• Sujet commun : Kermesse

Remontant ses lunettes sur l’arrêt de son nez, Callum tentait en vain de se faufiler parmi la foule jusqu’à l’estrade où trônait l’équipement servant à la présentation de Laurie. Une promesse volubile qu’il lui avait fait, celle de venir le voir aujourd’hui alors qu’il présentait son plan d’action concernant la criminalité dans la ville. Son boulot de plus en plus prenant l’épuisait à en dessiner les longs cernes sous ses yeux, marquant sa peau d’une teinte grise. L’épuisement de la campagne ainsi que la reprise des cours à l’université grugeait son énergie à en faire pâlir un mort. Et pourtant, dissimulé dans la foule, Callum se retrouvait présent à cet événement, tel le bon petit analyste politique qu’il était. Il avait assisté à tous les jours précédent, offrant ses services comme analyste. Décortiquer les discours, comprendre et prédire était des caractéristiques dans son métier qu’il effectuait aisément. C’est pourquoi, la veille, il avait envoyé un long mail à Laurie annotant son discours qu’il lui avait envoyé en début de semaine. Une afro-américaine arrivait, laissant couler sa douce voix dans le micro, amusant les participants dans la foule. Elle avait du charme, oratrice de taille autant à l’écrit que devant bon nombre de personnes. Callum écoutait, puis se figea, croisant ses bras sur son torse en remontant sévèrement ses lunettes sur son nez. Célibataire ! Elle lui faisait du gringue cette pauvre vieille ! Laurie qui embarquait de la partie sans s’apercevoir que dans la foule le châtain ne démordait pas de ce spectacle affligeant. « Mouais. » maugréait-il en tapant du pied. Franchement, où se croyait-il ? En vérité, rien n’aurait dû mettre Callum dans cet état si ce n’était la fatigue. Rien n’était établis entre eux et Laurie cherchait simplement à charmer les électeurs. Pourtant, ça ne plaisait guère à l’enseignant qui continuait de le toiser, le laissant parler jusqu’au lancement de la kermesse. La foule se dispersait, mais lui restait là figé comme une statue de marbre. À la vue de Laurie qui arrivait vers lui, il tournait les talons sans l’attendre, continuant de marmonner son mécontentement sans désirer discuter avec son ex, son patron, mais pire encore l’homme qu’il aime.

Laurie ne pouvait manquer cette opportunité de se montrer en public et de promouvoir les arguments de sa campagne. Mettre sur pied une kermesse ne lui ressemblait en rien, il n’avait jamais été un adepte des manèges et odeurs de friture qui peuplaient ces endroits. Pourtant il avait dû admettre que c’était une excellente idée. Se rapprocher des habitants de la ville, permettre à tous de se changer les idées dans cette période sombre et surtout, espérer apercevoir le sourire enfantin que @Callum Dunne avait parfois. C’est essentiellement en tant que collègues qu’ils avaient parlé de cet événement, mais Laurie le connaissait suffisamment bien pour déceler les émotions dans ses prunelles. Alors il était là, sur l’estrade installée au cœur du quartier pour présenter ses arguments et échanger quelques mots avec Mamie Blogueuse. En bon joueur, il avait été assisté à la présentation des autres candidats en ce début de semaine et il avait donc entendu les propos parfois déplacés de la femme. Sourire aux lèvres et réplique charmeuse pendue à la langue, il lui répondait maintenant avec aisance, entrant dans son jeu et allant même jusqu’à lui adresser un clin d'œil à la mention de son statut. Lui-même ne pouvait pas vraiment dire s’il était célibataire ou non, alors ce n’est certainement pas devant une foule aussi grande qu’il allait donner une réponse. Le discours s’achevant sous quelques applaudissements, la foule se dispersait enfin pour laisser place à la légèreté et l’amusement prévues par cette animation. Laurie adressa un regard entendu à son directeur de campagne, mais son attention était déjà tournée vers un autre homme, debout au milieu du spectre de l’assemblée. Callum était là, un peu pâle mais bien présent, comme il l’avait promis. Adressant des salutations rapides à des gens autour de lui, le candidat quitta l’estrade pour se diriger vers l’analyste qui, lui, tournait déjà les talons. Alors il accéléra, fronçant les sourcils et perdant le sourire qu’il avait eu précédemment. « Monsieur Dunne, ravi que vous soyez là ! » dit-il plus fort que d’ordinaire, pour que Callum l’entende. Certains regards s'étaient tournés vers eux mais il n’en avait que faire. « La fête ne fait que commencer, vous partez déjà ? » Oui, Laurie créait une scène au milieu de la kermesse et il attendait seulement de voir les joues rougir.

