• rp d'intégration // Adalia & Bo

Il s'étonne même pas que ça ai marché, ce plan foireux, même pas pensé ; c'est souvent comme ça que ça se fait, faut jamais trop réfléchir, surtout pas s'prendre la tête. Fille rencontrée dans un bar de Nola en début de soirée, tout juste sortie du boulot, avec un profond besoin d'se détendre ; Bo avait sauté sur l'occasion, avait fini par s'laisser entraîner jusqu'à chez elle, à quelques blocs de là, et par passer quelques heures logé entre ses cuisses à évacuer c'trop-plein d'énergie - et cette pointe de frustration - dont il était victime.

Et voila qu'il s'retrouvait dehors, de retour dans la chaleur moite des rues de sa ville natale, l'tee-shirt remis à l'envers et une chaussette manquante, mais p'tête pas si rassasié que ça. Il avait pas eu envie de s'éterniser une fois leur petit jeu terminé, en tout cas, avait prétendu être inquiet pour le sort de sa moto qu'il avait laissée devant le bar pour que ça passe mieux - c'était pas mieux passé, mais on dira pas qu'il a pas fait d'effort.

Il s'dirige tranquillement vers le tramway, sans réaliser d'abord que celui-ci s'apprête à lui filer sous le nez, et quand il relève la tête sous le bruit de la petite cloche, il est déjà trop tard pour s'mettre à courir et espérer le rattraper ; dommage, il s'sentait pas trop d'refaire le chemin du retour à pied. Il pousse un petit soupir en sortant son téléphone de la poche de sa veste pour vérifier l'heure, à s'demander déjà s'il aurait pas le temps d'faire un tour dans un bar ou, en fonction de l'horaire, en boîte, pour un dernier verre.

Et là, une main le fait se retourner, une voix l'interpelle, et son regard croise celui, presque paniqué, d'Ada. Il s'désintéresse aussitôt de son écran, fronce les sourcils en n'pouvant retenir un petit sourire de s'installer sur ses lèvres fines alors qu'il réplique et hey à toi d'un ton entendu, connivent, parce qu'il arrive immédiatement à lire tout c'qu'elle a pas besoin de dire tellement son corps le crie fort, qu'il devine son manque dans ses traits tirés et son regard vitreux. Et l'sourire qui s'élargit, il pouffe même de rire au double-sens de sa demande, parce que ouais, elle a l'air d'en avoir clairement besoin, de batterie. T'as vraiment sale gueule, il déclare calmement, pas vraiment surpris, encore moins choqué ; il l'a p'tête été, une ou deux fois, en s'questionnant sur la finalité qu'ça pourrait avoir pour une âme perdue comme elle, mais ça reste le business, et même si ça a pas l'air comme ça, dans l'instant, il s'dit qu'elle gère, qu'elle s'gère. Pourquoi tu veux de la batterie, t'as un meilleur dealer à appeler ? il reprend, conscient de son ascendant, en jouant un peu p'tête aussi.


@adalia perez  

Il les voit, Bo, ces âmes perdues qui viennent quémander un peu d'sa poudre de sommeil, qui passent le reste de leur temps à errer pour trouver de quoi s'payer leur prochaine dose. L'cercle vicieux, il le connaît par coeur, il le voyait autour de lui depuis qu'il était gamin ; sa douce avait failli y perdre la vie, sa mère y avait perdu sa raison, il savait à quel point il pouvait être facile de s'oublier. La ligne est tellement fine, peu sont ceux qui réalisent d'ailleurs l'avoir franchie ; est-ce qu'elle l'a compris, Ada, qu'elle était allée trop loin ?

Le sourire un peu suffisant de Frosty se fane quand il capte la pression faiblarde de ses doigts sur son haut, sa mine toute entière se fronce quand elle prend appui sur lui, à peine capable de supporter le poids de son propre corps. Elle gère pas du tout, non, il pense en poussant un profond soupir qui soulève sa cage thoracique. Sa main vient recouvrir les phalanges blanchies par l'effort qui s'accrochent toujours à lui et il maugrée un tu fais chier, putain en passant son autre bras dans son dos pour la retenir. La pointe de reproche, parce qu'avec ça elle lui fait lui aussi flirter avec ses limites à lui, avec cette peur de l'irréparable. Son regard glisse à gauche, à droite, sur ces quelques personnes qui semblent se diriger vers l'arrêt de tram, celles qui traversent les rues et les ruelles pour continuer leur soirée ; tous ces gens dont vaudrait finalement mieux pas attirer l'attention. Il est encore trop tôt, y'a pas moyen de la caler entre deux poubelles pour lui donner de quoi continuer avec tout ce passage.

