kaina ·· coma idyllique.

( tenue ) vision voilée, c'est une gueule défraichie qu'il aperçoit dans le miroir de la salle de bain les perles d'eau déferlantes contre son teint pâle. il a merdé kai, au moment où ses lèvres ont effleuré le gobelet et qu'il s'est décidé à ne pas s'arrêter - l'idée stupide que l'ivresse le rapprocherait d'elle, qu'elle lui permettrait de la comprendre. des conneries. des heures qu'il n'est plus lui même, kai, pantin de cette liqueur qui doucement prend possession de ses veines, l'empoisonne jusqu'à l'annihilation. c'est à peine s'il se souvient de ces appels, de ces mots dépassant ses pensées, de cette vérité qu'il a laissé éclater avant même que sa conscience n'en percute l'existence. misérable gosse paumé dans une soirée où personne ne viendra l'aider - parce que c'est lui, kai, qui détient ce rôle lorsque survient l'ébriété. l'ironie pour lui qui s'est toujours entêté à accabler ana de cette tendance auto destructrice et qui la pousse désormais à ramasser sa carcasse lessivée. à qui la faute pourtant quand toute la soirée durant il n'a fait que la blamer elle, ana. de la blâmer ou de la réclamer, ses pensées sont beaucoup trop floues pour qu'il parvienne à le différencier alors que son simple reflet suffit à le répugner. résigné à se laisser enlever, tel un gosse qu'un parent viendrait sermonner, c'est qu'elle ne lui laisse pas le choix ana. qu'il a plus la force de lui dire non, qu'elle serait capable de venir le chercher jusqu'au fond des wc. le pas encore chancelant, le crâne en vrac d'être percuter par chacun des sons autour de lui, c'est dans le jardin qu'il vient confronter sa peine, kai. et il craint, kai, il craint de voir ana. pas parce que sa fureur génère en lui de la peur, mais parce qu'il sait, qu'elle lui a bien fait comprendre, qu'elle ne vient pas pour rester. c'est l'absence, le silence, qui l'a poussé au vice - vice qui, en finalité, ne fera que le confronter plus encore à ce qui vient le peiner. le myocarde en pagaille, ravage d'un alcool mal supporté, c'est pourtant la vision d'une ana malmenée qui vient le faire battre d'une colère qu'il n'est pas certain de contrôle. kai, il sent son sang se glace, tout comme ses poings se serrer. les avances font place aux insultes qui résonnent dans son crâne comme une sentence de peine de mort - incapable de supporter cet affront, trop ivre pour contrôler ses émotions. elle lui dira qu'elle a pas besoin de lui pour se défendre, ana, évidemment que c'est le cas. mais la réflexion a plié bagage depuis trop longtemps pour qu'il prenne le temps d'écouter sa raison. bête féroce qui se rue sur sa proie, c'est la colère qui tient les rênes de son corps désormais, l'alcool en excuse pour ne pas avoir à se contrôler. répète un peu pour voir ? peut-être qu'il en serrait resté là, kai, si la provocation n'avait pas été poussé à son paroxysme. peut-être qu'il l'aurait laissé filé sans lui fracasser le nez - malgré la rage, malgré les jointures gainées. peut-être qu'il l'aurait écouté, ana, si ses tympans ne l'avait pas lâché au profit des pulsations de son palpitant en tambour contre ses tempes. un flou complet, quelques secondes ou quelques minutes. tout ce qu'il lui reste c'est la constatation d'un corps étendu à terre le visage contusionné et des bras qui le tirent pour l'empêcher de continuer de frapper.