Colère brillant dans ce regard qu’il dardait sur l’estrade, Callum maudissait cette jalousie agressive qui courrait volontairement dans ses veines. Un sentiment qui n’avait pas sa place, puisque c’était lui qui barrait la route aux espérances de son ex. Et pourtant, cette fanfaronnade et ce flirt qui vibrait dans ce sourire retrousser, laissant le mystère plané sur une relation qui n’existait que dans ses souvenirs, Callum perdait pied. Bourrasque qui le précipitait dans le tourbillon d’une vie ultérieure, celle qu’il fouillait pour chasser ses cauchemars. Seule une lumière brillait encore et il avançait désormais vers lui. Sourire énigmatique aux lèvres, une observation que l’enseignant balayait d’un regard avant de tourner les talons pour s’éloigner. Regarder @Laurie Bogart avait toujours été plaisant, mais cette possessivité l’obligeait à se remettre en question. Lui qui ne voulait redevenir ce qu’il avait été, flancher pour ce regard nuit qui offrait un tableau chaleureux, amoureux. Aimer ce n’était pas fait pour tous encore moins pour lui. Dans un soupir, il enfouissait ses mains dans ses poches le temps de quelques pas, le temps d’essayer de chasser ce visage qui baignait dans ses songes. Sa voix résonnait à son oreille, impersonnel, comme toutes ces fois où ils étaient en public. La distance se formait, l’éloignant de cet idéal, rendant son rejet plus aisé. Ils n’étaient pas ensemble et tout ça le démontrait bien. Levant les yeux au ciel, soupirant une fois de plus sans dissimuler son agacement, Callum se retournait pour faire face à Laurie. Ne gardant pas ses mains dans ses poches, il venait les croiser sur son torse, haussant le menton pour plonger ses orbes dans les siens. « Tu… Vous saviez que je viendrais. » disait-il dans un sifflement entre ses lèvres pincer. Pourquoi tant de colère ? L’analyste ne pouvait le dire, le savoir, en fait, il se voilait surtout l’esprit. Une question légitime et qui empressait de gêner le cadet. Les joues légèrement roses, il se mordait la lèvre en prenant le temps de réfléchir. Un battement de cil, peut-être deux. Tournant la tête à droite puis à gauche, il laissait son regard se poser sur un homme. @Nick Hastings . Que faisait-il là ? Revenant à Laurie, il s’humectait les lèvres d’un rapide coup de langue. « J’ai fait mon boulot, je ne vois pas pourquoi je devrais rester. Et puis, quelqu’un semble là pour vous. » disait-il en désignant du menton l’ex qu’il avait entrecroisé une ou deux fois depuis le retour de Bogart. Et malgré ce détail, il ne bougeait pas...

Après un discours qui se voulait percuteur et annonciateur de changement, Laurie devrait se mêler à la foule et parler aux plus de personnes possible. Pourtant il lui suffit de croiser le regard de @Callum Dunne pour changer d’avis. Puisqu’il est là, à quelques mètres de distance, pourquoi irait-il parler à quelqu’un d’autre ? Quelques pas dans sa direction, mais déjà l’analyste s’éloigne, faisant demi-tour et fuyant la conversation. Têtu, Laurie s’élance à pas rapides c’est d’une voix forte qu’il s’adresse à lui pour que personne n’ignore qu’il veut lui parler. Pas qu’il désire que des oreilles indiscrètes s’invitent à leur discussion, bien au contraire, mais au moins le professeur ne pourra fuir si les regards sont braqués sur eux. Lorsque finalement il s’arrête, se retourne et croise les bras sur son torse, le sourire du politicien s’étire d’un air amusé. Son attitude le fait rire, bien que son ton beaucoup moins. « Le fait de le savoir à l’avance n’atténue pas le plaisir de te voir. » Il parle maintenant suffisamment bas pour que Callum soit le seul à l’entendre, à moins que quelqu’un ne passe très près d’eux. Il ne comprend pas d’où vient la colère qu’il lit dans ses yeux et il se demande soudainement combien de temps il faudra pour que le Dunne s’exprime fougueusement sur ce qui le contrarie. Tandis que Callum observe la foule, Laurie garde son regard fixé sur lui, rejouant leurs derniers échanges dans son esprit. Et s’il n’y avait pas eu ce mouvement de tête après sa phrase, il n’aurait pas cherché à savoir qui était cette autre personne. Mais en voyant @Nick Hastings un peu plus loin, le cœur du politicien se serre. Il pourrait presque sentir ses joues blêmir légèrement et la panique monter, plus présente maintenant que lorsqu’il était sur l’estrade à s’exprimer devant toute une foule. Sourire, faire un signe, aller vers lui ou l’ignorer. Se concentrer sur Callum, faire des présentations. Pour une fois il ne sait plus comment agir, mais adressant un sourire à l’avocat, il s’adresse doucement à l’analyste. « Je ne savais pas qu’il viendrait Cal, j’aurais fait les choses autrement si j’avais su. » Dans ses yeux ses excuses sont sincères, bien qu’il ne sache pas exactement ce qui aurait pu être fait. L’envie de lui prendre la main pour l’attirer vers Nick lui traverse rapidement l’esprit, mais ce serait la pire chose qu’il puisse faire dans cette situation. Alors il adresse un signe de tête à Nick, pour que ce soit lui qui se déplace jusqu’à eux. « Callum Dunne, Nick Hastings. Nick, Callum. » Des présentations formelles qu’il exécute rapidement avec un sourire diplomate. Ils ont chacun entendu parlé de l’autre, alors pourquoi tenter de faire autrement.

