nothing to regret. (w/bran)

- nothing to regret. (@Bran Sussex)
Chez elle, cette fois, elle se sentait étouffer. Elle était seule à l’appartement, pourtant. Les autres étaient absents, vaquant à leurs propres occupations. Et elle, elle était là, Janae, ses pensées tourbillonnant. Incapable de les arrêter. Incapable de se concentrer sur sa lecture. Incapable d’arrêter de penser. Incapable de se changer les idées. Neireida y revenait constamment. Comme un foutu fantôme, une putain d’obsession. Elle lui en veut d’être réapparu, comme cela, sans prévenir, dans sa vie. Elle lui en veut pour être revenue, surtout, sans prévenir. Elle lui en veut pour avoir choisi, de toutes les villes des Etats-Unis, celle où elle a grandi. Elle aurait pu aller n’importe où, Neiri. Elle aurait pu s’envoler pour n’importe quel pays, n’importe quelle île. Découvrir Naples ou Paris, Pékin ou Berlin – qu’importe, elle aurait pu aller n’importe où, ailleurs qu’ici. Mais non, Neireida a posé ses valises à NOLA. Neireida est là. Pas en Argentine, où elle est née, où elle a grandi, où elle a passé toute sa vie. Elle en est juste partie – et elle est venue ici. Elle a encore du mal à y croire, du mal à se faire à l’idée, Janae. Et pourtant, c’est bien vrai : elle lui en veut. Pour la prendre par surprise, pour ne rien lui avoir dit, pour l’avoir mise devant le fait accompli. Pour avoir fait, comme si de rien n’était, comme d’habitude. Les apparences, ça la connaît, Neiri.

Avant, cela l’amusait, Janae. Mais plus aujourd’hui. Pas maintenant. Elle a mis du temps, à l’oublier. Du temps, avant d’avancer. De tourner la page. C’est peut-être bête, mais elle a même eu raison de sa dernière histoire – des années plus tard. Il avait suffi qu’elle tombe sur un seul article sur la chanteuse, pour qu’elle replonge dans le passé. Pour qu’elle comprenne, qu’elle n’avait pas oublié. Qu’elle n’était pas prête à se lancer dans quelque chose, avec quelqu’un d’autre. Aujourd’hui, elle a l’impression que cela va mieux. Le temps a passé, après tout. L’eau a coulé sous les ponts, sans doute. Mais, face à son ex, elle a été contrariée. Elle lui en a voulu. Alors non, peut-être qu’elle ne l’a pas tant oubliée. Pas autant qu’elle le pensait.
Elle tourne dans sa tête, maintenant. Surtout quand elle ne travaille pas, qu’elle n’a pas l’esprit occupé, comme maintenant. Alors oui, elle étouffait, Janae. Elle en avait assez. Et puis, il faisait chaud, aussi – parce que l’été est bien installé, en ce mois d’août. Elle a décidé de sortir un peu alors, Janae. De prendre le soleil, de prendre l’air. De voir du monde, peut-être, qui sait. Peut-être qu’à la fin de sa promenade, elle enverra un sms à ses colocs pour savoir s’ils rentrent bientôt, s’ils ont envie de boire un verre. Elle n’en sait rien, elle improvise souvent, Janae. Et d’ailleurs, elle ne sait pas trop où elle va, traversant les rues de la Nouvelle-Orléans. Finalement, c’est assez naturellement qu’elle se dirige vers les quais, peut-être parce que ce n’est pas très loin de chez elle, mais aussi, parce que c’est resté un endroit où elle adore aller, adore se poser. Elle y a des tonnes de bons souvenirs, en vérité. Souvenirs dans lesquels elle se perd, bien facilement, la brune. Comme trop souvent, elle est là sans l’être ailleurs, l’esprit déconnecté. Et pourtant, quand elle l’aperçoit, elle le reconnaît tout de suite, sans peine. Bran, qui se promène lui aussi dans le coin. Est-ce qu’elle peut lui parler ? Est-ce qu’elle doit ? Elle se pose déjà trop de questions, Janae. Mais les liens se sont cassés, sont encore difficiles à reconstruire. « Hey, Bran ! » qu’elle l’interpelle. Peut-être qu’elle le regrettera. Peut-être pas. Elle pense qu’il faut aussi qu’elle se batte, pour retrouver ses amis perdus. Qu’elle y mette du sien, qu’elle fasse un pas, ou plusieurs, en l’occurrence. « Tu… toi aussi, tu viens toujours dans le coin ? » Elle se trouve déjà bête, Janae. Elle ne lui a même pas demandé comment il allait. Elle aurait peut-être dû commencer par là, histoire de prendre la température. Histoire de voir si son ancien ami a bel et bien envie de lui parler.

