• rp d'intégration // Nastasie & India

légère inspiration en t'observant dans la glace, ce matin-là. tu t'détailles de la tête aux pieds, avec une certaine avidité. exit le plâtre encombrant à ta jambe, désormais. plus aucun signe de ton accident et pourtant, cette canne qui se gausse à te regarder tenter d'avancer d'un pas, fébrile. la force te manque, bien sûr. tu n'as plus posé ton pied à terre depuis des mois. la douleur est lancinante, mais bien présente. et toi, tu ne t'amuses pas. ton médecin t'a conseillé, après t'avoir enlevé ce boulet qui pesait sur tes jolies chevilles, de ne jamais te déplacer sans cette canne. oh bien sûr, elle est hideuse et te donne l'impression d'avoir la soixantaine plutôt que la quarantaine, mais c'est la seule option qui te donnera l'occasion de retrouver, un jour - tu l'espères - les plaines arides des déserts africains.
robe longue, motifs fleuris. le tissu vaporeux qui épouse ta silhouette longiligne. chapeau léger sur des cheveux détachés qui ondulent et encadrent ton visage parfaitement maquillé. il t'en aura fallu de la force pour sortir, malgré les hautes températures et l'été qui s'invite en Louisianne. de la force pour prendre ce morceau de bois et inviter ton corps tout entier à y prendre appui. Lexa t'a convaincu, finalement. sortir te fera du bien, alors t'as essayé du revers de la main les quelques larmes de frustration que tu as vu s'écouler dans le miroir avant d'affronter la chaleur d'une journée déjà bien engagée.
renouant rapidement avec tes muscles et ton propre corps, réapprivoisant doucement la marche à pieds. tu avances à un rythme lent mais le vent qui balaie les franges de la robe la soulève de temps en temps et dévoile tes chevilles. les sandales solidement attachées aux pieds, tu fais de ton mieux pour ne balancer le poids de ton corps que sur la jambe valide pour ne surtout pas te faire de mal. et puis, tu flânes. ça faisait longtemps, sans doute un peu trop. est-ce le soleil, les gens qui te sourient et l'atmosphère de la ruelle qui te donne brusquement l'impression de redécouvrir ta ville ? ou es-tu seulement de meilleure humeur que tu l'envisageais ? au coin de la rue pourtant, prise par surprise, un molosse aboie et manque de te faire trébucher.
- aïe ! tu te plains alors que, par réflexe, tu as esquissé un pas en arrière sur la mauvaise jambe. la douleur foudroie ton muscle jusqu'à la cuisse, tu serres les dents mais une larme roule déjà sur ta joue rougie. le chien, lui, continue sa litanie et tu te sens, brusquement, perdue entre deux feux. tu lèves la main, comme pour tenter de l'apaiser. en vain, les aboiements continuent et tu te sens fébrile. où est son maître ?

[ rp d'intégration ]

@nastasie angyal
En temps normal, faire du shopping est l’une des activités favorites d’India. Mais aujourd’hui, ce n’est malheureusement pas pour elle qu’elle doit faire les boutiques, mais plutôt pour sa belle-mère. Son horrible belle-mère, celle qui a pris toute la place dans la vie de son cher papa. Cette femme beaucoup trop jeune pour lui, qui profite de son compte en banque alors que lui déplacerait des montagnes rien que pour la rendre heureuse. Un traitement qui n’était réservé qu’à India avant l’arrivée de Megan. Megan et son rire niais. Megan et ses stupides chiens. Megan et ses goûts de fausse hippie branchée. Qu’est-ce qu’on offre en cadeau à une femme qui clâme haut et fort qu’elle n’est pas matérialiste, mais qui te casse les oreilles pendant des heures avec les fonctionnalités de sa nouvelle montre Apple, de l’exerciseur dernier cri qu’elle n’a utilisé qu’un mois ou des bienfaits de l’aromathérapie et de toutes ces huiles essentielles qui, on ne se le cachera pas, finissent toutes par sentir la terre humide?

C’est donc dans cet état d’esprit qu’India se rend au Washington Square, l’orage de mauvaise humeur au-dessus de la tête, alors que le soleil inonde les rues de NOLA. Et, comble du malheur, elle s’est offerte de garder le plus gros des chiens de Megan alors qu’elle et son père sont partis en week-end pour célébrer l’anniversaire de madame. Si Papa n’avait pas été aussi insistant, la blonde n’aurait jamais accepté. Mais heureusement, le chien, malgré sa grosseur imposante, est le plus bête des animaux qu’India a eu la chance de croiser. Peureux, il passe la majorité de ses journées couché sur un tapis à attendre qu’on lui serve à manger. Mais il est aussi très dépendant, le laisser seul plus de vingt minutes ayant un très mauvais effet sur lui. Pour cette raison, elle n’a pas d’autre choix que de l’amener avec elle faire ses emplettes.

