family secrets (Walters-Caldwell)

âge : trente-cinq ans - 20.08.1987.

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@Robin Walters & @Sasha Caldwell & @Siobhan Caldwell

Dimanche 14 mars.

Prostrée sur son lit, Austyn pianote à la vitesse de l’éclair sur l’écran de son téléphone, échangeant des sms pressants avec son frère. Si elle est ravie qu’il soit enfin de retour en ville, elle n’a pas compris pourquoi il avait refusé de mettre un pied dans la maison familiale depuis son arrivée. Sa chambre était toujours là, similaire en tout point à la manière dont il l’avait laissée en partant la dernière fois, mais il avait apparemment jugé qu’elle n’était plus assez bien pour lui. Il s’est alors mis en quête d’un logement et ça, la benjamine Walters n’est pas certaine de ce qu’elle en pense. Elle, elle est toujours là, fidèle au poste malgré les conflits et les querelles qui ne cessent d’agiter la demeure familiale. Elle aurait aimé que Robin devienne un allié dans ce quotidien éreintant en compagnie de Sasha, mais elle comprend aussi qu’il n’ait aucune envie de passer du temps avec leur beau-père. Aucun d'eux n’a envie d’apprendre à le connaître, ils ont toujours dit qu’ils ne changeraient jamais d’avis sur la question. Et pourtant, sans même l’admettre complètement, Austyn est en train de le faire. Depuis l’incident qui s’est déroulé deux semaines plus tôt, elle s’est largement calmée en présence de Sasha. Plus de cris, plus de regards hautains, plus de piques glaciales. Parce que la gamine n’a plus la force de rien, parce qu’elle se sent vidée d’énergie par le simple fait de quitter son lit, elle ne peut offrir à l’homme que de légers sourires quand ils se trouvent dans la même pièce. Des sourires oui, parce que s’il y a bien une chose qu’elle peut dire, c’est que ce jour-là Sasha a été son sauveur. Alors bien qu’elle ne le connaisse pas assez pour faire preuve d’intérêt sur sa vie, elle peut au moins lui sourire un peu. Deux semaines qu’ils gardent pour eux un secret qu’elle lui a fait promettre de ne pas dire à sa mère, et elle sait qu’il l’a tenu. Une nouvelle confiance s'installe, bien qu’elle le déteste un peu. Elle se raccroche à lui, à leur promesse, incapable d’avouer à sa mère une chose dont pourtant elle n’avait pas le contrôle. Tout le monde voit bien qu’elle n’est plus elle-même Austyn, qu’elle peine à avancer, et pourtant elle ne dit rien. Elle a simplement utilisé cette douleur aujourd’hui pour demander à son frère de venir, d’être là pour le repas familial du dimanche. Et si elle en croit les messages qu’il a envoyés, il accepte de lui faire plaisir.

Lorsque la voix de sa mère retentit dans la maison pour lui dire que le déjeuner est servi, Austyn se lève rapidement pour enfiler ses chaussons et un vieux gilet qui appartenait à sa mère dans sa jeunesse. Un vêtement défraîchi qui lui fait du bien, parce qu’il sent cette odeur qui la rassure tant. Rapidement, elle descend les escaliers, rejoignant la salle à manger. « Je crois qu’on devrait rajouter un couvert. » dit-elle doucement sans donner plus d’explication.

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@austyn walters @robin walters @sasha caldwell