Mordillant la fine peau de sa lèvre inférieure, triturant celle-ci à l’entente des paroles de @Laurie Bogart, Callum fixait ce dernier en détournant néanmoins les yeux. Sa colère bouillonnait toujours dans ses veines, elle alimentait cette sensation qu’il aurait préféré ne jamais éprouver. Parce que la jalousie, elle mettait une appellation à ce qu’il ressentait réellement. Ça ne lui plaisait pas, pour chaque moment où il essayait d’être raisonnable, pour chaque fois où il se retrouvait face à son reflet. Il n’oubliait pas les raisons de son refus de renouveler leur histoire. Cet homme qui l’avait touché, le hantait encore. Marquait leur histoire d’une ombre qu’il peinait à oublier. Cet embarras le poussait à regarder tout autour de lui, chercher la fuite comme il savait le faire dès l’instant où sentait ses sentiments plus pressants. Voyant @Nick Hastings non loin d’eux, Callum ressenti à nouveau une sensation étrange, la jalousie grugeant son être et se faufilant en lui avec sournoiserie. « Les choses autrement… » répétait-il en posant son regard au-delà de son ex, fixant un point bien loin pour être certain de ne pas croiser son regard. Dunne ne comprenait pas, ne cherchait pas non plus à comprendre comment tout cela aurait pu être différent. Il l’aurait amené à distance, les auraient tenus éloignés pour le simple soulagement de pouvoir profiter des deux hommes sans qu’ils ne sachent. Callum poussait peut-être un peu trop ses pensées, imaginait les pires scénarios parce qu’il ne pouvait faire autrement. L’avocat s’approchait, tandis que l’analyste se crispait. Une présentation. Lui avait droit à la formule formelle, tandis que Nick avait droit à la plus populaire et sympathique. Cal serrait la mâchoire, obliquant un regard vers Laurie qui insinuait tout ce qu’il ne pouvait pas dire. Trop poli et bien élevé pour cracher son venin. « Hastings. » répondait-il en lui serrant la main. Une distance s’établissant parce que c’était ce qu’il souhaitait, créer un gouffre entre lui et l’ex. Et il se voulait qu’il eût toujours tendance à nommer les gens par leur nom de famille plutôt que leur prénom lorsqu’il ne connaissait pas plus les gens. Une éducation vieille comme le monde qu’on lui avait inculqué. Il ne retournait pas la politesse d’en être enchanté toutefois. Il ne fallait pas pousser mamie dans les orties tout de même ! Le lien entre le politicien et l’avocat restait un peu trop ambiguë pour lui et il ne pouvait ignorer qu’il avait à de nombreuses fois pousser Laurie à retourner vers cet homme. Il le faisait machinalement, rêvant de son bonheur à lui avant le sien et dans son équation le bonheur était impossible entre ses bras. Alors, il le repoussait vers Nick dès qu’il le pouvait, mais à cet instant, la colère comme la jalousie dominait et il était bien prêt à démontrer qu’il ne lâcherait pas l’os qu’on lui tendait depuis des mois. Enfant pourri gâté qu’il est… « On a fini. » soufflait-il en haussant simplement les épaules avec nonchalance. « Laurie pourrait nous offrir un verre, n’est-ce pas ? J'ai vu un kiosque de boisson tout à l'heure. » disait-il en posant son regard vers le démocrate, laissant briller l’idée de le mettre dans l’embarras de faire un choix pour une fois. Qu’il ose ! Parce que ce petit jeu de second, ça ne lui plaisait pas et maintenant devant le fait accompli que Nick était toujours présent dans sa vie, il devrait choisir.

