We have no past (Amelia, Jill & Yäel)

[ We have no past ]

@Amelia Rowe, @Jill Owens & @Yaël Weisel
Aller a une fête consistant en la réunion des anciens élèves du Benjamin Franklin High School lui semblait la pire idée qui soit. Dale n'avait aucune envie de faire des sourires polies à tous ses anciens tortionnaires et ce fut le dos rond, l'air renfrogné qu'iel avait garé sa voiture sur de son ancien lycée. Iel considéra le bâtiment en silence comme s'il était encore temps de faire marche arrière malgré les mots d'encouragement de son thérapeute. Il s'agissait - si c'était possible - de faire la paix avec cet encombrant passé qui lui pesait toujours et encore. D'accepter de mettre de côté ce qu'iel y avait vécu pour avancer dans la vie. Dans l'idée, c'était noble et courageux mais ellui n'y allait que de mauvaise grâce, une curieuse colère bloquée dans les viscères nouées comme un nid de serpents prêts à bondir sur le moindre opposant. Dans son costume bien coupé, iel n'était qu’un chat sauvage échaudé qui craignait l'eau chaude, louvoyant entre les gens sans chercher à les reconnaître et encore moins les saluer. Ce ne serait pas facile de faire comme si rien ne s'était passé, comme s'iel n'avait aucun passé commun avec ces gens qu'iel détestait d'instinct, sans même les avoir jamais réellement connu. Les lieux lui rappelaient bien trop de mauvais souvenirs. Et la musique était bien trop forte.

Dale prit un verre du premier truc qui passait - un punch coloré et bien trop sucré à son goût - et se glissa dans le fond de la pièce en essayant de se tasser pour que sa grande taille, le sujet de brimades préférés de ses persécuteurices, ne lea fasse pas remarquer. Intimement persuadé‧e que c'était une mauvaise idée, iel préféra envoyer quelques messages ça et là, gérer quelques petites choses sur son agenda de la semaine pour se vider la tête en s'abrutissant encore un peu grâce à son travail. Son regard clair se posa sur la salle et il la balaya dans son ensemble, l'air colérique : combien de jeunes populaires n'étaient aujourd'hui que des gens ennuyeux sans intérêt ? Combien de quaterbacks brutaux n'étaient rien de plus que des caissiers chez Walmart à présent ? Et combien de nerds comme ellui, constamment poussé‧es à bout par les premiers, avaient aussi bien réussi sa vie que Dale, qui a seulement vingt-trois ans travaillait en indépendant pour de grosses entreprises et roulait en voiture de luxe ? Il y avait peut-être une justice sur Terre et même si l'idée était sincèrement puérile, elle lui tira un sourire mesquin tandis qu'iel finit son verre d'un trait. Aller venez, je suis prêt, se dit-iel quand bien même ce n'était absolument pas vrai. A défaut de faire le fier, Dale crevait de trouille.

Dans cette salle des fêtes, iel était redevenu‧e l’adolescente craintive qui rasait les murs et pensait qu'elle devrait se battre contre le monde entier. Que tous étaient ses ennemis et qu'elle ne se sortirait pas vivante de cette petite apocalypse qu'était l’adolescence. Dale redevint Dahlia, avec son air fermé et son visage inexpressif, très grande et très maigre, qui n'espérait que disparaître.

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@Amelia Rowe, @Jill Owens & @Yaël Weisel
Un dernier virage et me voilà dans la rue de Yaël. Il est déjà en bas de chez lui le ponctuel. Moi, je suis en retard pour ne pas changer. Je suppose qu’il attend dehors depuis quinze minutes. Ce qui est équivalent à rien du tout avec moi. Il monte dans mon bolide. « T’es tout beau dis donc ! » Mon rire résonne dans l’habitacle. Je n’ai pas l’impression qu’il ait fait un effort vestimentaire outre mesure. Une façon de le taquiner et de le complimenter. En toute amitié évidemment. Je ne mange pas de ce pain-là et lui ne mange pas du mien. Il n’y a jamais eu aucune ambiguïté entre nous à ce sujet même si certaines personnes en ont douté tant on était complices au lycée. J’espère bien en recroiser ce soir. Surtout celles qui se sont foutues de mon avenir professionnel. Et non, je ne suis sans emploi à vivre sur le dos de mes parents. Je bosse et je suis même patronne. Ça va en boucher des coins à plus d’un.e.s. Mais je ne me rends pas à cette fête d’anciens élèves pour régler des comptes. J’y vais pour m’amuser.