Quarante-six ans de vie, des années à jouer le rôle de la mère monoparentale de deux enfants et pourtant, Siobhan n’avait toujours aucun talent en cuisine. Seuls ses cookies de noël avaient réussi à passer le test. Et cela après des années et des années où elle avait peaufiné une simple recette de biscuits au sucre. Pour le reste, c’était une bataille bien loin d’être gagné, on pouvait même affirmer qu’elle était perdue d’avance. Malgré cela, Siobhan tenait aux repas en famille le dimanche, en général, elle commandait ou payait une tiers personne pour préparer le brunch. Tout du moins, c’était ce qu’elle avait toujours fait, si ce n’était d’amener ses enfants dans leur restaurant favori lorsqu’ils étaient encore en âge de la suivre jusqu’au bout du monde. Désormais, elle avait plutôt relégué la tâche à son mari. Un délice autant pour ses papilles que pour ses yeux. Lui derrière les fourneaux, elle s’en délectait avec autant de plaisir qu’elle en prendrait à manger ce qu’il préparait. Si on pouvait croire qu’elle l’avait choisi pour son âge et son physique, personne ne savait qu’en vérité, il l’avait surtout gagné par son estomac. L’avouerait-elle ? Sans doute pas. Son long kimono sur ses épaules, ses cheveux de feux remonter en un chignon grossier et ses lunettes sur son nez, elle n’avait plus l’apparence de la femme d’affaire, bien plus proche de cette mère, cette épouse, qu’elle savait être quand dimanche arrivait. Sans doute le seul jour où elle se donnait un peu de répit pour penser à autre chose que son boulot. Portant une fraise qu’elle avait volé d’un plateau pour la porter à ses lèvres peintes d’un rouge criard, elle dodelinait de la tête en produisant ces petits sons indicateurs d’une satisfaction trouvé. Observant son homme, elle s’approchait par derrière, venant entourer sa taille de ses bras de porcelaine, posant son menton sur cette épaule large. « C’est bientôt prêt, je meurs de faim. » Debout à l’aurore comme à son habitude, elle ressentait désormais la faim à mesure que les minutes défilaient. « Ça sent drôlement bon ce que tu nous fais. » ajoutait-elle en posant ses lèvres sur sa joue, signe affectif qu’elle estimait innocent pour les yeux de sa fille. Une fois Austyn les avait surpris et Shiv avait fait le choix de plus jamais tenté le diable.

Le brunch presque entier, la table couverte de douceur comme les croissants du pâtissier favori de la rousse à aller jusqu’à des assiettes remplis de divers aliments comme du bacon en grande quantité, des œufs brouillés et même une immense pile de pancake. De quoi nourrir un régiment complet pour simplement trois personnes, mais chez Walters la demi-mesure n’existait pas. Peut-être parce que la daronne savait que ses enfants ramenaient toujours des invités spéciaux pour manger à la maison, que sa sœur s’invitait ou tout autre personne. C’était toujours à la bonne franquette les brunchs du dimanche. La rousse s’approchait de l’escalier, criant le prénom de sa cadette – seul enfant encore présent sous son toit – avant de retourner à la cuisine pour préparer le jus d’orange fraîchement pressé. Austyn arrivait et sa mère levait la tête quelque peu étonnée d’être prévenue ainsi à la dernière minute. « Ah bon ? Qui vient ? Tu as invité un ami ? » Elle soulignait le un en sous-entendant que peut-être sa fille avait fait le choix de leur présenter quelqu’un. Tant de mystère qui éveillait la curiosité de la quarantenaire. Elle s’empressait de sortir assiette et ustensile de surplus avant de les tendre à sa fille pour qu’elle les dispose sur la longue table à manger.

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@Austyn Walters, @Siobhan Caldwell et @Sasha Caldwell

voilà maintenant deux mois que tu es rentré à la nouvelle orléans. deux mois et tu n'as toujours pas remis les pieds chez toi où même caché ta présence à ta mère. tu t'en veux d'avoir impliqué austyn dans l'histoire. bien que tu ne lui aies pas expliqué la vraie raison qui se cache derrière ton silence. tu as donc joué la carte sasha, racontant que sa présence te dérange. que tu te sentirais mal de l'avoir comme nouvel homme de la maison... alors que c'était ta place... bon, il y a peut-être aussi un peu de vrai derrière cette excuse toute faite.. mais, tu as besoin de ce moment pour réfléchir. pour essayer de comprendre toutes ses questions qui se bousculent en toi. si charles n'est pas ton père, qui est le vrai ? pourquoi ne pas te l'avoir dit? même avec son absence? et puis sur quoi d'autres t'a ton mentis ?
après une nuit de quelques heures, tu t'es levé aux aurores pour finir le montage de ce maudit sujet imposé. et tu en es finalement venu à bout. maintenant, tu peux enfin exaucer l'un des vœux d'austyn et que tu viennes briser cette glace que tu as construite. et que tu obtiennes des réponses à des questions qui te torturent l'esprit. seulement voilà, comment aborder la chose. tu ne vas quand même pas arriver là et demander des explications... alors que tu te caches sous son nez depuis quelques temps déjà. jamais, tu n'aurais imaginé être aussi en colère contre ta petite maman. ton téléphone se met à vibrer. ta petite sœur qui te presse. son enthousiasme t'a énormément manqué lorsque tu étais loin. checkant l'heure, tu commandes un Uber. il arrive te chercher dans trois petites minutes.
sur la banquette arrière, tu te joues une multitude de scénarios possibles... ce qui te provoque un certain sentiment de malaise. personne ne devrait ressentir une telle appréhension à l'idée de rentrer chez soi. la voiture s'arrête et ton coeur ne fait qu'un bon. tu vas enfin avoir tes réponses. puis c'est l'occasion de passer du temps avec austyn et avec un peu de chance tous les petits secrets feront déguerpir le nouvel homme de ce lieu. tu jettes un dernier regard à ta tenue. c'est assez casual. tu portes une chemise en flanelle orange, un jean que tu as certainement trouvé en friperie. tu souffles un grand coup. "tout va bien se passer. je rentre juste à la maison..." tes doigts glissent sur les clés. en te saisissant de la poignée, tu te demandes si tu ne ferais pas mieux de demander à ta petite soeur de venir t'ouvrir. tu secoues la tête et tu finis par ouvrir la porte. tu es de retour à la maison. d'habitude, le simple fait de passer la porte d'entrée emplit d'un sentiment de bonheur. mais, pas cette fois. ça a beau être la maison dans laquelle tu as grandi, mais tu t'y sens comme un étranger. "austyn! maman! je suis à la maison!"

