to the ones we lost (Charlotte)

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@Charlotte Deckard

La Saint-Valentin est passée depuis presque un mois et pourtant Cassie ne s’en est toujours pas remise. Elle a fait des rencontres intéressantes, là n’est évidemment pas le problème, mais elle ne peut effacer de sa mémoire l’image de Maverick caressant les cheveux d’une autre femme, avant de l’embrasser dans cette salle de speed-dating. Cela fait quinze ans que la blonde tente de persuader le sportif qu’ils sont faits l’un pour l’autre. Elle le fait peut-être trop discrètement, trop subtilement, mais elle essaye tout de même. Et voilà qu’en trois minutes à peine, une autre femme arrive à avoir ce qu’elle meurt envie de posséder depuis tant d’années. Elle se sent idiote Cassie, idiote d’être aussi attachée à un homme qui ne la voit pas. Pourtant elle continue à y croire, à espérer qu’un jour il la verra enfin comme la femme de sa vie. Elle ne réalise même pas le mal qu’elle se fait avec son obsession, elle ne voit pas non plus toutes les personnes qu’elle croise à longueur de temps et qui, si elle leur donnait une chance, pourraient peut-être la combler bien mieux que Maverick en serait jamais capable. L’artiste vit dans un conte de fées, une de ces histoires à dormir debout, dans laquelle Deckard joue le rôle du prince charmant depuis qu’il lui a sauvé la vie. Il hante chaque jour les pensées et les espoirs de Cassie, mais elle fait tout de même de son mieux pour vivre un peu sa vie. Du temps passé avec ses sœurs, des moments partagés avec des amis, elle tente de chasser l’homme de sa vie de ses pensées pour avancer. Peut-être est-ce une bien mauvaise idée, mais aujourd’hui c’est chez la petite sœur de Maverick qu’elle se rend. Quand elle l’a rencontré il y a un an ou deux, elle s’est tout de suite dit que Charlie serait l’alliée suprême dans sa quête du cœur de l’aîné. Finalement les deux jeunes femmes ont développé une amitié bien à elles, qui ne regarde en rien le sportif qu’elles aiment tant. Si les sentiments de Cassie sont en vérité bien évident pour quiconque l’entend parler de Mav, elle n’a pas raconté à Charlie la vérité sur leur rencontre. Des personnes qu’elle a rencontrées depuis son retour à la Nouvelle Orléans, personne ne le sait. Cassie garde ce secret bien enfoui en elle, mais elle sent qu’il commence à la ronger dangereusement.

Sonnant finalement à la porte de l’appartement, elle tend avec un sourire le panier de muffins qu’elle a ramené. « Tiens, c’est pour toi. » dit-elle avant même de dire bonjour. Finalement elle entre dans le logement, ouvre sa veste mais la garde sur elle en attendant qu’elle lui offre de la retirer. « Comment tu vas ? » Une question bien simple avec laquelle elle ouvre une conversation pour l’après-midi.

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@Charlotte Deckard

Visite surprise qu’elle n’avait pas vraiment prévue, mais c’est une envie soudaine qui lui est venue. Cassie n’est pas la personne la plus sociable qui soit, elle a souvent du mal à passer du temps avec des personnes qui ne sont pas ses sœurs, alors quand l’envie lui prend de voir des gens, elle se doit de la saisir au vol. Elle sait qu’elle doit se forcer l’artiste, c’est important de voir du monde, de discuter, de partager. Alors elle fait de son mieux, retirant le plus de choses possibles des interactions qu’elle met en place. Lorsqu’elle entend un chien aboyer de l’autre côté de la porte cependant, elle regrette presque de ne pas avoir proposé à Charlie de se retrouver dans un café. Mais il suffit de voir le sourire de la jeune femme pour qu’elle se sente mieux. Peut-être parce que ce sourire, il ressemble tant à celui qu’elle aime énormément. Surprise par l’animal, Cassie ne prend même pas la peine de dire bonjour. Elle sourit, tend le panier de muffins avant d’entrer à la cuisine de la pompière. « Je garderai en tête de revenir avec de la nourriture. » Ca la fait rire Cassie, mais au moins elle sait que son attention fait plaisir. « J’ai eu de la chance de venir un jour de congé alors. » Elle aurait été déçue si personne n’avait répondu et elle se serait retrouvée bredouille avec tout un panier de nourriture. Le métier de Charlie est tellement prenant cependant, elle comprend bien que ce n’est pas toujours facile de s’arrêter. Elle en a des échos par Yaël, qui vit la chose d’encore plus près au travers de sa relation avec Heath.

