• rp d'intégration // Ashley & Callum

Désaccord parfait d’une journée qui aurait pu commencer allègrement. Valises posées depuis peu, faculté rejointe afin de rejoindre les rangs, un jour, des pédiatres de renom, Ashley se tient au bord du comptoir, commande prise. Quelque chose de léger et de frais qui ravive son teint et ramène de la vivacité dans son être terni par le manque de sommeil. Evie était aux abonnés absents, sœur pour qui elle avait traversé l’Amérique afin de l’épauler. Sale microbe qui efface peu à peu son espérance de vie. Sourire qui ne brûle point les lèvres de Larson lorsqu’elle étouffe un bâillement. C'est un café glacé avec une pointe de noisette qu’elle commande. Quelque chose qui pourra la tenir en haleine. Prête à s'installer à une table et sortir les manuels qui hantent son sac à dos, pris à la vite afin de s’habituer à cette nouvelle université. Elle devait travailler le soir-même, quelle aubaine d’être tombée sur une annonce pour un travail de serveuse afin de subvenir à ses besoins. En parallèle, l’hôpital l'avait contactée pour faire des gardes. Ses études avançaient, seule véritable constante dans sa vie actuelle. Balayés les projets d’avenir au bras d’un bellâtre, bellâtre qu'elle avait repoussé au profit de propos glissés à son oreille pour la flamboyante Evie. Eclipsée son éternelle joie de vivre, camouflée derrière un train train quotidien dans lequel elle espère se replonger à perpétuité à la Nouvelle-Orléans.  

La boisson prête jouxte désormais ses doigts, quelques pas de fait avant qu'elle ne distingue un nom autre que le sien sur le gobelet. Retour en arrière pour rendre ce qui appartient à un certain “Callum”. La chaleur qui irradie contre sa paume indique clairement que le barista s’est trompé. Mésaventure dont elle ne tiendra pas rigueur. Néanmoins, le fameux homme doit attendre sa boisson et serait peut-être moins clément que la douce Ashley. Ainsi, elle s’approche du comptoir, pose la boisson contre ce dernier et lance : “Je crois qu’il y a eu un problème de commande. Est-ce que Callum est dans les parages ?” Voix qui grésille mais puissance assurée tandis que ses orbes effleurent les environs.

Pause clope. Pause café. L’enseignant avait quitté son pavillon des sciences politiques pour se frayer un chemin vers ce petit café encore ouvert malgré l’été présent. Il travaillait, plus part bonne conscience, finissant des dossiers et aidant pour les cours d’été, partiellement, mais assez occupé pour venir encore à son bureau en plein mois de juillet. Idiotie aux lèvres de ses amis et famille qui le voyait s’engouffrer dans des heures de bureau inutile. Seulement, ce besoin de garder ses distances, de combler ce temps pour ne pas penser à lui. Pour ne pas prendre son téléphone pour l’appeler et dans une voix désespérée lui demander de le rejoindre. Son combat, loin d’être terminé, il basculait à son contact. Un peu trop. Faiblesse d’un homme toujours amoureux, mais prisonnier d’une cage qu’il ne pouvait divulguer. Cette peur terrassant son bas ventre à chaque instant, chaque contact. Leur peau brûlante qui s’effleurait était l’artifice de bien plus, une parade endiablée qui le guidait vers cette peur qui le nouait. Alors il bossait encore et encore, jusqu’à l’épuisement. Une chose bien visible sur ses traits, peau tiré, yeux pochés et joues creusées. Il commandait ce qu’il avait toujours l’habitude de boire, un café caramel. Sucré, au bord du diabète pour quiconque qui n’avait pas envie d’y laisser la vie. Mais l’analyste se laissait tenter, adorateur du sucre, de ce parfum chaotique. Puis il attendait, son regard rivé sur son portable, lisant les dernières nouvelles politiques qui avaient pris place dans les lignes de certains journaux. La campagne tirait vers sa fin, la cours qui prendrait un tournant et qui poussait le Dunne à se demander si Laurie resterait en ville après coup. Pourrait-il le supporter de le voir s’éloigner une nouvelle fois ? Était-il en droit de le garder près de lui, alors qu’il s’effrayait à la simple idée de son contact ? Quelqu’un appelait son nom, remontant ses lunettes rondes sur son nez, il redressait la tête. « Oui c’est moi. » soufflait-il d’une voix calme en s’avançant vers la demoiselle qui brandissait un gobelet. « Vous ne devriez pas être de l’autre côté du comptoir ? » demandait-il un peu distrait et bien loin d’avoir suivit la péripétie de son café. À croire qu’il avait tout de l’homme tête en l’air, mais son sourire chaleureux restait présent sur ses lèvres, alors qu’il tendait un pourboire à la jeune femme en prenant son verre.

Les pauses sont censées être des moments d'accalmie où, sirotant tranquillement sa boisson, on peut refaire le monde autour d’une publication sur les réseaux sociaux. Si Ashley n’était encline à poster quoi que ce soit, rire des facéties postées par les autres l’avait toujours fascinée. L’être humain dans son entière complexité. Lorgnant vers le comptoir, sa boisson avait été échangée et l’intéressé interpellé par sa voix, qui, elle l’espère, avait assez de vibrato pour se faire entendre dans ce concerto d’appels, de conversations et de machines tournant à plein régime. La salle était bondée et il n’était pas aisé de reconnaître un "Callum" à la simple écriture griffonnée sur un gobelet. Sa chance semble tourner car un individu se souci de sa requête et se tourne vers elle. Regard bienveillant, minois avisé et sans tempête à offrir, Ashley se radoucit, néanmoins, l’expectative qu’elle soit un élément du décor lui extirpe un rire à gorge déployée, manquant de faire glisser le gobelet échangé entre ses doigts. Reprenant ses esprits, elle s’avance pour tendre ce dernier à l’inconnu pas si inconnu mais qu’est-ce qu’un prénom au milieu de la populace ? Un galet au milieu de l’océan. Rien. Le néant. Débattant de ses mains pour démentir ses propos, elle enchaine sur : “Je ne travaille pas ici, je pense qu’ils ont échangé nos boissons, du coup, je me suis permise de vous appeler pour que vous récupériez votre boisson, je ne suis pas certaine que nous ayons les mêmes goûts." Rien qu’à sentir le parfum s’échappant du gobelet, il n’y avait quasiment pas de doute. La chaleur qui irradie comme seule preuve de la bévue. “Je m’excuse de vous déranger, vous pourriez me donner mon café ? J’ai attendu longtemps pour l’avoir.” Paroles qui ne sont guère lancées sur le ton de l’intimidation ou de la préoccupation. Simple courtoisie qu’elle quémande, la journée s’annonçait longue et il fallait sa dose de venin pour parvenir à avancer les heures. Se familiariser avec la Nouvelle-Orléans n’avait, pour l’instant, rien de facile. Seconde ville à apprivoiser, loin de son Arizona natale, cela prendrait sûrement des mois avant qu'elle mémorise les rues à emprunter, les bonnes adresses et autres. D'ailleurs, elle se permit de demander : “Ca leur arrive souvent de confondre les boissons dans ce café ?” Réelle préoccupation. Si elle devait patienter tous les matins, elle chercherait probablement une nouvelle enseigne où s’alimenter.