we don't talk about x (austyn)

[ we don't talk about x ]

Même après près d’un an et demi d’études universitaires, tu ne t’étais toujours pas faite aux soirées étudiantes. Tu te sentais toujours un peu hors du jeu, loin des priorités de certain‧e‧s de tes comparses. Parfois l’impression s’accentuait par exemple lorsque tu te retrouvais uniquement avec des gens de ton programme que tu ne connaissais que très peu et avec qui tu n’avais aucune affinité. Parfois, à l’inverse, tu te sentais un peu mieux, le plus souvent lorsqu’une tête familière - Austyn trônant au haut de cette liste hypothétique - te porte compagnie dans la sobriété. Cette soirée-là est un parfait exemple des meilleures situations - du moins en théorie. T’as un verre entre les mains même si t’as à peine pris une gorgée pour la forme et tu discutes avec ton amie. C’est simple, assez calme pour que tu oublies les festivités autour. Tu te demandes pourquoi tu viens à ce genre de soirées, en réalité, t’en profites jamais vraiment. C’est peut-être pour te sentir comme une jeune, une vraie, c’est peut-être par habitude. C’est sans doute pour pouvoir veiller sur tes ami‧e‧s qui s’adonnent parfois à un peu plus d’écart que toi.

La soirée en elle-même aurait pu (et du) être complètement banale. C’était bien parti en réalité alors que la fatigue gagnait lentement du terrain dans ton fort intérieur. Tu pourrais rentrer, tu devrais considérant la pile de travaux qui te reste à terminer avant la fin du semestre. Tu t’apprêtes d’ailleurs à le faire lorsque la porte de l’appartement dans lequel vous étiez s’ouvre pour dévoiler de nouveaux arrivants. Ça ne devrait pas t’intéresser ou même changer quoi que ce soit à tes projets de prendre ta voiture pour retrouver ton lit.
Sauf qu’iel est là.
Tu te tends au quart de tour en voyant la tête familière de ton ex dans le cadre de la porte. Est-ce que tu serais venue si t’avais su qu’il y avait une véritable chance qu’iel soit là ? Non. Tu l’évitais comme la peste, incapable de l’affronter de peur qu’iel dise autre chose, n’importe quoi. Tu sais que la rupture n’est pas de sa faute (quoi que), mais c’est peut-être ce qui rend la chose aussi pénible à supporter. « Mon ex est là. » Que tu dis sans détour, même si c’est d’une toute petite voix. T’as pas été pleinement honnête avec tes ami‧e‧s concernant ta rupture, mais tu supposes que ça importe pas trop dans le moment présent. Il suffit amplement de voir ta tête paniquer et de savoir que c’est justement ton ex. « Tu penses que je peux me cacher derrière toi ? » Tu plaisantes à moitié, tu le ferais certainement pas si t’avais pas peur que ça vous rende encore plus visibles. Mais te cacher, en tant que tel, était une idée à considérer. Il suffisait que tu restes hors de son champ de vision le temps qu’iel se laisse tenter par la soirée pour partir une fois que le champ serait libre. À moins que tu restes plus longtemps ? Juste pour prouver que tu peux… L’idée est tentante, assez pour que tu y penses sérieusement, mais ce n’est certainement pas la priorité.
Fuir d’abord, décider ensuite. Et t’aurais besoin de l’aide d’Austyn.

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