( tenue ) Le réveil en sursaut, au sein de cette nuit chaotique - Ana, elle détestait se réveiller, quitter son sommeil profond et encore moins pour l’écouter, Kai. Bourré, désarçonné, il lui criait dessus, l’insultait, se perdait dans des propos incohérents. Et elle ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’il voulait lui faire réaliser, que sa relation avec l’alcool était malsain - qu’il voulait seulement lui donner une leçon, lorsque celles et ceux que l’on aimait, s’enfonçaient dans des ténèbres impénétrables. Du mauvais pied, elle s’était levée, l’enfant colérique, laissant un mot à son père, sur le frigo, pour qu’il ne panique pas, en la découvrant envolée, cette enfant récupérée, au détour d’un rien. L’adresse rentrée dans son téléphone, elle usait de ses jambes, dans cette nuit maigrement étoilée : l’on voyait bien à ses traits tirés, qu’elle était bien mécontente, Ana. Mal lunée, l’humeur chaotique, elle se contenterait de le ramener chez lui, Kai, toujours pas décidée à lui parler, avec cet amertume en bouche. Il l’avait trahit, Kai, bousillant la confiance accordée et la pilule ne passait pas. Des jours qu’ils ne se parlaient plus, que rien ne semblait apaiser, tant avait-elle à cœur, cette trahison - cet acte qui l’avait achevé, Ana, brisant cette confiance absolue, qui lui était voué. Et face à cette maison bruyante, d’où émanait un boucan pas possible, elle cherchait Kai, la poupée, les bras croisés contre sa poitrine. Ce n’était pas sa main, épousant son épaule, mais celle d’un fantôme, rencontré lors d’une ancienne soirée, puis débarqué sur son lieu de travail. Repoussant la main, pas franchement d’humeur à rentrer dans ce jeu de séduction ou même à discuter avec quelqu’un, Ana, elle restait de marbre, en refusant ses avances, le repoussant d’une main. Lassée, elle voulait s’en aller, mais il ne la laissait pas tranquille - lui, qui sentait l’herbe et l’alcool, il commençait par la retenir, en tirant sur son t-shirt. Et c’en était trop pour Ana, qui ripostait d’un coup de poing sur son épaule. « Dégage, je t’ai dit. » Voix ferme, il n’en démordait pas, quand, autour, ses amis ricanaient. Changement d’attitude, il l’incendiait - l’insultait de tous les noms, Ana. Allant jusqu’à se sentir honteuse, humiliée et de ses larmes retenues, contenues, elle n’avait pas vu Kai, se ruer sur l’autre. En un battement de cils, ils finissaient à terre, au milieu des cris et des coups. Ne souhaitant pas qu’il soit blessé, Ana, elle tirait Kai, hors de cette étreinte violente et l’emmenait, loin, si loin dans ces rues, que la maison disparaissait derrière eux. Le tirant, d’une main autour de son poignet, elle était silencieuse, Ana - partagée entre trop d’émotions pour lui parler.

héritage d'un paternel qu'il exècre, la colère est un poison qui depuis des années gangrène son corps tant de fois amoché. un contrôle qu'il n'a plus - et parfois, n'espère plus - quand ses veines en ébullition transforment sa carcasse en un volcan proche de l'éruption. c'est à peine s'il se reconnaît le regard brûlant, tranchant comme mille couteaux et les poings anesthésiés pour ne plus cesser de cogner. c'est à peine s'il est encore là, quelque part au fond d'un esprit parti au profit d'une animosité qui souvent le fait perdre pieds. kai, il ne supporte plus la vélocité avec laquelle ses émotions se voient décuplées ni même la férocité qui en nait. parce qu'elle surgit sans qu'il ne puisse l'apaiser, la dominer et que, souvent, trop souvent, ce sont ceux qu'il aime qui sont visés. il exècre voir le reflet de celui qui, un jour, fut son père lorsque son poing s'écrase contre le mur pour ne pas heurter ceux qui l'échauffent. il exècre cet instant d'après où la colère se meut en culpabilité quand c'est sur lui qu'elle fini par se retourner. kai, il a travaillé pourtant, travaillé pour réussir à la canalyser. mais face à la pire des espèces, face au pire des affronts, il disjoncte kai. sans doute aidé par son esprit alcoolisé - incapable de rien si ce n'est de tout lâcher. lâcher les rênes pour protéger et venger sa reine. il mentirait, kai, s'il disait que ça ne lui faisait pas du bien - ça, cet échange de violence où il évacue tout avec véhémence. ce n'est plus seulement la rage née des insultes qui guide ses poings, mais tout les tourments quotidien - la garnement victime de tous ses ressentiments. kai, il est tellement plus maître de lui-même qu'il serait près à achever ce corps qu'il ne voit plus comme tel - l'insolent devenu dans son regard voilé un sac de frappe sur lequel il peut tout évacuer. et heureusement pour lui, pour eux, que des bras le soulèvent, que la raison s'éveille quand la poigne l'entraîne, que bien qu'affamé il se délaisse de sa proie. kai, il est à moitié conscient des gens, de cette maison qui s'éloigne et de toutes les autres qui se succèdent. tout comme il réalise tardivement que cette paume qui encercle son avant-bras est celle d'ana. ana, silencieuse, amère et qui, comme il se l'était imaginé, pourrait d'un moment à l'autre l'incendier comme le ferait une mère. il se laisse emporter, kai, jusqu'à ce que ses esprits soient finalement retrouvés. coupable, mais pas que - c'est un goût d'inachevé qui se mêle à celui du fer au fond de sa gorge. fais pas la gueule bientôt il sera de nouveau en état de te baiser. la jalousie gronde dans ses paroles acerbes qu'il lâche sans réfléchir. kai, trop éméché et désormais trop amoché pour dissocier ce qu'il ne ferait mieux de simplement penser, il devient petit con qui ferait mieux de la fermer.

