• rp d'intégration // Eno & Robin

on sent très vite lorsqu'une journée s'annonce bonne ou mauvaise. à partir du moment où tu as loupé le premier bus, qu'un fou a failli te percuter alors que tu traversais un passage piéton et que ton café s'est renversé sur ta blouse alors que tu venais à peine de te le servir.. t'as compris que la journée tournerait à la catastrophe sans pour autant pouvoir y faire quoi que ce soit. bien décidé pourtant à conjurer le mauvais sort, tu t'es rendu dans la salle des consultations le sourire accroché aux lippes mais à l'instant même où ton responsable t'a expliqué le programme de ta journée, t'as senti une fois encore le vent tourner.
depuis, tu n'as fait que deux choses : classer des dossiers clos et recevoir des gens en consultation. et même si t'adores ce que tu fais, en règle générale, tu dois bien admettre que les deux premières patientes ont abusé de ta patience et de ta gentillesse en croyant connaître leur diagnostique avant même que tu ne prennes connaissance des symptômes.. tout ça parce qu'elles sont allés sur internet. comme si ton métier se résumait à fouiller sur la toile pour obtenir des réponses. après une pause déj' tout aussi catastrophique, t'as enchaîné les consultations en voyant la pile de papiers s'accumuler sur un coin de ton bureau tout en étant incapable de prendre cinq minutes pour t'en occuper. l'heure tourne, tu baisses les yeux sur une nouvelle fiche. Robin Walters, tu lis rapidement les informations qui le concernent et puis, tu te lèves. tu fais un signe à la femme derrière l'accueil et tu lui indiques que tu es prêt à le recevoir. qu'on s'entende, t'es pas encore médecin. toi, tu t'occupes juste de recevoir les gens la première fois pour poser par écrit un premier diagnostique en fonction des symptômes avant de soumettre tes notes à ton chef et de lui laisser la main mise sur les prochaines consultations. le jeune homme qui s'approche de toi est jeune. tu esquisses un sourire léger, presque soulagé de savoir qu'il est ton dernier client.
- suivez-moi, tu lui dis poliment en lui emboîtant le pas jusqu'au bureau. tu lui indiques la chaise, tu t'installes en face et, à nouveau, tu glisses tes orbes dans les siennes. je suis en charge de cette première consultation. je m'appelle Eno, je suis interne. présentation formelle mais nécessaire. selon les conventions en vigueur, tu dois préciser ton statut pour éviter les malentendus. vous allez me faire part de vos troubles, dans un premier temps, si vous le voulez bien. tu lui dis finalement pour l'inviter à te dire les raisons de sa venue.

les hôpitaux ont toujours été une source d’angoisse pour toi. non pas que tu aies déjà été réellement malade, mais juste par la drôle d’atmosphère qui y règne. autant dire qu’à la lecture du sujet imposé, tu n’as pas fait le malin. un documentaire sur la médecine… si ce devoir ne comptait pas autant pour valider ton année, tu aurais fait l’impasse depuis bien longtemps. après des nuits à te creuser la tête, tu finis par trouver un plan d’action. un plan des plus risqués. en te faisant passer pour un patient potentiel, tu as ainsi plus de chance d’entrer dans le vif du sujet. alors, t’a pris un rendez-vous dans le service neurologique. bien que tu ne sais pas du tout ce qu’ils y soignent.
une fois dans la salle d’attente, ton appréhension ne fait qu’augmenter. entouré par toutes ses personnes potentiellement malades, tu t’en veux de prendre un créneau qui serait plus utile à une personne souffrant d’une vraie pathologie. et puis, tu vas devoir mentir… et dieu seul sait à quel point tu n’aimes pas ça. c’est plus que tu ne sais pas le faire. les aiguilles de l’horloge tournent et ton cœur frappe de plus en plus fort dans ta poitrine. à l'annonce de ton nom, ton estomac se noue et semble tomber dans tes talons. mets toi dans le rôle. penses à ton devoir. pense à la note que cela peut t’apporter. ne pense qu’à ça. tu n’es pas habitué à ce type de méthode. toi, tu préfères instaurer un climat de confiance avec les personnes que tu filmes. tu te lèves et te focalise sur ta respiration.
tu lèves les yeux et croise le regard du jeune médecin qui te prend en charge. et en plus de ça il est canon. tu souris en pensant que la tâche risque d’être bien plus difficile que tu ne l'avais imaginé. il te demande de le suivre dans son bureau et tu te retiens de répondre que tu pourrais le suivre jusqu’au bout du monde s’il te le demandait. en se présentant, il ne quitte pas des yeux. une présentation dans laquelle tu apprends qu’il ne s’occupera que de la première consultation. mais surtout qu’il s’appelle eno et qu’il interne. bingo… tu te retiens de répondre robin enchanté. souviens toi que tu es censé être malade… “-du coup, je ne vous verrai que durant cette première consultation?” dis tu d’une voix suffisamment basse pour qu’il ne puisse t’entendre. ton interlocuteur te demande ensuite de lui faire part de tes troubles. et là, c’est le drame. “euh… hum…” tu cherches tes mots. “et bien… j’ai souvent des migraines qui durent des heures… “bégaies-tu. intérieurement tu aimerais te foutre des claques. tu déglutis. “hum… dites, on soigne quoi ici?”

