get some fun out of life. (hesper)

[ get some fun out of life ]

@hesper roark & @rachel gardner
Errant en voiture dans les rues du warehouse district, Rachel passait devant son ancienne maison, celle qu'elle avait récemment quitté. Cette bâtisse aux jardins ouverts où traîne habituellement son chien. Un sentiment de regret vint s'emparer d'elle, prenant conscience de l'abandon de ses enfants en partant se terrer dans l'appartement de son frère aîné. Ses mains se resserrèrent sur le volant de sa voiture, fermant un instant les yeux, il lui fallu puiser en elle la force nécessaire pour ne pas venir taper à la porte d'entrée et revoir le visage de toute sa famille. Depuis sa rupture, elle se demandait souvent si elle avait fait le bon choix. Aurait-elle du fermer les yeux sur l'infidélité de son mari pour le bien être de ses enfants ? La chair de sa chair, la prunelle de ses yeux, ceux pour qui elle donnerait sa vie. Leur bonheur comptait plus que le sien. Mais cela voudrait-il dire qu'elle devait vivre dans le malheur pour le restant de ses jours ? Secouant la tête d'insatisfaction sur sa propre introspection, elle lâchait un soupire en démarrant le contact de son véhicule. Elle se dégageait de son stationnement pour rejoindre l'artère principale. Le temps n'était plus au regret mais aux actions d'une nouvelle vie. Mais à l'intérieur, elle se sentait hurler de douleur, de colère et d'humiliation. Elle avait besoin de se défouler un bon coup, au risque de voir son corps extérioriser à sa place ses sentiments.

Dans une illumination, la mère de famille s'arrêtait devant le club de boxe de son ami, Hesper. Le moteur éteint et la lèvre inférieure entre ses dents, elle songeait à l'endroit où était sa place. Sa vie entière se résumait jusqu'à présent à ses enfants et la vie parfaite bercée d'illusion dans laquelle elle se complaisait. Attrapant son sac, elle s'extirpa de sa voiture avant de rejoindre l'intérieur du club. Mais une fois entrée, c'était comme si elle se sentait inappropriée. Des tas d'hommes à tous les coins de la salle, soulevant des poids et autres exercices de renforcement, tandis que les rings s'annonçaient déjà complets. Leur corps s'envolait si aisément avant d'atterrir parfois lourdement sur le sol. Une forte odeur de testostérones se dégageait. Assez impressionnée, elle se ressaisit néanmoins. Il était tant qu'elle prenne son courage à deux mains et qu'elle fasse preuve d'un peu plus de spontanéité et de volonté dans sa vie. Être ouverte aux nouvelles expériences et surtout, prendre confiance en soi. Ne plus vivre pour les autres mais vivre pour soi. Bombant alors légèrement le torse, elle s'avançait la tête haute vers un homme à l'accueil. Se raclant la gorge un instant, elle commençait : "Excusez-moi, bonjour. Je cherche Hesper, est-il là ?"

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Il se plaît, dans cet endroit, dans ce taudis comme se plaisent à l'appeler les plus médisants. Dans ce hangar d'apparence glacial, et où se répand pourtant des vagues de chaleur à longueur de temps. Il se cache, réservé, mais il est fier de ce qu'est devenu cet endroit. Ce repère, de havre de paix pour certains cas désespérés. Cet antre de la seconde chance. Il se plaît à voir tous ces gens se côtoyer, toutes ces catégories se mélanger. De l'ancien délinquant au brillant bourgeois, de la plus ancienne à la plus jeune recrue. Et ces derniers temps, il y passe la majeure partie de son temps dans son atelier. Pour se cacher, il le reconnaît, pour éviter d'avoir à affronter la réalité. Sa réalité. Elle. Les images passent en boucle dans sa tête, constamment, sans repos, film sans fin qui lui tourne les sens. Il regrette, et ne regrette rien. Il voudrait, mais finalement s'y refuse. Un pas en avant, deux en arrière. Un amas de contradiction qui le fait s'exiler, prendre de la distance dans l'odeur de transpiration et les gants de cuir. Quelques tapes amicales dans le dos, des mains serrées, des cheveux ébouriffés, il fait son tour en maître des lieux incontestés. Elle est là, la vie.

