• rp d'intégration // Flora & Maja

tu soupires. un soupir qui énonce le doute, le regret, et même un petit échantillon de tristesse. dans le miroir, ton reflet te renvoie l'image d'une femme que tu ne reconnais plus. le corps d'une femme qui a porté la vie, les vergetures qui vont avec, dessinées sur le ventre et les cuisses. des fois presque invisibles, des fois trop omniprésentes. avec la grossesse, ton corps a changé, et après la naissance de katherine aussi. si ton image n'a jamais été plus importante que l'attention et l'amour portés à ta fille, c'est comme si tu voyais pour la première fois depuis longtemps la face cachée. à moitié nue dans cette cabine d'essayage, prête à essayer la montagne de vêtements choisis, tu bloques. là, le temps d'un instant, t'as eu cette pensée qui dit en fait t'es plus aussi jolie qu'avant, flora.

et ce court instant a tout détruit.

l'excitation du rencard en perspective pour lequel tu voulais te sentir femme, séduisante, belle ; la confiance en soi presque inébranlable que tu as toujours cru posséder ; cet avant que tu étais et que tu ne redeviendras jamais plus. un torrent de négativité dont tu voulais te détacher, à tout prix. les sourcils froncés, en voulant à ton esprit de vagabonder vers des pensées qui t'amènent vers le bas, tu enfiles une chemise beige en satin, contrastant mais sublimant ton teint mat, et avec un pantalon taille haute de la même couleur et de la même matière. nouveau regard vers la glace. tu ne sais pas quoi en penser. d'un geste brut, tu fais rouler le rideau de la cabine d'essayage, en quête d'une âme pour remodeler ton ego. personne. pas un vendeur ou conseiller en vue. personne pour te sauver.

soudainement, tu entends un bruit, et remarques que la cabine à côté de la tienne abrite quelqu'un. tu t'éclaircis la gorge, dans un élan de courage. "excuse-moi." il te faut quelques secondes avant que la personne à qui tu parles, sorte la tête de sa cabine. d'un regard de biche, à la fois bienveillant et gênée, tu recules un peu, pour lui laisser la place pour sortir et te rejoindre. "j'ai besoin d'un avis sur cette tenue." instinctivement, tu rentres le ventre, te tiens droite, prête à sembler plus parfaite que jamais. "j'ai un rencard ce soir, et ... ça fait longtemps. je suis plus à la page sur ce qui plaît ou non." tu te tais enfin, attendant une réponse de cette inconnue que tu viens de déranger. ton sourire la remercie d'avance, ton regard l'implore de sauver ta confiance en toi.

on ne se connaît pas, mais dis-moi que je suis belle, s'il te plait. que tu penses, comme si ta vie en dépendait.

@Maja Landry

Spoiler:

Maja entend un soupir de l'autre côté de la paroi de sa cabine d'essayage, et elle ne peut retenir un léger sourire : s a m e, qu'elle pense malgré elle quand son regard tombe sur le chemisier encore accroché à son cintre, qui semblait aller à la perfection au mannequin de la vitrine et qu'elle n'osait désormais même pas enfiler pour jauger du résultat sur elle-même.

Elle ne prenait plus le temps, Maja, surtout ces deux dernières années. À s'inquiéter de l'argent qu'elle était désormais seule à ramener à la maison, à trimer comme si le sommeil était une option pour offrir à sa fille la perspective de cette nouvelle vie qu'elle leur avait promise à toutes les deux, il ne restait ni le temps ni les fonds pour s'autoriser un écart, encore moins un plaisir qui n'appartiendrait qu'à elle. L'excuse toute trouvée du j'ai pas l'argent, elle la sortait à tout bout de champ à sa tante, qui se désolait de la voir dépérir dans une solitude que Maja n'avait clairement pas choisie toute seule. J'suis pas toute seule, j'ai Eli, sauf qu'Eli voyait bien elle aussi que sa mère n'était plus vraiment la même, qu'elle marchait en pilote automatique.

Et maintenant, elle devait faire bonne impression pour Eli dans son nouveau collège, et elle était clairement dépassée par la situation. Le haut enfilé, ses doigts courent sur la dentelle fine des manches, son nez se plisse face à l'allure trop détachée que ça lui donne : la tenue serait acceptable au salon de tatouage, peut-être même pour servir des verres, mais elle s'apprêtait à se retrouver avec une bonne poignée de parents péteux prêts à la juger à la moindre occasion, et elle ne voulait pas leur donner l'occasion de commencer avec un avantage.

