Flight of Icarus [The Spotted Cat] • Ft. Siobhan Caldwell

[ Flight of Icarus ]

Journée de merde. Longue. Trop longue. Seule chose qui te réconfortait un minimum ? Le dîner d'affaires. Mais bon, t’étais pas seul avec elle. Agacé ? Un peu. Pas contre elle, pas contre Leelah, ton adjointe, qui était présente avec vous, contre toi-même. Juste contre toi-même. Parce que tu te trouves con. Pathétiquement con. Tu veux pas juste lâcher l’affaire ? La laisser vivre son mariage heureux avec ce Sasha qu’Austyn peut à peine se voir en peinture au fin fond du musée dans la pénombre et sans lunettes ? La jalousie qui refait surface, c’est mauvais mon chat, tu le sais. Mais tout se passe bien. Trop bien. Vous riez mêmes tous les trois une fois les sujets lourds et importants abordés. Madame King doit vous laisser. Est-ce qu’elle vous laisse parce qu’elle a son mari, ses enfants et du travail à faire à la maison ? Ou bien est-ce qu’elle vous laisse parce que tu veux de l’intimité avec la rousse ? Parce qu’elle sait que tu n’as attendu que cela, de pouvoir te retrouver seul à seul avec Siobhan ? Sans doute un peu des deux. Première option, c’est surtout pour le travail qu’il lui reste encore à faire si elle veut pouvoir être dans les délais. Tu lui a proposé, de manière un peu maladroite, de venir prendre un verre avec toi. Pas chez toi, pas chez elle, en terrasse, tranquillement. Chez elle, ce serait délicat avec Austyn et Robin. Chez toi, ce serait pire. Pire idée du monde. Elle va se dire quoi après ? Non. La terrasse c’est bien. C’est mieux. C’est pas un endroit tranquille, en totale intimité, mais c’est bien mieux que rien. Chose folle - ou pas - elle a accepté, et t’as sourit, comme un crétin. Parce que t’es un crétin. Elle est belle quand elle sourit. Tu ne réussis pas à te faire à l’idée que c’est pratiquement peine perdue pour toi. Tu lui tires sa chaise, le Spotted Cat, bar musical. C’est pas si mal comme ambiance pour une fin de soirée à deux. L’extérieur. C’est bien mieux. Bien mieux si tu veux fuir. Merci Conscience. C’est bien mieux si tu veux pouvoir fumer ta cigarette en paix et si tu veux lui en proposer une en toute galanterie.

Siobhan, la rayonnante. Même la nuit tombée, à la lueur des lampadaires, elle reste belle, souriante, rayonnante comme le Soleil. C’est ça. Elle est ton Soleil. Et toi, tu es son Icare. A voler trop proche du Soleil, tu vas t’en brûler les ailes. C’est pas faute de le savoir Valentino. Mais tu t’en contre fiche. Tu veux te brûler les ailes. Si c’est pour elle. Tu t’installes en face d’elle avant que tu ne commences à te demander qu’est-ce que tu vas bien pouvoir prendre à boire. Tu rentres comment ? A pied ? En métro ? Non, en moto. Donc, l’alcool, on y va doucement. Pas que tu ne tienne pas ce dernier, au contraire, c’est juste que tu tiens à ton seul permis de conduire.

“Choisis, j’invite, c’est la moindre des choses.”

Ta voix est douce, calme. Ton accent, léger accent récalcitrant, il roule à peine sur ta langue alors que tu lui adresses la parole, mais aussi un regard tendre. Ce genre de regard que tu ne devrais absolument pas lui faire, ce genre de regard que tu devrais garder pour une autre, pas pour elle, parce qu’elle a quelqu’un, qu’elle est heureuse. Sauf que tu ne peux pas t’en empêcher, quand vous n’êtes que tous les deux, de ces sourires, de ces regards doux. Tu ne fuis plus, pas lorsqu’il ne s’agit que du Soleil et d’Icare.