Il s'installe derrière son bureau dans un soupir, une tasse de café fumante posée devant lui. La journée est loin d'être terminée, et pourtant il se sent las, vidé. Il avise d'un coup d’œil méfiant toute cette paperasse accumulée sur le côté, de plus en plus persuadé de la nécessité d'embaucher quelqu'un pour s'en charger. Il n'y éprouvait aucun plaisir et pire encore, il était d'une inefficacité affligeante. Résultat, il réglait les factures dans un sursaut d'adrénaline, au jour près, sans pour autant ranger. Bref. La merde. Il jette un regard par la vitre, pensif, se perdant sur tout et rien, s'attardant sur les deux silhouettes à l'accueil. Les femmes sont les bienvenues, et pourtant si peu présentes qu'il tique en voyant la forme menue qui lui tourne le dos. Comme un air de déjà vu. Voyez vous donc. - Merci, je vais m'occuper de madame. - Son sourire est sincère tandis qu'il s'approche de Rachel, ravi de voir son amie franchir les murs de son repère. Le cercle des personnes proches à son cœur est restreint, mais la jeune femme y tient une place prédominante. Car elle a toujours été là, et ce dès le début. Et contrairement à d'autres, elle ne lui a pas tourné le dos lorsqu'il a sombré au plus bas. Et ça, Hesper, il n'oublie pas. Jamais. - Ça me fait plaisir de te voir ici. Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi? - Il espérait que rien de fâcheux ne se profile à l'horizon, car il doutait qu'il s'agisse là que d'une simple visite pour discuter.

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Rachel ne se sentait pas forcément à l'air parmi cette ambiance imbibée de testostérones. Ses yeux fixèrent un ring où deux hommes s'échangèrent quelques coups. Certains avaient l'air de sortir tout droit de prison avec leurs tatouages prédominants un peu partout sur l'ensemble du corps. Ils soulevaient ses poids avec aisance et simplicité, comme ce n'était que des poids plumes. Elle le savait, elle n'aurait pu soulever une seule de ces haltères. Ses bras tellement frêles, sans muscles développées. Dans sa jeunesse, son entrainement de pom-pom girl lui avait permise de gagner en efficacité et de sculpter sa silhouette. Mais avec le temps, et surtout les grossesses, son corps n'avait plus rien à voir. Bien plus lâche et bien que mince, il portait les cicatrices d'avoir enfanté. Dans un sens, elle trouvait cela merveilleux le principe même de sacrifier son corps pour donner la vie. Car après la naissance, le ventre se relâche et tombe, sans parler des autres problèmes plus intimes qui ne se résolvent qu'avec de la rééducation. Être une femme, ce n'est pas simple. Alors, être mère, cela l'est encore moins. Malgré tout, Rachel tenait à être strict envers elle même pour maintenir un poids tout à fait correct pour son âge et même après ses grossesses. Car, à son plus grand désarroi, elle ne fait pas partie de ces femmes qui peuvent manger absolument tout sans prendre un gramme. Bref, elle divaguait désormais dans ses pensées, des pensées qui n'avaient plus rien à voir avec le présent.

L'homme qu'elle venait d'aborder lui expliquait qu'il ne l'avait pas vu depuis quelques heures et qu'Hesper, propriétaire de ces lieux, devait probablement être enfermé dans son bureau. Se mordant la lèvre, elle sentait son courage s'amenuiser. Prête à faire demi-tour vers la sortie, c'est à ce moment que le loup sortit de sa cachette. Sa voix eut le don de la faire légèrement sursauter. Se tournant en sa direction, un sourire prit place sur ses lèvres tandis que ces dernières venaient l'embrasser sur la joue. Le sourire de cet homme avait toujours été d'un réconfort. C'est comme s'ils étaient liés par le sens en quelque sorte, une amitié qu'elle n'arrive à définir mais qui pourtant, reste bien plus solide à travers le temps. "Salut Hesper ! Le plaisir est partagé, tu sais. Souriait-elle chaleureusement en passant sa main sur son bras. Une caresse amicale, sans aucun sous entendus. Rachel avait l'habitude d'être tactile, dans la limite du raisonnable. C'était son instinct de mère qui prenait parfois le dessus malgré elle. "Oh je passais juste dans le coin... Et je me disais, pourquoi pas lui dire bonjour ?" Prenait-elle soin de rester vague sur les raisons de sa venue dans le quartier, son ancien lieu de résidence. Puis, mettant les mains dans ses poches, elle regardait un instant autour d'elle. "En fait, je me demandais s'il y avait la possibilité de s'inscrire ?" Le questionnait-elle. "Je me vois bien sur ce ring, en train de boxer." Plaisantait-elle à son tour en désignant du doigt la scène non loin d'eux.

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Elle avait été la seule, en vérité, à ne pas fuir le monstre qu'il avait été. Première poupée qui avait percé son cœur d'adolescent, il n'aurait jamais pensé qu'elle laisserait une telle empreinte sur lui. Marque qui perdure dans le temps, malgré leur séparation et les chemins différents qu'ils ont pris. Elle lui avait été d'un grand soutien, lorsqu'il était en prison. Quelques visites, du réconfort, et cette sensation de ne plus être seul au monde. Il ne pouvait en dire autant de son ex compagne, dont il n'avait plus jamais eu de nouvelles. Becca. Un mot qui saigne sur les lèvres, des blessures encore ouvertes. Car il avait la rancœur tenace, et encore plus lorsque la loyauté était bafouée. Il ne pourrait dire comment il réagirait s'il la croisait, au détour d'une rue, à l'occasion, par le hasard. La souffrance était encore bien réelle, bien trop fraîche pour qu'il n'en soit pas affecté. Et encore plus s'il apprenait qu'elle avait refait sa vie, et que le soleil ne l'avait quittée alors que lui avait sombré dans l'obscurité.