peut-être que si tu n'avais pas passé ta vie à tenter de refouler ton attirance pour les hommes à cause de ta famille, tu aurais pu t'arrêter un instant sur le visage du jeune garçon qui te fait face et le trouver - somme toute - attirant. bien sûr, si tu avais été du genre à t'attacher à ce genre de détails, tu passerais ton temps à observer et détailler la gente masculine qui défile dans ton cabinet en te maudissant de n'pas oser tenter une quelconque approche avec eux.. mais t'es loin d'tout ça, déconnecté en quelque sorte.
et puis, ta journée était à chier.
donc quand il se dresse devant toi, l'gamin, tu l'regardes sans le voir. comme d'ordinaire, finalement. tu l'invites à te suivre dans le bureau que tu occupes avec ton chef et le reste de l'équipe de neurochirurgie et puis, tu lui fais comprendre qu'il doit prendre place face à toi avant de passer aux présentations formelles. après avoir fini de parler, tu attrapes un stylo et ouvres un nouveau dossier devant toi. une seconde d'inattention qui, malgré tout, ne te fait pas entendre ce qu'il te dit tout de suite. un murmure qui attire ton regard, à nouveau, alors que tu le plonges dans le sien.- euh… hum… il a l'air de chercher ses mots et t'es pas persuadé de comprendre pourquoi. et bien… j’ai souvent des migraines qui durent des heures… jusque là, rien d'étonnant ou d'anormal. la plupart des gens que tu rencontres ici te disent la même chose. des migraines, c'est un terme assez générique pour parler d'un mal de crâne qui peut foudroyer votre corps tout entier. hum… dites, on soigne quoi ici? pardon ? la question t'étonne, c'est vrai. tu marques une pause, te mords la lèvre. il a l'air troublé, presque mal à l'aise. bien loin de te douter de ce qu'il cache, tu mets tout ça sur le compte d'un trouble mental qu'il n'aurait sans doute pas encore détecté. plus patient que tu ne l'es en temps normal et à l'extérieur de l'hôpital, tu lui adresses un large sourire qui se veut réconfortant.
- mon service prend en charge principalement les troubles du système nerveux. tu expliques, calmement. dans la majeur partie des cas, les gens qui, comme vous, souffrent de migraine ne sont que victimes de maux qui se soignent par la médication. là aussi, tu te veux réconfortant. mon but aujourd'hui est de creusé l'origine de ces troubles avec vous, de comprendre ce qu'ils impliquent et la douleur qu'ils provoquent afin de déterminer si notre service doit ou non prendre en charge votre dossier où si la prise simple de médicaments peut faire passer ces migraines. nouveau sourire. alors dites moi.. quand se sont-elles manifestées pour la première fois ? tu presses sur ton stylo, prêt à prendre note, gentil petit pantin.

tu n'as jamais été, tu n'es pas et tu ne seras certainement jamais un don juan. la seule tentative que tu n'aies jamais osé tenter s'est révélée être un cuisant échec. échec qui a eu pour conséquence d'anéantir tes douces chimères, ce désir de connaître ces premiers émois, ce premier frisson dont parlent tous ces films. depuis, tu regardes de loin. tu fantasmes. tu rêves d'idylles qui ne se passeront sûrement jamais. et tu t'en inspires pour certains de tes courts-métrages. tu préfères tellement être derrière la caméra plutôt que sous son objectif. peut-être qu'un jour, tu vivras une belle histoire. enfin, une histoire quelconque serait déjà pas mal.

mourant de honte, tu te maudis silencieusement d'avoir l'air si stupide face à ce bel interne. ce n'est pas vraiment dans ton habitude de t'attaquer à un sujet sans la moindre préparation au préalable. bien au contraire, lorsque l'on t'impose un sujet, tu te blindes en savoir pour ne pas avoir à te retrouver face à un imprévu. enfin, tu ne t'es jamais retrouvé à devoir totalement improviser avec aucune matière en réserve.