La question fatidique tombe, mais elle n’a pas le temps d’y répondre. Déjà Charlie enchaîne, lui proposant de se mettre à l’aise, de se débarrasser de ses affaires. Ça l'arrange en vérité, puisqu’elle n’a jamais été une grande fan de donner de ses nouvelles Cassie. Un léger rire quitte ses lèvres tandis qu’elle ôte son manteau. « Je vais le ranger alors, il est déjà assez chaud comme ça. » Les quelques pas qu’elle fait pour rejoindre le placard désigné sont accompagnés d’une valse pour ne pas tomber sur Korra. Elle n’a jamais été très douée avec les animaux Cassie, elle est un peu trop dans son monde pour savoir comment communiquer avec eux. Pourtant, la chienne de Charlie ressemble tellement à une boule de poils toute douce qu’elle ne peut s’empêcher de se baisser pour la caresser légèrement, une fois son manteau bien mis en sécurité. Quelques battements de queue plus tard, elle se relève, se dirigeant vers la personne qu’elle est réellement venue voir. « Ça va aussi… rien de bien différent de d’habitude. » Elle aimerait pouvoir lui raconter des choses Cassie, lui dire que tout avance dans sa vie. La vérité est que sa carrière est à un point mort, personne hormis ses sœurs et quelques amis ne semble croire en son talent. Et sa vie personnelle… on a beau lui dire depuis des mois qu’elle devrait tourner la page, elle en est incapable. Entre les personnes qui lui disent d’avancer sans Maverick et celles qui lui disent d’être plus démonstrative, elle ne sait que penser. Alors elle reste égale à elle-même, discrète et effacée. « Tu as vu Maverick récemment ? » C’est ce qu’elle fait de mieux ça Cassie, poser des questions à d’autres personnes tout en feignant l’innocence. En vérité elle espère que Charlie lui dira oui, qu’elle pourra lui donner des renseignements sur cette femme qu’il a embrasser devant tout le monde le jour de la Saint Valentin. Se connaissaient-ils au préalable ? Ont-ils passé la nuit ensemble ? Se sont-ils revus depuis ? La blonde pourrait mener un véritable interrogatoire, mais elle n’est pas là pour ça. Elle était sincère en venant prendre des nouvelles de son amie, elle ne veut pas lui donner l’impression de n’être là que pour son frère.

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@Charlotte Deckard

Il lui faut quelques instants pour se faire à cette présence animale, mais une fois le manteau rangé, Cassie commence étrangement à se détendre. Peut-être parce qu’elle se déplace d’elle-même dans l’appartement, sans attendre que Charlie la guide à travers les pièces et ainsi, la petite chienne s’habitue à ce qu’elle soit là. Cassie envahit son territoire en quelque sorte, elle marque sa place, et les trois peuvent ainsi cohabiter plus ou moins calmement. Elle fait entièrement confiance à son amie pour savoir gérer la chienne de toute façon. Si elle dit qu’elle finira par se calmer, alors elle la croit et peut-être qu’elle osera même faire quelques caresses sur le pelage soyeux, une fois que Korra sera un peu plus calme. Pour le moment, elles se dirigent juste vers le salon, suivies des mouvements de queue incessants qui font tout de même le charme de la boule de poils. Cassie donne des nouvelles, rapidement, vaguement, parce qu’au fond il n’y a rien à dire. Sa vie est loin d’avancer à un rythme qui la satisfait. Depuis des années, l’artiste fait du sur-place, sa routine reste la même, jour après jour, sans qu’elle ne puisse améliorer son train de vie. Elle est heureuse, plus ou moins, mais elle a encore bien des étapes à franchir pour arriver là où elle rêve d’être. Mais elle ne peut pas dire tout ça Cassie, parce que ce ne sont pas des nouvelles qu’on donne à qui que ce soit. Alors elle ne parle que du manque d’excitation, parce que c’est une banalité affligeante que vivent la plupart des gens. Et après ça, elle devrait trouver un sujet de conversation normal, relativement neutre. Poser des questions à Charlie sur son travail, sa colocataire ou son programme du week-end. Il y a certaines limites à ne pas dépasser, des sujets un peu tabou parce qu’ils sont loin d’être anodins, mais aujourd’hui elle les franchit tout naturellement.

Maverick. Évidemment qu’elle parle du frère de Charlie, parce qu’il est le seul dont elle ne se laisserait jamais de parler. La boussole de sa vie, son phare dans la tempête. Elle s’y accroche comme à une bouée de sauvetage, sans même réaliser que celle-ci est faite de plomb et que, un jour ou l’autre, elle l’entraînera sous la surface. Peut-être même que c’est déjà fait en réalité, au vu de toutes ces sensations qui l’attaquent lorsque la blonde répète son nom. Elle se sent bien idiote quand Charlie lui demande pourquoi elle en parle, elle n’a pas de réponse, rien qui tienne la route. Déclarer qu’elle est totalement amoureuse de lui depuis quinze ans n’est certainement pas neutre, et pourtant elle doit bien trouver quelque chose à dire. « Pour rien, je me posais la question. Pour savoir comment il allait, comment tu le trouvais ces derniers temps. Il avait l’air en forme la dernière fois que je l’ai vu, mais on n’a pas beaucoup discuté. » répond-elle en faisant des gestes obscurs avec ses mains. Le problème de Cassie, c’est qu’elle a vraiment du mal à entamer des discussions, mais quand elle est gênée il arrive parfois qu’elle ne sache plus s’arrêter de parler. Alors oui, elle balbutie des mots sans intérêt, qui n’ont pas vraiment de sens. Depuis la Saint-Valentin elle fuit l’aîné Deckard en vérité, préférant s’éloigner pour ne pas risquer de se faire encore plus mal. Pourtant la curiosité est bien là, liée à cette femme qu’il a embrassé en public, aux relations qu’il fonde peut-être loin d’elle. La peintre se sent coupable de poser toutes ses questions, parce que Charlie est loin d'être seulement une manière d’avoir des informations. Elle l’apprécie beaucoup, value son amitié et elle ne voudrait pas qu’elle pense qu’elle est venue jusqu’ici simplement pour parler de son frère. Mais il faut croire que l’expression sur le visage de la plus jeune en dit beaucoup, parce que la prochaine question la gêne énormément. Le palpitant s’emballe, elle tente un sourire mais déjà ses joues s’empourprent. « Non, pas vraiment. » répond-elle, le regard fuyant, avant de soupirer. « Justement. Il ne se passe absolument rien. Il embrasse d’autres femmes en public, sans savoir à quel point il peut faire du mal à d’autres personnes. Et je veux qu’il soit heureux, vraiment, mais… s’il savait qui j’étais vraiment il saurait que je peux le rendre heureux. » Secret gardé depuis plus de trois ans maintenant. Maverick n’a aucune idée du passé commun qu’ils ont, Cassie et lui. Il ne voit pas les ressemblances, il ne capte pas les indices. Et le pire dans tout cela, c’est qu’il ne cherche même pas à recontacter la Cassie avec qui il était en contact pendant toutes ces années.