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[ Flight of Icarus ]

Ft. @Valentino Gilmore

Des mots longs, des idées de grandeurs, une soirée à l’image de ces longues réunions que l’actionnaire prenait toujours la peine de fuir. Si elle n’avait pas repris entièrement les rênes de son défunt père, c’était pour éviter tout cela. Elle avait choisi Valentino pour lui succéder, un choix qu’elle n’avait jamais regretté, un choix qu’elle se complaisait à observer à leur table. Son filet de secours à ses côtés, cette blonde amie et voisine. Elle saurait la retenir si elle abusait un peu trop de ce succulent vin au parfum frais qui déliait la langue de cette pauvre Siobhan. Malgré qu’elle ait laissé sa place à un autre, elle restait actionnaire et s’impliquait toujours autant dans cette entreprise. Exposant ses idées en frappant du poing sur la table lorsqu’il le fallait et ces dîners d’affaires elle en avait l’habitude. Vêtue d’une petite robe noire, ses cheveux coiffer avec une perfection enviable et un maquillage qui lui donnait l’assurance de la femme d’affaire, elle parlait d’un ton posé. Ces affaires plus lourdes sur la langue, puis les heures s’enchaînaient et les rires sifflaient entre ses lèvres d’un rouge vif. Un baiser sur la joue de la blonde lorsqu’elle annonçait devoir les quitter. Elle allait faire de même la rousse, rentrer pour s’extirper de ses escarpins qui alourdissaient ses pieds. Cette douleur qu’elle encaissait, parce qu’une femme se devait de souffrir pour elle. Dicton qu’on lui avait rabâché pendant tellement d’année qu’elle le faisait sans réfléchir. Femme trophée. Femme soumise. Elle en était pourtant bien loin, mais certaine chose, elle n’arrivait pas à s’en défaire. Encré en elle, indélébile, une chaîne de fer accrochée à ses chevilles. Valentino l’invitait plutôt à continuer la soirée et si Siobhan savait qu’elle ferait mieux de rentrer, qu’elle devait rejoindre son époux, mais aussi sa fille, elle acceptait. Un hochement de tête qui faisait tomber de son chignon une mèche rebelle qui venait caresser sa joue, rebondissant contre sa peau satinée.

Endurant encore un peu plus ses pieds qui pleuraient cette douleur criarde, elle remerciait doucement en prenant place sur la chaise qu’il avait pris la peine de tirer pour elle. Ses prunelles se posèrent sur l’homme, un sourire brodant ses lèvres. Depuis son mariage, leur relation avait quelque peu changé. Bien consciente de tout cela, Siobhan avait laissé le temps faire son œuvre. Attendant patiemment qu’il ne montre un signe, qu’il ne lui tende la main vers elle pour qu’elle ne revienne. Non pas en tant qu’amante comme jadis, mais comme amie. Si amie elle pouvait l’être encore après leur histoire, après ce baiser d’adieu qu’elle lui avait offert le jour de son mariage. Tout découlait de ce moment qui leur avait échappé. Mais dire que Valentino n’était rien serait mentir, elle se serait vue passé sa vie avec lui. Elle l’aimait, elle l’aime. Seulement, il n’avait pas pu lui offrir ce dont elle avait besoin. Sasha s’était imposé à elle, doucement, caressant ses appréhensions, berçant ses craintes d’un espoir certain. Aujourd’hui, ses sentiments restaient, mais elle ne les écoutait plus comme à l’époque. Jamais elle ne pourrait faire souffrir Sasha comme on l’avait fait souffrir. Comme Charlie l’avait fait souffrir. « Voyons. » soufflait-il de sa voix cristalline, elle pouvait payer son verre. Son regard se posait sur la carte des boissons, étudiant ce qu’elle voudrait bien prendre. Plutôt classique et loin d’être une grande buveuse, elle allait arrêter son choix sur un simple verre de vin, seulement son regard tombait sur quelque chose de plus estival. « Ça te dit qu’on se partage un pichet de sangria ? » proposait-elle en relevant son regard de la carte entre ses mains manucurées. Son sourire s’étirait avec tendresse. « Je prendrais bien une blanche. » Plus délicate qu’une rouge, mais délectable sous cette chaleur étouffante malgré l’heure tardive. Elle posait le menu sur la table, attendant de voir si ça convenait à son ex. « Excuse-moi. » disait-elle en se penchant pour glisser sa main sous la table et dans un mouvement étonnement gracieux elle retirait ses escarpins qu’elle abandonnait sur le sol, laissant ses pieds nus se poser près d’eux. « Je n’en peux plus. » disait-elle en parlant de ses chaussures qui mordaient chaque centimètre de sa peau, ses nerfs souffrant de cet inconfort. Mais c’était la jeune femme, de glace, parfaite en tout point et qui pouvait sans prévenir sembler si simple, si loin de l’image qu’on avait d’elle.