Nouveau soupir, et Bo s'retourne rapidement, plie les genoux et s'penche pour offrir son dos à la brune, prenant de lui-même l'initiative de lui attraper les genoux pour finir de la soulever. Accroche-toi aussi, là il s'impatiente à moitié en secouant les épaules pour qu'elle fasse au moins l'effort d'avoir la grippe de pas tomber en arrière pendant que lui faisait tout le reste du boulot. Et, après un dernier regard dans la rue, il s'engage pour rejoindre le trottoir et, quelques blocs plus loin, sa moto. Si tu baves sur ma veste avec ta salive de lézard, j'te préviens... il menace dans le vent en ignorant le regard interloqué d'un couple qui les croise, qui s'demande c'qu'Ada a bien pu boire pour finir aussi misérable que son pote doive la ramener en piggy-back.


@adalia perez  

D'un extrême à l'autre en moins de temps qu'il en faut pour le dire, c'est souvent comme ça que ça marche pour Bo. Dans la drogue, mais comme dans tout le reste, y'avait jamais d'milieu, rarement de calme ; et au poids d'la gamine sur son dos s'succèdent ses plaintes, comme quoi elle en peut plus, qu'faut qu'il s'arrête, absolument. Il la repère lorgner sur la ruelle qu'il a écartée d'ses plans juste avant, balance un mais t'es sérieuse là las, qu'est même pas une question, parce qu'il devine bien qu'ouais, elle est tout à fait sérieuse. Et les pensées qui s'enchaînent, parce qu'il va pas la forcer à l'suivre dans un endroit plus discret si elle veut s'défoncer là, au milieu des déchets, parce qu'il s'dit aussi non sans une certaine amertume qu'dans l'état dans lequel elle est, mieux vaut peut-être pas risquer l'coma ou pire chez lui, dans son garage, qu'si ça tourne mal l'corps d'Ada ramènera pas les soucis jusqu'à lui.

Alors il cède, Bo, la frustration au bout des lèvres, le t'es dégueu qui veut rien dire mais qui réfère à tout, dont l'ton cache pas qu'le commentaire est un mélange entre une vaine tentative d'la secouer et une accusation gratuite, du pire donneur de leçons en plus. C'est pas comme s'il s'était jamais réveillé entre une flopée de poubelles, un lendemain de soirée, une bagarre qui l'laisse K.O. et transforme les sacs en matelas pour la nuit, c'est même pas ça le problème. C'est la peur, parce qu'il a réussi à y échapper jusqu'à présent, une fois de justesse même, parce qu'avec ses conneries Adalia va trop loin et qu'une fois qu'elle sera plus là, c'est lui qui devra porter la responsabilité d'son trépas.

Il veut même pas la regarder faire, s'retourne pour soutenir avec foudre le regard d'un passant qui pensait juste prendre un raccourci, qui s'retrouve face à un homme-chien prêt à l'mordre s'il fait l'moindre pas de côté. Faut bien qu'il la dirige quelque part. Et il enfonce ses mains dans ses poches, l'Frosty bloqué là, l'dos libéré mais toujours courbé, les sourcils froncés comme des barrières contre tous ces souvenirs qu'il rejette, ce soir comme tous les autres, c'te fois de trop à quelques kilomètres d'ici y'a plus d'une décennie. Putain, si elle était morte, sa douce, ça aurait tout changé ; p'tête qu'il aurait tout arrêté, qu'il se serait rangé, qu'il aurait jamais vendu à Ada. Pas sûre qu'ça l'aurait empêché, elle, d'se perdre dans la farine.  Finalement, il ose un petit coup d'oeil, bref, furtif, avant d'soupirer un c'est bon, t'as fini ton caprice ? en se retournant, l'regard plus intrusif. Il aurait voulu pouvoir jauger d'ses pupilles sous une lumière correcte, d'ses tremblements, au lieu d'ça, il lève une main pour s'gratter la tempe et tourner la tête vers les deux côtés d'la ruelle, comme prêt à partir. j'te raccompagne quelque part ? qu'il demande, comme s'ils s'trouvaient pas entre deux poubelles.