Gênée, l’artiste se penche pour se saisir d’un muffin et, du bout des lèvres, en croque un minuscule bout. « Pardon. Vraiment Charlie, je suis désolée. Tu n’as pas à m’en parler et je n’ai pas à te poser de questions, je ne veux pas te mettre dans une position délicate. Juste… est-ce que tu peux garder ça entre nous, s’il te plaît ? » Le regard implorant, elle espère sincèrement que la pompière pourra taire cet épisode pathétique la prochaine fois qu’elle verra son frère.

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@Charlotte Deckard

C’était Charlie que Cassie était venue voir, Charlie avec qui elle voulait passer un moment. Elle ne pensait pas que la conversation se tournerait vers Maverick et maintenant qu’elle s’est lancée dans le sujet, elle le regrette un peu. Au fond d’elle, elle avait peut-être l’espoir que le nom de l’aîné surgirait par moments dans la conversation, pour attraper des bribes d’informations que seule une sœur peut avoir. Mais ce n’était pas pour ça qu’elle était là, elle ne voulait pas que la jeune femme le pense et s’en offusque. Contre toute attente, Cassie l’appréciait vraiment depuis qu’elles s’étaient rencontrées et elle considérait Charlotte comme l’une de ses bonnes amies. Le fait qu’elle était la sœur de Maverick n’était en fait qu’un - heureux - hasard. Mais voilà, les mots sortent avec une rapidité phénoménale de la bouche de l’artiste et elle se retrouve à en dire bien plus qu’elle ne le souhaitait. « Ca lui fait plaisir de voir n’importe qui, il aime la compagnie. » Elle répond avec un sourire romantique, idéalisant le fait que son prince charmant est un homme sociable qui est l’ami de tous. Dans la vraie vie, il y aurait sans doute des nuances à apporter à cela, mais elle imagine le Deckard comme un homme parfait qui n’a aucun défaut. Si ce n’est celui de garder les yeux fermés.

Sur le visage de Charlotte s’étale à tour de rôle de la surprise, de l’incompréhension et sans doute de l’amusement, aussi. Assise face à elle, Cassie voit bien toutes les teintes qui passent dans ses yeux et elle se sent de plus en plus honteuse. Ses propres joues prennent une couleur cramoisie et pourtant elle ne s’arrête plus, parle comme si sa vie en dépendait et fait des gestes pour illustrer ses propos. Elle ne laisse pas son amie en placer une, continuant de déblatérer sur les dernières actions de Maverick en se rappelant de la douleur éprouvée quand elle l’a vu avec une autre. Puis finalement, se rendant compte de tout ce qu’elle vient de dire, elle ne demande que le silence d’une amie envers ce secret maintenant ébruité. Silence que Charlotte lui offre sans hésitation, excuses qu’elle balaye d’un revers de la main. La blonde se sent soulagée face à cette complicité qui se tisse en elle. Elle sait qu’elle devrait sans doute se confier à Maverick sur certaines choses, mais elle sait justement que c’est à elle de lui dire toute la vérité.

