once upon a time we're burning bright / cassie.

[ once upon a time we’re burning bright ]

@Ezekiel Mahoney

Le bruit est net, clair et précis. Elle ne peut pas y échapper et sous les attaques sonores, ses rêves se déforment pour la maintenir dans un sommeil un peu moins profond. Peu à peu la conscience revient, elle capte que quelque chose ne va pas. La main qui sort de sous la couette, tâte pour éteindre un réveil qui n’est malheureusement pas la cause du vacarme. Alors le palpitant se soulève, s’accélère. Elle a l’impression que c’est de sa faute Cassie, que c’est elle qui a causé ce bruit. Elle se redresse brutalement, les cheveux à moitié attachés dans son chignon emmêlé. L’alarme incendie. La panique. Dans le couloir elle perçoit déjà des voix, des bruits de pas. Certains voisins sont peut-être inquiets, d’autres descendent dans la rue comme le demande le protocole d’évacuation, sans se poser de questions. Et elle respire Cassie, elle s’oblige à ne pas sombrer dans ses souvenirs terrifiants. Elle se souvient d’alarmes, d’exercices pour contrer les catastrophes. Incendies, tornades, ouragans. Ça ne suffit pas toujours ce genre de choses. Mais le passé ne se répète pas, elle est adulte aujourd’hui, elle doit se lever. Chaussures qu'elle enfile rapidement sans même mettre des chaussettes, elle prend ses clés et la seule photo qu’elle possède de sa famille au complet. Celle sur laquelle ses parents lui souriront toujours. On ne sait jamais. Puis elle sort, suit la file de voisins sans même avoir pris le temps de réfléchir plus posément. L’extérieur et le froid, immédiatement. Elle ne s’est pas couverte l’artiste, elle n’a qu’un short de pyjama et un tee-shirt à manches longues. Alors elle croise les bras, essaye de maintenir la chaleur du sommeil qui l’habite encore, mais dans le bazar environnant il n’y a pas grand chose à faire. Elle s’éloigne juste un peu, se souvient de ce qu’on lui a toujours dit. En cas de danger, reste éloignée des bâtiments. Tu ne sais pas quand ils pourraient s’écrouler. Et puis même en dehors de ça, il est trop tôt pour faire la conversation avec ses voisins qu’elle connaît à peine, elle veut seulement retrouver son oreiller et les rêves qu’elle faisait avant tout cela. Elle observe seulement la foule, comme elle le fait si bien. Les enfants qui déjà se mettent à jouer ensemble, inconscient du danger qu’ils pourraient potentiellement courir. Les parents qui se parlent entre eux, certains qui rient, comme si ça ne les dérangeait pas d’être sortis ainsi du lit. Elle ne sait pas comment ils font tous, pour voir le positif dans cette situation-là. Heureusement qu’il y en a d’autres comme elle, l’air encore bien endormi. Mais endormi, son voisin de palier ne l’est malheureusement pas. Elle sursaute un peu Cassie, en entendant la voix d’Ezekiel près d’elle, qui cherche à lui parler, comme toujours. Il est toujours là lui, toujours prêt à entamer la conversation, à trouver un sujet pour discuter avec elle et elle ne comprend pas. Pourquoi il s’obstine, pourquoi il sourit. Elle n’a rien d’intéressant, rien à lui donner et certainement aucune envie de passer du temps à lui parler. Alors elle hausse les épaules en guise de réponse, frissonnant doucement dans ce mouvement forcé. « Parce que toi c’est ton truc ? » elle répond sur un ton neutre, plus pour combler le silence qu’autre chose. Oh elle sait bien que le jeune homme pourrait parler seul pendant de longues minutes s’il le voulait, mais elle n’a pas la force de l’écouter parler tout de suite. « Si tu es en train de te découvrir une nouvelle passion : s’il te plaît, ne mets pas de réveils trop forts au milieu de la nuit. Tu n’as pas besoin de réveiller tout l’immeuble si toi tu veux vivre la nuit. » En vérité elle n’a pas vraiment à se plaindre Cassie, Ezekiel n’est pas le voisin le plus bruyant qui soit. Les quelques conquêtes occasionnelles sont parfois plus bruyantes qu’elle le voudrait, mais au fond ça n’arrive pas si souvent. « Tu ne dormais pas ? » Sans vraiment savoir pourquoi, elle relance la discussion, pose une question. Pas qu’elle soit vraiment curieuse de la réponse, mais elle ne comprend simplement pas comment il peut déjà avoir autant d’énergie.

[ once upon a time we’re burning bright ]

@Ezekiel Mahoney

Elle ne voulait pas être réveillée comme ça Cassie, elle ne voulait pas passer sa nuit dehors. Ce sont des choses qui arrivent, elle le sait, pas besoin de paniquer. Peut-être qu’il ne se passe rien, que ce n’est qu’un exercice, une manière de s’assurer que tous les habitants de l’immeuble ont les bons réflexes. Mieux vaut penser ça d’ailleurs, plutôt que de se faire tous les scénarios catastrophes qui passent souvent dans sa tête. Elle respire, dans l’air frais de la nuit, elle se force à retrouver son calme, à avoir des pensées positives. Jusqu’à ce que Ezekiel arrive, évidemment. Parce que dans une situation aussi extrême que celle-ci, il ne pouvait pas la laisser seule. Ça l’énerve Cassie, parce qu’elle n’a aucune envie de faire la conversation. Pas la patience, pas la force de se forcer à parler, de se triturer les méninges pour trouver quoi dire, comment le dire. Elle n’est pas la personne la plus sociable qui soit. Trop timide, trop renfermée, trop incertaine sur tout. Le silence ne la dérange pas, encore moins aux heures où elle devrait être profondément endormie. Parce que ouais, il a beau avoir un beau sourire le brun, elle sait qu’à trop l’entendre parler maintenant, elle n’arrivera pas à retrouver le sommeil une fois de retour dans son lit. Elle se connaît trop bien. Pourtant derrière toute la timidité, il y a aussi un surplus de politesse, une envie brûlante d’être acceptée, d’être vue. Alors elle répond. Pas très enthousiaste la blonde, pas très enjouée. Mais les mots sortent tout de même de sa bouche, peut-être pour éviter qu'il ne parle tout seul. « Sans doute qu’on ne choisit pas les meilleures aventures, elles nous arrivent sans qu’on s’y attende. Mais cette aventure-là… je ne sais pas si elle t’apportera grand-chose. » Tiraillée entre son esprit romantique et l’appel de son lit, elle sait en tout cas qu’elle aurait bien dit non à cette quête-ci. Elle qui a toujours la tête dans les nuages, sait qu’il faut faire confiance aux éléments, attendre de voir ce qui peut arriver, ne pas forcer le destin. Aucun héros ne cherche par lui-même à changer son destin, et pourtant tous traversent monts et merveilles à un moment donné. Mais autour d’eux, il n’y a rien de merveilleux. Seulement la panique remuant le voisinage, le froid qui les paralyse. « Il est tard pourtant, pourquoi tu ne dormais pas ? » demande-t-elle, un peu plus curieuse. Ça ne la regarde en rien et soudainement elle se dit que peut-être il était trop occupé avec quelqu’un. Cassie épie discrètement la foule, cherchant une tête familière qu’elle aurait déjà pu voir sortir de l’appartement d’Ezekiel, mais personne ne fait resurgir de souvenirs. Lorsqu’elle repose son regard sur lui, il a changé de tenue, étant maintenant en tee-shirt. Elle écarquille les yeux la peintre, ses joues prenant une teinte bien colorée alors qu’elle secoue la tête doucement. « C’est gentil Ezekiel, mais tu vas avoir froid. C’est ma faute, j’aurai dû prendre un pull, j’étais juste trop fatiguée pour penser à prendre quoi que ce soit, dans la panique et tout le reste… » Rougissant encore, elle se rend compte qu’elle fait cette chose désagréable de trop parler lorsqu’elle est gênée. Le regard qu’il lui lance la pousse à croire qu’il est sincère, alors elle prend son sweatshirt, l’enfile avec un petit sourire. « Je ne te prenais pas pour un preux chevalier. Merci. » dit-elle une fois le pull autour d’elle. Elle se sent bien mieux maintenant, réchauffée par le vêtement mais également la simple chaleur de son voisin, qui avait comme préparer l’étoffe pour elle. « Tu penses que ça va durer longtemps ? » Changer de sujet, ça semble un peu plus sûr en cet instant.