/ awards session

nothing to regret. / @Janae Oaks

certaines habitudes sont ancrées en toi depuis tellement longtemps que t'en oublies qu'elles n'existent plus vraiment.. et pourtant, tu continues de t'y plier comme un exercice que tu ferais les yeux bandés. elles sont nombreuses, appartenant toutes à des vies antérieures. cette vie que tu avais avant de rencontrer Ekko, avant de te séparer de Tendaï ou même de rencontrer Sachay. en fait, ces habitudes ont toute un point commun : elles appartiennent à cette vie que tu menais quand tu aimais encore Sacha et que vous étiez, te semble-t-il, heureux.
comme venir sur les quais.
à l'époque, c'était avec Janae que tu y venais le plus souvent. un exutoire, comme un lieu neutre dans lequel vous aimiez vous retrouver pour parler du groupe que vous formiez avec vos amis proches et les problèmes qui s'y rapprochaient. Sacha t'avait abandonné mais les habitudes, elles, n'avaient jamais eu à coeur de te laisser tomber. aussi, pendant près d'une décennie, tu es revenu souvent dans le coin. pourquoi ? t'en sais rien. Janae n'était plus là mais marcher ici te rappelait qu'elle était autrefois l'une de tes meilleures amies et alliées pour affronter tout ce qu'il t'arrivait de mauvais. aujourd'hui ? t'as pas revu la jeune femme depuis longtemps même si t'as entendu dire qu'elle allait bien. t'espérais rien de plus. même si tu lui en as voulu longtemps d'avoir aussi disparue.. fichue vie, non ? et pourtant, te voilà, encore aujourd'hui, à traîner ici comme si tu cherchais à la voir se matérialiser. par tous les saints, que t'es ridicule Bran, et pourtant.. pas tant que ça, non ? parce que sortie des embruns et de l'odeur particulière des quais, une silhouette s'avance vers toi.
- hey, Bran ! tu crois à un mirage quand tu la vois et t'as l'coeur qui se serre. pourtant, quand elle te fait finalement face, t'es bien obligé d'admettre que Janae est là.. pour de vrai, putain. et ça t'fait l'effet d'un coup d'poing dans la gueule. tu… toi aussi, tu viens toujours dans le coin ? ça aussi, tient. tu suffoques pas mais tu sais que si tu t'entendais, tu la couvrirais de reproches. la vie t'a appris pourtant que rien n'arrive jamais par hasard. est-ce le bon moment pour vous retrouver ? sans doute.. est-ce un signe ? sans équivoque. tu souris à peine.
- j'ai jamais cessé d'y venir depuis dix ans. tu réponds, comme un reproche, sans pour autant te montrer agressif ou piquant. juste logique dans tes propos. alors tu t'entends lui demander : et toi.. t'étais où ? simplement, sans que ça soit forcément méchant, juste de la curiosité. t'as l'sentiment qu'une vie entière vous sépare et pourtant, t'as jamais été aussi heureux de la retrouver qu'à cet instant précis.