Hesper était le premier à le dire, que la boxe était accessible à tout le monde, sans jugement, sais discrimination. Il avait vu des gens de corpulence, origines, croyances diverses devenir de grands champions, alors il s'ouvrait à tout. Même à une dame telle que Rachel. - T'as décidé de devenir une vilaine fille? - Il sourit, d'humeur taquine, car il sait l'image que son club peut renvoyer pour les gens bien élevés. Un repère d'anciens taulards peu recommandables, où l'odeur de transpiration et de testostérone prend au nez, des mauvais bougres aux tatouages exubérants que l'on n'ose regarder. Bref, l'antre de truands. Son monde, en somme. Il lui prend la main pour lui faire tendre le bras, tout en tâtant ses biceps avec une petite moue peu convaincue. - Je ne sais pas ce qu'on va bien pouvoir faire de ces chips là. - Il fait mine de réfléchir et de la jauger, tout en jetant de temps à autre des coups d’œils au ring. Joe, au comptoir, qui n'a pas perdu une miette de la conversation lui adresse un clin d'oeil complice lorsqu'il croise son regard. - Mais si tu le veux, je m'occuperai personnellement de ton cas. Allez, viens. - Il rit et entoure ses épaules de son bras tout en l'entraînant à sa suite, vers son bureau. L'inscription n'était qu'une banalité, de la paperasse qui ne prendrait pas bien longtemps. Mais il était ravi de la voir se lancer à l'eau, et de lui faire assez confiance pour venir chez lui, dans son établissement. - Tu veux un café, un thé? Au fait je ne t'ai pas demandé, mais tout va bien à la maison? - Mine de rien, cela faisait un petit moment qu'ils n'avaient pas pris le temps et la peine de discuter. L'occasion se présentait enfin.

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Rachel lâchait un léger rire face à l’insinuation de son ami de son envie de devenir une mauvaise fille. "Oh, tu sais..." Laissait-elle sa phrase en suspens tout en haussant les épaules, l'air de rien. A vrai dire, ce n'est pas faute d'avoir essayé. Tout est plus simple pour les bad guys, semblerait-il. Ils ne se soucient de rien, ni de personne. Ils inspirent la crainte, on les emmerde pas. Mais impossible pour Rachel d'avoir la moindre once de méchanceté en elle. Foncièrement gentille, voilà pourquoi elle en vint même à cacher la vérité sur son mari à sa propre fille, le laissant paraître encore et toujours pour un super-héro alors qu'il a brisé son coeur en mille morceaux. L'extirpant de ses pensées, Hesper s'empressait d'attraper ses bras pour tâter ses biceps. Le visage de la dame prit alors un air choqué, voire même outré, avant de s'abandonner à quelques frappes sur son torse, légères bien sûre, mimant un combat de ring. "Mais saches que je peux être redoutable mon ami !" Plaisantait-elle, fronçant les sourcils tentant vainement de se donner un air de dur à cuire. Reprenant peu à peu son sérieux, elle fût heureuse de son acceptation à l'entraîner. Un instant, elle observait son ami. Elle connaissait nombreuses de ses mésaventures, nombreuses de ses blessures. Ami sincère qu'elle avait toujours soutenu, l'épaule sur laquelle se reposer, les paroles rassurantes. Ensemble, ils iront de l'avant, marchant sur le chemin de la vie, en quête d'un nouveau départ. Ils gagneraient cette liberté durement acquise. Pourtant, une part d'elle refusait de le mêler à le récent bouleversement dans sa vie, peut-être par fierté ou tout simplement pour le préserver, ou se préserver. Elle ne voulait plus paraître cette femme fragile et humiliée par la trahison qu'est l'infidélité.

Les blessures enfouies, la récente sportive tenait un sourire collé à ses lèvres, acquiesçant de la tête à sa proposition de lui servir quelque chose à boire. "Du thé, je veux bien." Ajoutait-elle. Sourire infaillible, peut-être même un peu faux, pouvait trahir la réalité de sa vie. Il n'y a plus de maison, et pour la famille, cela reste à voir s'il y en a encore une. Tout semblait s'effondrer et l'amener à regretter sa décision parfois, bien qu'elle fût libérateur. "Oh tu sais, comment d'habitude. Rien d'exceptionnel. Tout va bien." Demeurait-elle vague, fuyant le regard de Hesper et prétextant s'intéresser à un entrainement en cours. Mis à part le mari qui cherche désespéramment à réparer ses erreurs, son fils qui enchaîne les conneries pour encaisser le divorce et sa fille qui lui en veut car elle ne comprend pas et ne sait pas ce qu'il se passe. Une vie normale pour une mère de famille. Joindre les deux bouts en faisant de son mieux. "Et toi alors ? Je vois que ton club prend de l’essor, c'est génial. Il y a beaucoup de monde !" Changeait-elle de conversation, détournant l'attention d'elle.

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