Je ne force pas trop sur l’accélérateur en route. Pas besoin de le faire de toute façon. La soirée commence à partir de 20h. Ça ne se signifie pas qu’il fallait y être pour 20h. Je tiens un argument si le bouclé me fait une remarque au sujet de mon retard. La bâtisse fait son apparition au bout de dix minutes. Je me trouve une place sur le parking. Je lisse le pan de ma longue robe rouge à fines bretelles en sortant de ma voiture. J’ai dégainé ma tenue favorite. Elle est celle qui met le plus mes formes en valeurs. Et je ne dis pas ça à cause du décolleté qu’elle propose. Il est juste comme il faut pour laisser deviner l’arrondi de ma poitrine. Côte-à-côte avec mon acolyte, les talons de mes escarpins martèlent le bitume. On traverse l’établissement en suivant les pancartes. Le gymnase a été reconverti en salle des fêtes pour l’occasion. « Je promets de pas t’envoyer un ballon de hand dans le nez ce soir. », annonce-je à Yaël avant de rentrer à l’intérieur. Je fais référence à un souvenir de cours de sport. Je ne l’avais pas raté ce jour-là. Involontairement je précise.

Il y a déjà du monde. Je balaye la salle de mes yeux en quête d’une tête connue ou du moins reconnue. Le temps est passé par-là. On a vieilli. Rien à l’horizon. Je repère le buffet. Mon ventre ne tarde pas à manifester sa faim. Quel incorrigible gourmand. Engloutissant une mini pizza, un verre de Coca dans la main, je repère une silhouette proche d’un mur. Une grande silhouette revêtue d’un costard chic. Détaillant son visage, je crois reconnaître quelqu’un. « Ce serait pas Dale là-bas ? » Je pointe de mon menton l’asperge humaine. L’un de ses surnoms de l’époque quand j’y repense. Sauf que je ne le disais jamais par méchanceté moi. Je l’ai défendu.e face à ces blaireaux qui trouvaient drôle sa crise identitaire. Maudit.e.s intolérant.e.s. « Je vais voir. » Je ne peux pas rester dans ce doute. Libre au brun de me suivre ou de s’empiffrer d’amuse-gueule. J’avance en sa direction. Plus j’approche et plus je suis sûre que c’est ellui. Arrivée à sa hauteur, j’affiche un large sourire. « Tu trinques ma grande asperge favorite ? » Un rire s’échappe de mes lèvres. Pas un rire moqueur, un rire chaleureux témoignant de ma joie de lea revoir.

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âge : 26 ans || 02.02.1996

we have no past / @Amelia Rowe @Dale Caulfield @Jill Owens

@Heath Romeo absent, Yaël n’avait pas eut d’autres choix que de se livrer à cette soirée réunissant divers anciens de son lycée. Il aurait été mieux dans ses baskets avec toute la bande à ses côtés, seule Jill venait et bien entendu elle était en retard. Dehors, sa clope au bec et le col de son blouson remonter sur son cou, il pianotait avec férocité un message à son fiancé. Un long texte qui sans fin sur le climat qui était plus frais en décembre qu’au beau milieu de l’été. Par chance, il ne vivait pas dans une ville où les flocons recouvraient la ville de leur drap blanc. Le temps tournait et retournait, alors que le bouclé tapait du pied. S’il avait mis plusieurs heures à choisir LA tenue adéquate à cette sortie tirée tout droit d’un teen movie, lui il était à l’heure. Le tic-tac de sa montre à son poignet résonnait gravement dans ses oreilles, alors qu’il voyait la voiture de son amie d’enfance arriver devant sa maison. D’une pichenette il envoyait son mégot valser sur le bord du trottoir avant de s’engouffrer dans le véhicule. Elle le complimentait, il la critiquait « T’es en retard. » râlait-il en fermant la portière avant de se mettre en route.