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@Austyn Walters, @Siobhan Caldwell et @Robin Walters

Le regard perdu dans une monotonie confortable, Sasha se voyait assailli de milles choses. L'odeur du bacon grillé le replongeait dans des souvenirs d'enfance, lors de ces mêmes brunchs dominicaux qu'il chérissait. De rares moments où le quotidien effréné de ses parents ralentissait suffisamment pour qu'il puisse en profiter. Une amusante coïncidence voulait que se soit son père qui se démenait lui aussi derrière les fourneaux, garnissant la table des classiques américains que sa femme complimentait de quelques spécialités venues de l'est. Sasha s'était toujours bien moqué des plats qu'on lui servait, trop occupé à multiplier les questions et à se gorger de l'attention de ses géniteurs; le regard pétillant et le menton couvert de sirop d'érable. Sans doute que le gamin qu'il était s'était imaginé partager de tels moments avec ses futurs enfants. Et malgré son imagination débordante, il n'aurait sans doute pas anticipé qu'il se trouverait dans une telle situation des années plus tard.

Sasha finissait le reste de ses pancakes, hypnotisé par le frémissement de la pâte au contact de la poêle. Ses pensées, aussi nombreuses soient-elles, ne pouvaient s'empêcher de revenir sur un point fixe : l'incident d'Austyn dont il gardait le secret depuis maintenant deux semaines. La chose l'avait laissé passablement chamboulé; un mélange de crainte, d'incertitude et de colère qu'il ne savait comment appréhender et qu'il était condamné à apprivoiser seul. D'un côté lui venait le malaise et l'inquiétude ce qu'avait subit sa belle-fille, et de l'autre la culpabilité maladive de cacher une telle chose à sa femme. Chaque jour sous silence qui passait ne faisait qu'empirer la chose, et Sasha commençait sérieusement à craindre les conséquences. Mais il se savait tout aussi incapable de trahir la confiance d'Austyn de la sorte, avec quelque chose d'aussi personnel. Sasha savait également que dévoiler son secret serait mettre le dernier clou dans le cercueil de leur relation. Elle ne lui pardonnerait jamais, même si Sasha savait que c'était sans doute la meilleure chose à faire. Lorsque Siobhan se glissa derrière lui, ses bras autour de sa chance, affection et culpabilité se trouvaient au front de son esprit. « Presque. » répondit-il simplement en venant poser sa main libre sur les siennes, nouées sur son estomac. Sasha laissa s'échapper un léger rire à la remarque sa femme. Il ne s'agissait de rien d'exceptionnel, mais Shiv semblait trouver tout acte résultant en un plat comestible comme une preuve de talent culinaire indéniable. « Il faut bien que je te donne des raisons de me garder. » plaisanta-t-il, horriblement conscient d'une nouvelle raison qui faisait pencher la balance dans le sens inverse.

