(luanna), in the red moonlight.

in the red moonlight. -- @Luanna Diaz
Une journée de plus de terminée, une journée de plus à laquelle il avait survécu. C’était ce qu’il s’était dit Elwyn, après avoir couché Zoey. Chaque nouvelle journée était presque une victoire pour lui, tant le moral n’y était pas. Il était enfoncé dans une dépression dont il n’avait même pas la volonté de sortir le blond. La vie était cruelle, elle lui avait appris que dès qu’il essayait de se reprendre en mains, dès qu’il arrivait enfin à être heureux, on venait tout lui reprendre d’une façon bien horrible. Il avait essayé, Elwyn à une époque et il avait même réussi. Clean pendant des années, la dépression toujours présente, mais moins imposante, il avait eu quelques belles années avec Lily. Maintenant qu’elle était morte, il n’y avait plus rien de beau, plus rien de motivant. Il aurait dû s’accrocher à Zoey, se battre pour sa fille, mais c’était trop difficile. Pas un jour ne passait sans qu’il ne pense à sa femme, sans qu’elle ne lui manque. Ça lui donnait à chaque fois l’impression qu’on lui arrachait le cœur. C’était trop dur, c’était trop douloureux et contre cette peine, la seule chose qui marchait, c’était le poison qu’il s’injectait dans les veines. Il avait lutté pendant des années et maintenant, il se contentait d’abandonner Elwyn. C’était le chemin de la facilité, diraient certains, un signe de faiblesse. Il les avait entendu ces discours Elwyn, un million de fois. Peut-être qu’il était faible alors, qu’il manquait de volonté, qu’il n’était qu’un bon à rien. Des phrases qu’on lui avait balancée en pleine figure, peut-être avec l’espoir que ça le pousse à se bouger. Des mots qui faisaient du mal et qui dans un esprit aussi torturé que le sien prenaient tout son sens et avaient l’effet inverse. Une acceptation plus qu’une volonté de lutter.

Il y aurait bien un jour où il ferait une connerie Elwyn. Une overdose, c’était si vite arrivé et il y songeait des fois à la dose létale, celle qu’il ne fallait pas dépasser pour ne pas passer l’arme à gauche. Il y avait des moments où il avait envie de tirer un peu plus sur le piston de la seringue. Juste un peu plus pour voir ce que ça ferait. Peut-être que Zoey alors, elle avait au moins cet effet sur lui, celui de l’aider encore à garder le cap et à ne pas la faire cette connerie. C’était probablement pour elle, s’il était encore en vie aujourd’hui. Il était une épave, un pauvre type, probablement l’un des pires pères au monde, mais il y avait quand même une petite partie de lui qui continuait de lutter pour elle. Maintenant, elle dormait à poings fermés Zoey. Elle ne devrait pas avoir besoin de lui pendant les prochaines heures et lui, il avait besoin de sa dose, avant que le manque ne vienne perturber son esprit déjà pas très net. Il avait tout sorti, tout préparé, prêt à se payer son trip dans un monde meilleur, quand il avait entendu toquer à la porte. « Merde » Lancé à voix basse dans l’appartement, suivit d’un soupire, avant qu’il ne range son précieux trésor au fond d’une boîte. « J’arrive. » Adressé à la porte encore close pour faire comprendre à la personne derrière que ce n’était pas la peine de frapper à nouveau. Il ne fallait pas réveiller Zoey. Il prit quelques minutes de plus, le temps de planquer sa boite sous une lame de parquet dans sa chambre, de la remettre en place, de replacer le tapis dessus. Ni vu, ni connu. Il enfila un sweat pour cacher les traces des injections précédentes, celles qu’on ne lui avait pas gâchées en venant toquer à sa porte et puis il ouvrit à son mystérieux visiteur. Il la reconnu vite, trop sobre pour oublier son visage et son nom. « Luanna. » Il soupira, peu désireux de la voir ce soir, il cherchait à l’éviter ces derniers temps, histoire de ne pas avoir le droit à une leçon de morale tout autant qu’avec l’espoir de pouvoir lui cacher sa rechute. Espoir vain sans doute, Luanna le connaissait depuis toujours, difficile de lui cacher quelque chose. « Qu’est-ce que tu veux ? » Il demanda, probablement pas assez poli pour quelqu’un qui recevait une amie. N’en déplaise à Luanna, entre sa présence et ce qu’il avait dissimulé sous sa latte de parquet, le choix était vite fait. Quand on était addict de toute façon, la drogue passait avant tout le reste.

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@elwyn ashworth

Ta vie n’avait été qu’un foutoir du début à la fin, et tu le savais pertinemment. Mais t’en rendre compte ? Te prendre la réalité en pleine gueule ? Avoue que ça t’as foutu une putain de rouste ? Ça fait mal, hein ? Ça brûle, ça pique, ça te rend vulnérable. On dit que ce qui ne te tue pas te rend plus fort. Mais tout ce que t’as subi, tous les remords que tu gardes au fond de toi et cette colère que tu gueules à longueur de journée avec ton mec, tu crois que c’est quoi ? C’est ta putain de vulnérabilité, Luanna. Accepte-là.

