embrume ((nelo))

Tragique événement qui surplombe l’esprit, inhibition de ce moment où leur regard ne se croisent plus. Distance causée par le déluge de flamme. Cernes maquillés sous ses yeux vides, regard brisé, détruit, âme vagabonde de celui qui avait de l’audace autrefois. Les jours se sont envolés, indescriptibles et mornes, ils se succèdent sans trouver le changement. Les gens défilent autour de lui, marchent, sourient, ils vivent alors que lui s’éteint. Drame pouvant détruire une vie, une vie commune pour ceux qui se sont enfin trouvé. Pourquoi ? Yaël se pose la question dès qu’il sort de la chambre d’hôpital. Impossible de laisser celui qu’il aime seul. Il souffre de cette vie qui dégringole après un moment de paix et de joie. Trop beau sans doute pour durer. Tout s’effondre pour le jeune homme qui prend des airs gores, fantôme pour ceux qui passent près de lui alors qu’il n’a jamais été ainsi, ombre de lui-même. L’infirmière l’ayant mis à la porte le temps des examens de routine, Yaël n’a rien trouvé de mieux que d’aller dans un petit café, prendre l’air et essayé de passer le temps. Dans la file, il pose son regard sur le menu, des mots diverses pour tant de variété de café. Il se perd et pense beaucoup trop. Qu’est-ce que Heath prendrait ? Cette simple pensée le frappe de plein fouet et sous cette question son cœur palpite, des larmes percent le barrage de ses cils. Il étouffe suffoque, sa respiration déraille. Son cœur se perd dans ce tourment, il bascule dans l’abysse de cette question. Ses doigts plus réactifs que son esprit agrippent son t-shirt dans l’espoir de respirer à nouveau, mais rien n’y fait, l’étau se referme.

Tourbillon de la matinée qui se calme à l'instant. Se poser dans un café pour m'offrir une gerbe d'oxygène. Quand je me suis lancé en politique, je savais que c'était mouvementé mais je n'aurais pas songé à ce que ça le soit autant certains ours. Mais je ne m'ennuie pas et c'est une enrichissante carrière que je mène. Epauler Laurie est aussi gratifiant. Et agir dans l'ombre me permet d'exécuter des tâches tout en restant dans ma zone de confort.

Voila une heure pour moi alors, j'ai bien envie de m'asseoir pour dessiner. Dans la queue pour attendre de prendre ma commande. Je regarde ma montre quand un bruit dans mon dos m'interpelle. Je me tourne une première de trois quart mais ce n'est qu'un jeune homme derrière moi. Je fais un pas pour avancer. Et j'entends qu'on demande à plusieurs reprises au garçon d'avancer mais il ne le fait pas.

Cette fois, je pivote, à son expression et ses larmes, je comprends qu'il va mal. Passez devant nous, je gère que j'indique aux autres. Pas de commande pour le moment. Je vais poser une main sur ton épaule pour qu'on se décale, je veux t'aider. D'accord ? Je ne sais pas s'il va réagir mais c'est lentement que j'applique les consignes, le guider jusqu'à dehors, une chaise pour l'asseoir. De l'air qu'il lui faut. Je me plante devant lui, accroupi.

Regarde moi. Ecoute moi. Je suis là. T'es pas seul. T'as de la place, tu n'es pas enfermé. Inspire par le nez. Respire par la bouche. Je suis là, tu n'es pas seul. Est-ce que tu peux parler ? Tu t'en sens capable ? Je ralenti le flot de mes propos, conscient que je pourrais aussi être anxiogène. Je suis avec toi. On va t'aider à te ramener à la réalité, tu vas reprendre le contrôle de toi, de ta respiration et ça va aller. Je l'invite à nouveau à reprendre le contrôle de sa respiration. Je me retiens de secher ses larmes, ne pas toucher une personne en crise. Qu'est-ce qui te ferait plaisir. Concentre toi sur ce qu'on vit maintenant. De ce que j'ai pu comprendre, il tétanise. Et je suis rassuré de me dire que la formation que nous avons reçu il y a quelque temps peut possiblement nous servir. Alors c'est d'un ton calme et dénué d'agressivité que je tente de le ramener à moi. Comment tu t'appelle ?