Retourner dans son lycée, mais quelle idée ? Qu’est-ce qui pouvait bien l’intéresser pour y remettre les pieds ? Il avait un boulot monstre qui l’attendait chez lui, mais c’étaient surtout les conseils de son amoureux qu’il avait décidé d’écouter – pour une fois. Lui travaillant à la caserne ce soir et sachant que Yaël n’avait pas le moral depuis que sa grand-mère les avait surpris à se rouler une pelle quelques jours plus tôt. Laissant derrière lui Hanoucca cette année de peur d’affronter sa famille, leurs jugements, leurs commentaires, tout ce qu’il craignait en leur avouant être amoureux – et pas que, puisqu’il était fiancé maintenant… Fiancé à un homme, athée de surcroit… C’est en silence qu’il avait fait le trajet, puis sortant de la voiture, Yaël avait accompagné Jill jusqu’à l’entrée. « Toi, tu devrais surtout jamais tenir un ballon entre tes mains. » Bref souvenir d’une lèvre enflée pendant un cours de sport. Lui qui n’avait tellement rien d’un sportif se faisait toujours ramasser par les plus sportifs. Pourtant, Yaël n’était pas le gamin populaire, loin de là même. Plutôt discret dans sa bande hétéroclite, on le remarquait que lorsqu’il poussait ses râlements d’ennui, qu’il regardait de hauts les imbéciles qui se pensaient supérieurs. La riposte, il connaissait ayant défendu plus d’une personne avec sa langue bien pendue et ce venin acide qui coulait face aux idiots de première. Il avait à peine franchi les portes que la chaleur de l’assemblée lui brûlait la peau, le parfum bon marché qui venait agresser ses narines et la discussion qui tentait bien que mal de surpasser les décibels de la musique. Il glissait ses mains dans ses poches, restant près de @Jill Owens qui s’empiffrait. « Calmos sur la bouffe tu vas faire sauter les coutures de ta robe. » Sourire espiègle qui se gravait sur ses fines lèvres cendrées. Seulement la brune semblait bien plus intéressée par les gens que par ce vieil ami qu’elle se coltinait depuis des années. « Qui ? » disait-il en cherchant du regard une personne du prénom Dale. Toutou au pas, il suivait la geek, passant près de certaine personne que son cerveau reconnaissait, mais ne pouvait réellement identifier. Ils arrivèrent près d’une personne, apparemment une fille s’il se fiait à son physique – mais qui était-il pour le savoir réellement, puisque lui-même ne ressemblait pas toujours à un garçon. « T’as vraiment un souci avec la bouffe Jill. » disait-il en haussant un soupir quant au surnom qu’elle avait donné à leur homologue, qui en regardant bien lui disait vaguement quelque chose. « On se serait pas vu quelque part ? » Mmmh mmmh excellente déduction Sherlock… Sans doute au lycée, mais aussi volatile soit ses pensées, il avait largement oublié les gens qui avaient croisés son chemin dans cette période, alors ça devait être autre part !

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@Amelia Rowe et @Dale Caulfield et @Jill Owens et @Yaël Weisel

Ce soir, réunion teintée de nostalgie avec les anciens du lycée. Tu ne sais absolument pas à quoi t’attendre en te rendant au Benjamin Franklin High School, tu ne sais pas qui tu vas croiser, et pour être honnête tu as oublié la plupart des têtes que tu connaissais pourtant il y a encore à peine quelques années. Mais voilà, après le lycée, en entrant à la faculté de psychologie, tu ne sais pas pourquoi, tu avais effacé de ta mémoire la plupart des gens rencontrés avant dans ta vie. En revanche, il y a un mot que tu as retenu dans l’invitation, c’est le mot « fête ». Ce mot t’inspire tout particulièrement surtout que c’est encore une fois une occasion de t’éloigner de Brandon, même si c’est le temps d’une soirée, d’une nuit. Il ne l’apprécie guère, il n’aime pas te savoir loin de lui, que ce soit pour une minute ou plus longtemps, mais tu ne te laisses pas faire. Tu as décidé que tu voulais te rendre à cette fête des anciens du lycée, et personne ne t’en empêchera.

Alors déjà, tu passes beaucoup de temps à choisir ta tenue dans ta chambre. Tu ne prends pas soin de demander son avis à Brandon parce que tu sais que quoi qu’il arrive, rien ne lui conviendra. Tu essaies un simple jean avec un débardeur blanc et un gilet chaud noir, avant d’opter pour quelque chose de plus festif. C’est le lycée, mais c’est aussi la fête ce soir ! Tu te décides donc pour une robe noire avec un grand décolleté et des motifs argentés. Tu l’accompagnes de talons et collants noirs et enfin, tu te diriges vers la salle de bain de votre appartement pour orner ton cou de quelques colliers, qui ferait nu sans. Ce sont donc des accessoires qui te paraissent nécessaires. Tu prends une veste, tout de même, une petite sacoche à bandoulière noire, mais ne peux pas esquiver l’inévitable. « C’est trop sexy, ça. Tu veux séduire quelqu’un à cette fête ? » Tu secoues énergiquement la tête l’air de dire non, d’affirmer non, que dis-je, d’assurer non à Brandon, qui s’inquiète beaucoup trop, comme d’habitude. « N’importe quoi. Allez, je file, je te textoterai des nouvelles ! » Nouvelles que tu ne lui donneras sûrement pas et peut-être pour lesquelles tu paieras à ton retour, mais tu ne veux pas y penser pour l’instant.