Le message était fort. Puissant. Douloureux. Venant d’une personne chère, voilà ce qui était le plus blessant. Mais par-dessus tout, c’était la tristesse qui venait de l’envahir qui lui faisait terriblement mal, écrasant son cœur, provoquant des larmes qu’elle tentait de retenir depuis bien trop longtemps. Assise à la table du salon de son appartement, Luanna rêvait de ne pas avoir lu ce message, de se rendormir et de se dire que tout allait s’arranger d’un simple sommeil. Mais elle avait beau fermer et rouvrir les yeux, le message était toujours présent. Elle tenta même de se pincer le bras. Mais il fallait qu’elle se rende à l’évidence : ce message, il était là. Et elle devait l’accepter, comme il lui demandait de le faire. Elle prit une profonde inspiration et le relut encore une fois, la tête plus vidée encore que la toute première fois qu’elle l’avait lu. Lorsqu’elle l’avait reçu, elle avait carrément pété un câble, mais désormais, elle sentait qu’il était l’heure de la remise en question. Le tic tac de l’horloge dans la cuisine lui rappela que le temps passait vite, les années passaient d’une manière indicible et elle sentit soudainement la culpabilité qu’elle avait enfoui au fond d’elle refaire surface subitement.
Elle l’avait abandonné, cet homme qui avait pourtant tant compté dans sa vie. Elwyn. Il fallait qu’elle aille le voir.
Elle ferma son téléphone, enfila un perfecto noir et abandonna ses talons hauts pour des baskets où elle serait plus à l’aise et qui allait mieux avec son jean. La kinésithérapeute fit faux bond à ses clients de l’après-midi et les prévint tous qu’elle ne pourrait pas assurer leur rendez-vous. Elle ressentait l’envie soudaine et le besoin puissant d’aller le voir, sans attendre. L’impatience la gagna quand elle grimpa dans sa voiture, ainsi que le stress qui forma un nœud au creux de son estomac lorsqu’elle démarra.

Chaque marche pour arriver à son appartement était plus difficile que jamais. Et chaque fois, elle sentait le stress monter encore plus puissamment en elle. Tu peux le faire, se dit-elle pour se donner du courage, alors qu’elle arrivait devant sa porte. Elle frappa et attendit. Elle attendit suffisamment longtemps pour ruminer, pour se demander si elle devait taper à nouveau ou repartir et le laisser tranquille. Suffisamment pour se demander ce qu’il foutait et transformer son stress en peur. « T’en as mis du temps. » lui balança-t-elle quand il ouvrit enfin. Elle tomba de haut, à la façon qu’il avait de la recevoir. « Quoi, t’es pas content de me voir ? Je peux repartir, si tu préfères. C’est ce que tu veux ? » dit-elle en cherchant son regard. Elle qui était contente à l’idée de retomber sur lui, elle sentit soudain la peur se muer en colère et l’impulsivité de la jeune femme était prête à prendre le dessus.

in the red moonlight. -- @Luanna Diaz
Il n’avait pas envie de se battre Elwyn, il avait passé trop de temps de sa vie à essayer pour un résultat décevant, alors il ne voyait plus l’intérêt de continuer comme ça. La plupart du temps, il avait l’impression que plus rien n’en valait la peine. Il y avait une chose qui l’avait rendu heureux dans sa vie, une personne qui était sortie du lot pour lui montrer que la vie pouvait en valoir la peine et maintenant, cette personne elle n’était plus de ce monde. Il ressentait une profonde colère au fond de lui, le blond, frustration ultime qu’on lui ait pris l’ancre à laquelle il avait décidé de s’accrocher. La seule personne qui l’avait rendu heureux, après toute une vie de misère. Sans Lily, il n’y arrivait plus, Elwyn. Il avait sa fille, il y avait Zoey et il aimerait vraiment être un bon père pour elle, parce qu’il l’aimait sa fille mine de rien, mais il fallait être réaliste : il n’avait pas les épaules pour ça. S’il y avait bien une chose qu’il avait comprise dès son plus jeune âge en regardant sa mère, c’était qu’il y avait certaines personnes qui n’étaient simplement pas faites pour être parents. Ça avait été le cas de sa mère et c’était son cas à lui aussi. Il était comme sa mère dans le fond Elwyn et plus il y pensait, plus il se détestait, parce que sa mère, ça faisait des années qu’il la haïssait pour cette vie de merde qu’elle leur avait offert à Myra et lui.

Il avait suivit le même chemin qu’elle, le seul qu’elle lui avait montré dans le fond, sa mère. C’était probablement une histoire d’éducation, vu celle qu’il avait reçue, pas étonnant qu’il ait fini comme ça. Myra était probablement l’exception qui venait confirmer la règle, parce qu’elle, elle avait réussi à s’en sortir. Zoey serait mieux avec elle, il avait déjà songé plus d’une fois à aller frapper à la porte de sa sœur pour lui demander de s’occuper de sa fille, de lui offrir la vie que lui était incapable de lui donner. Mais même pour ça il était trop lâche, Zoey dormait encore dans sa chambre, pendant que lui, seringue à la main, il s’apprêtait à se piquer à l’héro. Father of the year. Des coups contre la porte avaient stoppés son geste, le poussant à ranger – à contre cœur – son matériel de junkie dans un coin pour aller ouvrir. Luanna. Il aurait presque préféré que ce soit les témoins de Jéhovah venant lui promettre que le seigneur était avec lui et d’autres conneries qu’il n’aurait pas écoutées, se contentant de leur claquer la porte au nez. Il ne pouvait pas juste faire ça avec Luanna et pourtant ce n’était pas l’envie qui lui manquait. « J’étais en train de m’éclater avec ma main droite. » Il haussa les épaules, avec ça, elle ne devrait pas insister non ? Mieux valait parler sexe que drogue après tout et pourtant à choisir entre les deux, pour lui, c’était quand même la drogue qui gagnait. « Bha écoutes, je te retiens pas, j’ai des choses à finir. » Quitte à continuer dans le mensonge qu’il avait lancé, autant aller jusqu’au bout. C’était l’excuse parfaite après tout, en principe, les gens n’insistaient pas trop dans ce genre de situation non ? Et qu’elle pense qu’il était en train de se branler devant un porno, lui, ça ne le dérangeait pas le moins du monde. Il n’avait jamais été pudique là-dessus. La drogue, c’était une autre histoire. Toujours le bon prétexte pour lui servir des leçon de moral, alors que le sexe, à trente-huit ans, il avait passé l’âge pour les leçons.

