resté comme ça, tu vas pas t'plaindre. le fond du problème réside sur cette minuscule inscription qui fait tout vaciller autour de toi. cette espèce d'incompréhension qui se lit jusque dans tes iris azuréens. t'es pas prêt pour cette vérité et pourtant, tu vas la chercher. t'as peur de ce qu'il pourrait te dire, jusqu'à redouter ce qu'on pourrait t'avoir volontairement caché. tu ravales ta salive, déglutis.. de face, c'est un mastodonte auquel ta virilité ne saurait même pas résister. de ses piercings - oui, tu les as remarqués - à ses tatouages, tout est presque trop parfait pour être vrai. si tu t'écoutais, tu y glisserais un doigt ou deux pour t'assurer que sous la chair existent bien les muscles dessinés. c’est juste un sweat du boulot. j’ai dû le laisser traîner en revenant de ma garde ce matin. du boulot.. c'est c'que tu craignais. et là, tu t'écroules. t'as les trippes qui s'tordent, l'estomac qui effectue un salto si bien réalisé que t'en vomirais presque. t'as les lèvres qui se crispent, qui tremblent un peu. t'es pas perdu, t'es pas choqué, t'es juste complètement défait. tu t'attendais à tout, sauf à cette vérité. dans ton esprit, l'image d'Heath vient automatiquement s'rattacher à cet homme qui se fait face. tu connais peu de caserne de pompier dans l'coin et, quand bien même il en existerait plusieurs, t'es presque persuadé que le monde dans lequel il évolue est aussi restreint que celui de la danse. ils se connaissent tous, et des Sachay.. tu l'sais, ça court pas les rues. une vérité qui t'fait mal au coeur. - ça fait quatre ans que je suis pompier. ça fait quatre ans qu'on te ment, voilà ce qu'il aurait dû te dire, en vérité. t'es heureux pour lui, bien sûr. sur la voix de sa rédemption, il ne pouvait pas faire mieux. ça explique beaucoup de choses, jusqu'aux gestes qu'il avait eu pour toi un peu plus tôt. mais ça n'excuse en rien cette sensation désagréable de t'être fait trahi par tout le monde. tu gardes le silence, ne le dévores pas des yeux. en réalité, tu r'gardes au-delà de sa masse imposante. tu te noies dans leur mensonge et tu sens le sol qui s'ouvre sous tes pieds. il pose une main sur ton épaule, tu voudrais t'en défaire mais t'y arrives plus. il t'observe, le sourcil légèrement arqué. Bran ? il s'avance. merde, qu'est-ce qu'il se passe ? t'as l'coeur qui s'égraine, un tout petit peu. tu perds pieds, tu perds presque consistance. son regard te fixe mais t'as déjà disparu. t'es incapable de mettre des mots sur ce que tu ressens, présentement. et puis sa main bascule jusqu'à ton cou. son pouce joue avec ta peau, la pulpe de son doigt te reconnecte à la réalité alors que tu clignes une première fois des paupières. - ça va ? tu ravales ta salive, tu reprends consistance. tu poses ta main sur son poignet et la lui retires. tu recules d'un pas, tu manques de trébucher. tu l'regardes, sans sourciller, sans sourire. j'suis ravi pour lui, c'est vrai, mais t'as l'coeur en miettes. c'est trop pour toi, tu l'sais. et l'pire dans tout ça, c'est que t'es incapable d'faire du tri dans tes pensées. t'en veux à le terre entière. ce secret, ils avaient pas l'droit d'le garder. mais tu peux pas.. pas comme ça. tu passes une main sur ton visage. - c'est une bonne chose. tu dis, difficilement. t'articules mal, c'est vrai. j'veux dire.. être pompier, forcément, ça t'aide. je suppose que c'est pour ça que t'as l'air si différent. tu essaies d'esquisser un sourire mais l'ombre qui s'glisse dans tes pupilles ne trahit rien de l'émotion qui parcourt ton corps de haut en bas. c'est chouette, Sachay. vraiment. t'as l'air heureux, c'est cool. et toi t'as l'air con, là, tout d'suite. t'as qu'une envie, écrire à Heath et l'insulter mais tu peux pas. parce que tu sais que la mascarade n'a que trop duré et qu'il trouvera toutes les excuses du monde pour leur mensonge. tu ravales donc ta fierté, tu fais d'ton mieux pour pas t'éparpiller et ne surtout pas t'effondrer. j'devrai.. enfin.. j'veux pas te déranger, tu sais. tu glisses une main dans ta poche. peut-être qu'il faudrait que.. mais t'es incapable de le dire, parce que t'es incapable d'en avoir envie. l'revoir, l'sentir si près d'toi.. ça réveille des tas d'trucs. et puis, cette nouvelle version d'lui.. merde, ça t'excite en vrai, et tu l'sais.
