@katalina hawkes et @magdalene arnott Elle posa son verre vide, à l'exception de quelques gouttes ambrées, à côté de la bouteille à moitié vide et augmenta encore le volume de la musique, pour noyer ses pensées et probablement celles des voisins par la même occasion. Karim était absent ce soir-là alors elle pouvait se le permettre. Comme elle pouvait se permettre de déambuler dans leur appartement dans sa robe de mariée, qu'elle avait jugé bon de sortir de ses placards pour l'enfiler, après tout ce temps. Elle aurait probablement dû s'en débarrasser mais n'avait jamais trouvé le courage de le faire, se contentant de l'ignorer jusqu'ici. Jusqu'à ce qu'elle puisse l'observer dans son reflet et constater à quel point elle avait changé depuis la dernière fois où elle l'avait porté. Et son coeur se brisa à cet instant, sans crier gare, une fois encore. Hurlant à la mort, il se fraya un chemin hors de sa poitrine, déchirant ses muscles et écrasant ses os, pour fuir cette enveloppe dénuée de sens et cette cage devenue trop étroite. Il tambourinait si fort à l'intérieur de sa prison de chair qu'il semblait pouvoir s'en arracher, d'un moment à l'autre, pour tomber écarlate au sol et enfin s'arrêter. Elle n'arrivait plus à respirer. Ses doigts s'agrippèrent à son encolure, désespérés. Besoin d'air. Ils tâtonnèrent à l'arrière de son dos, parvinrent à trouver la fermeture-éclair qui ne voulait pas descendre. Hâtifs, ils cherchèrent les boutons de satin derrière sa nuque mais ils ne voulurent pas se déloger, malgré la pression exercée, presque aussi forte que celle sur sa poitrine, écrasante. Elle n'arrivait plus à respirer. Il fallait qu'elle l'enlève. Elle entendit le tissu se déchirer sous ses doigts. Effrayée par le son, elle leva les yeux vers le miroir pour constater la ruine. Elle ne distingua qu'une silhouette floue, uniquement des taches de couleur qui se fondaient les unes dans les autres. Ses doigts frêles glissèrent sur ses yeux le temps d'un instant et, humides, ils tentèrent à nouveau de défaire les boutons d'ivoire, en vain. Les sanglots bloquaient l'air inspiré avant même qu'ils ne puissent parvenir à ses poumons. Sa main s'empara finalement de son téléphone et, après un instant pour parvenir à lire nettement l'écran, elle parvint à écrire : « s'il te plaît viens chez moi j'arrive pas à l'enlever j'arrive pas à respirer. désolée ». Elle aurait dû l'appeler mais elle ne veut pas la déranger. Pourtant elle attendait une réponse, comme si elle allait forcément venir, comme si tout ça serait bientôt fini. Le temps semblait s'écouler de façon interminable mais, en même temps, elle ne le voyait pas passer, trop occupée à essayer de respirer, les yeux rivés sur le téléphone ou sur la porte. Elle espérait sa venue, en errant dans l'appartement en pleurs, en étant assise la tête dans ses mains ou en essayant à nouveau d'attraper cette maudite fermeture-éclair. Et pendant tout ce temps, elle n'arrivait pas à se défaire du visage ensanglanté de cette autre femme aux yeux ternes, appuyée contre un volant de voiture.