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@elwyn ashworth

tw : maladie. violence. langage cru.

Luanna avait eu une vie de rêve, malgré ce qu’on pouvait en dire. Bien sûr, elle était née dans les bas quartiers, elle avait dû subir la pression, la discrimation, les violences de ces endroits. Mais d’une certaine façon, elle était contente d’être née dans une caravane et d’être arrivée où elle en était désormais : cela signifiait que la vie avait mal commencé pour elle afin de la forger et de faire d’elle une battante, une femme qui n’abandonne jamais. Aujourd’hui, même si elle ne roulait pas sur l’or comme ces foutus milliardaires qui passaient à la télé, elle était contente d’avoir un métier fixe qui lui rapportait suffisamment pour subvenir à ses besoins ainsi qu’à ceux de sa mère, malade. Cette dernière ne lui avait pas offert la meilleure des vies et son père avait été assassiné dans une rixe. Pourtant, elle avait toujours fait en sorte qu’elle ne manque de rien et qu’elle se batte contre la vie. Elle était fière de dire qu’aujourd’hui, elle pouvait rendre la pareille à sa mère.

Elle ne pouvait néanmoins pas dire la même chose d’Elwyn. Elle avait l’impression que son meilleur ami était en train de se ruiner et qu’un fossé s’était construit entre eux. Si elle était montée dans les étoiles, le gamin blond était resté à croupir dans les Enfers. Elle se sentait mal, à savoir cela, Luanna. Lorsqu’elle était jeune, elle n’en avait eu rien à foutre. Elle l’avait tiré, il n’avait pas voulu venir, alors elle avait abandonné. Mais aujourd’hui, il était rendu à ne pas avoir véritablement de boulot, un gosse sur les bras et un appartement miteux. Elle voyait bien qu’il vivait dans le pire des immeubles, y’avait des fissures ici et là. Elle était pas avocate, Lua, mais elle voyait bien qu’il ne vivait pas dans de bonnes conditions.
Lorsqu’elle frappa à sa porte, elle s’attendait à être mieux accueillie, mais Elwyn ne semblait pas vouloir d’elle dans l’appart, comme si sa meilleure amie ne comptait désormais plus pour lui. Elle fronça les sourcils en voyant qu’il la jetait presque dehors en prétendant être occupé à se branler. « Tu te fous de ma gueule, Elwyn ? Oh réveille-toi mon grand. On est plus dans le quartier ou dans un jeu. T’as une fille, El. T’étais en train de faire quoi dis-moi ? Tu comptes être honnête avec moi une fois dans ta vie ou va falloir que je découvre pas moi-même ce que tu étais en train de foutre ? » Ça la foutait en l’air de le voir dans un piteux état, parce qu’elle se sentait terriblement impuissante. « Tu sais que si tu as besoin d’aide, t’as juste à lever le petit doigt. Mais t’es même pas foutu de faire ça. Et en plus tu me fous dehors. C’est comme ça qu’on traite la personne qui a été là pour toi depuis que t’es dans le berceau ? » Elle se mettait hors d’elle mais il était hors de question qu’elle s’en aille, qu’elle le lâche encore. Elwyn allait mal. Il fallait qu’elle fasse quelque chose.

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Il aurait pu s’en sortir Elwyn, contre toute attente, il avait eu une période pendant laquelle il avait cru que sa vie n’était pas complètement perdue et qu’il avait une chance de ne pas être juste un moins que rien. C’était parce qu’il avait rencontré Lily, au détour d’un bar, rencontre hasardeuse qui aurait pu ne pas le mener bien loin. Des filles dans des bars, il en avait rencontrées plein. Mais Lily, elle avait été différente. Elle avait pris ses problèmes sous un autre angle et c’était bien la première à l’avoir fait. Malgré toutes ses bonnes intentions, sa sœur elle avait toujours voulu combattre les problèmes de drogues et pas chercher d’où est-ce qu’ils venaient. Pour beaucoup, finalement, le problème ça avait été l’addiction et pas les raisons qui, dans un premier temps l’avait poussé à se tourner vers ces substances. Il en connaissait d’autres des gars comme lui et il avait tendance à croire qu’on ne tombait pas là-dedans par hasard, qu’on ne tombait pas là-dedans quand on était pleinement satisfait de sa vie. Lily, elle avait pris le temps de l’écouter avant tout et ça faisait des années que personne n’avait fait ça pour lui. Elle avait panser ses peines avant d’attaquer le problème de la drogue et ça avait plutôt bien marché dans ce sens là. Elle avait réussi à le guérir et à le rendre suffisamment heureux pour qu’il ait envie de se battre pour sa vie. Un miracle dans son existence à Elwyn.