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- nothing to regret. (@Bran Sussex)
Ce n’est pas toujours simple de garder le lien. Même quand on en a envie. Même quand on s’était promis que l’on ne se quitterait plus. Que l’on se donnerait des nouvelles, que l’on essaierait de dîner ensemble de temps en temps, ou au moins de boire un café – parce que c’est plus simple, plus rapide, les cafés. Probablement moins gênant, aussi. Ce n’est pas facile de garder le lien, même avec ceux qui ont été nos meilleurs amis. Parce qu’avec le temps, on grandit, on change, on évolue. On n’a plus la même vie. Alors on s’éloigne. On rencontre d’autres personnes, on se fait d’autres amis, et parfois, on forme même d’autres groupes – comme cela, naturellement. Ce sont des choses qui arrivent, tout simplement. C’est la vie, paraît-il. Et au cours de la sienne, Janae, elle a perdu des personnes auxquelles elle tenait, des personnes qu’elle était certaine de ne jamais perdre. Elle a bataillé souvent, pourtant. Elle s’est accrochée comme elle a pu. Mais souvent, cela n’a pas suffi. Sacha, elle l’a perdue – parce que son amie, à l’époque, a vécu quelque chose de difficile, de douloureux. Quelque chose qu’elle ne pouvait pas comprendre, probablement. Elle a essayé d’être compréhensive, Janae, de ne pas lui en vouloir. Elle a essayé de maintenir leur groupe à flot. Mais peut-être que c’était déjà foutu, alors. Peut-être qu’il n’y avait plus rien à faire.

Ce sont des choses qui arrivent. Mais cela n’aide pas à les accepter. Elle a mis du temps à faire le deuil de ce groupe qui lui tenait tant à cœur. De ce groupe qu’ils formaient, tous les quatre. Ils étaient ses meilleurs amis. Aujourd’hui, elle ne sait plus. Ils ont chacun leur vie, leurs cercles d’amis, voire quelqu’un qui partage leur vie, sans doute. Elle n’en sait trop rien, Janae, elle ne sait plus vraiment grand-chose d’eux. Elle commence à renouer, tout doucement, avec Sacha – mais c’est un lien encore fragile. L’amitié n’est plus comme avant. Pourtant, elle ne désespère pas, Janae. Pas encore.

Elle ne pensait pas croiser Bran, aujourd’hui. Ou peut-être que si, en son for intérieur – peut-être l’espérait-elle, sans que cela ne suffise. Sans savoir ce qu’elle dirait, le moment venu. Sans savoir si elle devrait lui parler, ou bien faire mine de ne pas l’avoir remarqué. Mais Janae, elle n’est pas vraiment du genre à snober. Et puis, au fond, elle n’imaginait pas qu’elle le verrait vraiment. Il est là, pourtant. Elle l’aperçoit, au loin, et par réflexe, elle l’interpelle. Leur amitié lui manque, au fond. Elle est triste que les choses aient changé de cette façon. Que son départ en Amérique du Sud ait blessé Bran. Parce que c’est depuis son voyage, que les choses ont changé. Pourtant, des années après l’éloignement de Sacha, ils continuaient de se voir, de passer des moments ensemble, de maintenir le lien qui les unissait encore. Elle ne regrette pas son voyage, Janae – elle ne regrette pas pour tout un tas de raisons, parce qu’elle a découvert des paysages et des cultures incroyables, parce qu’elle a gagné un peu plus d’expérience professionnelle, parce qu’elle a connu Neireida, même si cela s’est mal fini. Elle regrette simplement de ne pas avoir pu être présente pour son ami alors qu’il en avait besoin.
Alors oui, elle appréhende, au fond, quand elle l’interpelle. Mais Bran lui répond, quand même. Elle ne sait pas trop comment prendre ses mots, mais elle ne lâche pas son habituel sourire, Janae, fidèle à elle-même. « Moi non plus. » répond-elle, simplement. C’est vrai, elle est toujours venue dans le coin – sauf durant son escape en Amérique du Sud, évidemment –, parce que c’est resté un repère, pour elle. Repère retrouvé, tout de suite, à son retour. Il y a trois ans, déjà. Le temps file à une vitesse incroyable. « Un peu partout. » Elle lâche un léger rire, un peu nerveux. Un peu partout. Il faudrait bien du temps pour tout raconter. Elle n’est pas certaine que ce temps, Bran ait envie de le lui accorder. Elle comprendrait. « Tu as quelque chose de prévu, là, tout de suite ? » Elle ose. Au risque de se prendre un refus. Il faut bien prendre son courage à deux mains, parfois. Ce n’est pas toujours simple de garder le lien. Mais elle peut bien essayer de faire un pas vers lui, pour essayer de renouer. S’il le veut, Bran.