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[ Flight of Icarus ]

Ft. Siobhan Caldwell

Voyons. Voyons quoi ? Tu insistes ne serait-ce que par le regard que tu lui portes. Elle fait son choix la demoiselle. Une sangria blanche. Le choix te convient. En fait, à peu près tous les choix peuvent te convenir tant que c’est Siobhan qui choisit. Elle n’est peut-être pas une grande buveuse d’alcool mais elle a néanmoins de bons goûts. Tu acceptes son choix d’un geste de la tête avant de te concentrer un peu plus lorsqu’elle s’excuse. Elle s’excuse de quoi ? De retirer ses chaussures. Tu peux tenter de comprendre, les talons, ce sont de véritables engins de torture, la petite dernière de la famille te le répétait assez souvent. Et quand tu lui demandais pourquoi elle continuait de les porter, elle te disait que c’était pour être plus grande, avoir de belles jambes et surtout de belles fesses. Quelque chose qui t’échappe assez, tout ce truc autour du physique des femmes.

“Allons-y pour la sangria blanche et … Tu veux que je te ramène chez toi après ? Ce sera peut-être plus confortable pour toi ?”

Ne serait-ce qu’imaginer Shiv’, dans sa belle tenue stricte, sur ta moto, avec le second casque sur sa tête, derrière toi, ses mains sur tes hanches, cela te fait sourire. Elle doit être belle. Elle est belle. Qu’est-ce que tu racontes, tu l’as déjà baladée sur ta moto espèce de crétin. Tu ne veux pas qu’elle soit gênée avec toi, face à toi, vous vous êtes connu très jeunes et vous vous êtes déjà vu dans des situations bien moins confortables que celle-ci. Alors qu’elle ne se gêne pas de retirer ses talons. Lorsque le serveur passe, tu commandes non seulement le pichet de sangria, mais tu demandes aussi s’il est possible de mettre une certaine chanson, la vôtre. Juste pour le bon vieux temps. Comme si c’était un signe, délicat, à peine visible, du fait que tu te réconciliais avec toi même et cette part de votre relation qui s’est terminée de manière triste parce que tu as été trop con pour la rendre complètement heureuse. Une chanson douce, pleine de sentiments. Quelque chose qui peut sembler légèrement ridicule. Comme des enfants de Coeur de Pirate. Elle te fait penser à vous deux, mais aussi à Siobhan et Sasha.

“Tout ce passe bien à la maison ? Je sais que cela peut sonner déplacé mais- Hm. Austyn ne mène pas la vie trop dure à vous deux ? Sasha et toi ?”

Parfois tu hésites, et parfois tu bats ton hésitation. Ta main passe dans ses cheveux pour virer une des mèches rebelles de son visage, venant la remettre derrière son oreille. Parfois, c’est ta main qui vient se poser, rassurante, amicale, sur sa jambe, tu seras toujours là pour elle, même si ce n’est pas comme tu le voudrais. Mais elle le sait, l’héritière de l’empire Walters, que tu seras toujours là pour elle, quoi qu’il arrive. Même si ce qui arrive doit être le retour en ville de son ex-mari.

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