a little too late to tell the truth (Vsevolod)

[ a little too late to tell the truth ]

@Vsevolod Siyanov
L’emploi du temps d’un politicien est toujours surchargé et alors que la campagne électorale fait rage pour la future élection municipale, le rythme de Laurie est encore pire. Entre rencontres, conférences de presse et dossiers à traiter, l’homme est toujours en train de travailler ou de penser au travail. Pas que cela le dérange vraiment, il vit depuis dix ans pour la politique et le fait qu’il puisse aujourd’hui mener sa propre campagne est une chance qu’il compte bien honorer. Dans sa vie personnelle, il est simplement amené à faire des choix, donner la priorité à certaines personnes sur les rares moments de liberté qu’il peut s’octroyer. Peut-être utilise-t-il parfois son travail comme une excuse pour ne pas aller manger chez ses parents ou chez sa sœur, mais entre son premier amour qu’il ne peut pas oublier et son ex qui est arrivé en ville pour le reconquérir, Laurie a suffisamment de choses à gérer. Il tente également du mieux qu’il peut de revoir certains vieux amis qu’il avait laissés derrière lui il y a dix ans. Il se refait un réseau, se retrouve une place dans cette ville qu’il chérit tant. S’il y en a toutefois qu’il ne pensait pas revoir, c’était bien Vsevolod. Si tous les deux avaient été très proches à un moment donné, le roux avait eu des propos que Laurie n’avait pas su pardonner. Faire son coming-out en tant que bisexuel avait été une épreuve pleine de doutes. Ses parents n’avaient pas aussi bien pris la nouvelle qu’il l’espérait et il avait donc renoncé à leur présenter Callum à l’époque, sachant parfaitement le scandale qui naîtrait de la relation entre un Bogart et un Dunne. Alors il n’avait rien dit, il avait seulement dit sa vérité sur son orientation, à sa famille, à ses amis, et il s’était confronté face à une homophobie insoupçonnée chez Vsevolod. A partir de là, Laurie avait coupé les ponts, refusant d’être ami avec quelqu’un qui ne pouvait pas l’accepter pour qui il était, qui pourrait potentiellement faire du mal à son petit-ami s’il lui dévoilait son identité.

Le message qu’il a reçu de sa part il y a quelques jours l’a donc profondément étonné et il ne sait toujours pas exactement comment réagir. Après plus de dix ans sans nouvelles, voilà qu’ils se retrouvent pour boire un café, en pleine journée. Le russe semblait pressé de dire quelque chose à Laurie, comme s’ils étaient toujours amis et qu’il allait lui annoncer une grande promotion ou un futur mariage. Peut-être est-ce le cas, mais le politicien ne comprendrait décidément pas que Vova veuille lui parler de sa réussite personnelle. Pourtant la curiosité a été piquée, il est suffisamment intrigué pour bel et bien se rendre dans le café indiqué à l’heure convenue. Laurie devrait être en train de travailler, il sait qu’en rentrant au bureau il aura la sensation d’avoir manqué beaucoup trop de choses, mais en revenant à la Nouvelle Orléans il s’est promis de faire son possible pour reprendre contact avec les personnes qui étaient restées ici. Vsevolod n’allait peut-être pas en faire partie, mais partager quelques minutes autour d’un café ne lui fera pas de mal.

Assis à une table avec sa tasse face à lui, Laurie observe les clients. Lorsqu’un grand dadet aux cheveux éclatants entre dans le café, il n’a aucun doute sur son identité. Il se lève alors, sourire aux lèvres et main tendue. « Bonjour. Ça faisait longtemps. » dit-il avec un air amusé. Poignée de main échangée, Laurie s'assoit à nouveau, attendant avec une impatience contenue que Vsevolod en dise plus. « Alors, comment tu vas depuis le temps ? » Il n’a absolument pas oublié tout ce qui a été prononcé, tout cela il en tient encore rigueur. Mais Bogart est un politicien qui a appris à ne pas montrer les crocs trop tôt.

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