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nothing to regret. / @Janae Oaks

c'est toujours plus simple d'en vouloir aux autres que d'imaginer que la séparation nous incombe. comme si c'était plus facile pour nous d'accepter la fatalité en se disant que nous n'en étions pas responsable. quelque part, c'est ce que tu as toujours fait. c'était la faute de Sacha, en premier lieu, puis celle de Janae. est-ce que ça fait de toi quelqu'un de bien ? tu n'crois pas. au fond, t'es sans doute pire. t'as accepté leur départ sans même essayer d'lutter pour qu'elles te restent. tu crois qu'au fond, t'avais accepté cette réalité avant elles. que t'avais compris que vos efforts seraient vains avant même d'avoir commencé à essayer. vous vous croyiez aussi insubmersible que le plus célèbre des paquebots de l'histoire. mais comme lui, vous vous étiez pris l'glaçon en pleine tronche et comme lui, vous aviez coulé. est-ce un mal ? un bien ? le temps t'as appris que finalement, tout arrive toujours pour une bonne raison. grâce à cette séparation - ces séparations - t'as grandi, évolué. t'as fait des conneries, tu n'pourrais pas prétendre le contraire. t'as fait n'importe quoi, t'as souffert et, pire encore, t'as touché le fond parfois mais si tu t'sens si bien aujourd'hui, c'est sans doute parce qu'elles y ont contribué en t'laissant tomber. tu leur en veux plus, plus vraiment. Sacha et toi commencez tout juste à vous retrouver alors rencontrer Janae ici, c'est comme remonter le temps, une nouvelle fois. tu souris, malgré toi, malgré elle. parce que les souvenirs sont immuables, ils ne bougent pas, ils ne s'étiolent pas. pourtant, t'es agacé, aussi. parce que t'as l'sentiment que ça arrive trop tard.
- moi non plus. tu dis rien, glisses tes deux mains dans les poches de ton jean. tant mieux, pourtant, il aura fallu attendre tout c'temps pour vous retrouver. c'est dingue non ? si elle venait si souvent.. alors pourquoi pas avant ? un peu partout. sans doute pour ça, fatalement. parce qu'elle n'était plus vraiment là, ou alors simplement ailleurs. tu souffles, sans rouler des yeux. tu veux pas t'montrer imbuvable, juste terre-à-terre. tu veux pas t'réjouir parce que tu veux plus en souffrir. tu as quelque chose de prévu, là, tout de suite ? tu regardes autour de toi, tu r'gardes ta montre. non, pas vraiment. mais est-ce que c'est une bonne idée ? renouer ? reprendre contact ? vous vous étiez perdus pour une bonne raison, non ? tu souffles, plonges tes yeux dans les siens.
- j'ai rien à faire jusqu'à dix-neuf heures. laconique, pensif. j'ferais mieux pas, non ? pourtant, tu crèves d'envie d'y retomber. t'as vraiment aimé Janae. elle était ton amie et parfois - non souvent - elle te manque. alors pourquoi pas.. le manège reprend, pourquoi ne pas grimper sur un petit cheval et tenter un tour ? tu r'descendras au pire, si ça t'plait pas. tu veux t'poser ? tu lui demandes, esquissant l'ombre d'un sourire.