@Nick Hastings approche au rythme grandissant de la nervosité de Laurie. Les deux hommes qui l’entourent savent parfaitement qui est l’autre - bien que Nick en sache plus sur les détails des relations qu’il a entretenu avec chacun d’eux. Il ne devrait donc pas être inquiet, ce n’est pas comme si une nouvelle révélation allait éclater en plein cœur de cette kermesse et son statut actuel fait qu’il n’a pas de compte à rendre à l’un ou à l’autre. Pourtant, il se sent coupable de les mettre dans une telle situation. La rencontre était sans doute inévitable, mais il aurait préféré avoir plus de contrôle sur le lieu, le moment, le contexte. Une fois l’avocat arrivé à leur hauteur, Laurie s’applique à faire des présentations en bonnes et dues formes, ce qui n’est apparemment pas apprécié par @Callum Dunne. Le regard noir qu’il lui lance reste un mystère, auquel il ne répond que par un froncement de sourcils. Les mains se serrent et Laurie observe ce contact avec un certain malaise. Dans ce bref échange, il reconnaît bien les tempéraments opposés de ses deux ex. Nick fait déjà un effort. Callum reste distant, froid. Tel un chat il juge silencieusement son environnement. Si ce n’était pas Nick, il pourrait en rire de le voir se comporter ainsi, mais dans cette situation il n’y a rien d’amusant. Souriant de manière légèrement contractée, il se tourne vers l’avocat pour lui répondre. « Merci. Une fois corrigé par Callum le discours était bien mieux. J’espère que ça aura son effet. » Naturellement il rend le crédit à qui le mérite, avant de se reprendre. « Et merci d’être venu, Nick. Ça me fait plaisir que tu sois là. » Il essaie de nuancer ses propos, de ne pas dire qu’il est heureux de le voir, mais heureux qu’il soit présent. Ça n'a peut-être pas grande différence, mais il ne veut froisser ni l’un ni l’autre. Se creusant les méninges pour trouver un sujet de conversation liant les deux hommes, il manque d’ouvrir la bouche en grand en entendant la proposition de Nick. Son cœur manque un battement, une bouffée de chaleur monte le long de son dos et il le regarde d’un air déconfit. Il n’a aucune envie de passer un moment avec ses deux ex au même endroit, mais alors qu’il s’apprêtait à répondre évasivement, Callum prend les devants pour accepter. Achevez-moi maintenant. pense-t-il pour lui-même. « Il y a plusieurs kiosques en vérité, de boisson et de nourriture. » répond-il machinalement, pour ne pas entrer dans le vif du sujet, mais réprimant un soupir qu'il se doit d’accepter. « Allons-y, c’est ma tournée. » Avant de s’élancer à la recherche du fameux stand, il lance un sourire assassin à Callum. Dunne a peut-être changé au fil du temps, mais Laurie reconnaît toujours son caractère parfois sournois au détour de quelques paroles. « Tu ne m’as pas dit ce que tu avais pensé du discours toi. » dit-il en marchant, en direction de l’analyste. Quelque chose ne lui a pas plu, c’est certain et Laurie pourrait presque mettre sa main à couper que le sujet en question ne plaira pas à Callum. « Il y a du cidre là, ça vous va ? » Boisson faite localement avec les pommes de la région, au moins s’ils enchaînent les verres, il pourra peut-être oublier ce moment.