Bien trop à fleur de peau, ces derniers temps, Ana, elle perdait ses moyens, face aux insultes humiliantes qu’il lui adressait. Impuissante, l’ancien soleil explosif - elle n’était plus vraiment là, depuis quelques temps, la blonde. Sur le point de fondre en larmes, s’il n’était pas intervenu, Kai, pour faire, ce qu’elle aurait fait en temps normal. Le cogner, le tacler et le mettre plus bas que terre, par la seule force de ses paroles incendiaires. Pourtant, rien ne sortait : la scène de violence pure, brutale, se dessinait sous ses prunelles. Et il lui fallait de longues secondes, terribles et interminables, pour la sortir de sa torpeur, Ana, pour la pousser à les séparer. Pulsant sur le point d’exploser, de peur qu’il soit blessé, Kai, que du sang ruisselle sur ses traits et qu’il ait mal, au point de frémir de douleur, à son contact. Mais, elle ne lui adressait aucun regard, Ana, parce que la colère se muait en tristesse puissante, encore heurtée par les injures prononcées à son égard. La rabaissant, la traitant de fille facile, de salope - c’en était bien trop pour ce palpitant, déjà meurtri et scarifié, par bien trop de problèmes et zones d’ombres. Sur le point de craquer, la blonde, de se réduire en larmes et morceaux, pour peu qu’un mot de travers lui soit adressé. La main liée à celle de Kai, c’était sa silhouette ombragée qui menait la danse, le tirant et l’entraînant, hors de ce lieu trop sombre pour eux. Théâtre des horreurs - cabinet de leurs malheurs. Mais, il n’était pas dans son état habituel, Kai, habité par le poison de sa douce. L’alcool coulait dans ses veines, le rendait plus con qu’à son habitude et les mots prononcés, eurent un effet dévastateur, chez Ana. Petite blonde au bord des larmes, se retournant, pour le regarder : la main partait toute seule, le giflant, Kai, avant de se mettre à pleurer pour de bon, Ana. Dépassée par sa situation. Les conflits familiaux, le bordel en son intérieur, et maintenant, Kai qui s’ajoutait à la partie - se jumelant avec les paroles du type, au visage frappé par ses poings furieux. Elle ne disait rien, Ana. Il n’y avait que le silence d’une nuit calme, secouée par les sanglots de la blonde, qui contenait bien trop d’émotions, en elle. Corde désormais rompue, les larmes étaient telles une pluie diluvienne, s’abattant sur ses pommettes rebondies. S’abandonnant sous l’orage de sa peine.

