C’est tendu, au boulot, en ce moment. En vérité, c’est tendu depuis l’instant où tu as appris que non nouveau patron était le père d’Olive, que tu n’avais pas vu depuis 6 ans. Pourtant, au fil des jours, ce qui était étrange et gênant au début est devenu plus naturel. Tu aimais travailler avec lui, vous aviez une bonne dynamique. Et puis vous vous êtes disputés devant littéralement tout le service, tu as dit des choses que tu regrettes profondément et si tu pourrais démissionner et fuir, tu le ferais. Mais tu dois veiller sur Olive, alors tu restes, mais c’est un calvaire. Il est atroce avec toi. Alors ce vendredi soir sonne comme une consécration. Pas de travail pendant deux jours. Deux jours que tu vas passer entièrement ave ta fille, que tu vois bien trop peur à ton goût ces derniers temps. Mais vendredi, l’une comme l’autre, épuisées par votre semaine, vous n’avez pas fait long-feu.
Tu te réveilles naturellement vers huit heures, ce samedi matin, et tu te sens reposée. En tournant la tête vers la gauche, tu aperçois, sans étonnement, la petite frimousse d’Olive, encore plongée dans un profond sommeil. Sa poitrine se soulève dans un rythme serein et ses cheveux lui cache la moitié du visage. Elle est si belle, quand elle est endormie. Tu passes une main sur son front en venant embrasser son nez et la petite grogne légèrement en ce retournant. Tu décides de laisser la marmotte dormir et d’aller préparer le petit déjeuner. La connaissant, l’odeur de nourriture la réveillera dans peu de temps. Pour lui faire plaisir, une fois dans la cuisine, tu te lance dans la préparation de pancakes aux pépites de chocolat. En semaine, vous n’avez pas vraiment le temps de vous poser, le matin, alors tu aimes lui préparer un vrai petit déjeuner dès que tu le peu. Tu coupes des fruits en morceau et met son biberon à chauffer alors que l’huile, dans la poêle, commence légèrement à crépiter. Tu lances le premier pancake et l’odeur sucrée se répand très vite dans la maison. Tu n’as pas fini de tous les cuirs que déjà, tu entends du mouvement, en provenance de la chambre. Un sourire en coin étire ton visage. Olive est un vrai glouton.
La semaine est enfin terminée. Tu as commencé l'école en début de mois, ça fait déjà deux semaines que tu t'habitues à cette nouvelle routine de vie. Le réveil tôt le matin, le déjeuner devant les dessin-animés, le chemin jusqu'à l'école puis les sept heures que tu passes ensuite à t'amuser et à apprendre avec d'autres enfants de ton âge dont pas mal qui sont naturellement devenus tes amis. L'école, c'est bien, c'est amusant, tu y passes de bons moments... mais si tu devais faire un choix, tu resterais à la maison avec maman. Mais maman doit travailler, et l'école est presque obligatoire, alors... t'y vas, pleine de confiance comme une grande, et puis c'est tout.
C'est le lundi matin. Hier soir, maman et toi n'avez pas fait long feu devant la télé. Vous étiez toutes les deux totalement fatiguées après cette longue semaine, toi à l'école, elle au travail. Elle te l'a dit hier, elle ne travaille pas ce week-end (ce qui est plutôt rare, il faut l'avouer, elle qui a l'habitude d'enchaîner les heures). Après de longues heures de sommeil, tu sens ses douces lèvres effleurer ton nez, puis sa main qui passe doucement sur ton front. Tu grognes calmement, puis te tournes inconsciemment, toujours plongée dans un profond sommeil qui, tu le sais, ne durera plus bien longtemps.
Quelques minutes passent. Une odeur de pancakes vient effleurer tes narines, tes paupières s'ouvrent, tu frottes brièvement tes yeux et te redresses. Tu regardes à l'autre bout du lit, maman n'est plus là. Tu connais l'origine de cette odeur bien familière, alors tu attrapes ta peluche Winny L'Ourson puis tu marches jusque la cuisine, tes petits pas qui résonnent dans le couloir, sur le carrelage gelé lui indiquent ta venue.
Tu passes l'entrée de la cuisine en baillant, les oreilles de Winnie qui pend dans ta main touchent presque le sol, et elle est là, en train de continuer de préparer un petit-déjeuner qui, tu le sais bien, ressemble plus à un festin qu'au petit-déjeuner que vous mangez tous les matins. Tu t'approches et viens passer tes bras autour de ses jambes pour qu'elle te soulève et que tes petites lèvres viennent câliner sa joue. Petit moment de tendresse matinal, quotidien, ton moment préféré de la journée. "Bonjour, maman."
Tes yeux balayent la pièce. Tu aperçois les pancakes, les fruits, ton biberon qui finit de chauffer. T'as plus l'âge d'en boire, mais ta mère sait que c'est l'une des meilleures façons pour toi de commencer la journée... C'est comme pour ta tétine que tu n'utilises qu'à la maison devant la télévision, de façon assez rare.
Tu n'aimes pas travailler le week-end, et tu l’as d’ailleurs d’emblée dit à ton patron. Le week-end, c’est sacré, c’est pour la famille, pour ta petite Olive que tu ne vois déjà pas assez à ton gout. Pourtant, il arrive que parfois, tu n’es pas le choix. Mais ce week-end, tu es libre, et heureusement, parce qu’avec l’ambiance qui règne au travail, tu n’aurais pas eu le courage d’y aller. Malgré tout, tu te lèves relativement tôt, tu te profites de l’hibernation de ton petit grizzly pour aller lui préparer quelque chose de bon à manger, quelque chose qui change, surtout, des céréales des jours de semaines. Avant de quitter le lit, tu l’embrasses et Ollie se met à râler. Elle n’est pas du matin, exactement comme son père. Tu essaies de préparer quelques choses qu’elle aime -les pancakes- en ajoutant des fruits, pour rendre cela plus équilibré malgré tout. Comme tous les enfants, Olive pourrait manger uniquement du sucre, mas tu essaies de lui préparer tes repas sains, quand tu le peux, même si tu n’es pas la meilleure des cuisinières, c’est sûr et certains. Très vite, tu entends le bruit de ses pieds sur le carrelage froid, signe qu’elle a fini par émergée. Très vite, ses bras entours tes jambes et tu souris en la soulevant pour la serrer contre toi. « Hello sleepyhead » dis tu en remettant de l’ordre dans sa tignasse sombre. « Où sont tes chaussons ? Tu vas attraper froid, mon cœur. » tu lui dis en embrassant sa joue, puis son autre joue, son nez et son front. Olive toujours dans tes bras, tu te diriges vers sa chambre pour aller chercher les chaussons. Il n’y a que du carrelage, dans l’appartement, et comme il n’est pas très bien isolé, il fait souvent froid. Tu l’as lâché sur le lit avant de la chatouiller un instant et finalement, tu l’aides à mettre ses chaussons. « J’espère que tu as faim ! » tu dis en lui souriant. Tu te redresses. « Tu peux aller allumer la télé et je t’apporte le petit déjeuner sur la table du salon, d’accord Olliejolie ? » Tu retournes dans la cuisine et très vite, tu entends des éclats de voix provenant de la télé. « Moins fort Olive, ou tu vas finir complètement sourdingue comme la voisine. » Après avoir mis vos deus assiettes, ton café et son biberon sur un plateau, tu l’as rejoint alors qu’elle est déjà plongée dans tu ne sais quel dessin animé débile. « Et voilà, le déjeuner de princesse est arrivé ! »