Sasha se félicita d'avoir eu la main lourde sur la plupart des ingrédients lorsqu'Austyn annonça qu'ils auraient un invité supplémentaire. Il ne cacha pas sa surprise et n'apporta aucune remarque au sous-entendu de sa femme. Il voyait mal sa belle-fille leur présenter quelqu'un dans l'état émotionnel dans lequel elle devait se trouver, mais ça, Siobhan n'en avait aucune idée. Plutôt que de le rendre curieux, cette nouvelle le soulagea quelque peu. Une tierce personne aiderait sans doute à animer la discussion et à divertir de silences pesants ou questions fâcheuses. Lorsqu'il entendit la voix de Robyn résonner dans la maison, Sasha s'en voulu presque d'avoir oublié que l'univers était contre lui et que le répit n'était pas prévu dans son futur proche. Dissimulé dans la cuisine, il s'autorisa un long soupir. Un bon moment en famille à venir, encore une fois.

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âge : trente-cinq ans - 20.08.1987.

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@Robin Walters & @Sasha Caldwell & @Siobhan Caldwell
Si son estomac ne criait pas famine, Austyn trouverait peut-être une excuse pour rester enfermée dans sa chambre et sauter le brunch dominical. L’idée de se retrouver en tête à tête avec sa famille ne lui fait pas vraiment envie, puisque le seul qui sait la mettre à l’aise actuellement est celui qu’elle s’est juré de haïr depuis plus de deux ans maintenant. Malheureusement, les besoins vitaux sont toujours là et elle se doit de se nourrir, au moins un peu. Revêtant des habits confortables, elle descend donc à l’appel de sa mère, guidée par les odeurs de nourriture. Nouvelle preuve que Sasha est peut-être quelqu’un sur qui elle peut compter, finalement. Ils seront quatre aujourd’hui autour de la table, une chose qui lui fait plaisir, mais aussi un peu peur. Robin n’a pas remis les pieds à la maison depuis qu’il est revenu en ville, elle veut lui laisser la surprise de l’annoncer lui-même à leur mère, sachant parfaitement la déception qu’elle ressentirait de l’apprendre autrement que par lui. Alors elle se contente d’une phrase un peu vague pour ajouter un couvert, mais en quelques secondes elle regrette de ne pas avoir simplement dit les choses telles qu’elles sont. « Quoi ? Non, bien sûr que non. » Elle réprime un frisson Austyn, complètement mal à l’aise par cette suggestion de sa mère. L’idée de rencontrer quelqu’un est actuellement à des kilomètres de ses pensées et la seule idée que Siobhan puisse imaginer ça lui met les larmes aux yeux. C’est une chose sur laquelle elle complexe un peu Austyn, déjà en temps normal. Autour d’elle toutes ses amies ont eu des histoires plus ou moins sérieuses, et si elle a mis plus longtemps que les autres à seulement s’intéresser aux garçons, aujourd’hui elle ne semble pas avoir ce qu’il faut pour vivre la même chose que les autres. En ce moment, c’est un sujet auquel elle ne veut même pas penser, refusant d’envisager quoi que ce soit avec qui que ce soit. Fort heureusement, la porte d’entrée s’ouvre et la voix de Robin se fait entendre dans la maison, apportant une distraction toute autre. Si l’envie de courir dans les bras de son frère l’anime immédiatement, elle laisse sa mère partir avant. A l’entrée de la cuisine, elle capte le soupir de Sasha et lentement, elle se tourne vers lui, lui adressant un sourire timide. « Merci d’avoir fait à manger Sasha. Ça sent vraiment bon. » Aux yeux de Robin, cette phrase prononcée avec douceur serait sans doute considérée comme un pacte fait avec l’ennemi, mais elle n’est plus sûre de le voir de cet œil-là Austyn. Depuis l’incident, elle voit les bons côtés de l’homme, se maintenant à lui comme à une bouée de sauvetage. « Courage. » qu’elle lui souffle avant de sortir de la cuisine pour rejoindre l'entrée, et finalement accueillir son frère. Comme toujours elle le prend dans ses bras, mais aujourd’hui l’étreinte est bien plus faible et rapide que d’ordinaire. Elle n’est plus très sûre de supporter les contacts pour le moment. « Et tu n’es presque pas en retard en plus, je suis fière de toi ! » Elle lui sourit d’un air amusé, faisant tous les efforts possibles pour avoir l’air détachée et enjouée.

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