la conscience embrumée, le corps échauffé et le palpitant à deux doigts d'exploser, c'est un état auquel il n'est pas bien habitué kai alors que se dépose un voile sur sa réalité. c'est la sensation de voler tout en menaçant de s'écraser qui rend ses mouvements à la fois difficiles et légers. tout ce qu'il se contente de faire c'est de continuer d'avancer, inconscient d'être en train de planer. l'esprit vidé, les souvenirs finissent par l'assiéger comme si son black out venait d'être désamorcé. et y a cette boule qui bloque sa trachée, ce mélange de haine et de peine qui vient le frapper. la gorge rongée par la bile que la situation le fait sécrété il retrouve sa capacité à parler - même s'il aurait mieux fait de s'en passer. kai, il sait qu'il a merdé au moment même où ses mots ont été prononcés, mots qui ont dépassé sa pensée. la jalousie, amère, vipère, le pousse à la méchanceté alors qu'il s'apprête à prendre en excuse son ébriété - prétexte ridicule qui, dans son esprit, vient pourtant s'ancrer. elle est méritée, cette gifle qu'ana vient lui asséner. elle lui fait l'effet d'une caresse sur sa peau anesthésiée en comparaison des précédents coups qui lui ont été infligés. mais la douleur est toute autre, vivace, profonde - une douleur de l'âme qui s'agrandit en découvrant ses larmes. kai, il perd son sourire de petit merdeux face aux perles salées qui déferlent sur sa peau et poignardent son myocarde - idiot. plus que de la culpabilité c'est le déchirement même de la voir pleurer, s'effondrer qui se met à le ronger. kai, il redescend vite sur terre comme si son corps, son esprit, se mettaient en état d'alerte. non non .. désemparé, pas serein à l'idée de l'approcher, de la toucher, il perd pieds, kai. il s'approche, se recule, lève la paume pour la laisser retomber contre son corps agité - complètement paumé, les idées pas totalement retrouvées. je suis un con, un gros con, ok ? je suis une merde qui dirait n'importe quoi pour attirer ton attention même si ça revient à te blesser. une vérité qu'il peine pourtant d'ordinaire à s'avouer, l'égo trop accroché à une fierté mal placée. alors vas y frappe moi, insulte moi, ce que tu veux mais s'il te plait pleure pas. il est prêt à encaisser, kai, à tout encaisser. tout sauf la détresse qui terni ses traits.

Dès lorsque qu’il parlait, Kai, elle sentait le vent tourner Ana - le pulsant tambourinait, battait bien trop vite et fort, dans sa poitrine déjà si fébrile. Embrumé par l’alcool, elle ne voyait que par les boissons prises, l’illicite ruisselant dans ses veines. Et le malheureux reflet de son miroir, Kai, reproduisant ce qu’elle faisait si bien, Ana. S’embrumer, se détruire et oublier, de manière éphémère les peines qui la prenait, la blonde amochée. Blessée par toutes les histoires encaissées, celles qu’elle taisait, gardait en elle, sous peine de se mettre trop en lumière, de rompre avec l’image renvoyée. Celle d’une Ana forte, dévouée, préférant morfler, prendre, subir, que de laisser ses proches dans le mal, parce qu’elle avait protégé sa sœur et puis sa mère, Ana, que l’on ne s’était pas non plus attardé sur ce qu’elle pouvait ressentir, à l’époque mortelle des cris éternels. Se tournant, les larmes ruisselaient sur ses pommettes, à bout de nerf. Tout, mais pas ça, pas de lui. Blessure à vif, plaie ouverte, sentiment de trahison lisible dans ses prunelles embrumées. Le pas en arrière, elle ne voulait pas qu’il la touche, qu’il lui livre un baratin façonné par les effluves alcooliques de cette soirée. « Dégage ! » Lâche trop fort, de sa voix brisée, Ana, elle se fermait, retranchée au sein de ses meurtrissures. Même plus l’envie de lui tenir la main, de le prendre par le bras et le guider jusqu’à chez lui, comme elle l’avait prévu, annoncé si fermement par sms. Projets effacés par l’âme meurtrie, d’un cœur peinant à battre. Silence frappant, d’une Ana partagée entre rage et silence, se balançant entre deux extrémités, sans savoir sur quel pied danser, se positionner. Kai, il fondait en excuses, réalisait ce qu’il venait de dire : revenir sur ce sujet, l’attaquer de la même manière que le type blessé, bafoué de coups. La défendre et l’enfoncer, Kai. Elle ne disait plus rien, Ana, essuyait l’humidité des joues trempées et se tournait, recoiffant ses cheveux, sa tignasse lâchée, entremêlée. « Démerde-toi. » Qu’elle lâchait, en partant sans se retourner. Kai, il lui importait peu ce soir : blessée, blessée, ça se répétait, passant en boucle dans l’esprit. Chemin long, digne d’une errance, perdition au sein des ruelles, jusqu’à ce qu’elle rentre, retrouve le lit défait, quitté en panique, pour ce garçon, qui n’en valait peut-être pas la peine. Kai, l’amour et la blessures - tout et son contraire, sa fin comme son début.