Le problème, c’est que Lily, elle avait été son ancre. Celle qui lui permettait de garder la tête hors de l’eau, elle qui lui donnait la force de continuer à avancer. D’une certaine façon, Lily, ça avait été comme une nouvelle drogue dans sa vie. L’amour dont il ne pouvait pas se passer. Mais elle était morte maintenant. Comme ça sans crier gare, Lily, elle était partie. Qui aurait cru que donner la vie lui coûterait la sienne ? Sans Lily, tout s’était effondré. Les plaies s’étaient rouvertes, plus  grandes encore que dans le passé. Les démons étaient revenus et il n’arrivait pas à les combattre. Il voulait essayer parfois, pour Zoey, mais il ne tenait jamais bien longtemps. La drogue apaisait ses maux et sans elle il avait l’impression de bien trop souffrir. Il avait besoin de sa dose, ce soir, comme d’habitude. Alors il essayait de repousser Luanna qui était venue frapper à sa porte. Elle allait le faire chier si elle rentait. Il préférait la fuir plutôt que de se heurter à une énième leçon de morale de sa part. L’excuse qu’il s’était trouvée ne passait pas apparemment. Même plus le droit de profiter des plaisirs solitaires, apparemment. « Fille ou pas fille, j’ai encore le droit de m’toucher si ça m’fait plaisir. » Il répliqua, en haussant les épaules. On pouvait bien lui laisser ça quand même non ? Même si pour le coup, c’était d’un autre plaisir dont il avait besoin. « Je vois pas pourquoi tu veux pas me croire. » C’était pas complètement irréaliste comme excuse. C’était s’il lui avait dit qu’il était en train de lire du Kant en écoutant de la musique classique, que le mensonge aurait été difficile à gober, mais ça franchement, ça lui arrivait à l’occasion, quand il n’avait pas le courage d’aller faire la tournée des bars pour trouver quelqu’un avec qui passer la nuit. « Si c’est pour m’aider pour ce que j’étais en train de faire, pourquoi pas, c’est toujours plus fun à deux. » Autant continuer sur le même ton, si ça pouvait lui faire lâcher le morceau. « Soit réaliste Luanna, t’es pas là depuis le berceau. T’es partie. Alors évite de prétendre que t’as toujours été là pour moi. » L’humour était laissé de côté maintenant. Elle était partie, elle avait réussi à se construire sa jolie petite vie, alors qu’elle aille en profiter dans son coin et qu’elle lui foute la paix.

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@elwyn ashworth

tw : maladie. violence. langage cru.

Elle y avait cru, à ce rêve de gamine. Un rêve dans lequel elle quittait les bas-quartiers pour se rendre dans les quartiers plus côtés de la ville, plus chère mais permettant aussi de faire des études qui valent le coup. Elle avait économisé dans sa jeunesse, Luanna, jusqu’à pouvoir quitter ce trou à rats avant qu’elle ne finisse comme tous ces toxico. Elle avait voulu fuir ces conneries en emmenant son meilleur ami. Elle avait rêvé d’un monde dans lequel elle quittait les bas-quartiers avec Elwyn, parce qu’elle était amoureuse de lui à l’époque. Seulement, Elwyn n’avait jamais voulu venir. Est-ce qu’il était trop ancré là-bas, qu’il avait trop peur, qu’il avait été trop lâche ? Luanna n’avait jamais eu envie de lui chercher des excuses. Il avait décidé de rester, elle avait décidé de partir sans lui, quitte à l’abandonner plutôt que de vivre dans la merde toute sa vie. Au fond, elle avait fait son choix : l’amour qu’elle lui portait ou le désir de sortir de cet endroit miteux.
Et elle avait sacrifié cet amour non réciproque pour son propre bien-être.

Mais aujourd’hui, elle culpabilisait de se pointer dans sa vie en voyant qu’il était toujours autant dans la merde, si ce n’est plus. père célibataire, comment pouvait-il tomber plus bas que quand ils avaient commencé ? Puis, y’avait qu’à voir ses yeux de drogués pour savoir qu’il avait pas arrêté la came, Elwyn. Pourquoi est-ce qu’elle le remarquait ? Parce qu’elle était passée par là, Luanna, quand elle était jeune. Parce que les démons de son passé s’étaient épris de son cœur afin de le consumer jusqu’à ce qu’elle sorte la tête hors de l’eau. Elle avait failli se noyer là-dedans, Luanna. Et c’est à partir de là qu’elle avait dit stop. En revanche, Elwyn ne semblait pas être capable de dire stop. Et il prétendait se toucher, mais elle n’y croyait pas une seule seconde. Il commençait déjà à voir les symptômes du manque, même si elle n’avait pas envie de se l’avouer. « Parce que ça se voit quand tu mens, Elwyn. Je te connais par coeur. Y’a cette petite veine à gauche sur son crâne qui se met à battre plus fort quand t’es dans le mensonge. » Elle le connaissait vraiment par cœur, depuis qu’ils sont gamins. Et les mensonges, chez lui, ils n’avaient pas changé. Y’avait aussi cette petite mimique du corps, ce côté nonchalant, faussement désintéressé. Elle l’avait tant aimé, le détaillant sur toutes les coutures qu’il y avait désormais des choses plus qu’évidentes quand elle l’examinait. « J’ai passé ce stade, El. » Elle était maquée, aujourd’hui. Et elle avait pas l’intention de se taper son meilleur ami. Elle l’avait peut-être aimé, mais elle n’était pas désespérée. Peu importe ce qu’elle pouvait sentir en le voyant comme ça, il ne se passerait jamais rien entre eux. Ça avait été clair dans leur jeunesse et ça ne changerait pas. « Tu te fous de moi, El ? J’ai essayé de te sortir de là, j’ai essayé d’être là jusqu’au bout. Mais j’allais pas continuer de te tirer vers le haut alors que tu t’enfonçais vers le bas et que tu m’entraînais avec toi. J’ai fait ce qu’il fallait pour sortir de ce trou. T’as juste pas voulu venir. Alors arrête de m’emmerder parce que j’ai pas été suffisamment là. J’ai fait ce que j’ai pu. Je suis désolée que tu te sois peut-être senti abandonné, mais j’allais pas rester les bras croisés à me laisser emporter aux Enfers. » Elle croisa les bras sur sa poitrine, désespérée.