Mais si la pompière accepte de tout garder pour elle, elle veut tout de même en savoir plus. La curiosité qu’elle démontre embarrasse un peu Cassie, mais au fond elle est peut-être contente de pouvoir en parler à quelqu’un. Ca aurait été mieux pour tout le monde si elle se confiait à quelqu’un d’autre qu’à la sœur du principal intéressé, mais toutes les autres personnes de confiance autour d’elle en ont sans doute assez d’entendre le nom de Maverick. « C’est une assez longue histoire… » répond-elle d’une voix hésitante. Charlie veut poser des questions, mais Cassie n’est pas certaine de la longueur des réponses qu’elle attend. Le nouveau commentaire de son amie la fait réagir, elle sourit timidement en hochant la tête, ne sachant pas comment s’en sortir alors qu’elle a déjà tout dévoilé. « C’est plus qu’en pincer… J’ai des sentiments pour lui, mais il ne voit rien. Ce n’est pas faute d’avoir essayé pourtant. » C’est ce qu’elle croit Cassie, mais est-ce que ses tentatives n’étaient pas beaucoup trop faibles pour pouvoir être remarquées ? Prenant également un muffin, elle le fait tourner entre ses mains, presque comme une balle anti-stresse, avant d’en découper un morceau pour le manger. « Maverick et moi on a une histoire qui remonte à quinze ans en arrière. Il pense que j’ai emménagé en ville il y  a trois, quatre ans et c’est vrai, mais je suis née ici et j’ai habité la Nouvelle Orléans pendant dix ans avant qu’on déménage. » Plus elle parle et plus la tristesse remplace la naïveté sur son visage. L’histoire de sa rencontre avec Maverick n’a rien de beau, de romantique. C’est une histoire tragique qui l’angoisse encore quand elle y pense et sans doute est-ce pour ça qu’elle s’est accrochée si fort à celui qui lui a sauvé la vie. « Pendant Katrina j’ai perdu mes parents. Toute ma famille en fait. Un jour dans le chaos de la tempête, j’ai été séparée d’eux et je me suis retrouvée sur le toit d’une maison, pour ne pas me noyer. J’ai attendu là un bon moment, toute seule, puis des pompiers m’ont repéré et ils m’ont aidé. Maverick était volontaire à cette époque-là, c’est lui qui m’a aidé à descendre du toit. Il a compris que j’étais perdue et il m’a amené chez les Weaver. J’y suis restée presque deux semaines, avant qu’on retrouve mes sœurs. » Deux semaines de terreur où la jeune Cassie ne comprenait pas vraiment ce qu’il se passait. Elle n’avait que dix ans à l’époque et se raccrochait à Maverick comme s’il était son ange gardien. « Notre tante est venue nous chercher pour qu’on aille vivre chez elle, toutes les trois. Nos parents étaient… ils ont disparu dans l’ouragan. Elle vivait à l’autre bout du pays, sur la côte Ouest alors on est parties. Mais j’ai gardé contact avec Mav pendant des années. On s’envoyait des lettres, on s'appelait de temps en temps, plus ou moins régulièrement. » Et il n’en a pas fallu plus pour qu’il devienne l’une des personnes les plus importantes de sa vie. « Et quand je suis revenue m'installer ici, on s’est croisé, il ne m’a pas reconnu. Il n’a pas fait le lien entre la femme qu’il voyait devant lui, et la personne avec qui il parlait depuis des années. Sur le moment je n’ai pas su comment lui dire, et puis le temps est passé, on a forgé une amitié différente… » Levant les yeux vers Charlie, elle tente de savoir ce qu’elle pense de tout cela. Avant de prendre une grande bouchée de son muffin légèrement sec, pour ne pas risquer d’en dire plus.

Spoiler:

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@Cassie Scoresby
Les surprises continuent de s’enchainer, parce que les commentaires innocents de Cassie - que tu ne comprends pas complètement - se transforment en véritable révélation. Tu ne t’attendais pas à découvrir qu’elle ressentait quelque chose de particulier pour ton frère. Et maintenant elle te parle de longue histoire. « Je suis toute ouïe. » Pour l’encourager parce que vraiment, t’as envie de savoir ce dont il en retourne. Tu ne saurais exactement dire pourquoi ça t’intéresse autant, peut-être parce qu’il s’agit de deux personnes que tu apprécies tout particulièrement, peut-être parce que c’est tellement à l’extérieur de ce que tu pensais à la base. Ce l’est encore un peu plus lorsqu’elle confirme que c’est plus que juste un béguin. Des sentiments, c’est sérieux, c’est gros.

Et autant dire que le reste de l’histoire l’est tout autant. T’apprends d’un coup que Cassie habitait à la Nouvelle-Orléans, qu’elle a vécu une tragédie lors de l’Ouragan Katrina. Tu savais que Maverick était volontaire, même si à l’époque t’étais trop jeune pour vraiment être consciente de quoi que ce soit. Elle te parle de deux semaines passées chez les Weaver. C’est une surprise de plus, mais elle est presque accessoire dans le lot des révélations. La perte de ses parents est, finalement, ce que tu en retiens de plus. Peut-être parce que tu peux comprendre, d’une façon ou d’une autre. Tu n’as pas perdu tes parents aussi tragiquement, mais ta mère est morte soudainement te laissant ainsi orpheline. Au final, dans toute cette histoire, tu reconnais bien ton frère, celui qui aide, celui qui reste en contact par la suite. Cette partie de l’histoire n’est pas la plus surprenante, tout comme la fin où il ne l’a pas reconnu des années plus tard.
C’est beaucoup à digérer au final.
Et tu te retrouves sans mots, sans réaction toute définie. Il y a tellement de choses à adresser dans cette histoire. Autant commencer par le plus important. « Je suis désolée pour tes parents. » Ça sonne un peu bateau dis comme ça. « Je sais que ça ne devient pas nécessairement plus facile avec le temps. » Tu ne veux pas trop insister, assombrir le moment d’une quelconque façon si bien que tu lui adresses un petit sourire qui se veut réconfortant - pour ce que ça vaut.

Maintenant que c’est dit, tu peux te concentrer sur le reste, sur la montagne d’information qui reste dans cette longue histoire. « Je comprends mieux pourquoi tu disais que c’était une longue histoire. » À voir le sourire qui reste sur tes lèvres, elle pourrait facilement comprendre que ça ne te dérange pas, pas du tout même. Après tout, ça te permet aussi de mieux comprendre ton amie. Tu comprends un peu plus pourquoi elle a des sentiments pour ton frère, pourquoi lui n’est pas au courant de ces sentiments. « J’imagine qu’après tout ce temps c’est compliqué de lui dire la vérité. » De lui parler du lien qui les unit, de cette histoire. Déjà toi qui n’était pas impliqué, t’es prise de court par les révélations alors pour ton ainé… autant dire que ce serait sans doute (un peu) étrange à entendre.
Tu prends une bouchée de muffin, comme pour réfléchir. « Mais t’as pas envie d’essayer ? Même si ce n’était pas réciproque je doute que Maverick refuse de rester au moins ton ami. » C’est un drôle de conseil en soit, parce que tu sais que se faire rejeter est difficile - ça t’es arrivé à de nombreuses reprises après tout - mais en même temps, elle pourrait peut-être avoir tellement plus si ça fonctionnait. Enfin, de toute façon, toi tu as promis que tu ne dirais rien. T’as beau profiter des déclarations de Cassie pour être un brin distraite, tu ne vas certainement pas mettre le nez dans cette histoire.