Un geste contrôlé, pesé par la moindre fibre de son être. Callum Dunne avait énormément changé depuis un certain nombre d’années, il était moins hautain avec ses pairs. Plus chaleureux et de nature plus appréciable que le gamin borné qu’il avait été fut un temps. Temps où il était en couple avec @Laurie Bogart. Maintenant celui-ci était révolu et son ex ne connaissait pas l’étendu de ce qu’il était devenu. Pourtant, à cet instant, Callum se montrait tel que le politicien l’avait connu alors qu’il serrait la main de l’avocat. Mâchoire tendue, parole distante qui creusait un gouffre silencieux. On pouvait le juger pour sa façon d’être, mais un Dunne ne se laissait jamais abattre par l’opinion d’autrui. Lion de la Nouvelle-Orléans, cette famille se tenait toujours droite et assumait parfaitement leur rang dans la société élitique. L’analyste enfilait son armure face à cet ex qui se tenait devant eux. N’était-ce pas étrange de voir @Nick Hastings ici à la Nouvelle-Orléans, alors qu’il n’était plus avec Laurie ? Il n’en fallait pas plus à Callum pour comprendre que ce n’était pas ce dernier qui avait plaqué Bogart. Non, même s’il ne disposait pas de toutes les cartes pour confirmer ses pensées, certaine chose ne pouvait lui échapper. Premier facteur, Nick n’était pas de la Nouvelle-Orléans, c’était un fait que le Dunne savait, sinon il aurait sans doute entendu parler de lui que ce soient les échos de son nom dans une conversation. Avocat ne pouvait passer sous le radar de la famille Dunne. Il en déduisait qu’il s’était donc déplacé de DC pour rejoindre Laurie. Fait ou hasard ? Il optait secrètement pour le premier choix, même s’il pouvait accorder le bénéfice du doute. Plus d’une fois il avait croisé son chemin sans jamais se parler, mais il avait vu son regard, cette étincelle lorsqu’il s’adressait au politicien. Dupe, il ne l’était très certainement pas. Plusieurs autres facteurs venaient s’ajouter à ses réflexions qui l’avaient mené à cette réponse : sans connaître les raisons de leur séparation, Nick cherchait à reconquérir Laurie. L’analyste, fort doué dans son domaine, était bien convaincu de sa théorie, dardait son regard sur Hastings, obliquant finalement sur son premier amour à l’entente de son prénom. Sa mâchoire se serrait malencontreusement en l’entendant le remercier de sa présence. – Je peux tenir la chandelle aussi, pensait-il sans oser le dire, sachant pertinemment qu’il n’était pas dans son état normal. Cette frustration qui grugeait ses entrailles sous le poids de la fatigue. Acceptant l’idée de Nick, le châtain se mettait en route vers un kiosque. Ce fut Laurie qui brisa le silence attirant l’attention de Callum tandis qu’il sortait de sa poche son paquet de clope. Fumer étant une seconde source de vie. Il l’observa du coin de l’œil, mais pour seule réponse il porta le bâtonnet à ses lèvres, allumant l’extrémité d’une rapidité suspecte. Voilà qu’il était bien trop occupé dans cette démarche pour réellement répondre et ça lui convenait très bien, puisque de toute manière, il n’oserait dire devant Nick qu’il n’avait pas apprécié de le voir jouer les Don Juan. Car tout ça, ça ne faisait pas parti du discours, de ce qu’il avait travaillé pour lui offrir les meilleurs mots. Il proposait du cidre, signe qu’il cherchait une échappatoire sans doute, perspicace en plus de ça et un brin rabat-joie, Callum tirait sur son bâtonnet cancérigène pour souffler une volute de fumée claire. « Pas d’alcool pour moi. J’ai encore du boulot qui m’attends. » Toujours et à jamais, le répit n’existant pas pour lui. « Je vais aller me chercher un café. Je reviens. » disait-il en pointant un kiosque un peu plus loin, puis tournant les talons sans plus attendre pour se diriger vers le stand. Les laisser ensemble ne lui plaisait pas plus que cela, mais il savait au fond de lui que Laurie ne tenterait rien. Il avait confiance en lui, aussi étrange soit-il après autant d’année loin l’un de l’autre. Et si quelque chose venait à se produire, ce dernier savait que Callum partirait sans se retourner. Discours qu’il avait proféré à moult reprise, le poussant dans les bras d’un autre sous la seule crainte de ne pas pouvoir lui rendre son amour. Et puis, il avait besoin de s’éloigner, respirer, souffler un bon coup face à cette idée folle de partager un moment avec eux. Moment étrange et indescriptible qui s’annonçait, il nécessitait un allié qu’il trouverait dans la caféine. Celle qui le garderait réveillé encore et encore, même jusqu’au milieu de la nuit…

hj // j'ai fait long sorry, je vous laisse le temps d'un tour ou deux pour que Callum aille chercher son café et revienne
Si quelqu'un est tenté de l'aborder entre temps, il est LIBRE

La situation n’a rien de confortable pour Laurie, mais il s’assure de garder un sourire et un léger entrain. Il aimerait pouvoir se dédoubler, mener à la fois une conversation avec @Callum Dunne et une autre avec @Nick Hastings à des kilomètres l’une de l’autre, mais cette situation devait bien arriver un jour. Depuis des mois, il faisait en sorte que les deux hommes n’aient pas à se parler lorsqu’ils se croisaient, ayant juste expliqué à Callum ce que Nick faisait en ville, sans entrer dans les détails de leur relation. Maintenant il est piégé, et alors qu’il pressentait une porte de sortie, Callum l’a fermé aussi vite qu’elle est apparue. « Ton soutien est précieux. » Ose-t-il dire à l’avocat pour le remercier d’être venu. Il peut presque entendre les yeux du Dunne se lever vers le ciel, mais il fait comme si de rien n’était. Puisque apparemment ils sont forcés tous les trois d’aller boire quelque chose, il se met en route pour trouver le premier stand qui vend une boisson, quelle qu’elle soit. Nick accepte le cidre sans rechigner, mais évidemment il fallait que Callum trouve quelque chose à y redire. Un soupir amusé quitte les lèvres du politicien alors qu’il s’apprête à répondre. « Ce n’est pas un verre de cidre qui te mettra mal. Et je croyais que ça devait être ma tournée. » Mais l’analyste a déjà commencé à s’éloigner. Laurie le regarde s’éloigner avec un sentiment de frustration, ne comprenant pas pourquoi il a décidé de partir aussi brusquement. C’était son idée d’accepter d’aller boire quelque chose. Ils auraient facilement pu dire à Nick qu’ils n’avaient pas le temps à ce moment-là, mais il fallut que Dunne réclame vengeance. Et maintenant il les laisse seuls, quelques secondes après les avoir forcé à se mettre en route. Un grognement passe les lèvres de Laurie, il passe une main dans ses cheveux avant de se reconcentrer sur l’avocat. « Du cidre pour nous alors. » Il en demande deux verres au vendeur présent et le remercie chaleureusement en le payant. Puis, les deux gobelets en main, il s’éloigne de quelques pas seulement pour laisser la voie libre à d’autres potentiels intéressés. Mais il ne veut pas quitter l’endroit, au cas où Callum revienne vraiment - bien qu’il en doute. « Comment tu vas ? » demande-t-il avec un sourire en lui tendant son verre. « Je ne pensais pas que ça se passerait ainsi. » Au moins la conversation entre eux sera peut-être moins tendue, c’est ce qu’il espère en tout cas.