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Et là encore, c'est l'jour et la nuit. Une fois qu'elle a eu ce qu'elle voulait, qu'elle s'est délectée de son poison de choix, Adalia se transforme, ses traits se font moins tendus, ses muscles moins tremblants. Elle revit, ironiquement, d'avoir pu se nourrir de cette poudre funeste. Et Bo, qui reconnaît pas le pochon, se demande où elle a eu sa drogue, comment elle a été coupée ; il connaît la qualité de la sienne, se fait carrément plus confiance qu'aux autres dealers sûrement parce qu'il est dans le business, qu'il sait parfaitement comme il est facile de mélanger le produit avec tout et n'importe quoi, du placebo de base au composant toxique, pour s'assurer un rendement encore plus important. Il renifle pendant qu'elle range son précieux, croise son regard désormais taquin qui semble l'attendre, d'ailleurs elle reprend la parole qu'une fois qu'elle sait qu'elle a son attention.

L'invitation qui sonne comme une blague, qu'en est d'ailleurs sûrement une, qui fait pouffer Bo dont les traits s'détendent un peu, et il finit par secouer un peu la jambe pour se dégager de la prise de ses doigts encore faibles, lui aussi amusé. T'en as pas eu assez pour ce soir ? il lui demande en offrant, au lieu de ça, son bras, la main tendue et invitante pour l'aider à la remettre sur ses pieds. C'est qu'un jeu, pour elle, dont le prix a la couleur trompeuse de la pureté, de l'innocence qu'elle fait justement perdre. Elle fait tout perdre, cette poudre, à ceux qu'en ont fait leur religion, comme ça semble être de plus en plus le cas d'Adalia.

Vas-y, ma moto est pas loin. Tu peux marcher, maintenant ? il reprend, finalement peut-être bien plus décidé qu'il ne voudrait l'admettre à ne pas abandonner la brune dans un coin de rue, quand bien même la crise qu'elle venait d'avoir semblait être passée. Tu l'as eue où, cette came ? il demande enfin une fois qu'elle est redressée.


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Elle a du mal à tenir debout, et pourtant elle est capable de lui balancer qu'elle est pas sûre d'en avoir eu assez ; ça va finir par mal tourner, Bo n'devine que trop bien le chemin brumeux vers lequel sa jeune cliente se dirige, l'issue qui semble irrémédiable quand il croise son regard joueur, redevenu mutin, quand elle s'prétend prête pour un nouveau round alors qu'son corps assume aussi mal la came que son absence. Et ouais, il s'dit encore qu'la meilleure option reste qu'elle vienne avec lui, qu'c'était ça ou bien la solitude et l'risque qu'elle remette ça sans supervision, qu'elle s'relève pas de cette dose-là. La menace, qu'avait jamais plané aussi près du haut d'son crâne, au blond. Alors il adapte son rythme de marche à celui de la petite brune, la laisse s'agripper à son bras pour avancer et dégager de cette ruelle de malheur.

Un nouveau petit ricanement traverse la barrière de ses lèvres quand elle parle de son éventuelle jalousie à propos de la drogue qu'elle vient de se mettre dans le nez, et il balance sans détour Bah ouais, carément, le ton teinté d'humour mais l'fond de la voix porteur d'un aspect sérieux ; si en plus d'lui risquer d'le faire se sentir coupable à vie d'pas avoir su lui dire stop, elle finit par clamser à cause de la came d'un autre... Ouais, y'a quelque chose qui le saoule dans le principe, une jalousie mal placée de fournisseur possessif. J'savais pas qu't'allais voir ailleurs, j'pensais qu'on avait un truc, moi, il reprend, un sourire en coin sur les lèvres ; presque prêt à jouer, lui aussi, à s'laisser entraîner dans cette partie qu'elle lance mais qu'elle est pas prête à assumer. C'est qui c'mec ? il insiste quand même ; si quelqu'un s'met à racoler ses clients, peut-être qu'il faut qu'il y jette un oeil aussi.

Quand ils arrivent au niveau de la moto de Bo, il la dégage du trottoir ; pas de casque, il est pas venu avec de toute façon. Et, en montant dessus, il désigne le petit espace entre son corps et le moteur, devant lui. Et tu t'mets là, j'te vois déjà m'lâcher au milieu de la route et partir en arrière, il explique, l'air suspicieux, doutant surtout de la capacité d'Ada à rester consciente et agrippée pendant tout le trajet, elle qu'arrivait à peine à s'retenir à son bras.