Puis, au-delà des points importants, de tout ce qu’il y a à digérer - ce que tu ferais sans grand mal - il y a une réalisation de plus. « Mais tu sais, si ça se trouve, on a habité ensemble pendant les deux semaines que tu étais chez les Weaver. » T’étais encore bien secouée de ton temps dans le système, par la disparition de ta mère, mais avec du recul, les dates pourraient très bien concorder.

Spoiler:

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@Charlotte Deckard

Pour la première fois, Cassie se confie sur un des sujets qui pèse le plus sur son coeur. Ce n’est pas les oreilles de ses sœurs qu’elle rabache une nouvelle fois avec ses sentiments pour Maverick, ce n’est pas dans un carnet qu’elle pose des mots romantiques et désespérés. Aujourd’hui elle trouve le courage d’en parler à quelqu’un d’autre, quelqu’un qui ignorait entièrement tous les secrets qu’elle gardait en elle. Et certes, elle aurait sans doute pu trouver quelqu’un d’autre que la sœur du principal concerné, mais se confier à Charlotte lui fait un bien fou. Elle redoute les réactions, que la jeune femme lui dise que c’est trop gros pour qu’elle n’en parle pas à Mav, et peut-être qu’elle comprendrait au fond. Mais quand elle s’arrête de parler, ce n’est que le silence qui lui répond. Il ne faut rien forcer, rien presser, parce que Cassie a donné des informations importantes et inattendues, alors évidemment Charlie ne peut pas avoir de réponse toute faite à lui déballer. Alors elle mâche son muffin en regrettant d’avoir pris une si grosse bouchée, et quand finalement son amie trouve les mots, ils la touchent plus que prévu. Parce que Maverick n’est pas si important que ça et même lui ne comblera jamais le vide laissé par l’ouragan. « Merci. Ce n’est pas plus facile, non… on s’habitue au manque j’imagine. » Un sourire triste sur le visage, elle hausse les épaules, ne sachant pas vraiment comment en parler. Charlotte aussi a fait face au deuil. Elle ne sait pas comment, quand ou dans quelles circonstances, mais elle a conscience que la blonde peut comprendre de quoi il est question.

Elles ne s’attardent pas sur le sujet cependant, puisque rapidement la pompière sourit davantage et se concentre sur l’autre partie de l’histoire. La longue histoire. Tellement de temps s’est passé sans que la vérité ne soit dévoilée, qu’il est difficile aujourd’hui de savoir comment en parler. Ce n’est pas vraiment un mensonge, Cassie ne pense pas avoir menti à Maverick sur qui elle était… les circonstances ne l’ont simplement jamais aimé à tout lui dire. « Oui, je ne sais pas trop comment faire. On a construit quelque chose d’autre, une belle amitié, et je tiens vraiment à lui. J’ai peur qu’il ne comprenne pas s’il apprend tout ça. » Parce que qui comprendrait ? N’importe qui d’autre se serait présenté à Maverick en lui rappelant leur histoire commune et aurait développé un nouveau lien en partant de ce qui existait déjà. Cassie, elle, a eu trop peur, et vit encore dans les conséquences de cette timidité. « J’ai essayé. Ou du moins, j’ai tenté d’essayer. Mais je ne sais pas comment m’y prendre, chaque fois que je lui tends des perches il semble ne pas les voir. Et la seule fois où il a exprimé un peu de désir envers moi, il était à l’autre bout du pays et on se parlait par sms… » Charlie n’a sans doute pas besoin de connaître tous les détails, mais il est tout de même important de noter que Maverick a répondu, au moins une fois, aux avances camouflées de la peintre. « Il voudra rester mon ami, mais je ne sais pas si on en serait capable. Tout serait étrange après ça… » Les rapports seraient cordiaux, mais la gêne bien présente. Cassie n’oserait plus s’approcher, rire à ses blagues, lui parler sans donner l’impression d’espérer quelque chose. Et lui serait sans doute plus réservé, craignant que chacun de ses gestes ne soient ensuite analysés au microscope par la sentimentale. Évidemment que tout n’est pas encore perdu, elle continue d’y croire la blonde et une partie d’elle aimerait être assez courageuse pour tout risquer. Mais si dans ses rêves les plus fous tout se termine bien, sa conscience lui chuchote tout de même de faire attention.

Puis vient une réalisation nouvelle, à laquelle Cassie n’avait jamais pensé. Si elle a rencontré Maverick quand elle était enfant, alors Charlotte était sûrement dans les parages également. « C’est vrai ? Enfin oui, ça doit l’être puisque Maverick était là. Je t'avoue que je n’ai pas fait tellement attention aux autres personnes qui étaient là, j’avais peur de tout… » Et à juste titre, puisqu’elle se retrouvait seule au monde dans un endroit inconnu, avec une ville totalement dévastée autour d’elle. Elle se souvient tout de même de la jeune femme qui traînait autour de Mav, celle qui était bien plus qu’une amie et qui n’avait rien d’une soeur. Charlotte pourtant, elle n’a pas marqué sa mémoire et elle le regrette aujourd’hui, parce qu’elles auraient pu être amies depuis tout ce temps. « J’étais la blonde qui pleurait tout le temps et qui se faufilait dans le lit de Mav pour ne pas être seule. » Il avait été son doudou avant d’être quoi que ce soit d’autre et au fond elle n’a pas peur de l’admettre. « Tu n’y es pas arrivée en même temps que lui ? » Ca la questionne tout de même, Cassie se rend compte qu’elle ne connaît pas totalement l’enfance de Charlie.