La fuite. C’était en quelque sorte ce qu’avait décidé de faire Callum en laissant @Laurie Bogart seul avec cet ex qu’il n’arrivait pas à regarder en face. Trop sur le qui-vive pour réellement se sentir à l’aise dans cette situation. Déjà que les paroles de la vieille Blogueuse résonnait dans ses oreilles, comme cette réponse qu’il ne trouvait pas pourquoi elle le rendait ainsi. Furieux. Il avait besoin de se retrouver avec lui-même, pour redevenir ce Callum de jadis. Il les avait donc laissé prendre leur verre de cidre, alors qu’il partait se chercher une tasse de café. Passant devant un château gonflable sous les rires des enfants qui s’amusaient dans celui-ci, l’analyste fini par poser son regard sur un petit stand. Étonnant, mais bien loin de le dérouter. Il s’arrêtait à celui-ci, puis au suivant et continua ainsi pendant deux ou trois autres.

Une vingtaine de minutes plus tard, il revenait vers cet endroit où il avait abandonné Laurie avec @Nick Hastings. Voyant les deux hommes côte à côte, il fronça le nez se trouvant désormais ridicule. Il s’était laissé prendre au jeu de la kermesse, dépensant sans compter dans des petits kiosques. Et maintenant il était de retour, un bonnet à l’effigie de Kermit sur la tête, sourire ravi sur ses lèvres, tandis qu’il sirotait sans élégance une barbotine à la pomme verte. « Je ne suis pas parti trop longtemps ? » demandait-il avant d’aspirer une longue gorgée du breuvage qui lui gela immédiatement le cerveau. D’un geste enfantin, il plaquait sa main sur son front, grimaçant. « C’est froiiiiid. » soufflait-il d’une petite voix penaude en accompagnant ses mots d’une légère moue. L’homme de trente ans s’était envolé, brisant cette image d’homme d’affaire. Généralement, il ne se montrait guère ainsi, mais face à Kermit, il était faible. Ses pensées s’embrumaient de douces poésies et son humeur maussade disparaissait. Pourtant, il n’aimait pas s’afficher ainsi, surtout pas devant des inconnus, ce qu’était Nick. Cette fois, il ferait exception. Posant un sac sur la table, il en sortait un autre bonnet fait au crochet en forme de grenouille. « J’ai trouvé ça aussi pour Snooki. » disait-il en se pinçant les lèvres.

bonnet kermit & bonnet Snooki

hj // comme le sujet ne durera plus très longtemps j'ai fait revenir Callum

Les minutes avaient passé et avec elles, Laurie avait réussi à se détendre. La conversation avec @Nick Hastings était venue naturellement et au bout d’un moment ils avaient tous les deux réussi à mettre de côté les tensions liées à cette rencontre imprévue. Il gardait en tête que @Callum Dunne avait promis de revenir et régulièrement il jetait un œil à la foule, observant la cascade des passants en espérant apercevoir son ex-petit-ami. Mais celui-ci ne revenait pas et Laurie commençait à perdre espoir. Ca ne ressemblait pas à l’analyste de baisser les bras ainsi, de fuir le danger tel un dalmatien face à la menace de devenir un manteau, mais peut-être était-ce la preuve qu’il ne le connaissait plus si bien que ça ? Depuis des mois, Callum ne cesse de le lui dire. Il trouve des raisons pour le repousser, pour tenter de le persuader que leur histoire n’est plus ce qu’elle était. Et lui, trop têtu, n’a rien voulu entendre. Aujourd’hui n’est pas encore le jour où il acceptera de se résigner, mais ce signe ne le laisse pas de marbre.