Une douce voix de l'autre côté du rideau tire Maja de sa réflexion, et elle se retourne avec vitesse pour passer une tête curieuse à l'extérieure. Mmh ? elle demande en croisant le regard d'une jeune femme à l'air gêné, qui fait disparaître toute la méfiance naturelle de Maja. La requête énoncée, la brune devine que ce n'est pas tellement l'habit qui préoccupe son interlocutrice, mais plutôt le corps qui l'habite. Quelque chose dans sa façon de vouloir se montrer sous son meilleur jour, de redresser ce dos qu'elle a peut-être trop courbé ces derniers temps, dans le ton incertain de sa voix mélodieuse. Maja sort alors de sa cabine, jauge la tenue de l'inconnue avec tout son amateurisme, un petit sourire aux lèvres. Déjà, l'ensemble est vraiment classe, et la coupe te va ravir, elle tranche avant de plisser le nez. Mais c'est un peu classique, non ? Ses doigts s'approchent pour caresser le tissu du chemisier de la jeune femme, et elle approuve ses propres paroles d'un hochement de tête. C'est le genre de tenue que j'aurais dû trouver pour mon rendez-vous parents-prof... T'es jeune, tu vas à un rencard, tu peux te permettre plus fantaisiste que ça. Oh ! Son visage s'illumine, elle s'agite en étant fière d'avoir eu un semblant de bonne idée, et elle file dans sa cabine pour retirer son haut, qu'elle tend à Flora à travers le rideau. Tiens, essaie plutôt ça, il te faudra peut-être la taille en dessous mais, juste pour voir elle lui propose. En échange, je veux bien savoir dans quel rayon t'as trouvé ta tenue, je crois que c'est elle que je cherchais depuis le début, elle glisse au passage.

@flora auclair  

Spoiler:

c'est en regardant ton reflet dans la glace, que tu ne peux t'empêcher de te dire que les choses changent bien vite. adolescente et jeune adulte, tu savais comment plaire. tu savais exactement quelle tenue porter pour mettre en valeur ton corps, rehausser ton teint, et faire passer le message que tu voulais. tu savais aussi quel regard lancer, quel sourire esquisser et comment tourner la conversation à ton avantage. oui, tu avais l'art et la manière de savoir parfaitement contrôler tous les détails qui te concernaient, et comment faire craquer n'importe quel interlocuteur, ou presque. la fougue de la jeunesse t'habitait. cette quasi folie qui fait qu'on pense réfléchir mais qu'au fond on se laisse aller complètement. celle qui nous donne forge et tapisse ensuite nos souvenirs.

mais maintenant, tout était différent. depuis katherine, toute ton attention, ton amour et tes désirs, n'étaient concentrés que sur elle, pour elle. si tu avais eu du mal à devenir mère aussi jeune, et que rien ne t'avait jamais autant terrifié que d'avoir cette responsabilité, tu avais fait face à l'adversité comme une cheffe. loin d'être une mère parfaite, et étant d'ors et déjà certaine que tu ferais encore bien des gaffes, tu pouvais avoir l'esprit tranquille en sachant que tu donnerais toujours tout pour ta fille. en retour, tu t'étais un peu oubliée. sûrement le fardeau des mères d'agir comme tel. tu étais étonnée de t'en rendre compte si tardivement. ou bien tu le savais depuis le premier jour, et tu avais mis un point d'honneur à le dissimuler.

dans tous les cas, tes anciennes armes de séduction étaient parties en retraite anticipée et tu n'arrivais plus à savoir si elles décideraient de se joindre à toi à nouveau. les yeux aussi étincelants que gênés, tu demandais l'aide de la cabine voisine. comme si ça se faisait aussi simplement que ça, d'appeler à l'aide à une inconnue. peut-être que la fougue revenait. doucement, mais sûrement. "classique ?" sourcils froncés, tu regardais à nouveau le reflet. elle avait raison. tu étais belle comme ça, mais tu te donnais des années de plus, oubliant une nouvelle fois que tu n'en étais qu'à la moitié de ta vingtaine. prête à remercier l'inconnue poliment, tu compris vite que cette échange continuer. pour ton plus grand bonheur. la perspective d'être seule face à un choix crucial -premier rencard depuis longtemps !- t'angoissait. tu étais déjà beaucoup plus rassurée à l'idée d'avoir une alliée. et c'est ainsi que l'inconnue se transforma en alliée.