Spoiler:

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@Cassie Scoresby
T’as beau ne comprendre qu’une infirme partie de tout ce que Cassie te raconte, tu fais de ton mieux pour lui donner une réponse digne de ce nom. Tu rebondis sur ce que tu connais au moins un peu. Et pourtant, t’es que trop consciente que vos situations ne sont pas comparables. T’étais encore bien jeune quand ta mère est morte et tu n’as pas connu ton père. T’as eu un deuil à faire oui, mais ça a certainement du vous affecter différemment. « C’est une bonne façon de le dire je pense. » Même si, au final, tu ne sais pas trop ce que ça implique de s’habituer. Les roadtrips avec Maverick t’aident à ce niveau-là, il t’aide à faire la paix avec sa mort et les sentiments contradictoires que t’as à ce niveau-là.

Mais au final, la question du deuil - aussi importante soit-elle - ne fait que pale figure face aux restes des révélations de la jeune femme. Tu te demandes à quel point tu es aveugle, de n’avoir jamais rien remarqué dans leurs interactions. Peut-être aussi que c’est juste que Cassie est particulièrement douée pour le camoufler. Maintenant que tu le sais, ça soulève un bon nombre de questions et un aussi gros nombre de problèmes potentiels. Pas tellement pour toi, non, tu ne te mêlerais pas plus que ça de leur histoire, mais pour elle très certainement. Le fait qu’elle garde un si gros secret, un double secret qui plus est, complique très certainement les choses. Pour autant, tu peux comprendre d’où elle vient quant à lui dire maintenant. « Pourquoi tu ne lui as pas dit sur le coup dans ce cas ? » Tu demandes comme si c’était une chose si facile à faire. Il faut dire que tu ne réfléchis pas toujours (ou même souvent) aux conséquences de tes actions. T’as tendance à dire les choses comme elles te viennent en tête pour le meilleur et pour le pire. Ça te permet d’éviter l’hésitation dans une grande majorité des cas même si tu ne peux pas savoir ce que ça aurait fait dans une situation similaire. Quoi qu’il en soit, tu décides d’ignorer habilement la mention de ton frère en lien avec un quelconque désir, il y a des limites à ce que tu veux apprendre à son sujet. « Après ça reste Maverick, si t’as été subtile ça lui est surement passé par-dessus la tête. » Bon c’est un peu le sous-estimer, mais c’est très possible, tu sais que t’aurais jamais capté à sa place. Enfin, pas que tu sois un exemple en la matière ou une experte qui peut vraiment donner des conseils à Cassie. « Ce serait surement gênant pendant un moment, mais vous pourriez passer par-dessus. » Ça semble surtout être la meilleure option à tes yeux. Mieux vaut un peu de gêne pour quelques temps que garder le tout secret à jamais. « Enfin, tu fais ce que tu veux, je ne dirai rien, mais ça peut te faire du mal à terme. » Parce que bon, si ton frère n’est pas au courant de ce qui se passe dans le coeur de la blonde, il ferait sa vie sans elle. Enfin, aussi, si t’étais pleinement honnête, tu soulignerais que Maverick n’est pas non plus du genre à se poser, mais t’y penses même pas sur le coup.

À la place, tu réalises que vous avez quelque chose de plus en commun à savoir le fait d’avoir été dans le foyer Weaver en même temps. Les maths ne sont pas ta plus grande force, mais ça te semble logique aux vues des années et de vos âges. T’hoches la tête pour confirmer la chose à Cassie, tout en prenant un autre muffin. « T’inquiètes, vu les circonstances y’a rien d’étonnant à ça. Puis j’étais pas très commode à l’époque. » Enfin, t’avais surtout du mal à te faire à une nouvelle réalité. Ça devait faire quelques années que t’étais chez les Weaver, mais c’était toujours une période d’adaptation. C’est ton excuse pour expliquer que tu ne lui as pas tendu la main à l’époque, peu importe ce que ça vaut. À la question que ton amie t’adresses tu grimaces légèrement. Tu ne sais pas ce que tu peux dire sans dévoiler trop de chose concernant ton frère. « Non, je suis arrivée quand j’avais sept ans. » Une réponse qui n’explique rien, t’en es bien consciente. « En fait Mav’ c’est mon demi-frère. J’étais avec notre mère jusqu’à ce qu’elle meurt… » Si Cassie lisait entre les lignes, elle comprendrait que Maverick n’était pas là. Tu ne détailles pas le pourquoi ou le comment, ça semble être des informations qu’il devrait partager lui-même « Et du coup, voilà, je suis arrivée plus tard. Mais c’est dommage, avoir su on aurait pu être amies depuis tout ce temps en fait. » Ça semble être une bonne façon de décrire les choses. Dommage que cette sagesse te vienne si tard en fait.