Il arrive finalement à se concentrer sur sa conversation avec Nick, se laissant seulement distraire par un gamin roux habillé d’une chemise à rayures qui fait une scène à ses parents. Il faut croire que certains jeux sont un peu trop compliqués pour les enfants, et cela pourrait inquiéter le politicien s’il était réellement impliqué dans le déroulé de la journée. Mais au fond il ne considère l’endroit que comme une plateforme pour délivrer son message et se faire voir. La kermesse aurait pu être un don de nourriture, un gala de charité ou un cours de lecture, ça n’aurait fait aucune différence pour lui. Aucune, sauf qu’à tous ces événements-là il n’aurait pas pu voir Callum Dunne portant un bonnet Kermit. Ce spectacle fait sourire Laurie d’une manière qu’il ne peut pas contrôler. Ses lippes s’étirent dans un mouvement radieux et il observe son collègue avec une dévotion qui n’a rien de professionnelle. S’ils n’étaient pas en public, si Nick ne se tenait pas à côté d’eux, il ne pourrait pas lutter contre cette envie incendiaire de l’embrasser. Sa protestation contre le froid qui lui monte au cerveau fait rire Laurie et cette fois plus que jamais, il a l’impression d’être face à l’homme dont il est tombé amoureux quinze ans auparavant. « Non, ne t’inquiète pas. » Il aimerait lui dire que si, mais au fond si cette absence est ce qui lui permet de le voir accoutré ainsi, il ne peut pas se plaindre. Avec un regard curieux, il observe le bonnet en crochet que Callum sort du sac avant de rire de plus belle. « Oh mon dieu Cal… Snooki va être toute prête pour Halloween. » Il sait qu’il va être d’un avis différent, mais il s’imagine avec bonheur la tête du chat affublé du bonnet vert. « Je veux la voir quand tu lui mettras ça, d’accord ? Elle va être magnifique ! » L’amour de Laurie pour les chats a toujours été là, bien que lui-même n’ait jamais passé le cap d’en adopter un. Et si ses visites chez Callum se font de plus en plus fréquentes, c’est peut-être en toute petite partie pour passer du temps avec Snooki. « Et évidemment le tien est très bien aussi… » Dans un élan de folie, il s’approche pour tirer sur l’une des deux ficelles pendant autour du visage du professeur, avant de se reculer pour adresser un sourire à Nick. Et voilà que la gêne est de retour.

Impossible de fuir plus longtemps, Callum était donc finalement revenu vers les exs. Aucune intention derrière la tête, l’idée simple de profiter d’un moment avec deux autres personnes. C’était avec cet esprit qu’il refaisait surface devant eux, la fureur envolée. La raison coulant dans ses veines, il n’y avait rien entre @Laurie Bogart et lui, n’ayant ainsi pas de raison pour s’enflammer, laisser la frustration envahir ses pensées. Quelques achats plus tard et une barbotine en main, il abordait un sourire bien plus à l’image du garçon qu’il était. Un changement impossible de mettre de côté. Des billes d’un bleu profond se baladaient entre l’un et l’autre, sa paille au bout des lèvres. « Rigole pas, ça fait maaaal. » décidait-il de rouspéter de cette voix boudeuse. Enfant de trente ans, qui virevoltait entre une idée et une autre, celle de défendre son honneur face à un Laurie bien moqueur et l’envie de dévoiler cette trouvaille qu’il avait fait pour son chat. Snooki qui bientôt serait affublée d’un magnifique couvre-chef présentant une grenouille. Sans grand étonnement le politicien s’emballait pour le pauvre chaton qui se retrouverait déguisé en moins de deux au retour de son propriétaire. « C’est pas pour Halloween. » glissait-il en se pinçant les lèvres, animal torturé par les délires enfantins d’un homme désireux de la rendre mignonne. Il fronçait le nez doucement. « Si tu veux. » disait-il en plongeant son regard dans celui de son ex, oubliant presque @Nick Hastings qui se trouvait toujours présent et qui ne parlait devant assister à un moment malaisant. Callum se figea tout de même dès l’instant où les doigts de Laurie s’enroulaient sur l’un des cordons de son bonnet. Le rouge en pleine croissance sur ses joues ne s’estompait pas, il ravalait avec difficulté. Ne le quittant pas du regard, obliquant finalement son regard vers l’avocat qui ne perdait pas un instant à parler cette fois. La voix de l’analyste se nouait dans sa gorge. « Non. » soufflait-il malgré lui. Pourquoi ? Sous ce regard amoureux, se reflétait un tout autre sentiment, la peur. Celle d’être seul avec Laurie alors que le désir de sentir l’homme près de lui se faisait sentir, mais la crainte loin d’être comestible à son esprit, indigeste, impossible à accepter et mettre de côté… « Tu peux bien rester, pour Laurie. » disait-il sans oser avouer que c’était surtout pour lui, pour se protéger de ce qui le traversait et lui donnait des pulsions qui le terrifiaient sans qu’il trouve la force de réellement les affronter.