"mmh, l'ensemble était près des caisses. mais tiens, on échange." retournant dans ta cabine, tu troquais l'ensemble classique contre le haut sensuel en dentelle si gentiment prêtée par la jeune femme. enfilant ton jean, tu ressortais de la cabine avec une joie nouvelle, faisant glisser l'ensemble blanc à ta voisine. "un rendez-vous parents-prof, hein ? je crois que c'est encore plus angoissant qu'un premier rencard. pas que je sois une personne anxieuse de base, mais tu ne sais jamais si c'est ton enfant ou toi qu'on va juger à ce moment." dieu merci, ta mère avait toujours été présente à tes côtés pour ces moments délicats ou tu te retrouvais à être la mère jeune et célibataire de la classe. tu avais encore bien des années à supporter ça. "oh oui, je crois que j'aime beaucoup plus ce résultat !" tu souriais. cette fois-ci, tu te reconnaissais dans le miroir. il n'était plus un ennemi, celui te rappelant le temps passé, les complexes ou des moments de vie que tu pouvais vivre. il était juste là, à faire son job. "et de ton côté, ça te plait ?" prête à être l'alliée de ton alliée, tu attendais une réponse, encore toute sourire en te regardant.

Spoiler:

Pas la plus diplomate, Maja ; en voulant aider, elle se dit pas un seul instant qu'elle peut manquer de tact dans sa façon de délivrer l'information. Elle a été à sa place, pourtant, y'a quelques années, gamine dans sa jeune vingtaine confrontée à un corps qui n'lui ressemblait plus, un corps qu'elle peinait à trouver désirable pour elle comme pour les autres. 'Fut un temps où c'était l'regard d'un homme en particulier qui parvenait à lui faire retrouver sa confiance, ces rondeurs et ces stries qu'il appréciait parce qu'elles témoignaient d'cet incroyable pouvoir qu'elle avait eu d'donner la vie, de créer cet être parfait qu'était Nayeli. Et aujourd'hui, c'n'est plus relayé qu'au fond du carton, loin en-dessous du bien-être de sa fille, d'toutes ces considérations chiantes et adultes qu'étaient désormais son quotidien ; alors du coup, elle relève pas tous les tenants et aboutissants de la présence de Flora dans ce magasin, imagine bien qu'elle vient rattraper le temps perdu mais celui-ci aurait pu l'être d'une bonne demi-douzaine de façons. Ce n'est que quand la jeune fille rebondit sur la réunion parents-professeurs à laquelle Maja s'apprête à participer qu'une petite lumière s'allume dans son esprit, qu'elle s'dit sans cette fois l'confesser à voix haute que la jeune fille a l'air de parler d'expérience.

De retour dans sa cabine, Maja récupère l'ensemble qu'avait repéré la jeune femme, lui glisse un merci et laisse d'ailleurs échapper un petit rire face à sa réflexion sur l'jugement systématique dont font preuve les profs pendant ces soirées organisées. Oh, c'est sûrement nous qu'ils jugent, y'a pas de mystère là-dessus, répond la brune qui ponctue son commentaire d'un petit rire humoristique : c'est un sale petit moment à passer, clairement. T'es une habituée de cette torture parentale, toi aussi ? elle ose enfin demander, le ton laissant trahir le sourire léger qui l'habite alors qu'elle se drape des tissus sélectionnés par sa voisine de cabine. Et enfin, une fois le nouvel ensemble sur le dos, elle s'observe dans le miroir avec une petite moue, pas sûre du résultat, de la coupe sur ce corps qu'a fini tout en bas de ses considérations quand des problèmes plus pressants ont demandé toute son attention, c'corps qu'personne n'a vraiment vu ni touché depuis des années. Mmmh, donne-moi ton avis ? J'suis pas sûre... elle demande en ressortant de la cabine : à son tour d'être prise de doutes. Paradoxe de la donneuse de bonheur incapable de le trouver chez elle, puisque quand sa comparse du jour refait son apparition, elle hoche la tête pour approuver ce nouveau style. J'aime beaucoup le résultat aussi, ça t'va bien, et la dentelle sera parfaite pour un rendez-vous, elle répète même avec sincérité.  Premier date, c'est ça ?

@flora auclair  

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