in the red moonlight. -- @Luanna Diaz
Il avait une vie compliquée Elwyn. Il était né au mauvais endroit, dans la mauvaise famille et il avait cherché à se battre dans les premières années de sa vie le blond, mais il avait fini par se résigner, par se dire que de toute façon, il n’irait pas bien loin dans la vie, parce que les types comme lui n’avaient pas ce qu’ils avaient pour échapper à tout ça. Il avait abandonné l’idée de construire quelque chose de mieux et sans doute que, plus les années s’étaient écoulées plus il s’était laissé sombrer. Il était devenu un type pitoyable, pas mieux que sa mère et ses nombreux amants qu’il avait pourtant jugé sévèrement quand il avait été plus jeune. Au bout d’un moment, il n’avait plus eu envie de se battre. Il avait juste envie qu’on lui foute la paix et de vivre sa vie aussi pourrie soit-elle, sans son coin C’était ce qu’il avait fait pendant des années, à se foutre en l’air un peu plus chaque jour en se disant qu’un jour ce serait fini pour de bon et ce serait pas bien grave. Il ne manquerait à personne, tout le monde l’avait laissé tomber de toute façon. Et puis il y avait eu Lily et les choses s’étaient arrangées pour lui. Il avait eu une vie plus belle avec elle, il avait eu des rêves, des plans, il avait voulu être avec elle pour le restant de sa vie, alors ça avait été important de le rester, en vie.

Mais Lily elle n’était plus là aujourd’hui et avec sa mort c’était ses espoirs qui s’étaient envolés et il n’arrivait plus à joindre les deux bouts Elwyn. Il avait encore une fois perdu la volonté de se battre. Il avait de nouveau sombré et il ne voyait pas le bout du tunnel le brun. Il n’avait plus que la drogue pour se sentir un peu mieux. Un petit truc éphémère qui lui apportait un peu de bien-être. Une illusion sans doute, parce que ça lui faisait plus de mal que de bien, mais c’était déjà ça de pris. C’était tout ce qu’il voulait ce soir, sa drogue et qu’on le laisse tranquille. Mais c’était sans compter sur Luanna qui n’avait pas l’air de vouloir lui lâcher la grappe. Elle ne voulait pas croire en ses excuses, peut-être qu’il devrait juste assumer et lui claquer la porte au nez, verrouiller derrière lui et retrouver cette précieuse dose dont il avait tant besoin. Qu’est-ce qu’elle pourrait faire de l’autre côté de la porte la brune ? Pas grand-chose. « C’est ça, tu me connais si bien. » Il leva les yeux au ciel, avant de laisser échapper un soupire. Si elle le connaissait si bien que ça, elle saurait que ça ne servait à rien d’insister comme ça. Il ne voulait pas de son aide. Il ne voulait l’aide de personne. « Tant pis pour toi. » Il haussa les épaules. Raison de plus d’en arrêter là avec cette conversation qui n’avait pas de sens et qui lui faisait perdre son temps. « Tant mieux pour toi, si t’as réussi à t’en sortir. J’te demande rien, alors continue ta vie et laisse moi faire la mienne comme je l’entends. » Elle était partie dans le passé parce qu’elle ne voulait pas le tirer vers le haut quand il s’enfonçait vers le bas. Elle pouvait continuer à faire comme ça, dans le fond, ça arrangerait tout le monde. « La seule personne qui pouvait me tirer vers le haut est morte. » Et sans elle, plus rien n’avait de sens. Sans Lily, le monde était hideux et sans intérêt. Sans Lily, il n’arrivait à rien le blond et il n’avait plus envie de rien. Lily, elle avait été toute sa vie, tout son monde et maintenant elle n’était plus là, alors souvent, il se demandait à quoi bon continuer Elwyn. Il y avait Zoey, mais malheureusement, ça ne suffisait pas.

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@elwyn ashworth

tw : maladie. violence. langage cru.