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[ to the ones we lost ]

@Charlotte Deckard

En entendant les réactions de Charlie, Cassie se sent soudainement beaucoup plus légère. Parce que tout va bien à présent, elle s’est libérée d’un poids qu’elle porte depuis longtemps et son amie ne semble pas la croire complètement folle. Elle pourrait pourtant, parce que Charlie n’est pas simplement une amie dans cette histoire, qu’elle le veuille ou non elle est un peu impliquée. Parce qu’il s’agit de son frère et que sa loyauté pourrait se retrouver coupée en deux. Pourtant elle promet de ne rien dire, de rester plus ou moins neutre, ce qui a pour effet de délier un peu plus la langue de l’artiste. C’est une choses assez rare de l’entendre parler autant, surtout sur des sujets aussi privés, mais elle se sent en confiance, la jeune femme face à elle pose les bonnes questions, ce qui aide grandement, jusqu’à ce qu’une interrogation la surprenne légèrement. Cassie sait bien qu’elle aurait dû agir ainsi et tout dire à Maverick la première fois qu’ils se sont revus. Elle aurait dû se présenter, lui rappeler qui elle était, mais prise au dépourvu elle n’avait pas osé. Peut-être qu’elle attendait le moment parfait pour le faire, il faut dire que des scénarios de retrouvailles elle en avait vécu des milliers dans son esprits, et aucun ne ressemblaient à ça. « Ca t’est déjà arrivé d’être dans une situation où tu ne sais pas vraiment quoi dire ? Tu bafouilles quelques mots sans réfléchir et puis c’est une fois rentrée chez toi que tu penses enfin à toutes les choses intelligentes que tu aurais pu dire ou faire dans la situation. » Cassie c’est principalement ainsi qu’elle vit, avec une distance mise entre elle et la réalité. « C’est un peu comme ça que ça s’est passé. Je crois que j’étais trop persuadée qu’il me reconnaîtrait, le jour où on se verrait. Alors quand il s’est présenté sans avoir la moindre idée de qui j’étais… je ne savais pas quoi faire. Donc je n’ai rien fait. Et depuis je retourne le truc dans ma tête, encore et encore, en me rendant compte de l’idiote que j’ai été. » Tout serait bien plus simple si Maverick connaissait la vérité. Peut-être même qu’il aurait enfin ouvert les yeux, parce qu’il se rendrait compte que leurs destins sont liés. Au moins Charlotte arrive à la faire rire en disant que c’est sans doute passé au-dessus de l’esprit de son frère. Oui, il n’est pas le plus observateur sur ce genre de choses, mais les indices de Cassie ont été si nombreux qu’elle ne voit pas comment ça aurait pu lui échapper. « Je sais que tu as raison, qu’un jour je vais devoir tout lui dire. Ca va être étrange, il va tout faire pour que ça ne le soit pas, mais honnêtement je pense que la seule manière pour que ça reste normal, c’est s’il ressent soudainement la même chose que moi. Ce dont je doute un peu. » ajoute-t-elle en esquissant un sourire. Elle reste de bonne humeur, parce que si elle sait bien que Maverick ne ressent rien actuellement, elle garde cet espoir que ça changera un jour. Peut-être qu’il ne se rend pas compte de ce qu’il ressent, mais que les sentiments sont bel et bien là. Ou peut-être les développera-t-il plus tard, et là-dessus Cassie saura être patiente.

Au moins cette conversation a  l’avantage de rapprocher les deux jeunes femmes, puisqu'elles réalisent soudainement s’être déjà croisées. Quel âge avaient-elles, se sont-elles parlées ou ont-elles joué ensemble ? Aucune des deux ne s’en souviendra, mais c’est assez plaisant de se rendre compte que leur chemin se sont entremêlés. Ca, pour la blonde, c’est bel et bien un signe du destin. Elle aurait presque envie de rire en imaginant Charlotte peu commode. Une image d’une petite fille aux épaules tendues et au regard noir tranche complètement avec son amie actuelle. Mais les circonstances n’ont rien de drôles. Aucune d’elles n’étaient sans doute ravie d’être là, et en entendant la suite de l’histoire, Cassie perçoit bien qu’il devait y avoir une douleur aigüe rongeant la petite Charlie. « Je suis désolée pour votre mère. Je ne savais pas que vous n’aviez pas grandi ensemble, c’est bien que vous vous soyez retrouvés plus tard. » Elle lui adresse un sourire triste, mais ne pose pas plus de questions. Les histoires de familles peuvent être douloureuses et elle ne veut pas forcer Charlie à en dire plus qu’elle ne le souhaite. Ca ne la regarde pas de toute façon, bien qu’elle soit curieuse son respect pour les Deckard est plus grand. La mention de leur amitié la fait sourire. Est-ce qu’elles auraient réussi à rester en contact tout ce temps ? « J’ai déménagé dans le Nord-Ouest après tout ça, on ne se serait pas vu pendant des années. Mais bon, si j’ai réussi à rester en contact avec Mav pendant tout ce temps, on aurait pu aussi ! » Quelque chose lui dit que Charlotte aurait été un peu plus appliquée dans la correspondance que son frère, alors oui ça aurait été possible. Elles se seraient retrouvées avec joie quand Cassie a décidé de revenir vivre à la Nouvelle Orléans et peut-être que Charlie aurait été une avocate stratégique dans la relation avec Maverick. Beaucoup de peut-être, beaucoup de et si. « Et toi alors, tu as quelqu’un en vue ? Ou quelqu’un tout court peut-être ? » Un nouveau changement de sujet, parce qu’il lui semble plus joyeux de s’éloigner des deuils, des tragédies familiales et de son cœur hésitant.

