Welcome to the Hotel California

« Ah bé non m'sieur, on peut pas bosser s'vous z'êtes là. Vous p'vez pas dormir ici durant un mois. » La porte d'entrée se ferme sur un appartement ravagé par les travaux. Seth a juste le temps de voir les couvertures qui recouvrent son canapé et les pots de peintures au milieu du chantier, avant de se retrouver con sur le pas de la porte, sa clef dans les mains. Il est neuf heures du matin, il est crevé, sa garde vient juste de se terminer - avec un sacré retard dues aux nombreuses admissions - il avait complètement oublié ces fichus travaux et voilà qu'en plus, il est à la porte ?

Les potes qu'il pourrait appeler sont au boulot et il a trop la flemme de courir chercher leurs clefs pour aller dormir. Il ne lui reste qu'une seule solution : l'hôtel. Les yeux absolument pas en face des trous, Seth sort son téléphone et lance une recherche rapide puis se dirige vers le lieu. Dormir. C'est son seul objectif.

« Bonjour, une chambre pour ... un mois c'est possible ? Enfin, je veux juste dormir, je veux bien juste une chambre et voir ensuite avec vous si besoin. S'il vous plaît. » Il parle trop, mais il tient à peine debout et il n'en peut plus. Sauf que la réceptionniste n'a pas l'air d'avoir envie de l'aider. Elle prend tout son temps pour chercher dans les registres - un ordinateur est allumé, il sert à quoi ? - elle se lève et s'assied deux fois. « N'importe quelle chambre ! » s'énerve-t-il soudain en tapant du poing sur la table. « Il est même pas 10h me dites pas qu'elles sont toutes occupées ! »

welcome to the hotel california Rendu matinal par l’enthousiasme de Reno, Mateo en était pour autant toujours pas totalement réveillé au moment de rentrer dans le hall de l’hôtel dans lequel il avait posé ses valises pour c’qu’il pensait n’pas dépasser les deux semaines. Le matelas de son van lui manquait, l’tissu des draps dans lesquels il s’allongeait depuis son retour avaient quelque chose de sa jeunesse qu’il avait instinctivement envie de fuir, comme si celui-ci avait l’pouvoir de l’enchaîner avec la même volonté cachée qu’avait sa mère de n’pas le voir retrouver les routes trop tôt. Et pour la première fois, il voulait vraiment la comprendre, Mateo ; la savait terrifiée d’perdre sa dernière-née, c’petit bébé qui lui n’avait jamais connu c’besoin d’indépendance qui l’animait.

Tergiversations interrompues par des voix qui s’élèvent au niveau de la réception, et l’expression totalement perdue de l’employée qui semble sur le point de perdre ses moyens face au client qui s’emporte. Alors évidemment, il a l’réflexe de lui venir en aide, alors même qu’il sait pas de quoi il retourne, alors même qu’il a pas grand autre pouvoir que celui d’un pensionnaire, quand son regard croise celui de la réceptionniste et qu’elle le reconnaît pour son lien filaire, qu’elle l’appelle à l’aide d’ses ambres suppliantes, il s’interpose et rejoint la scène pour s’appuyer contre le bois du comptoir. Y’a un problème ? il demande en adressant un sourire rassurant à l’employée, plus poli au client ; ‘veut juste calmer le jeu. La chambre de monsieur subit des travaux pour le moment, et je - on n’a plus de - je - elle s’emmêle rapidement, l’regard un peu perdu qui s’balade entre son écran et le client dont elle craint l’courroux - et la version.

( @seth keller    )

Quelqu'un d'autre se ramène, mais il n'a pas forcément l'air employé ici. J'ai peu d'espoir. Y’a un problème ? Son ton est assuré, il a l'air à l'aise. Est-il capable de résoudre mon problème ? D'agir. Un soupir de soulagement me traverse, pendant que l'autre bredouille. « Dormir, je veux juste dormir. » lâche-t-il. Mais sa colère l'empêche d'être totalement apathique. Il a un regain d'énergie qu'il n'imaginait pas il y a dix minutes, la lassitude l'a quitté. « J'y crois pas qu'il n'y ait aucune chambre, je sors d'une garde de 24h et je suis ko. Je reprends mon service dans 17 heures maintenants et j'ai besoin de me poser. C'est possible vous croyez ? » Si au début sa voix était claire et posée, elle est redescendue vers les graves et portée par la colère vers la fin. Quelqu'un peut prendre en main son problème, histoire qu'il s'allonge avant de tuer un patient par négligence et fatigue ?

welcome to the hotel california Chevalier servant accompagné d’son mini-destrier, Mateo prend ses aises dans ce hall dont il a été témoin de tous les changements jusqu’à son départ, environ dix ans plus tôt. Hôtel dans lequel il avait grandi, dans lequel il s’était perdu autant que trouvé, où il s’est récemment familiarisé avec le staff aussi, depuis qu’il a fait le choix de pas s’éloigner trop vite de Nola.  Entend bien l’impatience de la voix du pensionnaire déçu, comprend aussi l’idée de fatigue qu’il y a derrière : ça aussi, le taff jusqu’à plus sentir ses muscles, il a connu, il sait comment ça rend. Et l’étincelle, qui le fait de nouveau se tourner vers la réceptionniste après avoir écouté les griefs de l'inconnu. La… 134, ou 130, elle a été libérée tôt ce matin, non ? J’suis sûr de les avoir entendus rouler leurs valises, tout à l’heure. Normalement, ça veut dire qu’elle est libre au moins quelques heures il demande, alors que la réceptionniste plaide que les draps n’ont sûrement pas encore été changés, évoque des règles d’heures de vacation que Mateo démet d’un geste de la main, invoque que si c’est juste question de ça ils n’auront pas trop de mal à e mettre de nouveaux quitte à c’que Mateo donne un coup de main, assistance qu’il discute pas un seul instant, comme s’il bossait vraiment là. L’employée finit par se confondre, par presser la fin de la conversation aussi, sûrement épuisée par c’boulot alimentaire qui lui en demande trop dans l’instant, et elle glisse la clé demandée sur le comptoir, non sans que la jeune femme ne murmure d’un air entendu à Mateo qu’elle ne voulait pas d’ennuis avec la direction. Petit clin d’oeil, et il se saisit des clés pour entraîner l’inconnu vers les ascenseurs, Reno docile au bout de la laisse. S’assit sur les pieds de son maître une fois en route vers les étages. Médecine, mh ? il demande curieusement alors qu’ils arrivent à leur porte.