Elle regrettait souvent de l’avoir abandonné lâchement. Souvent, dans sa vie quotidienne, elle y pensait et relevait la tête en se disant qu’elle avait fait le bon choix : elle avait quitté un trou à rat en étant gamine et désormais, elle parvenait à gagner sa vie. Elle pourrait peut-être un jour offrir une magnifique vie à un enfant si elle en a un. Elle a envie de continuer à aimer l’homme qui est dans sa vie depuis trois ans, elle veut continuer d’avancer. Mais chaque fois qu’elle pense à Elwyn, elle a le sentiment de faire trois pas en arrière. Elle sait aussi qu’il est l’une des sources de conflits qu’elle a avec son mec parce qu’il a le sentiment qu’elle accorde trop d’importance à cet homme. Mais Elwyn est quelqu’un d’irremplaçable, qui a été là dès le début, qui a vécu la même misère qu’elle et qu’elle a laissé dans cette misère alors qu’elle a réussi à s’en sortir. Cette culpabilité, elle ne saurait s’en défaire : pas tant qu’il ne l’aura pas pardonné en tout cas.

« Ouais, je te connais. Je te connais depuis qu’on est gamin, je sais que t’es têtu comme une mule, mais tu sais aussi que je suis aussi têtue que toi. On se battait pour ça, à l’époque … » Et tout ça, ça la ramenait vingt ans en arrière, quand ils n’étaient que des gosses insouciants qui se contentaient de ce qu’ils avaient. Ils étaient heureux, gamins. Parce qu’ils n’avaient à se soucier de rien à part d’eux-mêmes, parce que même s’ils n’avaient qu’une caravane, ça leur était égal tant qu’ils étaient là l’un pour l’autre. Mais cette illusion s’est levée pour un rideau rouge sur leur vie, dévoilant subitement la réalité. C’était Luanna qui avait séché en premier, qui avait arrêté de le tirer avec elle loin des coins mal famés pour essayer de faire des études, de se tirer de cet endroit tordu. Mais Elwyn, il n’avait pas voulu venir comme il n’avait pas envie qu’on lui tende la main aujourd’hui. Parce que Elwyn, c’était un indépendant qui n’avait besoin de personne, qui préférait rester dans sa peine et sa connerie plutôt que d’admettre que plus rien n’allait. Et ça, Lua, ça la foutait hors d’elle. « Je sais que tu m’en veux, parce que t’as l’impression que je t’ai abandonné à l’époque. » Ça se voyait comme le nez en plein milieu de la figure. Et au fond, Luanna l’avait toujours su même si elle avait régulièrement fait semblant de ne rien voir pour ne pas se sentir coupable. Seulement, le venin lancé par Elwyn, frappant cette main tendue, lui faisait mal au cœur. Elle avait toujours beaucoup tenu à lui, plus qu’elle ne l’aurait dû. Luanna ne put s’empêcher de baisser les yeux quand il évoqua Lily tout en taisant son nom. Elle eût un pincement au coeur en repensant à cette femme qui avait réussi à faire le bonheur d’Elwyn. Elle aurait aimé mieux la connaître, elle aurait aussi rêvé qu’elle soit encore de ce monde pour ne pas avoir à tenter de prendre soin de son meilleur ami et d’être rejetée ainsi. « Elwyn. » Pendant un instant, son coeur lui hurlait de le prendre dans ses bras, mais elle savait que ce serait inutile. Il risquait davantage de la repousser plutôt que d’accepter un quelconque réconfort. Elle tenta de capter réellement son attention, elle chercha son regard pour que ses mots pèsent plus forts dans son cœur. « La vie ne s’arrête pas, même si elle est partie. Le monde ne s’arrête pas de tourner. T’as peut-être l’impression d’avancer à reculons, mais je peux t’assurer que tu t’en sortiras, quoiqu’il arrive. Que tu finiras par sortir la tête de l’eau … » T’façon, je te laisserai pas te noyer, lui promit-elle intérieurement.

in the red moonlight. -- @Luanna Diaz
Luanna, elle faisait partie de ces personnes qui lui donnaient l’impression qu’il était juste bon à être laissé sur le bord de la route. Elle avait été sa meilleure amie et elle était partie faire sa vie là où l’herbe était plus verte. C’était pareil pour sa sœur cadette. Elle avait décidé de quitter cette vie de misère et elle était partie en le laissant dans son coin. Elles n’avaient pas tous les torts Luanna et Myra. Il n’était pas du genre à blâmer les autres pour l’ensemble de ses malheurs, au moins conscient qu’il était doué pour foutre lui-même sa vie en l’air. Mais Myra et Luanna, elles avaient eu de l’ambition, des rêves à atteindre, elles avaient su trouver de bonnes raisons de se battre. Lui en revanche, il n’avait jamais rien eu de tout ça. Pas la moindre ambition, pas le moindre rêve à accomplir. Luanna aurait voulu qu’il vienne à l’université avec elle, mais même s’il en avait eu les moyens, pour faire quoi ? Quand il lui avait demandé ce qu’il voulait faire de sa vie, il n’y avait pas eu le moindre idée, la moindre volonté dans son esprit. Y avait pas de métier qui le tentait vraiment. L’avenir, ça avait toujours été ce truc dans lequel il avait eu du mal à se projeter le blond. Finalement, barman, ce n’était pas trop mal comme job. Pas l’idéal d’un point de vue salaire, mais il avait déjà eu des jobs pires que ça, alors il s’en contentait.