Direction Benjamin Franklin High School. Alors que tu marches en direction de ton ancien lycée, pas mal de souvenirs te reviennent. Notamment sur la réputation que tu avais. C’était bizarre d’être adorée, chouchoutée des professeurs qui étaient satisfaits de tes notes excellentes, mais d’être exécrée de certains élèves à l’époque qui te connaissaient pour ton côté plus… sauvage, disons. Tu supposes que c’était rageant pour eux de savoir que tu t’étais mis une race la veille d’un contrôle où tu finissais par obtenir quelque chose avoisinant les dix-huit sur vingt. Evidemment, la première chose que tu fais en arrivant, avant de voir si tu reconnais quelqu’un, c’est te diriger vers là où l’alcool est servi. On t’offre ce qui semble être un punch bien coloré qui te convient parfaitement lorsque tu le goûtes. Tu te dis Oh-oh, ça va être compliqué de m’arrêter de boire… et faillis même lâcher un petit rire. Ta mine redevient vite sérieuse au moment où tu penses apercevoir Dahlia, enfin, Dale maintenant si tu avais bien suivi. Tes souvenirs s’étaient assombris quant à iel, mais tu avais retenu le fait que tu l’avais défendu.e devant d’autres élèves un peu trop insistants vis-à-vis de leurs remarques sur sa taille. Oui, c’est ça ! Tu t’en souviens maintenant. Iel était vachement plus grand.e que les autres à l’époque et iel se faisait souvent railler pour ça. D’une manière générale, il te semblait que Dale n’avait jamais eu bonne réputation à cette époque… et même qu’iel t’avait repoussée lorsque tu lui avais tendu la main. Aujourd’hui, tu savais comment tu voulais l’aborder.

Tu pris le temps de l’observer de loin avant de l’approcher et vis qu’à côté d’iel se trouvaient une jeune femme qui ne te disait rien, ainsi qu’un jeune homme qui… oui, te disait définitivement quelque chose, puisque c’était avec lui que tu avais partagé la visite de l’usine de jouets magique (c’est comme ça que tu avais décidé d’appeler l’endroit). Alors comme ça, il était aussi à ton lycée ? Après tout, ça ne t’étonne pas, c’était le seul lycée de la Nouvelle-Orléans, les probabilités que quelqu’un qui ait à peu près ton âge y soit allé sont élevées. Après avoir analysé la situation, donc, tu décides de t’approcher du joyeux petit groupe et avec ton verre encore en main, t’adresses à Dale pour commencer. « Alors Dale, tu es venu.e refaire ta réputation ou quoi ? » C’est aussi en réaction à ce que la brune vient de lui dire que tu lui demandes ça. Elle l’a appelé.e ma grande asperge favorite, ce qui te parait être plus affectueux qu’autre chose mais te met la puce à l’oreille quand même. Si ça devient trop moqueur, tu es bien décidée à défendre Dale, comme au bon vieux temps. Puis, prenant une gorgée de ton punch, tu te tournes vers le grand brun. « Je sais pas si tu m’as reconnue, mais moi oui, Yaël. Tu sais ce qui manquait la dernière fois qu’on s’est vus ? De l’alcool ! » t’exclames-tu en levant ton verre en direction de Yaël. C’est vrai que tu aurais bien ajouté une ou deux substances à cette visite féérique. Puis, tu ne veux laisser personne sur le banc alors tu te tournes vers la brune qui s’était adressée à Dale. « Enchantée… ? » commences-tu interrogativement. « Moi c’est Amelia ! » Tu n’oublies pas les bonnes manières.