- Qu’est-ce que ton idiote de mère aimerait recevoir en cadeau, hein mon gros? demande India au gros toutou tout en l’attachant à un poteau. En guise de réponse, il aboie, puis s’étale au sol tout en fixant India du regard sans la quitter jusqu’à ce qu’elle passe la porte de la boutique. À l’intérieur, on trouve toutes sortes de babioles qui plairaient probablement à Megan. Des diffuseurs d’huiles essentiels au look épuré, des statuettes de Buddha de toutes les tailles, des tapis de yoga colorés, des lanternes d’inspiration marocaine et un tas de vêtements aux motifs variés, ce qui donne presque le vertige à la jeune femme. Si elle ne trouve pas quelque chose ici, India abandonne. Alors qu’elle passe en revue la panoplie d’objets qui recouvrent les étagères du magasin, elle se met à entendre un jappement provenant de l’extérieur. Elle décide de l’ignorer jusqu’à ce qu’il se fasse plus insistant. C’est là qu’elle se souvient qu’elle est responsable d’un gros molosse effrayé par sa propre ombre.

- Namaste, non!

Quel nom stupide pour un animal. Il n’y a que Megan pour nommer ainsi son chien. Après être sortie à toute vitesse de la boutique, India saisit le collier de la bête pour qu’il cesse de terroriser les passants, puis se met à lui flatter la tête pour le calmer.

- T’es vraiment le pire clébard. Tu vois bien qu’elle ne te veut rien de mal, la dame.

Énervée par l’attitude de Namaste, mais surtout honteuse qu’il ait effrayé une personne âgée, India lève enfin les yeux vers la propriétaire de la canne. Quelle surprise de voir qu’il s’agit en fait d’une ravissante blonde, loin d’être vieille, mais qui semble malgré tout mal en point.

- Je suis vraiment désolée, il ne t’a pas fait mal j’espère?

India n’est pas très friande du vouvoiement, d’autant plus que la femme n’a pas du tout l’air de ce qu’on appelerait péjorativement une madame. C’est également le cas pour Megan, mais India ricane toujours intérieurement lorsque quelqu’un appelle sa belle-mère ainsi ou la vouvoie. La voir furieuse est un réel plaisir. Mais en ce moment, elle ne rigole pas du tout.

- Stupide chien! adresse-t-elle au molosse, qui finit par reprendre sa place initiale, couché par terre.

Spoiler:

tu t'laisses impressionner, c'est pourtant pas ton genre. toi qui as plus l'habitude des hauts plateaux africains et des aborigènes que de la civilité propre et lisse d'une ville comme NOLA, te voilà à craindre un molosse qui, pourtant, ne devrait même pas réveiller en toi l'once d'une inquiétude. trop tard, c'est sans doute le coup sur ta jambe accidentée qui t'rendre nerveuse. peut-être que ce faux mouvement t'vaudra quelques séances de plus chez le kiné et une semaine de rab' par ici. merde, tu penses tout bas alors que d'une main tu essaies de calmer l'animal et de l'autre, tu t'appuies à la canne du mieux que tu peux. ton seul désir, actuellement, est de quitter à nouveau NOLA pour t'envoler vers d'autres aventures.. t'espères obtenir cette autorisation le plus rapidement possible mais cette douleur qui te fustige semble bien vouloir t'indiquer le contraire. fais chier. t'es pas prête de retrouver les déserts étendus dans lesquels tu t'promenais autrefois, ni même les cavités rocailleuses où tu t'agenouillais à même le sol pour en déceler des monceaux de l'histoire de l'Homme.
- Namaste, non! ton premier réflexe est d'rire, comme une conne. parce qu'à voir sa façon d's'exciter au bout d'la laisse, tu trouves ce nom hyper ironique. t’es vraiment le pire clébard. tu vois bien qu’elle ne te veut rien de mal, la dame. ton second réflexe est d'grimacer. la dame, ça t'donne le sentiment d'avoir soixante-dix ans brusquement. c'est la canne, te souffle ton subconscient mais au fond, t'oublies assez fréquemment que l'temps file et que t'as dépassé la quarantaine depuis un p'tit bout d'temps quand même désormais. plus si jeune, n'est-ce pas ? et pourtant, t'as l'esprit d'la vingtaine, assoiffée d'parcourir le monde. fort heureusement pour toi, la jeune fille - parce qu'elle est évidemment plus jeune que toi - relève les yeux vers toi et marques un arrêt. elle a remarqué que j'étais pas si vieille que ça, tu penses tout bas en esquissant l'ombre d'un sourire alors qu'elle reprend : je suis vraiment désolée, il ne t’a pas fait mal j’espère? le fait qu'elle te tutoie te laisse croire que tu t'fais pas d'idées en pensant qu'elle ne te considère pas si vieille que ça. alors cette fois, ton sourire se fait plus grand. tu frottes ta main libre sur ta robe, masses rapidement la cuisse du côté de ta canne avant de plonger tes orbes dans celle de la jeune femme.
- non.. non, tout va bien. je me suis laissée surprendre, c'est tout. tu lui réponds, simplement. c'est vrai, non ? bien sûr que ça l'est. t'es pas du genre craintive, t'as vécu des situations bien pire que ça. mais être à NOLA te réconcilie avec la gamine que t'as toujours été. tu souffles, respires doucement, reprends peu à peu tes esprits. j'espère surtout que je ne l'ai pas effrayé. tu dis, ironique, en riant très légèrement. j'm'en voudrais d'avoir traumatisé un chien qui s'appelle Namasté. nouveau petit gloussement, sur l'humour. comme pour désamorcer la situation.

Spoiler: