the gangster's new groove

- Vous avez fait votre choix? que Régine demande presque d'un murmure alors qu’elle attend bien sagement une réponse de l’homme qu’elle ne peut pas voir. Séparés par une large façade dont les extrémités sont gardées par deux armoires à glace, il n’y a aucune chance que la petite femme réussisse à jeter un œil à son interlocuteur. Dans quoi s’est-elle embarquée? Ou plutôt, à quel plan louche l’a-t-on forcée à participer? Parce qu’initialement, Régine ne s’est pas retrouvée ici de son plein gré. Ici, c’est-à-dire dans ce vieux bâtiment glauque, l’environnement parfait pour le début d’un film de kidnapping. C’est en réalité exactement ce qui s’est produit la première fois qu’on l’a amenée ici : en sortant d’une librairie à sa fermeture, on l’avait attrapée et jetée dans une camionnette sans qu’elle n’ait le temps de réagir. De toute manière, elle n’aurait pas eu la force nécessaire pour se battre contre ses agresseurs. Presqu’une heure plus tard, elle s’était retrouvée dans ce même endroit qui sentait l’humidité, cette pièce éclairée par des néons en fin de vie qui clignotaient de temps à autre, ajoutant à l’ambiance déjà terrorisante. Alors qu’elle était sur le point de faire ses prières, convaincue que son heure était arrivée, Régine avait été surprise par la raison de sa présence ici. On l’avait choisie pour faire la lecture à un malfrat en quête d’un peu de culture. Sur le coup, la littéraire avait pensé que c’était une blague, mais qui dans son entourage était assez mesquin pour penser à un truc pareil. La réponse était simple : personne. C’était donc une vraie requête, et elle était prise là, dans ce lieu inconnu, tellement terrifiée qu’elle s’était presque uriner dessus. Finalement, après lui avoir expliqué en quoi consistait le “job”, on l’avait ramenée chez elle avec comme seules directives de choisir quelques livres à lire pour la prochaine rencontre, qui aurait lieu sous peu. Pas plus de précisions. Régine n’en dormait plus, de peur qu’on vienne la chercher en pleine nuit.

- Vous voulez que je vous résume chaque livre peut-être? demande-t-elle à nouveau, soucieuse que l'homme ne l'ait peut-être pas comprise la première fois. Ça vous donnera une idée plus précise qu'avec seulement le titre.

Régine attend une réponse tout en croisant les mains, qu'elle frotte en silence en observant la pièce où elle se trouve. Elle est moins terrorisée que la première fois, mais elle ne se sent toujours pas en sécurité. Et elle ne sait pas si elle doit tutoyer l'homme qui la tient captive. Il le lui laissera sans doute rapidement savoir.

Ca m'avait pris comme une envie de pisser. Loin d'être idiot mais je n'avais pas spécialement grande culture non plus. Je me suis dis que me remplir le bulbe et peut-être pouvoir avoir davantage d'idées pour gérer Squad & Masquerade seraient une bonne idée stratégique.

Il m'a fallut un mois, pour trouver comment faire une sorte de leçon, sans qu'on puisse savoir que c'était moi. Je ne voulais pas que quiconque sage, que je prenais du temps pour me culturer. Tout comme j'avais pas envie de m'inscrire dans un club. Rien que d'y penser me donne la gerbe. Alors j'ai laissé murir l'idée jusqu'à qu'elle soit à point. En vérité c'est le hasard qui m'a conduit à cette dame qui est à présent en face de moi.

J'étais entré dans une librairie, surpris une conversation et l'instinct m'avait chuchoté qu'elle serait la bonne personne. Effectuer des ancêtres, pour quand même s'épargner qu'elle me dénonce à un proche flic. Et tout s'était enchainé. Deux jours plus tard, j'avais ordonné qu'on me l'amène. J'avais expliqué aux gars que cela pouvait être une possible recrue pour nous traduire des papiers codés. Et que s'il fallait qu'elle coopère, on devait la jouer fine. Que nenni.

C'est ainsi que notre fameuse Régina va subir son second entretien un peu rustre, je l'admets en ces lieux. Dans les caves du manoir. Elle grimpera d'un étage quand elle aura fait ses preuves. Et puis même moi, je me les caille aussi. En attendant, elle semblait avoir compris et s'était exécutée. Sourire satisfait. J'observais les couvertures des livres. Mais aucun ne me donnait l'envie de lire le contenu.

Je soupire longuement avant de me reprendre. Allez-y, je vous écoute. Et donnez un peu de fantaisie, rien de lire le derrière des livres, ça me donne envie de faire une sieste. Je comprends pas vos choix. Sauf si vous avez des soucis de sommeil. Mais bon, je veux bien vous donner le bénéfice du doute. Lancez vous.