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La came, c'était même pas son talent d'prédilection - c'était un deal qui lui était tombé dessus, sur lequel il avait surfé quand il était ado et qu'il avait repris en rentrant à la Nouvelle Orléans, parce qu'il avait besoin d'cet apport d'argent régulier alors même qu'il était pas capable d'faire un truc correct d'ses deux mains qui n'soit pas purement illégal. Et des fois, d'rares fois comme là, face à c'qui n'était plus qu'la carcasse de c'qui avait un jour sûrement été une gamine pleine de vie et d'espoirs, il lui arrivait d'regretter c'parcours et les choix qui l'avaient amené ici, à jouer avec le feu qui lui faisait pourtant le plus peur.

Et elle lui répond pas, en plus, Ada, laisse planer le mystère sur ce nouveau fournisseur qui lui glisse il-n'sait-quoi dans le nez, fait monter la pique de la curiosité chez Bo, qui s'amuse à moitié du double-sens de tout ça, de voir Ada retrouver un peu sa poigne et c'bagou qui fait leur joute habituelle, c'flirt sans résolution qu'est maintenant plus qu'un brouillard difforme dans l'corps épuisé et dépendant de la brune. La légèreté d'un désir sans conséquences, supplanté par l'sérieux de son état décadent. Ouais... il grogne à sa dernière réplique, accrochant son regard mutin de ses iris glacées qui cherchent dans l'obscurité de son âme les restes d'sa lucidité, d'son instinct de préservation. Et ça t'convient d'survivre, l'nez tout blanc et les cheveux odeur poubelle ? il pique, pas vraiment vindicatif, juste observateur, parce qu'elle s'voit pas Ada, qu'elle s'voit peut-être même pas tomber aussi dur qu'elle le fait. Parce qu'elle mérite mieux qu'ça, qu'elle s'dirige sans aucun doute vers sa fin et que ça, Bo, ça l'emmerde.

Elle s'calme néanmoins un peu pendant l'trajet, emprisonnée dans le carcan de ses bras à lui, condamnée à reporter sa prochaine connerie à leur arrivée. Et elle tarde pas, d'ailleurs, une fois qu'il s'est levé de sa moto, pour l'taquiner de nouveau, l'lancer de cette légèreté qu'elle retrouve alors qu'la soirée aurait pu terminer tellement plus différemment pour elle - plus tragiquement, aussi. Mais il s'dit qu'au moins, elle est vivante, qu'il est un des premiers à l'enfoncer mais qu'ce soir, il a réussi à aider. Alors, il s'détend un peu, roule des yeux en pouffant de rire. Et maintenant j'te porte ? il s'plaint, alors qu'c'est lui qui le lui proposait un peu plus tôt. Il s'exécute néanmoins, lui offre de nouveau son dos non sans soupirer, lui glisser qu'elle est encore plus lourde tout en refermant sa prise sur une de ses cuisses. Il enfonce la clé dans la porte qui jouxte celle du garage, la pousse d'un coup d'épaule avant d'rentrer et d'la fermer d'un pied. Il a déjà oublié où il a laissé traîner ses outils, trébuche trois fois avant d'atteindre l'bout de la pièce et d'se positionner près de son canapé, celui qu'est son lit depuis trop longtemps, où il laisse Ada s'échouer. Tu bois quelque chose ? il lui demande en allant allumer la lumière avant d'partir vers sa cuisine de fortune et son mini-frigo, devinant bien qu'elle doit avoir la bouche bien pâteuse.


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Pire qu'impuissant, acteur actif et part du problème ; c'était pas la première fois qu'il s'faisait avoir à son propre jeu, Bo, et pourtant il pouvait pas s'empêcher d'retomber à chaque fois. D'voir le même schéma se reproduire, d'reconnaître dans les attitudes de la petite brune celles dont il avait été témoin et partenaire une quinzaine d'années plus tôt, quand il avait vu sa Douce sombrer, presque jusqu'au point de non-retour. Sauf qu'il est plus dans la même position, Bo, qu'aujourd'hui il est rien d'plus que le dealer de cette pauvre âme égarée qui ferait tout pour se perdre un peu plus. Il s'était déjà pas interposé avec sa Douce, il savait qu'là il était d'autant plus responsable des états dans lequels Adalia se retrouvait, gonflée de cette poudre qui - sauf ce soir, apparemment - venait droit de ses stocks.