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- nothing to regret. (@Bran Sussex)
C’est comme replonger dans le passé. et dans le fond, elle n’avait jamais ressenti combien cela lui avait manqué, avant maintenant. Bien sûr, elle a pensé à eux, souvent – à Sacha, à Bran, à Shane. Elle a pensé à ce petit groupe si complice, si soudé, qu’ils formaient. Elle a éprouvé de la nostalgie, des regrets. Elle s’est sentie seule, parfois, elle aurait aimé les appeler. Mais retomber sur l’un d’entre eux, c’est toujours différent, bizarre. La nostalgie revient la frapper de plein fouet, quand elle aperçoit Bran à cet endroit où ils avaient tous l’habitude d’aller, il y a un moment de cela. Mais la vie s’en est mêlée, leurs vies surtout ont bien changé. Chacun est parti de son côté. Parce que ce genre de choses arrive, tout le temps. C’est d’autant plus flagrant avec des amis que l’on connaît depuis l’enfance. On a de bons souvenirs ensemble, on a passé de bons moments, des moments inoubliables même – mais, c’est vrai, parfois, la vie s’en mêle. Parfois, en grandissant, en prenant de l’âge, en vivant certaines expériences, on change. Alors, on a moins en commun avec les autres, avec ceux que l’on aime, ceux avec lesquels on a noué de solides amitiés. Parfois, ce n’est pas l’envie de se revoir, de passer des moments ensemble, qui manque – mais c’est juste compliqué. Elle s’en est rendue compte, Janae. Trop tard, sans doute. Trop tard, elle a compris que Sacha avait besoin d’être seule, besoin de prendre du recul, besoin de faire son deuil. Trop tard, elle a compris qu’elle aussi, à son tour, avait envie de vivre ses aventures, ailleurs.

C’est sans doute plus difficile pour celles et ceux qui restent. Celles et ceux qui attendent. C’était certainement le cas pour Bran, et cela aussi, elle l’a compris trop tard, Janae. Pourtant, elle ne voulait pas lui faire de mal – lui porter le coup de grâce, après Sacha. Mais elle est partie, il y a quelques années de cela, quittant la Nouvelle-Orléans pour voir un bout du monde. Ses pas l’avaient guidée en Amérique du Sud, et là-bas, elle avait rencontré Neireida – là-bas, elle avait vécu une jolie histoire, suivi de grandes désillusions, qui l’avaient poussée à prendre ses cliques et ses claques pour rentrer à la maison. Rentrer à sa ville natale. Cela fait un moment qu’elle est revenue, maintenant, la brune. Mais cela n’est pas toujours si simple.
Aujourd’hui, elle recroise Bran, par hasard. Et cela lui fait penser au passé, à tout ce qu’ils partageaient. Elle aimerait tant, Janae, pouvoir se rattraper. Elle aimerait tant pouvoir renouer, parce qu’il lui a manqué. Elle se demande si sa rancœur est toujours aussi grande, aussi prononcée – en tout cas, il accepte de lui parler. Lui répond, même, sans chercher à s’en aller. Peut-être élude-t-elle un peu sa question, quand il lui demande où elle était. Mais dans le fond, ce serait long à raconter. Elle ne sait pas si c’est par là qu’elle aimerait commencer. Alors elle finit par oser, par lui demander s’il a quelque chose de prévu. Elle sent son cœur battre un peu plus fort, sa respiration s’accélérer, appréhendant la réponse de celui qui fut son ami – craignant qu’il n’ait pas envie de lui parler, de lui accorder de seconde chance. Mais il lui répond, Bran. « Okay, moi non plus. » Elle a du temps libre, pour une fois, elle ne court pas partout, elle prend le temps de se poser, de profiter, d’une balade dans un premier temps – et puis après, qui sait où ses pas pourront bien la porter. Et, contre toute attente, Bran lui demande si elle veut se poser. « Avec plaisir. » répond-elle, peut-être vite, sans réfléchir. Probablement parce que c’est ce qu’elle espérait entendre. « Enfin, j’veux pas te déranger, mais… » Si cela le dérangeait, Bran n’aurait pas proposé, non ? Peut-être qu’elle devrait se contenter d’accepter sans tendre de quelconque perche pour se faire virer. C’est peut-être, après tout, l’occasion qu’elle attendait de se rattraper. « Je suis désolée, tu sais. » qu’elle finit par souffler. Et dans le fond, elle sait, Janae, qu’il saura lui-même à quoi elle fait allusion.

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