@katalina hawkes et @magdalene arnott Les yeux rivés sur son écran d’ordinateur, ses doigts dansaient sur son clavier au rythme de ses pensées. Elle répondait aux nombreux mails qu’elle avait accumulé jusqu’à ce soir, laissés sans réponses car chacun d’eux était jugé de peu important, mais assez pour qu’elle s’y attarde. Parmi eux, il y avait celui de sa tante Martha de Washington qui encore une fois se vantait des prouesses de sa fille Mae. Jeune prodige golfeuse, elle venait de remporter un nouveau prix alors tante Martha s’était empressée de partager la nouvelle à tous ses contacts. Bien entendu Katalina était heureuse pour sa cousine, seulement il lui était difficile de réellement se réjouir pour une personne qu’elle ne connaissait à peine. Si ce n’est pas du tout. Mais par politesse, elle prenait la peine de lui récrire. Le curseur vient cliquer sur le bouton répondre et ses doigts se positionnent au-dessus du clavier, prêts à déposer les quelques mots de félicitation. Sauf que cette fois, ils ne semblaient pas vouloir se mouvoir. Ils étaient figés, ils flottaient dans l’air. L’attention de Katalina était ailleurs, captivée par la vibration de son téléphone et du message qui s’était affiché sur le petit écran lumineux. C’était Magdalene et c’était étrange. Elle n’était pas le genre de personne à écrire. Pas à elle en tout cas. Rare étaient les fois où elles échangeaient des messages personnels et privés. Elles s’entendaient mais elles étaient amies par défaut, pour le bien et la cohésion du groupe. Car pour tout dire, elles n’avaient guère beaucoup de points communs. Pendant un instant, elle avait choisi d’ignorer la notification et de retourner à son mail. Mais il lui était impossible. Ses pensées se convergeaient toujours vers son téléphone, l’incitant à révéler enfin le message de son amie. Et heureusement qu’elle avait craqué. Son visage se fige face à la détresse du texte et elle se lève aussitôt de son siège. Elle se dépêche vers l’entrée, bien qu’habillée d’un simple pyjama, elle descend à sa voiture puis se place à l’arrière du volant pour prendre la direction de l’appartement #88 du faubourg marigny. Très rapidement, la boite à vitesse passe à la sixième, tout comme son cœur qui s’accélère. Elle roule bien au-dessus de la limite autorisée, aveuglée par le temps qui presse. Les feux rouges la rendent folle mais elle s’arrête pour éviter que les routes ne s’entachent encore et que son amie ne pleure à nouveau. Et si elle arrivait trop tard ? Elle ne savait pas ce que ces quelques mots signifiaient mais elle pouvait deviner la gravité de la situation. Lorsqu’enfin elle arrive chez Magda, elle aperçoit l’horreur dans la salle de bain. Une robe de mariée ruinée par les larmes et les débattements de Magdalene qui semblait suffoquer. « Mon dieu, Magda ! » Elle se précipite à ses côtés. « Arrête tu vas te faire mal ! » Dit-elle en attrapant ses mains pour qu’elle cesse de se griffer, de planter ses ongles dans sa chaire qui semble bientôt saigner. Elle voulait la prendre dans les bras, la réconforter et soulager de ses douleurs. Mais elle étouffait. Ce n’était pas une douce étreinte qu’elle avait besoin mais de l’oxygène. « Attends je vais t’aider, tu veux enlever ta robe c’est ça ? » Elle attend un signal, un simple hochement de la tête ou un contact de ses yeux pour s’exécuter. Mais la fermeture de son vêtement est bloquée et malgré ses gestes répétés pour l’ouvrir, rien ne se passe. Magda se débat encore plus. « Bon sang ! Ouvre-toi ! » L’impatience la gagne à son tour et les larmes lui montent aux yeux. Détresse contagieuse. Ses mains tremblent et elle est frustrée de n’être d’aucune aide. Alors, elle se lève, déterminée à trouver une solution, elle quitte la salle. On l’entend ouvrier et claquer les portes des différents tiroirs et placards. Elle revient, un ciseau dans sa main droite. Carnage à portée de main. « Désolé, je suis vraiment désolée mais je n’ai pas d’autre solution. » Son regard se plonge dans celui de son amie, il lui explique qu’elle n’a pas le temps pour lui offrir des mots et qu’elle encore sincèrement désolé. A chaque coup de ciseau, elle se mordille sa lèvre inférieure de douleur. Des désolés qu’elle répète à tout bout de champ. Lorsqu’enfin elle l’avait libérée, ses mains tremblent face à l’horreur qu’elle venait de commettre. Ce n’était qu’une robe mais elle savait qu’elle comptait énormément pour Magda. Mais elle se serre les poings. Elle se devait être forte. Lui donner un semblant impression de maîtriser la situation et que tout irait bien. « Laisse-moi te préparer un bain. » Elle se relève puis tourne les robinets dorés pour remplir l’immense baignoire. Elle n’était pas douée pour réconforter mais elle espérait que l’eau chaude lui apporterait un peu d’apaisement. Si ce n’est noyer sa peine. Mais par peur qu’elle ne se noie réellement, elle reste auprès d’elle. Assise dans un coin, à côté de la baignoire, elle enveloppe ses jambes repliées dans ses bras. « Je suis sincèrement désolée pour ta robe... je vais l’emmener chez un couturier demain » Finit-elle par dire, brisant le long silence qui s’était installé dans la pièce brumeuse.
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(#)Re: heart failure (katalina) Sam 27 Fév - 10:34
heart failure (katalina)
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