Tu ne sais pas non. Ce qu’il se passe dans sa tête. Comment pourrais-tu savoir, tu n’y es pas. Mais, tu vois que ça ne va pas. Tu le vois s’égarer dans un ailleurs que tu ne connais pas et ça te fait froncer les sourcils. Te fait approcher un peu plus. Pour poser une main sur son épaule, pour glisser ton pouce, là, le long de la peau douce de son cou. Oui, tu fais ça, parce que tu as peur. Peur de le voir s’éloigner dans le silence. Peur de voir les émotions exploser son regard. Tristesse, colère, peut-être, peut-être pas, tu n’es pas certain. Mais, tu veux qu’il revienne, l’appel, pour lui demander si ça va. Et, même si tu aurais voulu que ta main reste encore quelques instants contre lui, tu acceptes sans broncher qu’il la retire. La laissant retomber le long de ton corps, sourcils un peu froncés. Parce que Bran semble perdu, Bran semble mentir. Et tu ne comprends pas pourquoi. Tu ne comprends pas pourquoi les paroles qu’il laisse glisser d’entre ses lèvres te paraissent si fausses. Alors qu’il te dit que c’est bien pour toi, que tu sois devenu pompier. Menteur. Que tu voudrais lui dire. Mais, tu n’en fais rien, tu continues de le regarder. De t’inquiéter. Mais comment pourrais-tu savoir. Heath. Comment pourrais-tu savoir alors que toi-même, tu ne sais pas, Sachay, qu’ils se connaissent tous les deux. Non, tu n’en sais rien. Secret bien gardé. Bien entendu, que tu en as parlé un peu, de ce passé que tu regrettes tellement. Mais sans jamais le citer, Bran. Parce que c’était sa vie privée. Parce que tu n’avais jamais trouvé ça normal de dévoiler ainsi la vie de quelqu’un d’autre. Alors non, putain, non, tu ne savais pas pour Heath, pour Bran. Tu ne savais pas. Alors, tu avais bien aucune idée de ce qu’il se passait à cet instant précis dans la tête de Bran.
Dans la tête de cet homme qui te faisait face. Reculant soudainement, comme choqué. Te faisant un peu sursauter, ouvrir la bouche sans trop savoir quoi dire. Parce que tu ne saisis pas ce changement de situation, de comportement. Mais, tu te rappelles soudainement qu’il vient de perdre son père. Et que bouleversé, il doit l’être tellement. Un pas vers lui. Alors qu’il te dit qu’il ne veut pas déranger, qu’il devrait partir. Non. Non. Comment pourrais-tu le laisser partir dans cet état là ! Comment pourrais-tu seulement le laisser s’éloigner dans la nuit noire alors que ses sentiments sont à fleur de peau. Tendre un bras, une main, oser, encore, la glisser là, le long de son front pour en dégager ses cheveux. Un murmure dans le creux de tes lèvres. « Tout va bien Bran. » Sourire, doucement. Retirer ta main, même si tu voudrais la laisser encore quelques secondes, quelques minutes de plus. Tu n’étais pas ainsi avant. Tactile. Non. Tu avais appris à l’être en aimant, en étant aimé, par d’autres. Oh, tu n’étais jamais retombé amoureux comme tu avais aimé Bran. Jamais. Mais, tu avais su trouver de la tendresse et de l’amour dans quelques relations. Jamais bien longues, jamais trop intenses. Mais tendres. Tendre comme tu ne l’étais pas avant. Avant. « Tu ne me déranges pas, ne t’inquiètes pas. » Parce que c’est si vrai. Tellement. Parce que sinon, tu ne l’aurais pas emmené ici, chez toi. Non, sinon tu aurais fait en sorte de le déposer chez lui, chez un ami, quelque part d’autre. « Ma proposition de falafels et de houmous tient toujours tu sais. » Que tu dis en pointant du pouce le frigo où attendent les ingrédients.