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@Charlotte Deckard

Les grimaces de Charlie laissent penser que Cassie en dit trop, qu’elle s’étale sur un sujet qui ne met personne à l’aise et qui n’a pas lieu d’être. Après tout, elles sont devenues amies grâce à Maverick et ce n’est pas juste que Cassie se livre sur lui de cette manière-là. Et elle le comprend quand la sœur du principal intéressé annonce que c’est de sa faute. « Non ! C’est moi qui n’ait pas assuré. J’aurais dû trouver le moyen de lui dire depuis le début, il ne pouvait pas savoir. » La dernière fois que Maverick l’avait vu, elle avait dix ans. En revoyant une jeune femme de vingt-deux ans, il était évident qu’il ne la reconnaîtrait pas, encore plus parce qu’entre temps Cassie avait changé de nom de famille. Elle n’avait rien fait pour aider Maverick, si ce n’est passer son adolescence à rêver au prince charmant et à imaginer une rencontre digne des comédies romantiques les plus niaises qui soient. Pourtant, aujourd’hui, Charlie a raison. Cela fait quatre ans qu’ils se sont retrouvés, ce n’est plus la peine de ressasser la scène en pensant à tout ce qui aurait pu être différent. « C’est trop tard pour changer ça, mais il faudra tout de même que je le lui dise. » Avouer la vérité semble la meilleure des options, bien qu’elle inquiète Cassie plus que de raison. Elle connaît suffisamment Maverick pour savoir qu’il fera tout pour que cela se passe bien, pour qu’ils puissent rester amis sans gêne, sans méprise, mais là réside le problème : elle n’a aucune envie de rester une simple amie. Pourtant les sentiments ne se contrôlent pas et Cassie n’a aucun pouvoir sur ceux de quelqu’un d’autre, mais elle continue d’espérer. « Oui, peut-être que ça s’améliorera… » C’est sans doute ce qu’il faut se dire, continuer à croire, pour que ça devienne vrai.

Apparemment, les choses se sont améliorées aussi pour la fratrie Deckard, puisque Charlie et Maverick se sont retrouvés après avoir grandi séparément. Dans les expressions et le ton de la jeune femme, Cassie comprend qu’il vaut mieux qu’elle ne pose pas trop de questions. Certaines choses ne la regardent pas, elle en apprend déjà un peu aujourd'hui, il vaut mieux ne pas pousser sa chance. Elle se contente de sourire quand son amie lui dit qu’elle va bien maintenant. « J’aime ta manière de voir les choses Charlie. » Le commentaire est sans doute inutile, mais ça lui fait vraiment du bien à Cassie, d’être là à échanger avec elle. Malgré tout ce qu’elles ont pu vivre auparavant, aujourd’hui elles vont bien et c’est assez pour se réjouir. Ça la pousse à rire quand à nouveau la pompière fait un commentaire sur son frère. Oui, Maverick n’est sans doute pas le plus assidu pour maintenir une correspondance, et pourtant avec elle il a réussi. Charlie aussi aurait pu le faire, si elle en avait eu l’occasion, mais il faut dire que Cassie n’a gardé de contact qu’avec très peu de personnes quand elle a déménagé. « C’était un peu étrange au début, de partir vivre à l’autre bout du pays sans mes parents. J’avais seulement dix ans, alors c’était un dépaysement un peu difficile. Mais j’ai appris à aimer la ville. Ce n’était pas bien grand, mais c’était en bord de mer alors c’était assez agréable. Juste beaucoup moins animé que la Nouvelle Orléans. » Elle rit un peu à la dernière phrase, parce qu’il est vrai que ce lieu est connu pour ses fêtes et sa vie nocturne. Pas que Cassie soit revenue s’y installer pour ça, mais il est clair que la Nouvelle Orléans a un charme que nulle autre ville ne pourrait avoir. Même après douze ans passés à Westport, sa maison est ici.

Après s'être confiée sur sa vie sentimentale et familiale, l’artiste se rend compte qu’elle a beaucoup monopolisé la discussion. S’il est agréable de parler à une amie des sujets qui pèsent sur son cœur, elle veut être également présente pour Charlotte. Celle-ci rit un peu nerveusement, mais Cassie ne change pas sa question, elle veut une réponse un peu plus développée. Et lorsque finalement l’explication arrive, elle adresse un sourire désolé à la principale intéressée. « Je comprends, ça m’est arrivé aussi. Mais en quoi ce ne sont pas les bonnes personnes ? » Cassie cherche à comprendre un peu plus, parce qu’au fond leurs situations sont différentes. Si elle tombe toujours amoureuse des mauvaises personnes, c’est parce que personne n’est Maverick Deckard. Ce qui est un problème encombrant lorsqu’elle cherche à entamer une relation, mais elle doute que son amie lutte avec les mêmes obstacles. « Il y a du bon dans le célibat, je suis d’accord. Mais tu n’as pas envie de trouver quelqu’un ? » Sans s’en rendre compte, Cassie devient l’amie chiante qui pose des questions indiscrètes sans même savoir l’effet qu’elles peuvent avoir sur Charlie. Ca ne part pas d’une mauvaise intention, elle a simplement l’habitude d’être une romantique extrême et désespérée et pense que tout le monde réfléchit ainsi.