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tenue ) Les phalanges fébriles lâchaient le téléphone - Ana, elle était dans un état confus, depuis la veille. Battant offert sur un plateau, par des messages soudains, elle avait paniqué, l’enfant, s’était retrouvée submergée par une vague d’émotions, jusqu’ici, jamais ressenties. Sentiments assumés par peur de le perdre à tout jamais, Ana, elle avait prit les devants, peut-être pour la première fois au sein de ce lien bancal, pourtant si fort. Mille pas effectués dans la chambre, les doigts se perdaient dans la blondeur céleste : depuis cette nuit à l’hôtel, elle ne voyait plus très bien, Ana. Pensées embrumées par Kai, comme si le voile sentimental s’était enfin retiré de tout ce qu’elle occultait. L’évidence se dessinait et face à l’horizon, il n’y avait que l’image de Kai, de ses rires et sourires, de sa voix grave sonnant à son oreille, de leurs moments rieurs et bagarreurs, mais les pulsations excessives en plus. Prête à braver le froid, à se confronter à ses peurs, Ana, elle se mettait en route, direction la salle de bain. Tenue enfilée, le gros manteau l’entourait, quand elle s’enfonçait dans le dernier bus de la ligne. Nerveuse, elle n’avait de cesse de cogiter, de s’agiter, sur son siège et même jusqu’à la descente, elle peinait à tenir en place, Ana. Le marché se dessinait en face de ses prunelles, l’âme d’enfant émerveillée par les lumières à l’horizon et toutes ces décorations éparpillées un peu partout, mais ce n’était pas ça qui retenait son attention. Elle le repérait facilement, Kai, au milieu des passants et des stands, parce qu’il n’y avait que lui pour capturer son attention, la tenir en éveil, même lorsque le sommeil l’affligeait. Autour d’elle, le monde cessait de s’animer. Plus son corps s’approchait de lui, plus le cœur battait fort, si bien qu’elle n’entendait plus que lui. Kai, elle lui faisait désormais face, sans s’arrêter, non. Tendant ses bras, elle venait l’enlacer, d’une tendresse soudaine, au milieu de ce chaos provoqué par deux êtres aux vies chancelantes, brinquebalantes. Corps trouvant son refuge, elle l’étreignait de toutes ses forces - savourant le contact de sa peau, son parfum dont chaque effluve était connue, à la douceur de sa peau, de ses boucles. Et plus rien n’existait autour d’eux, quand elle était contre lui - lovée de tout son être, contre celui qui l’animait, lui donnant tant de contrastes, avant la discussion fâcheuse, nerveuse, qu’ils s’apprêtaient à avoir.