Mais si vraiment il voulait partir, bien sûr que tu le laisserais faire. Pourtant, tu t’inquiétais, de le voir dans un état émotionnel non stable. De le voir s’éloigner dans la nuit. De l’imaginer errant sans savoir où aller, trop triste pour réussir à penser correctement. Parce qu’il semblait si...fragile, là tout de suite. « Et si tu as besoin, ma chambre d’amis est là pour ça aussi. » Sourire. Espérer, peut-être, qu’il reste, encore. Encore un peu. Quelques minutes, quelques heures. Quelques jours. Espérer.
@Sachay Duhart est-ce qu'on a l'droit d'en vouloir autant à quelqu'un ? t'hésites, t'es même pas sûr de la réponse. tu te dégages de votre proximité parce que t'es soufflé par ce que tu viens d'apprendre. tu pensais pas qu'on puisse un jour te trahir à ce point. pas plus que tu n'espérais qu'Heath puisse, un jour, se garder de t'avouer quelque chose d'aussi gros. tu fais les calculs, même s'ils sont mauvais.. mais Sachay travaille pour les pompiers depuis quatre ans. et t'as l'sentiment que depuis le temps, bon nombre d'occasions se prêtaient au jeu des confidences. non, impossible. et pourtant, t'es persuadé que ce que te souffle ta conscience est réelle. Heath t'a menti. à l'instant même où il a dû rencontrer Sachay, il a commencé à te mentir, à te tenir à l'écart. pourquoi ? c'est bien la seule chose qui t'obsède, présentement. à tel point que t'en oublies ton ex, que t'en oublies où tu te trouves. t'es carrément ailleurs, bouleversé au plus haut point. si bien que t'as l'impression de devoir partir, de devoir t'en aller. - tout va bien Bran. tu l'entends te dire alors qu'il se rapproche encore. stop, stop, pars, vas-t'en, t'as envie de lui crier alors qu'il te touche encore mais ton corps tout entier te retient. ce contact est salvateur, presque réconfortant. t'y trouves un peu de chaleur, ça t'fait du bien. tu respires mal, difficilement même. tu lèves les yeux vers Sachay, tu te retiens de pleurer parce que t'en as marre d'souffrir comme tu souffres en ce moment. tu ne me déranges pas, ne t’inquiètes pas. il dit, en écho à tes propres paroles. tu détailles son visage, il est catastrophé par tout ce qu'il t'arrive sans en avoir même connaissance. il ignore tout de ton amitié avec cet homme, du lien que tu croyais partagé avec lui.. il ignore sans doute que je connais Heath, oui, ça, c'est une évidence. sinon, Sachay aurait déjà tenté de te retrouver, depuis le temps. t'es persuadé qu'il n'aurait pas passé cette informations sous silence. mais alors.. peut-être qu'Heath ne savait pas. sauf que ton meilleur ami connait tout de votre histoire, à la différence de l'homme qui se tient devant toi. ma proposition de falafels et de houmous tient toujours tu sais. tu marques une pause, te reconnectes. tu esquisses l'ombre d'un sourire. c'est vrai, t'as faim. tu serais tenté de lui dire oui. t'es vidé, carrément scotché. le pire, c'est que t'as nul part où aller sinon chez Heath. tu frémis d'avance, incapable de prendre une décision.et si tu as besoin, ma chambre d’amis est là pour ça aussi. tu soupires, roules des yeux. tu recules d'un pas, te dégages encore un peu. - ça serait malvenu, tu n'crois pas ? tu lui dis sans sourire. t'as les yeux qui dégagent une certaine distance, une anxiété nouvelle. t'es partagé entre l'idée de l'interroger sur Heath et celle de ne rien dire. plutôt que de t'égarer sur cette pente, tu préfères ajouter j'ai quitté mon mec ce matin, j'crois pas être en état de dormir à quelques mètres de toi seulement.. tu lui dis sans sourciller. ma vulnérabilité n'a jamais été ma meilleure alliée lorsqu'il s'agit de prendre des décisions.. et toi, sans t-shirt, juste là, dans cet état.. tu n'avances pas plus, d'toute manière, il doit bien comprendre ce que tu sous-entends. mais t'as raison sur un point.. il faut que je mange quelque chose. oui, voilà, ça c'est raisonnable. j'ai faim, ou alors, t'as juste envie de t'occuper l'esprit pour oublier le reste.