Mais les autres, il s'en foutait ; Adalia, c'était pas pareil, c't'arrière-goût d'déjà-vu pouvait pas l'laisser indifférent. Sûrement pour ça qu'il l'a pas laissée cuver sa drogue au milieu des poubelles, qu'il était pas prêt non plus à la laisser seule et victime d'c'te potentielle overdose traîtresse qui venait après l'manque extrême dont Ada semblait justement avoir expérimenté tous les symptômes.

Et elle est loin d'l'épave qu'elle lui a présenté dans les rues de la Nouvelle-Orléans, qui s'est laissée aller dans ses bras sur le chemin jusqu'ici, quand elle finit d'boire le verre qu'il lui tend et qu'elle s'redresse avec une nouvelle idée en tête, qu'Bo capte pas tout de suite. Mais elle dissémine ses affaires et son odeur le long d'son chemin jusqu'à lui, s'dévoile sans aucune pudeur - pas qu'il en soit un habitué - jusqu'à se retrouver totalement nue face à lui, l'enfant charmeuse aux émanations fétides. Et lui, pauvre mec coincé dans sa condition humaine, il lève les yeux au ciel en sentant son corps réagir avant qu'sa pensée n'érige les barrières nécessaires, récupère le corps frêle de sa cliente qui semble de toute façon pas lui laisser le choix, qu'il soulève comme une brindille, seulement remplie d'une poudre légère et volatile. C'est toi qu'a voulu nager dans les poubelles, aussi, il commente en s'exécutant tout de même, en l'emmenant jusqu'à la salle de bain d'fortune dont les traces de suie sur les murs, comme l'évier, témoignent d'son manque de considération pour son propre matériel, c'garage où il s'sent pas plus chez lui qu'ailleurs.

Et sa trique, il préfère l'ignorer en reposant Ada sur le sol de la salle de bain, en allumant l'eau de la douche, en s'perdant dans l'sifflement de la tuyauterie douteuse qui s'atténue une fois qu'la température du jet passe au tiède ; parce qu'il sait pas à qui il parle, qu'sa seule certitude c'est qu'c'est la poudre qui la fait avancer, qui guide ses gestes et ses élans, pantin d'une vie qui la mérite pas, qu'appartient plutôt aux vrais déchets comme lui. Pas besoin d'se rouler dans les poubelles pour faire illusion d'pas être un ange tombé un peu trop durement du ciel, lui, il avait l'démon et avait déjà teinté trop d'âmes de son étreinte nocive. La brutalité qui transparaît déjà malgré lui dans ses gestes, dans la façon qu'il a eue d'agripper et d'enfoncer ses doigts dans cette peau de pêche sous prétexte de la porter, elle finirait d'se brûler si elle s'retrouvait vraiment sous sa poigne, Ada.

Pendant qu'il invite Adalia à se glisser sous la douche, il chope c'qui s'trouve de plus proche d'un savon, petit flacon d'gel lavant qu'il tend à la jeune femme d'un regard équivoque, lui glissant d'un air entendu qu'tu l'regretteras demain, si j't'aide plus que ça, parce qu'c'est rien qu'c'qu'il est, c'regret qu'on a au fond d'la gorge un lendemain de beuverie - c'qu'il avait été pour sa douce, pour sa femme, pour toutes les anonymes qu'avaient précédé et suivi. Qu'Adalia, elle, avait encore une porte de sortie, qu'la chute était pas encore formelle et qu'dans un sens, il y contribuait déjà bien assez ; qu'elle jouait, mais qu'à tous les coups elle allait finir par s'en mordre les doigts. J'vais t'chercher d'quoi t'changer, il déclare d'ailleurs en rouvrant la porte de la salle de bain, avant d'reprendre d'un air amusé et ranger ton bordel ! Et il cherche, fouille, déniche une serviette assez propre pour la princesse des bennes à ordures et un tee-shirt assez large pour lui servir de parachute, petit tas de tissu qu'il retient d'une main en tapant à la porte de la salle de bain pour lui tendre aveuglément la serviette et l'tee-shirt, en lançant un  tu t'en sors ? qui signifie plutôt t'es toujours en vie ?


@adalia perez