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@Ezekiel Mahoney

Ezekiel sourit, il voit les choses de manière positive, même maintenant, après avoir été réveillé en sursaut au milieu de la nuit. Elle ne comprend pas bien comment il fait Cassie, comment il réfléchit, mais pour une fois elle prend le temps de s’attarder sur lui, sur ce qu’il dit et comment il le formule. Des années qu’ils vivent côte à côte, à peine séparés par un mur et pourtant elle n’a jamais cherché à le connaître. Mais maintenant, elle perçoit cette sensation que si elle essayait, peut-être qu’elle en retirerait des bonnes choses également. « Pour toi, mieux vaut une mauvaise aventure que pas d’aventure du tout ? » Ca la rend curieuse, elle aimerait pouvoir penser ainsi Cassie, mais ce n’est pas le cas. Elle aimerait avoir une vie plate et heureuse, plutôt pleine de rebondissements et de malheurs. Parce que dans son monde, les deux sont associés, presque toujours. Il est encore trop tôt pour dire quelle est la teneur de celle-ci, alors pour le moment elle se concentre sur le jeune homme. « Tu travaillais sur quoi ? » Depuis le temps, elle a la sensation qu’elle devrait savoir ce qu’il fait dans la vie, mais elle a un trou monumental. Peut-être quelque chose dans les chiffres, ou dans l’informatique. Elle a la sensation en tout cas que c’est quelque chose qui ne l’intéresse pas vraiment, si du moins elle lui a déjà posé la question. Elle se trompe Cassie.

Après quelques minutes à rester debout sans bouger, le froid se fait finalement sentir. Les membres de la blonde se couvrent de frissons et de chair de poule, mais elle ne fait que serrer ses bras autour d’elle, dans l’espoir que sa chaleur corporelle sera assez pour la soulager. Elle est un peu gênée quand le brun lui propose son pull, elle ne veut pas qu’il attrape froid à cause d’elle. Pourtant il insiste, il retire son sweatshirt, le lui tend, puis il la fait craquer, avec ce regard de chiot abandonné. « Merci. » répète-elle en prenant le tissu. La chaleur se diffuse rapidement, aidée par la vision des muscles masculins qui font doucement rougir les joues de la jeune femme. Heureusement qu’il fait sombre. « Arrête, je ne dois pas être la seule à n’avoir rien vu ! » Elle rit un peu, pensant intérieurement aux conquêtes qui déambulent sur leur palier assez régulièrement. L’armure ne doit pas être bien lourde s’il peut l’enlever aussi régulièrement. Mais qui est-elle pour juger… elle aussi ressent de plus en plus le besoin d’une nuit trop chaude. Elle rit, malgré elle. Peut-être que c’est la fatigue, le froid et la panique qui lui font penser cela, mais Ezekiel n’est finalement pas si pire que ça. Elle ne pense pas juger les gens trop vite Cassie, sans doute se croit-elle meilleure que ça - comme beaucoup de monde - mais elle a tout de même tendance à se faire une idée des gens. Souvent fausse, romancée au possible, mais une idée tout de même, dont elle a du mal à se détacher. Avant ce soir, le brun avait simplement le rôle du voisin bruyant et trop curieux. Cette nuit il se dote d’un humour et d’une générosité en plus. Le genre de gars qui font de bons amis, sans doute. « Je ne suis pas très fan des berceuses de toute façon. Une tisane suffirait, ne t’inquiète pas. » Et aussi simplement que ça, elle commence à se dévoiler un peu. Mal à l’aise face à des berceuses depuis que ses parents lui ont été arrachés. Amour des boissons chaudes et douces qui peuvent la faire somnoler doucement. Puis elle se demande soudainement si elle ne vient pas d’inviter Zeke à boire une tisane avec elle, après tout ce remue-ménage. Devrait-elle apporter des précisions, revenir sur ce qu’elle vient de dire ? Ou passer à autre chose en espérant qu’il n’aura rien remarqué. « Ca explique donc que je ne t’entends pas chanter sous la douche. Sûrement le seul moment de calme dans ton appart, non ? » Avec sa gêne habituelle, elle tente de le taquiner un peu, comme s’ils étaient amis. C’est inédit comme situation, elle qui tente toujours de fuir le plus rapidement possible. Demain peut-être que tout sera revenu à la normale, qu’ils n’échangeront que quelques mots en se croisant sur le palier. Si l’immeuble ne s’effondre pas entre-temps. « Où est-ce que tu irais, si tout brûlait ? » Soudainement il n’y a plus d’amusement dans sa voix, elle s’inquiète un peu Cassie, elle pense au pire scénario possible. Et s’ils perdaient tout ? Elle sait qu’elle est bien déprimante, qu’il ne faut pas penser ainsi, mais elle ne peut pas s’en empêcher. Dans la poche son short, elle touche doucement la photo qu’elle a récupéré avant de sortir, s’accrochant à des souvenirs qui ne pourront pas partir en fumée.