( @seth keller    )

Le jeune homme séduisant et sûr de lui qui vient d'arriver est un vrai soulagement pour Seth. Il sait y faire, même s'il outrepasse quelques règles, mais comme le jeune médecin ne les connaît pas, il s'en fiche. Tant qu'on lui trouve un endroit où fermer les yeux quelques heures, tout lui va. Il regarde le mec attraper la clé et faire un clin d'oeil et soudain, Seth se pose des questions. Il n'y a pas anguille sous roche ? Son cerveau en manque de sommeil imagine des relations étrange. Est-ce qu'il n'est pas un tueur en série avec l'impunité de l'hôtel ? Est-ce qu'il ne magouille pas quelque chose de louche ? Il n'a absolument pas d'uniforme mais tout le monde agit comme s'il était le maître des lieux. Et puis son chien qui le suit partout. Seth s'arrête au milieu du couloir. « Ouais, médecin, et toi tu es ? » Il fait une mini pause - pour un effet dramatique - avant de reprendre la parole. « Tueur en série ? Maître d'hôtel ? Psychopathe ? Sauveur d'âmes égarées ? » Sa liste est ridicule, mais Seth s'y accroche tout de même. Tout va à mille à l'heure dans son cerveau et il a l'impression de déjouer un plan moyen. Pire il en est fier

welcome to the hotel california Ça arrive de temps en temps, ces dernières semaines, que les employés soient un peu livrés à eux-mêmes dans l’hôtel ; d’ordinaire toujours sur le pied de guerre, la tête du lieu n’avait néanmoins pas l’esprit à la direction, en ce moment, passant une majorité de son temps à l’hôpital où Santana avait élu domicile depuis son dernier malaise. Et Mateo, lui qu’avait tout fait pour fuir ce monde, c’t’environnement qui l’avait tant étouffé quand il était ado, il finissait par être celui qu’intervenait, qu’essayait d’arranger les choses, parce qu’il savait que l’hôtel restait important pour sa mère, et puis qu’malgré tout c’qu’il pouvait en penser, ça restait chez lui, l’endroit où il avait vécu le plus longtemps, celui qu’il considérait malgré lui comme son bercail. Mais le client qui l’accompagne, lui, n’en a aucune idée, et il semble pas attendre longtemps avant d’s’imaginer des films et des scénarios rocambolesques qui font sourire, puis rire le brun. Wah, t’as d’l’imagination, il répond, légèrement hilare, avant de balayer ses inquiétudes d’un petit geste de la main. Plutôt sauveur d’âmes, ouais, mais surtout l’fils de la patronne. Il présente la porte pour inviter Seth à y glisser sa carte magnétique. Quoique, t’es sur quelque chose, j’devrais peut-être commencer à demander un salaire de maître d’hôtel, il reprend toujours avec humour. Bon, du coup, pas sûr de c’qu’on va trouver de l’autre côté de la porte, mais ça peut pas être si horrible, mh ?

( @seth keller    )

L'autre le taquine et Seth balaie d'un geste de main. « Plus que l'imagination, je dirai la fatigue. » Ou la folie. N'est-il pas en train de sombrer ? Le sol ne devient-il pas plus plongeant ? Avec angoisse Seth songe à son périple en bateau avec Odélia et à la mer qui faisait tanguer le bateau. Puis aussi vite que l'illusion est venue, elle est repartie et le couloir de l'hôtel redevint droit. Plutôt sauveur d’âmes, ouais, mais surtout l’fils de la patronne. Ah, l'explication rend tout plus net. Oui. Pas de psychopathe. Parfait. Il sourit à la remarque suivante. « Rho voyons, on n'fait pas payer ses parents. » lâche-t-il d'un regard d'ange, avant de sourire franchement. « Enfin ça dépend des parents, j'ai aucun soucis à faire raquer ma mère j't'avoue. » Enfin, sa mère... Relation compliqué. Il soupire. Pourquoi penser à ça maintenant ? La fatigue, pour sûr.

La porte s'ouvre sur un trait d'humour et Seth écarquille les yeux. La pièce est belle, certes, mais le vent qui s'engouffre et fait voler les rideaux est digne d'un film d'horreur. Vraiment. Genre les feuilles mortes qui s'entassent, les couettes sont par terre. « Sérieusement ? C'est un vent apocalyptique où j'ai une putain de poisse de merde aujourd'hui ? » Seth reste immobile. Pas de sommeil tout de suite pour le médecin. Puis il soupire et lâche. « Je crois que je préfère encore jeter les feuilles moi-même par la fenêtre qu'appeler quelqu'un.» Il s'avance pour ramasser la couette, au moins, elle aura été bien aéré la chambre.