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@Amelia Rowe, @Jill Owens & @Yaël Weisel
Ses yeux bleus préféraient s'accrocher à l'écran de son téléphone qui éclairait son visage livide d'une lueur bleutée, accentuant son allure austère et maladive. Dale fixait son écran à s'en faire mal aux yeux dans l'ambiance un peu tamisée de cette soirée où iel n'avait aucune envie de se trouver mais y siégeait comme pour se donner bonne conscience, pour se dire qu'iel pouvait tenir tête aux démons venus du passé. Iel était venu‧e, belliciste, pour la guerre et les règlement de compte, pour toiser de toute sa haute stature les populaires devenus des anonymes et rire méchamment des années qui se sont dessinées sur le visage des lycéens devenus adultes. S'imaginant qu'on viendrait rapidement lui faire des réflexions voire s'en prendre à ellui, Dale était finalement resté‧e la gamine égocentrique qui ne s'imaginait pas encore que les autres étaient passé à autre chose, là où ellui restait bloqué‧e dans le passé à faire du sur-place sur ses angoisses. C'est avec cet état d'esprit pourri qu'iel essaya de ne pas paraître surpris‧e qu'on vienne lui parler sans vouloir directement se moquer d'ellui, considérant en silence la brune qui venait de lea saluer très familièrement. Face à la proposition, Dale demeura effrontément silencieux‧se - mais c'était plus de la surprise qu'iel essayait de faire passer pour du snobisme - et finit par lever son verre vers Jill sans rien dire. Iel n'avait oublié ni les noms, ni les visages. Iel n'avait rien oublié du tout et cette fille-là, elle avait tenté de l'aider lorsqu'on lui faisait subir toutes sortes de brimades, aussi n'avait-iel aucun grief particulier contre elle.

Pour autant, les mots ne lui virent pas. Iel baissa le regard vers ses chaussures avec un air timide, ne bredouillant même pas. Asperge. Son air était renfrogné mais pas vraiment agressif. Plutôt comme un animal soudain pris au piège entre deux personnes. Iel reconnu sans mal l'acolyte de Jill, Yäel. Chevalier servant en fer blanc qui l'avait défendu‧e quelques temps avant de disparaître, ce qui avait eu comme conséquence que Dale avait refusé toute aide extérieur après lui. Lorsque le jeune homme commença à lea détailler, Dale eut le réflexe de se redresser un peu car iel se tenait un peu contre la table derrière. Iel frôlait à présent le mètre quatre-vingt dix, et avait encore pris des centimètres après son départ du lycée. "Surement au lycée", ironisa Dale d'une voix rauque, un peu faible, "Dahlia Caulfied", puis corrigeant, "Dale", replaça-t-il laconiquement avant de continuer, "... me souviens de vous. Jill et Yaël". Il y avait dans sa voix comme une forme d'expression passive-agressive, comme un reproche sans objet. Une forme de rancœur qui allait à l'encontre de la raison de sa venue ici ce soir et iel s'en rendit compte, se mordant l'intérieur des lèvres sans trop savoir quoi rajouter.

Un troisième larron se joint à la réunion des Sauveurs de Dale Anonymes, à savoir Amelia Rowe. Une fille qui faisait passer les tâches de rousseurs de Dale pour deux trois tâches de son sur le front et le nez. La catégorie poids lourds des tâches de rousseurs, l'impératrice de la Roussie. On faisait difficilement plus roux qu'Amelia et sa présence soulagea étrangement un peu Dale ; il y a toujours pire que nous, en fait. Elle aussi avait eu son lot de bêtise d'ados dans la gueule, mais Dale était trop égocentrique pour s'en soucier. Iel la salua d'un simple mouvement de tête, toujours aussi taciturne que durant leurs années lycée et haussa des épaules d'un air désinvolte face à sa question, "pas vraiment", iel fronça gravement les sourcils, "... et toi ?", le ton de la question était clairement sur la défensive. Dale roula désagréablement des yeux en levant la tête au plafond lorsqu'Amelia parla d'alcool, rabat-joie comme à son habitude. Ou peut-être qu'iel avait juste envie d'être désagréable avec tout le monde. Iel s'envoya la fin de son verre et consulta son téléphone pour tenter de se faire oublier face aux autres avant de se souvenir que ce n'était pas l'idée de sa venue. C'était vraiment dur de se réconcilier avec le passé ; iel fixa le punch puis Jill, Yaël et Amelia, cherchant quoi leur dire. Finalement, Dale ne put s’empêcher d'agir en connard et lança : "C'est Lena Wiliams là-bas ? On dirait un saucisson de Bologne avec cette robe", iel se resservit un verre de punch, un discret mais mesquin sourire aux lèvres, "cette meuf n'a rien à offrir au monde à part de l'herpès génital." The library is open, comme dit RuPaul. Iel était tout de suite plus loquace quand il s'agissait d'être méchant‧e, mais c'était surtout pour détourner l'attention et se faire passer pour un connard. Avec un peu de chance la petite troupe le trouverait trop antipathique pour continuer à lui parler. Et son psy lui dresserait une longue liste des manières qu'iel avait de fuir les autres et d'être un abruti.