Au fil de sa conversation avec @Nick Hastings Laurie arrivait à se détendre et à garder son attention sur l’avocat. Il ne s’attendait pas à le voir ici, à devoir faire des présentations comme celles qui venaient de s’achever, mais il passait toujours de bons moments en compagnie de son ex. Malgré le temps et leurs différends, il gardait une affection pour lui qui serait toujours importante. Et puis les choses étaient toujours plus simples quand il était question de son travail. « Les speeches politiques me conviennent. La kermesse un peu moins, mais au moins c’est une ambiance festive et je sais que ça change les idées. » acquiesça-il aux paroles de Nick. Tout le monde avait besoin de changer d’air en ce moment, et lui également. La nouvelle question lui provoqua des frissons, mais il fit de son mieux pour les réprimer. « Je parle de votre rencontre. Ça devait arriver un jour, mais… j'espérais avoir plus de contrôle sur la situation. » Pourtant Laurie savait bien que pour un tel événement, il n’aurait jamais pu trouver les circonstances suffisamment bonnes pour être à l’aise. Tout s’est fait dans un respect distant, et peut-être que c’était la meilleure chose qui pouvait arriver.

Après un bon moment de discussion en tête à tête, @Callum Dunne revint finalement vers eux. Barbotine à la main et bonnet enfoncé sur le crâne, il était un homme nouveau avec son sourire fascinant. Nouveau, ou au contraire si ancien que le cœur de Laurie ne put s’empêcher d’accélérer en voyant ce souvenir renaître devant ses yeux. Ses rires se mêlent aux blagues, et quand l’analyste dévoile le bonnet qu’il a trouvé pour son chat, l’enthousiasme du politicien ne peut être masqué. Il sait que c’est enfantin, que certains de ses conseillers lui diraient de reprendre un peu de sérieux, mais quand il est question de félins domestiques, Laurie ne peut pas rester calme. « Tu vas lui mettre ça tous les jours ? » Ca continue de le faire rire, il peut déjà visualiser la bouille de l’animal avec ce petit ornement vert qui masque ses oreilles. Mais il se calme un peu quand Callum accepte qu’il soit présent pour les essayages, ça réchauffe son coeur hésitant et le pousse à faire un geste qu’il sait déplacé. Parce que le contexte ne s’y prête pas, parce que l’analyste rougit déjà, parce qu’ils ne sont pas seuls. Il pourrait rester des heures à observer les joues écarlates, mais il se tourne vers Nick et lui adresse un sourire. Comme pour le mêler à toute cette histoire où il n’a pas sa place. Parce qu’ils ne sont pas faits pour être trois. Ils ne sont pas amis, et Laurie ne désire pas qu’ils le deviennent. Il a son histoire avec chacun d’eux et il préfère que cela reste ainsi. Alors lorsque Nick annonce qu’il doit aller travailler, il se dit que c’est peut-être la meilleure des solutions, bien qu’une culpabilité s'insère en lui. Mais avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, Callum le retient. Est-ce une excuse ou pense-t-il vraiment que cette situation lui plaît ? Après un regard dubitatif pour l’analyste, il se tourne à nouveau vers l’avocat. « Callum a raison, ça me ferait plaisir que tu restes. Tu peux profiter de la fête comme tout le monde ici. » Son sourire est sincère et il espère qu’il pourra se sentir à sa place, s’amuser dans cette ambiance festive. « Mais à vrai dire, Nick a raison aussi. » continue-t-il en observant Callum. « Je dois faire le tour de la kermesse, vérifier que tout se passe bien, discuter avec d'autres personnes. Votre compagnie m’est agréables messieurs, mais quel genre de politicien ne s’arrête qu’à deux de ses concitoyens ? » Il tente un trait d’humour, d’alléger son humeur, mais en vérité toutes les tensions précédentes sont revenues. Il préfèrerait de loin remonter sur l’estrade pour un nouveau discours que de rester dans cette dynamique. « D’autant plus que je pense pouvoir compter sur vos votes à tous les deux, non ? Il me faut aller conquérir d’autres foules. On se voit plus tard ? » A cette dernière question, son regard passe de l’un à l’autre sans bien savoir sur qui s’arrêter. Son cœur lui crie une chose, sa tête une autre et dans un dernier sourire il décide de suivre ses jambes, qui l'emmènent loin d’eux.