Si elle le connaissait si bien que ça alors, Luanna, elle devrait savoir tout ça. Que rien ne le motivait vraiment dans la vie. Qu’il était un cas désespéré, incapable de voir la moindre lumière au bout du tunnel. Il y avait pourtant eu des moments où il avait été plus heureux le blond, des moments où il avait cru en l’avenir, où il avait eu des objectifs, des rêves même. Avec Lily, il avait eu tout ça, mais  c’était fini maintenant et sans elle, il ne trouvait plus rien à quoi se rattacher. S’il y avait un paradis quelque part – et il n’y croyait pas – et que son épouse pouvait le voir, elle serait bien déçue de l’épave qu’il était devenu. « On n’est plus des gamins, j’ai clairement pas l’intention de me battre avec toi pour ça. » Elle n’avait pas de souci à se faire, il était têtu, certes, mais trop démotivé pour lui tenir tête éternellement. « J’vais pas chercher à le nier. » A quoi bon ? Oui, il lui en voulait, autant qu’il en voulait à sa sœur. Il était content qu’elles aient réussi à s’en sortir, mais il avait été déçu de les voir partir, de se retrouver seul du jour au lendemain. Il avait aussi été jaloux dans le fond, parce qu’elles avaient eu plus de force et plus de courage que lui. « Peut-être que ça marche pour ton monde, mais le mien est mort avec elle. » Il y avait encore Zoey, leur fille, indéniablement la raison pour laquelle il était encore en vie lui. Il se serait déjà flingué si elle n’avait pas été là. Lassé par tout ça, il quitta le seuil de la porte, reparti dans son appartement, laissant la porte ouverte si elle avait envie de rentrer. Il récupéra son paquet de cigarettes sur la table, histoire de s’en allumer une. Seule addiction dont il pouvait vraiment profiter quand il y avait d’autres personnes dans son appartement et ça l’aidait à calmer un peu les sensations de manque, celles qu’il lui venait d’une addiction plus néfaste que la clope et qui au final, avait plus de chance de l’achever que le tabac.

in the red moonlight
@elwyn ashworth

tw : maladie. violence. langage cru. drogue.

Elle regrettait de ne pas avoir été plus têtue que lui à l'époque, de ne pas avoir trouvé un moyen de l'emmener avec elle. Mais lorsqu'ils étaient encore tout jeunes, Luanna avait déjà remarqué qu'Elwyn manquait d'ambitions, à croire qu'il se plaisait dans la vie de misère dans laquelle ils vivaient. Il n'avait pas beaucoup changé au fond depuis toutes ces années. Il n'avait pas plus d'ambitions et si elle lui demandait tout de suite le job de ses rêves, elle était presque sûre qu'il resterait bouche-bée devant sa question.
Au fond, elle avait fini par faire sa petite vie sans trop se soucier si Elwyn s'en sortirait dans son trou à rats. Elle avait préféré jouer les égoïstes plutôt que de rester enchaînée à une vie toute faite dans laquelle il n'y avait aucune véritable lumière. Luanna, elle avait toujours été du genre rebelle, incapable de rester attachée. Cela se voyait partout dans sa vie. Jamais attachée à un homme, elle avait toujours vécu dans des relations toxiques où chaque fois qu'elle sentait une emprise sur elle, elle s'éloignait. Et elle jouait ainsi constamment au chat et à la souris dans sa vie. Jamais attachée à une ville, elle avait choisi un métier qui bougeait sans arrêt, un métier pourtant lié à son passé, intrinsèquement.

Et aujourd'hui, revenir à NOLA, c'était comme de marcher à reculons. Revoir Elwyn, apprendre qu'il n'allait pas forcément bien, se rendre compte qu'elle l'avait abandonné, c'était dur à encaisser. Il suffisait qu'il y ajoute des paroles atteignant le cœur de Luanna pour qu'elle culpabilise davantage et qu'elle se décide à le sauver de cette vie de misère. L'entendre dire qu'ils n'étaient plus des gamins lui fit mal au coeur. Parce qu'elle s'attendait à ce qu'il rigole de cette situation. Pas à ce qu'il lui rappelle qu'ils n'était plus des gosses. Il avait l'air complètement démotivé, lassé de se battre pour la vie, comme si chaque instant était une lutte avec lui-même pour ne pas sombrer dans les méandres de ses ténèbres où ses démons siégeaient, prêts à le dévorer avec une certaine impatience.
Elle ne répondit rien à cette phrase mais en fût perturbée. Il enfonça ensuite plus fort le couteau dans la plaie et lui rappelant avec sincérité qu'il lui en voulait et qu'il n'avait jamais cherché à le cacher. Elle aurait aimé pouvoir réparer les pots cassés entre eux, mais elle se rendait subitement compte sur ce serait plus long qu'elle ne le pensait. Sa dernière réponse termina de l'achever alors qu'il rentrait dans son appartement pour tirer sur une clope. « Elwyn, s'il te plaît, écoute-moi … » Elle lui aurait bien dit que ça aussi, ça allait le bouffer, mais elle se retint. Ce serait contre-productif. Elle entra en fermant la porte derrière elle, constatant l'ampleur des dégâts. Elwyn était véritablement devenu une épave depuis que sa femme s'était envolée. Elle s'approcha délicatement, comme lorsque les choses se compliquait autrefois. Elle prenait un air doux, restant d'un calme serein alors qu'elle était en général d'une impulsivité délirante. Mais elle s'était calmée au fil des années, elle s'était assagie. Elle sentit son estomac se tordre légèrement, la peur venant la déstabiliser. Et s'il la repoussait brusquement ? Elle posa une main sur sa joue une fois qu'elle fût assez proche. « Elwyn, regarde-moi. Je suis sincèrement désolée que tu te sois senti abandonné quand je suis partie. Et je suis désolée pour ta femme. Je sais que tu penses qu'elle était ton monde et qu'il s'est effondré quand elle est partie. Mais je peux t'assurer que ton propre monde n'est pas totalement mort. Je te connais Elwyn. T'es un phénix. Ne l'oublie pas. » Elle avait décidé de faire à nouveau référence à ce qu'ils disaient quand ils étaient jeunes. Elwyn et elle, même dans un monde de misère, même au plus bas, y'avait toujours de quoi se relever, renaître de ses cendres. « Un jour, tu trouveras le feu. » Elle ne savait que dire de plus pour l'encourager, pour lui montrer la sincérité de ses propos. Mais elle avait beau être têtue, bientôt, elle abandonnerait, Lua.