ton interlocuteur t'explique que le service neurologique s'occupe des troubles liés aux systèmes nerveux. mais qu'est-ce que tu as foutu... logique que ça s'appelle neurologie s'ils s'occupent du système nerveux... imbécile... tu aimerais pouvoir disparaître à cet instant. et plus il te regarde, plus tu te sens mal de lui mentir. et quand il essaie de te réconforter en assurant que les patients présentant les mêmes symptômes que les tiens repartent généralement avec des médicaments. tu joues le soulagement et souris poliment. il t'invite à entrer dans le vif du sujet et à lui parler de tes migraines... le problème c'est que tu n'en as jamais. la pire chose que tu aies attrapé, c'est la varicelle ou une bonne grosse grippe. tu te doutes bien que les symptômes ne soient pas forcément les mêmes. il te sourit et ton coeur manque un battement. qu'est -e que tu dois faire? continuer à mentir ou avouer la vérité...

"-... et bien... "tu marques une petite pause, essayant de calmer ton esprit qui s'emballe. une pause te permettant de trouver tes mots. "... ça a commencé peu après mon arrivée à new-york. enfin, je crois. ou peut être peu de temps avant mes premiers examens." tu marques une nouvelle pause. "enfin, je ne suis plus trop sûr. peut être un peu avant. ca a commencé par des coups à l'avant de la tête... "tu cherches tes mots. tu n'as pas envie de continuer sur ta lancer. tu n'as pas envie de mentir. tu fuis le regard de ton interlocuteur. mais as-tu le choix "et depuis mon retour en ville, ma tête n'arrête pas. " tu jettes un furtif coup d'oeil à Eno pour voir si mon mensonge a réussi à le convaincre. "... du coup mon... docteur, vous pensez que j'aurais besoin d'un suivi?"

tu détailles un instant son visage. il a du charme, c'est notoire, tu ne peux pas le nier. il a l'air hésitant, aussi. et ça, ça t'effraie un peu. en règle générale, les maux de tête, ce n'est pas grand chose. beaucoup s'en inquiète alors qu'il ne s'agit que de migraines ponctuelles qui disparaissent très vite avec le bon traitement. mais dans son cas, ça l'air différent. vraiment différent. à voir comment il se tortille sur sa chaise et la manière dont il évite ton regard, t'as le sentiment qu'il te cache quelque chose. tu restes sympa, c'est vrai. tu réponds à ses questions, même si ça t'surprend un peu. tu joues la carte de l'interne gentil et à l'écoute pour ne surtout pas l'effrayer. malgré tout, tu te demandes s'il va vraiment bien. et lorsqu'il reprend la parole, ton inquiétude ne fait qu'accroître.
- ... et bien... il bégaie, cherche ses mots. ... ça a commencé peu après mon arrivée à New-York. enfin, je crois. ou peut être peu de temps avant mes premiers examens. enfin, je ne suis plus trop sûr. peut être un peu avant. ca a commencé par des coups à l'avant de la tête... ses propos sont décousus, n'ont aucun sens. t'as le sentiment que lui-même ignore tout ce qui lui arrive et, contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'est loin d'être bon signe. et depuis mon retour en ville, ma tête n'arrête pas. il marque une pause. ses yeux sont vitreux, son expression est étrange. il grimace. douleur ? tu ne sais pas. tu te lèves, tu fais le tour de ton bureau. ... du coup mon... docteur, vous pensez que j'aurais besoin d'un suivi? tu dis rien, pour le moment. c'est trop rapide pour poser un diagnostic. néanmoins, tu te dresses derrière lui. il est assis, toi, tu passes une main sur son front. tu cherches un pic de chaleur, mais tu n'en trouves pas. pas de fièvre, tu énumères, simplement. tu appuies sur ses tempes avec tes doigts.
- est-ce que c'est douloureux ? tu lui demandes en continuant de masser ses tempes délicatement. et puis, tu passes une main derrière sa tête, glisses tes doigts sur sa nuque et caresses lentement. et ici ? tu demandes, curieux. son cas est étrange, et pourtant, tu ne conçois pas qu'il soit entrain de te mentir. au contraire, t'as le sentiment que c'est plus grave que ça en a l'air. quand un patient bégaie à ce point, c'est jamais bon signe. n'est-ce pas ? tu attends ses réponses, tes mains continuant de palper sa tête à certains endroits précis.