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@Amelia Rowe, @Jill Owens & @Yaël Weisel
Yaël et moi entretenons une grande histoire d’amitié. Ça ne le parait pas forcément comme ça tant on s’envoie des piques à la gueule. C’est juste notre façon de communiquer. Quand le sérieux est le maître-mot de nos conversations, ce n’est jamais bon signe. On sait l’être par moment tout de même. Rapidement, la provocation sort de l’une de nos bouches. Elle est le témoin de notre affection et de notre complicité. Si quelqu’un d’autre le taquine, je suis capable de sortir les crocs pour le défendre. Ma gentillesse s’efface immédiatement face à la méchanceté gratuite. Bien que parfaite petite peste, je connais les limites entre les remarques amusantes et blessantes. En ce sens, je ne m’offusque pas de ses paroles concernant ma dégustation du buffet. Je prends même un autre petit-four que j’avale en une bouchée sous ses yeux. « Je peux pas dire non à de la bouffe gratuite. », que je le lui réplique en toute impolitesse avec des miettes plein la bouche. Comment ça sans-gêne ? C’est ce que je suis en effet. Je suis réputée pour être spontanée. Puis je ne suis pas inquiète pour ma robe. Mon métabolisme est bon. Il élimine le gras que je m’ingurgite sans difficulté. Je l’aide de temps en temps en faisant du sport. Enfin, du sport, vous m’avez compris.

Bref, il est temps de bouger de là. J’ai repéré une tête connue. Le brun ne voit pas de qui je parle. Il me suit malgré tout. Il ne peut pas se passer de sa peste adorée. « T’as un problème, la crevette ? », que je rétorque-je sèchement à sa remarque. Un sourire et un rire viennent rapidement prendre la relève. J’aurai essayé de me montrer menaçante et sévère. J’aurai tenu deux secondes avant que mon naturel ne revienne se manifester. Je reporte mon attention sur Dale. Nos verres s’entrechoquent. Je m’enfile le mien cul sec par la suite. Heureusement que ce n’est que du Coca. « Qu’est-ce que tu deviens depuis le temps ? » Je lea fixe dans les yeux. Exercice difficile avec sa taille. Et encore, je porte des talons ! « T’es joueur de basket pro ?! » J’éclate de rire dans la foulée. Si je ne suis pas sportive, Dale ne l’est guère plus dans mes souvenirs. C’est le cours qu’on a régulièrement séché. Si iel a la taille de l’emploi, iel n’a en pas la carrure. Je pourrai parfaitement lea qualifier de crevette si ce surnom n’était pas déjà pris. Je n’utilise jamais deux fois le même pour des personnes différentes. Sinon je risque de les confondre en lui rentrant dans mon répertoire.

Une quatrième personne se joint à nous. Une fille inconnue à mon bataillon. Mais visiblement connue des deux autres. Je la détaille de haut en bas dans sa robe noire. Plutôt mignonne la rouquine. Et sociable en plus. « Enchantée Amélia, moi c’est Jill. » Toutes dents dehors, je viens lui claquer la bise. Tant pis si ça parait familier. Je n’allais pas lui offrir une poignée de main distante. Encore moins après avoir jetée un œil dans son décolleté. Un silence prend place sur notre ilot. Le genre de silence malaisant. Ça devient trop calme à mon goût. Sur le point de parler, Dale me devance. Iel a aperçu une ancienne camarade. Une pouffe écervelée de l’époque à la popularité gagné uniquement grâce au tour de poitrine de sa poitrine refaite. « Tu vois que je suis pas la seule à avoir un souci avec la bouffe ! » Je tire la langue à Yaël. Il n’a pas cru avoir la paix j’espère ? Ce serait mal me connaître. « J’aurai plus dit un rôti de veau, perso… » Je glousse. Je suis méchante. D’un côté cette meuf ne mérite pas mieux tant elle a été arrogante. « Et toi Amélia, tu dirais quoi ? » Il est temps de découvrir le degré d’humour de cette fille.

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