in the red moonlight. -- @Luanna Diaz
Toute sa vie, Elwyn, il avait été un défaitiste. Un pauvre gars persuadé que la roue ne tournerait jamais. Il était né dans la misère et il y passerait sa vie. Il n’avait pas vu d’échappatoire à tout ça le blond. Il n’avait probablement pas eu la volonté nécessaire pour s’en sortir. Pas d’ambition, pas de rêve à accomplir. Il n’y avait rien eu pour le motiver à s’en sortir. Pendant des années et des années, il n’en avait rien eu à faire Elwyn, il avait laissé sa vie se dégrader sans s’en soucier. Et puis il y avait eu Lily. Avec elle, il avait retrouvé de l’espoir, de la volonté, des rêves qu’il aurait voulu réaliser. Pendant des années en sa compagnie, il avait été heureux le blond et il avait eu l’impression qu’enfin, sa vie avait du sens. Il s’était accroché à son histoire avec Lily avec beaucoup de force, parce qu’elle était ce qui lui avait sauvé la vie quand il avait été au fond du trou. Tout avait été plus facile, plus beau même, quand Lily avait été là. Mais maintenant qu’elle n’était plus de ce monde, c’était comme s’il n’y avait plus le moindre espoir, comme si tout était devenu terne et sombre. Il avait une fille, Elwyn et il savait au fond de lui que Zoey, elle devrait représenter pour lui la même lumière que celle qu’avait été Lily. Mais il n’y arrivait pas le blond. Peu importait les efforts qu’il faisait, il ne voyait aucune lumière.

Il avait l’impression que c’était facile pour les autres, les personnes comme Luanna ou comme Leola de simplement lui dire qu’il fallait qu’il s’accroche, que ça allait finir par aller mieux, que ce n’était qu’une question de temps. C’était probablement facile ouais, de voir les choses comme ça quand on était pas coincé dans sa tête, avec ses pensées les plus sombres et ses addictions. Luanna, tout comme Leola, elle ne pouvait pas comprendre. Ce n’était probablement pas une mauvaise chose, ça voulait dire que sa vie à elle était bien moins pourrie que la sienne. Tant mieux pour elle. Il avait quand même fini par rentrer dans son appartement, Elwyn, la laissant le suivre, si ça pouvait lui faire plaisir. Elle n’avait pas l’intention de laisser tomber apparemment la brune et lui, il avait besoin d’une clope, alors il ne tarda pas à s’en allumer une. Maigre soulagement, alors que ses envies le poussait vers quelque chose de bien plus néfaste que ça. Il soupira avant d’arquer un sourcil alors qu’elle commençait à parler, puis d’exploser de rire à sa conclusion. De tous les messages d’espoir qu’il avait pu entendre jusqu’à présent, celle-là, c’était la première fois qu’on la lui faisait. « Ouais, c’est ça, je suis un phénix. » Et c’était peut-être pas le seul à devoir arrêter la drogue dans le fond. « J’sais pas ce que tu prends, mais c’est de la bonne, faudrait que tu me files le nom de ton fournisseur. » Évidemment, à ses yeux ses paroles étaient justes grotesques, dignes de quelqu’un sous LSD ou une connerie de ce genre. Il n’avait jamais été un optimiste le blond et en prime il était plutôt terre à terre, alors forcément, son histoire de phénix, très peu pour lui, alors il se moquait de la brune, sans la moindre gêne. Ce n’était pas de sa faute à lui, après tout, si elle lui sortait des conneries encore plus grosses qu’elle. « Super conversation. C’est quoi la prochaine étape ? On va aller chercher une petite fée pour qu’elle règle tous mes problèmes avec sa baguette magique ? » Tout ça, ça n’existait pas, ce n’était pas comme ça que la vie fonctionnait. Franchement, quitte à faire de beaux discours, Luanna, elle ferait mieux de se montrer un peu plus réaliste, lâcher les métaphores bidons – parce qu’il n’était pas débile, il avait compris l’idée derrière la comparaison – parce que ça rendait les choses encore moins plausibles d’après lui. Ce n’était pas ce genres de choses qui allaient l’aider. Dans le fond, de son point de vue, rien ne pouvait l’aider de toute façon. Au moins, cette histoire là, elle aurait eu le mérite de le faire rire, c’était déjà ça.